D. LES CAPACITÉS DE RECHERCHE DE L'INRIA DOIVENT ÊTRE RENFORCÉES
L'institut national de recherche en informatique et en
automatique
(INRIA) a déjà acquis des résultats qui démontrent
sa capacité à innover dans un secteur prioritaire.
Il
conviendrait
, à tout le moins,
de prévoir, à
crédits constants, la possibilité de créer une
cinquantaine de contrats à durée déterminée pour
accueillir de jeunes chercheurs,
qui permettraient à l'INRIA de
renforcer son action déjà remarquable dans le domaine de la
création d'entreprises innovantes par ses chercheurs et de ses
ingénieurs.
Cet institut jouit d'une haute estime dans les milieux
scientifiques internationaux, et les entreprises qu'il a suscitées
correspondent à de très nombreux emplois créés.
L'engagement de l'INRIA pour favoriser les créations de
sociétés de technologie s'est renforcé depuis deux ans.
L'institut soutient désormais les créateurs d'entreprise par des
bourses post-doctorales et par l'activité d'incubateur de sa nouvelle
filiale INRIA-Transfert. L'INRIA a aussi joué un rôle pour la
constitution de la société I-Source Gestion, qui gère le
premier fonds d'amorçage français, consacré au secteur des
sciences et technologies de l'information et de la communication (STIC).
Cet engagement s'est concrétisé durant l'année 1998 et les
premiers mois de 1999. Cinq sociétés de technologie issues de
l'INRIA ont été créées en 1998 : Realviz,
Gene-IT, Liquid Market, Saphir Control et Novadis Services. Deux autres
sociétés ont été créées en
1999 : Polyspace Technologies et Trusted Logic, deux autres, enfin, sont
en cours de création. Les sociétés créées
interviennent sur des marchés comme l'image de synthèse
numérique pour la vidéo, la certification de logiciels pour les
cartes à puces, la constitution de catalogues pour le commerce
électronique ou le traitement de séquences de génomes. Le
savoir-faire de plusieurs d'entre elles est issu de recherches très
théoriques, dont on ne percevait pas toujours le potentiel qui leur
permet aujourd'hui de se lancer sur le marché : ces
créations d'entreprises fournissent donc plusieurs exemples de la
vitesse à laquelle s'effectuent les percées technologiques dans
le domaine des STIC, INRIA-Transfert, incubateur consacré aux
sociétés innovantes s'appuyant sur les sciences et technologies
de l'information et de la communication (STIC).
Les sociétés créées par l'INRIA représentent
un nombre d'emplois très supérieur à la totalité du
personnel de l'INRIA.
Accompagnant l'essor économique des technologies de l'information et de
la communication, cette reprise de la création de sociétés
de technologies utilisent et justifient la mise en place par l'INRIA de deux
outils :
- I-Source, le premier fonds national de capital risque consacré
à l'amorçage et au démarrage de sociétés de
technologie à fort potentiel de croissance.
Créée en 1998, la société INRIA-Transfert au
capital de 86,5 millions de francs et filiale à 100 % de l'INRIA a
une double vocation : être un acteur de la constitution de fonds
d'amorçage dans les STIC, et être la structure de
référence pour l'incubation de projets de sociétés
innovantes dans les technologies de l'information à forte dominante
logicielle.
Sur le volet amorçage, INRIA-Transfert est l'actionnaire de
référence de la société I-Source Gestion qui vient
d'être constituée.
S'agissant de l'incubation, l'activité essentielle est la mise en
réseau, c'est-à-dire la constitution d'un réseau de
professionnels sur lesquels INRIA-Transfert s'appuie pour détecter,
expertiser et consolider les projets de création avec pour objectif de
les faire naître dans un délai de moins d'un an. C'est donc une
structure d'aide aux individus, les porteurs de projets, dans la phase
antérieure à la création de la société
elle-même. INRIA-Transfert apporte son concours à l'expertise
scientifique des projets ainsi qu'à la réalisation d'un
financement ou d'une étude de marché.
En 1998 et 1999, INRIA-Transfert a participé à la création
de sociétés issues de l'INRIA et aussi de sociétés
issues d'autres organismes. INRIA-Transfert encourage les créations de
sociétés qui s'appuient sur des technologies logicielles
innovantes.
INRIA-Transfert se propose d'élaborer un cahier des charges qui
recensera les passages obligés pour une création d'entreprise.
L'économie de certaines démarches peut être
réalisée en fonction du profil des créateurs et du
degré de maturation du projet. Ce cahier pourra comporter la formation
au management d'entreprise, la recherche de clients, le développement
des fonctionnalités d'un produit. Enfin, l'incubateur thématique
INRIA-Transfert s'inscrit de manière complémentaire à la
démarche de créations d'incubateurs géographiques dans
différents pôles universitaires français dont
l'émergence est favorisée par la nouvelle politique
gouvernementale. L'objectif est d'atteindre un flux annuel de 15 projets
de création d'entreprise en incubation.
Le premier instrument de financement, I-Source, est un fonds commun de
placement à risques, d'un montant de 100 millions de francs et d'une
durée de 10 ans. Ces fonds proviennent de souscription du secteur
public (INRIA-Transfert, Caisse des dépôts et consignations), et
du secteur privé (institutionnels, notamment AXA et
sociétés de capital risque).
La gestion de ce fonds a été confiée à la
société I-Source Gestion, société anonyme à
directoire et conseil de surveillance, au capital de 0,75 million de francs,
dont les actionnaires sont INRIA-Transfert (34 %),
ASSUR-Investissements-Groupe AXA (33 %) et CDC-PME-Groupe CDC (33 %).
I-Source Gestion développe une démarche de
" co-entreprise " avec les porteurs de projet qu'elle
sélectionne. I-Source Gestion travaille avec les porteurs de projet
à la formalisation de leur stratégie d'entreprise, à la
définition des projets d'objectifs à atteindre, et à la
finalisation du plan de financement.
Le montant moyen envisagé des interventions d'I-Source Gestion est de
l'ordre de 3 millions de francs. La sélection des projets est rigoureuse.
Opérationnel depuis le 15 février 1999 (date de l'agrément
accordé par la COB), le fonds a réalisé 5 investissements
avant l'été 1999 ; deux autres sont en cours de finalisation.
Le premier projet abouti ayant bénéficié de l'aide du
financement d'I-Source Gestion est la société Polyspace
Technologies, spécialisée dans le développement et la
commercialisation d'environnements de vérification et de validation de
logiciels temps réel embarqués. Cette société a
été créée à l'initiative d'un chercheur de
l'INRIA-Rocquencourt.
Au-delà de l'institut, la dynamique est bien engagée en
France : les liens entre investisseurs, gestionnaires, entrepreneurs,
" business angels ", technologues et chercheurs se renforcent, les
financements sont disponibles, les expériences se partagent, les
réseaux se tissent. L'INRIA, avec son incubateur INRIA-Transfert, son
" club des start-up " se développe.
Pour appuyer l'action de l'INRIA dans un domaine qui a été
reconnu comme étant prioritaire lors du CIRST du 1
er
juin
1999, le gouvernement a porté la subvention en dépenses
ordinaires et en autorisations de programme à 514,1 millions de
francs, soit une progression de 3,6 % par rapport à la loi de
finances initiale pour 1999.
Il s'agit là de la plus forte croissance accordée aux subventions
des organismes de recherche, dans un contexte de stabilisation de la
dépense de l'Etat et de progression de 2 % du BCRD (DO + AP).
Avec l'attribution, au titre de la réserve d'emplois de 1999, de deux
emplois de chercheurs et de 6 emplois d'ingénieurs, ce sont au total 19
attributions nouvelles qui sont inscrites au tableau des emplois, ce qui
traduit certes un soutien de l'Etat à la croissance de l'INRIA et de ses
activités.
Mais ce soutien est bien mince au regard des 44 050 emplois
prévus pour les EPST dans le projet de loi de finances pour 2000, et des
1 478 départs à la retraite annuels prévus l'an
prochain pour ces seuls organismes de recherche.
On discerne donc mal la priorité accordée aux NTIC. Certes, votre
rapporteur connaît les rigidités, les difficultés de
gestion et la puissance des groupes de pression.
La volonté démontrée par le CNRS, par exemple, de se
renouveler est illustrée notamment par les solutions positives offertes
aux chercheurs des centres de Bagneux et de Grenoble du CENT.
Mais une politique volontariste de recherche doit être affichée,
et réalisée lorsqu'elle correspond à une priorité
nationale reconnue.