Projet de loi de finances pour 2000, adopté par l'assemblée nationale, TOME III - Environnement
DUPONT (Ambroise)
AVIS 90-TOME III (1999-2000) - commission des affaires culturelles
Tableau comparatif au format Acrobat ( 14 4 Ko )Table des matières
-
INTRODUCTION
- I. LES CRÉDITS AFFECTÉS AU MINISTÈRE DE L'ENVIRONNEMENT DANS LE PROJET DE LOI DE FINANCES POUR 2000
- II. UNE FORTE AUGMENTATION DES CRÉDITS CONSACRÉS À LA PROTECTION DES ESPACES NATURELS
- III. L'IMMOBILISME DU MINISTÈRE EN MATIÈRE DE RÉGLEMENTATION DE LA PUBLICITÉ
- EXAMEN EN COMMISSION
-
LISTE DES AUDITIONS
EFFECTUÉES PAR M. AMBROISE DUPONT
N° 90
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1999-2000
Annexe au procès-verbal de la séance du 25 novembre 1999.
AVIS
PRÉSENTÉ
au nom de la commission des Affaires culturelles (1) sur le projet de loi de finances pour 2000 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,
TOME III
ENVIRONNEMENT
Par M. Ambroise DUPONT,
Sénateur.
(1) Cette commission est composée de : MM. Adrien Gouteyron, président ; Jean Bernadaux, James Bordas, Jean-Louis Carrère, Jean-Paul Hugot, Pierre Laffitte, Ivan Renar, vice-présidents ; Alain Dufaut, Ambroise Dupont, André Maman, Mme Danièle Pourtaud, secrétaires ; MM. François Abadie, Jean Arthuis, Jean Bernard, André Bohl, Louis de Broissia, Jean-Claude Carle, Michel Charzat, Gérard Collomb, Xavier Darcos, Fernand Demilly, André Diligent, Jacques Donnay, Michel Dreyfus-Schmidt, Jean-Léonce Dupont, Daniel Eckenspieller, Jean-Pierre Fourcade, Bernard Fournier, Jean-Noël Guérini, Marcel Henry, Roger Hesling, Pierre Jeambrun, Serge Lagauche, Robert Laufoaulu, Jacques Legendre, Serge Lepeltier, Louis Le Pensec, Mme Hélène Luc, MM. Pierre Martin , Jean-Luc Miraux, Philippe Nachbar, Jean-François Picheral, Guy Poirieux, Jack Ralite, Victor Reux, Philippe Richert, Michel Rufin, Claude Saunier, René-Pierre Signé, Jacques Valade, Albert Vecten, Marcel Vidal.
Voir
les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
1805
,
1861
à
1866
et T.A.
370
.
Sénat
:
88
et
89
(annexe n°
5
)
(1999-2000).
Lois de finances
.
INTRODUCTION
Mesdames, Messieurs,
Pour la deuxième année consécutive, les moyens du
ministère de l'environnement sont en forte croissance. Ainsi M. Sautter,
ministre de l'économie et des finances, s'est-il prévalu, lors de
la séance au Sénat des questions au gouvernement du jeudi 4
novembre dernier, d'une progression de ces moyens "
de 8 % en
2000, soit une augmentation des crédits de l'ordre de 33 % en deux
ans
".
C'est en effet beaucoup, ce qui conduit à s'interroger sur
les
capacités d'emploi efficace de crédits bénéficiant
d'une telle progression.
Pour ce qui touche aux secteurs auxquels votre rapporteur a souhaité
porter une attention toute particulière, c'est-à-dire l'urbanisme
et la publicité, la politique de l'eau ainsi que le traitement des
déchets, on discerne mal, en tout cas, le bénéfice d'une
telle augmentation des crédits.
En revanche, la préservation de l'environnement (parcs nationaux et
régionaux, gestion des zones humides, application de la directive
" Natura 2000 "), voit ses moyens considérablement
renforcés, à l'exception du Conservatoire du littoral, à
la gestion pourtant exemplaire.
Pour 2000
, le projet de loi de finances prévoit une
évolution des crédits de 3,957 milliards de francs en 1999
à
4,297 milliards de francs, soit plus de 8,6 %, en incluant la
TGAP
.
Lors de la création, dans le cadre de la loi de finances pour 1999, de
cette taxe générale sur les activités polluantes, dont le
produit, inscrit au budget de l'environnement, devait se substituer à
celui de cinq taxes antérieures, votre rapporteur s'était
interrogé sur le devenir de cette nouvelle " fiscalité
écologique " et sur la pérennité de l'affectation de
son produit au financement de la politique de l'environnement.
Il n'aura
malheureusement pas fallu attendre longtemps pour que ces interrogations
reçoivent la réponse que l'on pouvait redouter
.
De même, le projet de budget pour 2000 confirme l'évolution du
ministère de l'environnement, qui se transforme progressivement en
administration de gestion alors qu'il semblerait plus efficace de lui
conférer un statut d'administration de mission, aux compétences
horizontales et à la capacité de réflexion et
d'intervention interministérielles.
Visiblement, ce n'est pas le chemin qui lui est tracé.
Le projet de budget pour 2000 s'inscrit en effet dans le droit fil du souhait
exprimé l'an dernier par la ministre de faire de l'environnement un
" ministère de plein exercice ", voire " un
ministère régalien ".
Votre commission, qui avait contesté, l'an dernier, le
bien-fondé de ce choix, s'inquiète aujourd'hui de constater que
cette évolution des structures administratives ne semble pas, tant s'en
faut, s'accompagner d'un approfondissement de la réflexion sur le
développement durable, ni sur la stratégie et les orientations
propres à le garantir.
Cette contradiction a conduit votre commission des affaires culturelles
à émettre un avis défavorable à l'adoption des
crédits de l'environnement pour 2000.
*
* *
I. LES CRÉDITS AFFECTÉS AU MINISTÈRE DE L'ENVIRONNEMENT DANS LE PROJET DE LOI DE FINANCES POUR 2000
Pour la
deuxième année consécutive, les moyens de ce
ministère sont en forte croissance.
En effet, le budget de l'environnement avait déjà
augmenté, en 1999, de 14,8 % par rapport à 1998
(+107,8 % en prenant en compte l'effet de la TGAP).
Pour 2000, le projet de loi de finances prévoit une évolution des
crédits de 3,957 milliards de francs en 1999 à 4,297 milliards de
francs, soit plus de 8,6 %, en incluant la TGAP.
A. UNE NOUVELLE AUGMENTATION SUBSTANTIELLE DES CRÉDITS
Les
crédits inscrits au budget de la section environnement dans le projet de
loi de finances pour 2000 du ministère de l'aménagement du
territoire et de l'environnement s'élèvent à 4 298
millions de francs, progressant de 8,8 % par rapport à 1999, pour
représenter environ 0,3 % du budget civil de l'Etat.
Le projet de budget retient, d'après le ministère, trois
priorités : renforcer la capacité d'expertise du
ministère et développer la prévention des risques,
accroître les actions de péréquation et de
solidarité dans le secteur de l'eau, et améliorer la protection
des zones naturelles sensibles.
1. Une croissance marquée des dépenses ordinaires et des autorisations de programme
Le tableau ci-après décrit l'évolution des crédits du ministère par titre budgétaire :
RÉPARTITION DES CRÉDITS VOTÉS POUR 1999
ET
DEMANDÉS POUR 2000
PAR TITRE ET ÉVOLUTION
(en millions de francs)
Nature des dépenses |
Crédits votés 1999 |
Crédits demandés 2000 |
Evolution
|
Dépenses ordinaires - DO - (titres III et IV) |
1 549 |
1 842 |
+ 19 % |
- Titre III - Moyens des services |
1 038 |
1 263 |
+ 22 % |
- Titre IV - Interventions publiques |
511 |
579 |
+ 13 % |
Dépenses en capital - CP - (titres V et VI) |
2 408 |
2 455 |
+ 2 % |
- Titre V - Investissements exécutés par l'Etat |
284 |
287 |
+ 1 % |
- Titre
VI - Subventions d'investissement
|
2 124 |
2 169 |
+ 2 % |
Total DO + CP |
3 957 |
4 298 |
+ 9 % |
Autorisations de programme - (titres V et VI) |
2 544 |
3 957 |
+ 56 % |
- Titre V - Investissements exécutés par l'Etat |
344 |
284 |
- 19 % |
- Titre VI - Subventions d'investissement accordées par l'Etat |
2 199 |
2 408 |
+ 10 % |
Source : ministère de l'économie, des finances et de l'industrie
2. Une nouvelle définition des agrégats
La présentation budgétaire par agrégats a évolué depuis 1999 ; elle était alors la suivante :
ÉVOLUTION DES CRÉDITS PAR AGRÉGAT(EN MOYENS DE PAIEMENT)
|
Projet de loi de finances 1998 |
Projet de loi de finances 1999 |
Évolution
|
Part de l'agrégat (en %) |
Administration générale |
571,6 |
644,6 |
12,8 % |
16,4 % |
Connaissance de l'environnement et coopération internationale |
83,1 |
110,6 |
33,1 % |
2,8 % |
Protection de l'eau et des milieux aquatiques |
232,5 |
265,1 |
14 % |
6,8 % |
Prévention des pollutions et des risques |
387 |
2 192,3 |
466,5 % |
55,5 % |
Protection de la nature, des sites et des paysages |
546,7 |
654,5 |
19,7 % |
16,5 % |
Recherche |
75,5 |
80,7 |
6,9 % |
2 % |
TOTAL |
1 896,4 |
3 947,8 |
108,2 % |
100 % |
Dans le
projet de loi de finances pour 2000, cette nomenclature a été
ainsi modifiée :
01 Soutien aux politiques environnementales
02 Protection de la nature, sites et paysages
03 Protection de l'eau et des milieux aquatiques
04 Prévention des pollutions et des risques
Le tableau suivant récapitule l'évolution des agrégats
nouvellement définis, depuis 1995 :
TABLEAU DE RÉPARTITION DES CRÉDITS PAR AGRÉGAT
(en millions de francs)
Agrégat/PLF antérieurs |
Agrégat/PLF 2000 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
1, 2, 6
|
1
|
736,5
|
734,39
|
717,83
|
732,76
|
835,95
|
1 000,74
|
|
Total |
1 756,66 |
1 758 |
1 868,5 |
1 885,5 |
3 947,78 |
4 299,62 |
Source : ministère de l'environnement
L'évolution des crédits est diverse suivant les
agrégats :
a) Soutien aux politiques environnementales (agrégat 1)
140
créations d'emplois et 70 transferts de postes renforcent la structure
du ministère : 50 en administration centrale -notamment au profit
de la nouvelle direction des études économiques et de
l'évaluation environnementale qui aura pour mission de développer
les capacités d'expertise du ministère- et 90 en services
déconcentrés pour permettre une meilleure prise en compte de
l'environnement au niveau régional et améliorer la police des
installations classées, tant industrielles qu'agricoles.
Les services du ministère indiquent que :
" Le budget du ministère de l'environnement a
régulièrement progressé entre 1991 et 1998, passant de 1
270,38 millions de francs à 1 885,5 millions de francs. Durant
cette période, les principales actions du ministère ont
porté sur les agences de l'eau, la mise en place des plans de
prévention des risques -décidés en 1994, à la suite
des inondations catastrophiques des hivers 1993 et 1994- la protection du
patrimoine naturel et la mise en application de la loi sur l'air. "
b) Protection de la nature, des sites et des paysages (agrégat 2)
747,4
millions de francs seront consacrés à la protection de la nature,
des sites et des paysages (+ 14,2 % par rapport à 1999). Le fonds
de gestion des milieux naturels disposera de 242 millions de francs. Les moyens
nouveaux sont affectés à la poursuite de la mise en oeuvre du
réseau Natura 2000 (+ 27 millions de francs) et à la mise en
oeuvre du schéma des services collectifs des espaces naturels et ruraux
(+ 3 millions de francs).
Le développement du réseau d'espaces naturels
protégés, sites placés sous la responsabilité de
l'Etat et gérés en partie par des établissements publics,
recevra 436,5 millions de francs. Les parcs nationaux, les réserves
naturelles, le conservatoire de l'espace littoral et des rivages lacustres et
le Muséum national d'histoire naturelle sont inclus dans ce programme
mais bénéficient inégalement des crédits
supplémentaires dégagés pour 2000. Le Conservatoire du
littoral, notamment, disposera de 5 emplois supplémentaires, mais ses
crédits restent stables.
c) Protection de l'eau et des milieux aquatiques (agrégat 3)
Dans le
domaine de l'eau, le ministère définit et élabore les
moyens d'une gestion de l'eau qui doit satisfaire les exigences quantitatives
et qualitatives des différents usagers, et protéger les milieux
naturels.
Depuis 1994, le budget de la protection de l'eau et des milieux aquatiques a
été marqué par trois évolutions majeures :
l'adoption du plan " Loire Grandeur Nature " et du plan de
prévention des inondations a conduit à une augmentation des
crédits (+ 38 % en DO + AP), la création, en 1997, d'un fonds de
concours de 110 millions de francs, abondé par les agences de l'eau, et
enfin la création, en 1999, d'un second fonds de concours de
140 millions de francs destiné aux moyens techniques de la police
de l'eau et des milieux aquatiques.
Ces deux fonds de concours sont supprimés en l'an 2000 avec la
création d'une section " fonds national de solidarité sur
l'eau " du nouveau compte spécial du trésor intitulé
" fonds national de l'eau ", d'un montant de 500 millions de francs.
Cette section gérée par le ministère de
l'aménagement du territoire et de l'environnement finance des actions
assurées par les anciens fonds de concours, et d'autres, totalement
nouvelles comme la péréquation interbassin (184 millions de
francs dont 90 millions de francs pour la restauration des rivières et
94 millions de francs pour des actions nouvelles sur les pollutions diffuses et
les zones humides), la solidarité nationale (plus de 94 millions de
francs d'actions sur l'économie de l'eau dans l'habitat social et la
correction des " héritages d'un développement non
durable ") et la connaissance de l'eau et des milieux aquatiques (168
millions de francs).
Le budget classique de la direction de l'eau finance, quant à lui, les
interventions en matière de police de l'eau (36 millions de francs) et
la prévention des inondations (207 millions de francs).
d) Prévention des pollutions et des risques (agrégat 4)
Les
moyens d'actions de l'ADEME (+ 133 millions de francs) pour intervenir dans les
domaines des déchets ménagers et assimilés et des huiles
usagées, et de l'INERIS (+ 27 millions de francs) afin de
développer les actions dans le domaine des risques chroniques et
accidentels. Par ailleurs, 5,5 millions de francs sont consacrés
à l'élaboration des plans de prévention des risques, dont
devront être dotées toutes les communes exposées à
un risque avéré. Les crédits destinés à
l'expertise des conséquences, sur l'environnement et la santé,
des rejets de certains produits toxiques sont augmentés de 4,9 millions
de francs. Enfin, le développement du dispositif de surveillance de la
qualité de l'air se poursuit (226 millions de francs en 2000, soit + 2
millions de francs) avec la diversification des polluants surveillés,
l'extension géographique de la surveillance et l'amélioration de
l'information au public.
En 1999, le budget du ministère a atteint 3 947,7 millions de francs. En
effet, une dotation de 1 435 millions de francs a permis de compenser la
suppression de taxes affectées, du fait de la création de la
TGAP. Cette dotation permettra de poursuivre les actions de l'ADEME. Une mesure
nouvelle de 333 millions de francs a permis de relancer la politique
française de maîtrise de l'énergie et le
développement des énergies renouvelables. Globalement, l'ADEME a
bénéficié en 1999 d'une dotation supérieure de
près de 40 %.
B. LA FISCALITÉ ÉCOLOGIQUE
L'essentiel de cette fiscalité relève de la taxe
générale sur les activités polluantes (TGAP) introduite
dans le budget du ministère de l'environnement en 1999 pour se
substituer à cinq taxes antérieures (taxes sur les déchets
ménagers, les déchets industriels, la pollution
atmosphérique, le bruit, et les huiles usagées).
Versée, comme ces taxes supprimées, à l'ADEME (Agence pour
le développement de l'environnement et la maîtrise de
l'énergie) en 1999, la TGAP voit son assiette élargie et surtout,
son affectation détournée par les dispositions de la loi de
financement de la sécurité sociale pour 2000 qui prévoit
de la faire contribuer à l'allégement des cotisations patronales
pesant sur les salaires. Mon collègue Philippe Adnot a très bien
analysé dans le rapport qu'il a rédigé au nom de la
commission des finances sur les crédits de l'environnement pour 2000,
cette surprenante transformation d'une éco-taxe en impôt de
rendement. Notre rapporteur, qui a toujours été
réservé sur l'efficacité du principe
" pollueur-payeur " ne peut que voir, dans cette évolution
perverse, la confirmation de ses craintes : les écotaxes, loin
d'être dissuasives, sont simplement intégrées parmi les
autres coûts de revient par les producteurs, qui ne sont en rien
incités à modifier leurs comportements polluants. C'est pourquoi
l'extension de l'assiette de la TGAP à de nouveaux secteurs -lessives et
produits adoucissants, produits antiparasitaires à usage agricole, sans
compter les consommations intermédiaires d'énergie, introduites
lors du débat à l'Assemblée nationale ne peut que susciter
les plus vives réserves sur leur impact effectif pour réduire les
comportements polluants.
C. DES CRÉATIONS D'EMPLOIS AUX EFFETS INCERTAINS
L'évolution globale des effectifs du ministère de l'environnement depuis 1993 est la suivante :
|
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 (prévision) |
Effectifs totaux |
2320 |
2330 |
2351 |
2351 |
2378 |
2412 |
2551 |
2760 |
Créations d'emplois par rapport à l'année précédente |
40 |
10 |
21 |
0 |
0 |
34 |
139 |
139 |
Transferts d'emplois par rapport à l'année précédente |
171 |
0 |
0 |
0 |
27 |
0 |
0 |
70 |
S'agissant des créations d'emplois prévues pour 2000. Elles seront réparties comme suit :
RÉPARTITION DES EFFECTIFS DU MINISTÈRE
|
1999 |
2000 |
Administration centrale |
566 |
675 |
DIREN |
1 210 |
1 246 |
DRIRE |
775 |
819 |
DSV |
0 |
20 |
Total |
2 551 |
2 760 |
Source : ministère de l'environnement
Il y aura donc, l'an prochain, les créations suivantes :
- 50 emplois à l'administration centrale ;
- 36 emplois dans les directions régionales de l'environnement
(DIREN) ;
- 34 emplois dans les directions régionales de l'industrie, de la
recherche et de l'environnement (DRIRE), directions dont la tâche
principale consiste dans l'inspection et le contrôle des installations
classées ;
- 20 emplois dans les directions des services vétérinaires (DSV).
Autant les créations d'emplois dans les services
déconcentrés du ministère semblent bienvenues, car
l'expérience des élus leur montre que les installations
classées, qu'elles soient industrielles ou agricoles, ne font pas
l'objet de contrôles suffisants, et que les directions régionales
ne disposent pas des structures nécessaires pour remplir efficacement
leurs missions, autant les créations d'emplois à l'administration
centrale n'emportent pas l'adhésion. On constate que les effectifs
globaux du ministère sont passés de 2 378 emplois en
1997 à 2 760 prévus en 2000, soit une augmentation de
382 emplois en trois ans (+16 %).
Ce rythme, atypique en lui-même durant une période où un
large accord s'est fait sur la nécessité d'au moins stabiliser
les effectifs des administrations centrales, est de surcroît sous-tendu,
selon les termes " régaliennes ". Ce qualificatif
inadapté à une fonction nouvelle et dont on peut
légitimement se demander si elle relève de l'Etat, des
collectivités territoriales, des acteurs privés, ou de leur
association, traduit une volonté de s'instaurer comme une administration
de plein exercice. Cette orientation semble à votre commission aussi
dérisoire qu'inadaptée : aussi nombreux que soient les
emplois créés à l'avenir au sein du ministère de
l'environnement -et ce n'est pas la voie souhaitée par la commission- il
ne pourra rivaliser avec les administrations en place de longue date.
Cette évolution est d'autant plus critiquable qu'elle ne permet
cependant pas au ministère de répondre aux demandes de conseils
et d'orientation en matière de développement durable comme le
rapport l'expose plus loin.
II. UNE FORTE AUGMENTATION DES CRÉDITS CONSACRÉS À LA PROTECTION DES ESPACES NATURELS
L'ensemble des moyens (dépenses ordinaires +
crédits
de paiement) affectés à la protection des espaces naturels
augmente à nouveau de 14 %, de 1999 à 2000, après
avoir crû de 22 % de 1998 à 1999.
Au total, les crédits de la direction de la nature et des paysages
passeront de 344,26 millions de francs en 1999 à
430,83 millions de francs dans le projet de loi de finances pour 2000.
Les actions permises par cette croissance bénéficieront aux
divers secteurs de la protection de la nature.
A. LES ACTIONS DE PROTECTION DE LA NATURE SONT LES GRANDES BÉNÉFICIAIRES DE L'AUGMENTATION DU BUDGET POUR 2000
L'évolution des dépenses ordinaires et des dépenses en capital du budget voté de 1999 au projet de loi de finances pour 2000 est retracée dans le tableau suivant :
dépenses ordinaires |
dépenses en capital |
|||||||
actions |
1999 |
2000 |
Actions |
1999 |
2000 |
|||
|
|
|
|
AP |
CP |
AP |
CP |
|
Parcs nationaux |
133 529 282 |
139 441 921 |
Parcs nationaux |
44 465 000 |
44 446 000 |
51 065 000 |
46 946 000 |
|
GIP ATEN |
2 750 325 |
6 060 831 |
GIP ATEN |
1 665 000 |
1 200 000 |
1 665 000 |
1 830 000 |
|
Espace Mont Blanc |
1 000 000 |
1 000 000 |
Parcs nationaux à l'étude |
12 903 000 |
6 220 000 |
16 903 000 |
8 670 000 |
|
Réserves naturelles |
40 214 359 |
47 810 089 |
Réserves naturelles |
20 585 000 |
14 417 000 |
23 785 000 |
18 907 000 |
|
Parcs naturels régionaux |
35 403 708 |
40 135 579 |
Parcs naturels régionaux |
15 545 000 |
14 222 000 |
21 245 000 |
14 639 000 |
|
Capacité d'expertise |
10 000 000 |
10 000 000 |
Actions communautaires |
13 658 000 |
14 000 000 |
13 658 000 |
8 688 800 |
|
conservatoire du littoral |
17 585 048 |
32 252 144 |
Conservatoire du littoral |
138 000 000 |
132 750 000 |
112 600 000 |
117 050 000 |
|
gestion contractuelle de l'espace |
4 550 000 |
12 650 000 |
Etudes sur les milieux et gestion contractuelle de l'espace |
10 458 000 |
12 904 500 |
10 458 000 |
8 425 850 |
|
Politique paysagère |
713 476 |
6 221 476 |
Paysages |
21 876 000 |
16 560 000 |
43 599 000 |
28 875 000 |
|
Ecole du paysage |
2 000 000 |
2 008 600 |
Ecole du paysage |
2 000 000 |
1 000 000 |
2 000 000 |
1 000 000 |
|
Evaluation environnementale |
2 710 000 |
14 710 000 |
Evaluation environnementale |
23 560 000 |
17 136 000 |
25 560 000 |
16 260 000 |
|
sites DAU |
508 000 |
|
Sites |
19 723 000 |
14 914 000 |
12 490 000 |
9 949 750 |
|
Instances consultatives |
8 513 000 |
8 993 000 |
|
|
|
|
|
|
Programme action biodiversité |
19 640 089 |
24 090 089 |
programme action biodiversité |
11 190 000 |
8 645 000 |
800 000 |
400 000 |
|
CBN |
4 530 963 |
6 194 552 |
|
|
|
|
|
|
Museum national d'histoire naturelle |
5 266 244 |
6 917 709 |
Muséum naational d'histoire naturelle |
3 100 000 |
3 107 000 |
1 500 000 |
1 507 000 |
|
Natura |
55 350 000 |
72 350 000 |
Natura |
29 807 000 |
15 502 500 |
46 807 000 |
34 515 600 |
|
TOTAUX |
344 264 494 |
430 835 991 |
|
368 535 000 |
317 024 000 |
384 135 000 |
317 664 000 |
Ces
évolutions recouvrent, d'après les indications du
ministère, les affectations suivantes :
Le développement du réseau d'espaces naturels
: il
s'agit des espaces gérés par les établissements publics ou
dépendant directement de l'Etat pour leur mise en oeuvre, et dont les
moyens nouveaux progressent dans ce secteur de 23,76 millions de francs (DO +
CP), soit au total un montant de 436,5 millions de francs, qui seront
répartis comme suit :
*
Parcs nationaux
: + 10,21 millions de francs (DO + CP)
affectés à la mise en place du parc national marin de Corse, au
soutien de la mission du parc de la forêt guyanaise et à la
construction des navires nécessaires à la surveillance et au
contrôle des futurs parcs marins ;
19 emplois
sont créés dans les parcs dont 13 pour le futur
parc national de Corse : par ailleurs, les investissements des parcs
nationaux existants sont augmentés pour tenir compte de la mise en place
des nouveaux programmes d'aménagement adoptés par les
établissements publics.
*
Conservatoire du littoral
: + 1,97 million de francs (DO + CP)
affecté à la création de
5 emplois
pour permettre
au Conservatoire du littoral d'assurer sa mission.
*
Réserves naturelles
: + 8,6 millions de francs (DO +
CP) : ces moyens seront consacrés à la gestion des nouvelles
réserves créées en l'an 2000, et au fonctionnement de
celles récemment créées en Guyane.
*
UICN : Réseau français
: Lors du
50
ème
anniversaire de l'Union internationale de la
conservation de la nature à Fontainebleau, un engagement avait
été pris pour qu'une subvention d'un million de francs (DO + CP)
soit affectée à la participation d'experts français et
d'ONG aux commissions de l'UICN chargées de définir les normes et
les politiques applicables à la conservation de la nature.
*
GIP/ATEN
: + 3,3 millions de francs (DO + CP) : le
groupement d'intérêt public atelier technique des espaces naturels
disposera de moyens spécifiques nouveaux, essentiellement pour assurer
la formation des personnels impliqués dans la mise en place du
réseau Natura 2000.
La politique de préservation des sites et des paysages et de
l'environnement urbain
Les moyens des
sites et paysages
progressent de 5,68 millions de francs
(DO + CP), soit au total 38,1 millions de francs.
Les moyens nouveaux sont affectés au renforcement des crédits du
fonds de gestion des milieux naturels, au développement du réseau
d'espaces naturels protégés, à la politique de
préservation des sites et paysages et à l'environnement urbain.
Le Fonds de gestion des milieux naturels (FGMN)
reçoit
51,9 millions de francs (DO + CP) de moyens nouveaux. La dotation du FGMN
progresse de 26 %, s'élevant à présent à 241,8
millions de francs (DO + CP). Comme prévu dans l'article 33 de la
loi du 25 juin 1999 d'orientation pour l'aménagement et le
développement durable du territoire, le Fonds de gestion des milieux
naturels (FGMN) contribue au financement des projets d'intérêt
collectif concourant à la protection et à la
réhabilitation de la gestion des milieux et des habitats naturels. Le
FGMN assure le financement de la politique de préservation des milieux
naturels et de la diversité biologique relevant principalement des
mesures de gestion contractuelles : réseau Natura 2000, parcs
naturels régionaux, conservatoires régionaux des espaces
naturels, programme de conservation des espèces sauvages et extension du
réseau des conservatoires botaniques nationaux.
Les mesures nouvelles inscrites au FGMN en l'an 2000 portent sur la poursuite
de la mise en oeuvre du
réseau Natura 2000
, notamment pour
l'élaboration des documents d'objectifs et le soutien sur une base
contractuelle, des activités menées par les propriétaires
et les exploitants dans les sites du réseau (+
27 millions de
francs
, DO + CP) ; la mise en oeuvre du
schéma des services
collectifs des espaces naturels et ruraux
(+ 3 millions de francs
,
DO + CP) ; l'amélioration des connaissances scientifiques et
techniques de
la diversité biologique des écosystèmes
forestiers
pour en assurer une gestion conservatoire appropriée en
liaison avec les intérêts de la sylviculture (+
4,2 millions de
francs
, DO + CP) ; les moyens alloués aux nouveaux
parcs
naturels régionaux
(PNR) et à ceux dont la charge sera
renouvelée (+
8,35 millions de francs
, DO + CP), ainsi qu'aux
conservatoires régionaux d'espaces naturels (+
2 millions de
francs
, DO + CP) ; le développement du programme de
conservation des espèces animales sauvages
et les mesures
d'accompagnement économique, ainsi que l'extension du réseau des
conservatoires botaniques nationaux
(+
7,4 millions de
francs
, DO + CP) ; l'accompagnement de la démarche
internationale en faveur de la protection des coraux, avec la création
d'un
Comité de l'initiative française pour les récifs
coralliens
(+
0,8 million de francs
, DO + CP).
1. Le réseau des espaces protégés par l'Etat
a) Les réserves naturelles
La
France comptait en 1999 146 réserves naturelles protégeant
451 700 hectares, soit 7 905 hectares de plus qu'en 1998, et 31
projets en cours d'instruction. L'objectif est d'assurer une protection de
chacun des milieux existant en France, en se fondant sur les inventaires
scientifiques réalisés aux niveaux français et
européen.
Le classement des réserves et leur gestion font appel à la
concertation avec les propriétaires et les collectivités locales.
Un plan de gestion écologique est mis en place progressivement dans
chaque réserve, dans un souci d'efficacité scientifique et
technique. L'Etat confie la gestion des réserves à des
collectivités locales, des établissements publics ou des
associations. Les élus, les propriétaires et les associations
participent à son comité consultatif, présidé par
le préfet.
Les moyens affectés par l'Etat aux réserves sont globalement
adaptés à la création des nouvelles réserves.
En 1996, quatre réserves ont été classées, cinq en
1997, sept en 1998, deux depuis le début de l'année 1999 et cinq
à sept projets sont susceptibles d'aboutir d'ici à la fin de
l'année en cours.
La répartition des 146 réserves actuelles selon leur surface est
la suivante :
- 20 réserves de 30 à 99 ha,
- 30 de 30 à 99 ha,
- 38 de 100 à 499 ha,
- 18 de 500 à 999 ha,
- 29 de 1 000 à 5 000 ha,
- 11 de plus de 5 000 ha.
La répartition des organismes gestionnaires par catégories est
actuellement la suivante pour les 146 réserves existantes :
- 31 réserves sont confiées à des instances locales
(21 %) ;
- 26 réserves sont gérées par des établissements
publics (18 %) ;
- 86 par des associations (61 %) ;
- 3 réserves naturelles, récemment créées, n'ont
pas encore de gestionnaire désigné (Hauts de Chartreuse, point de
Givet et baie de l'Aiguillon en Charente Maritime).
Au total, onze réserves naturelles sont sous co-gestion de deux (ou
trois) organismes, et certaines associations gestionnaires réunissent
elles-mêmes plusieurs partenaires. Les associations sont moins souvent
que par le passé désignées comme gestionnaires uniques, ce
qui semble correspondre à l'intérêt grandissant pour les
réserves naturelles manifesté par les collectivités
territoriales, qui prennent conscience de la place que peuvent tenir les
réserves dans le développement local. Par ailleurs, certains
établissements publics comme l'Office national des forêts veulent
s'investir dans la gestion écologique d'espaces naturels exceptionnels
comme les réserves naturelles, pour y valoriser leurs compétences
scientifiques et techniques.
b) Les parcs nationaux
*
Objectifs des parcs nationaux
Les objectifs de la politique des parcs nationaux sont définis dans
l'exposé des motifs de la loi du 22 juillet 1960. Il s'agit de
protéger le patrimoine naturel, mettre à la dispositions de tous,
et plus particulièrement des citadins, les richesses ainsi
préservées, contribuer au développement économique,
social et culturel des territoires où ils sont implantés.
* Nombre et étendue des parcs nationaux
-
Le Parc national de la Vanoise
créé en 1963.
Superficie : 52 839 ha en zone parc, 145 000 ha en zone
périphérique.
-
Le Parc national de Port-Cros
créé en 1963.
Superficie : 694 ha de zones terrestres, 1 800 ha de superficie
marine.
-
Le Parc national des Pyrénées
créé en
1967. Superficie : 45 707 ha en zone parc, 206 352 ha en zone
périphérique.
-
Le Parc national des Cévennes
créé en 1970.
Superficie : 91 279 ha en zone parc, 229 726 ha en zone
périphérique.
-
Le Parc national des Ecrins
créé en 1973.
Superficie : 91 800 ha en zone parc, 178 200 ha en zone
périphérique.
-
Le Parc national du Mercantour
créé en 1979.
Superficie : 68 500 ha en zone parc, 136 500 ha en zone
périphérique.
-
Le Parc national de la Guadeloupe
créé en 1989.
Superficie : 17 300 ha en zone parc, 12 200 ha en zone
périphérique.
Superficie totale des 7 parcs nationaux : 369 919 ha en zone centrale
(environ 0,66 % du territoire national) et 907 978 ha en zone
périphérique.
* Projets de création de nouveaux parcs
Le
futur Parc national marin de Corse
dont la superficie estimée
serait de 100 000 ha en mer et de 40 000 ha de littoral entre Piana et Calvi, a
fait l'objet d'un avant-projet qui a donné lieu, en 1996, à de
premières délibérations favorables.
Un chargé de mission a été nommé en février
1997 et un comité de pilotage, co-présidé par le
Préfet de Corse et le Préfet maritime de la
Méditerranée, a été institué par
décision ministérielle du 4 septembre 1997. Les travaux de ce
comité et du chargé de mission permettront de soumettre le projet
de décret de création du parc à l'enquête publique,
au cours du dernier trimestre de 1999.
Le
projet de création d'un Parc national marin de la mer d'Iroise
a été lancé en 1990. En mai 1991, le Préfet a
confié au parc naturel régional d'Armorique la réalisation
d'une étude de faisabilité, terminée en 1993. La
procédure de création a été engagée en
octobre 1995, et un chargé de mission désigné en septembre
1996. La richesse du patrimoine naturel mise en évidence par
l'étude d'identification, et la motivation de ses promoteurs (en
particulier le parc naturel régional d'Armorique) sont autant
d'éléments positifs.
Le comité de pilotage rassemble, sous la co-présidence du
Préfet du Finistère et du Préfet maritime de l'Atlantique,
les élus, les scientifiques, les professionnels, les usagers et les
administrations. Un document d'intention devrait être
présenté à l'automne 1999 au comité de pilotage.
Le
projet de Parc national de la forêt tropicale de Guyane
constitue une priorité depuis l'engagement sur la diversité
biologique pris par la France à la Conférence de Rio de 1992. De
nombreuses études ont, depuis plus de 20 ans, démontré
l'intérêt scientifique et la richesse biologique de la forêt
guyanaise, et conclu à l'intérêt de mettre en place un
système de protection adapté.
En février 1993, le ministre chargé de l'environnement a
nommé un chargé de mission ; en octobre 1994 ont
été arrêtées les grandes lignes d'un premier projet
dont la délimitation territoriale était affinée en
décembre 1995. Après concertation des élus locaux, un
deuxième projet est en cours d'élaboration depuis 1997. Il
s'appuie sur les travaux de trois groupes techniques présidés par
des élus locaux qui ont permis de proposer un projet reposant sur quatre
grands objectifs : protéger le patrimoine naturel du sud guyanais
de manière à assurer la pérennité de
l'écosystème forestier, reconnaître et respecter la
richesse et la spécificité des cultures, participer activement
à l'émergence d'un développement adapté aux
spécificités des communes de " l'espace parc " (zones
centrale et périphérique), constituer une référence
en matière de valorisation de la biodiversité et de gestion des
espaces naturels protégés, sur la scène locale et
internationale.
Le deuxième projet a été transmis par le préfet, en
début d'année 1999, aux élus pour avis.
* Zones périphériques
Les zones périphériques des parcs nationaux sont des zones
habitées jouant d'une certaine manière un rôle tampon entre
les zones centrales, qui sont des zones naturelles soumises à une
réglementation très stricte, et le reste du territoire. Ces zones
périphériques ne sont soumises à aucune contrainte
réglementaire particulière, bien que leurs territoires disposent
souvent de milieux biologiques de grande qualité. Le parc doit donc y
privilégier des démarches contractuelles.
Parfois considérées par les collectivités locales comme
une zone de compensation par rapport aux contraintes imposées en zone
centrale
, elles sont, en fait, une zone spéciale
d'aménagement du territoire où le parc peut favoriser une
politique d'accueil et expérimenter des actions de développement
durable.
Le ministère de l'environnement met chaque année à la
disposition de l'ensemble des zones périphériques 9 millions de
francs dont la majeure partie est contractualisée dans les contrats de
plan Etat-région. Ces crédits servent à des actions
diverses comme la sauvegarde du patrimoine naturel dans le cadre de gestion
contractuelle des milieux agricoles et forestiers, la réhabilitation du
petit patrimoine rural : fontaines, chapelles, moulins, financement des
surcoûts, réhabilitation de hameaux suivant des prescriptions
architecturales ou des actions de communication : centres d'information,
expositions.
* Bilan des difficultés rencontrées par les parcs nationaux et
leur zone périphérique
La principale difficulté des parcs, inhérente à la mission
définie par les textes fondateurs est de
protéger la nature
tout en favorisant le développement de la zone
périphérique
. Dans les parcs de montagne, pour la
majorité d'entre eux, la conservation des alpages passe par le maintien
de l'utilisation de ceux-ci par des bergers. Ces professionnels souhaitent
poursuivre leur activité, ce qui entraîne des demandes de travaux
de génie civil à concilier avec une protection de la nature.
La seconde difficulté provient du succès touristique des parcs
qui reçoivent environ 7,2 millions de visiteurs par an. Une telle
pression humaine sur des territoires relativement restreints entraîne la
nécessité de gérer les flux touristiques en apportant une
information pratique sur le terrain sans sacrifier la protection des milieux.
Dans un souci de simplification et de plus grande cohérence de l'action
des organismes publics, l'affectation de certains terrains domaniaux, notamment
des terrains d'altitude sans vocation forestière, pourrait être
envisagée au profit de l'établissement public chargé du
parc.
De même, il conviendrait, en accord avec le ministre chargé de la
forêt, que la spécificité des parcs nationaux soit prise en
compte dans les documents relatifs à la forêt.
c) Le Conservatoire de l'espace littoral et des rivages lacustres
•
Objectifs
Les objectifs que poursuit le Conservatoire du littoral sont ceux qui ont
été définis dans la loi du 10 juillet 1975 portant
création de l'établissement, étendus par les dispositions
de la loi " Paysage " et intégrés au code rural.
A la demande du gouvernement, le Conservatoire a élaboré en 1995
une stratégie à long terme qui s'appuie sur un inventaire
exhaustif des sites naturels remarquables le long du littoral correspondant aux
critères d'intervention de l'établissement. Cet inventaire,
approuvé par le gouvernement et présenté au
Président de la République, conduit à prévoir la
maîtrise foncière de 200 000 ha en bord de mer pour atteindre
l'objectif fixé par le gouvernement qui consiste à assurer la
protection définitive d'un tiers du littoral français. Au
1
er
août 1999, le patrimoine du Conservatoire atteint
pratiquement 60 000 ha.
Le second objectif poursuivi par le Conservatoire est de mettre en place les
meilleures conditions de gestion de son patrimoine. Dans ce domaine, le
Conservatoire veille à passer des conventions de gestion avec les
collectivités locales et à associer les départements
à la gestion des sites.
Un effort particulier est également mené pour favoriser l'accueil
et l'information du public : signalisation des terrains, ouverture de
maisons d'accueil, aménagement de circuits de découverte...
PATRIMOINE DU CONSERVATOIRE AU 1 ER AOÛT 1999 :
- 427
sites
- 58 768 ha
- 795 km de rivages
RÉPARTITION DES SITES EN FONCTION DE LEUR SUPERFICIE
|
Nombre de sites |
Superficie totale par classe |
De 0 à 50 ha |
227 |
4 705 |
De 50 à 100 ha |
71 |
5 443 |
De 100 à 500 ha |
107 |
22 656 |
De 500 à 1000 ha |
16 |
11 470 |
Plus de 1000 ha |
6 |
14 494 |
LINÉAIRE CÔTIER (EN KM) :
-
rivages marins en métropole : 602
- rivages marins outre-mer : 82
- rivages lacustres : 20
- étangs littoraux : 91
Total : 795
BILAN DES ACQUISITIONS
|
Nombre de sites |
Superficies (ha) |
Linéaires (km) |
Servitudes (ha) |
Servitudes (km) |
Littoral métropolitain |
372 |
51 065 |
693,2 |
1005,3 |
10 |
Départements d'outre-mer |
33 |
5 733 |
81,8 |
- |
- |
Lacs |
22 |
1 970 |
20,4 |
2 |
- |
Total |
427 |
58 768 |
795,4 |
1 007,3 |
10 |
*
Difficultés particulières :
Les acquisitions les plus " faciles " ont été
effectuées au cours des 15 ou 20 premières années
d'existence du Conservatoire. L'établissement se trouve actuellement
confronté à des opérations plus complexes et souvent plus
coûteuses et les négociations se heurtent à des
difficultés tenant par exemple au morcellement des sites ou à la
longueur des négociations. Les problèmes qui demeurent pour
l'acquisition des Vieux Salins et des Salins des Pesquiers à
Hyères, en sont une illustration.
Dans la mesure où le patrimoine du Conservatoire augmente de
façon régulière, le volume des travaux à accomplir,
le nombre des conventions de gestion à négocier, le suivi de la
gestion prennent également une importance croissante. Pour permettre un
suivi régulier de son patrimoine, le ministère a ainsi
renforcé l'effectif de l'établissement de huit emplois de 1997
à 1999, pour parvenir au total de 41 agents permanents.
Le budget prévisionnel pour l'an 2000 prévoit une nouvelle
augmentation grâce à la création de 5 postes permanents
supplémentaires.
* Evolution financière :
En 1999, la dotation d'investissement de l'Etat s'est élevée
à 138 millions de francs en autorisations de programme et à
132 millions de francs en crédits de paiement.
Par rapport à 1998, le budget 1999 s'est caractérisé par
une augmentation des autorisations de programme (+ 10 MF) et une
stabilité des crédits de paiement.
En fonctionnement, la dotation de l'Etat s'est élevée à
17 585 048 francs.
Au 1er août 1999, la consommation des crédits affectés aux
acquisitions s'élevait à 49,2 % de la dotation
réservée à cet effet, ce qui correspond à un rythme
normal de consommation des crédits.
La qualité reconnue des actions menées par cet organisme devrait
conduire à lui attribuer une partie des larges marges d'action
financières dont dispose le ministère pour 2000.
d) Le plan Loire-Grandeur-Nature
Le
programme décennal " Plan Loire-Grandeur-Nature " a
été arrêté par le gouvernement le 4 janvier
1994.
Ce programme visait à répondre à trois objectifs :
- améliorer la sécurité des personnes et des biens en cas
de crue exceptionnelle de la Loire ;
- améliorer la satisfaction des besoins quantitatifs et qualitatifs en
eau ;
- mener des actions de préservation et de protection du patrimoine
exceptionnel, mais fragile, que constitue le lit du fleuve.
Le contenu de ce plan a fait l'objet d'un réexamen depuis 1998 du fait
des évolutions intervenues depuis son lancement.
1999 est une année de transition, avec l'achèvement de la
première phrase du Plan Loire-Grandeur-Nature et le programme de
la deuxième phase.
La durée de cette deuxième phase a été
portée à sept ans, pour la faire coïncider avec les
prochains plans Etat-régions.
- Le bilan des cinq premières années (1994 à 1998)
(1) La sécurité des riverains
En
Haute-Loire, le projet de barrage de Serre de la Fare a été
abandonné. Un programme alternatif d'actions préventives a
été défini pour atteindre les objectifs recherchés
en terme de sécurité des personnes.
La restauration du lit de la Loire : le défaut d'entretien pendant
près de cinquante ans avant 1994 du lit de la Loire aurait pu fortement
aggraver la situation en cas de crue du fleuve. Un programme d'investissement
de restauration du lit de la Loire, accompagné par un entretien
régulier a donc été entrepris par le gouvernement, pour un
coût global de 100 millions de francs sur dix ans.
Le renforcement des digues
Pendant la première phase du Plan Loire le gouvernement avait
décidé d'accélérer le programme de renforcement des
digues commencé dans les années 1970. De 1994 à 1999, 126
millions de francs (autorisations de programme) ont été
engagés par l'Etat sur ce type d'opérations.
L'étude de la Loire moyenne
Le gouvernement a décidé en 1994 de lancer une étude
d'évaluation des travaux de protection contre les crues de la Loire
moyenne. Son financement a été assuré par l'Etat, l'EPALA
et l'agence de l'eau.
Cette étude n'a pas abouti à des conclusions tranchées sur
le projet de barrage du Veurdre.
Le contrôle de l'urbanisation dans les zones inondables
La publication des atlas des vals inondables de la Loire a été
réalisée complètement du Bec d'Allier à Nantes, et
partiellement en amont. Ces documents, exprimant les hauteurs et vitesses de
l'eau susceptibles d'être relevées en cas de crue importante de la
Loire, permettent aux préfets de contrôler strictement
l'urbanisation des zones inondables.
(2) La satisfaction des besoins en eau
L'Allier
Le gouvernement a décidé le 4 janvier 1994 d'autoriser la
construction de l'aménagement dit de " Naussac II ",
destiné à améliorer le remplissage du barrage existant de
Naussac qui permet le soutien des étiages de l'Allier. Les travaux de
" Naussac II " se sont achevés en 1997.
La Loire moyenne et aval
Un programme de travaux a été lancé, visant au
relèvement de la ligne d'eau d'étiage en Basse-Loire, afin
notamment de lutter contre la remontée des eaux salées et de
garantir la pérennité des prises d'alimentation en eau potable
des agglomérations urbaines riveraines en particulier celle de Nantes.
* Les perspectives pour les années à venir (1999-2006)
L'Etat propose de porter son effort durant la deuxième phase du plan
Loire : sur la poursuite des actions de préventions des inondations
pour lesquelles il propose d'engager 340 millions de francs sur le budget
de l'environnement en partenariat avec les collectivités locales.
La restauration de la qualité des eaux et des milieux naturels
aquatiques des vallées ligériennes bénéficiant de
145 millions de francs (dont 130 millions de francs sur le budget de
l'environnement) en complément des aides que pourra apporter l'agence de
l'eau Loire-Bretagne.
Le contenu de ce programme sera négocié entre l'Etat et les
régions au second semestre 1999.
Par ailleurs, l'analyse de la situation en matière de gestion de la
ressource en eau a conduit l'Etat à ne plus juger utile d'accorder
d'aide pour le développement de nouveaux stockages d'eau et notamment
à ne pas accorder de subvention pour la construction du barrage de
Chambonchard.
2. Les autres éléments de la protection des paysages
Deux éléments de cette politique seront particulièrement étudiés : la constitution du réseau Natura 2000, et les parcs naturels régionaux.
a) La constitution du réseau de sites " Natura 2000 "
La
première étape de la constitution du réseau Natura 2000,
c'est-à-dire l'établissement de la liste nationale des sites
d'importance communautaire est achevée et une première liste de
sites Natura 2000 (531) a été transmise à la Commission
européenne. Ces propositions, comme celles des autres Etats membres,
font actuellement l'objet d'une évaluation dans le cadre de chaque
région biogéographique.
La seconde étape consistera en l'élaboration d'un document
d'objectifs propre à chaque site.
Compte tenu de la nature des milieux qui sont pour la plupart des espaces
agricoles, forestiers et des zones humides, le maintien d'une gestion
traditionnelle mais active doit permettre d'atteindre les objectifs
fixés par la directive " Habitat ". Dans ce contexte, une
gestion contractualisée avec les acteurs est nécessaire.
Après la création du Fonds de gestion des milieux naturels par la
loi d'aménagement durable du territoire et une première dotation
de ce fonds intervenue par la loi de finances pour 1999, le projet de budget
2000 traduit un renforcement des capacités financières au profit
de cette gestion contractualisée.
Depuis les premières propositions transmises à l'automne 1997,
cinq autres envois successifs ont été réalisés en
1998 et 1999, portant les propositions de sites susceptibles d'être
reconnus d'importance communautaire transmises par la France à la
Commission européenne à 1 029 sites couvrant environ
26 720 km² de superficie terrestre soit 4,9 % du territoire.
La France, après avoir " gelé " un premier envoi en
1997, du fait de diverses critiques émanant du monde rural (agriculteurs
et chasseurs, en particulier) sur les sites retenus, est finalement parvenue,
après concertation, à un certain accord sur ceux qui ont
été retenus.
La péripétie procédurale qu'a constituée
l'annulation de la liste, pour vice de forme, par le Conseil d'Etat, n'a
finalement pas eu de conséquences temporelles importantes.
RÉPARTITION EN NOMBRE ET EN SUPERFICIE DE CES SITES SELON LES RÉGIONS ADMINISTRATIVES
REGION |
PROPOSITION TRANSMISES A LA COMMISSION |
||||
|
Nombre de sites |
Surface terrestre (en ha) |
Surface marine (en ha) |
Linéaire de cours d'eau (km) |
% par rapport à la superficie régionale |
ALSACE |
16 |
50 908 |
|
|
6,1 |
AQUITAINE |
66 |
149 271 |
7 864 |
1 |
3,6 |
AUVERGNE |
61 |
86 080 |
|
2 382 |
3,3 |
BOURGOGNE |
46 |
55 201 |
|
3 |
1,7 |
BRETAGNE |
52 |
87 012 |
100 101 |
|
3,2 |
CENTRE |
38 |
106 109 |
|
|
2,7 |
CHAMPAGNE-ARDENNE |
72 |
53 678 |
|
|
2,1 |
CORSE |
43 |
89 153 |
52 510 |
|
10,3 |
FRANCHE-COMTE |
40 |
119 904 |
|
|
7,4 |
ILE-DE-FRANCE |
14 |
24 112 |
|
60 |
2,0 |
LANGUEDOC-ROUSSILLON |
57 |
297 151 |
7 208 |
|
10,9 |
LIMOUSIN |
27 |
17 236 |
|
8 |
1,0 |
LORRAINE |
60 |
42 245 |
|
|
1,8 |
MIDI-PYRENES |
91 |
270 155 |
|
|
6 |
NORD-PAS-CALAIS |
21 |
9 374 |
4 603 |
|
0,8 |
BASSE-NORMANDIE |
30 |
55 640 |
55 314 |
|
3,2 |
HAUTE-NORMANDIE |
20 |
23 509 |
7 363 |
660 |
1,9 |
PAYS-DE-LOIRE |
32 |
155 890 |
30 038 |
|
4,9 |
PICARDIE |
32 |
28 597 |
10 033 |
|
1,5 |
POITOU-CHARENTES |
50 |
104 138 |
185 033 |
2 |
4 |
PROVENCE-ALPES-COTE D'AZUR |
70 |
576 949 |
12 137 |
|
18,4 |
RHONE-ALPES |
110 |
269 848 |
|
|
6,2 |
TOTAL |
1029 |
2 672 160 |
472 204 |
3 116 |
4,9 |
L'analyse de ces proposition est effectuée par le Muséum national d'histoire naturelle. Elle sera ensuite confrontée, dans le cadre de séminaires biogéographiques européens, à celui des pays voisins possédant ces mêmes habitats et ces mêmes espèces. Il conviendra de vérifier enfin si la configuration des sites proposés permet une bonne conservation de ce patrimoine.
b) Les parcs naturels régionaux
•
Création
Créés en 1967 à l'initiative de la
délégation à l'aménagement du territoire et
à l'action régionale, les parcs naturels régionaux sont
aujourd'hui au nombre de 37 et couvrent près de 11 % du territoire
national. Ils intéressent 23 régions, 61 départements,
plus de 3 104 communes pour une population de 2 676 000
habitants.
Fondée sur la notion de contrat et de libre adhésion, la
politique des parcs naturels régionaux permet aux communes :
- de préserver et mettre en valeur un patrimoine naturel, culturel et
paysager riche mais fragile ;
- d'animer de petites régions en perte de vitesse.
Créés et renouvelés à l'initiative des
régions, les parcs naturels régionaux constituent une formule
originale de coopération et de partenariat. Les chartes des parcs
naturels régionaux, approuvées par l'Etat, sont porteuses de
projets de territoire qui permettent de mobiliser l'ensemble des acteurs
intéressés sur une démarche de développement
durable.
* Les parcs sont considérés comme des partenaires
privilégiés pour l'application de la directive
" habitats ". Ils ont déjà participé activement
à la première phase de l'application de la directive : le
recensement des sites potentiels.
C'est surtout sur la gestion des sites que les parcs pourront mettre en
pratique leur savoir-faire, ainsi que pour la définition des
modalités d'une bonne gestion issue d'une concertation entre tous les
partenaires. Ainsi, le programme expérimental pour l'élaboration
de plans de gestion des sites Natura 2000 a-t-il été largement
inspiré des territoires de parcs.
En 1998, sept parcs naturels régionaux ont
bénéficié d'un renouvellement de classement en 1999 :
les parcs de Corse, de la Haute Vallée de Chevreuse et du Haut-Languedoc.
Il reste à mener à terme les révisions des chartes de huit
parcs en vue de leur renouvellement de classement : Brière,
Brotonne, Caps et Marais d'Opale, Landes de Gascogne, Lorraine, Pilat, Volcans
d'Auvergne, Vosges du Nord.
•
Perspectives
Les parcs naturels régionaux ont eu 30 ans en 1997. Les travaux
menés pour préparer l'avenir des parcs, en particulier au sein de
la Fédération des parcs naturels régionaux, se
présentent sous la forme d'un " manifeste pour un futur
durable " et de propositions qui constitueront la base de réflexion
de toute la politique des parcs.
Le projet de budget du ministère pour 2000 prévoit, dans le cadre
de la renégociation des contrats de plan Etat-régions pour la
période 2000-2006 :
- une légère augmentation de la dotation ministérielle en
fonctionnement pour chacun des parcs naturels régionaux ;
- la création de trois parcs naturels régionaux : Guyane,
Monts d'Ardèche, Trois-Forêts.
B. MAIS DES ÉLÉMENTS FONDAMENTAUX POUR LA PROTECTION DE L'ENVIRONNEMENT RESTENT DÉLAISSÉS
Les
élus locaux que sont aussi la plupart des parlementaires -ce qui leur
permet d'avoir une perception concrète des difficultés de leurs
concitoyens- se heurtent avec une acuité accrue chaque année, aux
difficultés inhérentes à la gestion des déchets de
tous ordres, qu'ils soient ménagers, industriels ou agricoles. Ces
difficultés sont de plusieurs ordres : elles tiennent, tout
d'abord, à l'incertitude croissante sur la dangerosité future de
ces éléments ; elles sont accrues par les polémiques
sur les modes de traitement à leur réserver de façon la
plus appropriée, en termes économiques et écologiques.
Elle surgissent enfin du coût de plus en plus élevé de leur
élimination. Or, aucun élément de réflexion sur ces
problèmes complexes n'est fourni par le ministère de
l'environnement.
1. L'élimination des déchets ménagers posent des problèmes multiples et croissants aux communes
La masse
la plus forte de déchets à traiter est constituée par les
déchets ménagers. Depuis 1996, ceux-ci doivent faire l'objet, de
plans d'élimination.
* Bilan des plans d'élimination
87 départements ont adopté leur plan et 13 départements
doivent mener à terme cette procédure.
L'analyse par l'ADEME des plans départementaux adoptés a
montré la nécessité de retenir des orientations et des
objectifs plus stricts en matière de gestion des déchets
ménagers et assimilés. Une circulaire du 28 avril 1998 relative
à l'évolution et la mise en oeuvre des plans d'élimination
des déchets ménagers a répondu à ces objectifs.
Cette réorientation se traduira par une meilleure intégration du
recyclage et par la limitation du recours à l'incinération et au
stockage.
Cette circulaire propose un objectif national de valorisation matière
d'au moins la moitié des déchets collectés au titre du
service public d'élimination des déchets ménagers.
Chacun des plans a fait l'objet d'une analyse au regard des objectifs de la
circulaire du 28 avril 1998 et sur la base de cette analyse le ministère
de l'environnement a envoyé à chaque préfet une demande de
réexamen de ces plans départementaux. Ceci devrait conduire
certains départements à réviser leur plan. La
révision du plan départemental est parfois, une obligation
réglementaire pour intégrer un chapitre sur la valorisation des
emballages.
Aujourd'hui, 69 départements ont entamé la procédure de
révision du plan et 11 autres départements prévoient de
l'engager à court terme.
Une étude réalisée par l'ADEME en 1996, portant sur
48 départements regroupant 22 millions d'habitants, qui
produisaient 8,5 millions de tonnes d'ordures ménagères,
aboutissait à l'évolution décrite
ci-dessous :
|
1996 ( %) |
2002 ( %) |
à 10/15 ans (%) |
Recyclage |
2 |
15 |
18 |
Compostage |
6 |
8 |
8 |
Incinération |
34 |
57 |
63 |
Stockage |
58 |
20 |
11 |
Source : ministère de l'environnement.
L'objectif recherché par le ministère est la forte
réduction du nombre d'usines d'incinération et de centres
d'enfouissement, et l'augmentation des centres de tri, et des usines de
compostage. Outre que ces objectifs ne s'imposent pas d'eux-mêmes -la
notion de compost, éminemment valorisée, suscite notamment de
fortes interrogations- les coûts de collecte et de traitement des
déchets ménagers ont doublé entre 1990 et 1997 de
170 F à 300 F par habitant. Cette augmentation des coûts
est due à la croissance de la quantité de déchets (de 360
kg par habitant en 1990 à 440 kg par habitant en 1997) et à un
durcissement de la réglementation sur les centres d'incinération
et les décharges. Pour modérer cette hausse, une série de
mesures ont été arrêtées ces deux dernières
années ; ainsi, en 1998 sont intervenues l'augmentation des taux
d'aide à l'investissement de l'ADEME, avec effet au 1
er
janvier et l'augmentation du soutien des sociétés
agréées (Eco-Emballages/adelphe) aux collectivités
locales, les nouveaux barèmes étant applicables au 1
er
janvier 1998.
En 1999, deux nouvelles décisions ont été prises :
- le changement de taux de TVA : au 1
er
janvier 1999, le taux
de TVA appliqué au service public d'élimination des
déchets ménagers et assimilés passe de 20,6 %
à 5,5 % lorsque la collectivité met en oeuvre la collecte
sélective et le tri (contrat multimatériaux avec une
société agréée) ;
- la révision des taux d'aide de l'ADEME (conseil d'administration du 12
mai 1999).
Cependant, l'ensemble de ces mesures ne conduisent globalement qu'à
une réduction de l'ordre de 16 %, entre 1997 et 1999, du coût
résiduel d'élimination des déchets à la charge des
collectivités locales, ce qui est très insuffisant pour leur
permettre de faire face à cette nouvelle charge.
2. Le traitement à réserver aux boues d'épandage reste sans solution, alors qu'il réclame des décisions urgentes
L'équipement du territoire français en
stations
d'épuration des eaux usées est aujourd'hui pratiquement
arrivé à terme
, et certaines communes commencent à
envisager la modernisation de stations trop anciennes pour remplir correctement
leur rôle. Si cette évolution est naturellement positive pour la
qualité des eaux de nos rivières et de nos rivages maritimes,
elle a engendré une difficulté matérielle qui reste
sans solution : que faire des boues résiduelles de ces
stations
?
Traditionnellement, le traitement le plus économique qui leur
était réservé consistait en leur épandage, comme
fertilisant, sur les terrains agricoles. Mais les organisations
professionnelles de ce secteur, alertées à juste titre par divers
scandales intervenus récemment dans l'utilisation de ces boues (dont une
part aurait été intégrée dans certaines farines
destinées à l'alimentation animale), et respectueuses du principe
de précaution qui est, en effet, le seul qui vaille en ce domaine, sont
désormais réticentes à la poursuite de cet épandage.
De surcroît, la modernisation croissante des techniques de filtration
des eaux usées réduit certes les quantités de boues
résiduelles, mais en concentre la toxicité potentielle
. Une
des techniques alternatives à l'épandage, dont la
viabilité économique est prouvée, consiste en
l'incinération combinée des déchets et des boues, les
premiers servant de combustible à l'élimination des seconds. Mais
on a précédemment évoqué le refus de plus en plus
marqué du ministère de l'environnement devant les techniques
d'incinération, considérées comme dangereuses et
polluantes. Les services compétents de ce ministère
possèdent sans doute des études fiables sur lesquelles est
fondée cette orientation, dont il n'appartient pas à votre
commission d'apprécier le bien-fondé. En revanche,
les
élus locaux que nous sommes sont confrontés à un
problème pour lequel aucune solution pratique n'est
suggérée que faire des boues résiduelles si les
procédés de l'épandage ou de l'incinération
deviennent impraticables ?
Devant les réticences croissantes de certains exploitants agricoles, ces
boues continuent à être épandues, pour certaines d'entre
elles, sur des espaces réduits, où leur éventuelle
toxicité se concentre donc. L'incertitude quant à la
nocivité à long terme de certains de leurs composants conduit les
organisations agricoles à réclamer l'instauration d'un fonds de
garantie, perspective à laquelle le ministère répond par
un flou empreint de réticences.
En ce domaine, comme dans d'autres évoqués dans ce rapport, ce
ministère qui a crû considérablement en moyens humains et
financiers depuis deux ans n'est pas en mesure d'apporter une perspective
concrète et cohérente, et professe même parfois une sorte
de désinvolture face à ces problèmes qualifiés de
" heurts psychologiques ".
Cette attitude ne peut que contribuer à nourrir les réticences de
tous ceux qui estiment que le ministère de l'environnement ne remplit
pas son rôle lorsqu'il est confronté à des problèmes
techniques précis, s'en remettant alors aux administrations dont le
fonctionnement est reconnu, comme l'agriculture ou l'équipement. De
quelle légitimité peut-il ensuite se
réclamer ?
III. L'IMMOBILISME DU MINISTÈRE EN MATIÈRE DE RÉGLEMENTATION DE LA PUBLICITÉ
A. UNE COMPÉTENCE RÉCENTE DU MINISTÈRE DE L'ENVIRONNEMENT
Après le transfert de la direction de l'architecture du
ministère de l'équipement au ministère de la culture, une
forte pression émanant du ministre de l'environnement de l'époque
conduisit le Premier ministre Alain Juppé à trancher au mois
d'avril 1997 en faveur du transfert des compétences en matière de
publicité au profit de l'administration de l'environnement, en
dépouillant ainsi une fois encore le ministère de
l'équipement.
Cette innovation semblait alors logique, et de nature à produire des
effets positifs ; on pouvait en effet espérer que la prise en
compte de l'impact des panneaux publicitaires qui se multipliaient sur notre
territoire, en nombre et en volume, par les services de l'environnement,
aboutirait à une réflexion cohérente et modératrice.
Or, plus de deux ans après ce transfert de compétences,
l'administration de l'équipement continue à être
sollicitée par les DIREN pour instruire les déclarations
préalables des panneaux publicitaires, et les services
déconcentrés de l'environnement n'ont ni défini ni
appliqué une politique claire et concrète dans ce domaine. Cette
carence est d'autant plus regrettable que les professionnels consultés
par votre rapporteur
1(
*
)
, qu'ils interviennent
comme publicitaires ou annonceurs, sont aujourd'hui très désireux
de sortir de l'impasse que représente pour eux la multiplication
anarchique des panneaux, qui finissent pas s'annuler mutuellement.
Mais peut-être faudrait-il également, pour remédier
à cette anarchie, s'interroger sur le champ d'application de la loi de
1979 sur l'affichage dont il n'est pas certain qu'elle puisse, dans son
état actuel s'appliquer utilement aux enseignes et
pré-enseignes.
B. UNE NÉCESSAIRE RÉFLEXION SUR L'URBANISATION INCOHÉRENTE DES ENTRÉES DE VILLES
1. Le rapport sur les entrées de villes publié au mois d'octobre 1994
La
conception des entrées de villes dans notre pays n'a pas encore fait,
jusqu'à présent l'objet d'une politique volontariste.
La mission, qui avait été confiée à votre
rapporteur par MM. Barnier et Bosson en 1994, avait mis en lumière le
fait que les entrées de villes s'étaient constituées sans
projet d'ensemble et sans politique véritablement définie. Pour
remédier à cette situation, et notamment en l'absence de
réflexion spécifique sur les entrées de villes, un
amendement avait été intégré, à l'initiative
de votre rapporteur, à la loi " Barnier " du 2 février
1995, applicable à partir du 1
er
janvier 1997.
Cet amendement tendait davantage à susciter une réflexion
qu'à alourdir la réglementation. Il avait pour objet de provoquer
une " stratégie de rupture " : rupture dans les
comportements et les modes de pensée, d'abord, puisqu'il s'agissait de
prendre conscience de la nécessité d'un effort de planification
et d'aménagement, mais qui devait se traduire aussi sur le terrain, par
une différenciation mieux marquée entre les zones urbaines et les
zones rurales, dans lesquelles les axes de circulation n'ont pas vocation
à se transformer en rues commerciales.
Le rapport de 1994 avait également conduit les deux ministres
précités à créer, le 26 avril 1995, le
Comité national des entrées de villes (CNEV). Ce comité
avait pour objectif d'assurer une sensibilisation au problème des
entrées de villes et une concertation de tous les acteurs
intéressés ; il était également chargé
d'organiser un Palmarès national des entrées de villes.
2. Le Comité national des entrées de villes
•
Bilan du CNEV
Le CNEV est une instance de réflexion, de concertation, d'impulsion et
de sensibilisation, ainsi qu'une force de proposition ; c'est aussi un
lieu de rencontres et d'échanges d'expériences. Il est en effet
composé de représentants des différentes administrations
et établissements publics compétents, des élus, des
associations, des acteurs économiques, des maîtres d'ouvrages et
maîtres d'oeuvres ; y ont été associés les
maires des communes ou présidents d'établissements publics de
coopération intercommunale primés au Palmarès.
Il s'adresse aux agglomérations, communes ou communautés de
communes et s'appuie sur les relais territoriaux existants, tant auprès
des services de l'Etat (DDE, DIREN) que des collectivités territoriales
ou des établissements publics (Caisse des dépôts, agences
d'urbanisme, CAUE, CCI) ; il est également sollicité par les
établissements d'enseignement supérieur en urbanisme et
architecture et par les organismes de formation professionnelle ou permanente.
En trois ans, le CNEV s'est affirmé comme un organisme dont
l'intérêt et l'activité ont été reconnus par
les différents partenaires.
Le CNEV a établi, en liaison avec les services de la direction de
l'architecture et de l'urbanisme et la direction de la nature et des paysages,
le Palmarès national des entrées de villes, (280 candidatures, 7
villes lauréates, 8 villes mentionnées), proclamé le
20 novembre 1996 au congrès de l'Association des maires de France, et
qui a donné lieu à l'organisation d'une exposition.
Il a apporté sa participation à une centaine de manifestations de
sensibilisation ou de formation.
Il a tenu les premières Assises nationales des entrées de villes
à Amiens, les 16 et 17 septembre 1997. A cette occasion, les
représentants des quatre ministères intéressés
(équipement, environnement, culture et commerce) ont reconnu
l'importance du sujet, salué l'action menée par le Comité
national et
se sont engagés à favoriser la demande des acteurs
économiques de lancer quelques opérations exemplaires de
restructuration
.
Une brochure présentant les objectifs et les actions menées par
le CNEV a été éditée conjointement par les
ministères chargés de l'équipement et de l'environnement.
Un Observatoire des entrées de villes, installé sur Internet,
était en cours de réalisation au centre de documentation de
l'urbanisme (CDU) du ministère de l'équipement.
La région Ile-de-France, qui a participé à la
dernière réunion du comité national, le 23 avril 1998, a
demandé que soit constitué un groupe de travail spécifique
Ile-de-France, ayant pour premier objectif de dynamiser et de suivre des
opérations de restructuration.
Enfin, un groupe de pilotage a été constitué au sein du
CNEV pour assurer le lancement et le suivi d'actions de restructuration. Un
premier site a été sélectionné :
l'entrée nord de Poitiers, située sur trois communes, entre le
Futuroscope et Poitiers. Le groupe de pilotage a participé à une
première réunion locale, avec les représentants des
élus et des administrations, organisée en liaison avec le CNEV
et, à sa demande, par la DDE. Un second site est à
l'étude, celui de l'entrée sud d'Orléans.
•
Perspective
Le CNEV a pour objet de contribuer à la qualité de l'urbanisme,
à la réhabilitation des paysages aux abords des villes et dans
les quartiers périphériques et à la maîtrise de la
publicité : c'est une tâche assez importante pour que lui
soient redonnés tous les moyens de l'assurer.
L'urbanisme anarchique n'a, malheureusement, pas cessé de sévir,
mais les demandes d'informations des maires sont de plus en plus
nombreuses : de surcroît, l'Association des maires de France est
désormais attentive à ce problème.
Au niveau national, les acteurs économiques -publicitaires,
représentants des grandes enseignes- mais aussi les architectes et les
paysagistes, les associations et les élus ont pris en compte l'existence
du CNEV, ainsi que la Caisse des dépôts et consignations.
L'action du CNEV devrait ainsi s'orienter dans deux directions
complémentaires : le suivi de la mise en place des
règlements de publicité, mais aussi la restructuration des
entrées de villes existantes.
Une politique d'entrées de ville nécessite une coordination
approfondie de l'ensemble des acteurs privés et publics
impliqués. Les acteurs privés sont les différents types de
commerces, les concessionnaires automobiles, les ateliers et
établissements industriels et les zones de logements, quand elles
existent. Les emprises publiques supportent la voirie, les infrastructures
ferroviaires, les équipements d'électricité, les
installations collectives du type chauffage urbain ou déchets.
Le Comité des entrées de villes a, jusqu'à présent,
entretenu la réflexion sur ce sujet. Pour redonner à cette
politique sa véritable dimension, il est proposé de mettre en
place une initiative forte consistant à susciter la
réorganisation d'un certain nombre d'entrées de villes, qu'il
s'agisse de banlieues de grandes agglomérations ou d'entrées de
villes moyennes. Ces projets feraient l'objet d'un concours d'initiatives
permettant une sélection et seraient assorties d'un financement national
qui viendrait en appui des plans de financement prévus.
Ces projets seraient sélectionnés selon une procédure qui
associerait l'ensemble des partenaires (association des maires de France,
fédération des commerçants et autres partenaires
intéressés).
Parmi les points principaux traités par les dossiers pourraient
figurer :
• le réaménagement des entrées de villes ;
• la modernisation des magasins ;
• l'aménagement paysager des zones ;
• l'optimisation des flux de circulation ;
• la réduction des placards publicitaires.
Pour faciliter la mise en place de ces projets, il pourrait être
prévu que le thème du dossier soit traité de
manière globale de façon à favoriser la cohérence
des projets présentés.
Le financement pourrait être imputé sur les investissements
portant sur emprises publiques par les partenaires publics, et les
investissements sur emprises privées par les partenaires privés
intéressés.
Des organisations du commerce de types différents seraient prêtes
à s'associer à une telle démarche permettant ainsi
d'adapter notre territoire aux souhaits et aux besoins de nos concitoyens et de
faire de ces zones, qui ont permis de soutenir le dynamisme de la consommation,
des endroits de mieux en mieux insérés dans un urbanisme
d'ensemble.
3. L'état actuel de la question et les chances d'une reconquête
L'ensemble des auditions effectuées ont
démontré que la situation actuelle en matière
d'urbanisation et de publicité est jugée par les intervenants
économiques eux-mêmes comme très préoccupante, et
finalement contraire à leurs intérêts. Les élus
locaux sont également très sensibles à cette
dégradation des abords de leurs communes, qui n'apparaît plus
inexorable.
C'est pourquoi l'absence d'interlocuteurs compétents en ce domaine au
sein du ministère de l'environnement est particulièrement
préoccupante, car le moment est venu où l'ensemble des acteurs
impliqués dans une possible démarche d'amélioration de ces
secteurs, auparavant abandonnés aux jeux des seuls intérêts
commerciaux, sont disposés à réfléchir à une
stratégie et aux moyens à mobiliser pour une
" reconquête " des entrées de villes.
Sachant que la France constitue, en Europe, une fâcheuse exception
(tous nos partenaires se sont en effet pourvus de dispositions contraignantes
qui obligent à une urbanisation raisonnée et adaptée aux
paysages locaux)
et que les acteurs intéressés à cette
reconquête
-élus, industriels, commerçants,
publicitaires-
sont désormais conscients de sa
nécessité, il faut en définir au plus tôt les
instruments d'action
. Ce sont, en effet, trente ans d'anarchie urbanistique
qui ont abouti à ces résultats consternants, et
l'amélioration souhaitée ne pourra s'opérer que dans la
durée.
La
stratégie de rupture
proposée par le rapport de 1994,
et visant à une interdiction de construire le long des axes routiers,
constituait une incitation à entreprendre une réflexion sur la
nature de l'urbanisme souhaité pour ce type de zone.
Elle a eu des effets très positifs, car elle a conduit à la
réalisation d'études de grande qualité, menées par
des architectes privés ou des CAUE (conseils d'architecture, d'urbanisme
et d'environnement), dont les compétences ont été
stimulées par ces demandes de réflexion. Dans certains cas, les
conséquences ont été plus modestes, avec des
stratégies visant à masquer l'enlaidissement des zones
situées entre deux agglomérations par des implantations florales
ou arborées.
Mais il s'agit, désormais, pour passer véritablement au stade de
la reconquête, que l'on ne se contente plus de mesures palliatives,
prises en l'attente de véritables projets, mais que l'on débouche
sur des réalisations concrètes.
D'une part, il importe de ne pas perdre de temps, car la
" reconquête " des entrées de villes est une oeuvre de
longue haleine : sans doute faudra-t-il autant de temps pour leur
réhabilitation qu'il en aura fallu pour consommer leur
dégradation.
D'autre part, le moment est propice : les grands équipements
commerciaux qui se sont mis en place dans les années 1960 et 1970 ne
correspondent plus à l'évolution du grand commerce ou sont dans
un état nécessitant leur rénovation, voire leur
reconstruction.
Votre rapporteur a pu mesurer, lors des auditions auxquelles il a
procédé, que les différents partenaires ont conscience de
la nécessité d'une action rapide :
*
les élus locaux,
tout d'abord, sont désormais pleinement
conscients de la nécessité de cette reconquête des zones
qui séparent leurs agglomérations. Cette démarche est
appuyée par des élus de toutes tendances politiques, et votre
rapporteur a ainsi reçu l'appui notamment de MM. Jean-Pierre Sueur,
maire d'Orléans et président de l'Association des maires des
grandes villes, Jean-François Picheral, sénateur-maire
d'Aix-en-Provence, et Pierre Jarlier, sénateur-maire de Saint-Flour.
Une démarche commune a été entreprise par ces élus,
en compagnie de votre rapporteur, auprès du ministère de
l'équipement, des transports et du logement.
M. Sueur l'a appuyée par un courrier détaillant l'état de
la situation, et la nécessité d'entreprendre rapidement une
action significative de réhabilitation.
*
les acteurs économiques
sont également prêts
à une initiative en terme de réhabilitation des locaux
commerciaux implantés aux abords des villes.
La grande distribution, qui est la cible de nombreuses attaques sur sa
stratégie économique, souhaite y répondre, au moins
partiellement, par des implantations de meilleure qualité, et mieux
insérées dans leur environnement.
*
les afficheurs
, enfin, ont pris conscience que la multiplication des
panneaux publicitaires implantés aux abords des villes en annulait le
message, et donnait de surcroît une image négative de leur
profession.
Tous ces éléments devraient conduire à l'inscription, dans
les contrats de plan Etat-régions actuellement en discussion, d'une
ligne financière affectée spécifiquement à cette
action.
L'utilisation d'une partie des crédits inscrits au Fonds d'intervention
pour la sauvegarde de l'artisanat et du commerce (FISAC), mis en place en 1992,
pourrait, si le ministère compétent y consentait,
opportunément contribuer à la rénovation de l'urbanisme
commercial, d'autant plus que les contraintes auxquelles se heurtent les
modifications souhaitables de cet urbanisme se sont multipliées ces
dernières années.
Enfin, qu'il soit permis à votre rapporteur de souligner la
nécessité de faire avancer l'idée selon laquelle
l'élaboration d'un document d'urbanisme engage l'avenir : un des
moyens d'y parvenir serait peut-être de faire figurer les dépenses
correspondantes parmi les dépenses d'investissement des budgets
communaux.
La réhabilitation des entrées de villes et
d'agglomérations ne peut procéder d'une " recette " ou
d'une démarche uniques, puisqu'elle a précisément pour
objet de restituer leur identité à des lieux aujourd'hui
banalisés. Elle dépendra donc pour l'essentiel de la
volonté commune de toutes les parties concernées de
réparer les conséquences des errements passés. La
réglementation peut y contribuer, mais ne peut résoudre tous les
problèmes -d'autant moins que toute réglementation suscite
inévitablement la tentation de la contourner.
C'est pourquoi, en conclusion de ce bref rappel d'un sujet qui
mériterait certes une étude plus ample et plus approfondie, votre
rapporteur voudrait souligner que l'intérêt qu'il a
rencontré parmi ses interlocuteurs -élus, administrations
compétentes, entrepreneurs- en paraît constituer le meilleur
encouragement à persévérer dans la volonté
d'améliorer, à travers la " reconquête " des
entrées de villes et d'agglomérations, le cadre et la
qualité de notre vie quotidienne.
*
* *
EXAMEN EN COMMISSION
Au cours
d'une séance tenue le
mercredi 24 novembre 1999
, la commission a
procédé à l'examen du rapport pour avis de
M. Ambroise
Dupont sur les crédits de l'environnement pour 2000.
M. Serge Lepeltier
, s'associant aux propos du rapporteur pour avis, a
souligné que la politique de gestion des déchets et des boues
issues des stations d'épuration semblait être totalement " dans
l'impasse ". Il a ensuite interrogé M. Ambroise Dupont sur une
éventuelle réflexion menée par le Conservatoire du
littoral sur les conséquences, à long terme, de l'effet de serre.
M. Jean-Luc Miraux
s'est inquiété de la dégradation
des paysages entraînée par le développement des relais de
téléphonie mobile, dont l'implantation ne fait apparemment
l'objet d'aucune concertation entre les différents opérateurs, et
des paraboles de télévision. Il a également
évoqué, à propos de la prévention des risques, les
accidents entraînés par l'existence de marnières, dont
beaucoup, qui ont été comblées à la hâte au
siècle dernier pour échapper à l'impôt qui les
frappe n'ont pas été recensées. Il a souligné que
les conséquences de ces accidents restaient généralement,
en définitive, à la seule charge des victimes ou des communes,
faute d'assurances appropriées : il serait opportun de
réfléchir à la mise en place d'un mécanisme de
solidarité.
M. Daniel Eckenspieller
a évoqué les dépenses
considérables engendrées, pour les collectivités locales,
par la gestion des déchets, et a déploré que les aides
apportées par l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de
l'énergie (ADEME) pour leur traitement aient décru. Il a vivement
déploré la " diabolisation " qui frappait aujourd'hui les
procédures d'incinération, même les plus modernes et les
plus performantes, et évoqué notamment une nouvelle technologie
permettant une co-incinération des déchets et des boues.
M. Jean-François Picheral
s'est déclaré favorable
à l'augmentation des personnels des DIREN, qui sont actuellement
peuplées d'agents contractuels en perpétuelle mutation. Il a en
revanche regretté que le ministère de l'environnement n'apporte
aucune orientation sur le meilleur traitement à réserver aux
déchets, et, s'associant aux propos de M. Daniel Eckenspieller sur la "
diabolisation " de l'incinération, il a rappelé que les stations
d'épuration modernes produisaient des boues d'un faible volume, mais
d'une forte concentration en éléments dangereux.
M. Michel Dreyfus-Schmidt
a noté que le problème des boues
d'épuration ne pouvait rester sans solution. Si on ne peut plus les
épandre, il faudra bien les brûler. S'il existe de nouvelles
techniques permettant de le faire dans de bonnes conditions, il faut que le
ministre explore ces possibilités.
Le président Adrien Gouteyron
, évoquant le Plan
Loire-Grandeur-Nature, a souligné que sa réalisation n'a pas,
jusqu'à présent, suffisamment pris en compte la protection des
riverains contre les risques. Il s'est d'autre part inquiété,
à la suite de l'abandon du barrage de Serre-de-la-Fare et de l'intention
affirmée par l'Etat de ne pas financer le barrage de Chambonchard, de
l'avenir des relations entre l'Etat et l'établissement public
d'aménagement de la Loire et de ses affluents (EPALA).
En réponse aux différents intervenants,
M. Ambroise Dupont,
rapporteur pour avis
, a apporté les précisions suivantes :
- le Conservatoire du littoral ne s'est pas penché, à sa
connaissance, sur les conséquences à venir, pour les zones
humides, de l'effet de serre ;
- on peut en effet se demander si l'incinération ne sera pas en fin de
compte le seul recours pour traiter les boues d'épuration mais, outre
ses coûts élevés, elle est accusée de contribuer
à la pollution de l'air. Ce qui serait en tout cas indispensable, c'est
que le ministère indique au moins dans quelle voie il faut chercher des
solutions. Si les boues ne peuvent plus être un engrais, elles seront un
déchet, et il faut réfléchir au moyen de les traiter ;
- les DIREN seront opportunément renforcées par les
créations d'emplois qui sont prévues pour 2000, mais
l'augmentation des effectifs de l'administration centrale paraît moins
justifiée ;
- des textes sont en préparation en matière d'implantation des
pylônes de téléphonie mobile, mais il est à craindre
qu'ils ne soient applicables que lorsque tout le territoire français
aura déjà été équipé ;
- le Plan Loire-Grandeur-Nature était une grande initiative pour mieux
utiliser et valoriser le plus grand fleuve naturel de notre pays. Il serait
très regrettable que ce vaste projet ne puisse aboutir faute d'une
poursuite de la collaboration entre les collectivités territoriales, et
entre celles-ci et l'Etat.
A l'issue de ce débat, la
commission
, suivant la proposition de
son rapporteur, a décidé
d'émettre un avis
défavorable à l'adoption des crédits de l'environnement
pour 2000
.
LISTE DES AUDITIONS
EFFECTUÉES PAR
M. AMBROISE DUPONT
Mercredi 30 juin 1999
Fédération des CAUE représentée par son
président
M. Jean-Michel CLAUDE
, avec :
-
MM. ALLIARD et BATTISTONI
, représentants des CAUE du
Calvados ;
-
M. DESBIENS
, représentant du CAUE de Seine-et-Marne ;
-
M. LETELLIER
, représentant du CAUE de Maine-et-Loire.
M. Jean-Pierre DUVAL
, ancien délégué de l'union
syndicale française de l'affichage.
Mercredi 7 juillet 1999
M. Paul SCHWACH
, directeur adjoint au directeur général,
direction générale de l'urbanisme, de l'habitat et de la
construction, accompagné de
M. Edmond GRASZK
, adjoint au
sous-directeur de la planification stratégique.
Mme Michèle PRATS
, inspecteur général des Ponts et
Chaussées, secrétaire générale du CNEV.
Mercredi 8 septembre 1999
Mme BEZOMBES, M. François BARRÉ
, directeur de l'architecture
et du patrimoine,
Mme Anne-Marie COUSIN
, chargée de la
sous-direction de la qualité des espaces et de l'architecture et
Mme
Isabelle BERTRAND
, chef de la mission de la qualité architecturale
et urbaine.
M. GALLETY
, chef de département au Centre d'études sur les
réseaux, les transports, l'urbanisme et les constructions publiques
(CERTU).
Jeudi 9 septembre
M. Jean-Pierre SUEUR
, maire d'Orléans, président de
l'Association des maires des grandes villes.
M. François MOULY
, directeur de la création, chargé
par M. Decaux des dossiers relatifs aux entrées de ville.
M. FAVEREUL
, président de l'Union de la Publicité
extérieure et
M. DOTTELONDE
, délégué
général de l'UPE
M. Jérôme BEDIER
, président de la
Fédération des entreprises du commerce et de la distribution.
Mardi 28 septembre 1999
M. Yann HÉLARY
, conseiller technique au ministère de
l'environnement,
Mme Elisabeth CLAVEL
, assistante,
Mme CARO
,
M. DEMERON et M. SEGUIN
, travaillant à la direction de la
nature et des paysages.
M. Philippe PETITPREZ
, groupe Auchan.
Mercredi 29 septembre 1999
M. Pierre JARLIER
, sénateur et maire de Saint-Flour.
M. Philippe MARIE
: groupe Decaux.
Mardi 5 octobre 1999
M. Jean-François PICHERAL
, sénateur, maire d'Aix-en-Provence.
M. Dominique PARTHENAY
, conseiller du délégué
chargé des agglomérations à la DATAR.
Jeudi 14 octobre 1999
Mme Odile GUTH
, directeur de la nature et des paysages au ministère
de l'environnement.
Mercredi 3 novembre 1999
Mme MARTIGNOL
, expert juridique auprès de la société
Decaux.
*
* *
1 On trouve la liste des auditions auxquels le rapporteur a procédé à la fin de ce rapport.