PJL de finances pour 1999
BOYER (André)
AVIS 69 (98-99), Tome 8 - COMMISSION DES AFFAIRES ETRANGERES
Table des matières
- INTRODUCTION
-
CHAPITRE PREMIER -
LES GRANDES LIGNES DU BUDGET DE LA MARINE
POUR 1999- I. LA PHYSIONOMIE GÉNÉRALE : UN RATTRAPAGE PARTIEL DE "L'ENCOCHE" DANS UN CONTEXTE DE COMPRESSION DES COÛTS DE FONCTIONNEMENT
- II. LES DÉPENSES ORDINAIRES : UNE NOUVELLE DIMINUTION DES CRÉDITS DE FONCTIONNEMENT
- III. LES DÉPENSES EN CAPITAL : APRÈS "L'ENCOCHE" DE 1998, DES ÉCONOMIES SUPPLÉMENTAIRES ISSUES DE LA "REVUE DE PROGRAMMES"
-
CHAPITRE II -
LES PERSONNELS DE LA MARINE- I. LE BILAN DES DEUX PREMIÈRES ANNÉES DE PROFESSIONNALISATION DE LA MARINE
- II. LES ORIENTATIONS DU BUDGET 1999 EN MATIÈRE DE PERSONNELS
-
CHAPITRE III
LES MOYENS D'ÉQUIPEMENT DE LA MARINE- I. LA "REVUE DE PROGRAMMES" : UNE RÉVISION LIMITÉE DES MOYENS DE LA MARINE
- II. L'ÉVOLUTION DES CAPACITÉS DE LA MARINE
- III. LES PROGRAMMES D'ÉQUIPEMENT
- CONCLUSION
- EXAMEN EN COMMISSION
N° 69
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1998-1999
Annexe au procès-verbal de la séance du 19 novembre 1998.
AVIS
PRÉSENTÉ
au nom de la commission des Affaires étrangères, de la défense et des forces armées (1) sur le projet de loi de finances pour 1999 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,
TOME VIII
DÉFENSE - MARINE
Par M. André BOYER,
Sénateur.
(1)
Cette commission est composée de :
MM. Xavier de Villepin,
président
; Serge Vinçon, Guy Penne, André Dulait,
Charles-Henri de Cossé-Brissac, André Boyer, Mme Danielle
Bidard-Reydet,
vice-présidents
; MM. Michel Caldaguès,
Daniel Goulet, Bertrand Delanoë, Pierre Biarnès,
secrétaires
; Bertrand Auban, Michel Barnier, Jean-Michel Baylet,
Jean-Luc Bécart, Daniel Bernardet, Didier Borotra, Jean-Guy
Branger, Mme Paulette Brisepierre, M. Robert Calmejane, Mme Monique
Cerisier-ben Guiga, MM. Marcel Debarge, Robert Del Picchia, Hubert
Durand-Chastel, Mme Josette Durrieu, MM. Claude Estier, Hubert Falco, Jean
Faure, Jean-Claude Gaudin, Philippe de Gaulle, Emmanuel Hamel,
Roger Husson, Christian de La Malène, Philippe Madrelle,
René Marquès, Paul Masson, Serge Mathieu, Pierre Mauroy, Jean-Luc
Mélenchon, René Monory, Aymeri de Montesquiou, Paul d'Ornano,
Charles Pasqua, Michel Pelchat, Alain Peyrefitte, Xavier Pintat, Bernard
Plasait, Jean-Marie Poirier, Jean Puech, Yves Rispat, Gérard Roujas,
André Rouvière.
Voir les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
1078
,
1111
à
1116
et T.A.
193
.
Sénat
:
65
et
66
(annexes n°
s
43
et
44
) (1998-1999).
Lois de finances.
INTRODUCTION
Mesdames, Messieurs,
Après avoir subi, au cours de l'année 1998, une
sévère "encoche" dans ses crédits d'équipement, le
budget du ministère de la Défense connaîtra une
augmentation de 2,9 % en 1999, supérieure à celle du budget
général.
La "revue de programmes", dont les conclusions ont été rendues au
mois d'avril 1998, n'a pas remis en cause le cadre général des
objectifs définis par la loi de programmation 1997-2002, ni le
modèle d'armée qui en découle. Elle a toutefois
arrêté une révision à la baisse du niveau de
ressources qui avait été prévu par la loi et qui se
traduira par un ensemble de 20 milliards d'économies sur les
crédits d'équipement, pour les quatre années
s'écoulant entre 1999 et 2002. Ces économies proviennent de
réductions de cibles, d'arrêts de certains programmes, mais aussi
de gains financiers qui résulteront de nouveaux modes d'acquisition ou
d'optimisation de programmes. Aussi le modèle d'armée n'est-il
affecté qu'à la marge par ces différentes mesures qui, en
tout état de cause, ne concernent que les dépenses en capital,
les dépenses ordinaires du titre III conservant le niveau prévu
par la loi de programmation.
Le budget de la Marine pour 1999 résulte très largement de cette
donne nouvelle. D'un montant de 33,9 milliards de francs, il progressera de
4 % par rapport à 1998.
Avec 12,9 milliards de francs, les dépenses ordinaires diminueront de
1,4 % sous l'effet de la compression des coûts de fonctionnement. Les
effectifs évoluent conformément à la loi de programmation
mais des inquiétudes apparaissent sur la capacité à
remplacer dans certains emplois les appelés du contingent, en raison de
difficultés persistantes à pourvoir les postes de personnels
civils qui ont été créés à cet effet.
L'obligation de recourir prioritairement à du personnel des services
industriels de l'armement, notamment de la Direction des constructions navales,
où le nombre de volontaires est insuffisant, est à l'origine de
ces vacances de postes qui menacent la bonne marche de la professionnalisation.
Les crédits d'équipement progresseront de 7,5 % sans retrouver
cependant le niveau prévu en programmation. La "revue de programmes" se
traduit en effet par une diminution de ressources par rapport à la loi
de programmation et donc par certaines révisions des programmes. Des
économies de nature diverse ont été
dégagées, la mesure la plus significative étant le retrait
du porte-avions Foch qui entraînera une indisponibilité du groupe
aéronaval durant une année et demie, lors du premier entretien
majeur du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle, en 2004.
Parallèlement, la gestion de plus en plus tendue des crédits
d'entretien programmé du matériel imposera la recherche d'une
diminution des coûts d'entretien si l'on veut éviter qu'elle ne se
traduise par une moindre disponibilité des bâtiments et des
aéronefs.
Votre rapporteur présentera les grandes lignes du budget de la Marine
avant d'évaluer la mise en oeuvre de la professionnalisation au travers
de l'évolution des effectifs puis d'analyser le déroulement des
programmes d'équipement.
CHAPITRE PREMIER -
LES GRANDES LIGNES DU BUDGET DE LA
MARINE
POUR 1999
Après un recul de plus de 8 % en 1998, découlant de l'effort d'économies exceptionnel demandé au ministère de la Défense sur ses crédits d'équipement, le budget de la Marine enregistre pour 1999 une progression de 4 %. Cette évolution traduit les arbitrages rendus à l'issue de la "revue des programmes" qui, tout en desserrant la contrainte imposée en 1998 ont néanmoins prescrit une révision à la baisse des dotations d'équipement prévues par la loi de programmation militaire 1997-2002.
I. LA PHYSIONOMIE GÉNÉRALE : UN RATTRAPAGE PARTIEL DE "L'ENCOCHE" DANS UN CONTEXTE DE COMPRESSION DES COÛTS DE FONCTIONNEMENT
Au cours de l'année 1998, la Marine a dû faire face à une très forte diminution de ses dotations sans pour autant être épargnée par les annulations de crédits intervenues en cours d'exercice. Le projet de budget pour 1999, en progression de 4 %, comporte trois caractéristiques principales : une évolution modérée des dépenses de personnel traduisant l'adaptation des effectifs, telle qu'elle a été prévue par la loi de programmation, la poursuite d'un effort important de compression des coûts de fonctionnement et une progression des dépenses d'équipement qui ne permet pas cependant de retrouver le niveau inscrit en programmation.
1. L'exercice 1998 : un étiage pour le budget de la Marine
L'analyse des crédits pour 1999 doit être
replacée dans le contexte de l'évolution récente du budget
de la Marine au regard des dotations prévues par la loi de programmation
militaire.
Déjà quelque peu "écornés" par des annulations
intervenues en 1997, les crédits de la Marine ont connu leur
étiage au cours de 1998.
Le
budget voté de 1998
, en recul de 8 % par rapport à
celui de l'année précédente, imposait
une diminution de
12,4 % des crédits d'équipement
représentant une
"encoche" de plus de 2,1 milliards de francs
par rapport au niveau
fixé par la loi de programmation. Ce fort recul avait
entraîné une série de conséquences telles que le
maintien à quai de bâtiments dont l'entretien programmé
était décalé et plusieurs reports ou retard dans la
commande, le développement, la modernisation ou la livraison de certains
équipements.
De surcroît, comme les années précédentes, quoique
dans des proportions moindres, le budget de la Marine a été
affecté en 1998 par des mesures de régulation budgétaire.
Au titre des dépenses ordinaire, un décret d'avance du
21 août 1998 a ouvert un crédit de 198 millions de francs sur
les chapitres rémunérations et charges sociales. En revanche, la
Marine n'a pu obtenir l'ouverture des crédits de report de 1997 sur le
chapitre fonctionnement, qui se montaient à 73 millions de francs.
Au titre des dépenses en capital,
deux annulations sont
intervenues
en janvier (78 millions de francs de crédits de
paiement) et en août 1998 (775 millions de francs de crédits de
paiement) pour un montant total de 853 millions de francs, représentant
4,4 % des crédits de paiement ouverts aux titres V et VI par la loi de
finances initiale. Ces annulations ont été réparties comme
suit : 31,5 millions de francs sur le chapitre Espace, 187,5 millions de francs
sur le chapitre Autres études, 589,3 millions de francs sur le chapitre
Fabrications et 44,5 millions de francs sur le chapitre Infrastructure.
Parallèlement, des crédits de report 1997 sur le titre V ont
été ouverts à hauteur de 845 millions de francs, mais
ceux-ci ont subi une régulation budgétaire qui les rend en
pratique indisponibles en gestion.
2. Un budget en progression de 4 % de 1998 à 1999
Alors que le budget de la Marine avait connu en 1998 une diminution beaucoup plus forte que celle de l'ensemble du budget de la défense, il progressera, en 1999, légèrement plus vite que celui des autres armées.
Évolution du budget de la Marine (en millions de francs)
|
1998 |
1999 |
% |
Dépenses ordinaires
|
13 085 |
12 907 |
- 1,4 |
Dépenses en capital
|
19 555 |
21 026 |
+ 7,5 |
TOTAL |
32 640 |
33 933 |
+ 4 |
Ce
budget s'élève en effet à
33,933 milliards de francs,
soit une
augmentation de 1,293 milliard de francs et de 4 % par rapport
à 1998,
le budget de la défense n'augmentant pour sa part que
de 2,9 %.
La part de la Marine dans le budget de la Défense (hors pension) passe
ainsi de 17,7 % en 1998 à 17,9 % en 1999. Elle reste inférieure
au niveau de 1997 -soit 18,6 %- qui était celui de la première
annuité de la loi de programmation.
Les ressources du titre III s'élèvent à 12,907 milliards
de francs et reculent de 1,4 %, alors que pour l'ensemble du budget de la
Défense, les crédits du titre III augmentent de 0,2 %.
Celles des titres V et VI se montent à 21,026 milliards de francs et
progressent de 7,5 %, alors que l'augmentation des dépenses en capital
est en moyenne de 6,2 % pour l'ensemble du budget de la défense.
Du fait de cette évolution, le titre V représentera en 1999 62 %
du budget de la Marine, contre 60 % en 1998, ce qui accentue une forte
prépondérance des dépenses en capital, celles-ci ne
représentant en moyenne que 45 % du budget de la
Défense.
3. Le budget 1999 et la loi de programmation : des économies nouvelles pour des objectifs maintenus
Votre
rapporteur avait observé l'an passé que l'importante ponction
opérée en 1998 sur le budget de la Marine ne remettait pas
fondamentalement en cause le modèle défini par la loi de
programmation, tout en soulignant que des mesures d'une telle ampleur ne
pouvaient être pérennisées sans mettre à mal la
progression vers ce nouveau modèle d'armée.
Au regard de cette appréciation, le projet de budget pour 1999 se situe
dans une ligne intermédiaire : il rattrape une partie de "l'encoche"
réalisée l'an passé mais demeure en retrait par rapport au
niveau fixé par la loi de programmation.
En ce qui concerne les dépenses ordinaires, la progression de 1,9 % des
crédits de rémunération et de charges sociales permet de
poursuivre comme prévu l'adaptation des effectifs de la Marine à
la professionnalisation et à la réduction du format.
Toutefois, comme l'an passé, le
poids des rémunérations
et charges sociales
a pour contrepartie une
compression accrue des
dépenses de fonctionnement
qui régressent de 12,2 %. Cette
diminution traduit à la fois un effort d'économie accru et un
nouveau transfert, à hauteur de 150 millions de francs, des
crédits d'entretien programmé du matériel du titre III
vers le titre V.
Avec 21,026 milliards de francs, les
dépenses en capital
progressent de 7,5 % mais se situent, compte tenu des modifications de la
structure budgétaire,
en retrait de 1,1 milliard de francs par
rapport à l'annuité de la loi de programmation militaire
. Ce
décalage provient pour l'essentiel d'économies issues des
conclusions de la "revue de programmes" mais aussi d'abattements
opérés sur le budget de la Marine comme sur celui des autres
armées pour financer des mesures nouvelles, telles qu'une contribution
du Ministère de la défense au budget civil de recherche et
développement ou l'augmentation de la part patronale du fonds de pension
des ouvriers d'Etat.
Ainsi, "l'encoche" effectuée en 1998, qui dépassait 2 milliards
de francs, n'est pas renouvelée avec la même ampleur. Encore
faut-il préciser qu'au cours de l'exercice 1999,
le titre V
supportera des charges nouvelles
qui obèrent d'autant les ressources
destinées aux investissements. Il s'agit :
- des
150 millions de francs de crédits d'entretien programmé
du matériel
, mentionnés précédemment, qui
étaient jusqu'alors inscrits au titre III,
- d'une
augmentation de 624 millions de francs des dotations du Fonds
d'adaptation industrielle
de la Direction des constructions navales (DCN),
qui passe de 454,3 millions de francs à 1 076,5 millions de francs et
qui est entièrement financé par la Marine, sur son budget
d'équipement,
- un
transfert de charges,
provenant de la DGA correspondant à
l'entretien des immobilisations de l'ex-DCN étatique dans les ports
de Brest et de Toulon
(installations nucléaires à terre,
pyrotechnies, installations portuaires), qui représente 343 millions de
francs et qui n'est compensé qu'à hauteur de 192 millions de
francs par un transfert de crédits en provenance de la DGA. Ainsi, des
dépenses jusqu'alors prises en charge par le compte de commerce de la
DCN seront supportées par la Marine. Votre rapporteur observe que cette
mesure intervient après un mouvement en sens inverse l'an passé,
afin de décharger le titre V de la Marine du coût de
fonctionnement des services étatiques de la DCN. Le partage des
responsabilités et des financements entre la Marine, la DGA et la DCN
industrielle est encore mouvant. L'intervention année après
année de transferts de charges dont la justification n'apparaît
pas toujours clairement ajoute un élément d'incertitude dans la
gestion de crédits d'équipements déjà
réduits par rapport à l'enveloppe qui avait été
définie par la loi de programmation.
Dans ces conditions ont été prises, à l'issue de la "revue
des programmes", des mesures d'économies qui ne devraient pas
empêcher la Marine de rallier son modèle futur mais qui
réduiront la disponibilité de certains matériels et
limiteront la permanence du groupe aéronaval.
II. LES DÉPENSES ORDINAIRES : UNE NOUVELLE DIMINUTION DES CRÉDITS DE FONCTIONNEMENT
Les dépenses ordinaires du titre III passeront de 13,085 milliards de francs en 1998 à 12,907 milliards de francs en 1999, soit une diminution de 1,4 %.
|
1998 |
1999 |
% |
Rémunérations et charges sociales |
10 077 |
10 264 |
+ 1,9 |
Fonctionnement |
3 008 |
2 643 |
- 12,2 |
. dont fonctionnement courant |
1 752 |
1 633 |
- 6,9 |
. alimentation |
557 |
464 |
- 16,8 |
. entretien programmé des matériels |
699 |
546 |
- 21,9 |
Total dépenses ordinaires |
13 085 |
12 907 |
- 1,4 |
1. La progression des rémunérations et charges sociales
La
part des rémunérations et charges sociales dans les
dépenses ordinaires de la Marine continue à croître
et
s'établit à 79,5 % en 1999 contre 77 % en 1998. Leur montant
s'élève à 10,264 milliards de francs, soit une progression
de 1,9 %.
Cette évolution résulte de plusieurs mouvements en sens contraire
:
- une diminution globale des effectifs militaires de la Marine, qui
entraîne une économie de 80 millions de francs, étant
précisé que la création de plus de 860 emplois civils n'a
pas d'impact sur le budget de la Marine, ces personnels étant
rémunérés sur le budget des services communs,
- les revalorisations des rémunérations et les mesures
indemnitaires qui représentent une dépense supplémentaire
de l'ordre de 268 millions de francs.
2. Des dépenses de fonctionnement toujours plus contraintes
Les
crédits de fonctionnement passeront de 3,008 milliards de francs en 1998
à 2,643 milliards de francs en 1999, soit une
diminution de 12,2
%.
Un nouveau transfert de 150 millions de francs de crédits d'entretien
programmé des matériels du titre III vers le titre V contribue
à accentuer la diminution des dotations, mais à structure
budgétaire constante, c'est-à-dire en neutralisant les
différentes mesures de transfert de crédits, les dépenses
de fonctionnement subissent une réduction de plus de 9 %.
Certes, la réduction du format de la Marine entraîne
mécaniquement une économie de l'ordre de 100 millions de francs
sur les frais de fonctionnement. Par ailleurs, la baisse du dollar et du cours
du pétrole autorise près de 50 millions de francs
d'économies supplémentaires sur les produits pétroliers.
Indépendamment de ces facteurs, de nouvelles mesures d'économies
ont toutefois été imposées sur les crédits
d'alimentation (50 millions de francs) et sur les dépenses de formation
et de fonctionnement des services centraux et territoriaux (21 millions de
francs).
III. LES DÉPENSES EN CAPITAL : APRÈS "L'ENCOCHE" DE 1998, DES ÉCONOMIES SUPPLÉMENTAIRES ISSUES DE LA "REVUE DE PROGRAMMES"
Les dépenses en capital des titres V et VI passeront de 19,555 milliards de francs en 1998 à 21,026 milliards de francs en 1999, soit une progression de 7,5 %.
Évolution des dépenses en capital de la Marine (en millions de francs)
|
1998 |
1999 |
% |
Études et développement |
1 887 |
2 871 |
+ 52,1 |
Fabrication |
12933 |
12 440 |
-3,8 |
. dont FOST |
4 236 |
4 130 |
- 2,5 |
. Flotte classique |
2 960 |
2 764 |
- 6,6 |
. Aéronavale |
4 034 |
3 577 |
- 11,3 |
. Munitions |
937 |
1 175 |
+ 25,4 |
. Divers |
766 |
794 |
+ 3,7 |
Entretien programmé des matériels |
3 561 |
3 872 |
+ 8,7 |
Infrastructures |
714 |
758 |
+ 6,2 |
Restructurations |
454 |
1 079 |
+ 133,7 |
TOTAL TITRE V |
19 549 |
21 020 |
+ 7,5 |
TITRE VI |
6 |
6 |
- |
TOTAL DÉPENSES EN CAPITAL |
19 555 |
21 026 |
+ 7,5 |
Ces
données appellent deux précisions préalables.
D'une part, les montants indiqués incluent 388,7 millions de francs
de crédits de paiement et 740,6 millions de francs d'autorisations de
programme présentées, dans le "bleu" budgétaire au sein de
l'agrégat "Etat-major des Armées" mais relevant néanmoins
du budget de la Marine. Il s'agit de crédits relatifs aux
systèmes d'informations, de télécommunications et de
commandement et au programme SYRACUSE gérés par le service des
programmes navals.
D'autre part
le titre V subit en 1999 une refonte profonde de sa structure
budgétaire
. Le redéploiement des crédits en
9 nouveaux chapitres, au sein desquels plusieurs grands programmes sont
identifiés sur des articles spécifiques, doit permettre d'assurer
un meilleur suivi des dépenses en capital.
La modification de nomenclature, associée à de nouveaux
transferts de charges (entretien programmé du matériel provenant
du titre III et immobilisations de l'ex DCN étatique) qui modifient le
périmètre du titre V rendent difficiles les comparaisons de 1998
à 1999.
Si l'on se réfère aux dotations actualisées prévues
par la loi de programmation, on constate qu'après un décrochage
de 2,1 milliards de francs en 1998, le budget d'équipement de la
Marine restera en 1999
inférieur de 1,1 milliard de francs au
niveau prévu.
Ainsi, sur les trois premières années
d'exécution, les dotations en capital inscrites en loi de finances
initiales auront-elles pratiqué un "abattement" d'environ 4,8 % sur
les crédits prévus en programmation.
Pour 1999,
le niveau des crédits d'équipement tient compte des
économies décidées lors de la "revue de programmes"
qui, pour une part, entraîneront des décalages, voire l'abandon de
certains programmes, tout en comprimant les crédits d'entretien
programmé des matériels et d'infrastructure.
1. Les études et développements
Dotés de
2,871 milliards de francs, les
crédits
d'études et de développements
connaissent une forte
augmentation, supérieure à 52 %, en raison de
l'entrée en phase active du financement des développements
liés à de grands programmes tels que le projet Horizon, le
sous-marin d'attaque futur, le missile anti-navires futur ou le système
PAAMS.
Depuis l'an passé, la DGA exerce le gouvernorat des études amont,
la Marine ne conservant que celui des études
technico-opérationnelles, des études de faisabilité et des
développements. Les développements absorbent l'essentiel des
crédits d'études. L'augmentation des dotations tient compte d'un
abattement de crédits opéré à la suite de la revue
des programmes, dont l'origine principale tient à l'abandon du
développement de la future torpille lourde qui sera achetée "sur
étagère" à l'horizon 2010.
2. La force océanique stratégique
Les
crédits affectés à la
FOST
s'élèveront à
4,127 milliards de francs
pour 1999,
soit une diminution de 2,5 %, et seront principalement consacrés
à la poursuite du programme de construction des sous-marins
nucléaires lanceurs d'engins de nouvelle génération
(SNLE-NG).
A l'issue de la "revue de programmes", il a été
décidé de retarder de 6 mois supplémentaires
l'admission au service actif du troisième SNLE-NG, le Vigilant,
déjà décalée d'un an à la suite des
réductions de crédits imposées l'an passé, ce qui
suppose de prolonger de la même durée un SNLE de la
génération actuelle doté du missile M4.
En revanche, la mise en concordance du calendrier de livraison du 4e SNLE-NG et
du missile M51 impose une accélération du programme d'adaptation
des trois premiers SNLE-NG à ce même missile.
3. Les fabrications de la flotte
Les crédits destinés aux fabrications de la flotte "classique" s'élèveront à 2,764 milliards de francs , soit un recul de 16,6 % par rapport à 1998. Le principal programme concerné reste la construction du porte-avions Charles de Gaulle (1,3 milliards de francs) alors que les crédits destinés aux programmes de frégates La Fayette (664 millions de francs) et Horizon (510 millions de francs) s'accroissent. En revanche, l'évolution des crédits traduit la fin du financement du transport de chalands de débarquement SIROCO, dont l'admission au service actif est intervenue en 1998. Une économie est également réalisée à la suite de la décision de retarder de 2 ans la livraison du bâtiment hydrographique océanique.
4. Les fabrications de l'aéronautique navale
Les
crédits destinés aux fabrications de l'aéronautique navale
s'élèveront à
3,577 milliards de francs
, soit une
diminution de 11,3 %.
Le programme Rafale absorbe à lui seul plus de la moitié de cette
enveloppe (1,8 milliard de francs) qui diminue toutefois en raison de la
décroissance des financements des programmes d'avions de patrouille
maritime Atlantique 2 et d'hélicoptères Panther.
5. Les munitions
Les
crédits consacrés aux munitions s'élèveront
à
1,175 milliard de francs
, soit une
augmentation de
25,4 %
par rapport à 1998.
Les principaux équipements concernés sont les programmes FSAF
(Famille sol air futur) dotés de 374 millions de francs et la torpille
MU90 (238 millions de francs) qui entrent en phase active de
production.
6. L'entretien programmé des matériels
Les dotations d' entretien programmé des matériels (hors FOST) inscrits au titre V s'élèveront à 3,872 milliards de francs , soit une progression de 8,7 % par rapport à 1998. La moitié de cette augmentation résulte cependant du transfert de 150 millions de francs en provenance du titre III et un abattement sur les dotations prévues par la loi de programmation a été opéré dans le cadre de la revue de programmes.
7. Les autres dépenses
Les
autres dépenses en capital s'élèveront pour 1999 à
2,637 milliards de francs
, soit une progression de 35,9 % par
rapport à 1998.
Au sein de cet ensemble, il convient de souligner la
part croissante prise
au titre V de la Marine par les dotations affectées au Fonds
d'adaptation industrielle
de la DCN, qui étaient passées de
327 millions de francs en 1997 à 454 millions de francs en
1998 et qui se monteront, en 1999, à 1,079 milliard de francs. Au
travers de cette enveloppe, qui réduit d'autant la part disponible pour
les programmes ou l'entretien, la Marine finance les mesures de
dégagement des cadres (pensions, allocations différentielles),
les départs volontaires (indemnités de départ volontaire,
allocations chômage, indemnités d'aide à la création
d'entreprise) et les mutations vers les armées (indemnités de
mutation, déménagements, formation, maintien de la
rémunération) dans le cadre de l'adaptation de la DCN.
Dotés de 758 millions de francs, les
crédits
d'infrastructure
progresseront de 6,2 %, ce qui ne permettra pas
cependant de rattraper le retard pris sur certaines opérations en raison
des diminutions de crédits de l'an passé.
On observera également la forte diminution (170 millions de francs en
1999 contre 220 millions de francs en 1998) des dépenses dites
"d'entretien programmé des personnels" qui concernent l'habillement, le
couchage et l'ameublement.
CHAPITRE II -
LES PERSONNELS DE LA MARINE
Depuis
le début de la mise en oeuvre de la professionnalisation, la commission
des affaires étrangères, de la défense et des forces
armées suit avec une attention toute particulière les mesures
touchant à la gestion des personnels des armées, qu'il s'agisse
de la réduction progressive des effectifs d'appelés, du
départ anticipé d'officiers ou sous-officiers ou encore du
recrutement de personnels engagés ou civils.
Le passage de l'armée de conscription à l'armée
professionnelle ouvre en effet une
délicate période
d'adaptation
qu'il importe de mener à bien dans un contexte
budgétaire tendu.
Dans la Marine, la professionnalisation présente des aspects bien
particuliers liés à la fois aux spécificités de ses
activités, notamment à bord des bâtiments, et aux choix qui
ont été arrêtés par la loi de programmation,
singulièrement le renforcement massif de la présence civile au
sein de la Marine qui devra en priorité accueillir des personnels des
arsenaux en restructuration.
Au regard de ces contraintes, le budget pour 1999, comme ceux de 1997 et 1998,
met en place les moyens permettant de réaliser l'évolution des
effectifs prévue par la loi de programmation. Bien que l'on constate,
par rapport aux prévisions initiales, un certain
"surcoût" de
la professionnalisation
, surtout imputable à la mensualisation de la
solde des engagés, les difficultés rencontrées sont moins
d'ordre budgétaire que liées au recrutement lui-même de
personnels présentant le profil requis pour occuper les postes
laissés vacants par les appelés. Si la
mise en place de
"contrats courts"
présente un bilan plutôt satisfaisant, du
moins sur le plan de la réalisation des objectifs quantitatifs,
l'obligation de recruter prioritairement les civils au sein des personnels de
la Direction des constructions navales sur la base du volontariat pose des
problèmes plus sérieux.
I. LE BILAN DES DEUX PREMIÈRES ANNÉES DE PROFESSIONNALISATION DE LA MARINE
Comme
les autres armées, la Marine doit mener de pair une réduction de
son format et la professionnalisation. Les besoins en personnels professionnels
générés par la disparition, à raison d'un
sixième chaque année, de la ressource issue du contingent, ne
sont que partiellement atténués par la réduction du format
qui permet cependant une réduction du nombre d'officiers-mariniers et de
matelots engagés.
Aussi la Marine a-t-elle entrepris une importante politique de recrutement pour
combler les vacances provoquées par le départ des appelés.
Evolution des effectifs de la Marine de 1996 à 2002
(loi de programmation 1997-2002)
|
1996 |
% |
2002 |
% |
Officiers |
4 844 |
6,9 |
4 961 |
8,8 |
Officiers-mariniers |
32 530 |
46,6 |
30 136 |
53,4 |
Quartiers-maîtres et matelots engagés |
8 103 |
11,6 |
7 998 |
14,2 |
Appelés et volontaires |
17 906 |
25,6 |
1 775 |
3,1 |
Civils |
6 495 |
9,3 |
11 594 |
20,5 |
Total |
69 878 |
100 |
56 464 |
100 |
A. LA RÉDUCTION DES POSTES D'APPELÉS ET D'OFFICIERS-MARINIERS
Depuis deux ans, la Marine a réduit très significativement son effectif d'appelés tout en mettant en oeuvre, grâce aux mesures d'accompagnement de la professionnalisation, le départ anticipé d'officiers-mariniers.
1. La réduction des postes d'appelés : le début de la professionnalisation des unités
Au cours
des années 1997 et 1998, 6 400 des 17 900 postes budgétaires
d'appelés que comptait la Marine en 1996 ont été
supprimés. Pour 1998, les effectifs réalisés sont d'ores
et déjà inférieurs aux postes budgétaires et
devraient être inférieurs à 9 000 en fin d'année, ce
qui signifie que concrètement
la présence des appelés
dans la Marine aura été réduite de moitié en deux
ans
.
Pour la
professionnalisation, priorité a été
donnée aux forces projetables essentielles
.
A la fin de l'année,
plus de 20 bâtiments auront
été entièrement professionnalisés
après
suppression de plus de 1 430 postes d'appelés. Parmi ces bâtiments
figure le porte-avions Foch ainsi que les transports de chalands de
débarquement et plusieurs frégates. La professionnalisation de
l'équipage du porte-avions Charles de Gaulle, entamée en 1998, se
poursuivra en 1999, ainsi que celle de 25 autres bâtiments dont les
sous-marins nucléaires d'attaque et les pétroliers-ravitailleurs.
Par ailleurs, trois formations de fusiliers marins auront également
été professionnalisés, en totalité ou en partie,
d'ici la fin de l'année, pour un équivalent de 300 postes
d'appelés.
Il faut préciser que les appelés embarqués à bord
des bâtiments exercent des fonctions à part entière et
qu'ils doivent donc être remplacés nombre pour nombre par du
personnel professionnel. Le recours à du personnel civil est par
ailleurs exclu pour ce type d'emploi. La Marine fait donc appel, sur les postes
laissés vacants par les appelés à bord des
bâtiments, à des militaires engagés et en particulier pour
les tâches les moins qualifiées, à des personnels
recrutés sur des contrats courts de 2 ans.
D'autre part, une proportion importante de l'effectif d'appelés est
constituée de personnels de haut niveau, qu'il s'agisse d'officiers du
service national, de scientifiques du contingent, ou de matelots
exerçant des fonctions d'enseignant, d'informaticien et d'assistant
scientifique et technique. Le remplacement de ces postes pourra être
pourvu par des officiers sous contrat court et par des civils du niveau
d'ingénieur. Mais il s'appuiera également sur la mise en place du
volontariat, qui ne débutera qu'en 1999.
Enfin, sur les postes à terre, les emplois occupés par les
appelés doivent être largement pourvus par du personnel
civil.
2. La diminution des effectifs d'officiers mariniers : les mesures d'incitation au départ
La loi
de programmation a prévu une
réduction de 2 400 postes
budgétaires d'officiers mariniers
de 1996 à 2002, soit un peu
plus de 7 % des effectifs.
Toutefois, cette diminution a été engagée sur un rythme
modéré, la plus large part des suppressions de postes intervenant
à partir de l'année 2000. Deux spécialités seront
plus particulièrement affectées : les
forces sous-marines
et l'
aéronautique navale.
La Marine souhaitant maintenir un flux de recrutement significatif et
préserver les profils de carrière, la déflation des
effectifs d'officiers mariniers impliquait un renforcement des mesures
d'incitation au départ.
Le
pécule d'incitation au départ anticipé
créé par la loi du 19 décembre 1996 joue un
rôle non négligeable dans ce dispositif. Il a
bénéficié :
.
en 1997
, à
332 officiers mariniers
(57 majors, 136
maîtres principaux, 130 premiers maîtres), pour un montant moyen de
257 800 F et un coût total de 85,6 millions de francs ;
.
en 1998
, à
403 officiers mariniers
(77 majors, 196
maîtres principaux, 130 premiers maîtres), pour un montant moyen de
276 200 F et un coût total de 111,3 millions de francs.
Les pécules ont été prioritairement attribués dans
les spécialités les plus concernées par les
réductions de postes : les forces sous-marines et l'aéronautique
navale.
D'autre part, les dispositions de la loi n° 70-12 du 2 janvier 1970
tendant à faciliter l'accès des militaires à des emplois
civils ont bénéficié à 57 officiers mariniers en
1997 et à 49 autres en 1998.
Le dispositif du
congé de reconversion
pour les militaires
quittant les armées, créé par la loi du 19 décembre
1996, a concerné près de 1 500 officiers mariniers en 1997.
Parallèlement, le service d'aide à l'insertion et à la
reconversion du personnel militaire de la Marine (SAIRM) a vu son action
amplifiée puisque le nombre d'officiers mariniers placés dans le
secteur civil est passé de 686 en 1996 à 889 en 1997.
B. LA MISE EN PLACE DE LA NOUVELLE POLITIQUE DE RECRUTEMENT
La
profonde réorganisation des effectifs de la Marine a
nécessité la mise en place, aux côtés des
filières traditionnelles, d'une politique nouvelle de recrutement.
L'Ecole navale et l'Ecole militaire de la flotte restent les deux voies
privilégiées de recrutement des officiers. L'augmentation de leur
nombre a justifié le recours aux officiers de réserve en
situation d'activité (ORSA).
La Marine ne recrute pas directement les officiers mariniers mais les
sélectionne parmi les personnels d'équipage, en particulier les
maistranciers. Ainsi qu'on l'a vu, les mesures incitatives au départ ont
permis de maintenir ce recrutement malgré les suppressions de postes
d'officiers mariniers.
Les personnels d'équipage demeurent recrutés, dans des
proportions pratiquement inchangées, par l'école de maistrance et
par l'engagement initial de longue durée pour des contrats de 4 ou
8 ans. Mais la nécessité de pourvoir des postes peu
qualifiés, précédemment occupés par les
appelés a conduit à créer une
formule nouvelle : les
"contrats courts Marine".
Enfin l'augmentation des effectifs de
personnels civils
a
été réalisée elle aussi dans des conditions
particulières, par des transferts internes du ministère de la
Défense en provenance de la DGA.
1. Les "contrats courts Marine" : un bilan plutôt satisfaisant
La
formule des contrats courts a été arrêtée en vue de
pourvoir une partie des postes occupés par les appelés ne
bénéficiant pas de qualification professionnelle et offrant des
possibilités de progression insuffisantes pour des engagés
"classiques".
Les
emplois proposés
sont de trois types :
- agent d'exploitation à bord d'un bâtiment de combat (agent de
restauration, secrétaire, magasinier, peintre...),
- manoeuvrier de pont d'envol pour les aéronefs embarqués,
- opérateur protection pour le contrôle et la surveillance des
bases à terre.
A la suite d'un accord avec la Délégation
interministérielle à l'insertion des jeunes, la Marine a
décidé de proposer, pour ces emplois, un contrat de deux ans
à des jeunes sortant peu ou pas qualifiés du système
éducatif. Cette formule permet de contribuer à leur insertion
professionnelle en leur offrant un premier emploi et une expérience
susceptible de faciliter leur accès au marché du travail.
Le recrutement de "contrats courts" a concerné 500 jeunes en 1997 et 900
autres en 1998. Leur profil ne diffère pas totalement de celui d'une
partie des jeunes appelés que la Marine accueillait habituellement, mais
il s'agit néanmoins d'un public dont l'adaptation aux contraintes
professionnelles et militaires peut soulever des difficultés. Sans
être alarmant, le taux d'échec semble tout de même non
négligeable. Il est toutefois trop tôt pour tirer un bilan de
cette expérience qui, en tout état de cause, pourrait être
réorientée vers des recrutements plus classiques si elle ne
s'avère pas suffisamment concluante.
2. Le recrutement des personnels civils : des difficultés qui s'accentuent
Votre
rapporteur souhaite rappeler cette année encore combien la question du
recrutement du personnel civil revêt pour la Marine une importance
capitale.
Dans la Marine plus que dans les autres armées,
la
professionnalisation repose largement sur le recours à du personnel
civil.
En effet, plus de la moitié des postes civils
créés dans les armées sur la période de
programmation le seront dans la Marine. Celle-ci verra son effectif civil
augmenter de près de 80 %, contre 12,6 % en moyenne dans
l'ensemble des armées. Au terme de la loi de programmation, c'est la
Marine qui emploiera la plus forte proportion de personnels civils.
Si dans certains emplois, et en particulier à bord des bâtiments,
le remplacement des appelés ne peut être assuré que par des
personnels militaires, le recrutement de personnels civils a été
privilégié, avec pour objectif le reclassement d'ouvriers de la
Délégation générale pour l'armement et plus
spécialement de la Direction des constructions navales (DCN).
Ainsi la Marine bénéficie-t-elle chaque année depuis 1997
d'importantes créations de postes budgétaires destinés
à des civils sans pour autant augmenter le rythme de ses recrutements
externes traditionnels
, les postes nouveaux devant obligatoirement
être pourvus par transfert interne aux armées.
Afin de faciliter ces mutations, des crédits ont été
dégagés dans le cadre du fonds d'adaptation industrielle de la
DCN. Doté de 327 millions de francs en 1997 et de 454 millions
de francs en 1998, il a cependant prioritairement servi à financer le
dégagement de cadres à partir de 55 ans, et depuis 1998
à 52 ans, ainsi que les départs volontaires.
Au cours de l'année 1997, plus de 750 mutations en provenance de la DCN
ont pu être réalisées mais comme cela pouvait être
prévu,
le flux de candidatures s'est tari à partir de
1998
, l'essentiel des volontariats s'étant manifestés
dès le début de la période.
Ainsi, alors que pour 1998 les prévisions tablaient sur un total de
près de 600 mutations en provenance pour partie de la DCN (350 postes)
et pour le restant d'autres organismes de la DGA ou des personnels sous statut
de GIAT-Industries, seules 226 mutations avaient été
effectivement réalisées au 31 juillet dernier, dont un peu
plus d'une centaine pour la seule DCN.
Le recrutement externe de personnels civils par concours ayant
été limité à 208 postes en 1998, la Marine a
obtenu au mois de juillet une levée partielle de l'interdiction
d'embaucher des ouvriers hors de la DCN, à hauteur de 121 postes. Les
recrutements doivent s'effectuer à compter du mois de septembre et une
priorité sera accordée aux ouvriers de droit allemand des forces
françaises stationnées en Allemagne et des ouvriers des
entreprises sous-traitantes de la DGA et de la DCN.
On peut cependant craindre que malgré cette mesure palliative,
l'insuffisance des mutations internes aux armées
,
particulièrement en provenance de la DCN,
provoquera une accentuation
des vacances de postes de personnels civils.
Celles-ci s'élevaient
à 578 au 31 décembre 1997 sur un total de 7 258 postes
budgétaires. Le déficit pourrait dépasser 900 postes
à la fin de l'année, ce qui porterait le taux de vacances
à plus de 10 %.
II. LES ORIENTATIONS DU BUDGET 1999 EN MATIÈRE DE PERSONNELS
Les emplois inscrits au budget de 1999 suivent l'évolution définie par la loi de programmation. Ils intégreront pour la première fois la présence de volontaires. Les crédits relatifs aux rémunérations et charges sociales progressent modérément mais prennent en compte certains "surcoûts" qui n'avaient pas été intégrées en début de programmation. Ces moyens budgétaires ne permettent cependant pas d'écarter les difficultés qui pourraient apparaître pour la gestion concrète du remplacement des appelés.
A. L'ÉVOLUTION DES EFFECTIFS ET DES CREDITS
L'évolution des effectifs se poursuit conformément à la loi de programmation, et le rythme d'augmentation des charges de personnel sera identique à celui de l'an passé.
1. L'évolution des effectifs de la Marine
Le tableau ci-dessous retrace l'évolution des effectifs de la Marine au cours de l'année 1999.
Evolution des effectifs de la Marine
|
1998 |
1999 |
Variation |
Officiers |
4 985 |
5 006 |
+ 21 |
Officiers-mariniers |
32 605 |
32 392 |
- 213 |
Equipage |
7 928 |
7 928 |
- |
Appelés |
11 498 |
8 158 |
- 3340 |
Volontaires |
140 |
- |
+ 140 |
Civils |
8 156 |
9 017 |
+ 861 |
Total |
65 172 |
62 091 |
- 3081 |
L'augmentation des
effectifs d'officiers,
qui avait
représenté plus de 140 postes en 1997 et 1998, se poursuit en
1999 avec la création de
21 postes.
A la différence des
Armées de l'air et de terre, le nombre d'officiers doit augmenter dans
la Marine pour améliorer le taux d'encadrement, inférieur
à celui des armées étrangères et pour occuper les
postes attribués aux officiers de Marine dans les états-majors
interarmées et dans les organisations interalliées.
Ces créations de postes ainsi que les départs prévisibles
conduiront à
recruter 160 officiers en 1999.
Comme l'an
passé, le nombre de postes ouverts à l'Ecole navale est
fixé à 80 élèves. Il correspond aux besoins
d'emplois de haut niveau au grade de capitaine de vaisseau dans les
états-majors interarmées ou interalliées. L'autre
moitié des postes sera essentiellement pourvue au sein de l'Ecole
militaire de la flotte (y compris 20 officiers recrutés au choix parmi
les officiers mariniers), les recrutements sur titre étant
limités à 5 postes.
Le projet de budget prévoit la
suppression de 213 postes d'officiers
mariniers,
soit un peu plus que l'an passé. La mise en place de
mesures incitatives, en particulier le pécule, permet d'obtenir un
nombre de départs volontaires suffisant pour conserver le flux de
recrutement, maintenir la moyenne d'âge et préserver les profils
de carrière.
Les postes budgétaires ouverts pour les
effectifs d'équipages
resteront fixés, comme en 1999, à 7 928 hommes. Cette
stabilité recouvrait, dès 1997, une baisse du flux de recrutement
des engagés "classiques" au profit de l'instauration d'un nouveau type
d'engagés, les
"contrats courts Marine".
En 1999, le
recrutement d'engagés "classiques"
restera au
même niveau qu'en 1998, à savoir 700 recrutements par l'Ecole de
maistrance, à Brest, pour des personnels destinés à
devenir rapidement officiers mariniers, et 1 500 recrutements d'engagés
initiaux de longue durée, bénéficiant de contrats de 4 ou
8 ans et formés au Centre d'instruction naval de Querqueville.
Inaugurée en 1997, la formule des
"contrats courts"
permet de
pourvoir en partie des postes précédemment occupés par des
appelés ne nécessitant pas de qualification et offrant peu de
perspectives de progression professionnelle. En 1999, le flux de recrutement
devrait être de 900 engagés sur contrat de 2 ans.
L'année 1999 verra également les
premiers recrutements de
volontaires.
Le nombre de postes ouverts au budget est fixé à
140. Il devrait passer à 500 en 2000, 1 000 en 2001, pour atteindre en
2002 les 1 775 postes prévus par la loi de programmation. Les
volontaires occuperont eux aussi des emplois précédemment tenus
par des appelés : postes de haut niveau, postes embarqués, postes
de gendarmes auxiliaires, postes à terre. En 1999, les premiers
recrutements interviendront au second semestre.
Enfin, l'augmentation de la présence de civils dans la Marine se
poursuit sur un rythme soutenu puisque
861 postes de civils
supplémentaires seront créés en 1999.
Alors qu'en 1998
les recrutements nécessaires pour pourvoir les postes
créés et ceux laissés vacants par les départs
devaient principalement être pourvus par des transferts internes au
ministère de la défense, la Marine devrait obtenir en 1999 une
augmentation notable des possibilités de recrutement externes qui
s'élèveraient au minimum à 957 fonctionnaires, dont 438
ouvriers professionnels, maîtres ouvriers et conducteurs. Toutefois, ces
recrutements externes risquent d'être insuffisants pour combler les
vacances apparues sur les postes budgétaires d'emplois civils,
déjà très importantes depuis 1998.
2. Les charges de personnel
Le
montant des crédits inscrits au titre III et relatifs aux
rémunérations et charges sociales des personnels de la Marine
s'élève pour 1999 à
10,264 milliards de francs,
soit une
augmentation de 1,9 % par rapport à 1998.
Il faut rappeler que ce chiffre traduit très imparfaitement
l'évolution réelle des charges de personnel puisqu'il n'englobe
que les rémunérations et charges sociales des personnels
militaires, les personnels civils étant rémunérés
sur le budget des services communs, c'est-à-dire sur les crédits
de la direction de la fonction militaire et du personnel civil.
Alors que le recrutement, en nombre important, de personnels civils reste sans
incidence sur le titre III du budget de la Marine, les dépenses de
rémunérations et charges sociales correspondant à des
effectifs militaires (professionnels et appelés) en baisse, progressent
néanmoins de 1,9 %.
En effet, si la
réduction des effectifs
militaires
entraînera en 1999 une
économie de l'ordre de 80 millions de
francs,
les
revalorisations et mesures indemnitaires
communes
à l'ensemble des armées entraînent une
dépense
supplémentaire de plus de 290 millions de francs.
Deux lignes concernant la rémunération des volontaires, pour un
total de 9 millions de francs, apparaissent pour la première fois au
budget 1999.
Par ailleurs, la dotation destinée aux pécules d'incitation au
départ, inscrite en 1998 au budget de la Marine, passe de 85,1 à
86,6 millions de francs.
Il faut enfin signaler que la gestion 1998 des crédits de
rémunérations et charges sociales a été
affectée par un report de charges afférent à la gestion
1997, qui n'a été que partiellement résorbé par le
décret d'avances du mois d'août 1998.
Pour la Marine comme pour l'ensemble du ministère de la Défense,
l'évolution des dépenses de rémunérations et de
charges sociales est affectée par des mesures qui ne pouvaient
être connues au moment de la préparation de la loi de
programmation. Il en va ainsi par exemple de l'accord salarial conclu le
10 février 1998 dans la fonction publique qui conduit à
faire bénéficier les engagés, dont la solde a
été fortement revalorisée, de mesures spécifiques
en faveur des bas salaires. Ces dépenses nouvelles doivent être
financées à enveloppe constante, si bien que les
rémunérations et charges sociales absorbent une part croissante
du titre III, au détriment des dépenses de
fonctionnement.
B. LE REMPLACEMENT DES APPELÉS SE HEURTE À DES DIFFICULTÉS ACCRUES
On a
souligné que le remplacement des appelés entraînerait un
recrutement assez limité de personnels militaires, essentiellement pour
les emplois à bord des bâtiments, alors que priorité a
été donnée au recrutement de civils en provenance de la
DGA et de la DCN.
L'insuffisance des résultats obtenus
laisse présager une
persistance des vacances de postes qui pourrait perturber sérieusement
le fonctionnement des services. L'alternative offerte par le recours à
la sous-traitance demeure peu encouragée faute de crédits
budgétaires significatifs.
1. Les vacances de postes de personnels civils prennent une proportion inquiétante
Votre
rapporteur avait souligné dès l'an passé le risque d'une
accentuation du déficit en personnel civil par rapport aux effectifs
budgétaires alloués à la Marine. Ces craintes se sont
vérifiées puisque le taux de
postes vacants
devrait se
situer au-dessus de
10 % des effectifs budgétaires
à la
fin de l'année 1998.
L'exercice consistant à vouloir résorber les sureffectifs de la
DCN en opérant des reclassements dans la Marine a rapidement
montré ses limites et après une année 1997 satisfaisante
sur le plan qualitatif, le flux de mutations volontaires s'est rapidement
atténué.
Plus précisément, on constate que dans les ports de Brest et de
Toulon, la Marine est parvenue à pourvoir les postes dévolus
à du personnel civil avec une relative facilité, en raison d'un
nombre significatif de volontaires au sein des établissements de la DCN
situés dans l'environnement immédiat. Le déficit se
concentre surtout dans les ports de Cherbourg et Lorient ainsi qu'à
Paris, les postes y étant offerts attirant peu de volontaires.
Il faut également observer qu'aux
obstacles géographiques
s'ajoutent des problèmes liés aux
profils des postes
. Le
départ des appelés provoque par exemple des besoins très
importants pour les emplois d'entretien et de restauration qui ne sont
guère susceptibles d'être pourvus par des ouvriers des arsenaux.
Enfin, les volontariats ont sans doute pâti des récentes mesures
de dégagement des cadres à partir de 52 ans prises au profit du
personnel civil de la DCN.
Etant donné le nombre important de postes budgétaires civils
créés en 1999, et malgré l'augmentation notable des
possibilités de recrutement par voie de concours, il apparaît peu
probable que le nombre de postes vacants sur des emplois civils diminue, sauf
à obtenir une levée des interdictions d'embauche des ouvriers
hors du ministère de la Défense.
Le
maintien d'un déficit important de personnels civils
alors que
le nombre d'appelés diminue rapidement entraîne des
répercussions négatives sur le soutien des formations de la
Marine et constitue une
inquiétude majeure pour la réussite de
la professionnalisation
.
2. Le recours à la sous-traitance : une solution peu encouragée
Face
à la difficulté de recruter le personnel civil ou militaire qui
pourrait effectuer certaines tâches effectuées par les
appelés
, la sous-traitance peut constituer une solution
alternative
, soit qu'elle permette de satisfaire ces besoins, soit qu'elle
libère des personnels susceptibles d'être redéployés
vers d'autres emplois.
La Marine, qui pratique déjà la sous-traitance pour
l'affrètement des navires, l'entretien immobilier ou le gardiennage
d'emprises pourrait ainsi être conduite à la développer
plus largement dans les domaines de la maintenance et de la gestion des
infrastructures, de la logistique et des services aux personnes dans ses
formations terrestres (bases aéronavales, écoles, centres de
formation).
Le développement de la sous-traitance se heurte toutefois à une
insuffisance de financement
qui n'a guère été prise
en compte dans la loi de programmation.
D'une part, les contrats de sous-traitance ne peuvent être
financés par des crédits du titre V, bien qu'ils permettent
pourtant de réaliser des économies sur les dépenses
d'équipement. D'autre part, la Marine ne peut en aucune manière
bénéficier de la marge budgétaire engendrée par les
vacances de postes civils pour recourir à la sous-traitance. En effet,
les emplois de personnels civils ne sont pas financés par le budget de
la Marine, mais par celui des services communs.
En 1998, une mesure nouvelle de 10 millions de francs au titre de la
sous-traitance avait été intégrée au budget. Dans
ce cadre a pu être financée une opération relative à
l'alimentation du centre de transmission de Sainte-Assise en région
parisienne.
Pour 1999, les ressources dégagées ne permettront de mettre en
place qu'une seule action, la concession du transport effectuant la
traversée de la rade de Toulon, pour un bénéfice de 10
emplois seulement.
A l'évidence, les moyens financiers très limités ne
permettent pas d'engager d'opérations de sous-traitance d'envergure.
On doit constater que la Marine risque de rencontrer de vives
difficultés pour recruter le personnel pouvant effectuer certaine
tâches accomplies par les appelés sans pour autant avoir la
latitude de confier ces activités, ne serait-ce que temporairement,
à des services civils.
CHAPITRE III
LES MOYENS D'ÉQUIPEMENT DE LA
MARINE
Les
grandes lignes d'évolution des moyens d'équipement de la Marine
pour les prochaines années ont été arrêtées
par la loi de programmation militaire 1997-2002.
Sans que soient remises en cause ou modifiées ses missions
fondamentales, en matière de dissuasion, de projection, de
prévention ou de protection, la Marine doit au cours de cette
période rallier un
format plus réduit
, tant pour la
flotte, qui passera de 100 à 80 bâtiments, que pour
l'aéronautique navale qui, au cours de la période couverte par la
programmation, verrait son nombre d'appareils passer d'environ 300 à 240.
Votre rapporteur a plusieurs fois souligné combien la réussite
d'un tel défi, à savoir mener à bien des missions au moins
équivalentes avec des moyens réduits, supposait que
parallèlement soient préservés les programmes qui doteront
la Marine d'équipements plus modernes et plus performants.
La sévère "encoche" opérée en 1998 dans le budget
de la Marine a suscité de sérieuses inquiétudes car si
elle ne compromettait pas définitivement la poursuite des objectifs
assignés par la loi de programmation, elle laissait planer un doute sur
le niveau des moyens financiers pour les années à venir et ne
pouvait être pérennisée sans entraîner une
révision beaucoup plus profonde des ambitions de notre Marine.
La "revue de programmes" dont les conclusions ont été rendues en
avril dernier, et sur la base de laquelle a été
élaboré le budget 1999, dissipe en grande partie ces
inquiétudes. En effet, la Marine bénéficie d'un
budget
d'équipement en augmentation de 7,5 %
et, si elle ne retrouve pas
intégralement le niveau prévu en programmation, le "manque
à gagner" est cette fois plus limité. Il découle des choix
opérés à l'issue de la revue de programmes et
d'économies qui devraient rester compatibles avec le modèle de
Marine défini pour 2002.
Votre rapporteur présentera tout d'abord les conclusions de cette "revue
de programmes" et leurs conséquences, avant d'analyser plus en
détail l'évolution des capacités de la Marine en 1999 et
le déroulement des principaux programmes.
I. LA "REVUE DE PROGRAMMES" : UNE RÉVISION LIMITÉE DES MOYENS DE LA MARINE
La "revue de programmes" conduite au cours de l'automne et de l'hiver derniers se présente en première analyse comme une opération de recherche d'économies pour les années restant à courir d'ici le terme de la programmation. Les décisions prises recouvrent un ensemble de mesures de nature différente, allant des procédés classiques de décalage de programmes ou d'aménagement de calendrier à la mise en oeuvre de procédures d'acquisition moins coûteuses ou à la limitation de la disponibilité de certains matériels. La cohérence d'ensemble du modèle de Marine n'est pas affectée sans pour autant que les choix opérés soient dépourvus de conséquences sur les capacités opérationnelles.
A. UNE ÉCONOMIE DE 3,9 MILLIARDS DE FRANCS DE 1999 À 2002
L'ensemble des mesures décidées à l'issue de la "revue de programmes" permet, d'ici 2002, une économie de près de 3,9 milliards de francs. En ce qui concerne le budget 1999, ces économies sont proches de 900 millions de francs. Elles devraient atteindre leur plein rendement en 2000 et 2001 alors qu'en 2002 commenceront à se faire sentir les dépenses qui n'ont été que reportées dans le temps.
1. L'optimisation du calendrier du programme SNLE-NG
L'aménagement du calendrier du programme SNLE-NG et sa
mise en cohérence avec celui du missile balistique M 51
constitue
l'une des principales sources d'économie issue de la "revue de
programmes". Ces économies, sur le titre V de la Marine, sont
estimées à
653 millions de francs d'ici 2002
auxquels se
rajoutera près de 1,1 milliard de francs sur la période de la
planification, c'est-à-dire de 2002 à 2015.
L'admission au service actif du SNLE-NG n° 3
, le Vigilant,
déjà reportée d'un an à la suite d'une
décision prise l'an passé,
serait à nouveau
décalée de six mois
pour intervenir en juillet 2004. Quant au
SNLE-NG n° 4
, son
admission au service actif sera
repoussée d'un an
, de juillet 2007 à juillet 2008. En
contrepartie, la
mise en service du missile balistique M 51
a
été
avancée de deux ans
, de 2010 à 2008, de
manière à équiper d'emblée le 4e SNLE-NG.
Cette opération permet de réduire le coût du maintien en
condition opérationnelle des missiles M 45 et surtout de
limiter aux
seuls trois premiers SNLE-NG le programme d'adaptation au M 51.
Parallèlement, le calendrier de retrait du service actif des SNLE de
génération actuelle a lui aussi été
réaménagé, une modification de l'échéance
des grands carénages permettant d'avancer d'un an le retrait de
l'Inflexible tout en assurant la permanence de la disponibilité de trois
SNLE.
Votre rapporteur observe que les glissements successifs imposés au
programme SNLE-NG rendaient logique la recherche d'une mise en cohérence
avec le programme M 51 afin d'éviter d'inutiles
surcoûts.
2. Le décalage de programmes
Le
décalage de programme a constitué par le passé l'un des
moyens privilégiés de la recherche d'économies. Dès
l'an dernier, certaines décisions avaient été
annoncées concernant l'admission au service actif du porte-avions
Charles de Gaulle, l'équipement au standard définitif de la
première flottille de Rafale, la modernisation des chasseurs de mines
tripartites ou encore la commande d'avions Falcon 50 destinés à
la surveillance maritime
.
Deux décisions nouvelles
ont été prises dans le cadre
de la revue de programmes :
- un
retard d'un an sur la livraison de Rafale au standard F2
(capacité air-sol), après 2005, ce qui ne remet pas en cause
la date de la constitution de la première flottille au standard F1 ;
cette mesure permet une
économie de 369 millions de francs
,
- le
décalage de deux ans de la livraison du bâtiment
hydrographique océanique
, repoussée à 2002, qui permet
d'économiser
71 millions de francs sur la période
.
D'une manière générale, il faut rappeler que les
décalages de programme, s'ils se traduisent par une économie
immédiate sur une période donnée, ne font que repousser
dans le temps des dépenses inéluctables, avec parfois des
surcoûts.
3. La recherche de modes d'acquisition moins coûteux : les programmes NTCD et Hawkeye
Une
économie de plus de 600 millions de francs
est
espérée sur le
programme de nouveaux transports de chalands de
débarquement (NTCD),
qui prévoit la livraison de deux
bâtiments en 2004 et 2006. Elle résulterait d'une
démarche comparative
, nationale et européenne, consistant
à étudier les prix proposés sur le marché afin de
définir un "coût objectif" qui s'imposera à l'industriel et
permettra la réalisation du programme dans le cadre d'une enveloppe
contrainte sans compromettre le besoin opérationnel, en recherchant des
solutions techniques et opérationnelles innovatrices.
D'autre part, la commande du
troisième avion de guet
embarqué
Hawkeye sera avancée afin de
bénéficier d'une
commande groupée
avec l'US Navy
qui permettrait de réaliser une économie de
194 millions de
francs de 2000 à 2002
.
4. Les autres mesures d'économies
Il a
tout d'abord été décidé de renoncer à deux
programmes :
- le
missile porte-torpille MILAS,
dont la France se retire à
l'issue du développement conduit avec l'Italie
(économie de
214 millions de francs),
- le projet de
torpille lourde,
qui devait armer nos sous-marins en
2010, dont les études et le développement sont abandonnés
au profit d'une acquisition sur le marché
(économie de 228
millions de francs).
Plus importante apparaît la décision de
retirer du service le
porte-avions Foch
dès l'admission au service actif du Charles de
Gaulle fin 1999, et, corrélativement, de
désarmer la flottille
d'Alizé
qui devait être maintenue au profit du Foch jusqu'en
2005. Cette mesure, qui procure une
économie de 235 millions de
francs
, se répercute directement sur la permanence du groupe
aéronaval.
Enfin, une
diminution de dépenses de plus de 1,3 milliard de
francs
est attendue d'un
prélèvement de l'ordre de 5 % sur
les flux destinés à l'entretien programmé des
matériels
, à l'
infrastructure
et
aux
développements des petits programmes
.
B. LES CONSÉQUENCES DE LA "REVUE DE PROGRAMMES"
Au regard du modèle défini pour la Marine, les conséquences de la "revue de programmes" paraissent limitées puisque aucun programme majeur n'est remis en cause . Sur le plan opérationnel en revanche, le retrait du porte-avions Foch entraîne l'abandon du concept de quasi-permanence du groupe aéronaval alors que la compression des dépenses d'entretien programmé des matériels se répercutera sur la disponibilité des bâtiments et des aéronefs.
1. La permanence du groupe aéronaval en question
Avec la
décision du retrait du Foch est abandonné le concept dit de
"quasi permanence" du groupe aéronaval, qui reposait sur la "mise en
sommeil" du Foch et sa réactivation lors de la première
période d'indisponibilité majeure du porte-avions
nucléaire Charles de Gaulle, c'est-à-dire en 2004-2005.
Selon le ministère de la Défense, la mise en sommeil du Foch
constituait une solution coûteuse qui ne donnait pas pour autant
entièrement satisfaction sur le plan opérationnel. Elle aurait
nécessité soit la poursuite de l'adaptation du Foch au Rafale,
qui impliquait une dépense conséquente pour une durée
d'utilisation relativement brève, soit de renoncer à utiliser le
Rafale sur le Foch, ce qui, combiné à l'impossibilité
d'embarquer le Hawkeye aurait fortement limité les capacités
opérationnelles du porte-avions.
Si la décision prise possède sa logique, sur le plan
économique, et si la solution retenue par la loi de programmation
manquait de crédibilité, il n'en demeure pas moins que
la
France sera privée de sa capacité de projection
aéromaritime pendant les dix-huit mois d'indisponibilité du
Charles de Gaulle, en 2004-2005
. La Marine se trouvera ainsi
dépourvue pour une période relativement longue, de l'une de ses
capacités majeures, alors qu'aujourd'hui la projection de force et de
puissance constitue, avec la dissuasion, sa mission principale. Une telle
situation se reproduira pour la seconde période d'entretien, en
2010-2011.
Cette situation ne peut manquer de faire resurgir la
question de la
commande d'un second porte-avions
après 2002, afin de garantir
à partir de 2012 la permanence du groupe aéronaval. Selon les
informations dont dispose votre rapporteur, la réalisation d'un second
porte-avions nucléaire représenterait un coût aujourd'hui
estimé à 11,5 milliards de francs, ce coût pouvant
être réduit de 1 milliard de francs en cas de recours à une
propulsion classique. Par ailleurs, la
possibilité d'une synergie
avec la Marine
britannique
, qui vient d'engager des études
pour la constitution d'un groupe aéronaval de deux porte-avions, est
également en cours d'examen. En effet, les bâtiments
envisagés pour la Royal Navy, à propulsion classique, seraient de
conception voisine du Charles de Gaulle par leur tonnage (40 000 tonnes) et
surtout par leur capacité à emporter des avions à long
rayon d'action, de l'ordre de 500 nautiques, grâce aux moyens de
catapultage et aux brins d'arrêt, et non plus des avions à
décollage vertical dont le rayon d'action est beaucoup plus
limité (de l'ordre de 100 nautiques).
Même si le lancement éventuel de la construction d'un second
porte-avions ne peut intervenir qu'à partir de 2003, dans le cadre de la
prochaine loi de programmation militaire, il est évident que les
réflexions doivent désormais être sérieusement
menées.
2. Un impact sur la disponibilité des bâtiments et des aéronefs
En
dehors de la permanence opérationnelle du groupe aéronaval, les
décisions prises dans le cadre de la "revue de programmes" pourraient
avoir un impact sur la disponibilité des matériels.
Alors que les crédits de fonctionnement du titre III sont
extrêmement contraints et n'autorisent guère de marge de
manoeuvre, sauf à trancher dans les crédits relatifs aux
combustibles, l'abattement opéré sur les crédits
d'entretien programmé des matériels, qui avait
dépassé 500 millions de francs en 1998, dépassera 1,1
milliard de francs sur les quatre années 1999-2002.
La compression des moyens de fonctionnement et des crédits d'entretien
pourrait se traduire par des réductions d'activité, voire par le
report d'entretien majeur d'unités opérationnelles, ce qui
entraînerait leur maintien à quai, comme on a pu l'observer pour
certains bâtiments dès 1998.
II. L'ÉVOLUTION DES CAPACITÉS DE LA MARINE
L'année 1999 sera marquée par la poursuite de la réduction de format de la flotte et de l'aéronautique navale et la mise en oeuvre d'un deuxième train de restructurations. La compression des crédits d'entretien programmé des matériels, de fonctionnement et d'infrastructure constitue une contrainte supplémentaire qui réduira les marges de manoeuvre de la Marine pour la conduite de ses activités.
A. UNE RÉDUCTION DE FORMAT QUI SE POURSUIT
Moins nombreux en 1998 qu'en 1997, les retraits de service de bâtiments reprennent un rythme significatif en 1999 afin de rallier au plus vite le modèle prévu pour 2002.
1. La flotte
Au cours
de l'année 1998, la Marine n'a reçu livraison que d'un seul
bâtiment important, le transport de chalands de débarquement
SIROCO alors qu'elle a retiré du service actif deux sous-marins diesel,
un chasseur de mines, un remorqueur de haute mer ainsi que cinq autres petits
bâtiments.
L'année 1999 verra le
retrait de 14 bâtiments
dont le
SNLE Le Tonnant, la frégate anti-sous-marins Duguay-Trouin, les
avisos
(type A 69), D'Estienne d'Orves, Jean Moulin et Amyot
d'Inville, et deux bâtiments d'expérimentation, d'essais et de
mesures, l'Ile d'Oléron et le Berry.
Parallèlement, devraient être admis en service actif le
porte-avions Charles de Gaulle, le deuxième SNLE-NG Le
Téméraire et la quatrième frégate de type La
Fayette, l'Aconit.
Une incertitude demeure cependant sur la date de l'admission au service actif
du Charles de Gaulle, prévue fin 1999 mais qui pourrait glisser en 2000
pour des raisons techniques liées à d'ultimes mises au point sur
les circuits de récupération de vapeur.
Le tableau suivant récapitule l'évolution de la flotte sur les
années 1999 et 2000.
Évolution de la flotte en 1997 et 1998
|
1/1/1998 |
1/1/1999 |
1/1/2000 |
SNLE |
4 |
4 |
4 |
Sous-marins d'attaque |
8 |
8 |
8 |
Porte-avions |
1 |
1 |
1 |
Transports de chaland de débarquement* |
5 |
5 |
5 |
Frégates antiaériennes |
4 |
4 |
4 |
Frégates anti-sous-marins |
10 |
10 |
9 |
Frégates de 2e rang |
19 |
20 |
17 |
Bâtiments antimines |
15 |
14 |
14 |
Bâtiments logistiques |
7 |
7 |
6 |
Bâtiments de souveraineté |
22 |
22 |
22 |
Petites unités |
7 |
7 |
7 |
Service public |
5 |
5 |
5 |
TOTAL |
107 |
107 |
102 |
* dont porte-hélicoptères Jeanne d'Arc |
|
|
|
On
observera qu'à la fin de l'année 1999, la Marine aura
pratiquement rallié son format prévu pour 2002 et
opéré l'essentiel de la réduction de son format. Ne
resteront à opérer au cours des années 2001 et 2002 que
les retraits des deux derniers sous-marins diesel (le La Praya étant
cependant conservé comme bâtiment d'expérimentation et
d'essais) et de trois frégates de deuxième rang.
Le tableau ci-dessous rappelle l'évolution de la flotte d'ici 2002 et
2015 pour les principaux bâtiments de combat et de soutien, telle qu'elle
résulte de la loi de programmation 1997-2002.
Évolution de la flotte jusqu'en 2015
(rapport annexé à la loi de programmation 1997-2002)
Bâtiments de combat et de soutien |
1996 |
2002 |
2015 |
SNLE |
5 |
4 |
4 |
Sous-marins nucléaires d'attaque |
6 |
6 |
6 |
Sous-marins diesel |
6 |
- |
- |
Porte-avions |
2 |
1 |
2* |
Frégates antiaériennes |
4 |
4 |
4 |
Frégates anti-sous-marins |
11 |
8 |
8 |
Frégates de 2e rang et avisos |
17 ** |
14 |
14 |
Bâtiments antimines |
16 |
14 |
16 |
TCD |
4 *** |
4 |
4 |
* Le
second porte-avions est planifié pour 2015, sous réserve que les
conditions économiques le permettent
** non comprises 2 frégates type " La Fayette " livrées
fin 1996
*** dont le porte-hélicoptères Jeanne d'Arc
2. L'aéronautique navale
L'aéronautique navale est, elle aussi, affectée
par
une réduction de format.
En ce qui concerne
l'aviation embarquée,
plusieurs
évolutions sont intervenues en 1998 et se poursuivront en 1999 :
- la Marine recevra
livraison de 8 Super-Etendard modernisés
supplémentaires en 1998,
la livraison des deux derniers avions
modernisés étant prévue en 2001 ; le Super-Etendard, qui
continuera à faire l'objet d'améliorations, restera la
pièce principale du groupe aérien embarqué jusqu'à
la montée en puissance du Rafale, après 2005,
- les
11 Crusader
de la flottille 12 F
seront retirés à
l'automne 1999,
cette flottille n'étant réactivée
qu'en 2001, avec 6 Rafale (la flottille complète, avec 10 appareils,
étant prévue pour 2002),
- la "mise en sommeil" de la flottille 4 F à Lann Bihoué au cours
de l'année 1998 entraînera le
retrait de
6 Alizé
; les neuf derniers appareils,
conservés pour assurer une
capacité d'éclairage au profit du groupe aéronaval,
seront retirés en même temps que le Foch
,
c'est-à-dire fin 1999 ou début 2000,
- enfin, la Marine a reçu
livraison en 1998 des deux avions de guet
aérien embarqué Hawkeye
qui constitueront désormais la
flottille 4 F, réactivée début 1999.
Votre rapporteur tient à rappeler que le retrait, à partir de
l'an prochain, des Crusader, provoquera un "trou" dans la
défense
antiaérienne du porte-avions Charles de Gaulle
jusqu'à la
constitution de la première formation de Rafale en 2001. Cette relative
faiblesse ne sera que partiellement compensée par les capacités
de combat des Super-Etendard modernisés, qui demeurent limitées
aux basses et moyennes altitudes. Aussi les possibilités d'emploi du
porte-avions seront-elles moins larges en cas de menace aérienne
importante.
S'agissant de
l'aviation de patrouille maritime,
elle a reçu
livraison au début de l'année 1998 de son 28e Atlantique 2, mais
6 appareils seront "mis sous cocon" lors de la dissolution de la flottille 24 F
de Lann Bihoué. Ces appareils seront tenus en réserve, soit pour
une vente éventuelle, soit pour compenser l'attrition. La flottille 24 F
sera réactivée en 1999, lorsqu'elle aura reçu 2 appareils
Falcon 50 sur un total de 4 appareils prévus en 2002. Ces appareils
permettront d'assurer à un moindre coût des missions actuellement
effectuées par des Atlantique 2 outre-mer.
Précisons enfin qu'aucune modification n'est prévue en 1999 sur
le parc d'hélicoptères.
La profonde évolution des formations de l'aéronautique navale
s'accompagne d'une réorganisation entamée dès l'an
passé avec la création d'une division de l'aéronautique
navale qui constitue désormais la quatrième division au sein de
l'état-major de la Marine. En outre, depuis le mois de juin 1998, les
deux forces de l'aéronautique navale (aviation embarquée et
aviation de patrouille maritime) ont été réunies au sein
d'un même commandement organique de l'aviation navale (ALAVIA) qui
rassemble toutes les formations d'avions et d'hélicoptères de la
Marine.
3. La deuxième série de restructurations
Conformément au dispositif arrêté en 1996,
après une première phase touchant essentiellement les forces
elles-mêmes, une deuxième phase de restructurations s'ouvre en
2000 en direction des structures territoriales, des centres de formation, de
l'environnement et du soutien des forces.
Au cours de l'année 1998, l'établissement principal de
l'aéronautique navale de Quimper a été
transféré à Lann-Bihoué. L'Ecole de chasse
embarquée située sur la base aéronavale de Landivisiau a
été dissoute le 1er mars et transférée vers
l'Armée de l'air, au sein d'une section Marine de la base
aérienne 120 à Cazaux.
Les restructurations reprendront à partir de 2000 avec la suppression de
l'arrondissement maritime de Lorient en 2001, la dissolution de la
dernière flottille d'Alizé stationnée à
Nîmes-Garons, le transfert de Rochefort vers le Centre d'instruction
naval de Querqueville de l'école des fourriers, la dissolution des
antennes de la direction des travaux maritimes, du service technique des
transmissions, de la direction du commissariat de la Marine à Rochefort
et, enfin, le transfert à Hyères de l'établissement de
l'aéronautique navale de Cuers-Pierrefeu.
Au terme de cette période d'adaptation,
la Marine aura
concentré tous ses soutiens dans les ports de Brest
(qui prendra en
charge le soutien du port de Lorient),
Toulon et Cherbourg
.
L'aéronautique navale sera réorganisée dans un dispositif
plus concentré, réparti sur six bases aéronavales, dont
trois sur la façade atlantique, Lann-Bihoué (patrouille et
surveillance maritimes, Hawkeye), Lanvéoc-Poulmic
(hélicoptères) et Landivisiau (chasse embarquée) et trois
sur la façade méditerranéenne, Nîmes Garons
(patrouille et surveillance maritimes), Saint-Mandrier
(hélicoptères) et Hyères. L'achèvement de la
professionnalisation entraînera la fermeture du centre de formation
maritime d'Hourtin (Gironde), actuellement chargé de l'incorporation des
appelés de la Marine.
B. UNE CONTRAINTE ACCRUE SUR LES DOTATIONS D'ENTRETIEN, DE FONCTIONNEMENT ET D'INFRASTRUCTURE
Alors que les crédits de fonctionnement courant continuent de diminuer , la forte baisse des dotations d'entretien programmé des matériels et d'infrastructure, qui avait conduit à reporter certaines opérations, ne sera que partiellement compensée en 1999.
1. La diminution des crédits de fonctionnement courant
Les
crédits de fonctionnement courant de la Marine, regroupés au
chapitre 34-05, passent de 1,740 milliard de francs en 1998 à 1,620
milliard de francs en 1999, soit une
diminution de 6,9 %.
Votre rapporteur a souligné à plusieurs reprises que ce chapitre
connaissait depuis plusieurs années une insuffisance structurelle de
l'ordre de 150 millions de francs qui en rendait la gestion
particulièrement tendue, tout particulièrement sur les postes
relatifs aux frais de déplacement, qui recouvre notamment la
participation d'officiers à des réunions, de plus en plus
nombreuses, de niveau international (OTAN, UEO, coopération avec les
marines étrangères), mais aussi les prises de bail pour le
personnel outre-mer et l'entretien immobilier.
Au cours de l'année 1998, une conjoncture particulièrement
favorable quant au cours du dollar et du baril, ainsi que des mesures de
déstockage prises par le service des essences, ont permis de
dégager des excédents sur les crédits relatifs aux
produits pétrolier et de les réaffecter pour couvrir ces
insuffisances.
Pour 1999, les
crédits consacrés aux produits
pétroliers
(combustibles de la flotte et carburant de
l'aéronautique navale), passent de 401,2 millions de francs à
339,3 millions de francs, soit une
diminution de 18,3 %.
Cette
réduction importante correspond pour partie à la réduction
du format de la flotte, y compris le désarmement du porte-avions Foch,
et pour près des deux tiers à la révision des
hypothèses économiques (dollar à 6 F) et à la
réactualisation du cours du pétrole (13,99 dollars le baril).
Dans ces conditions l'abattement imposé aux crédits relatifs aux
produits pétroliers ne devrait pas avoir d'effet sensible sur les
activités des unités.
S'agissant des
dépenses de fonctionnement hors produits
pétroliers,
elles subiront pour leur part une
diminution de 4,3
%
qui rendra leur gestion plus difficile. Ici encore, la réduction
du format de la Marine entraîne une baisse mécanique de 39,6
millions de francs de ces dépenses. Par ailleurs, un transfert de 17,1
millions de francs sera opéré au profit de la Direction centrale
du service national au titre de la participation de la Marine au financement de
l'appel de préparation à la défense. Enfin, deux mesures
supplémentaires sont imposées à la Marine, l'une sur les
coûts de formation (12 millions de francs) et l'autre sur les coûts
des services centraux et territoriaux (9 millions de francs).
Parallèlement, le budget de la Marine bénéficiera en 1999
d'une
mesure nouvelle de 8,8 millions de francs
pour permettre le
financement d'actions de sous-traitance, de reconversion et de convocation du
personnel des réserves.
Enfin, on remarquera que les
crédits d'alimentation
enregistreront une
diminution de 16,8 %
(557 millions de francs en 1998
et 464 millions de francs en 1999) qui va très au-delà des effets
mécaniques de la baisse des effectifs et qui intègre une
mesure d'économie supplémentaire de 50 millions
de francs
susceptible, elle aussi, de provoquer des difficultés de gestion.
Les crédits de fonctionnement courants ont désormais atteint un
niveau qui laisse peu de marge de manoeuvre, sauf à réduire les
dotations en carburants et à limiter l'activité des
forces.
2. Des crédits d'entretien programmé des matériels qui ne retrouveront que partiellement le niveau attendu
Alors
que tous chapitres budgétaires confondus, les
crédits
d'entretien programmé des matériels
avaient diminué de
12,8 % en 1998, ils
augmenteront de 2,9 % en 1999
. Cette
légère progression ne permet de résorber que très
partiellement "l'encoche" opérée en 1998 et sa relative
modération résulte de la décision prise à l'issue
de la "revue de programmes" d'opérer une
réduction
forfaitaire
de 5 % sur les dépenses d'entretien programmé des
matériels.
Le tableau ci-dessous récapitule l'évolution de l'ensemble des
crédits d'entretien programmé des matériels, en
distinguant d'une part le titre III et le titre V et d'autre part les
crédits de la flotte classique, ceux de l'aéronautique navale et
ceux de la FOST.
Evolution des crédits d'entretien programmé des matériels
|
T. III
|
T. V
|
Total
|
T. III
|
T. V
|
Total
|
% |
EPM flotte classique |
639 |
1 894 |
2 533 |
505 |
2 446 |
2 951 |
+ 16,5 |
EPM aéronautique navale |
59 |
1 667 |
1 726 |
41 |
1 426 |
1 467 |
- 15,0 |
Total hors FOST |
698 |
3 561 |
4 259 |
546 |
3 872 |
4 418 |
+ 3,7 |
EPM FOST |
- |
1 188 |
1 188 |
- |
1 188 |
1 188 |
- |
TOTAL EPM |
698 |
4 749 |
5 447 |
546 |
5 060 |
5 606 |
+ 2,9 |
Ce
tableau appelle une première remarque. Un
nouveau transfert de 150
millions de francs
sera opéré en 1999 du titre III au titre V
dans les crédits d'entretien programmé de la flotte classique.
Après un transfert de même type d'un montant de 500 millions de
francs en 1997, puis, en 1998, d'un transfert de 190 millions de francs vers la
DGA dans le cadre de la séparation des activités étatiques
et industrielles de la DCN, cette opération tend à donner aux
crédits d'entretien programmé du titre III une part de plus en
plus résiduelle.
Une distinction a certes été établie entre les
dépenses qui doivent relever du titre III (énergie
électrique, fluides, rechanges courants, charges logistiques de
stockage, entretien des services militaires à terre, maintien en
condition opérationnelle des armes d'infanterie, frais étatiques)
et celles inscrites au titre V (essentiellement entretien majeur des
sous-marins et des bâtiments de surface). Mais votre rapporteur observe
que les transferts opérés au cours des dernières
années trouvent principalement leur motivation dans la montée des
dépenses de rémunération et charges sociales qui absorbent
une part croissante des ressources du titre III,
les crédits
d'entretien programmé
des matériels jouant le rôle
de variable d'ajustement
. En fin de compte, ces transferts successifs vers
le titre V n'ont eu d'autres effets que de réduire les ressources
disponibles pour la réalisation des programmes d'équipement.
Force est de constater qu'au niveau désormais atteint par les
crédits d'entretien programmé du titre III, il ne sera plus
guère possible de jouer sur de telles opérations de transfert.
En ce qui concerne la variation des dotations pour 1999, celles
consacrées à la FOST resteront inchangées alors que celles
de la flotte classique augmenteront de 16,5 % et celles de
l'aéronautique navale diminueront de 15 %. Ces évolutions
différenciées, qui sont liées aux calendriers d'entretien,
ne doivent pas masquer une
tendance générale à la
diminution des ressources au regard des exigences de l'entretien des
bâtiments et des aéronefs.
La Marine doit en effet faire face à des
coûts d'entretien
élevés
, tant en raison de l'utilisation de bâtiments
anciens au-delà de leur durée de vie initialement prévue,
que de la complexité des bâtiments les plus récents. A
défaut d'évolution des ressources à un niveau suffisant,
elle est amenée à allonger la durée séparant deux
grands carénages, à diminuer le volume des travaux
effectués lors de ceux-ci ou à abandonner des opérations
d'entretien préventif. Tout en permettant des économies
immédiates, ces solutions peuvent engendrer des surcoûts lors
d'interventions inopinées ou d'avaries plus fréquentes.
Au cours de l'année 1998 plusieurs opérations d'entretien majeur
qui étaient programmées ont été retardées,
voire supprimées. Le bâtiment école Jeanne d'Arc ainsi que
la frégate lance-missiles Duquesne ont dû être maintenus
à quai.
Plusieurs autres opérations d'entretien majeur prévues en 1999
vont également être reportées ou annulées, ce qui
risque d'accroître le taux d'indisponibilité des unités
dans un contexte de réduction du format de la flotte.
En ce qui concerne l'aéronautique navale, la réduction des
ressources s'est déjà traduite par une augmentation des
délais de remise en état des aéronefs et une diminution
continue des stocks de rechanges.
Une partie des difficultés générées par les
contraintes budgétaires est actuellement subordonnée à
l'adaptation de la Direction des constructions navales et à la
contractualisation de ses relations avec la Marine, comme l'a montré la
décision du ministre de la défense de confier à un
chantier civil la réparation du pétrolier-ravitailleur
Var.
3. Les crédits d'infrastructures
Après une diminution de 4 % en 1998, les
crédits
consacrés aux infrastructures
passent de 714 à 758 millions
de francs, soit une
progression de 6,2 %.
Ici encore, une
réduction forfaitaire de 5 %
a été
décidée par rapport au niveau prévu en programmation.
Au cours de l'année 1998 ont été achevées deux
importantes opérations sur la base aéronavale de
Lann-Bihoué, avec la construction d'un entrepôt liée au
transfert de l'établissement principal de l'aéronautique navale
de Quimper (50 millions de francs ) et des installations liées à
l'accueil du Hawkeye (18,3 millions de francs). Les principaux travaux en cours
concernaient :
. à Brest, la réfection du quai-est de la Pyrotechnie
Saint-Nicolas (32,1 millions de francs) et la construction d'un centre de
production alimentaire (33,8 millions de francs),
. à la base aéronavale de Landivisiau, la construction d'un
atelier de maintenance électronique (23,1 millions de francs) et la
rénovation des réseaux électriques et filaires (33,4
millions de francs),
. à Toulon, l'aménagement du quai Milhaud 6 pour le porte-avions
Charles de Gaulle (82,1 millions de francs).
Pour 1999, les principaux financements envisagés concerneront :
. à la base aéronavale de Landivisiau, la poursuite de la
rénovation des réseaux, la construction d'un bâtiment pour
la première flottille de Rafale (58 millions de francs), la construction
de chaussées aéronautiques (20 millions de francs) et le
réaménagement des ateliers aéronautiques (16,4 millions de
francs),
. à La Réunion, la création d'ateliers de soutien à
terre en remplacement du bâtiment de soutien mobile qui sera
retiré du service,
. à Toulon, d'importants travaux de restructuration sur la
presqu'île de Saint-Mandrier (40 millions de francs), la remise à
niveau de l'appontement du Lazaret (34,4 millions de francs) et la
modernisation du centre d'entraînement sécurité et de
l'école de sécurité (47,3 millions de francs).
III. LES PROGRAMMES D'ÉQUIPEMENT
Le
tableau ci-dessous récapitule la répartition des autorisations de
programme et des crédits de paiement entre les différents grands
programmes d'équipement pour la Marine en 1999.
En ce qui concerne les crédits de paiement, on observera la part
prépondérante prise par les programmes SNLE-NG et Rafale, ainsi
que par l'achèvement du porte-avions Charles de Gaulle, et la commande
du 3e avion de guet aérien Hawkeye.
S'agissant des autorisations de programme, la dotation la plus importante sera
affectée au programme de frégates antiaériennes Horizon,
conduit en coopération avec le Royaume-Uni et l'Italie.
REPARTITION DES AUTORISATIONS DE PROGRAMME
ET DES CREDITS DE PAIEMENT
GRANDS PROGRAMMES
PROGRAMMES |
AP |
CP |
SNLE-NG |
1105 |
2199 |
Sous-marin d'attaque futur |
0 |
168 |
PAN CHARLES DE GAULLE |
497 |
1313 |
Frégates antiaériennes HORIZON |
4107 |
510 |
Frégates type LA FAYETTE |
367 |
664 |
Nouveaux transports de chalands de débarquement |
0 |
0 |
RAFALE Marine |
1545 |
1873 |
Avion de guet embarqué HAWKEYE |
537 |
993 |
Modernisation SUPER ETENDARD
|
0
|
63
|
Hélicoptère NH 90 |
336 |
161 |
Anti-navires futur |
292 |
161 |
Torpille MU 90 |
111 |
238 |
Famille sol air futur (FSAF) |
65 |
374 |
Principal anti-air missile system (PAAMS) |
482 |
360 |
A. LES BATIMENTS
1. La force océanique stratégique
La
dissuasion demeure l'élément fondamental de la stratégie
de défense de la France. Dans ce domaine, la marine a la
responsabilité de mettre en oeuvre la composante maritime
constituée par la force océanique stratégique.
Pour remplir cette mission, le programme des sous-marins nucléaires
lanceurs d'engins est en cours de réalisation.
A la date du lancement du programme en 1987, la réalisation de six SNLE
était envisagée. Ce nombre a été limité, par
la loi de programmation à quatre exemplaires, minimum requis pour
pouvoir maintenir un et, si nécessaire, deux SNLE en permanence à
la mer.
Le premier bâtiment de la série, le Triomphant, a
été admis au service actif en mars 1997, puis inclus dans le
cycle opérationnel. La deuxième unité de la série,
le Téméraire, a entamé ses essais en 1998 et devrait
être admis au service actif en 1999.
A la suite de la "revue de programmes" les mesures suivantes ont
été décidées :
-
décalage supplémentaire de six mois de l'admission au
service actif du Vigilant (SNLE-NG n° 3), désormais prévue
à l'été 2004 ;
- décalage d'un an, jusqu'à l'été 2008, de
l'admission au service actif du SNLE-NG n° 4 qui sera directement
armé de missiles M 51.
2. Le porte-avions nucléaire (PAN)
Elément essentiel du groupe aéronaval, le
porte-avions
nucléaire contribuera à maintenir la capacité de
projection sur laquelle s'appuie la France pour conduire sa politique d'action.
Libre de se déplacer sans entraves dans les eaux internationales, le
porte-avions et son groupe aéronaval constituent un instrument
privilégié de gestion et de prévention des crises.
Il participe aussi à la stratégie de dissuasion par sa
capacité à mettre en oeuvre des avions aptes à tirer le
missile air-sol moyenne portée (ASMP).
Ayant débuté ses essais avec quelques mois de retard, le
porte-avions nucléaire Charles de Gaulle doit être admis au
service actif à la fin de 1999 et prendre le relais du porte-avions FOCH
qui, conformément à la décision de la "revue de
programmes", sera retiré du service à cette date.
3. Les sous-marins d'attaque
A
l'horizon 2015, la Marine doit disposer de six sous-marins nucléaires
d'attaque dont les missions sont d'apporter leur soutien à la FOST et au
groupe aéronaval, de mener des actions de contrôle ou
d'interdiction de zone seuls ou en coopération avec d'autres
unités aéronavales et, enfin, de participer aux opérations
spéciales.
Pour remplacer les sous-marins nucléaires d'attaque en service
actuellement, le programme "sous-marin d'attaque futur " (SMAF) est en
phase de faisabilité. Ce programme dénommé Barracuda,
comprendra six sous-marins à propulsion nucléaire. L'admission au
service actif de la première unité est prévue en
2010.
4. Les frégates antiaériennes de type Horizon
Réalisées en coopération avec l'Italie et
le
Royaume Uni, les frégates Horizon auront pour mission d'assurer la
défense aérienne du groupe aéronaval ou de toute autre
force navale.
Le système de combat comprendra un système d'exploitation de
l'information et un système d'armes antiaérien
développé autour des missiles Aster 15 et Aster 30.
La France a prévu l'acquisition de
quatre unités
qui
remplaceront à partir de 2005 les frégates antiaériennes
type Suffren, respectivement admises au service actif en 1967 et en 1970.
Le calendrier de ce programme ambitieux, bien que serré, se
déroule conformément aux prévisions. L'arrangement
technique qui va lancer le développement et la construction des
premières unités de séries, une par nation, devrait
être signé fin 1998. La deuxième commande pour la France
devrait intervenir en 2000 pour une livraison en 2007.
5. Les frégates type La Fayette
Destinées à participer, hors d'Europe, au
contrôle des espaces maritimes et au règlement de crises
limitées, ces frégates devaient, à l'origine du programme,
être au nombre de six.
Ce nombre a été limité à cinq par la loi de
programmation.
Ces frégates ont déjà été commandées.
Trois d'entre elles ont été admises au service actif : le La
Fayette en 1996, le Surcouf en 1997 et le Courbet en 1997. L'Aconit a
commencé ses essais en mai 1998 et sera admise au service actif en 1999.
Le Guepratte, cinquième et dernière frégate de la
série, sera admise au service actif au 2ème trimestre
2002.
6. Les nouveaux transports de chalands de débarquement (NTCD)
Conformément à la loi de programmation, le
modèle de marine 2015 prévoit quatre bâtiments de
transports de chalands de débarquement (TCD). Deux des quatre TCD dont
elle dispose actuellement, l'Ouragan et l'Orage, seront retirés du
service actif respectivement en 2004 et 2006. Ils seront remplacés par
deux bâtiments du programme NTCD, dont la phase de faisabilité
devrait être lancée début 1999.
Afin de respecter les dispositions de la nouvelle politique d'acquisition des
équipements, la réalisation du programme se fera sous la
contrainte d'un coût objectif fixé à l'issue d'une
démarche comparative, nationale et européenne.
B. LES AERONEFS
1. Le Rafale Marine
Avion de
combat embarqué polyvalent, le Rafale a pour mission la
supériorité aérienne au profit de la force navale,
l'assaut contre la terre ou à la mer avec un armement conventionnel ou
nucléaire et la reconnaissance.
Il est destiné à remplacer les Crusader qui seront retirés
du service en 1999 puis les Super Etendard au milieu de la prochaine
décennie.
Le nombre de Rafale Marine prévu par la loi de programmation, et
confirmé par la "revue de programmes", est de 60.
Une commande groupée devrait intervenir en 1999. La première
flottille comprenant 10 avions au standard F1 (version air-air) sera
constituée en 2002 comme prévu antérieurement.
En revanche, la livraison du premier Rafale au standard F2 (avec
capacité air-sol) est retardée au-delà de 2005.
2. L'avion de guet embarqué Hawkeye (E.2C)
Grâce à des moyens de détection lointaine
et des
liaisons de transmission automatique de données particulièrement
performantes, le Hawkeye apportera au groupe aéronaval une
capacité de sûreté sans commune mesure avec celle existant
aujourd'hui.
Le nombre d'avions initialement de quatre a été ramené
à
trois exemplaires
. Les deux premiers Hawkeye seront
opérationnels dès 1999. Le troisième avion sera
livré en 2003.
Le coût total du programme s'élève à 5 921 millions
de francs de 1998. Outre l'acquisition des avions selon la procédure
" foreign military sales ", il comprend notamment l'approvisionnement
des rechanges, la formation du personnel volant et technique et la fourniture
d'un simulateur de mission et d'un simulateur de pilotage.
3. La modernisation des Super Etendard
Le
programme de modernisation des Super Etendard a pour but de rendre l'avion plus
performant dans l'accomplissement de ses missions d'assaut contre des objectifs
en mer ou terrestres et de frappe nucléaire.
Les modifications portent principalement sur le remplacement du radar, la
modernisation du calculateur et du système d'attaque.
Le parc de Super Etendard modernisés comprendra 52 avions, lorsque les
derniers exemplaires auront été livrés au deuxième
semestre 2001.
Le coût du programme est de 2 856 millions de francs de 1998.
Parallèlement, la marine développe un programme d'acquisition de
capacités complémentaires du Super Etendard modernisé. Il
a pour objet d'améliorer les possibilités d'attaque d'objectifs
terrestres par armement guidé laser, de reconnaissance grâce
à un nouveau châssis équipé d'une caméra
panoramique et les capacités d'autoprotection. Les livraisons qui ont
débuté en 1997 se poursuivront jusqu'en 2005.
4. L'hélicoptère NH 90
Système d'arme essentiel des bâtiments de combat,
le NH
90 en version marine est destiné à remplacer le Lynx dans ses
missions de lutte anti-sous-marins et de lutte anti-navires.
Il a également été choisi pour remplacer le Super Frelon
dans ses missions de transport logistique et de service public.
La cible de ce programme, développé sous l'égide de l'OTAN
en coopération avec l'Italie, l'Allemagne et les Pays-Bas, initialement
de 60 appareils pour la marine française, a été
limitée à 27 appareils dont 14 en version lutte anti-sous-marins
et anti-navires et 13 en version transport logistique et service public.
Les livraisons devraient s'étaler entre 2005 et 2011.
L'ensemble du programme représente pour la France les coûts
suivants (en francs 1998)
- développement : 5 124 millions de francs, dont 2 024 millions de
francs pour la Marine, soit environ 40% ;
- industrialisation : 1 546 millions de francs, dont 618 millions de francs
pour la Marine ;
- coût unitaire : 195 millions de francs.
C. LES SYSTEMES D'ARMES
1. Le missile anti-navires futur (ANF)
Appelé à remplacer les missiles de la famille
Exocet,
le système anti-navires futur doit équiper l'ensemble des
unités de combat de la marine, bâtiments de surface, sous-marins,
aéronefs.
D'une portée accrue par rapport à celle de l'Exocet, ce missile
supersonique, possédant d'excellentes capacités de
pénétration et de manoeuvrabilité sera propulsé par
un statoréacteur.
Ce programme est directement lié au programme de développement du
missile ASMP amélioré d'un vecteur à statoréacteur
(Vesta).
Le lancement du programme, initialement prévu en 1996, a
été retardé en raison du retrait de l'Allemagne de ce
programme en coopération.
Le dossier d'orientation, élaboré dans un cadre purement
national, a été signé par le ministre de la défense
en juillet 1998. Le contrat pour la définition du missile a
été notifié à l'industriel à la fin du mois
d'octobre.
La version embarquée sur les bâtiments de surface doit entrer en
service en 2005.
Ultérieurement seront développées les versions
aéroportée et, sous réserve de faisabilité, celle
lancée à partir de sous-marins.
Le Rafale et l'Atlantique 2 devraient en être dotés en 2008 ainsi
que, ultérieurement, le sous-marin d'attaque futur.
2. La torpille MU 90
Arme de
destruction des sous-marins nucléaires et conventionnels quelles que
soient les zones dans lesquelles ils évoluent, la torpille MU 90 a
été développée en coopération par la France
et l'Italie. Elle peut être lancée par les différents types
de porteurs suivants : avions de patrouille maritime,
hélicoptères, frégates anti-sous-marins et missiles
porte-torpille Milas.
Les essais militaires ont débuté en 1997. Déjà
réalisés à 50 %, ils doivent se poursuivre jusqu'en 1999.
Le lancement de la production a débuté en décembre 1997
avec une première commande groupée de 300 torpilles pour la
France, 200 pour l'Italie et 285 pour l'Allemagne.
Les premières livraisons à la France devraient intervenir en
2001.
3. Le missile porte-torpille Milas
Successeur du missile Malafon, le Milas, missile porteur de la
torpille MU 90, est développé en coopération par la France
et l'Italie.
Considérant l'évolution de la menace sous-marine dans le monde,
la France a décidé, lors de la "revue de programmes", de se
retirer du programme Milas à l'issue de son développement,
laissant aux hélicoptères embarqués la mission de conduire
les attaques contre les sous-marins ennemis détectés à
grande distance.
Le montant cumulé prévisionnel des dépenses de
développement est évalué à 676 millions de francs
1997.
4. Le programme " famille sol air futur " (FSAF)
La
France et l'Italie sont associées depuis 1988 pour conduire ce programme
destiné à doter les forces armées des deux pays d'un
système de défense aérienne adapté à la
menace missiles des années 2000-2010.
Il s'agit de fournir aux marines françaises et italiennes un
système d'autodéfense contre les attaques aériennes et les
missiles anti-navires.
Ce système d'armes courte portée multicible doit équiper
le Charles de Gaulle et 8 frégates.
Ce programme, dont la maîtrise industrielle est assurée par le
groupement d'intérêt économique EUROSAM, est appelé
à être géré en temps utile par l'organisme conjoint
de coopération en matière d'armement (OCCAR).
Seul le système d'armes du Charles de Gaulle a été
commandé, les autres bâtiments devraient recevoir leur
équipement à partir de 2009.
Le coût de développement pour la Marine est estimé à
2 481 millions de francs de 1998.
Le besoin naval de défense de zone, initialement inclus dans ce
programme, a été pris en compte par un programme
séparé le PAAMS (Principal Anti Air Missile System) auquel le
Royaume Uni est associé.
5. Le PAAMS (Principal Anti Air Missile System)
Le PAAMS
a pour objectif de doter les frégates antiaériennes type Horizon
d'un système de défense antiaérienne de zone face à
des missiles aérodynamiques supersoniques. Ce système
élargit les capacités du FSAF à la défense locale.
Le PAAMS comprend une conduite de tir équipé d'un radar
multifonctions, 6 lanceurs verticaux et 48 missiles ASTER 15 et 30.
La France et l'Italie ont choisi le radar multifonctions issu du programme
" Famille Sol Air Futur " (FASF), alors que le Royaume Uni a obtenu
de développer son propre radar de conduite de tir, le SAMPSON de
Siemens-Plessey.
Les besoins de la marine visent à équiper, à court terme,
les deux premières frégates HORIZON puis, ultérieurement,
les deux dernières.
Enfin, une étude est en cours pour vérifier si des
éléments du PAAMS peuvent équiper les frégates
Cassard et Jean Bart, à l'occasion de leur refonte à
mi-vie.
CONCLUSION
Après l'inquiétude suscitée en 1998 par
"l'encoche" opérée dans ses crédits d'équipement,
la Marine va retrouver en 1999 des ressources beaucoup plus proches, quoique
encore inférieures, de celles qui avaient été
définies par la loi de programmation.
Les nouvelles réductions de crédits
issues de la "revue de
programmes"
n'affectent que très ponctuellement la marche vers le
nouveau modèle de Marine.
Pour partie, elles ont pu être
obtenues par des aménagements de programmes, sans incidence notable sur
les capacités opérationnelles.
Mais des difficultés, qui ne sont pas toutes d'ordre budgétaire,
apparaissent.
La plus importante résulte incontestablement de
l'incapacité
à fournir tous les postes créés au profit de personnels
civils
en raison du choix délibéré de
privilégier leur recrutement par mutations internes à la
Défense et de l'insuffisance des volontaires.
Le nombre de postes vacants, qui s'est considérablement accru, ne
saurait perdurer et a fortiori s'aggraver sans compromettre la bonne marche de
la professionnalisation. Seul un élargissement des recrutements externes
peut inverser la tendance, d'autant que le recours à la sous-traitance
pour des tâches jusqu'à présent confiées aux
appelés dispose de moyens très réduits et ne pourra,
à court terme, constituer une solution palliative.
Au travers des difficultés à réaliser les objectifs de
recrutement de personnels civils, apparaît tout l'enjeu que
représente pour la Marine, le processus d'
adaptation de la Direction
des constructions navales
. Au-delà des transferts de personnels, qui
ont semble-t-il, atteint leurs limites, cette adaptation est indispensable
à l'allégement des contraintes financières qui
pèsent actuellement sur le renouvellement de la flotte et sur son
entretien.
Autre sujet de préoccupation, qui ne découle pas uniquement de la
"revue de programmes", puisque la loi de programmation comportait sur ce point
une faiblesse, la
question de la permanence du groupe aéronaval
se pose avec une acuité particulière.
Enfin, le postulat d'un titre III doté de moyens constants de 1997
à 2002 se heurte à l'inévitable apparition de charges
nouvelles ou imprévues, qui ne peuvent être absorbées qu'au
prix d'une compression des moyens de fonctionnement dont le niveau n'autorise
plus guère de marge de manoeuvre.
*
EXAMEN EN COMMISSION
La
commission des affaires étrangères, de la défense et des
forces armées a examiné le présent avis lors de sa
réunion du mercredi 4 novembre 1998.
A l'issue de l'exposé du rapporteur pour avis, un débat s'est
engagé avec les commissaires.
M. Charles-Henri de Cossé Brissac a interrogé le rapporteur sur
l'état des contacts établis avec les Britanniques en vue d'une
éventuelle coopération pour la construction d'un second
porte-avions.
M. Philippe de Gaulle a souhaité obtenir des précisions sur la
situation du bâtiment école Jeanne d'Arc.
M. Christian de La Malène a demandé si le porte-avions Foch
serait définitivement désarmé et il a vivement
déploré que, si tel était le cas, le France ne soit plus
en mesure de disposer d'un groupe aéronaval opérationnel en
permanence.
M. André Boyer, rapporteur pour avis, a apporté les
précisions suivantes :
- les Britanniques vont mettre à l'étude la construction de deux
porte-avions à propulsion classique proches, par leurs
caractéristiques, notamment leur tonnage et leur capacité
d'embarquer des avions à long rayon d'action, des porte-avions
français : dans ces conditions, la question de la construction d'un
second porte-avions français pourrait être éventuellement
abordée dans une perspective de coopération franco-britannique,
- la "mise en sommeil" du Foch, prévue par la loi de programmation en
vue d'une réactivation lors du "grand carénage" du Charles de
Gaulle, est apparue comme une solution coûteuse, à la fois au
titre du maintien à quai du bâtiment et des adaptations qui
auraient été nécessaires pour accueillir, le moment venu,
les avions de guet aérien Hawkeye et le Rafale ; aussi la
décision a-t-elle été prise de désarmer le
porte-avions Foch dès l'admission au service actif du Charles de Gaulle,
- après une indisponibilité due à des avaries, le Jeanne
d'Arc a repris son activité au cours de l'été 1998.
M. Xavier de Villepin, président, a enfin formulé une observation
sur les succès enregistrés à l'exportation par la
construction navale française, notamment pour la vente de sous-marins
Scorpène au Chili. Il a considéré que la question de
l'adaptation de la DCN conditionnait pour une large part l'avenir de la marine
nationale.
M. Xavier de Villepin, président, a alors rappelé que la
commission ne voterait sur l'ensemble des crédits de la défense
pour 1999 qu'après avoir entendu tous ses rapporteurs pour avis.
*
La
commission a ensuite examiné l'ensemble des crédits du
ministère de la défense pour 1998, au cours de sa réunion
du mercredi 18 novembre 1998.
M. Xavier de Villepin, président,
a rappelé que tous les
rapporteurs pour avis qui s'étaient exprimés devant la commission
avaient relevé que le projet de budget pour 1999 marquait le retour
à une orientation plus positive par rapport au budget voté de
1998, en raison de la hausse significative des crédits
d'équipement, et qu'ils avaient conclu à l'approbation des
crédits, tout en émettant de fortes réserves,
particulièrement en ce qui concerne la réduction des
crédits de fonctionnement courant.
M. Christian de La Malène
a considéré que le projet
de budget de la défense pour 1999 s'inscrivait dans une orientation
générale déjà perceptible l'an passé et
consistant à opérer des prélèvements sur les moyens
dévolus à la défense nationale. Il a rappelé son
attachement à la réforme des armées et à la loi de
programmation militaire, qui définissait les moyens permettant de la
mener à bien. Il a vivement déploré que les engagements
pris lors de cette loi de programmation aient été remis en cause
dès ses premières années d'application. Evoquant le niveau
des commandes de Rafale, limité à un seul appareil dans le projet
de budget pour 1999, et les conséquences de la limitation de nos
capacités aéronavales à un seul porte-avions, il a
estimé que notre pays n'assumait plus, comme il convenait, les exigences
de sa défense nationale. Rappelant que jusqu'à l'an passé,
il avait toujours voté les crédits militaires durant près
de quarante années de vie parlementaire, il a indiqué qu'avec
regret il n'approuverait pas le budget de la défense pour 1999, ne
voulant pas s'associer à un déclin de notre effort militaire qui
atteint désormais, à ses yeux, un niveau inacceptable.
M. Michel Caldaguès,
tout en se félicitant de la hausse
des crédits d'équipement après "l'encoche" de 1998, a
indiqué qu'il ne pourrait approuver le budget de la défense pour
1999. Il a déploré les orientations générales dans
lesquelles s'inscrit l'affectation des moyens dévolus à la
défense qui, à ses yeux, privilégient des dépenses
liées à des actions internationales aux retombées
incertaines, aux dépens de programmes qui donnent sa
spécificité à la défense française, tels que
le nucléaire ou la capacité aéronavale.
M. Xavier de Villepin, président,
a souligné l'importance
du rôle de la France dans la résolution de conflits tels que ceux
de l'Irak ou des Balkans, et s'est félicité de son action en
faveur du maintien de la paix dans le monde.
M. Michel Caldaguès
a alors précisé que sa critique
ne visait pas de telles actions, mais plutôt une dispersion de l'effort
de défense dans des directions qui ne conduisent pas à des
bénéfices concrets pour notre pays.
M. Paul Masson,
limitant son intervention aux problèmes de la
gendarmerie, a rappelé l'importance qui s'attachait à
l'organisation d'un débat au Sénat sur le problème du
redéploiement des forces de gendarmerie et de police, dont l'écho
dans le pays est particulièrement sensible.
M. Serge Vinçon
a considéré que le projet de budget
pour 1999 ne pouvait donner entièrement satisfaction puisqu'il
s'écartait de la loi de programmation, qu'il entérinait la "revue
de programmes" dont les conclusions n'avaient pas été
avalisées par le Parlement et qu'il créait de fortes tensions sur
le titre III. Il a toutefois estimé qu'il convenait de prendre acte
d'évolutions positives, puisque "l'encoche" était en partie
résorbée et que les économies décidées
à l'issue de la "revue de programmes" avaient été
définies en étroite liaison avec les états-majors.
Estimant que le Gouvernement avait tenu compte des observations du Chef de
l'Etat en relevant significativement les crédits d'équipement, il
a indiqué qu'il approuverait le projet de budget proposé pour
1999, comme la grande majorité des membres de son groupe.
M. Jean-Luc Bécart
a constaté qu'avec le projet de budget
pour 1999, l'étau avait été desserré sur les
crédits d'équipement. Il a fait part de ses interrogations sur
certaines orientations de notre politique de défense, en particulier le
programme nucléaire et les fortes réductions d'effectifs dans
l'industrie d'armement. Il a relevé les contraintes pesant sur le titre
III du fait d'un coût de la professionnalisation plus élevé
que prévu. Il a déclaré qu'à ce stade, il
s'abstiendrait sur ce projet de budget.
Après que M. Xavier de Villepin, président,
eut
rappelé les conclusions des différents rapporteurs pour avis,
préconisant l'adoption des crédits proposés mais
émettant de fortes réserves en particulier sur la
réduction des dépenses de fonctionnement courant, la commission a
émis un
avis favorable à l'adoption de l'ensemble des
crédits du ministère de la défense pour 1999.