INTRODUCTION
Mesdames, Messieurs,
Comme chaque année, votre commission des Lois saisit l'occasion de
l'examen du budget du ministère de l'outre-mer pour dresser un bilan de
la situation des territoires d'outre-mer et réaffirmer d'une part, son
profond attachement à la protection des intérêts propres de
ces collectivités au sein de la République et, d'autre part, la
nécessité d'actualiser le droit qui y est applicable afin de
faire bénéficier les citoyens résidant dans ces
territoires des avancées législatives adoptées pour la
métropole.
L'année 1998 a ouvert une période de transition au cours de
laquelle ces collectivités sont appelées à connaître
d'importantes mutations statutaires et économiques vers davantage
d'autonomie. Sous l'angle institutionnel, la Nouvelle-Calédonie a ouvert
la voie avec la conclusion de l'Accord de Nouméa qui, approuvé
massivement lors de la consultation du 8 novembre, se traduira par l'adoption
d'un nouveau statut dans les mois à venir à la suite de la
révision constitutionnelle intervenue au mois de juillet dernier. Une
nouvelle modification de la Constitution pourrait être demandée
pour favoriser l'évolution institutionnelle de la Polynésie
française. Du point de vue économique, les améliorations
conjoncturelles enregistrées depuis 1997 en Polynésie ont
commencé à créer les conditions d'une reconversion
après la fermeture définitive du Centre d'expérimentation
du Pacifique, et en Nouvelle-Calédonie la conclusion de l'accord minier
a rendu envisageable l'implantation d'une usine métallurgique en
province nord.
Continuant à suivre avec une vigilante attention l'ensemble de ces
évolutions dont elle souhaite ardemment qu'elles favorisent un
développement équilibré de ces collectivités, votre
commission tient à saluer, à l'occasion de ce rapport, le travail
accompli pendant de nombreuses années par notre excellent
collègue, M. Jean-Marie Girault, en faveur des territoires d'outre-mer.
Après avoir retracé les grandes lignes de l'effort financier
consenti par l'État au bénéfice de ces
collectivités (I), le présent avis présentera la situation
politique et institutionnelle de chacune d'elles (II) ainsi que les
réformes normatives contribuant à la préservation de leurs
intérêts spécifiques (III).
I. LES CRÉDITS CONSACRÉS AUX TERRITOIRES D'OUTRE-MER
A. L'ÉVOLUTION DES CRÉDITS
Selon le
jaune annexé au projet de loi de finances pour 1999, les crédits
alloués aux territoires d'outre-mer
dans le budget de
l'État
au titre des dépenses ordinaires et des crédits
de paiement (y compris les crédits non répartis et le coût
de gestion des services métropolitains) s'élèvent au total
à 10,753 milliards de francs, contre 10,716 milliards de francs dans le
budget initial pour 1998, soit une très légère progression
de 0,34%.
Les crédits consacrés aux territoires d'outre-mer
dans le
budget du ministère de l'outre-mer
s'élèvent à
1,035 milliards de francs, soit près de 18,5% du montant global de ce
budget. La forte progression de l'ordre de 7 % qui caractérise le
budget de l'outre-mer pour 1999 bénéficie aux seuls
départements d'outre-mer, le champ d'intervention de l'État dans
les territoires d'outre-mer étant plus restreint, notamment en
matière d'emploi et de logement. La part des crédits
alloués aux territoires d'outre-mer dans ce budget subit même une
baisse de 4,8 % qui s'explique pour l'essentiel par la non reconduction de la
subvention versée à la Polynésie française au titre
du fonds intercommunal de péréquation (FIP) : ce
mécanisme, expirant au 31 décembre 1998, devra être
reconduit par un collectif budgétaire après l'adoption du projet
de loi organique relatif au régime communal polynésien.
Cette part des crédits du budget du ministère de l'outre-mer
bénéficiant aux territoires d'outre-mer ne représente que
9,6 % de l'effort global consenti par le budget de l'État en faveur de
ces collectivités. Quatre autres ministères, en effet,
contribuent fortement à cet effort : le ministère de
l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie (42,8 %,
l'essentiel de l'effort concernant l'enseignement scolaire), le
ministère de la défense (15,6 %), le ministère de
l'économie, des finances et de l'industrie (13 %) et le ministère
de l'intérieur (7,8 %). La contribution du ministère de la
justice s'élève quant à elle à 1,73 %, en
très légère progression par rapport à 1998 :
l'intégration des agents territoriaux du service pénitentiaire de
la Polynésie française dans le cadre des corps à statut
d'Etat devrait être achevée en 1999.
Dans le budget du ministère de l'outre-mer, les crédits
consacrés aux territoires d'outre-mer sont, depuis la révision de
la nomenclature en 1996, répartis sous trois agrégats :
• L'agrégat
Administration générale
regroupe
les crédits consacrés aux moyens de fonctionnement et au parc
immobilier de l'administration centrale et des services
déconcentrés du ministère de l'outre-mer, à la
formation des agents, à l'action sociale, à l'assistance et
à la solidarité en faveur des victimes de calamités
naturelles. Les crédits figurant sous cet agrégat
s'élèvent pour 1999 à 327,902 millions de francs, soit une
progression de 2,89 % par rapport au projet de loi de finances initiale
pour 1998.
• L'agrégat
Collectivités locales
regroupe les
subventions aux budgets locaux des territoires d'outre-mer et les subventions
à la section décentralisée du FIDES (Fonds
d'investissement pour le développement économique et social). Les
crédits qui y sont inscrits, s'élevant à 61,425 millions
de francs pour 1999, diminuent de près de moitié. Cette forte
régression résulte de la non reconduction, dans
l'immédiat, de la subvention qui avait été allouée
en 1998 à la Polynésie française pour alimenter le FIP :
en effet, la loi du 5 février 1994 d'orientation pour le
développement de la Polynésie française n'a prévu
que jusqu'en 1998 le versement de cette subvention qui correspond à la
prise en charge par l'État des deux quinzième de la quote-part
des ressources fiscales reversées par le territoire aux communes.
• L'agrégat
Développement économique et
social
regroupe les moyens d'intervention et les crédits
d'investissement du ministère de l'outre-mer destinés à la
mise en oeuvre de la politique de l'emploi, du logement social et du
développement économique, dans le cadre des contrats de plan et
des conventions de développement. Les crédits consacrés au
financement de ces actions s'élèvent pour 1999 à 600,978
millions de francs, en légère diminution de 0,76 % par rapport
à 1998. Cette baisse s'explique essentiellement par la réduction
du montant de la subvention allouée à l'agence de
développement de la culture canaque, du fait de l'achèvement du
Centre culturel Jean-Marie Tjibaou
1(
*
)
, et à une diminution des
crédits affectés à la section générale du
fonds d'investissement pour le développement économique et social
(FIDES).