II. UNE FORTE AUGMENTATION DES CRÉDITS CONSACRÉS À LA PROTECTION DES ESPACES NATURELS
L'ensemble des moyens (dépenses ordinaires +
crédits
de paiement) affectés à la protection des espaces naturels
augmente à nouveau de 14 %, de 1999 à 2000, après
avoir crû de 22 % de 1998 à 1999.
Au total, les crédits de la direction de la nature et des paysages
passeront de 344,26 millions de francs en 1999 à
430,83 millions de francs dans le projet de loi de finances pour 2000.
Les actions permises par cette croissance bénéficieront aux
divers secteurs de la protection de la nature.
A. LES ACTIONS DE PROTECTION DE LA NATURE SONT LES GRANDES BÉNÉFICIAIRES DE L'AUGMENTATION DU BUDGET POUR 2000
L'évolution des dépenses ordinaires et des dépenses en capital du budget voté de 1999 au projet de loi de finances pour 2000 est retracée dans le tableau suivant :
dépenses ordinaires |
dépenses en capital |
|||||||
actions |
1999 |
2000 |
Actions |
1999 |
2000 |
|||
|
|
|
|
AP |
CP |
AP |
CP |
|
Parcs nationaux |
133 529 282 |
139 441 921 |
Parcs nationaux |
44 465 000 |
44 446 000 |
51 065 000 |
46 946 000 |
|
GIP ATEN |
2 750 325 |
6 060 831 |
GIP ATEN |
1 665 000 |
1 200 000 |
1 665 000 |
1 830 000 |
|
Espace Mont Blanc |
1 000 000 |
1 000 000 |
Parcs nationaux à l'étude |
12 903 000 |
6 220 000 |
16 903 000 |
8 670 000 |
|
Réserves naturelles |
40 214 359 |
47 810 089 |
Réserves naturelles |
20 585 000 |
14 417 000 |
23 785 000 |
18 907 000 |
|
Parcs naturels régionaux |
35 403 708 |
40 135 579 |
Parcs naturels régionaux |
15 545 000 |
14 222 000 |
21 245 000 |
14 639 000 |
|
Capacité d'expertise |
10 000 000 |
10 000 000 |
Actions communautaires |
13 658 000 |
14 000 000 |
13 658 000 |
8 688 800 |
|
conservatoire du littoral |
17 585 048 |
32 252 144 |
Conservatoire du littoral |
138 000 000 |
132 750 000 |
112 600 000 |
117 050 000 |
|
gestion contractuelle de l'espace |
4 550 000 |
12 650 000 |
Etudes sur les milieux et gestion contractuelle de l'espace |
10 458 000 |
12 904 500 |
10 458 000 |
8 425 850 |
|
Politique paysagère |
713 476 |
6 221 476 |
Paysages |
21 876 000 |
16 560 000 |
43 599 000 |
28 875 000 |
|
Ecole du paysage |
2 000 000 |
2 008 600 |
Ecole du paysage |
2 000 000 |
1 000 000 |
2 000 000 |
1 000 000 |
|
Evaluation environnementale |
2 710 000 |
14 710 000 |
Evaluation environnementale |
23 560 000 |
17 136 000 |
25 560 000 |
16 260 000 |
|
sites DAU |
508 000 |
|
Sites |
19 723 000 |
14 914 000 |
12 490 000 |
9 949 750 |
|
Instances consultatives |
8 513 000 |
8 993 000 |
|
|
|
|
|
|
Programme action biodiversité |
19 640 089 |
24 090 089 |
programme action biodiversité |
11 190 000 |
8 645 000 |
800 000 |
400 000 |
|
CBN |
4 530 963 |
6 194 552 |
|
|
|
|
|
|
Museum national d'histoire naturelle |
5 266 244 |
6 917 709 |
Muséum naational d'histoire naturelle |
3 100 000 |
3 107 000 |
1 500 000 |
1 507 000 |
|
Natura |
55 350 000 |
72 350 000 |
Natura |
29 807 000 |
15 502 500 |
46 807 000 |
34 515 600 |
|
TOTAUX |
344 264 494 |
430 835 991 |
|
368 535 000 |
317 024 000 |
384 135 000 |
317 664 000 |
Ces
évolutions recouvrent, d'après les indications du
ministère, les affectations suivantes :
Le développement du réseau d'espaces naturels
: il
s'agit des espaces gérés par les établissements publics ou
dépendant directement de l'Etat pour leur mise en oeuvre, et dont les
moyens nouveaux progressent dans ce secteur de 23,76 millions de francs (DO +
CP), soit au total un montant de 436,5 millions de francs, qui seront
répartis comme suit :
*
Parcs nationaux
: + 10,21 millions de francs (DO + CP)
affectés à la mise en place du parc national marin de Corse, au
soutien de la mission du parc de la forêt guyanaise et à la
construction des navires nécessaires à la surveillance et au
contrôle des futurs parcs marins ;
19 emplois
sont créés dans les parcs dont 13 pour le futur
parc national de Corse : par ailleurs, les investissements des parcs
nationaux existants sont augmentés pour tenir compte de la mise en place
des nouveaux programmes d'aménagement adoptés par les
établissements publics.
*
Conservatoire du littoral
: + 1,97 million de francs (DO + CP)
affecté à la création de
5 emplois
pour permettre
au Conservatoire du littoral d'assurer sa mission.
*
Réserves naturelles
: + 8,6 millions de francs (DO +
CP) : ces moyens seront consacrés à la gestion des nouvelles
réserves créées en l'an 2000, et au fonctionnement de
celles récemment créées en Guyane.
*
UICN : Réseau français
: Lors du
50
ème
anniversaire de l'Union internationale de la
conservation de la nature à Fontainebleau, un engagement avait
été pris pour qu'une subvention d'un million de francs (DO + CP)
soit affectée à la participation d'experts français et
d'ONG aux commissions de l'UICN chargées de définir les normes et
les politiques applicables à la conservation de la nature.
*
GIP/ATEN
: + 3,3 millions de francs (DO + CP) : le
groupement d'intérêt public atelier technique des espaces naturels
disposera de moyens spécifiques nouveaux, essentiellement pour assurer
la formation des personnels impliqués dans la mise en place du
réseau Natura 2000.
La politique de préservation des sites et des paysages et de
l'environnement urbain
Les moyens des
sites et paysages
progressent de 5,68 millions de francs
(DO + CP), soit au total 38,1 millions de francs.
Les moyens nouveaux sont affectés au renforcement des crédits du
fonds de gestion des milieux naturels, au développement du réseau
d'espaces naturels protégés, à la politique de
préservation des sites et paysages et à l'environnement urbain.
Le Fonds de gestion des milieux naturels (FGMN)
reçoit
51,9 millions de francs (DO + CP) de moyens nouveaux. La dotation du FGMN
progresse de 26 %, s'élevant à présent à 241,8
millions de francs (DO + CP). Comme prévu dans l'article 33 de la
loi du 25 juin 1999 d'orientation pour l'aménagement et le
développement durable du territoire, le Fonds de gestion des milieux
naturels (FGMN) contribue au financement des projets d'intérêt
collectif concourant à la protection et à la
réhabilitation de la gestion des milieux et des habitats naturels. Le
FGMN assure le financement de la politique de préservation des milieux
naturels et de la diversité biologique relevant principalement des
mesures de gestion contractuelles : réseau Natura 2000, parcs
naturels régionaux, conservatoires régionaux des espaces
naturels, programme de conservation des espèces sauvages et extension du
réseau des conservatoires botaniques nationaux.
Les mesures nouvelles inscrites au FGMN en l'an 2000 portent sur la poursuite
de la mise en oeuvre du
réseau Natura 2000
, notamment pour
l'élaboration des documents d'objectifs et le soutien sur une base
contractuelle, des activités menées par les propriétaires
et les exploitants dans les sites du réseau (+
27 millions de
francs
, DO + CP) ; la mise en oeuvre du
schéma des services
collectifs des espaces naturels et ruraux
(+ 3 millions de francs
,
DO + CP) ; l'amélioration des connaissances scientifiques et
techniques de
la diversité biologique des écosystèmes
forestiers
pour en assurer une gestion conservatoire appropriée en
liaison avec les intérêts de la sylviculture (+
4,2 millions de
francs
, DO + CP) ; les moyens alloués aux nouveaux
parcs
naturels régionaux
(PNR) et à ceux dont la charge sera
renouvelée (+
8,35 millions de francs
, DO + CP), ainsi qu'aux
conservatoires régionaux d'espaces naturels (+
2 millions de
francs
, DO + CP) ; le développement du programme de
conservation des espèces animales sauvages
et les mesures
d'accompagnement économique, ainsi que l'extension du réseau des
conservatoires botaniques nationaux
(+
7,4 millions de
francs
, DO + CP) ; l'accompagnement de la démarche
internationale en faveur de la protection des coraux, avec la création
d'un
Comité de l'initiative française pour les récifs
coralliens
(+
0,8 million de francs
, DO + CP).
1. Le réseau des espaces protégés par l'Etat
a) Les réserves naturelles
La
France comptait en 1999 146 réserves naturelles protégeant
451 700 hectares, soit 7 905 hectares de plus qu'en 1998, et 31
projets en cours d'instruction. L'objectif est d'assurer une protection de
chacun des milieux existant en France, en se fondant sur les inventaires
scientifiques réalisés aux niveaux français et
européen.
Le classement des réserves et leur gestion font appel à la
concertation avec les propriétaires et les collectivités locales.
Un plan de gestion écologique est mis en place progressivement dans
chaque réserve, dans un souci d'efficacité scientifique et
technique. L'Etat confie la gestion des réserves à des
collectivités locales, des établissements publics ou des
associations. Les élus, les propriétaires et les associations
participent à son comité consultatif, présidé par
le préfet.
Les moyens affectés par l'Etat aux réserves sont globalement
adaptés à la création des nouvelles réserves.
En 1996, quatre réserves ont été classées, cinq en
1997, sept en 1998, deux depuis le début de l'année 1999 et cinq
à sept projets sont susceptibles d'aboutir d'ici à la fin de
l'année en cours.
La répartition des 146 réserves actuelles selon leur surface est
la suivante :
- 20 réserves de 30 à 99 ha,
- 30 de 30 à 99 ha,
- 38 de 100 à 499 ha,
- 18 de 500 à 999 ha,
- 29 de 1 000 à 5 000 ha,
- 11 de plus de 5 000 ha.
La répartition des organismes gestionnaires par catégories est
actuellement la suivante pour les 146 réserves existantes :
- 31 réserves sont confiées à des instances locales
(21 %) ;
- 26 réserves sont gérées par des établissements
publics (18 %) ;
- 86 par des associations (61 %) ;
- 3 réserves naturelles, récemment créées, n'ont
pas encore de gestionnaire désigné (Hauts de Chartreuse, point de
Givet et baie de l'Aiguillon en Charente Maritime).
Au total, onze réserves naturelles sont sous co-gestion de deux (ou
trois) organismes, et certaines associations gestionnaires réunissent
elles-mêmes plusieurs partenaires. Les associations sont moins souvent
que par le passé désignées comme gestionnaires uniques, ce
qui semble correspondre à l'intérêt grandissant pour les
réserves naturelles manifesté par les collectivités
territoriales, qui prennent conscience de la place que peuvent tenir les
réserves dans le développement local. Par ailleurs, certains
établissements publics comme l'Office national des forêts veulent
s'investir dans la gestion écologique d'espaces naturels exceptionnels
comme les réserves naturelles, pour y valoriser leurs compétences
scientifiques et techniques.
b) Les parcs nationaux
*
Objectifs des parcs nationaux
Les objectifs de la politique des parcs nationaux sont définis dans
l'exposé des motifs de la loi du 22 juillet 1960. Il s'agit de
protéger le patrimoine naturel, mettre à la dispositions de tous,
et plus particulièrement des citadins, les richesses ainsi
préservées, contribuer au développement économique,
social et culturel des territoires où ils sont implantés.
* Nombre et étendue des parcs nationaux
-
Le Parc national de la Vanoise
créé en 1963.
Superficie : 52 839 ha en zone parc, 145 000 ha en zone
périphérique.
-
Le Parc national de Port-Cros
créé en 1963.
Superficie : 694 ha de zones terrestres, 1 800 ha de superficie
marine.
-
Le Parc national des Pyrénées
créé en
1967. Superficie : 45 707 ha en zone parc, 206 352 ha en zone
périphérique.
-
Le Parc national des Cévennes
créé en 1970.
Superficie : 91 279 ha en zone parc, 229 726 ha en zone
périphérique.
-
Le Parc national des Ecrins
créé en 1973.
Superficie : 91 800 ha en zone parc, 178 200 ha en zone
périphérique.
-
Le Parc national du Mercantour
créé en 1979.
Superficie : 68 500 ha en zone parc, 136 500 ha en zone
périphérique.
-
Le Parc national de la Guadeloupe
créé en 1989.
Superficie : 17 300 ha en zone parc, 12 200 ha en zone
périphérique.
Superficie totale des 7 parcs nationaux : 369 919 ha en zone centrale
(environ 0,66 % du territoire national) et 907 978 ha en zone
périphérique.
* Projets de création de nouveaux parcs
Le
futur Parc national marin de Corse
dont la superficie estimée
serait de 100 000 ha en mer et de 40 000 ha de littoral entre Piana et Calvi, a
fait l'objet d'un avant-projet qui a donné lieu, en 1996, à de
premières délibérations favorables.
Un chargé de mission a été nommé en février
1997 et un comité de pilotage, co-présidé par le
Préfet de Corse et le Préfet maritime de la
Méditerranée, a été institué par
décision ministérielle du 4 septembre 1997. Les travaux de ce
comité et du chargé de mission permettront de soumettre le projet
de décret de création du parc à l'enquête publique,
au cours du dernier trimestre de 1999.
Le
projet de création d'un Parc national marin de la mer d'Iroise
a été lancé en 1990. En mai 1991, le Préfet a
confié au parc naturel régional d'Armorique la réalisation
d'une étude de faisabilité, terminée en 1993. La
procédure de création a été engagée en
octobre 1995, et un chargé de mission désigné en septembre
1996. La richesse du patrimoine naturel mise en évidence par
l'étude d'identification, et la motivation de ses promoteurs (en
particulier le parc naturel régional d'Armorique) sont autant
d'éléments positifs.
Le comité de pilotage rassemble, sous la co-présidence du
Préfet du Finistère et du Préfet maritime de l'Atlantique,
les élus, les scientifiques, les professionnels, les usagers et les
administrations. Un document d'intention devrait être
présenté à l'automne 1999 au comité de pilotage.
Le
projet de Parc national de la forêt tropicale de Guyane
constitue une priorité depuis l'engagement sur la diversité
biologique pris par la France à la Conférence de Rio de 1992. De
nombreuses études ont, depuis plus de 20 ans, démontré
l'intérêt scientifique et la richesse biologique de la forêt
guyanaise, et conclu à l'intérêt de mettre en place un
système de protection adapté.
En février 1993, le ministre chargé de l'environnement a
nommé un chargé de mission ; en octobre 1994 ont
été arrêtées les grandes lignes d'un premier projet
dont la délimitation territoriale était affinée en
décembre 1995. Après concertation des élus locaux, un
deuxième projet est en cours d'élaboration depuis 1997. Il
s'appuie sur les travaux de trois groupes techniques présidés par
des élus locaux qui ont permis de proposer un projet reposant sur quatre
grands objectifs : protéger le patrimoine naturel du sud guyanais
de manière à assurer la pérennité de
l'écosystème forestier, reconnaître et respecter la
richesse et la spécificité des cultures, participer activement
à l'émergence d'un développement adapté aux
spécificités des communes de " l'espace parc " (zones
centrale et périphérique), constituer une référence
en matière de valorisation de la biodiversité et de gestion des
espaces naturels protégés, sur la scène locale et
internationale.
Le deuxième projet a été transmis par le préfet, en
début d'année 1999, aux élus pour avis.
* Zones périphériques
Les zones périphériques des parcs nationaux sont des zones
habitées jouant d'une certaine manière un rôle tampon entre
les zones centrales, qui sont des zones naturelles soumises à une
réglementation très stricte, et le reste du territoire. Ces zones
périphériques ne sont soumises à aucune contrainte
réglementaire particulière, bien que leurs territoires disposent
souvent de milieux biologiques de grande qualité. Le parc doit donc y
privilégier des démarches contractuelles.
Parfois considérées par les collectivités locales comme
une zone de compensation par rapport aux contraintes imposées en zone
centrale
, elles sont, en fait, une zone spéciale
d'aménagement du territoire où le parc peut favoriser une
politique d'accueil et expérimenter des actions de développement
durable.
Le ministère de l'environnement met chaque année à la
disposition de l'ensemble des zones périphériques 9 millions de
francs dont la majeure partie est contractualisée dans les contrats de
plan Etat-région. Ces crédits servent à des actions
diverses comme la sauvegarde du patrimoine naturel dans le cadre de gestion
contractuelle des milieux agricoles et forestiers, la réhabilitation du
petit patrimoine rural : fontaines, chapelles, moulins, financement des
surcoûts, réhabilitation de hameaux suivant des prescriptions
architecturales ou des actions de communication : centres d'information,
expositions.
* Bilan des difficultés rencontrées par les parcs nationaux et
leur zone périphérique
La principale difficulté des parcs, inhérente à la mission
définie par les textes fondateurs est de
protéger la nature
tout en favorisant le développement de la zone
périphérique
. Dans les parcs de montagne, pour la
majorité d'entre eux, la conservation des alpages passe par le maintien
de l'utilisation de ceux-ci par des bergers. Ces professionnels souhaitent
poursuivre leur activité, ce qui entraîne des demandes de travaux
de génie civil à concilier avec une protection de la nature.
La seconde difficulté provient du succès touristique des parcs
qui reçoivent environ 7,2 millions de visiteurs par an. Une telle
pression humaine sur des territoires relativement restreints entraîne la
nécessité de gérer les flux touristiques en apportant une
information pratique sur le terrain sans sacrifier la protection des milieux.
Dans un souci de simplification et de plus grande cohérence de l'action
des organismes publics, l'affectation de certains terrains domaniaux, notamment
des terrains d'altitude sans vocation forestière, pourrait être
envisagée au profit de l'établissement public chargé du
parc.
De même, il conviendrait, en accord avec le ministre chargé de la
forêt, que la spécificité des parcs nationaux soit prise en
compte dans les documents relatifs à la forêt.
c) Le Conservatoire de l'espace littoral et des rivages lacustres
•
Objectifs
Les objectifs que poursuit le Conservatoire du littoral sont ceux qui ont
été définis dans la loi du 10 juillet 1975 portant
création de l'établissement, étendus par les dispositions
de la loi " Paysage " et intégrés au code rural.
A la demande du gouvernement, le Conservatoire a élaboré en 1995
une stratégie à long terme qui s'appuie sur un inventaire
exhaustif des sites naturels remarquables le long du littoral correspondant aux
critères d'intervention de l'établissement. Cet inventaire,
approuvé par le gouvernement et présenté au
Président de la République, conduit à prévoir la
maîtrise foncière de 200 000 ha en bord de mer pour atteindre
l'objectif fixé par le gouvernement qui consiste à assurer la
protection définitive d'un tiers du littoral français. Au
1
er
août 1999, le patrimoine du Conservatoire atteint
pratiquement 60 000 ha.
Le second objectif poursuivi par le Conservatoire est de mettre en place les
meilleures conditions de gestion de son patrimoine. Dans ce domaine, le
Conservatoire veille à passer des conventions de gestion avec les
collectivités locales et à associer les départements
à la gestion des sites.
Un effort particulier est également mené pour favoriser l'accueil
et l'information du public : signalisation des terrains, ouverture de
maisons d'accueil, aménagement de circuits de découverte...
PATRIMOINE DU CONSERVATOIRE AU 1 ER AOÛT 1999 :
- 427
sites
- 58 768 ha
- 795 km de rivages
RÉPARTITION DES SITES EN FONCTION DE LEUR SUPERFICIE
|
Nombre de sites |
Superficie totale par classe |
De 0 à 50 ha |
227 |
4 705 |
De 50 à 100 ha |
71 |
5 443 |
De 100 à 500 ha |
107 |
22 656 |
De 500 à 1000 ha |
16 |
11 470 |
Plus de 1000 ha |
6 |
14 494 |
LINÉAIRE CÔTIER (EN KM) :
-
rivages marins en métropole : 602
- rivages marins outre-mer : 82
- rivages lacustres : 20
- étangs littoraux : 91
Total : 795
BILAN DES ACQUISITIONS
|
Nombre de sites |
Superficies (ha) |
Linéaires (km) |
Servitudes (ha) |
Servitudes (km) |
Littoral métropolitain |
372 |
51 065 |
693,2 |
1005,3 |
10 |
Départements d'outre-mer |
33 |
5 733 |
81,8 |
- |
- |
Lacs |
22 |
1 970 |
20,4 |
2 |
- |
Total |
427 |
58 768 |
795,4 |
1 007,3 |
10 |
*
Difficultés particulières :
Les acquisitions les plus " faciles " ont été
effectuées au cours des 15 ou 20 premières années
d'existence du Conservatoire. L'établissement se trouve actuellement
confronté à des opérations plus complexes et souvent plus
coûteuses et les négociations se heurtent à des
difficultés tenant par exemple au morcellement des sites ou à la
longueur des négociations. Les problèmes qui demeurent pour
l'acquisition des Vieux Salins et des Salins des Pesquiers à
Hyères, en sont une illustration.
Dans la mesure où le patrimoine du Conservatoire augmente de
façon régulière, le volume des travaux à accomplir,
le nombre des conventions de gestion à négocier, le suivi de la
gestion prennent également une importance croissante. Pour permettre un
suivi régulier de son patrimoine, le ministère a ainsi
renforcé l'effectif de l'établissement de huit emplois de 1997
à 1999, pour parvenir au total de 41 agents permanents.
Le budget prévisionnel pour l'an 2000 prévoit une nouvelle
augmentation grâce à la création de 5 postes permanents
supplémentaires.
* Evolution financière :
En 1999, la dotation d'investissement de l'Etat s'est élevée
à 138 millions de francs en autorisations de programme et à
132 millions de francs en crédits de paiement.
Par rapport à 1998, le budget 1999 s'est caractérisé par
une augmentation des autorisations de programme (+ 10 MF) et une
stabilité des crédits de paiement.
En fonctionnement, la dotation de l'Etat s'est élevée à
17 585 048 francs.
Au 1er août 1999, la consommation des crédits affectés aux
acquisitions s'élevait à 49,2 % de la dotation
réservée à cet effet, ce qui correspond à un rythme
normal de consommation des crédits.
La qualité reconnue des actions menées par cet organisme devrait
conduire à lui attribuer une partie des larges marges d'action
financières dont dispose le ministère pour 2000.
d) Le plan Loire-Grandeur-Nature
Le
programme décennal " Plan Loire-Grandeur-Nature " a
été arrêté par le gouvernement le 4 janvier
1994.
Ce programme visait à répondre à trois objectifs :
- améliorer la sécurité des personnes et des biens en cas
de crue exceptionnelle de la Loire ;
- améliorer la satisfaction des besoins quantitatifs et qualitatifs en
eau ;
- mener des actions de préservation et de protection du patrimoine
exceptionnel, mais fragile, que constitue le lit du fleuve.
Le contenu de ce plan a fait l'objet d'un réexamen depuis 1998 du fait
des évolutions intervenues depuis son lancement.
1999 est une année de transition, avec l'achèvement de la
première phrase du Plan Loire-Grandeur-Nature et le programme de
la deuxième phase.
La durée de cette deuxième phase a été
portée à sept ans, pour la faire coïncider avec les
prochains plans Etat-régions.
- Le bilan des cinq premières années (1994 à 1998)
(1) La sécurité des riverains
En
Haute-Loire, le projet de barrage de Serre de la Fare a été
abandonné. Un programme alternatif d'actions préventives a
été défini pour atteindre les objectifs recherchés
en terme de sécurité des personnes.
La restauration du lit de la Loire : le défaut d'entretien pendant
près de cinquante ans avant 1994 du lit de la Loire aurait pu fortement
aggraver la situation en cas de crue du fleuve. Un programme d'investissement
de restauration du lit de la Loire, accompagné par un entretien
régulier a donc été entrepris par le gouvernement, pour un
coût global de 100 millions de francs sur dix ans.
Le renforcement des digues
Pendant la première phase du Plan Loire le gouvernement avait
décidé d'accélérer le programme de renforcement des
digues commencé dans les années 1970. De 1994 à 1999, 126
millions de francs (autorisations de programme) ont été
engagés par l'Etat sur ce type d'opérations.
L'étude de la Loire moyenne
Le gouvernement a décidé en 1994 de lancer une étude
d'évaluation des travaux de protection contre les crues de la Loire
moyenne. Son financement a été assuré par l'Etat, l'EPALA
et l'agence de l'eau.
Cette étude n'a pas abouti à des conclusions tranchées sur
le projet de barrage du Veurdre.
Le contrôle de l'urbanisation dans les zones inondables
La publication des atlas des vals inondables de la Loire a été
réalisée complètement du Bec d'Allier à Nantes, et
partiellement en amont. Ces documents, exprimant les hauteurs et vitesses de
l'eau susceptibles d'être relevées en cas de crue importante de la
Loire, permettent aux préfets de contrôler strictement
l'urbanisation des zones inondables.
(2) La satisfaction des besoins en eau
L'Allier
Le gouvernement a décidé le 4 janvier 1994 d'autoriser la
construction de l'aménagement dit de " Naussac II ",
destiné à améliorer le remplissage du barrage existant de
Naussac qui permet le soutien des étiages de l'Allier. Les travaux de
" Naussac II " se sont achevés en 1997.
La Loire moyenne et aval
Un programme de travaux a été lancé, visant au
relèvement de la ligne d'eau d'étiage en Basse-Loire, afin
notamment de lutter contre la remontée des eaux salées et de
garantir la pérennité des prises d'alimentation en eau potable
des agglomérations urbaines riveraines en particulier celle de Nantes.
* Les perspectives pour les années à venir (1999-2006)
L'Etat propose de porter son effort durant la deuxième phase du plan
Loire : sur la poursuite des actions de préventions des inondations
pour lesquelles il propose d'engager 340 millions de francs sur le budget
de l'environnement en partenariat avec les collectivités locales.
La restauration de la qualité des eaux et des milieux naturels
aquatiques des vallées ligériennes bénéficiant de
145 millions de francs (dont 130 millions de francs sur le budget de
l'environnement) en complément des aides que pourra apporter l'agence de
l'eau Loire-Bretagne.
Le contenu de ce programme sera négocié entre l'Etat et les
régions au second semestre 1999.
Par ailleurs, l'analyse de la situation en matière de gestion de la
ressource en eau a conduit l'Etat à ne plus juger utile d'accorder
d'aide pour le développement de nouveaux stockages d'eau et notamment
à ne pas accorder de subvention pour la construction du barrage de
Chambonchard.
2. Les autres éléments de la protection des paysages
Deux éléments de cette politique seront particulièrement étudiés : la constitution du réseau Natura 2000, et les parcs naturels régionaux.
a) La constitution du réseau de sites " Natura 2000 "
La
première étape de la constitution du réseau Natura 2000,
c'est-à-dire l'établissement de la liste nationale des sites
d'importance communautaire est achevée et une première liste de
sites Natura 2000 (531) a été transmise à la Commission
européenne. Ces propositions, comme celles des autres Etats membres,
font actuellement l'objet d'une évaluation dans le cadre de chaque
région biogéographique.
La seconde étape consistera en l'élaboration d'un document
d'objectifs propre à chaque site.
Compte tenu de la nature des milieux qui sont pour la plupart des espaces
agricoles, forestiers et des zones humides, le maintien d'une gestion
traditionnelle mais active doit permettre d'atteindre les objectifs
fixés par la directive " Habitat ". Dans ce contexte, une
gestion contractualisée avec les acteurs est nécessaire.
Après la création du Fonds de gestion des milieux naturels par la
loi d'aménagement durable du territoire et une première dotation
de ce fonds intervenue par la loi de finances pour 1999, le projet de budget
2000 traduit un renforcement des capacités financières au profit
de cette gestion contractualisée.
Depuis les premières propositions transmises à l'automne 1997,
cinq autres envois successifs ont été réalisés en
1998 et 1999, portant les propositions de sites susceptibles d'être
reconnus d'importance communautaire transmises par la France à la
Commission européenne à 1 029 sites couvrant environ
26 720 km² de superficie terrestre soit 4,9 % du territoire.
La France, après avoir " gelé " un premier envoi en
1997, du fait de diverses critiques émanant du monde rural (agriculteurs
et chasseurs, en particulier) sur les sites retenus, est finalement parvenue,
après concertation, à un certain accord sur ceux qui ont
été retenus.
La péripétie procédurale qu'a constituée
l'annulation de la liste, pour vice de forme, par le Conseil d'Etat, n'a
finalement pas eu de conséquences temporelles importantes.
RÉPARTITION EN NOMBRE ET EN SUPERFICIE DE CES SITES SELON LES RÉGIONS ADMINISTRATIVES
REGION |
PROPOSITION TRANSMISES A LA COMMISSION |
||||
|
Nombre de sites |
Surface terrestre (en ha) |
Surface marine (en ha) |
Linéaire de cours d'eau (km) |
% par rapport à la superficie régionale |
ALSACE |
16 |
50 908 |
|
|
6,1 |
AQUITAINE |
66 |
149 271 |
7 864 |
1 |
3,6 |
AUVERGNE |
61 |
86 080 |
|
2 382 |
3,3 |
BOURGOGNE |
46 |
55 201 |
|
3 |
1,7 |
BRETAGNE |
52 |
87 012 |
100 101 |
|
3,2 |
CENTRE |
38 |
106 109 |
|
|
2,7 |
CHAMPAGNE-ARDENNE |
72 |
53 678 |
|
|
2,1 |
CORSE |
43 |
89 153 |
52 510 |
|
10,3 |
FRANCHE-COMTE |
40 |
119 904 |
|
|
7,4 |
ILE-DE-FRANCE |
14 |
24 112 |
|
60 |
2,0 |
LANGUEDOC-ROUSSILLON |
57 |
297 151 |
7 208 |
|
10,9 |
LIMOUSIN |
27 |
17 236 |
|
8 |
1,0 |
LORRAINE |
60 |
42 245 |
|
|
1,8 |
MIDI-PYRENES |
91 |
270 155 |
|
|
6 |
NORD-PAS-CALAIS |
21 |
9 374 |
4 603 |
|
0,8 |
BASSE-NORMANDIE |
30 |
55 640 |
55 314 |
|
3,2 |
HAUTE-NORMANDIE |
20 |
23 509 |
7 363 |
660 |
1,9 |
PAYS-DE-LOIRE |
32 |
155 890 |
30 038 |
|
4,9 |
PICARDIE |
32 |
28 597 |
10 033 |
|
1,5 |
POITOU-CHARENTES |
50 |
104 138 |
185 033 |
2 |
4 |
PROVENCE-ALPES-COTE D'AZUR |
70 |
576 949 |
12 137 |
|
18,4 |
RHONE-ALPES |
110 |
269 848 |
|
|
6,2 |
TOTAL |
1029 |
2 672 160 |
472 204 |
3 116 |
4,9 |
L'analyse de ces proposition est effectuée par le Muséum national d'histoire naturelle. Elle sera ensuite confrontée, dans le cadre de séminaires biogéographiques européens, à celui des pays voisins possédant ces mêmes habitats et ces mêmes espèces. Il conviendra de vérifier enfin si la configuration des sites proposés permet une bonne conservation de ce patrimoine.
b) Les parcs naturels régionaux
•
Création
Créés en 1967 à l'initiative de la
délégation à l'aménagement du territoire et
à l'action régionale, les parcs naturels régionaux sont
aujourd'hui au nombre de 37 et couvrent près de 11 % du territoire
national. Ils intéressent 23 régions, 61 départements,
plus de 3 104 communes pour une population de 2 676 000
habitants.
Fondée sur la notion de contrat et de libre adhésion, la
politique des parcs naturels régionaux permet aux communes :
- de préserver et mettre en valeur un patrimoine naturel, culturel et
paysager riche mais fragile ;
- d'animer de petites régions en perte de vitesse.
Créés et renouvelés à l'initiative des
régions, les parcs naturels régionaux constituent une formule
originale de coopération et de partenariat. Les chartes des parcs
naturels régionaux, approuvées par l'Etat, sont porteuses de
projets de territoire qui permettent de mobiliser l'ensemble des acteurs
intéressés sur une démarche de développement
durable.
* Les parcs sont considérés comme des partenaires
privilégiés pour l'application de la directive
" habitats ". Ils ont déjà participé activement
à la première phase de l'application de la directive : le
recensement des sites potentiels.
C'est surtout sur la gestion des sites que les parcs pourront mettre en
pratique leur savoir-faire, ainsi que pour la définition des
modalités d'une bonne gestion issue d'une concertation entre tous les
partenaires. Ainsi, le programme expérimental pour l'élaboration
de plans de gestion des sites Natura 2000 a-t-il été largement
inspiré des territoires de parcs.
En 1998, sept parcs naturels régionaux ont
bénéficié d'un renouvellement de classement en 1999 :
les parcs de Corse, de la Haute Vallée de Chevreuse et du Haut-Languedoc.
Il reste à mener à terme les révisions des chartes de huit
parcs en vue de leur renouvellement de classement : Brière,
Brotonne, Caps et Marais d'Opale, Landes de Gascogne, Lorraine, Pilat, Volcans
d'Auvergne, Vosges du Nord.
•
Perspectives
Les parcs naturels régionaux ont eu 30 ans en 1997. Les travaux
menés pour préparer l'avenir des parcs, en particulier au sein de
la Fédération des parcs naturels régionaux, se
présentent sous la forme d'un " manifeste pour un futur
durable " et de propositions qui constitueront la base de réflexion
de toute la politique des parcs.
Le projet de budget du ministère pour 2000 prévoit, dans le cadre
de la renégociation des contrats de plan Etat-régions pour la
période 2000-2006 :
- une légère augmentation de la dotation ministérielle en
fonctionnement pour chacun des parcs naturels régionaux ;
- la création de trois parcs naturels régionaux : Guyane,
Monts d'Ardèche, Trois-Forêts.