II. LES FINANCES LOCALES : UN NOUVEAU " CONTRAT DE CROISSANCE ET DE SOLIDARITÉ " DANS UN CONTEXTE MARQUÉ PAR DE FORTES CONTRAINTES PESANT SUR LES BUDGETS LOCAUX
A. L'ÉVOLUTION DES CONCOURS DE L'ÉTAT : UN NOUVEAU " CONTRAT DE CROISSANCE ET DE SOLIDARITÉ "
Défini par l'article 32 de la loi de finances pour
1996, le
" pacte de stabilité " aura régi pendant trois ans
(1996-1997-1998) le calcul des dotations de l'Etat aux collectivités
locales.
La méthode retenue a cherché à concilier l'objectif de
maîtrise de dépenses publiques avec la nécessaire
stabilité des règles du jeu auxquelles les collectivités
locales aspirent légitimement, s'agissant de l'évolution d'une
partie significative de leurs recettes.
Elle a consisté à identifier des dotations dites
" actives " au sein d'une enveloppe globale pour laquelle a
été garantie -pendant la période triennale d'application
du pacte de stabilité- une progression égale à
l'évolution de l'indice des prix hors tabac.
Cette enveloppe globale a été constituée de la dotation
globale de fonctionnement (DGF), de la dotation spéciale instituteurs
(DSI), des dotations de l'Etat au Fonds national de péréquation
de la taxe professionnelle (FNPTP) et au Fonds national de
péréquation (FNP), de la dotation élu local, de la
dotation globale d'équipement (DGE) et, enfin, de la dotation de
compensation de la taxe professionnelle (DCTP) hors sa fraction
" réduction pour embauche et investissement " (REI).
Au sein de cette enveloppe, les règles d'indexation des
différentes dotations ont été maintenues. Ainsi,
conformément à l'
article L. 1613-1
du code
général des collectivités territoriales, la DGF a
continué à bénéficier d'une indexation sur une
partie de la croissance économique (50 %).
Cependant, le maintien de ces règles d'indexation a eu pour contrepartie
la suppression pure et simple de la première part de la DGE communale
ainsi que l'utilisation de la dotation de compensation de la taxe
professionnelle (DCTP) comme " variable d'ajustement ".
L'évolution de cette dotation a, en conséquence,
été déterminée par celle des autres dotations
incluses dans l'enveloppe globale du pacte de stabilité.
L'article 32 de la loi de finances pour 1996 a par ailleurs défini un
second périmètre de dotations " hors enveloppe " qui
continuent à évoluer selon leur logique propre. Il a recouvert le
fonds de compensation pour la taxe sur la valeur ajoutée (FCTVA), le
produit des amendes de police, les compensations d'exonérations et de
dégrèvements fiscaux ainsi que les subventions spécifiques
des différents ministères.
Ainsi conçu, ce dispositif a présenté le double avantage
de retenir une
approche globale
des concours de l'Etat et d'offrir aux
collectivités locales une certaine visibilité de
l'évolution d'une part importante de leurs ressources.
Votre commission des Lois avait, en revanche, au cours des exercices
précédents, tenu à souligner les
insuffisances
des
règles du pacte de stabilité : l'utilisation de la DCTP
comme " variable d'ajustement " conduisant à une baisse
significative de cette dotation ; l'absence de prise en compte des
charges
des collectivités locales dans le champ d'application du
pacte ; l'indexation de l'enveloppe du pacte de stabilité sur la seule
évolution des prix (hors tabac) qui ne permettait pas la prise en compte
du rôle économique des collectivités locales, lesquelles
réalisent les trois quart de l'investissement public ; les effets
cumulés du " recalage à la baisse " et de la
régularisation négative de la DGF.
La commission des Lois avait, en outre, l'an passé,
contesté
les conclusions que le Gouvernement entendait tirer du
maintien des règles du pacte de stabilité pour 1998, en estimant
pouvoir leur faire supporter des efforts supplémentaires alors
même que les concours que l'Etat leur verse connaissait une progression
très limitée.
Conçu pour succéder au pacte de stabilité, le nouveau
" contrat de croissance et de solidarité " défini par
l'article 40 du projet de loi de finances -pas plus que son
prédécesseur- ne peut être qualifié de
" contrat ". Même s'il a pu faire l'objet de discussions avec
les associations d'élus locaux, il s'agit d'une disposition
unilatérale inscrite en loi de finances, que le Gouvernement s'engage
à maintenir sur une période de trois ans.
Du pacte de stabilité, il reprend l'
approche globale
des concours
de l'Etat ainsi que le principe d'une
programmation pluriannuelle
de
l'évolution de ces concours. Les nouvelles règles seront donc en
principe appliquées sur une période triennale, de 1999 à
2001. En outre, le périmètre de l'enveloppe normée tel que
défini par le pacte de stabilité ne sera pas modifié. La
DCTP -maintenue dans l'enveloppe normée- conservera sa fonction de
variable d'ajustement. Enfin, les règles d'indexation des
différentes dotations seront inchangées, à l'exception de
la DCTP.
En revanche, le nouveau " contrat de croissance et de
solidarité " comprend
trois innovations
. D'une part,
répondant -certes très partiellement- à une demande
formulée tout au long de l'application du pacte de stabilité, en
particulier pour votre commission des Lois, le Gouvernement a accepté de
modifier l'indexation de l'enveloppe normée afin d'y
intégrer
une partie de la croissance économique
. Cette intégration
sera néanmoins progressive et limitée à 15 %
(20 % dans le texte adopté par l'Assemblée nationale) en
1999 ; 25 % en 2000 et 33 % en 2001.
D'autre part, soucieux de renforcer la
péréquation
financière
, le Gouvernement a prévu de limiter la diminution
de la DCTP que pourraient subir des collectivités par ailleurs
éligibles à certaines dotations de solidarité.
Enfin, la dotation de solidarité urbaine (DSU) bénéficiera
d'un abondement -hors contrat de croissance- de
500 millions de
francs
pendant trois ans (article 41 du projet de loi de
finances).
1. L'évolution des dotations incluses dans l'" enveloppe " du " contrat de croissance et de solidarité "
Calculée dans les conditions rappelées ci-dessus, l'enveloppe normée progressait -après l'examen du texte par l'Assemblée nationale- de 4,05 % par rapport à la loi de finances initiale révisée pour 1998 ( + 1,82 % à structure constante ) pour atteindre 164,116 milliards de francs.
a) La dotation globale de fonctionnement (DGF)
La DGF
s'élève à
109,289 milliards de francs
en 1999,
soit une progression de 2,51 % par rapport au montant révisé
de 1998 (106,613 milliards de francs) et de 2,78 % par rapport
à la DGF inscrite dans la loi de finances initiale pour 1998 (106,333
milliards de francs).
Conformément à l'
article L 1613-1
du code
général des collectivités territoriales -qui a
codifié les dispositions de l'article 52 de la loi de finances pour
1994-, la DGF progresse selon un indice égal à la somme du taux
prévisionnel d'évolution de la moyenne annuelle des prix à
la consommation des ménages (hors tabac) de l'année de versement
et de la moitié du taux d'évolution du PIB en volume de
l'année en cours.
Sur ces bases, la DGF devrait progresser de 2,75 % en 1999 (soit
1,2 % au titre de l'évolution des prix de la consommation des
ménages, hors tabac, et 1,55 % correspondant à la
moitié du taux de croissance du PIB).
Ce taux s'applique néanmoins -comme le prévoit
l'article L 1613-1 précité- au montant de la DGF de
l'année en cours (1998)
recalculée
en fonction des
derniers indices économiques connus appliqués au montant
définitif de la DGF de l'année précédente (1997).
Or le taux d'évolution du prix à la consommation des
ménages est moins élevé (+ 0,8 %) que celui
(+ 1,3 %) prévu en loi de finances initiale. Au total,
l'indice de progression de la DGF pour 1998 s'établit à
1,9 % contre 2,4 % initialement prévu en loi de finances
initiale.
En conséquence, le montant révisé de la DGF pour 1998
s'élève à 106,613 milliards de francs contre
107,083 milliards de francs inscrits en loi de finances initiale.
Compte tenu de ce
" recalage " à la baisse
du montant
de la DGF de référence, la DGF pour 1999 devrait s'établir
à 109,545 milliards de francs.
Cependant, la DGF pour 1999 doit également subir les effets d'une
régularisation négative
de la DGF pour 1997 qui
s'élève à
256,53 millions de francs
, l'indice
des prix ayant en définitive atteint 1,1 % et non 1,3 % comme
il avait été prévu dans la loi de finances initiale pour
1997. La DGF définitive pour 1997 s'élève, en effet,
à 104,625 milliards de francs contre 103,881 milliards de
francs prévus en loi de finances initiale.
Le montant de la régularisation doit s'imputer sur la DGF pour 1999 qui,
dans ces conditions, atteint
109,289 milliards de francs
.
La dotation forfaitaire des communes pourra, en conséquence, augmenter
d'un taux compris entre 1,39 % et 1,529 %.
Tout en donnant acte au Gouvernement d'une application exacte des
dispositions légales, votre commission des Lois constate que, cette
année encore, la DGF doit subir les effets d'un " recalage "
à la baisse de sa base de calcul et d'une régularisation
négative.
Bilan de la répartition de la DGF en 1998
La DGF à répartir s'est élevée à
106,301 milliards de francs en 1998 (+ 1,382 % par rapport
à 1997), soit un montant de 88,346 milliards de francs pour les
communes et leurs groupements et de 17,955 milliards de francs pour les
départements.
Conformément à la faculté que lui a ouvert la loi du
26 mars 1996, le comité des finances locales a
décidé de porter le taux de croissance de la dotation forfaitaire
à 53 % du taux de croissance des ressources totales de la DGF
(après 55 % en 1996 et 52 % en 1997). Dans ces conditions, la
dotation forfaitaire
s'est élevée à
79,365 milliards de francs
, soit une progression de 0,73345 %.
La
dotation d'aménagement
a, pour sa part, atteint
8,949 milliards de francs
(+ 1,382 %) répartis
entre la DGF des groupements, la dotation de solidarité urbaine (DSU) et
la dotation de solidarité rurale (DSR).
La DGF des groupements a représenté
5,334 milliards de
francs
(+ 6,29 %) dont 145 millions de francs
affectés à la garantie. Le comité des finances locales a
fixé l'augmentation de la dotation moyenne par habitant, hors garantie,
à + 1,02 %. Comme les années précédentes,
1998 a été marquée par une forte augmentation du nombre de
groupements à fiscalité propre (+ 9 % par rapport
à 1997) même si elle est inférieure à celle de 1997
(+ 17 %).
L'augmentation de la population regroupée due à la
création d'établissements publics de coopération
intercommunale mais aussi l'adhésion de 180 communes aux
groupements existants ont entraîné une croissance de l'enveloppe
versée aux groupements, avant toute augmentation de la dotation par
habitant ou de la garantie provisionnée, de 301,7 millions de
francs et de 316 millions de francs, une fois prise en compte la
croissance de la dotation par habitant et de la garantie. Rappelons que cette
enveloppe avait déjà progressé de 492 millions de
francs en 1996 et de 357 millions de francs en 1997.
Au 1er janvier 1998
, on dénombrait
1 577
établissements publics de coopération
intercommunale à fiscalité propre, qui regroupaient
17 760
communes et représentaient plus de
33 millions
d'habitants, dont
1 551
communautés de communes et districts,
12
communautés urbaines,
5
communautés de
villes et
9
syndicats d'agglomération nouvelle.
Les crédits réservés aux
communautés des
communes
et aux
districts
à fiscalité additionnelle
ont atteint 2,446 milliards de francs hors garantie, contre
2,215 milliards de francs en 1997. Le besoin de garantie a pour sa part
été évalué à 30 millions de francs
contre 65 millions de francs en 1997. La dotation par habitant (hors
garantie) peut être évaluée en moyenne à
104,53 francs
. La répartition pour 1998 s'est de nouveau
traduite par des variations individuelles importantes, puisque sur les
1 347 groupements de plus de deux ans,
716
ont subi une
diminution de leur dotation,
631
groupements enregistrant au
contraire une progression. Ces variations s'expliquent notamment par les
variations individuelles de population ou d'intégration fiscale par
rapport à la moyenne, l'intégration fiscale moyenne étant
passée de 15,81 % à 16,58 %.
Les communautés urbaines
-qui sont désormais douze
à la suite de la transformation du district d'Arras- se sont
partagées 2,16 milliards de francs. Le besoin de garantie s'est
élevé à 101,8 millions de francs, 9 groupements
en bénéficiant contre 2 en 1997. Le coefficient
d'intégration fiscale, bien que légèrement moins fort
qu'en 1997 où il atteignait 43,97 %, continue néanmoins de
traduire la forte intégration de cette catégorie en
s'élevant à 43,704 %.
S'agissant des
communautés de villes
et des groupements
assimilés, 83 groupements de cette nature se sont partagés
384,31 millions de francs hors garantie, laquelle s'est
élevée à 12,6 millions de francs. On notera que,
comme les années précédentes, le nombre de groupements
ayant ainsi opté pour le régime de la taxe professionnelle
d'agglomération a fortement augmenté (on en dénombrait 68
en 1997 et 46 en 1996). 38 communautés de villes et
assimilées bénéficient de la garantie minimale
d'attribution.
Enfin, les
syndicats d'agglomération nouvelle
ont
bénéficié de 193 millions de francs hors garantie, le
besoin de garantie atteignant 9,7 millions de francs.
Les crédits alloués à la
dotation de solidarité
urbaine
(DSU) en 1998 se sont élevés à
2,274 milliards de francs
, dont 2,188 milliards de francs pour
la métropole, et ce compte tenu de l'abondement de la DGF de la
région d'Ile-de-France qui, en application de
l'
article L 4414-6
du code général des
collectivités territoriales, diminue chaque année de
120 millions de francs, ce montant étant versé pour un tiers
à la DSU, pour un tiers à la dotation de solidarité rurale
(DSR) et pour un tiers à la dotation de fonctionnement minimale des
départements. On relèvera que, conformément à la
faculté qui lui est ouverte par l'
article L 2334-13
du
code général des collectivités territoriales, le
comité des finances locales a fixé à 55 % la part de
la croissance de la dotation d'aménagement -hors DGF des groupements-
réservée à la DSU.
679
communes de
plus de 10 000 habitants
(soit 4
de plus qu'en 1997), représentant 22,224 millions d'habitants
(contre 21,8 l'an passé) se sont partagées 2,116 milliards
de francs. La dotation par habitant s'est élevée à
95,22 francs, hors garantie (contre 92,53 francs en 1997 et
90,75 francs en 1996). Parmi ces communes,
16
ont été
éligibles pour la première fois. En revanche,
11
communes ont perdu le bénéfice de la DSU mais ont
pu prétendre à la garantie d'attribution qui représente
50 % de leur dotation 1997.
Comme en 1996 et en 1997,
l'indice synthétique de ressources et de
charges
-issu de la loi du 26 mars 1996- semble avoir pleinement
joué son rôle
discriminant
. Pour une dotation moyenne qui
s'est établie à 95,22 francs, la dotation la plus
élevée atteint 385,62 francs et la plus faible
17,21 francs. De fortes variations -à la hausse comme à la
baisse- peuvent être observées cette année encore. Elles
semblent s'expliquer par les changements intervenus dans la situation propre
des communes.
En ce qui concerne les communes
de 5 000 à
9 999 habitants
, comme en 1997,
101
d'entre elles ont
été éligibles. Représentant
706 960 habitants, elles ont bénéficié d'un
montant de 67,317 millions de francs. Conformément à la loi,
l'attribution moyenne par habitant est égale à celle
constatée pour les communes de 10 000 habitants et plus.
7
communes devenues inéligibles à la DSU ont
bénéficié d'une garantie d'attribution correspondant
à 50 % de leur dotation 1997.
La
dotation de solidarité rurale (DSR)
, à la suite de la
décision du comité des finances locales, a
bénéficié de 45 % du solde de la dotation
d'aménagement. Elle s'est élevée à
1,77 milliard de francs
dont 1,702 milliard de francs
répartis en métropole.
Le comité des finances locales a décidé -comme en 1996 et
en 1997- de faire bénéficier la fraction bourgs-centre de
20 %
(maximum autorisé par la loi) de la croissance de la
DSR par rapport à 1997.
Au total, 509,290 millions de francs, y compris la garantie, ont
été mis en répartition en métropole en 1998 contre
484,645 millions de francs en 1997 (+ 5,08 %) au titre de la
fraction bourgs-centre
.
4 067
communes en ont bénéficié (contre
4 061 en 1997), soit une population de 10,438 millions d'habitants.
D'une année sur l'autre, la répartition paraît stable.
24
communes ont bénéficié de cette fraction
pour la première fois en 1998 (contre 11 en 1997).
18
communes n'ont plus été éligibles et ont
bénéficié d'une attribution au titre de la garantie (soit
la moitié de la dotation 1997).
L'attribution moyenne par habitant s'est élevée à
48,68 francs (contre 46,61 francs en 1997, soit + 4,4 %).
Le plus grand nombre (30 %) de communes éligibles appartient
à la strate des communes de 1 000 à
2 000 habitants (soit 1 216 communes).
Le montant des crédits mis en répartition au titre de la
fraction péréquation
a atteint, en 1998,
1,193 milliard de francs contre 1,094 milliard de francs en 1997
(+ 9,06 %), après prélèvement de
47,348 millions de francs pour les communes d'outre-mer.
33 639
communes ont bénéficié en 1998
d'une attribution au titre de cette fraction (contre 33 627 en 1997), soit
une population de 29,260 millions d'habitants. La dotation moyenne par
habitant s'est élevée à
40,78 francs
(contre
37,55 francs en 1997, soit + 8,6 %).
127
communes
ont bénéficié pour la première fois en 1998 de
cette fraction (contre 125 en 1997) tandis que
115
communes ont
cessé d'en bénéficier (contre 131 en 1997).
En 1998,
3 971
communes ont bénéficié
d'une attribution au titre des deux fractions de la DSR (contre 3 969 en
1997).
La
DGF des départements
s'est établie à
17,955
milliards de francs
(+ 1,382 %).
23
départements de métropole ont
bénéficié d'une garantie de progression minimale pour un
montant de 18,933 millions de francs.
11
départements
ont contribué au mécanisme de solidarité financière
pour un montant de 407,6 millions de francs.
Au total, l'ensemble mis en répartition pour la DFM et sa majoration
s'est élevé à 725,071 millions de francs
(+ 9,31 % par rapport à 1997) au profit de
24
départements.
b) La dotation spéciale instituteurs (DSI)
Destinée à compenser les charges supportées par les communes dans le cadre du droit au logement des instituteurs, la DSI doit évoluer comme la DGF (soit + 2,78 % en 1999). Cependant, elle s'établit à 2,602 milliards de francs en 1999, soit une baisse de 4,4 %, qui s'explique par la prise en compte de l'intégration des instituteurs dans le corps des professeurs des écoles.
c) Le fonds national de péréquation de la taxe professionnelle (FNPTP) et le fonds national de péréquation (FNP)
Le FNPTP
devrait être alimenté en 1999 par quatre ressources : les
deux dotations de l'Etat qui évoluent chaque année comme les
recettes fiscales nettes de celui-ci (soit + 5,88 % en 1999) ;
le produit de la cotisation nationale de péréquation de la taxe
professionnelle (dont le montant n'est pas encore connu) ; les
excédents de fiscalité locale de la Poste et de France Telecom
(en application de l'article 21 de la loi du 2 juillet 1990).
Au total, hors cotisation de péréquation, les ressources du FNPTP
atteindront 3,381 milliards de francs contre 2,892 milliards de
francs en 1998, soit une progression de 16,9 % en grande partie
liée à l'abondement provenant de l'excédent de
fiscalité locale de la Poste et de France Telecom. Cet excédent
s'élève, en effet, à 1,733 milliard de francs en 1999.
Cependant, comme en 1997 et en 1998, les exonérations de taxe
professionnelle des entreprises implantées au 1er janvier 1999 dans
les zones franches prévues par la
loi du 14 novembre 1996
relative à la mise en oeuvre du pacte de relance pour la ville
seront compensées par un préciput sur le FNPTP. Comme l'avait
voulu le Sénat, cette compensation par le FNPTP a été
limitée à la croissance annuelle du produit de fiscalité
de la Poste et de France Telecom, soit 397 millions de francs en 1999.
Bilan de la répartition du FNPTP en 1998
Première fraction du FNPTP, la
dotation de développement
rural
(DDR) s'est élevée à 693,702 millions de
francs pour les collectivités éligibles de métropole.
Depuis 1992, principalement en raison de l'augmentation du nombre de
communautés de communes, le nombre de groupements éligibles a
sensiblement
progressé
(
719
en 1994,
1 376
en
1998). Entre 1997 et 1998, cette progression atteint 9,82 %.
Les
1 376
groupements éligibles à la DDR
regroupent
15 240
communes et représentent une
population (selon les critères propres à la DGF) de
12,802
millions d'habitants. Cependant, comme l'an passé,
une forte dispersion de ces groupements sur le territoire peut être
constatée :
24
départements comptent plus de
20 groupements éligibles alors que
33
d'entre eux en ont
moins de 10.
31 535
communes ont, par ailleurs, été
éligibles à la DDR (soit 4 de moins qu'en 1997). Une grande
disparité peut là encore être observée dans la
répartition des communes éligibles par département :
4
départements comptant moins de 100 communes
éligibles alors que
17
en comptent plus de 500.
Pour ce qui est de la
seconde fraction du FNTP
, sa première part
-qui est destinée à compenser les pertes de bases de taxe
professionnelle et qui, depuis la loi de finances
rectificative n° 97-1239 du 29 décembre 1997, ne
peut excéder
27 %
des ressources de la seconde fraction
(contre 25 % les années précédentes)- a atteint
953,448 millions de francs.
La loi du 29 décembre 1997 a par ailleurs modifié les
modalités de versement de la compensation financière. Pour les
communes bénéficiaires de la première part à
compter du 1er janvier 1998, la compensation est opérée de
manière dégressive sur trois ans (et non plus sur quatre ans).
4 143
collectivités ont enregistré, entre 1997
et 1998, une perte de produit de taxe professionnelle pour un montant de
508,197 millions de francs compensés à 90 %.
Enfin, la dernière part, dite "
part
résiduelle
", qui est attribuée à des communes en
difficultés financières et dont le budget en
déséquilibre a été transmis à la chambre
régionale des comptes (son montant ne peut excéder 5 % des
ressources de la seconde fraction), a été fixée à
3 millions de francs par le comité des finances locales.
Quant au
Fonds national de péréquation
(FNP), sa
première part -qui est destinée à assurer une
péréquation de la richesse fiscale entre les collectivités
locales en fonction de leur potentiel fiscal et de leur effort fiscal et qui
est alimentée par le solde de la seconde fraction du FNPTP- s'est
élevée à
2,705 milliards de francs
.
18 120
communes ont bénéficié de cette
part principale (contre 17 806 en 1997).
La seconde part dite "
majoration
" est réservée
aux communes de
moins de 20.000 habitants
éligibles à
la part principale et ayant un potentiel fiscal par habitant, calculé
à partir de la seule taxe professionnelle, inférieur de 20 %
à la moyenne de la strate démographique correspondante. Elle est
financée par une dotation de l'Etat -qui est la seule à
apparaître dans le tableau retraçant l'effort financer de l'Etat
en fonction des collectivités locales- qui s'est élevée
à
619,096 millions de francs
. En 1998,
15.499
communes y ont été éligibles contre
15.528 en 1997.
15.414
communes ont été éligibles aux deux
fractions, soit une dotation moyenne de
127,273
francs par habitant
(contre 109,318 francs) en 1997.
d) La dotation élu local
Destinée à aider les petites communes rurales à faire face aux charges résultant des dispositions relatives aux conditions d'exercice des mandats locaux, issues de la loi n° 92-108 du 3 février 1992, désormais codifiée dans le code général des collectivités territoriales, la dotation élu local est indexée comme la DGF. Elle s'élève à 273 millions de francs en 1999 (contre 266 millions de francs en 1998) soit une progression de 2,78 %.
e) La dotation globale d'équipement (DGE)
La
DGE des communes
-qui est indexée sur la formation brute du capital
fixe des administrations publiques (FBCF)- atteint en 1999,
2,558 milliards de francs
, soit + 3,8 %.
Cette dotation a été profondément modifiée par la
loi de finances pour 1996 et par la loi n° 96-241 du
26 mars 1996. Les crédits correspondants forment désormais
une part unique, répartie par les préfets, sous forme de
subvention par opération, régime semblable à celui de
l'ancienne deuxième part.
Les premiers bilans chiffrés de ces dispositions portant sur
l'utilisation des crédits délégués en 1996 et 1997
confirment, notamment pour les communes et les groupements de
moins de
2.000 habitants
, une légère croissance du taux moyen de
subvention qui s'établit respectivement à 29,81 % et 30,17
%. Pour l'ensemble des communes et groupements éligibles, les taux
moyens de subvention de la DGE s'élèvent, pour 1996, à
28,77 % et à 29,09 % pour 1997. Les trois premières
catégories d'opérations retenues ont été le
patrimoine bâti et l'urbanisme (37,45 %), la voirie (21,39 %)
et les constructions scolaires (17,65 %).
En 1997, sur
34.631
opérations présentées,
25.548
ont été subventionnées,
représentant un montant d'investissement de 8,384 milliards de
francs.
La
DGE des départements
-également indexée sur la
FBCF des administrations publiques- s'élèvera à
2,741 milliards de francs
en autorisations de programme et à
2,672 milliards de francs
en crédits de paiement.
f) Les dotations de compensation financière des transferts de compétence
-
La
dotation régionale d'équipement scolaire (DRES) et la dotation
départementale d'équipement scolaire (DDEC)
évoluent
en fonction du taux prévisionnel d'évolution de la FBCF des
administrations publiques (soit + 3,8 %). Elles
s'élèveront ainsi respectivement à
3,443 milliards
de francs
pour la DRES et à
1,710 milliard de francs
pour la DDEC, en autorisations de programme.
-
La dotation générale de décentralisation (DGD)
,
inscrite au chapitre 41-56 du ministère de l'intérieur,
assure la couverture des charges résultant des compétences
transférées qui ne sont pas compensées par de la
fiscalité transférée. Conformément à
l'article L. 1614-1
du code général des
collectivités territoriales, elle évolue en principe comme la
DGF. Son montant pour 1999 qui atteint
15,422 milliards de francs
traduit en réalité une progression plus sensible
(+ 5,68 %) que celle qui résulterait de cette indexation.
En application de l'article 87 de la loi n° 98-546 du
2 juillet 1998 portant diverses dispositions d'ordre économique et
financier, la DGD des départements bénéficie, en effet,
d'un abondement de
380 millions de francs
qui compense la perte de
recettes fiscales résultant de l'extension de la taxe à l'essieu
aux véhicules de 12 tonnes et plus (jusqu'alors redevables de la
vignette automobile).
En outre, un crédit de
3,3 milliards de francs
a
été inscrit au chapitre 41-56 du ministère de
l'intérieur, au titre de la compensation aux départements de la
diminution des droits de mutation à titre onéreux pour les
immeubles à usage professionnel, prévue par l'article 27 du
projet de loi de finances.
En revanche, la compensation aux régions de la suppression, par le
même article du projet de loi de finances, de la taxe régionale
additionnelle aux droits de mutation fait l'objet d'un chapitre nouveau 41-55
doté de
5,3 milliards de francs
. Cette taxe n'étant
pas à l'origine un impôt transféré aux
régions, sa suppression ne pouvait être compensée dans le
cadre de la DGD.
- La DGD
spécifique à la collectivité territoriale de
Corse
-indexée sur l'évolution de la DGF- atteindra
1,34
milliard de francs.
- La DGD
formation professionnelle
passe de 5,088 milliards de francs en
1998 à
7,899 milliards de francs
en 1999, soit +55,26%. Cette
forte progression s'explique par le transfert aux régions
au
1er janvier 1999
- en application de la loi du
20 décembre 1993- des actions pré-qualifiantes de
formation.
g) La dotation de compensation de la taxe professionnelle (DCTP)
Comme
les années précédentes, le taux d'évolution de la
DCTP est déterminé par le respect de la norme globale qui tient
compte désormais d'une fraction croissante du PIB. Dans ces conditions,
la DCTP devait en principe régresser de 11,12 % pour
s'établir à 12,03 milliards de francs.
Le relèvement opéré par l'Assemblée nationale de
15 % à 20 % de la fraction du PIB prise en compte pour
l'indexation de l'enveloppe normée devrait permettre de majorer la DCTP
de 244 millions de francs, soit un total de
12,282 milliards de
francs
, sa baisse étant réduite à -9,3 %.
Le projet de loi de finances prévoit, par ailleurs de moduler la
réduction de la DCTP en faveur des communes éligibles à la
DSU, des départements attributaires de la dotation de fonctionnement
minimale et des régions bénéficiant du fonds de correction
des déséquilibres régionaux. Ces collectivités
devaient, dans le projet de loi initial, ne supporter qu'une diminution
égale aux
deux tiers
de la diminution moyenne.
L'Assemblée nationale a apporté au dispositif plusieurs
modifications : d'une part, elle a pris en compte les communes
bénéficiaires de la fraction bourgs-centre de la dotation de
solidarité rurale ; d'autre part ces collectivités ne subiront
qu'une diminution égale à la
moitié
de la
diminution moyenne ; enfin, les communes éligibles à la
fonction bourgs-centres ou à la dotation de solidarité urbaine
bénéficieront des attributions d'une nouvelle part de la seconde
fraction du FNPTP, leur permettant de
maintenir
le niveau de DCTP
perçu en 1998 (article 40 bis du projet de loi de finances).
2. L'évolution des dotations exclues de l'" enveloppe " du " contrat de croissance et de solidarité
Ces dotations qui évoluent de manière autonome atteindront 95,193 milliards de francs en 1999, hors fiscalité transférée, soit une diminution de 0,86 % par rapport à 1998.
a) Le fonds de compensation de la taxe sur la valeur ajoutée (FCTVA)
Le FCTVA
s'élèverait à
20,5 milliards de francs en
1999
, soit une légère progression par rapport au montant
révisé pour 1998 (20 milliards de francs). Le montant
inscrit en loi de finances ne constitue néanmoins qu'une simple
prévision.
Sur l'initiative du Sénat, l'article 33 de la loi de finances pour
1997 avait permis aux groupements de communes compétents de
bénéficier d'attributions du FCTVA aux lieu et place des communes
propriétaires pour les dépenses d'investissement
réalisées en matière de voirie. L'article 30 de la
loi de finances pour 1998 a ultérieurement permis de verser ces
attributions aux groupements intéressés pour les investissements
qu'ils réalisent dans l'exercice de leurs compétences sur le
patrimoine des communes adhérentes.
La loi n° 98-546 du 2 juillet 1998 portant diverses
dispositions d'ordre économique et financier a par ailleurs
apporté
trois précisions
au régime du FCTVA. D'une
part, elle a autorisé les SDIS à percevoir directement le FCTVA,
au titre des dépenses qu'ils réalisent sur les biens mis à
leur disposition (article 83) ; d'autre part, elle a permis, notamment pour
liquider le FCTVA, l'utilisation du projet de compte administratif
rejeté par l'assemblée délibérante s'il est
conforme au compte de gestion, et après avis de la chambre
régionale des comptes (article 109) ; enfin, elle a
habilité les établissements publics de coopération
intercommunale à exercer des compétences en matière
d'édifices cultuels, leur ouvrant ainsi la faculté d'engager les
dépenses nécessaires pour l'entretien et la conservation des
édifices du culte (article 94).
En première lecture du projet de loi de finances, l'Assemblée
nationale a élargi l'éligibilité au FCTVA aux travaux
réalisés par les collectivités locales en raison de
l'intérêt général ou de considérations de
sécurité publique, sur des biens dont elles n'ont pas la
propriété (article 41 bis).
b) Le prélèvement au titre des amendes de police relatives à la circulation routière
Le produit des amendes de police devrait atteindre 2 milliards de francs en 1999, soit une progression de 2,5 %.
c) Les subventions et comptes spéciaux du Trésor
Les
subventions de fonctionnement des ministères
s'élèvent à
7,062 milliards de francs
en 1998
contre 6,54 milliards de francs en 1998, soit une hausse de 7,98 %.
Les
comptes spéciaux du Trésor
s'établissent
à
1,288 milliard de francs
, soit une baisse de 4,19 %
en raison principalement de la réduction des crédits ouverts au
titre du Fonds national de développement du sport (FNDS).
d) La compensation d'exonérations et de divers dégrèvements législatifs
- La
réduction pour embauche ou investissement
(REI)
de la DCTP s'établirait à 1,55 milliard de francs,
soit une diminution de 53,73 % imputable à la décision de
supprimer progressivement sur deux ans la REI, en contrepartie de la
suppression de la part salariale de l'assiette de la taxe professionnelle.
- La
contrepartie de l'exonération de la taxe foncière
sur les propriétés bâties et non bâties
s'élèverait à
320 millions de francs
, soit une
baisse de 32,63 % qui semble s'expliquer par la diminution du nombre de
bénéficiaires de l'exonération.
- La
compensation des exonérations relatives à la
fiscalité locale
atteindrait
11,99 milliards de francs
,
soit une hausse de 0,48 % par rapport à 1998.
3. La compensation de la réforme fiscale
Faisant
l'objet d'une présentation spécifique dans le tableau
retraçant l'effort financier de l'Etat en faveur des
collectivités locales, cette compensation s'élève à
20,4 milliards de francs
.
Elle correspond, d'une part, à la suppression de la part des salaires
dans les bases de la taxe professionnelle (article 29 du projet de loi de
finances) pour un montant de
11,8 milliards de francs
, d'autre
part, à la suppression de la part régionale des droits de
mutation à titre onéreux (article 27) pour un montant de
5,3 milliards de francs
et, enfin, à la diminution de la
part départementale de la même taxe pour un montant de
3,3 milliards de francs
(intégrés dans la DGD
à compter de 1999).
*
* *
Votre
commission des Lois ne peut que constater avec satisfaction le maintien d'une
approche globale
des concours de l'Etat et d'une
programmation
pluriannuelle
, seule à même de donner à ces
dernières une certaine visibilité de l'évolution de leurs
ressources. De même, l'abondement spécifique sur trois ans de la
dotation de solidarité urbaine à raison de 500 millions de
francs par an mérite d'être souligné.
On devrait, en outre, pouvoir se réjouir de la
nouvelle
indexation
des concours de l'Etat sur
une partie de la croissance
économique
, mesure demandée au cours des dernières
années par votre commission des Lois. Pourtant, force est de constater
que l'indexation retenue par le projet de Loi de finances est
insuffisante
. Elle ne rend pas compte de la contribution majeure des
collectivités locales à l'effort de croissance. Faut-il rappeler
qu'elles réalisent 75 % de l'investissement public ?
La
baisse brutale
de la
DCTP
-variable d'ajustement de
l'enveloppe normée- doit en outre être
soulignée
.
Les collectivités qui ne sont pas éligibles à une dotation
de solidarité subiront une réduction de 23,6 % de leurs
attributions. C'est bien la finalité même de cette dotation
-
compenser
une perte de recettes- qui est ainsi mise en cause.
Les nouvelles règles du
" contrat de croissance et de
solidarité "
ne prennent, par ailleurs, pas en compte les
charges
des collectivités locales, contrairement à ce
qu'avait souhaité les années précédentes votre
commission des Lois -en particulier dans le cadre du groupe de travail sur la
décentralisation présidé par M. Jean-Paul
Delevoye
1(
*
)
.
Or, les collectivités locales ne disposent toujours pas d'une
vision
claire
de l'évolution de leurs charges. Elles doivent en particulier
assumer les conséquences financières très lourdes de
l'application des
politiques gouvernementales
, que l'on songe, par
exemple, à la loi sur les exclusions ou à la loi sur les
35 heures. Elles supportent le poids de
normes toujours plus
nombreuses
, dont la mise en oeuvre est trop souvent prévue dans des
délais irréalistes.
Le coût du protocole salarial signé le 10 février
dernier peut être estimé -selon le rapport de l'observatoire des
finances locales établi par notre collègue
Joël Bourdin- à
9,5 milliards de francs
sur trois
ans. Les départements, pour leur part, doivent supporter des
dépenses sociales qui s'élèvent à
87,2 milliards de francs, en dépit des efforts mis en oeuvre pour
mieux les maîtriser.
Bien qu'aucune augmentation des cotisations des collectivités locales
à la CNRACL ne soit envisagée pour 1999, l'avenir de cette caisse
continue à susciter de nombreuses interrogations.
Ce contexte suscite beaucoup
d'incertitudes
sur l'évolution des
budgets locaux.