II. LE SERVICE DE SANTÉ DES ARMÉES
Votre
rapporteur a souligné à plusieurs reprises l'ampleur des
changements auxquels a été confronté le service de
santé depuis la mise en oeuvre de la réforme des armées :
la professionnalisation, alors qu'un nombre important de ses cadres
médicaux étaient fournis par le contingent, une profonde
restructuration de son organisation hospitalière, en liaison avec la
politique générale de santé publique, une
réorientation des missions, privilégiant le soutien aux
opérations de projection.
Parallèlement, le service de santé connaît une modification
de son mode de financement, qui doit désormais reposer majoritairement
sur des ressources non budgétaires, tirées de son activité
hospitalière.
A. LA MUTATION DU SERVICE DE SANTÉ : PROFESSIONNALISATION, RESTRUCTURATION ET RÉORIENTATION DES MISSIONS
Votre rapporteur souhaite faire le point sur la mise en oeuvre de la professionnalisation, sur la poursuite des restructurations et sur le bilan de la participation du service de santé aux opérations extérieures.
1. La mise en oeuvre de la professionnalisation
Le tableau ci-dessous retrace les perspectives d'évolution des effectifs du service de santé des armées pour 1999, et rappelle les objectifs à l'horizon 2002.
Prévision d'évolution des effectifs du service de santé de 1998 à 2002
|
1998 |
1999 |
2002 |
Officiers
|
3 455
|
3 450
|
3 406
|
Civils |
6 110 |
6 084 |
5 840 |
Total |
16 714 |
15 250 |
13 509 |
Les
effectifs globaux du service de santé des armées, qui
s'élevaient à 18 451 personnes en 1996, doivent être
ramenés à 13 509 personnes en 2002, soit une diminution de
près de 27%. Cette diminution correspond très exactement à
la suppression des 4 940 postes d'appelés présents au sein du
service de santé en 1996.
La déflation des effectifs d'appelés est très rapide
puisqu'elle a touché 893 postes en 1997, 1 050 postes en 1998 et 1 489
postes en 1999, soit près de 70 % des postes sur les trois
premières années d'application de la loi.
Le problème du remplacement des appelés se pose de manière
particulière dans le service de santé puisque 1 200 à 1
300 d'entre eux exerçaient des fonctions de praticiens. On rappellera
également que les chirurgiens-dentistes du service de santé des
armées provenaient quasi exclusivement du contingent.
La suppression du service national a donc entraîné une profonde
redéfinition de la politique de recrutement du service de santé,
qui maintient ses modes de recrutement traditionnels, effectués ab
initio, les personnels étant formés au sein des écoles du
service et qui développe d'autre part le recrutement de praticiens
déjà formés.
S'agissant des
médecins,
leur nombre connaîtra une
augmentation régulière d'ici 2002 puisque l'effectif
(appelés non compris), passera de 2 303 en 1996 à 2 379 en 1999,
pour un objectif de 2 412 en 2002. La disparition en parallèle de postes
pourvus par le contingent, a rendu nécessaire une augmentation du nombre
de médecins recrutés annuellement, à la fois par le
recrutement initial qui reste très sélectif, et qui s'appuie sur
les écoles de Bordeaux et Lyon-Bron, et par un recrutement de praticiens
diplômés issus du système universitaire civil.
D'autre part, la
création d'un corps de chirurgiens-dentistes
est
rendu nécessaire par la disparition des postes budgétaires de
dentistes du contingent.
Actuellement 24 chirurgiens-dentistes servent sous le statut d'officier de
réserve en situation d'activité mais ils sont rattachés au
statut des pharmaciens. Ces postes seront transformés et
complétés de manière à atteindre un effectif de 58
chirurgiens-dentistes en 2002. Les textes législatifs et
réglementaires relatifs à ce nouveau corps sont en cours
d'élaboration et devront permettre le transfert des
chirurgiens-dentistes qui le souhaitent vers le nouveau statut et le
recrutement rapide d'officiers de réserve en situation d'activité
afin de compenser la disparition du contingent. Il s'agira là du mode de
recrutement principal, qui sera complété en tant que de besoin
par un recrutement parmi les élèves des écoles du service
de santé autorisés à poursuivre des études en
chirurgie-dentaire à l'issue du concours de fin de première
année.
La loi de programmation prévoit également une augmentation, de 48
à 83 postes, des effectifs de
vétérinaires
biologistes
. Ces effectifs s'élèveront à 64 postes en
1999, ici encore avec un recrutement double, en école de formation
initiale et sur titre auprès de diplômés.
Les autres corps d'officiers du service de santé (pharmaciens, officiers
des corps technique et administratif, militaires infirmiers et techniciens des
hôpitaux des armées, aumôniers) sont appelés à
voir leurs effectifs diminuer, ce qui se réalisera par baisse des
recrutements et non-renouvellement de contrats.
Les sous-officiers et les personnels civils verront également une
réduction de leur recrutement conforme aux effectifs définis par
la loi de programmation.
Le service de santé bénéficiera sur la durée de la
programmation de la
création de 240 postes d'engagés et de 239
postes de volontaires
du service national. Les effectifs prévus en
1999 s'élèveront à 150 pour les militaires du rang
engagés et 39 pour les volontaires du service national.
2. La restructuration du service de santé
La loi
de programmation a prévu une profonde restructuration du service de
santé, dont le nombre de lits en métropole, de l'ordre de 4 000
actuellement, devra être ramené à 3 200 en 2002,
répartis entre 9 hôpitaux d'instruction des armées, dont la
capacité oscillera entre 250 et 400 lits.
Ont d'ores et déjà été fermés les
hôpitaux des armées de Bourges, Lille et Papeete. Les
hôpitaux des armées de Dijon et Strasbourg seront fermés en
1999.
Seront fermés :
- en 2000, les hôpitaux des armées de Chalons-en-Champagne,
Lamalou-les-Bains et Lorient,
- en 2001, l'hôpital des armées de Toulouse,
- en 2002, l'hôpital des armées de Cherbourg.
Les activités médicales des hôpitaux supprimés sont
transférées au secteur civil.
En matière de ravitaillement, le service de santé disposera
d'établissements centraux à vocation d'études et de
fabrication et d'établissements de ravitaillement sanitaire, en nombre
plus réduit, destinés au soutien des unités, des
hôpitaux et des structures engagées sur des théâtres
d'opérations extérieures.
L'établissement central de matériels de mobilisation de Bordeaux
a fermé en 1998. La fermeture des établissements d'Ardentes,
Douai et Nuits-sur Armançon interviendra en 2000.
La disparition du service national sous sa forme actuelle, et donc des
élèves officiers de réserve, doit conduire à la
dissolution de l'ENORSSA de Libourne prévue en 2000.
Les autres écoles du service de santé ne sont pas
concernées par les restructurations.
3. La réorientation des missions : la participation du service de santé aux opérations extérieures
La
professionnalisation se conjugue pour le service de santé à une
réorientation des missions donnant priorité à la
projection des forces.
Cet objectif l'a conduit à
réorganiser la répartition
de son personnel
. Pour les médecins, l'effort portera d'une part sur
les effectifs des médecins intégrés aux forces et d'autre
part sur les spécialistes hospitaliers indispensables au soutien de la
projection, au premier rang desquels figurent les chirurgiens et les
réanimateurs.
Au cours des douze derniers mois, le service de santé a participé
à toutes les
opérations extérieures
conduites par
les armées. Le soutien médical des forces françaises ainsi
engagées a nécessité, en moyenne, près de 300
personnels médicaux et paramédicaux.
Au 1er juillet dernier, on dénombrait 60 officiers, 67 militaires
infirmiers-techniciens des hôpitaux des armées, sous-officiers et
officiers mariniers ainsi que 79 militaires du rang engagés en
opération extérieure. A la même date, 28 postes de secours,
46 véhicules sanitaires dont 26 véhicules de l'avant
blindés, 3 antennes chirurgicales et 4 cabinets dentaires étaient
déployés.
Le soutien médical des forces projetées en opérations
extérieures bénéficie d'une conception globale et
interarmées, grâce à la coopération permanente entre
le centre d'opérations du service de santé et le centre
opérationnel interarmées de l'état-major des
armées, et ce dans le but d'optimiser les ressources.
L'emploi des réservistes sur un théâtre d'opérations
se fait actuellement dans les formations sanitaires de campagne et permet ainsi
une plus grande souplesse dans la gestion des spécialistes de
carrière.
L'emploi opérationnel des équipements techniques modulaires,
utilisés actuellement au sein de la compagnie chirurgicale mobile
déployée à Mostar en ex-Yougoslavie, permet
d'améliorer de manière très significative la
qualité de soutien médico-chirurgical.
Enfin, une coopération est recherchée avec les service de
santé des armées étrangères, comme en
témoigne par exemple le déploiement d'un poste de secours
allemand à Mostar avec la compagnie chirurgicale mobile française.
Il faut toutefois rappeler que le soutien opérationnel est assuré
par
prélèvement de personnels au sein des forces,
ce qui
provoque au sein de celles-ci, des
déficits ponctuels
, plus
importants dans les armées de terre et de l'air que dans la Marine. Un
quart des sous-officiers infirmiers de l'armée de terre est ainsi
actuellement en mission extérieure. Des répercussions sont
également sensibles sur le potentiel chirurgical des hôpitaux des
armées.