EXAMEN EN COMMISSION
Au cours
d'une séance tenue le
mercredi 24 novembre 1999
, la commission a
examiné le rapport pour avis
de M. Jacques Valade sur les
crédits de l'enseignement supérieur pour 2000
.
Un débat a suivi l'exposé du rapporteur pour avis.
M. Ivan Renar
a estimé qu'il convenait d'analyser les raisons de
la désaffection constatée à l'égard des
études scientifiques, qui résultent d'abord, selon lui, d'un
enseignement mal adapté au lycée. Il a observé que
l'afflux des bacheliers vers les filières sportives, dans sa
région, se conjuguait à une forte orientation vers les
filières " culturelles " qui offrent encore moins de
débouchés professionnels.
Il a souhaité que l'enseignement supérieur relève le
défi de la qualité, tant en termes d'accueil et d'orientation des
étudiants que de contenu des formations, cet objectif ne
nécessitant selon lui que des moyens limités.
Après avoir souligné la part trop réduite de l'Etat dans
le financement du plan U3M, il a indiqué que sa région
n'était pas en mesure de supporter les deux tiers des dépenses,
qui d'ailleurs ne relèvent pas de la compétence régionale.
Il a enfin souhaité que soit engagé un grand débat sur la
place de l'université dans la cité.
M. James Bordas
a rappelé le retard pris dans l'exécution
du schéma Université 2000 qui a sollicité à
l'excès les collectivités locales et les grandes villes. Il a
souhaité obtenir des précisions sur l'état
d'achèvement de ce schéma et a estimé que le plan U3M
était d'ores et déjà mort-né, les régions
n'étant pas, selon lui, capables d'assurer un tel financement.
M. Fernand Demilly
s'est également inquiété du
financement régional du plan U3M et a rappelé que la seule
modernisation des collèges de son département devrait
coûter quelque 700 millions de francs, alors qu'un point de
fiscalité locale ne représente que 8 millions de francs.
M. Serge Lagauche
a fait observer qu'un accueil satisfaisant des
étudiants supposait une rénovation de fond de notre
système universitaire.
Il a ajouté que certaines d'entre elles étaient tentées de
" faire du chiffre " et que de nombreux étudiants ne donnaient pas suite
à leur inscription.
Il s'est demandé s'il convenait d'agrandir les universités
existantes pour accueillir en premier cycle des bacheliers mal
préparés à l'enseignement supérieur et s'il ne
fallait pas plutôt multiplier les filières courtes et
professionnalisées.
Il a estimé que la désaffection constatée à
l'égard de la filière scientifique pouvait s'expliquer par la
difficulté de ces études, et rappelé par ailleurs que les
bacheliers de la série S se dirigeaient plus volontiers vers les grandes
écoles.
Soulignant l'encadrement insuffisant des premiers cycles universitaires, il a
fait observer que ces problèmes n'étaient pas de nature à
être seulement réglés par une augmentation des
crédits et qu'il fallait engager une réflexion plus
générale sur l'accueil des bacheliers à
l'université.
M. Albert Vecten
a indiqué que les collectivités
territoriales étaient sans doute disposées à participer au
financement des formations supérieures, pour peu que celles-ci soient
adaptées aux besoins régionaux et offrent de véritables
débouchés, alors que trop d'emplois ne sont pas pourvus.
Il a enfin souhaité un développement de la formation continue,
celle-ci ayant également pour conséquence de réduire la
durée de la formation supérieure initiale.
M. Pierre Martin
a évoqué l'opportunité d'une
certaine sélection au cours des études universitaires. Il a
expliqué l'importance de l'échec en premier cycle par la
dévalorisation du baccalauréat et une orientation inexistante des
bacheliers.
Il a regretté que trop d'étudiants entrent dans l'enseignement
supérieur sans motivation et pour " passer le temps ".
Mme Hélène Luc
a estimé que la sélection
n'était pas une solution en ce domaine et qu'il convenait de donner aux
jeunes, dans l'enseignement secondaire, une solide formation
générale, qui leur permettra notamment de faire face aux
inévitables changements de métiers.
Répondant à ces interventions,
M. Jacques Valade, rapporteur
pour avis
, a notamment apporté les précisions suivantes :
- le baccalauréat constitue désormais un diplôme de fin
d'études, un peu comme autrefois le certificat d'études primaires
; ce diplôme ne devrait pas être considéré comme
impliquant systématiquement un passage dans l'enseignement
supérieur, sauf à envisager des structures d'accueil
adaptées pour les bacheliers professionnels ;
- il ne serait pas inconcevable d'envisager une plus grande reconnaissance du
baccalauréat pour les jeunes qui souhaitent entrer dans la vie active et
qui sont susceptibles de poursuivre ultérieurement leurs études
par le biais de la formation continue ;
- la désaffection à l'égard des filières
scientifiques se traduit également par un afflux des bacheliers " S "
dans les formations juridiques et économiques qui offrent de meilleures
perspectives de carrière ;
- il convient d'établir un équilibre réaliste dans le
financement du plan U3M entre l'Etat et les régions, la charge incombant
à ces dernières devant être adaptée à leurs
capacités contributives, sauf à observer des transferts de
charges extravagants : la recherche d'une clé de répartition
réaliste devrait faire l'objet d'un débat national et par
filières de formation, privilégiant par exemple les formations de
proximité afin de tenir compte de la démocratisation de
l'enseignement supérieur.
A l'issue de ce débat, suivant les propositions de son rapporteur pour
avis, la
commission
a décidé
de donner un avis
défavorable à l'adoption des crédits pour 2000 de
l'enseignement supérieur
.