PJL de finances pour 1999
BRISEPIERRE (Paulette)
AVIS 69 (98-99), Tome III - COMMISSION DES AFFAIRES ETRANGERES
Table des matières
-
INTRODUCTION
- I. L'AIDE AU DÉVELOPPEMENT EN QUESTION
- II. LA COOPÉRATION FRANÇAISE : L'INDISPENSABLE ÉQUILIBRE ENTRE RÉFORME ET CONTINUITÉ
- III. LES CRÉDITS CONSACRÉS À L'AIDE AU DÉVELOPPEMENT AU SEIN DU MINISTÈRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES : UNE AMBITION PRIVÉE DE MOYENS ?
- CONCLUSION
- EXAMEN EN COMMISSION
-
ANNEXE I -
RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE DE L'AIDE PUBLIQUE
AU DÉVELOPPEMENT BILATÉRALE DE LA FRANCE - ANNEXE II - LISTE DES PAYS BÉNÉFICIAIRES DE L'AIDE PUBLIQUE AU DÉVELOPPEMENT FRANÇAISE
N° 69
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1998-1999
Annexe au procès-verbal de la séance du 19 novembre 1998.
AVIS
PRÉSENTÉ
au nom de la commission des Affaires étrangères, de la défense et des forces armées (1) sur le projet de loi de finances pour 1999 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,
TOME III
AIDE AU DÉVELOPPEMENT
Par Mme Paulette BRISEPIERRE,
Sénateur.
(1)
Cette commission est composée de :
MM. Xavier de Villepin,
président
; Serge Vinçon, Guy Penne, André Dulait,
Charles-Henri de Cossé-Brissac, André Boyer, Mme Danielle
Bidard-Reydet,
vice-présidents
; MM. Michel Caldaguès,
Daniel Goulet, Bertrand Delanoë, Pierre Biarnès,
secrétaires
; Bertrand Auban, Michel Barnier, Jean-Michel Baylet,
Jean-Luc Bécart, Daniel Bernardet, Didier Borotra, Jean-Guy
Branger, Mme Paulette Brisepierre, M. Robert Calmejane, Mme Monique
Cerisier-ben Guiga, MM. Marcel Debarge, Robert Del Picchia, Hubert
Durand-Chastel, Mme Josette Durrieu, MM. Claude Estier, Hubert Falco, Jean
Faure, Jean-Claude Gaudin, Philippe de Gaulle, Emmanuel Hamel,
Roger Husson, Christian de La Malène, Philippe Madrelle,
René Marquès, Paul Masson, Serge Mathieu, Pierre Mauroy, Jean-Luc
Mélenchon, René Monory, Aymeri de Montesquiou, Paul d'Ornano,
Charles Pasqua, Michel Pelchat, Alain Peyrefitte, Xavier Pintat, Bernard
Plasait, Jean-Marie Poirier, Jean Puech, Yves Rispat, Gérard Roujas,
André Rouvière.
Voir les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
1078
,
1111
à
1116
et T.A.
193
.
Sénat
:
65
et
66
(annexe n°
2
)
(1998-1999).
Lois de finances.
INTRODUCTION
Mesdames, Messieurs,
Le choix d'un nouvel intitulé pour un avis consacré les
années passées à la coopération cherche à
tenir compte des conséquences de la réforme de notre politique de
coopération et, en particulier, de la fusion des crédits de
l'ancien secrétariat d'Etat à la coopération au sein du
budget du ministère des Affaires étrangères. Il a ainsi
pour double objectif, d'une part, de concentrer l'attention sur le coeur
même de notre coopération -l'aide au développement- et,
d'autre part, d'ouvrir une véritable réflexion sur les
priorités géographiques de notre aide dans la mesure où la
fusion des deux administrations de la Rue Monsieur et du Quai d'Orsay au sein
d'un ensemble unique conduit à fixer des orientations à
l'échelle du monde en développement dans son ensemble.
L'évolution des crédits répond-elle à la
priorité affichée à l'aide au développement ? Telle
est la question essentielle que pose l'analyse du projet de budget pour 1999.
La crédibilité de la réforme engagée apparaît
ici en jeu.
Pour apporter des éléments de réponse, votre rapporteur
analysera d'abord le contexte général dans lequel s'est
déroulée la réforme avant de décrire le nouveau
dispositif retenu par le gouvernement et d'analyser ses conséquences
pour notre coopération -dont l'évolution ne laisse pas de
susciter les plus vives préoccupations.
A la lumière de ces observations, il présentera les dotations des
principaux postes de l'aide au développement au sein du budget du
ministère des Affaires étrangères.
*
* *
I. L'AIDE AU DÉVELOPPEMENT EN QUESTION
A. UN CONTEXTE MARQUÉ PAR DE PROFONDES MUTATIONS
1. Les éléments du changement
a) Dans le domaine politique, la nécessité de prendre en compte les nouvelles aspirations de nos partenaires des pays en développement
Notre
politique de coopération doit s'adapter aux évolutions
économiques mais aussi politiques de nos partenaires du monde en
développement. A cet égard la crise dans l'Afrique des grands
lacs a cristallisé quelques faits majeurs reflétant des mutations
plus profondes à l'oeuvre non seulement en Afrique mais dans d'autres
régions du monde : un jeu diplomatique commandé par des
intérêts régionaux et l'apparition d'une nouvelle
élite politique.
.
L'Afrique centrale, durable foyer de troubles
Renversements d'alliances, interventions étrangères dans l'ancien
Zaïre, oscillations des diplomaties régionales ... Les
récents événements en Afrique centrale ne se laissent pas
aisément décrypter.
Depuis une décennie, sur une grande partie du continent, le jeu des
alliances s'est organisé autour de deux axes principaux : d'une part, en
Afrique orientale, le clivage entre le Soudan et les ennemis du fondamentalisme
musulman, d'autre part, dans la région des grands lacs, le conflit entre
Hutus et Tutsis. Même si ces deux lignes de partage obéissent
à des ressorts distincts, elles ne sont pas demeurées
étrangères l'une à l'autre grâce au rôle pivot
joué par l'Ouganda. Le président Museveni a en effet
appuyé la rébellion chrétienne dans le sud Soudan, mais il
a également aidé les Tutsis dans la reconquête du Rwanda en
1994, après avoir obtenu leur soutien en 1987 au moment de sa prise de
pouvoir à Kampala.
La solidarité entre Kampala et Kigali, animée en particulier par
une résolution commune à lutter contre les foyers de
résistance hutue représente désormais un
élément déterminant des évolutions
régionales. Elle explique l'appui donné à
Laurent-Désiré Kabila contre le régime du maréchal
Mobutu jugé trop favorable aux Hutus puis l'aide accordée aux
rebelles congolais contre le nouveau président de la République
démocratique du Congo (RDC) au moment où celui-ci a paru
s'émanciper de ses anciens alliés et montrer une certaine
tolérance vis-à-vis des menées de l'opposition hutue sur
le territoire congolais.
La déstabilisation peut-elle gagner, au-delà de la région
des grands lacs, un cercle plus large de pays en particulier en Afrique
centrale francophone ? Tout dépendra beaucoup à cet égard
de l'activité des réseaux d'opposition hutue sur le continent et
surtout de l'éventuelle bienveillance observée par les pays
d'accueil. Un appui trop affiché pourrait leur aliéner
l'hostilité active du Rwanda et de son allié ougandais.
L'analyse des événements inspire une double observation.
.
La primauté des intérêts
régionaux
En premier lieu, le déroulement de la crise dans les grands lacs
obéit avant tout à des intérêts régionaux ;
en conséquence, les grandes puissances n'ont guère de prise ni
sur les acteurs, ni sur l'issue du conflit.
Ainsi, la crise réunit et résume les traits
caractéristiques du nouveau type de conflit de l'après-guerre
froide. Devenus maîtres de leur destin pour le pire -la guerre- les
Africains seront-ils à même d'oeuvrer, par leurs propres moyens,
pour la paix ? Il faut ardemment l'espérer.
.
L'émergence d'une nouvelle élite politique
Cette évolution laisse deviner en filigrane une seconde mutation,
l'apparition d'une
nouvelle élite politique.
Ici aussi l'Afrique
centrale apparaît comme un laboratoire car la situation de crise a
précipité l'arrivée au pouvoir d'hommes qui, à
défaut de paraître tout à fait neufs (Laurent
Désiré Kabila s'était fait connaître dans les
années soixante), avaient été tenus aux marges des cercles
dirigeants. Nombre d'entre eux, du reste, ont connu le maquis et ont pris le
pouvoir -souvent au terme de longues années de lutte armée- sans
le concours d'aucune puissance occidentale.
Au delà de cette expérience commune, ces dirigeants
présentent plusieurs points communs. En premier, lieu ils se
défient de toute forme de paternalisme occidental même s'ils sont
prêts à un dialogue sans concession avec les puissances
étrangères. Ensuite, ils se sont démarqués, dans le
domaine économique, de la phraséologie marxiste et souhaitent
développer les investissements extérieurs. Par ailleurs,
après la vague d'élections dont l'Afrique a été le
théâtre à la suite de la chute du mur de Berlin et la mise
en oeuvre de réformes institutionnelles, la pratique politique de ces
nouveaux responsables marque un net retour au
parti unique.
N'est-ce pas, en effet, à leurs yeux, le meilleur moyen de conjurer le
spectre des divisions ethniques et de forger un nationalisme dans des pays dont
les frontières héritent de l'arbitraire colonial ? Le
nationalisme
constitue en effet le point commun fondamental des nouveaux
régimes et le moyen d'asseoir leur légitimité
auprès des populations.
b) Une croissance économique maintenue en Afrique
Depuis
1995, l'Afrique subsaharienne connaît un taux de croissance annuel de
l'ordre de 4 % (contre 2 % sur la période 1993-1994). En outre, le taux
d'inflation a été ramené de 50 % à 20 % tandis que
le déficit public a diminué de moitié (4,8 % du PIB).
Certes, ce mouvement n'a pas emporté d'un même élan tous
les pays du continent. Certains, notamment en Afrique centrale, sont
demeurés plongés dans la récession. Toutefois, la tendance
générale ne fait guère de doute : elle tranche avec les
deux décennies précédentes marquées par la crise
économique et sociale mais aussi et surtout avec le cycle
récessif dans lequel les autres zones en développement -et au
premier chef, l'Asie- se trouvent enfermées.
La croissance s'explique par la conjugaison de trois facteurs principaux :
- un environnement international plus favorable au cours des dernières
années (relèvement du prix des matières premières
-café, coton, cacao-, croissance européenne et augmentation, en
particulier, de la demande de produits manufacturés textiles bon
marché) ;
- la mise en oeuvre de politiques économiques et financières plus
rigoureuses ;
- l'application -souvent à la demande des bailleurs de fonds
internationaux- de
réformes de structures
destinées
notamment à améliorer la gestion des finances publiques.
.
L'évolution particulièrement favorable des
pays de la zone franc
L'évolution des pays de la zone franc après la dévaluation
de 50 % du franc CFA en janvier 1994, souligne précisément
l'effet fructueux de ces trois éléments combinés.
En effet, la modification des parités n'aurait sans doute
présenté qu'une portée limitée sans une
réduction parallèle de l'inflation. Le gain de
compétitivité permis par la dévaluation s'est ainsi
révélé durable (au contraire, au Ghana comme au Nigeria,
le dérapage des prix intérieurs a effacé les effets
bénéfiques de la dépréciation des devises
nationales). En 1996, le taux de change effectif réel restait en retrait
de 22 % par rapport à celui des années 1984-1985 -dernière
période où le solde courant de la zone franc approchait
l'équilibre.
L'évolution des prix a en effet tiré parti de trois facteurs
distincts : la faible indexation des salaires compte tenu de la rigueur des
politiques salariales publiques et de la pression à la baisse des
revenus induite par le chômage et le secteur informel, le
relèvement modéré des tarifs publics et la progression
limitée des prix vivriers en raison des conditions climatiques
favorables dans les pays sahéliens de la zone.
Par ailleurs, la mesure de dévaluation a également
bénéficié d'un mouvement de
hausse des prix
mondiaux
pour les principaux produits agricoles exportés par les
pays de la zone franc (notamment café, cacao, coton, bois, huile de
palme).
En effet, les prix réels payés aux producteurs ont
dépassé au cours de la campagne 1995-1996 les niveaux atteints
les années passées ; ainsi par rapport à la campagne
1992/1993, la progression pour le café va de 180 % (Côte-d'Ivoire)
à 220 % (Cameroun) pour le cacao, de 10 % (Côte-d'Ivoire) à
45 % (Cameroun) et pour le coton de 10 % (Cameroun) à 30 % (Côte
d'Ivoire).
Les recettes publiques
se sont accrues en conséquence -en
Côte d'Ivoire, les taxes à l'exportation représentent
actuellement 6 % du PIB. Toutefois, les produits miniers (principalement le
pétrole) continuent de représenter 40 % des exportations des pays
de la zone et l'évolution des prix s'est, dans ce domaine,
avérée beaucoup moins favorable.
Grâce à l'augmentation des recettes mais surtout à
une
maîtrise rigoureuse des
dépenses
, les politiques
budgétaires ont permis un redressement sensible du solde primaire
(dépenses hors intérêts de la dette) entre 1993 et 1996
-plus marqué dans les pays de la Communauté économique et
monétaire de l'Afrique centrale (CEMAC) de - 2,6 % du PIB à 6 %-
que pour les pays de l'Union économique et monétaire de l'Afrique
de l'Ouest (UEMOA) -de - 2,9% à 1,7%-.
La
structure des dépenses s'est améliorée
: la part
des salaires a régressé (de 60 % en 1993 à 32 % en 1996)
au profit des investissements sans permettre toutefois de rattraper les retards
pris au cours des années 80 en matière d'
infrastructures
.
Cette évolution se trouve renforcée par la "recomposition
vertueuse" des importations où
la part des biens d'équipement
a progressé
(48 % des importations en provenance de la France en
1996 contre 37 % en 1997), alors même que les achats de biens de
consommation déclinaient.
Enfin, la dévaluation a permis de
rééquilibrer les
revenus entre les zones rurales et les zones urbaines
grâce au
relèvement des prix aux producteurs agricoles (cultures d'exportation et
vivrières) au moment même où les salaires dans les secteurs
privé et public tendaient, dans le meilleur des cas, à stagner
et, plus souvent, à se réduire.
La mise en place d'une politique économique adaptée a permis
ainsi de tirer le meilleur parti de la dévaluation et de poser les bases
d'une croissance équilibrée.
Cette orientation devrait se confirmer en 1998.
.
Incertitudes sur la croissance en Afrique en 1999
Dans ses prévisions sur les perspectives de l'économie mondiale,
le FMI table sur une croissance de 4,7 % en Afrique en 1999 après 3,2 %
en 1997 et 3,7 % en 1998. Pour la première fois, le continent
connaîtra une progression du PIB supérieure à la croissance
moyenne enregistrée en Afrique au cours des vingt dernières
années. Pour la première fois, surtout, il se trouve dans une
situation plus favorable que l'Asie
(6,6 % en 1997, 1,8 % en 1998, 3,9 %
en 1999)
et que l'Amérique latine
(5,1 %, 2,8 %, 2,7 %). La
faible intégration de l'Afrique dans l'économie mondiale et
surtout dans les marchés financiers est devenue un atout dans un
contexte de crise internationale ; il est d'ailleurs significatif que l'Afrique
du Sud, l'économie la plus puissante du continent, ait été
ainsi la seule à avoir pâti de la crise monétaire et de la
contraction des crédits aux pays émergents (les tensions sur les
taux de change en mai et juin derniers ont sérieusement affecté
les réserves de ce pays en devises et conduit à une hausse des
taux d'intérêt).
Par ailleurs, les cours des matières premières ont connu une
évolution contrastée. Les prix du pétrole ont ainsi perdu
plus de 20 % de leur valeur sur le premier semestre 1998 et ont atteint le
niveau le plus bas depuis 10 ans. Ainsi, au Nigeria, premier producteur de
pétrole du continent, la croissance (6,4 % en 1996) ne devrait pas
dépasser 2 % en 1998.
Quant au cours des matières premières non
énergétiques, il devrait également subir le contrecoup du
ralentissement de la demande asiatique. Ainsi, la demande de bois tropicaux
pourrait subir une contraction de 30 à 40 % cette année.
L'Asie achètera, en particulier, moins d'okoumé, une essence
utilisée dans la fabrication du contre-plaqué.
Cependant, les tendances demeurent favorables pour le cacao (+ 8 % en 1998, la
production de la Côte d'Ivoire conservant une place importante sur le
marché avec 1,1 million de tonnes prévu en 1998-1999) et pour le
coton (après les mauvaises récoltes liées à des
phénomènes climatiques et à des catastrophes naturelles
dans les principaux pays producteurs -USA, Chine, Inde).
La croissance pourrait se prolonger en Afrique, en particulier si
l'investissement et la consommation privés prenaient le relais des
exportations comme moteur du développement économique
.
Le taux d'investissement pourrait ainsi atteindre 21,5 % dans la zone franc en
1998 (15 % en 1993 et 18 % en 1995). L'inflation restera sans doute
maîtrisée (2,7 %), condition indispensable pour préserver
les gains de compétitivité.
La conjoncture économique et la désaffection à
l'égard des marchés asiatiques expliquent
l'embellie des
bourses africaines
dont les performances au cours des sept premiers mois de
l'année 1998 dépassent de 18 % celles des autres pays
émergents. La pondération des bourses africaines au sein des
portefeuilles investis dans les pays émergents est d'ailleurs
passée de 6 à 9 %. Toutefois l'Afrique du Sud, en raison de sa
forte liquidité, attire près des ¾ des placements de la
zone. L'inauguration de la bourse régionale des valeurs
mobilières, ouverte aux huit pays de l'UEMOA, à Abidjan le 16
septembre 1998 représente une chance de diversification. Les cotations
ont porté sur 12 sociétés ivoiriennes pour un total de 34
entreprises inscrites sur le marché des actions de cette institution. La
société sénégalaise de
télécommunications Sonatel, récemment privatisée,
est également cotée à la corbeille d'Abidjan depuis
octobre dernier.
c) Les manifestations de la transition démographique
Parmi
ces facteurs de mutation, il est des phénomènes de grande ampleur
et qu'une attention trop concentrée sur l'actualité
immédiate ne permet pas toujours de distinguer. La baisse progressive de
la fécondité en Afrique subsaharienne noire s'inscrit ainsi dans
un mouvement de longue durée dont les effets seront évidemment
décisifs pour l'avenir du continent.
Comme le souligne une récente étude de l'Institut national
d'études démographiques (INED)
l'indice synthétique de
fécondité a baissé de manière significative dans
plusieurs pays
: le nombre d'enfants par femme est ainsi passé entre
le début de la présente décennie de 7,9 % à 5,4 %
au Kenya, de 7,4 à 5,7 % en Côte d'Ivoire, de 6,3 à
5,8 % au Cameroun. Le mouvement s'est avéré plus précoce
et plus accusé en milieu urbain : la scolarisation et le
développement de l'économie monétaire plus poussés
dans les villes favorisent en effet l'adoption de nouveaux comportements comme
le retard du mariage et l'adoption de pratiques contraceptives.
Toutefois, compte tenu de l'inertie propre aux phénomènes
démographiques, la population d'Afrique subsaharienne (570 millions en
1995 sur 6 milliards d'habitants dans le monde) est appelée à
croître encore rapidement pendant plusieurs décennies -en effet,
elle pourrait atteindre, selon les prévisions des Nations unies, 1,8
milliard de personnes en 2 050 sur une population mondiale de 9 milliards. La
fécondité moyenne en Afrique reste encore supérieure aux
taux de l'Asie et de l'Amérique latine : 5,3 enfants par femme contre
2,6.
La situation démographique se caractérise d'ores et
déjà par le poids des jeunes âgés de 15 à 25
ans ; 1,05 milliards de personnes pour l'ensemble des pays en
développement. Aussi l'éducation et l'emploi apparaissent-ils
comme les deux défis essentiels des années à venir.
Entre 1997 et 2010, le taux de croissance annuel de la population active
devrait s'élever à 2,94 %. En conséquence, l'Afrique
devrait créer, d'ici à 2010, près de 9 millions d'emplois
par an pour répondre à cette évolution.
Le taux de
chômage officiel
a doublé en quinze ans dans les zones
urbaines et pourrait atteindre 30 % de la population active à la fin de
la décennie.
2. Le maintien de grandes fragilités
a) Le creusement des inégalités
Le
creusement des inégalités constitue l'une des manifestations les
plus préoccupantes de cette fragilité. Sans doute, comme le
souligne le rapport du Programme des Nations unies pour le développement
publié en septembre 1998, les pays en développement ont
progressé davantage sur le plan du développement humain, au cours
des trente dernières années, que le monde industrialisé
pendant le dernier siècle. Cependant, quelque 80 pays -la plupart
situés en Afrique- disposent d'un revenu par habitant inférieur
de l'ordre de 25 % au niveau atteint au début des années 80
1(
*
)
.
Les inégalités de revenus apparaissent considérables.
Ainsi, 20 % de la population consomment 86 % du total des biens et services.
Plus d'un milliard de personnes ne peuvent satisfaire, avec un revenu
inférieur à 2 dollars par jour, leurs besoins les plus
élémentaires.
Ces disparités ne peuvent que renforcer l'inégalité des
conditions d'accès aux infrastructures de base. Un quart d'habitants des
pays en développement est privé d'un logement correct, un tiers
n'a pas accès à l'eau potable. Par ailleurs, un cinquième
des enfants n'atteint pas la cinquième année de
scolarité.
b) L'extension alarmante de la pandémie du sida
L'accès aux soins
apparaît
particulièrement inégal -situation très
préoccupante au moment où l'espérance de vie
régresse dans de nombreux pays à mesure que s'étend la
pandémie du sida
. Sur les 16 000 nouveaux cas d'infection
quotidiens, 90 % surviennent dans les pays en développement. Du reste,
les deux tiers de toutes les personnes affectées par le virus vivent en
Afrique subsaharienne
2(
*
)
.
Quelque 4 000 contaminations se produisent en moyenne chaque jour dans cette
partie du monde où les taux élevés de fertilité
auraient conduit à la contamination de cinq cent mille enfants
nés de mères séropositives. En Afrique de l'Ouest, les
taux de contamination se sont stabilisés à des niveaux plus bas
qu'en Afrique australe ou orientale, malgré la situation
extrêmement préoccupante de la Côte d'Ivoire et du Nigeria
(dans ce dernier pays, 2,2 millions de personnes seraient
séropositives). Une stratégie volontariste toutefois, il importe
de le souligner, ne reste pas sans effet. Ainsi, en Ouganda, le taux de
contamination a baissé de 5 % par rapport à 1996.
B. LES NOUVEAUX ENJEUX DE L'AIDE PUBLIQUE
1. Au delà de la réduction de l'aide, un doute sur l'efficacité de la politique de développement
a) La baisse des flux financiers
Pour la
troisième année consécutive l'aide publique au
développement a baissé en 1997 -évolution
particulièrement préoccupante au moment même où les
apports de capitaux privés connaissent, après plusieurs
années fastes, en net recul.
.
La réduction des flux de capitaux privés
Après un record de 286 milliards de dollars en 1996, les apports nets de
capitaux privés n'ont pas dépassé 206 milliards de dollars
en 1997. La crise financière en Asie a en effet entraîné un
vaste mouvement de désengagement des banques dans cette région
-que n'a pas compensé une augmentation des prêts au profit de
l'Amérique latine. En 1997 les investissements directs étrangers
vers les pays en développement devraient être davantage encore
affectés par l'extension de la crise.
Le
groupe des pays à faible revenu
a reçu, en 1997, un
total de 22 milliards de dollars principalement concentrés en Chine
et en Inde. Les pays d'Afrique subsaharienne -y compris l'Afrique du Sud- n'ont
reçu que 2 milliards de dollars en investissements directs
étrangers et un montant équivalent en apports bancaires. Les
difficultés des pays les plus pauvres à attirer les flux de
capitaux privés confèrent une place primordiale à l'aide
au développement. Or celle-ci continue de baisser.
.
L'aide au développement
L'Afrique subsaharienne apparaît comme la principale
bénéficiaire de l'aide au développement avec, en moyenne,
27 dollars par habitant en aide et seulement 3 dollars par habitant en
investissements directs étrangers. Pour l'Amérique latine ces
proportions s'établissent respectivement à 13 dollars et 62
dollars.
Ainsi mise en perspective, la baisse de l'aide publique pèse surtout sur
l'économie des pays africains.
Or d'après une étude de l'OCDE,
l'aide publique au
développement
a chuté de 14,2 % en 1997 passant de 55,4
milliards de dollars à 47,6 milliards de dollars
-soit un niveau
inférieur au montant atteint en 1990 (63 milliards de dollars).
L'aide, rapportée au PIB, a ainsi été ramenée de
0,33 % en 1992 à 0,22 % en 1997, le plus bas niveau jamais atteint.
Sans doute les variations monétaires (la baisse des taux de change des
autres monnaies nationales vis-à-vis du dollar expliquent la
moitié de la réduction de l'APD) et les modifications de la liste
des pays bénéficiaires de l'aide permettent-elles de nuancer le
fort infléchissement constaté l'an passé.
Il n'en reste pas moins que la diminution des contributions des principaux
bailleurs de fonds au cours des dernières années constitue un
fait indéniable.
Ainsi l'aide publique au développement française hors territoire
d'outre-mer est passée de 8,931 milliards de francs en 1997 à
8,685 milliards de francs en 1998. Elle ne représente donc plus que 0,36
% du PIB contre 0,40 %.
Les contributions bilatérales représentent plus des trois quarts
de l'aide française. Elles se répartissent entre la
coopération technique et culturelle (45 %), le soutien financier (32 %),
l'aide à l'investissement (16 %). La part consacrée à
l'aide multilatérale (40 % de l'aide totale en 1998) connaît une
certaine
stabilité
depuis une décennie et se
concentre essentiellement sur les versements au bénéfice de la
coopération européenne (60 % de la totalité des concours
multilatéraux).
L'année 1999 devrait, malgré une diminution de l'aide
bilatérale, marquer une légère progression de l'aide
publique grâce à l'augmentation de la contribution
française au Fonds européen de développement (FED). Compte
tenu des perspectives de croissance, l'aide continuera toutefois de
représenter 0,36 % du PIB.
Même si elle stagne à un niveau assez éloigné des
objectifs affichés par le gouvernement, l'aide française se
classe au premier rang des contributions de nos partenaires du groupe des sept
pays les plus industrialisés pour l'aide rapportée au PIB, et au
second rang -derrière le Japon- pour le montant de l'aide en valeur
absolue.
L'effort des Etats-Unis s'est ainsi réduit de 35,5 % -de 9,3 milliards
de dollars à 6,1 milliards de dollars (réduction en partie
explicable par la non prise en compte de l'aide de 2,2 milliards
destinés à Israël dans la catégorie de l'APD). Il ne
représentait plus que 0,08 % du PIB américain en 1997.
Même si sa contribution a diminué de 0,9 %, le Japon reste le
premier pays donateur - 9,3 milliards de dollars contre 9,4 milliards de
dollars en 1996. Seuls quatre pays -le Danemark, la Norvège, la
Suède et les Pays-Bas- ont maintenu leur aide publique au dessus de
l'objectif fixé par l'ONU d'une aide financière de 0,7 % du
PNB.
b) Les nouvelles approches : les exemples américain et européen
La
remise en cause de l'aide au développement va toutefois bien au
delà d'une réduction des contributions des principaux bailleurs
de fonds. Elle touche aux modalités et aux fondements mêmes de
l'aide.
Au risque de passer par pertes et profits les responsabilités et les
prérogatives des Etats, les échanges commerciaux ne
constituent-ils pas le meilleur instrument du développement ?
Certes la question n'a jamais été absente du débat sur
l'aide au développement. L'ancienne apostrophe "trade not aid" comme les
polémiques liées à l'aide "liée" ou
"déliée" en témoignent. Elle apparaît toutefois au
coeur des nouvelles approches de deux acteurs importants de la vie
internationale, les Etats-Unis et l'Union européenne. A cet
égard, elle mérite une attention toute particulière.
.
Les Etats-Unis et l'Afrique
L'Afrique a incontestablement suscité un regain d'intérêt
de la part des Etats-Unis comme l'a souligné la tournée du
président Clinton en mars 1998, la première depuis 20 ans
organisée sur le continent par un chef d'Etat américain.
Toutefois, cette évolution présente une double
caractéristique :
- d'une part, l'attention de Washington apparaît
concentrée sur
quelques régions
(l'endiguement du Soudan et de la Libye au
nord-est, ainsi que sur l'Afrique du Golfe de Guinée et l'Afrique
australe, deux zones où les richesses minières constituent autant
d'enjeux commerciaux) ;
- d'autre part, ce mouvement d'intérêt ne se traduit pas par le
renforcement d'une aide publique qui, au contraire, décroît chaque
année (- 25 % sur la période 1996-1997)
3(
*
)
, mais par la multiplication d'initiatives
fondées sur l'encouragement des échanges.
Ainsi, le projet de loi sur la croissance en Afrique ("Partnership for Economic
grouth and opportunity in Africa") dont l'entrée en vigueur reste encore
subordonnée à l'approbation du Sénat, réunit sous
un cadre commun plusieurs projets antérieurs : suppression des
barrières douanières pour 1 800 produits en provenance
de l'Afrique subsaharienne (mesure contre laquelle certains secteurs
manufacturiers américains ont d'ailleurs manifesté une grande
hostilité) ; incitations à l'investissement privé, soutien
à l'intégration régionale et aux réformes
structurelles ; réduction de la dette.
Lors de son déplacement en Afrique, le président Clinton a du
reste annoncé la création de deux fonds d'investissement, le
premier (500 millions de dollars) destiné à financer la
construction d'infrastructures, le second (150 millions de dollars) permettrait
d'appuyer la création d'entreprises.
Les conditions de financement de ces initiatives apparaissent toutefois bien
incertaines. Du reste le décalage entre les effets d'annonce et un
engagement plutôt parcimonieux n'a pas échappé au
président Mandela qui n'a pas hésité, en présence
du chef d'Etat américain, à critiquer la politique d'aide au
développement des Etats-Unis.
En réalité, les orientations récentes adoptées par
les Etats-Unis sur le continent traduisent avant tout la volonté de
trouver de
nouveaux débouchés
à une économie
américaine confrontée à un important déficit de la
balance commerciale. Dans cette perspective, la confirmation de la croissance
dans plusieurs pays africains confère au continent un
intérêt certain. Les investissements se concentrent sur les
secteurs pétroliers et miniers, pour lesquels la concurrence avec les
entreprises françaises s'est d'ailleurs aiguisée. Ainsi pour le
pétrole, la société Elf-Aquitaine s'est vu contester un
marché par Amoco (Cameroun), Amerada Hers (Gabon), Oxy (Congo), Chevron
(Angola). En République démocratique du Congo, les entreprises
américaines ont rivalisé avec les Sud-Africains pour obtenir des
contrats miniers à la faveur de l'accès au pouvoir de
Laurent-Désiré Kabila. Au second plan des intérêts
stratégiques américains, l'Afrique de l'Ouest retient toutefois
l'attention dans certains domaines : la Guinée (or, diamants), le
Sénégal (or, bauxite) et la Côte d'Ivoire (nickel). Le
transport aérien et surtout les télécommunications ouvrent
par ailleurs de nouveaux et prometteurs champs d'investissement pour
l'industrie américaine.
Entre l'orientation libérale et le maintien du statu quo, existe-t-il
une voie médiane pour réformer l'aide au développement ?
Tel apparaît l'enjeu des négociations sur le nouveau partenariat
entre les Etats membres de l'Union européenne et les pays de la zone
Afrique, Caraïbes et Pacifique (ACP) destinés à se
substituer à la convention de Lomé qui arrive à
échéance en l'an 2000.
.
Un nouveau partenariat entre l'Union européenne et les Etats ACP
Il n'est pas inutile de rappeler ici les trois traits principaux de la
convention de Lomé signée en 1975 (à la suite des
conventions de Yaoundé -1963 et 1969) : le rôle dévolu
à la
concertation
dans le cadre d'instances paritaires, la
définition d'une
coopération prévisible et durable
à travers une programmation pluriannuelle de l'aide
, une aide
fondée sur un
régime commercial très avantageux
(liberté d'accès au marché européen sans obligation
de réciprocité pour la quasi totalité des exportations),
ainsi que sur des mécanismes de stabilisation de recettes à
l'exportation et une contribution financière (13,3 milliards
d'écus pour la période 1995-2000 principalement accordés
sous la forme de
dons
)
.
Comme votre rapporteur a déjà eu l'occasion de le rappeler, les
concours communautaires (au total 10 % environ de l'aide publique au
développement) ont revêtu une importance essentielle à
double titre : d'une part ils ont permis à de nombreux projets de se
concrétiser en Afrique et ailleurs ;d'autre part, ils ont
contribué à maintenir des liens privilégiés
tissés par l'histoire et à préserver ainsi l'influence de
la diplomatie européenne.
Force toutefois est de constater le bilan plutôt décevant de
l'aide européenne. La part de l'Afrique subsaharienne dans le commerce
mondial ne dépasse pas 2 %. En outre, les pays ACP ne sont pas vraiment
parvenus à diversifier leurs exportations concentrées encore
à hauteur de 80 % sur les produits primaires.
Par ailleurs, si l'Europe représente 40 % des recettes d'exportations de
la zone ACP, les parts de marché des pays ACP n'ont cessé de se
dégrader au cours des dernières décennies (de 6,7 % en
1986 à 2,8 % en 1994). Au moment même, par un singulier paradoxe,
les exportations des Etats au développement extérieurs à
la zone ACP progressaient davantage que les ventes des Etats ACP (+ 13 % contre
+ 5,7 % sur la période 1986-1992).
Comment expliquer la modestie des résultats d'une aide pourtant
conséquente ?
En premier lieu, le ressort décisif de la croissance reste la
stabilité de l'environnement politique et social et la rigueur de la
gestion. En la matière, l'aide publique ne constitue pas un substitut
aux responsabilités des dirigeants.
Ensuite, l'impact des préférences commerciales accordé par
la Communauté s'est érodé en raison de la
libéralisation des échanges organisée dans le cadre du
GATT d'abord et de l'Organisation mondiale du commerce
(OMC) depuis 1995.
Cependant les
faiblesses inhérentes au dispositif européen
ne peuvent être ignorées : complexité des procédures
d'aide mises en oeuvre, absence d'une vision d'ensemble des problèmes de
développement... En outre, comme l'a souligné une mission de
réflexion conduite à l'initiative du ministre de l'Economie, des
finances et de l'industrie sur l'avenir de la convention de Lomé, la
coopération n'a pas exercé d'effet stimulant sur les
comportements d'investissement productif et de commercialisation. L'orientation
même d'une aide attribuée de façon trop uniforme justifie
ainsi une révision.
Le mandat confié à la Commission
dans le cadre des
négociations ouvertes le 30 septembre 1999 retient quatre grandes
priorités :
- le renforcement du
dialogue politique
- la stimulation de la
croissance
(à travers trois axes d'appui
-soutien aux facteurs de croissance, au développement du secteur
privé, de la compétitivité et de l'emploi, à la
promotion de la coopération régionale)
- la
simplification de l'aide
(création de deux enveloppes, l'une
consacrée aux aides non remboursables gérée par la
Commission, l'autre placée sous le contrôle de la Banque
européenne d'investissement ; mise en place d'une programmation
glissante destinée à donner aux pays qui auront respecté
leurs engagements, un appui supplémentaire)
- une
modification radicale du régime commercial
(période
de transition de cinq ans -2000/2005- pendant laquelle les
préférences non réciproques actuelles seront maintenues,
accords de libéralisation progressive des échanges conclus entre
l'Union européenne et des sous-ensembles ACP.
Ces éléments constituent seulement une base pour les discussions
à venir. D'ores et déjà, ils fixent des
références auxquelles votre rapporteur attache la plus grande
importance :
- le
maintien de la spécificité de nos liens avec la zone
ACP
alors même que certains de nos partenaires européens
défendaient le principe d'une extension de la couverture
géographique de la convention à l'ensemble des pays les moins
avancés (PMA)
- la sauvegarde de la
variété des interventions de la
communauté
dans les pays ACP et notamment la compensation des pertes
à l'exportation des produits de base (reconduite selon des
modalités nouvelles mais tenant compte de la dépendance de
certains pays ACP à l'égard des aléas affectant les
secteurs agricoles et miniers)
- la mise en oeuvre d'une
transition progressive
vers un régime
commercial compatible avec les règles de l'OMC au moment même
où plusieurs pays européens prônaient une mise en
conformité beaucoup plus rapide ; le statu quo observé pendant
une période de cinq ans -pour lequel d'ailleurs une dérogation
devra de nouveau être obtenue auprès de l'OMC- permettra de
prendre en compte la fragilité des économies de la zone ACP ; par
ailleurs la mise en oeuvre des accords de libre échange s'étendra
à compter de 2005 sur une
période allant de 10 à 15
ans
.
La France a par ailleurs obtenu, dans le cadre du mandat confié à
la Commission, le maintien des protocoles sur le sucre, la banane et la viande
bovine dans la perspective d'un examen ultérieur à la
lumière de la mise en place de zones de libre échange UE-ACP.
Enfin la priorité accordée par notre pays à
l'intégration régionale
a été justement
reconnue.
Votre rapporteur appellera l'attention sur deux points qui lui paraissent
fondamentaux :
- l'effort demandé aux pays de la zone ACP dans le cadre de la mise en
oeuvre du libre échange requerra en contrepartie un
soutien financier
sans faille des Quinze
à un moment où les ressources
communautaires seront déjà extrêmement sollicitées
par l'élargissement de l'Union
- si le libre échange doit constituer un objectif, l'ampleur des
ajustements nécessaires suppose une
grande souplesse dans la mise en
oeuvre
(calendrier et produits concernés).
En outre la logique libérale ne peut prévaloir pour tous les
pays, en particulier -l'on songe par exemple à la zone
sahélienne- pour ceux dont les économies trop fragiles ne
résisteraient pas à l'ouverture des frontières. Aussi,
pour votre rapporteur, il est nécessaire de prévoir pour les pays
les moins avancés (PMA), le maintien de
manière durable
du
régime de préférences asymétriques selon le
modèle fixé par la convention de Lomé.
Le lien commerce-développement n'a de pertinence que s'il s'inscrit dans
le cadre d'une
solidarité préservée
. Les
orientations tracées par l'Union européenne ouvrent la voie.
Quels peuvent être à l'échelle de la communauté
internationale les moyens nécessaires pour réaffirmer cette
solidarité sur des principes rénovés ?
2. La nécessité d'un équilibre
a) Une double priorité : la dette et le commerce
.
La promotion du commerce des pays les moins avancés
En octobre 1997, l'OMC a adopté un programme destiné à
aider les pays les moins avancés à
accroître leurs
capacités commerciales
. Dans ce cadre, cinq axes principaux ont
été retenus : l'accroissement des capacités d'exportation
à travers l'augmentation de l'investissement dans les secteurs
productifs, le développement des services de soutien au commerce
(utilisation des technologies de l'information), la mise en place d'un cadre
favorable aux échanges (modernisation des services douaniers), la
formation humaine, la création d'un régime juridique propice au
commerce et à l'investissement.
En 1998, l'OMC, la CNUCED et le centre du commerce international ont
lancé un
Fonds d'affectation spécial commun
pour appuyer
la mise en oeuvre d'un programme intégré d'assistance technique.
Ce programme doté de 10 millions de dollars a pour vocation d'aider les
pays africains à participer plus activement au commerce mondial et
à améliorer la compétitivité de leurs exportations.
Par ailleurs, à Birmingham, en mai dernier, les pays membres du G8 (le
groupe des sept pays les plus industrialisés auquel s'est jointe la
Russie) a souhaité étudier la suppression du système de
l'aide liée. A cette fin, mission est donnée au comité
d'aide au développement de l'OCDE d'élaborer "une recommandation
sur le déliement de l'aide aux pays les moins avancés" pour 1999.
Sans doute faut-il se réjouir, dans ce domaine, d'une
approche
multilatérale
: un déliement de l'aide conduit de
manière unilatérale ne pourrait qu'affecter négativement
les exportations des pays qui en prendraient l'initiative.
Cependant, il ne faut pas l'oublier, la légitimité de l'aide
repose aussi aux yeux de l'opinion publique, sur
l' "effet retour" pour
les entreprises et l'emploi des pays contributeurs
.
.
Le poids de la dette
Malgré les efforts consentis par la communauté internationale, la
charge de la dette continue de peser lourdement sur le développement des
pays du Sud. La dette extérieure de l'Afrique s'élève
ainsi à 315 milliards de dollars à la fin de l'année 1997.
Dans le cadre de l'initiative sur la dette des pays les plus pauvres et les
plus endettés, les pays créanciers du Club de Paris se sont mis
d'accord sur les "termes de Lyon" (les décisions arrêtées
lors du sommet du G7 à Lyon en 1997) qui portent le taux d'annulation de
la dette jusqu'à 80 % pour les pays qui ont mis en oeuvre de
façon continue et satisfaisante une politique d'ajustement et qui ont
besoin, par ailleurs, d'un traitement exceptionnel de leur dette afin de
ramener celle-ci à un niveau supportable.
Ce nouveau traitement appliqué en 1998 au Mozambique, à l'Ouganda
et à la Côte d'Ivoire présente une double
caractéristique :
- pour la dette subventionnée, un rééchelonnement sur 40
ans dont 16 ans de grâce ;
- pour la dette accordée aux conditions du marché,
réduction de 80 % avec remboursement sur 23 ans dont 6 ans de
grâce dans l'hypothèse où l'Etat concerné opte pour
une réduction du capital de la dette, et rééchelonnement
sur 40 ans dont 8 ans de grâce si l'Etat opte pour une réduction
du service de la dette.
b) Une réorganisation du système international ?
Au-delà des réformes centrées sur deux
axes
-endettement, commerce- l'extension de la crise financière a
également souligné la nécessité d'une organisation
plus efficace des relations économiques internationales. Sans doute
l'heure n'est-elle pas encore aux réalisations concrètes mais
à la réflexion et au débat. A titre d'exemple, la CNUCED,
soucieuse de protéger les pays émergents contre les risques de la
spéculation, a suggéré la mise en place à
l'échelle des mouvements de capitaux d'un système de sauvegarde
comparable au dispositif admis par l'OMC en matière d'échanges
commerciaux. Les pays débiteurs dont la monnaie est attaquée
pourraient ainsi décider d'appliquer unilatéralement un moratoire
sur la dette lorsque leurs réserves ou leurs monnaies tombent
en-deçà d'un seuil jugé alarmant. La décision
serait ensuite soumise à un comité indépendant pour
approbation.
D'après la CNUCED, une telle méthode permettrait de limiter les
concours demandés au FMI. Ce n'est là qu'une piste possible parmi
bien d'autres. La nécessité d'ouvrir un vaste chantier de
réflexion ne fait en tout cas guère de doute.
II. LA COOPÉRATION FRANÇAISE : L'INDISPENSABLE ÉQUILIBRE ENTRE RÉFORME ET CONTINUITÉ
La
politique de la France en Afrique doit s'adapter aux évolutions du
contexte international. La réforme de la coopération dont les
principes avaient été adoptés par le
précédent gouvernement répond à cette
nécessité. Elle engage au delà d'une simple
réorganisation administrative -d'ailleurs devenue indispensable- une
nouvelle approche de notre diplomatie sur le continent.
Le nouveau cadre institutionnel se met progressivement en place, mais les
grandes orientations politiques n'ont pas toutes été
arrêtées. Il revient donc au Parlement, à ce moment
décisif de la réforme à laquelle il a été
fort peu associé, de réfléchir sur les voies à
suivre et de faire entendre sa position.
A. LA RÉFORME ET SES INCERTITUDES
1. Une profonde modification des structures
La réforme de la coopération adoptée par le Conseil des ministres du 4 février 1998 revêt principalement une dimension institutionnelle.
a) Le regroupement des services du ministère des Affaires étrangères et du secrétariat d'Etat à la Coopération.
Cette
évolution représente le volet le plus spectaculaire de la
réforme. Elle se traduit par la disparition du secrétariat d'Etat
à la Coopération et à la fusion de la direction du
développement et du service de la coordination géographique de la
Rue Monsieur et de la direction générale des Relations
culturelles, scientifiques et techniques du Quai d'Orsay au sein d'une nouvelle
direction générale de la coopération internationale et
du développement
.
Un arrêté déterminera précisément les
attributions de cette direction dont la mise en place interviendra en janvier
1999. Il faut ici se féliciter que la logique de la réforme ait
été conduite à son terme et qu'une réelle
intégration ait été préférée à
une juxtaposition des services existant au sein d'un même
ministère.
La réforme de la coopération aura aussi pour conséquence
une nouvelle configuration de notre représentation à
l'étranger. En effet, les 31 missions de coopération et
d'action culturelle seront progressivement transformées en
services
au sein des ambassades sans, d'ailleurs, que leurs attributions
soient modifiées en substance. Elles continueront à assurer le
suivi général du programme de coopération dans leur pays
de résidence ainsi que la gestion directe des opérations de
coopération administrative et institutionnelle.
Toutefois, la mise en place de la réforme soulève un certain
nombre de questions relatives à la gestion locale des crédits
(fonctionnement de la cellule comptable unique et régularisation de la
situation des ordonnateurs secondaires délégués) ainsi
qu'à l'assimilation des personnels actuellement placés sous des
régimes très divers (titulaires de la coopération,
détachés et contractuels) ou du réseau culturel.
La coordination nécessaire à la mise en oeuvre de la refonte du
dispositif de notre coopération incombe à une
mission de
pilotage
4(
*
)
. Le calendrier, quant à
lui, fait apparaître trois dates clefs :
- en
juin 1998
, la réunion des comités techniques
paritaires appelés à donner leur avis sur le décret et les
arrêtés déterminant la nouvelle structure au sein du
ministère des Affaires étrangères et les grandes
orientations de la réforme en matière de gestion des personnels
et des statuts ;
- en
septembre-octobre 1998
, la mise en place de la
nouvelle
administration de gestion du ministère
(héritière de
la direction générale de l'administration du Quai d'Orsay et la
direction de l'administration générale de la Rue Monsieur) et
présentation au Parlement d'un
budget unique
;
- enfin, en
janvier 1999
, mise en place de la future direction
générale de la coopération internationale et du
développement.
b) La création de nouvelles instances
.
La création d'un Comité interministériel de la
coopération internationale et du développement (CICID)
Cette nouvelle instance créée par décret du 4
février 1998, prend la suite du Comité interministériel
d'aide au développement (CIAD) . elle est présidée par le
Premier ministre ; son secrétariat sera assuré conjointement par
le ministre des Affaires étrangères et par le ministre de
l'Economie et des Finances
5(
*
)
Le CICID s'est vu assigner quatre missions :
- la détermination de la zone de solidarité prioritaire (pays
vers lesquels sera concentrée l'aide au développement
bilatérale) ;
- la définition des principes et des modalités de la
coopération internationale ;
- le contrôle de la cohérence des priorités
géographiques et sectorielles des diverses composantes de la
coopération ;
- le suivi et l'évaluation de la conformité aux objectifs de la
politique d'aide française.
A cette fin, le CICID, en liaison avec le Comité interministériel
des moyens de l'Etat à l'étranger (CIMEE) réunira toutes
les informations relatives au volume, à la nature, à
l'utilisation et à la répartition géographique des moyens
de l'aide publique au développement. Un rapport annuel rendra compte de
ce travail d'analyse et d'évaluation.
Le CICID devrait tenir sa première réunion en novembre 1998 et
définir à cette occasion les contours de la zone de
solidarité prioritaire.
.
L'Agence française de développement, principal
opérateur des projets et des programmes d'aide au
développement
Outre le changement de désignation
6(
*
)
-de "caisse" en "agence"- d'ailleurs peu opportun, la principale modification
relative à l'AFD concerne l'élargissement de ses
compétences aux
infrastructures sociales
(santé,
éducation) dont la responsabilité revenait, en principe, sous le
régime antérieur, au secrétariat d'Etat à la
Coopération. L'Agence demeure par ailleurs l'opérateur de
référence pour le développement économique, les
infrastructures économiques, le transport, l'environnement et le soutien
privé. Les moyens budgétaires de l'Agence nécessaires
à l'exercice de ses nouvelles compétences seront inscrits au
budget du ministère des Affaires étrangères et mis en
place selon une procédure de programmation et de
délégation annuelle.
Le ministère des Affaires étrangères -et en son sein la
future direction générale de la Coopération internationale
et du Développement- assumeront, à l'instar de l'ancien
secrétariat d'Etat à la Coopération, la gestion directe
des opérations relevant des secteurs institutionnels et de
souveraineté (justice, Etat de droit, administration économique,
défense, police ...) ainsi que les actions de développement
culturel, scientifique et technique.
L'AFD conserve par ailleurs son statut d'établissement public et
d'institution financière spécialisée soumise à la
loi bancaire de 1974, défini par le décret 92-1176 du 30 octobre
1992.
L'Agence aura pour champ d'intervention la zone de solidarité
prioritaire, éventuellement élargie au cas par cas par le CICID.
.
La contractualisation des relations avec les pays de la zone
de solidarité prioritaire
Un "accord de partenariat pour le développement" conclu avec chaque pays
de la zone de solidarité prioritaire précisera dans un cadre
pluriannuel les différents types de coopération définis
d'un commun accord : développement, coopération militaire mais
aussi maîtrise des flux migratoires.
La programmation financière par projet continuera, quant à elle,
de s'inscrire dans un cadre annuel.
Deux accords-cadre de partenariat ont d'ores et déjà
été signés en 1998 avec le Mali et la Mauritanie.
.
La création d'un Haut Conseil de la coopération
internationale
Le
Haut Conseil de la coopération internationale
qui sera
créé auprès du Premier ministre aura pour vocation de
rechercher, en matière de coopération internationale, une
meilleure articulation entre l'action des pouvoirs publics et celle de la
société civile.
A cette fin, le Haut Conseil émettra des avis et formulera des
recommandations sur la politique de coopération. Il remettra, chaque
année, un rapport au Premier ministre.
Le Haut Conseil devrait comprendre 60 membres, nommés pour une
durée de trois ans, renouvelable une fois, par le Premier ministre qui
désignera le président du Haut Conseil. Les 60 membres devraient
se répartir de la manière suivante :
- 5 personnes nommément désignées appartenant au Conseil
économique et social et à l'association des présidents des
conseils généraux et à l'association des maires de France.
- 40 personnes nommément désignées appartenant :
- aux organisations ayant pour activité principale la solidarité
internationale ;
- aux collectifs d'organisations de migrants, chargées de leur
intégration en France, en liaison avec leur pays d'origine ;
- aux confédérations syndicales de salariés ;
- aux groupements d'employeurs ;
- aux organismes mutualistes relevant du code de la mutualité et aux
fédérations de mutuelles, de coopératives et d'entreprises
de l'économie sociale ;
- 15 personnalités choisies en raison de leur autorité dans le
domaine de l'aide au développement et de la coopération.
Des représentants de l'administration ainsi que le directeur de l'Agence
française de développement, le secrétaire
général de la commission nationale de la coopération
décentralisée et le secrétaire général de la
commission nationale consultative des droits de l'homme participeraient
également, avec voix consultative, aux travaux du Haut Conseil.
Ce Haut Conseil peut jouer un rôle utile s'il ne constitue pas une
instance supplémentaire vouée à se réunir de
façon épisodique et à adopter des recommandations
davantage inspirées par des considérations très
générales que par l'étude des situations dans leur
réalité et leur diversité.
Les parlementaires pourraient précisément faire valoir leur
expérience acquise à l'occasion de nombreuses visites dans les
pays en développement
. Il est donc pour le moins surprenant que leur
présence n'ait pas été prévue à ce stade
dans cette instance.
Un tel "oubli" paraît incompréhensible et devra être
réparé dans le décret instituant le Haut
Conseil.
2. De nombreuses interrogations
Que la
réforme réponde à un besoin réel ne laisse
guère de doute. Elle soulève toutefois plusieurs incertitudes.
La première est d'ordre budgétaire : la coopération
bénéficiera-t-elle d'un effort budgétaire à la
mesure des ambitions affichées ? L'examen du projet de loi de finances
pour 1999 permettra, dans la dernière partie, d'apporter les
éléments de réponse nécessaires.
a) La difficile mise en place d'un cadre interministériel
La
seconde interrogation tient à la capacité conférée
à notre politique de coopération d'avoir une véritable
dimension interministérielle. La mise en place d'un cadre institutionnel
comme le CICID ne saurait tenir lieu de substitut à une volonté
politique défaillante. A cet égard, l'expérience du
Comité interministériel d'aide au développement (CIAD)
créé par le gouvernement de M. Alain Juppé s'est
révélée décevante.
L'expérience du CIAD s'était révélée
décevante. Certes, le premier CIAD s'était réuni le 20
juin 1996 pour examiner dans la perspective du G7 à Lyon la part de la
France dans l'APD et la répartition de cette aide entre les PMA, les
pays émergents et les pays intermédiaires. Il avait par ailleurs
confirmé la mise en place d'un groupe d'évaluation sur
l'efficacité de l'aide et confirmé les conditions d'intervention
des concours budgétaires aux pays africains (accord préalable
avec le FMI et la Banque mondiale). Toutefois, une seconde réunion du
CIAD, chargée d'étudier les critères d'allocation de
l'APD, de l'aide alimentaire et de l'avenir de la convention de Lomé,
programmée fin 1996, repoussée début 1997, n'a finalement
jamais eu lieu.
Les efforts entrepris pour favoriser une meilleure concertation des
administrations intéressées pour l'aide au développement
se heurtent aux résistances du ministère de l'Economie et des
Finances, principal gestionnaire de l'aide publique au développement, et
gardien jaloux des prérogatives qui lui sont conférées
dans le domaine de la dette. Or la présente réforme de la
coopération n'affecte en rien les attributions de Bercy. Il est clair
toutefois que notre politique en matière de prêts ne saurait
être séparée des
priorités diplomatique dont la
définition incombe, sous l'autorité du Président de la
République et du Premier ministre, au ministre des Affaires
étrangères
.
Le CICID permettra-t-il de bousculer les habitudes ? Seule l'expérience
permettra d'en juger. Votre rapporteur ne peut toutefois se départir en
la matière d'un certain scepticisme.
b) Les contours indécis de la "zone de solidarité prioritaire"
La
troisième interrogation porte sur
les contours de la zone de
solidarité prioritaire
. En principe, cette notion couvre les pays
les moins développés et qui n'ont pas facilement accès au
marché de capitaux. La référence aux "pays du champ",
moribonde depuis l'ouverture de la coopération aux 34 pays de la zone
Afrique, Caraïbes, Pacifique disparaît bel et bien. Certes, au cours
des deux dernières années, les priorités de l'aide
publique française telles qu'elles ressortent de la répartition
des crédits du Fonds d'aide et de coopération (FAC) n'ont
guère connu de profondes modifications : les pays d'Afrique francophone
demeurent et de loin, privilégiés.
En outre, le ministre délégué à la
Coopération a souligné l'attention qui continuerait de s'attacher
au sein de la zone de solidarité prioritaire aux pays d'Afrique "en
raison des liens historiques et politiques" traditionnels, aux autres pays de
la zone ACP afin d'assurer une bonne coordination avec l'aide européenne
et enfin, aux pays francophone. Enfin, les frontières de cette zone
pourront bouger, comme l'a déclaré le Premier ministre
"année après année" au vu de l'évolution
économique et du développement des pays concernés ...
Ces indications ne fixent guère de conditions vraiment limitatives
à notre politique de coopération. Selon le critère du
montant du PNB rapporté au nombre d'habitants, le monde compte 60 pays
"relativement pauvres" -revenu compris entre 500 et 2 000 dollars- et 45 pays
très pauvres -revenu inférieur à 500 dollars. La France
a-t-elle vocation à aider tous ces pays ?
Sans doute l'élargissement du "champ" de la coopération -en
particulier aux pays d'Afrique anglophone- répond aux évolutions
nécessaires. Toutefois, la notion bien imprécise de zone de
solidarité prioritaire présente un double risque
d'éparpillement de l'aide sur un nombre trop important de pays et de
banalisation de l'Afrique au sein du monde en développement.
De telles perspectives sont contenues en germe dans la réforme. Car au
delà même de la notion de "ZSP",
l'aspect institutionnel de la
réforme
, avec la fusion des administrations, affectera sans doute la
hiérarchie des priorités dans le domaine de l'aide au
développement.
Les inquiétudes se cristallisent dès aujourd'hui sur notre
coopération militaire
après la fusion de la mission
militaire de coopération (rattachée à l'ancien
secrétariat d'Etat à la Coopération) et de la
sous-direction de l'aide militaire (relevant de la direction des affaires
stratégiques, de sécurité et de désarmement du
ministère des Affaires étrangères) au sein d'une nouvelle
direction créée au ministère des Affaires
étrangères, la
direction de la coopération militaire et
de défense
. Cette direction agira en étroite coordination
avec le ministère de la Défense, principal pourvoyeur des moyens
nécessaires à la coopération dans ce domaine, et la
direction générale de la coopération internationale et du
développement pour la mise en oeuvre des programmes et leur
évaluation. Une approche différenciée en fonction de la
situation de nos partenaires pourra-t-elle être vraiment maintenue, alors
même que l'organisation de la direction repose sur une
spécialisation par fonction entre la sous-direction chargée de la
coopération militaire et celle chargée de la coopération
de la défense
7(
*
)
?
*
Au moment même où l'Afrique connaît une croissance supérieure à celle des autres continents, où l'aide française apportée avec constance commence à porter ses fruits, ce continent doit rester au coeur de nos préoccupations. L'adaptation nécessaire de notre aide ne doit pas conduire à un affaiblissement de nos priorités mais, au contraire, à la formulation claire de choix. C'est précisément tout l'enjeu de la réforme qui doit permettre aux responsables politiques de faire prévaloir leurs choix dans des domaines où, faute d'orientation précise, la décision est trop souvent revenue aux seules administrations.
c) Les conséquences pour les personnels
Quatrième préoccupation d'importance,
le sort
réservé au personnel
. En effet, le regroupement des
administrations se traduira par d'importants mouvements d'effectifs. Le
ministre des Affaires étrangères s'est engagé sur la
possibilité pour chaque agent de connaître dès le
début de l'automne, au terme d'un processus d'appel à candidature
et de fiches de postes, les fonctions qui lui seront proposées au sein
de la nouvelle direction générale.
La concertation continue avec les personnels, indispensable, incombe à
la mission de pilotage.
Au delà de ces changements d'affectations, se pose la question de
l'assimilation des personnels de l'administration de la Coopération tant
à Paris qu'à l'étranger aux personnels diplomatiques. Las
grande diversité de leurs statuts (titulaires de la Coopération,
détachés et contractuels) avait jusqu'à présent
représenté un frein réel aux projets de réforme de
la coopération. Le ministre des Affaires étrangères, lors
de la réunion des membres des comités techniques paritaires en
juin dernier, a fixé une double orientation :
- intégration "à délais rapprochés" des corps
d'encadrement supérieur de la Coopération et des Affaires
étrangères (intégration des administrateurs civils de la
Coopération dans le corps des secrétaires, conseillers des
Affaires étrangères et ministres plénipotentiaires) ;
- éventuelle création d'un corps unique regroupant les
secrétaires adjoints des Affaires étrangères et des
attachés d'administration du Quai d'Orsay et de la Rue Monsieur (et
amélioration parallèle du pyramidage et du tour extérieur,
afin de conférer plus de fluidité au déroulement des
carrières).
Dans l'attente de la fusion des corps, les personnels de la coopération
continuent à être identifiés dans la grille des emplois
inscrits au budget des Affaires étrangères et à faire
l'objet d'une gestion distincte dans le cadre de commission administratives
paritaires séparées. Une sous-direction a été
instituée au sein de la direction des relations humaines du Quai d'Orsay
afin d'assurer à titre transitoire, la gestion statutaire et le suivi de
ces agents jusqu'au 31 décembre 2000.
La mise en oeuvre pratique de ces mesures et l'examen de l'ensemble des
conséquences qu'elles emportent, notamment en matière
indemnitaire, représente un immense chantier administratif et
recèle encore bien des incertitudes. Dans ce domaine, aussi, la plus
grande vigilance s'impose.
B. LES INDISPENSABLES CONTINUITÉS
Pour votre rapporteur, la réforme de la coopération doit préserver trois éléments déterminants de notre influence en Afrique : la zone franc, la coopération militaire, la présence économique française sur le continent.
1. La zone franc
a) Le maintien d'une coopération privilégiée
La
pérennité de la zone franc représente l'un des gages les
plus sûrs de la force du lien franco-africain. La coopération
monétaire repose, rappelons-le, sur trois principes :
- L'existence d'un institut monétaire commun pour chacune des deux
sous-zones (la Communauté économique et monétaire de
l'Afrique centrale -CEMAC- et l'Union économique et monétaire
ouest-africaine -UEMOA-) chargé de centraliser les réserves en
devises ;
- le maintien d'une parité fixe en franc français ;
- l'assurance d'une
garantie de convertibilité illimitée
des monnaies émises par les différents instituts
d'émission de la zone franc ; la libre convertibilité de la
monnaie de chaque sous-zone est assurée par le compte d'opération
ouvert auprès du Trésor français par chaque banque
centrale de la zone et sur lequel les banques centrales ont un droit de tirage
illimité en cas d'épuisement de leurs réserves en devises
(en contrepartie de ce droit de tirage, les banques centrales doivent
déposer sur le compte d'opération au moins 65 % de leurs avoirs
extérieurs en devises).
La mise en place de l'Union économique et monétaire
(définition d'une parité fixe entre le franc et l'euro au 1er
janvier 1999, disparition du franc français en tant que tel en 2002) a
suscité chez nos partenaires africains une double préoccupation :
d'une part, la coopération monétaire entre la France et les pays
de la zone franc pourrait-elle être maintenue alors que notre politique
monétaire s'inscrirait désormais dans un cadre européen ?
D'autre part, dans l'hypothèse même où cette
inquiétude serait levée, la définition d'une parité
fixe entre le franc et l'euro ne provoquerait-elle pas une dévaluation
du franc CFA ?
Des rumeurs insistantes de dévaluation s'étaient ainsi
répandues sur le continent au cours du premier semestre de cette
année.
Aujourd'hui, cependant, la France a obtenu de ses partenaires européens
des engagements de nature à rassurer nos amis africains.
Conformément aux arguments défendus par notre
gouvernement
8(
*
)
, un accord politique intervenu
au Conseil des ministres de l'économie et des finances de l'Union
européenne le 6 juillet dernier a reconnu d'une part la
possibilité, pour la zone franc, de continuer à fonctionner
indépendamment de l'Union européenne (pour autant que les accords
liés à la zone franc demeurent dans leur état actuel) et,
d'autre part, la liberté laissée à la France et aux pays
africains de maintenir la parité actuelle du franc CFA aussi longtemps
qu'ils le jugent nécessaire.
La modification des accords de la zone franc requerra dans deux cas seulement
une décision préalable du Conseil de l'Union : l'admission d'un
nouvel Etat, la modification de la nature même de l'accord (par exemple
une remise en cause du principe de garantie de la convertibilité
à taux fixe).
En conséquence, la coopération se poursuivra entre la France et
les pays de la zone franc ; le franc CFA subsistera en l'état et sa
convertibilité demeurera garantie par le Trésor français.
Par ailleurs, les autorités françaises ont assuré à
plusieurs reprises que le passage à l'euro n'aurait aucune modification
de parité du franc CFA. Trois arguments de fond plaident en effet dans
ce sens : les économies africaines auraient conservé de 20
à 30 % des gains de compétitivité permis par la
dévaluation de 50 % du franc CFA, l'inflation demeure
maîtrisée, la croissance se maintient autour de 5 % par an dans la
plupart des pays de la zone.
Dès lors, la parité entre le franc CFA et l'euro devrait se
déduire automatiquement de la parité fixée au 1er janvier
1999 entre le franc français et l'euro.
b) Les risques pour l'avenir
A moyen
terme, les perspectives paraissent toutefois plus incertaines. Les
conséquences de la crise asiatique pourraient provoquer un
ralentissement de la croissance africaine et une
dégradation de la
compétitivité
des économies de la zone franc
-confrontées aux dévaluations des devises asiatiques-. Le risque
d'une surévaluation du franc CFA ne saurait être
écarté pour 1999.
Au delà, la divergence croissante entre les économies des deux
unions monétaires réunies dans la zone franc représentent
aussi un facteur de fragilité pour la pérennité de la zone
franc.
Si aucune évolution du régime de change ne peut évidemment
être écartée pour les années à venir, la
garantie de la convertibilité
doit rester un principe essentiel
de notre coopération. En effet elle assure la crédibilité
du franc CFA (et sa stabilité, en particulier lors des crises
financières), elle justifie surtout la participation de la France
à la gestion des politiques monétaires des pays partenaires
africains et partant, le maintien des liens privilégiés qui nous
unissent.
2. La coopération militaire
Aussi nécessaire soit-il, le renforcement des capacités africaines de maintien de la paix, orientation majeure de notre coopération au cours des dernières années, ne portera ses fruits que dans la longue durée. A proche échéance, la crédibilité de notre coopération repose avant tout sur les accords de défense et sur une présence significative sur le terrain. L'adaptation certes nécessaire de notre dispositif militaire ne doit pas avoir pour conséquence, de ce point de vue, d'affaiblir la confiance dont nous bénéficions sur le continent.
a) Le renforcement des capacités africaines de maintien de la paix
Longtemps thème d'une rhétorique sans grands
effets,
le renforcement des capacités africaines de maintien de la paix a connu
un
élan incontestable
au cours de la période
récente.
En premier lieu, il s'inscrit désormais dans une
démarche
multilatérale
associant la France, les Etats-Unis et le Royaume-Uni.
Ces trois pays sont convenus en mai 1997 de promouvoir un cadre institutionnel
ouvert à tous les pays intéressés et destiné
à coordonner, sous l'égide des Nations unies et de l'Organisation
de l'Unité africaine, les efforts de la communauté internationale
en faveur du renforcement des capacités africaines de maintien de la
paix en Afrique. Ainsi le dispositif s'articule-t-il autour de deux
groupes :
- un
groupe ouvert à tous les Etats
intéressés
assure l'échange des informations et met en regard les offres et les
demandes ; le secrétariat en est assuré par le département
des opérations de maintien de la paix des Nations unies (la
première réunion de ce groupe s'est tenue à New York le 5
décembre 1997, à l'initiative du secrétariat des Nations
unies, en présence d'une centaine de délégations) ;
- des
groupes ad hoc
limités à quelques pays et
formés de manière ponctuelle pour organiser un exercice
multilatéral de maintien de la paix, équiper un bataillon ou
créer un centre régional de formation au maintien de la paix.
Certains de ces groupes, les plus actifs sans doute, prendront une dimension
régionale.
En second lieu, la France a, pour sa part, clairement marqué une
priorité pour le renforcement des capacités africaines de
maintien de la paix en consacrant à ce domaine près de 20 % des
crédits dévolus à la coopération militaire. Le
programme RECAMP (renforcement des capacités africaines de maintien de
la paix), pendant du projet américain ACRI ("African crisis response
initiative" -quelque 15 millions de dollars en 1998 principalement
consacrés à la formation au maintien de la paix de 8 bataillons
dans 7 pays africains) s'inscrit dans le cadre de l'accord de mai dernier.
Il recouvre trois types d'initiatives :
- le prépositionnement à Dakar, en janvier 1998, du
matériel nécessaire à l'équipement d'un
bataillon africain de maintien de la paix
(ce matériel,
stocké au sein des forces françaises, n'est pas
réservé à l'usage exclusif de l'armée
sénégalaise mais peut bénéficier à tous les
pays de la sous-région à l'occasion d'un exercice ou d'une
opération de maintien de la paix) ;
- le déroulement, à la fin du mois de février, de
l'exercice franco-africain de maintien de la paix "Guidimakha 98
"
rassemblant près de 3 000 soldats africains et 500 militaires
français à la frontière du Sénégal, du Mali
et de la Mauritanie ;
- la création, en octobre 1998, en Côte d'Ivoire à 20
kilomètres de Yamoussoukro d'un
centre de formation au maintien de la
paix
qui a aussi vocation à s'ouvrir aux pays anglophones.
Le renforcement des capacités africaines de maintien de la paix
apparaît comme un champ privilégié d'une
coopération multilatérale dont toutes les possibilités
n'ont d'ailleurs pas été encore utilisées. Ainsi, au
delà même de la concertation au sein des groupes réunis
sous l'égide des Nations unies, la coopération pourrait porter
sur des initiatives concrètes telles que les exercices communs dont le
coût justifierait un
financement conjoint de plusieurs bailleurs de
fonds
. Une telle possibilité devrait être mise à
l'étude dans la perspective des exercices multinationaux
planifiés par la France tous les deux ans :
- un exercice en l'an 2000 en Afrique centrale qui pourrait regrouper les pays
volontaires membres du comité consultatif permanent des Nations unies
pour les questions de sécurité en Afrique centrale
9(
*
)
(la crise dans cette région pourrait remettre
en cause le montage de cette opération) ;
- un exercice en 2002 en Afrique de l'Est qui se déroulerait à
Djibouti ;
- un nouvel exercice, à l'horizon 2000, en Afrique de l'Ouest.
Toutefois, la mise en oeuvre d'initiatives multilatérales rencontre de
nombreux obstacles. Ainsi, la création d'une force d'une Mission des
Nations unies en République centrafricaine (MINURCA) -première
opération de ce type en Afrique depuis cinq ans s'est
avérée très délicate. Souvenir de l'échec
enregistré en Somalie ? Coût financier de l'entreprise ? Le
Congrès américain a en tout cas manifesté de nombreuses
objections. Le gouvernement américain est finalement passé outre
ces réticences, à condition que le mandat de la MINURCA ne
dépasse pas trois mois et soit limité dans son objet
("sécuriser" la capitale, superviser le stockage d'armes dans le cadre
de l'opération de désarmement). Cependant, le Conseil de
sécurité des Nations unies a finalement, en octobre dernier,
décidé de prolonger le mandat de la MINURCA
10(
*
)
jusqu'au 28 février 1999 afin de superviser
l'organisation des élections législatives (prévues pour
les 22 novembre et 13 décembre 1998) : transport et
sécurité du matériel électoral dans les provinces
ainsi qu'appui à la mission d'observation internationale.
b) L'importance de la présence militaire française
Ces
difficultés et l'instabilité récurrente de certains Etats,
en particulier en Afrique centrale, soulignent l'importance d'une
présence militaire française. Votre rapporteur, sans nier la
nécessité d'adapter notre dispositif en Afrique, en liaison avec
la réforme des armées, ne peut que manifester une certaine
préoccupation quant au maintien de nos capacités
opérationnelles sur le continent. En effet, les restructurations se
traduiront par une baisse des effectifs déployés (de 8 000
à 5 600 hommes à l'horizon 2000) et par une importante
modification du ratio permanents/tournants (diminution de la part des
militaires envoyés pour un séjour de longue durée au
profit de compagnies "tournantes", relevées tous les quatre mois). En
outre, le dispositif a été resserré autour de cinq bases
au sein de trois groupements de forces (groupement Est -Djibouti- groupement
Centre -Tchad, Gabon- groupement Ouest -Sénégal, Côte
d'Ivoire).
En particulier, le départ de Centrafrique, des éléments
français prépositionnés, n'a peut-être pas
suffisamment tenu compte des enjeux stratégiques d'une présence
militaire française dans ce pays.
3. Renforcer la présence française en Afrique
Notre influence en Afrique repose principalement sur cette communauté de Français -chefs d'entreprise, salariés du secteur privé, coopérants et leurs familles- qui oeuvre au quotidien et parfois dans des conditions très difficiles au développement économique et à la pérennité de la solidarité entre la France et l'Afrique. C'est pourquoi il convient de donner à ces Français les moyens d'exercer leur activité dans les meilleures conditions.
a) La nécessaire mise en place d'un socle de garanties pour nos ressortissants
A ce
titre, il apparaît d'abord indispensable, comme votre rapporteur a
déjà eu l'occasion de le rappeler à de nombreuses
reprises, de donner un socle de garanties pour les travailleurs français
en Afrique afin d'assurer une réelle protection des personnes et des
biens. Il est également nécessaire de veiller au versement des
pensions de retraite.
En effet, nos compatriotes bénéficiaires de droits acquis
auprès des régimes locaux d'assurance vieillesse ont
été gravement affectés, on le sait, par la
réduction par moitié de leurs pensions à la suite de la
dévaluation du franc CFA en 1994. Une mission tripartite dirigée
par l'Inspection générale des affaires sociales, menée
avec les services du ministère des affaires étrangères et
de la coopération, a conclu que la France ne pouvait pas se substituer
à des Etats souverains pour garantir la valeur des prestations servies
par leurs régimes de sécurité sociale et libellées
dans leur monnaie nationale. Elle n'a pas pris suffisamment en compte la part
prise par la France dans la décision de dévaluer. Toutefois,
à la suite de cette mission, le gouvernement français a
accepté de réexaminer sans tenir compte de la date limite,
certains dossiers de demandes d'aide exceptionnelle au titre du dispositif de
soutien mis en place en 1994 (aide plafonnée et sous condition de
ressources -60 000 F pour une personne seule, 90 000 F pour un couple).
Cette disposition n'est pas suffisante et n'est pas à la mesure des
difficultés rencontrées par une grande partie des Français
touchés par la dévaluation. Elle doit ainsi faire l'objet d'un
complet rééxamen.
Reste le problème du
versement souvent aléatoire des pensions
de retraite
par les caisses de retraite africaines confrontées
à de graves difficultés financières. Sur ce chapitre, la
mission tripartite a formulé plusieurs recommandations
intéressantes : centralisation et suivi systématique par le
centre de sécurité sociale des travailleurs migrants des dossiers
des personnes rencontrant des difficultés, évocation
systématique de cette question lors des rencontres bilatérales ou
multilatérales entre le gouvernement français et ses homologues
africains, présentation des propositions concrètes d'aide, dans
le cadre de la politique de coopération, au fonctionnement des caisses
de retraite en complément de l'action déjà menée
par la conférence interafricaine des institutions de prévoyance
sociale (CIPRES) en matière de contrôle de gestion et d'assistance
technique.
Par ailleurs une circulaire prise sous responsabilité de la direction de
la sécurité sociale donnera pour instruction aux caisses de
sécurité sociale de liquider de façon autonome et sans
délai, même de façon provisoire, les droits à
pension française des personnes ayant accompli une carrière mixte
sur le territoire national et dans un Etat lié à la France par
une convention bilatérale de coordination. De la sorte, les retards ou
la carence des institutions étrangères ne devraient pas se
traduire également par des retards dans la liquidation des droits du
côté français. En outre, le gouvernement s'est
engagé à étudier, dans la même perspective, les
moyens de faciliter la preuve de leurs activités en Afrique pour les
personnes ayant cotisé à des caisses locales en vue
d'améliorer la prise en compte de ces périodes pour le calcul des
pensions françaises. Enfin, les modalités de coordination
contenues dans certaines des conventions évoquées pourraient
faire l'objet d'une révision en accord avec l'Etat partenaire s'il
s'avère que des aménagements techniques permettent de
régler certaines difficultés.
Ces orientations positives doivent encore se concrétiser. Votre
rapporteur, pour sa part, continuera d'y apporter une attention
particulièrement vigilante.
Mais ces mesures n'apparaissent pas encore suffisantes. Il est donc
nécessaire de mettre au point un mécanisme permettant de
précompter sur l'aide budgétaire versée à certains
de nos partenaires le montant représentatif des sommes dues aux
retraités français par les caisses de retraite
défaillantes et de le leur verser directement.
L'expatriation, il ne faut jamais l'oublier, demeure, en particulier pour tous
les travailleurs indépendants, un choix risqué mais aussi un
choix coûteux. Elle conduit à renoncer à de nombreux
avantages, notamment la gratuité de l'enseignement et une protection
nationale généreuse.
Comment encourager nos compatriotes à s'expatrier, comme le demandent
avec insistance tous les gouvernements successifs si on ne prend pas les
mesures concrètes nécessaires ?
b) Une action plus résolue en faveur des PME et l'indispensable remise en cause des blocages administratifs
Au-delà des garanties indispensables à
l'expatriation,
il devient indispensable de procurer aux petites et moyennes entreprises les
incitations nécessaires pour investir à l'étranger. Un
mécanisme de bonification d'intérêts apparaîtrait
particulièrement opportun pour les entreprises, qui, à l'instar
des sociétés françaises établies au
Congo-Brazzaville, participent par leur activité à la
reconstruction économique d'un pays.
Or l'Agence française de développement qui met en oeuvre une
palette d'instruments financiers diversifiée dans les pays africains ne
dispose pas réellement d'un mécanisme spécifique en faveur
des PME. L'Agence réalise d'importants excédents chaque
année. Pourquoi ne pas utiliser ces ressources, aujourd'hui mises en
réserve conformément au statut de l'Agence, au service du
développement des PME dans les pays de la "zone de solidarité
prioritaire" ? Une telle situation permettrait, selon votre rapporteur, de
combler une grave lacune dans notre politique de coopération.
III. LES CRÉDITS CONSACRÉS À L'AIDE AU DÉVELOPPEMENT AU SEIN DU MINISTÈRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES : UNE AMBITION PRIVÉE DE MOYENS ?
Les
changements de nomenclature liés à la mise en place d'un budget
unique ne permettent pas toujours de suivre aisément l'évolution
en 1999 des dotations budgétaires de l'ancien secrétariat
à la coopération.
Aussi votre rapporteur a-t-il choisi pour sa part, de retracer la part
réservée dans le projet de budget pour 1999 aux crédits
dévolus à l'aide au développement qui étaient
inscrits en 1998 au budget du secrétariat d'Etat à la
coopération et, le cas échéant, au ministère des
affaires étrangères (dont la responsabilité apparaissait
naturellement plus limitée dans ce domaine, même si le Quai
d'Orsay conduisait certaines actions en faveur du
développement).
Catégories de dépenses |
PLF 98 |
LFI 99 |
Evolution en % |
Concours financiers (41-43) |
570 |
265 |
- 53 |
Assistance technique (42-12-art.10) |
1 243 |
1 224 |
- 1,5 |
Coopération technique (bourses, formation, appui aux organismes concourant à la coopération au développement, appui local aux projets de coopération, fonds de coopération régionaux) |
734 |
661 |
- 11 |
Appui aux initiatives privées décentralisées (42-13) |
221 |
219 |
- 0,9 |
Coopération militaire et de défense (42-29) |
780 |
780 |
- |
Aide alimentaire (42-26) |
105 |
105 |
- |
Action extérieure et aide au développement (68-80) |
26 |
17 |
- 34 |
Fonds
d'aide et de coopération (68-91)
|
(2 299)
|
(2 303)
|
+ 0,17
|
TOTAL |
5706 |
5 069 |
- 12,5 |
L'évolution des crédits dément ainsi les ambitions affichées. L'effort d'économie demandé au ministère des affaires étrangères porte ainsi principalement sur les deux fondements de notre politique de coopération : l'assistance technique et l'aide au projet.
A. UNE PRÉSENCE ENCORE REVUE À LA BAISSE
1. L'assistance technique civile
a) La baisse alarmante des effectifs
Depuis
près d'une décennie le nombre des assistants techniques n'a
cessé de décroître. Cette orientation reposait sur le souci
légitime de limiter le nombre de postes dits de substitution. Poursuivre
le mouvement au-delà alors que le seuil est atteint, revient en revanche
à
remettre en cause une caractéristique essentielle de notre
politique de coopération.
En effet, la France a souhaité
maintenir une forte présence humaine dans les pays qu'elle aidait alors
que les autres bailleurs de fonds, en particulier les instances
multilatérales, tendent à privilégier les missions
temporaires d'experts basés à Washington ou ailleurs. Ce choix
garantit à la France une excellente connaissance du terrain et une
capacité d'expertise appréciée par nos partenaires
africains et reconnue par les Etats membres du Comité d'aide au
développement au sein de l'OCDE.
A titre d'exemple, les représentants de la coopération
française ou de l'Agence française de développement ont
souvent fait valoir la nécessité d'adapter les préceptes
libéraux des institutions de Bretton Woods aux réalités
locales... Le FMI et la Banque mondiale se sont finalement ralliés
à ces vues et ont quelque peu tempéré leur dogmatisme.
En outre -et l'on ne saurait négliger ce point- une présence
française constitue une garantie de l'emploi convenable, sur place, des
fonds destinés à l'aide au développement.
Veut-on revenir sur cet aspect fondamental de notre coopération ? Alors
du moins conviendrait-il de poser clairement le débat plutôt que
de procéder chaque année à une contraction insidieuse de
nos effectifs.
b) Les incertitudes liées à la réforme
La
situation actuelle de nos coopérants soulève aujourd'hui dans un
contexte de réformes profondes quatre interrogations majeures
liées au statut, à la condition matérielle, à la
position particulière des contractuels et au sort des postes aujourd'hui
occupés par les volontaires du service national.
.
L'unification indispensable des statuts
Aujourd'hui une double réglementation s'applique aux personnels de la
coopération technique selon leur affectation géographique : un
décret de 1967 pour les coopérants relevant de la
responsabilité du ministère des affaires étrangères
(quelque 700 agents) et les décrets de 1992 pour les personnels
placés sous l'autorité du ministère
délégué à la coopération et à la
francophonie.
L'unification des statuts reposera sur une généralisation des
décrets de 1992 à l'ensemble des coopérants compte tenu
d'une part de l'importance des effectifs déjà couverts par ces
réglementations et, d'autre part, de la volonté de
rénovation imprimée par le cadre fixé en 1992 (notamment
à travers l'adaptation des primes de fonction à l'importance du
poste et aux responsabilités exercées).
Effectifs de l'assistance technique civile en 1998
Etats |
Enseignants |
Techniciens |
Total |
Angola |
10 |
8 |
18 |
Bénin |
23 |
39 |
62 |
Burkina Faso |
75 |
69 |
144 |
Burundi |
0 |
2 |
2 |
Cambodge |
3 |
17 |
20 |
Cameroun |
102 |
102 |
204 |
Cap Vert |
5 |
6 |
11 |
Centrafrique |
45 |
39 |
84 |
Comores |
18 |
25 |
43 |
Congo |
0 |
2 |
2 |
Côte d'Ivoire |
244 |
93 |
337 |
Djibouti |
130 |
57 |
187 |
Gabon |
164 |
73 |
237 |
Gambie |
4 |
1 |
5 |
Guinée |
26 |
38 |
64 |
Guinée Bissau |
5 |
13 |
18 |
Guinée équatoriale |
7 |
11 |
18 |
Haïti |
15 |
19 |
34 |
Madagascar |
106 |
95 |
201 |
Mali |
48 |
54 |
102 |
Ile Maurice |
13 |
6 |
19 |
Mauritanie |
83 |
50 |
133 |
Mozambique |
9 |
8 |
17 |
Namibie |
4 |
11 |
15 |
Niger |
38 |
67 |
105 |
Rwanda |
1 |
6 |
7 |
Sainte Lucie |
4 |
8 |
12 |
Saint Vincent |
1 |
4 |
5 |
Dominique |
2 |
7 |
9 |
La Grenade |
2 |
3 |
5 |
Saint-Christophe |
1 |
1 |
2 |
Trinidad |
0 |
1 |
1 |
Saint-Thomas |
5 |
8 |
13 |
Sénégal |
160 |
119 |
279 |
Seychelles |
8 |
9 |
17 |
Tchad |
39 |
69 |
108 |
Togo |
19 |
16 |
35 |
Zaïre |
2 |
0 |
2 |
TOTAL |
1 421 |
1 156 |
2 577 |
Le souci
de mieux valoriser la fonction d'assistant technique inscrite dans les
décrets de 1992 implique certes pour des personnels de
plus grandes
exigences
(définition de lettres de mission précises et
limitation de la durée du séjour dans un Etat à six ans
afin de favoriser la mobilité et le renouvellement des
compétences).
Mais il doit aussi avoir une contrepartie sur le plan matériel. A cet
égard trois types de mesures ont été prévues dans
le projet de loi de finances pour 1999 :
- l'augmentation du taux de majoration familiale ;
- l'extension au régime de 1992, aux mêmes dates et avec les
mêmes taux des ajustements appliqués aux
rémunérations des autres agents de l'Etat (décret de 1967)
;
- accélération de la progression du niveau des primes de fonction
afin de permettre le recrutement des agents sur des postes de
responsabilité ou de haute technicité.
Par ailleurs, à compter de 1999, la périodicité et les
taux de variation du coefficient géographique pourraient être
alignés sur ceux pratiqués pour l'indemnité de
résidence versée aux autres agents de l'Etat
.
La question encore pendante des contractuels
Le principe de la titularisation des contractuels de l'assistance technique
avait été posé par la loi n° 84-16 du 11 janvier 1984
(dite loi "Le Pors") mais n'a reçu qu'une application limitée. La
situation de quelque deux cents ayants droit parvenus depuis plusieurs
années au terme de leur mission, laissés sans affectation,
rémunérés par le ministère des affaires
étrangères et l'ancien secrétariat d'Etat à la
coopération, apparaît spécialement choquante. La question
de la réinsertion impose d'autant plus l'adoption de mesures rapides
qu'il existe aujourd'hui près de 700 contractuels en poste. Aussi une
circulaire élaborée dans un cadre interministériel
pourrait prochainement être soumise à la signature du Premier
ministre. Elle prévoirait les mesures suivantes :
- transfert de crédits du ministère des affaires
étrangères vers les ministères recruteurs ;
- autorisation de dégeler un poste pour chaque recrutement d'une
personne bénéficiaire de la loi "Le Pors" ;
- publication d'arrêtés transversaux organisant la titularisation
des coopérants dans les départements ministériels en
fonction de leurs diplômes et de leur expérience professionnelle ;
- mise en place, avec le concours d'une institution spécialisée,
d'une procédure de valorisation des compétences de chaque agent
et recherche avec les administrations concernées de la meilleure
affectation possible.
Il importe que ces orientations puissent très prochainement se
concrétiser.
.
La grave incertitude soulevée par le remplacement des volontaires
du service national
L'assistance technique compte un effectif de 171 coopérants du service
national -CSN- (avril 1998). En 1997, ces personnels représentaient un
coût de 36,5 millions de francs.
Compte tenu du rôle joué par les CSN, la suppression du service
obligatoire soulève de lourdes incertitudes pour l'avenir. Le
remplacement des CSN par des professionnels civils présenterait en effet
un coût prohibitif pour le budget. Aussi convient-il de recourir à
des volontaires. Dans cette perspective, il faut prévoir une
rémunération suffisamment intéressante pour susciter un
nombre de candidatures qui permette de satisfaire, en quantité mais
surtout en qualité, les besoins de notre coopération. Or, les
moyens budgétaires permettent au mieux de préserver l'effort
financier actuel mais en aucun cas de l'accroître.
L'enjeu est évidemment de première importance pour le maintien
d'une présence française dans les pays
bénéficiaires de notre aide au développement. Le projet de
loi relatif au volontariat civil revêt dans cette perspective un
intérêt décisif.
2. L'assistance militaire
a) La réduction des effectifs en Afrique
Le
nombre des assistants militaires se réduit dans les pays du champ
traditionnel de notre coopération de 570 à 506. La
déflation de 40 postes permettra le transfert de la dépense
correspondante au profit des pays placés traditionnellement sous la
responsabilité du Quai d'Orsay. La suppression des autres postes ne
permettra, en revanche, aucune création par ailleurs : elle financera,
en l'absence des dotations budgétaires nécessaires, les mesures
d'ajustement pour 1999 (revalorisation du point fonction publique, dotation de
voyages de congés administratifs ...). Cette évolution appellera
une double observation de la part de votre rapporteur.
- d'une part, les effectifs de l'assistance militaire technique se
réduisent de façon générale et ne répondent
plus aux besoins liés au renforcement de l'Etat de droit dans nombre de
pays où la démocratie apparaît encore fragile ;
- d'autre part, les arbitrages budgétaires conduisent d'ores et
déjà -avant même que le CICID ait été
appelé à se prononcer- à un affaiblissement de notre
présence en Afrique ; le risque d'une banalisation du "continent"
contenue dans le projet de réforme de la coopération se
concrétise ici de façon manifeste.
b) La formation et l'aide en matériel : un effort préservé
.
L'aide aux matériels
L'enveloppe destinée aux matériels est maintenue si l'on prend en
compte dans ce cadre le transfert de 8 millions de francs de l'aide au
matériel
stricto sensu
vers le chapitre 68-80, article 10 (aide
à des projets de coopération) destiné en fait à
soutenir des constructions neuves dans le domaine de la défense.
.
La
continuité des orientations en
matière de formation
Les dotations prévues pour la formation ont très
légèrement progressé (de 104,2 millions de francs en 1998
à 105,3 millions de francs en 1999, soit une hausse de 1,1 %).
La réforme de notre outil de défense et la réduction
consécutive des effectifs militaires français a pour effet direct
de réduire le nombre de places offertes aux stagiaires étrangers
dans les écoles militaires françaises, alors même que les
besoins en formation de nos partenaires tendent à augmenter en raison
d'une professionnalisation accrue des personnels militaires.
Par ailleurs, l'enseignement dispensé en France ne correspond plus
toujours aux réalités des pays africains.
C'est pourquoi la coopération a choisi de soutenir un nombre croissant
d'écoles nationales à vocation régionale en
Afrique
. Outre les quatre écoles déjà mises en place
au Sénégal, au Mali et en Côte d'Ivoire, trois nouveaux
établissements ont récemment été
créés :
- le cours d'application de la gendarmerie en Côte d'Ivoire à
l'école de gendarmerie d'Abidjan ;
- l'école de formation des médecins au Togo ;
- le centre d'instruction naval en Côte d'Ivoire.
L'effort se poursuivra en 1999 et quelque 300 stagiaires africains
supplémentaires pourraient être formés dans les
écoles africaines à vocation régionale. Une telle
orientation s'inscrit désormais dans la longue durée : ainsi, la
réduction de moitié de la formation assurée en France
d'ici à 2002 permettra de dégager les ressources
nécessaires au développement des écoles en
Afrique.
B. UNE ÉVALUATION INSUFFISANTE DES CRÉDITS DESTINÉS À L'AIDE AU DÉVELOPPEMENT
Tirant prétexte de la sous-consommation des crédits alloués aux concours financiers et à l'aide-projet, en 1998, le gouvernement a réduit les moyens consacrés à ces deux postes dans le projet de budget pour 1999. Il n'est pas sûr toutefois que l'expérience passée et les conditions de gestion doivent servir de seules références dans l'évaluation des moyens budgétaires. D'autres facteurs entrent également en compte. Ils paraissent toutefois avoir été sous-estimés lors de la préparation du projet de loi de finances pour l'an prochain.
1. Les concours financiers
La
réduction régulière des concours financiers (- 21,6 % en
1997, -30 % en 1998) traduit l'achèvement du programme exceptionnel
d'accompagnement de la dévaluation du franc CFA et le retour à la
croissance des économies de la zone franc. Toutefois, la contraction de
moitié des crédits pour 1999 paraît négliger les
risques d'une dégradation de la situation financière de certains
de nos partenaires.
Les concours financiers recouvrent, rappelons-le, trois volets distincts :
-
l'aide budgétaire d'urgence
destinée au financement
d'opérations exceptionnelles (85 millions de francs en 1999 contre 890
millions de francs en 1998) ;
-
les bonifications de prêts d'ajustement structurel
accordés par l'Agence française de développement pour
soutenir les programmes économiques et financiers mis en oeuvre par les
pays à revenu intermédiaire (Côte d'Ivoire, Cameroun,
Gabon, Congo-Brazzaville) avec l'approbation du FMI -90 millions de francs en
1999 contre 130 millions en 1998 ;
-
les dons en faveur de l'ajustement structurel
accordés par
l'Agence française de développement pour soutenir les plans de
redressement mis en oeuvre par les pays les moins avancés avec
l'approbation du FMI (90 millions de francs pour 1999 contre 350 millions de
francs en 1998).
Au premier semestre 1998, au titre des prêts d'ajustement structurel, la
France a accordé une bonification de 71,8 millions de francs pour un
prêt de 300 millions de francs à la Côte d'Ivoire.
Par ailleurs, les dons en faveur de l'ajustement structurel ont porté
sur un montant de 55 millions de francs (35 millions de francs pour le Niger et
20 millions de francs pour la République Centrafricaine).
Quant à l'aide budgétaire, elle atteignait avant même la
fin du mois de juillet 55 millions de francs.
Les deux premiers types de concours -sous réserve des circonstances qui
pourraient justifier leur mobilisation dans les mois qui viennent- sont
demeurés en deçà de l'enveloppe fixée en 1998.
Toutefois
certains pays, en particulier le Gabon, pourraient se trouver
fragilisés par les conséquences de la crise asiatique.
Si une
telle perspective devait se concrétiser,
les dotations prévues
pour les concours financiers s'avéreraient insuffisantes.
2. L'aide-projet sacrifiée et des délais inadmissibles entre la décision et l'exécution
S'agissant de l'aide-projet, les conséquences de la
réforme seront de trois sortes.
D'une part, l'aide-projet relèvera désormais d'une seule
structure administrative, la direction générale de la
coopération internationale, et d'un opérateur pivot, l'Agence
française de développement.
D'autre part, l'AFD réalisera, outre les projets sur prêts et sur
dons mis en oeuvre sur ses propres crédits ainsi que sur les
crédits (dons-projets depuis 1991) transférés par le
ministère des Affaires étrangères, les projets relatifs
aux infrastructures sociales.
Enfin, la réorganisation ministérielle inspirée par le
souci de conférer au ministère des affaires
étrangères un rôle d'orientation, de supervision et de
contrôle des programmes d'aide au développement devrait conduire
en principe à une redéfinition des relations entre la nouvelle
direction générale de la coopération internationale et du
développement et l'AFD. Il s'agit naturellement d'un enjeu majeur pour
garantir la cohérence de nos actions. Il faudra toutefois compter avec
les positions de Bercy. Au quotidien, le rapport de forces, comme
l'expérience l'a montré, conduit, en cas de désaccord,
à laisser le dernier mot au ministère de l'économie et des
finances. C'est pourquoi, s'agissant notamment des relations entre la nouvelle
DGCID et l'AFD, rien ne pourra sans doute se décider hors d'un arbitrage
interministériel rendu dans le cadre du CICID.
Ces orientations n'ont toutefois de pertinence que si elles peuvent s'appuyer
sur des dotations sinon renforcées, du moins préservées.
Or l'évolution des crédits dévolus à l'aide-projet
laisse planer à cet égard les plus vives
inquiétudes.
a) La contraction des crédits affectés au Fonds d'aide et de coopération
Si les
autorisations de programme liées aux projets mis en oeuvre sur
décision du Fonds d'aide et de coopération (FAC) se maintiennent
en 1998 (1 250 millions de francs contre 1 247 millions de francs en 1998,
soit + 0,24 %), les crédits de paiement régressent de
5,13 % (de 1 073 millions de francs en 1998 à 1 018 millions de francs
en 1999).
L'évolution des dotations apparaît d'autant plus
préoccupante que l'aide-projet a vocation à
bénéficier à la zone de solidarité prioritaire,
vaste ensemble dont on peut penser qu'il couvre et dépasse l'actuel
champ des 34 pays ACP.
Le gouvernement explique une partie des économies par la
sous-consommation des crédits observée chaque année. Il
existe en effet souvent un décalage entre l'instruction d'un dossier au
sein du comité directeur du FAC et sa réalisation effective. Mais
ce problème doit conduire à
réformer le mode de
fonctionnement du FAC dans le sens d'une plus grande efficacité,
plutôt qu'à réduire nos concours alors même que les
besoins sur place sont considérables.
Les procédures, il faut encore le souligner, sont inadéquates ;
un projet, indispensable au moment où il a été
décidé, perdra beaucoup de son intérêt s'il se
concrétise trop tard. Et il y a donc là un gâchis
inadmissible pour les dépenses publiques et pour l'image de la France
à l'étranger.
C'est pourquoi votre rapporteur juge tout à fait opportun une plus
grande déconcentration des crédits permettant
précisément de raccourcir les délais d'intervention.
N'oublions jamais que la rapidité est le facteur clef de réussite
et ceci dans tous les domaines.
La part dévolue à la gestion déconcentrée des
crédits du FAC s'est développée et représente, aux
termes d'une instruction ministérielle applicable au 1er janvier 1996,
au moins 15 % de l'enveloppe programmée chaque année en faveur de
chaque pays.
Dans les pays de la zone franc et les pays pour lesquels la programmation
annuelle des crédits du FAC dépasse 12 millions de francs, les
crédits déconcentrés sont divisés en deux guichets
: le premier, destiné à financer les projets
bénéficiant à l'Etat et à ses démembrements,
le second doté des deux tiers des crédits au minimum,
affecté aux projets présentés par les acteurs de la
société civile et les collectivités territoriales. Ce
second guichet forme le Fonds social de développement, prolongements du
Fonds spécial de développement institué entre 1994 et 1996
pour accompagner la dévaluation du franc CFA.
Dans les autres pays, les crédits déconcentrés sont
regroupés en un guichet unique.
Dans les deux cas, la procédure retenue vise à rapprocher la
prise de décision et la mise en oeuvre des projets FAC au coût
limité (entre 50 000 F et 20 millions de francs) de leur
bénéficiaire sur le terrain. Cette orientation répond
à une préoccupation majeure d'efficacité et de
proximité qui caractérise l'évolution de notre aide.
En 1998, le montant total des enveloppes des crédits destinés au
financement du Fonds social de développement s'est élevé
à 95,50 millions de francs. Cet instrument, dont les mérites ne
font aucun doute, sera préservé en 1999.
Il faut ajouter que les crédits du FAC constituent une cible
privilégiée des régulations budgétaires. Ainsi, les
crédits prévus en loi de finances initiale pour 1998 -soit 1,247
milliard de francs- ont été réduits de 46 millions de
francs au cours de l'année. Naturellement, une telle mesure
appliquée en 1999 sur une enveloppe déjà
évaluée au plus juste aurait les plus graves conséquences
sur la poursuite de notre aide dans plusieurs pays.
DÉCISIONS OUVERTES EN 1998 - RÉPARTITION PAR PAYS
|
TOTAL |
% |
- OPÉRATIONS D'INTÉRÊT GÉNÉRAL |
423 500 000,00 |
56,54 |
- OPÉRATIONS INTER-ETATS |
26 700 000,00 |
3,56 |
- PROGRAMME DES ETATS |
298 800 000,00 |
39,89 |
ANGOLA |
6 000 000,00 |
0,80 |
ANTIGUA |
0,00 |
0,00 |
BÉNIN |
11 500 000,00 |
1,54 |
BURKINA-FASO |
7 000 000,00 |
0,93 |
BURUNDI |
0,00 |
0,00 |
CAMBODGE |
15 000 000,00 |
2,00 |
CAMEROUN |
15 000 000,00 |
2,00 |
CAP-VERT |
0,00 |
0,00 |
CENTRAFRIQUE |
14 000 000,00 |
1,87 |
COMORES |
20 000 000,00 |
2,67 |
CONGO |
14 500 000,00 |
1,94 |
COTE D'IVOIRE |
17 500 000,00 |
2,34 |
DJIBOUTI |
1 500 000,00 |
0,20 |
DOMINIQUE |
0,00 |
0,00 |
GABON |
0,00 |
0,00 |
GAMBIE |
0,00 |
0,00 |
GRENADE |
0,00 |
0,00 |
GUINÉE |
6 000 000,00 |
0,80 |
Guinée-Bissau |
2 000 000,00 |
0,27 |
GUINÉE ÉQUATORIALE |
0,00 |
0,00 |
HAÏTI |
22 000 000,00 |
2,94 |
ILE MAURICE |
0,00 |
0,00 |
MADAGASCAR |
40 000 000,00 |
5,34 |
MALI |
6 100 000,00 |
0,81 |
MAURITANIE |
0,00 |
0,00 |
MOZAMBIQUE |
5 000 000,00 |
0,67 |
NAMIBIE |
3 800 000,00 |
0,51 |
NIGER |
18 00 00,00 |
2,40 |
RWANDA |
11 200 000,00 |
1,50 |
SAO TOME |
0,00 |
0,00 |
SÉNÉGAL |
5 000 000,00 |
0,67 |
SEYCHELLES |
0,00 |
0,00 |
ST KITTS ET NEVIS |
0,00 |
0,00 |
ST-VINCENT |
0,00 |
0,00 |
STE LUCIE |
5 000 000,00 |
0,67 |
TCHAD |
0,00 |
0,00 |
TOGO |
22 700 000,00 |
3,03 |
VIETNAM |
10 000 000,00 |
1,34 |
ZAÏRE |
20 000 000,00 |
2,67 |
- TOTAL GÉNÉRAL |
749 000 000,00 |
100,00 |
DÉCISIONS OUVERTES EN 1998 - RÉPARTITION PAR SECTEURS
|
TOTAL |
% |
OPÉRATIONS INTER SECTORIELLES |
41 200 000,00 |
5,50 |
DEV. RURAL ET ENVIRONNEMENT |
77 800 000,00 |
10,39 |
DEV. INDUSTRIEL ET MINIER |
10 000 000, 00 |
1,34 |
INFRASTRUCTURES |
7 500 000,00 |
1,00 |
SANTÉ ET DÉVELOPPEMENT SOCIAL |
61 500 000,00 |
8,21 |
ENSEIGNEMENT, FORMATION, J&S |
76 500 000,00 |
10,21 |
ACTION CULTURELLE ET INFORMATION |
77 000 000,00 |
10,28 |
DÉVELOPPEMENT INSTITUTIONNEL |
108 500 000,00 |
14,49 |
RECHERCHE |
5 000 000,00 |
0,67 |
CD/FSD |
34 000 000,00 |
4,54 |
EVALUATIONS ET CONTRÔLE |
10 000 000,00 |
1,34 |
FRANCOPHONIE |
135 000 000,00 |
18,02 |
ORGANISATIONS NON GOUVERNEMENTALES |
80 000 000,00 |
10,68 |
COOPÉRATION NON GOUVERNEMENTALE |
25 000 000,00 |
3,34 |
TOTAL GÉNÉRAL |
749 000 000,00 |
100,00 |
b) Les dons-projets
Financés par l'Agence française de
développement sur des crédits délégués par
le ministère des affaires étrangères, les dons-projets
interviennent dans les domaines traditionnels de l'Agence (développement
et infrastructures économiques, aménagement urbain,
environnement) et, désormais, les infrastructures sociales.
Ici encore l'évolution des crédits apparaît en
contradiction avec les objectifs affichés :
l'élargissement
géographique et sectoriel du champ d'intervention de l'Agence se heurte
à une forte réduction des dotations
(de 900 millions de
francs à 726 millions de francs pour les crédits de paiement,
soit une baisse de 19,3 %) même si, par ailleurs, les autorisations de
programme sont maintenues à leur niveau de 1998, soit 1 milliard de
francs.
En outre, l'argument de la sous-consommation des crédits
n'apparaît guère concluant pour l'année 1998. En effet, les
décaissements au titre des dons-projets pourrait s'élever
à 1,050 milliard de francs, alors même que l'enveloppe
fixée pour 1998 s'élevait à 900 millions de francs.
Ces réductions constituent en conséquence un grave sujet de
préoccupation pour le présent et l'avenir de notre
coopération.
c) La coopération décentralisée
La
coopération décentralisée bénéficie d'une
dotation de 37,7 millions de francs (soit une réduction
significative par rapport aux montants dévolus à ce poste en 1998
au sein du budget de la coopération -12,5 millions de francs- et du
budget des affaires étrangères -40 millions de francs).
Un décalage entre le discours et les réalités
budgétaires apparaît ici encore de façon manifeste. Cette
évolution apparaît d'autant regrettable que la coopération
décentralisée s'était traduite par des initiatives
très prometteuses telles que la promotion d'un partenariat industriel.
Qu'il soit permis de citer ici le programme lancé conjointement par les
pouvoirs publics et le Club Entreprises et développement intitulé
"100 projets de partenariat industriel pour l'Afrique et la
Méditerranée". Au terme de deux années
d'expérience, l'évaluation conduite en 1998 a mis en
évidence la création de nombreux partenariats d'entreprises,
notamment au Maghreb et dans des pays comme la Côte d'Ivoire et le
Sénégal.
Le gouvernement se doit de poursuivre son soutien à de telles
initiatives. L'enveloppe réduite servira désormais à
financer l'ensemble des projets de coopération
décentralisée à travers le monde -dans le cadre sans doute
d'une procédure de déconcentration des crédits
auprès des préfectures de région.
Toutefois, la coopération décentralisée pourrait continuer
à bénéficier, s'agissant des pays de la ZSP de moyens de
financement supplémentaires procurés par un FAC
d'intérêt général, même si l'étroitesse
de la dotation ne laisse qu'une faible marge de manoeuvre.
CONCLUSION
Les
ambitions affichées par la réforme de la coopération
apparaîtraient dignes d'éloge si la projection des moyens
budgétaires accompagnait l'extension du champ d'intervention de notre
aide au développement. Or, non seulement
les crédits
n'augmentent pas, mais ils subissent au contraire une sévère
contraction.
C'est la cohérence même de la réforme qui
est ici en cause. C'est son efficacité et sa réussite qui sont
menacées.
A vouloir être présents partout avec des moyens réduits,
nous perdrons nos positions fortes sans en gagner aucune. Nous ne nous
résignerons pas à cet alignement par le bas.
Il faut donc,
dans un contexte budgétaire extrêmement contraignant,
privilégier un nombre limité de pays où nous devons nous
employer à rester ou à devenir les partenaires de
référence. C'est seulement à cette condition que la France
demeurera un acteur influent sur la scène internationale.
Il importe de rappeler une autre priorité : la
nécessité absolue d'accélérer nos délais
d'intervention. Les meilleures décisions perdent tout impact si elles se
trouvent différées par manque de volonté politique ou par
excès d'inertie bureaucratique.
Cette obligation ne vaut pas seulement pour l'aide au développement mais
aussi pour l'appui qui doit être apporté à nos
compatriotes.
*
L'évolution préoccupante des crédits pévue en 1999 pour l'aide au développement jette un doute sur le sens même de la réforme ; la fusion des budgets et des administrations ne saurait recouvrir une banalisation et une marginalisation de l'aide au développement et de la place de l'Afrique au sein de notre diplomatie. C'est pourquoi il faudra, dans les mois qui viennent, redoubler de vigilance sur la mise en oeuvre effective de la réforme et sur la définition des priorités de notre aide.
*
Tels sont les éléments d'appréciation d'une partie d'un budget sur lequel il conviendra cependant de se prononcer par un vote unique. C'est pourquoi, compte tenu des éléments plus positifs relatifs aux autres aspects du budget, votre rapporteur proposera l'adoption des crédits du ministère des affaires étrangères pour 1999.
EXAMEN EN COMMISSION
La
commission des affaires étrangères, de la défense et des
forces armées a examiné le présent avis au cours de sa
séance du mercredi 18 novembre 1998.
A la suite de l'exposé du rapporteur pour avis, M. Xavier de Villepin,
président, s'est inquiété de la baisse de l'aide publique
française qui ne représenterait que 0,36 % du PIB en 1999 contre
0,40 % en 1997. Il a par ailleurs souhaité obtenir des précisions
sur les moyens de concilier la concentration de notre effort sur un nombre
limité de pays et l'ouverture souhaitable de la France vers les zones
lusophones et anglophones du continent africain.
Mme Paulette Brisepierre, rapporteur pour avis, a observé que l'aide
publique française devait se concentrer sur le continent africain
plutôt que risquer de se diluer dans un ensemble plus large, qui
comprendrait également l'Asie et l'Amérique latine. Elle a
toutefois souligné que notre politique de coopération ne saurait
rester enfermée dans les limites fixées par notre passé
colonial et devait privilégier en Afrique des pays qui présentent
des perspectives économiques solides et à partir desquels notre
influence peut rayonner.
M. Xavier de Villepin, président, a alors observé que les
conséquences de la crise économique asiatique, et notamment la
baisse du prix de certaines matières premières, pourraient
remettre en cause les perspectives de croissance de l'Afrique pour 1999. Il a
par ailleurs rappelé qu'il serait procédé, après
l'audition des rapporteurs pour avis de la commission, à un vote unique
sur l'ensemble des crédits du ministère des affaires
étrangères pour 1999.
La commission a ensuite entendu les rapports pour avis de M. Guy Penne sur les
crédits du ministère des affaires étrangères
consacrés aux relations culturelles extérieures et à la
francophonie, et de M. André Dulait sur les crédits du
ministère des affaires étrangères.
Puis la commission a, suivant l'avis de ses rapporteurs pour avis,
proposé d'assortir l'approbation du budget du ministère des
affaires étrangères pour 1999 de vives réserves
liées en particulier à la baisse des moyens consacrés
à la coopération au développement et à la poursuite
de la déflation des effectifs du ministère des affaires
étrangères. Sous le bénéfice de ces observations,
elle a émis un avis favorable à l'adoption des crédits du
ministère des affaires étrangères pour 1999.
ANNEXE I -
RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE DE
L'AIDE PUBLIQUE
AU DÉVELOPPEMENT BILATÉRALE DE LA
FRANCE
|
1994 |
% |
1995 |
% |
1996 |
% |
1997 |
% |
Europe |
334 |
0,9 |
164 |
0,5 |
270 |
0,9 |
230 |
1 |
Afrique du Nord |
4 746 |
12,9 |
4 645 |
14,5 |
4 581 |
15,6 |
3 726 |
13 |
Afrique Sub-saharienne |
17 360 |
47,3 |
13 475 |
42,0 |
12 425 |
42,2 |
12 661 |
45 |
Amérique |
1 164 |
3,2 |
1 881 |
5,9 |
1 235 |
4,2 |
1 014 |
4 |
Moyen-Orient |
684 |
1,9 |
674 |
2,1 |
718 |
2,4 |
696 |
2 |
Asie du Sud |
855 |
2,3 |
439 |
1,4 |
333 |
1,1 |
394 |
1 |
Extrême Orient |
2 645 |
7,2 |
2 120 |
6,6 |
1 635 |
5,6 |
1 166 |
4 |
Océanie |
4 335 |
11,8 |
4 477 |
14,0 |
4 279 |
14,5 |
4 159 |
15 |
Non ventilé |
4 583 |
12,5 |
4 210 |
13,1 |
3 961 |
13,5 |
3 831 |
14 |
TOTAL |
36 706 |
|
32 085 |
|
29 437 |
|
27 877 |
|
ANNEXE II - LISTE DES PAYS BÉNÉFICIAIRES DE L'AIDE PUBLIQUE AU DÉVELOPPEMENT FRANÇAISE
(en millions de francs)
|
1995 |
1996 |
1997 |
I. EUROPE |
164 |
270 |
230 |
|
|
|
|
ALBANIE |
5 |
16 |
13 |
CHYPRE |
7 |
13 |
|
GIBRALTAR |
|
|
|
GRECE |
- 2 |
|
|
MALTE |
1 |
1 |
1 |
TURQUIE |
91 |
161 |
131 |
MOLDAVIE |
|
|
|
ETATS DE
L'EX-YOUGOSLAVIE
|
8 |
|
|
SLOVENIE |
3 |
4 |
4 |
CROATIE |
7 |
12 |
15 |
BOSNIE-HERZEGOVINE |
13 |
37 |
29 |
MACEDOINE |
3 |
7 |
14 |
REP. FED. YOUGOSLAVIE |
7 |
16 |
18 |
EUROPE NV |
21 |
4 |
6 |
|
|
|
|
II. AFRIQUE |
18148 |
17 008 |
16 389 |
|
|
|
|
II. A. NORD DU SAHARA |
4 645 |
4 581 |
3 726 |
|
|
|
|
ALGERIE |
918 |
1 233 |
798 |
EGYPTE |
2 242 |
1 541 |
1 657 |
LIBYE |
8 |
2 |
2 |
MAROC |
974 |
1 487 |
900 |
TUNISIE |
431 |
301 |
352 |
NORD SAHARA NV |
73 |
17 |
17 |
|
|
|
|
II. B SUD DU SAHARA |
13 477 |
12 428 |
12 663 |
|
|
|
|
ANGOLA |
175 |
61 |
33 |
BENIN |
271 |
226 |
155 |
BOTSWANA |
4 |
4 |
4 |
BURKINA FASO |
556 |
512 |
329 |
BURUNDI |
87 |
67 |
34 |
CAMEROUN |
1 323 |
900 |
1167 |
CAP VERT |
43 |
30 |
32 |
CENTRAFRICAINE REPUBLIQUE |
262 |
341 |
181 |
TCHAD |
360 |
376 |
281 |
COMORES |
79 |
98 |
81 |
CONGO |
436 |
1 081 |
1 415 |
DJIBOUTI |
211 |
240 |
269 |
GUINEE EQUATORIALE |
40 |
45 |
30 |
ERYTHREE |
10 |
21 |
10 |
ETHIOPIE |
33 |
55 |
44 |
|
1995 |
1996 |
1997 |
GABON |
535 |
524 |
121 |
GAMBIE |
9 |
4 |
4 |
GHANA |
117 |
82 |
73 |
GUINEE |
518 |
270 |
284 |
GUINEE BISSAU |
41 |
58 |
35 |
COTE D'IVOIRE |
2 575 |
1 536 |
780 |
KENYA |
66 |
87 |
35 |
LESOTHO |
17 |
15 |
12 |
LIBERIA |
2 |
2 |
5 |
MADAGASCAR |
456 |
521 |
1 815 |
MALAWI |
8 |
13 |
10 |
MALI |
408 |
421 |
369 |
MAURITANIE |
256 |
231 |
179 |
MAURICE |
80 |
38 |
62 |
MAYOTTE |
530 |
634 |
597 |
MOZAMBIQUE |
214 |
106 |
263 |
NAMIBIE |
15 |
19 |
39 |
NIGER |
367 |
444 |
552 |
NIGERIA |
78 |
31 |
23 |
RWANDA |
25 |
53 |
63 |
STE HELENE |
|
|
|
SAO TOME & PRINCIPE |
58 |
54 |
40 |
SENEGAL |
1 138 |
909 |
830 |
SEYCHELLES |
15 |
19 |
20 |
SIERRA LEONE |
29 |
18 |
17 |
SOMALIE |
23 |
6 |
9 |
AFRIQUE DU SUD/COMMUNAUTES |
89 |
69 |
198 |
SOUDAN |
19 |
26 |
17 |
SWAZILAND |
|
|
|
TANZANIE |
101 |
18 |
465 |
TOGO |
339 |
184 |
190 |
OUGANDA |
48 |
65 |
30 |
ZAIRE |
73 |
76 |
75 |
ZAMBIE |
40 |
9 |
18 |
ZIMBABWE |
50 |
32 |
- 4 |
SUD DU SAHARA NV |
1 227 |
1 797 |
1 369 |
|
|
|
|
II. C. AFRIQUE NON SPECIFIE |
25 |
|
|
|
|
|
|
III. AMERIQUE |
1 883 |
1 237 |
1 016 |
|
|
|
|
III. AMERIQUE DU NORD ET DU CENTRE |
585 |
411 |
385 |
|
|
|
|
ANTIGUA |
|
|
|
BAHAMAS |
|
|
|
BARBADE |
|
|
|
BELIZE |
|
|
|
BERMUDES |
|
|
|
CAIMANES ILES |
|
|
|
COSTA RICA |
29 |
26 |
21 |
CUBA |
16 |
11 |
31 |
DOMINIQUE |
5 |
14 |
1 |
|
1995 |
1996 |
1997 |
DOMINICAINE, REPUBLIQUE |
9 |
20 |
26 |
EL SALVADOR |
10 |
21 |
38 |
GRENADE |
5 |
7 |
5 |
GUATEMALA |
20 |
11 |
9 |
HAITI |
155 |
152 |
145 |
HONDURAS |
55 |
7 |
7 |
JAMAIQUE |
32 |
- 1 |
- 1 |
MEXIQUE |
135 |
33 |
60 |
ANTILLES NEERLANDAISES |
|
|
|
NICARAGUA |
79 |
52 |
7 |
PANAMA |
2 |
2 |
2 |
ST. KITTS & NEVIS |
2 |
5 |
1 |
STE LUCIE |
18 |
40 |
26 |
ST VINCENT |
4 |
5 |
3 |
TRINITE & TOBAGO |
2 |
4 |
3 |
TURKS & CAIQUES, ILES |
|
|
|
AMERIQUE NC NV |
6 |
|
|
|
|
|
|
III. B. AMERIQUE DU SUD |
1 297 |
805 |
631 |
|
|
|
|
ARGENTINE |
45 |
40 |
39 |
BOLIVIE |
147 |
228 |
81 |
BRESIL |
41 |
66 |
108 |
CHILI |
148 |
222 |
101 |
COLOMBIE |
110 |
84 |
82 |
EQUATEUR |
41 |
58 |
56 |
GUYANA |
|
|
|
PARAGUAY |
1 |
1 |
1 |
PEROU |
113 |
59 |
102 |
SURINAME |
|
|
|
URUGUAY |
23 |
22 |
18 |
VENEZUELA |
40 |
24 |
21 |
AMERIQUE SUD NV |
587 |
|
21 |
|
|
|
|
III. C. AMERIQUE NON SPECIFIE |
|
21 |
|
|
|
|
|
IV. ASIE |
3 236 |
2 723 |
2 296 |
|
|
|
|
IV. A. MOYEN ORIENT |
676 |
720 |
698 |
|
|
|
|
BAHREIN |
2 |
2 |
2 |
IRAN |
44 |
64 |
65 |
IRAK |
6 |
13 |
20 |
ISRAEL |
51 |
55 |
|
JORDANIE |
91 |
99 |
66 |
KOWEIT |
7 |
|
|
LIBAN |
153 |
211 |
232 |
OMAN |
2 |
3 |
2 |
ZONES ADMIN. PALESTINIENNES |
28 |
49 |
75 |
QATAR |
6 |
|
|
ARABIE SAOUDITE |
20 |
11 |
9 |
SYRIE |
62 |
67 |
65 |
EMIRATS ARABES UNIS |
10 |
|
|
|
|
|
|
|
1995 |
1996 |
1997 |
|
|
|
|
YEMEN |
73 |
61 |
75 |
MOYEN ORIENT NV |
118 |
83 |
86 |
|
|
|
|
IV. B. ASIE CENTRALE ET DU SUD |
439 |
333 |
393 |
|
|
|
|
AFGHANISTAN |
17 |
13 |
10 |
ARMENIE |
10 |
30 |
25 |
AZERBAÏDJAN |
2 |
2 |
2 |
BANGLADESH |
137 |
139 |
94 |
BHOUTAN |
|
|
|
GEORGIE |
1 |
13 |
11 |
MYANMAR |
22 |
11 |
11 |
INDE |
24 |
76 |
212 |
KAZAKHSTAN |
8 |
9 |
9 |
KIRGHIZIE, REP. |
1 |
1 |
7 |
MALDIVES |
|
|
|
NEPAL |
15 |
10 |
20 |
OUZBEKISTAN |
4 |
9 |
10 |
PAKISTAN |
194 |
27 |
- 30 |
SRI LANKA |
5 |
- 8 |
9 |
TADJIKISTAN |
|
|
1 |
TURKMENISTAN |
|
1 |
1 |
|
|
|
|
IV. C. CENTR. & EXTREME-ORIENT |
2 122 |
1 637 |
1 168 |
|
|
|
|
BRUNEI |
|
|
|
CHINE |
455 |
497 |
293 |
HONG-KONG |
12 |
11 |
|
INDONESIE |
441 |
146 |
73 |
KAMPUCHEA |
267 |
267 |
158 |
COREE, DEM. |
|
|
|
COREE, REP. |
39 |
52 |
55 |
LAOS |
42 |
84 |
86 |
MACAO |
|
|
|
MALAISIE |
65 |
18 |
5 |
MONGOLIE |
5 |
2 |
4 |
PHILIPPINES |
179 |
140 |
71 |
SINGAPOUR |
12 |
|
|
TAIWAN |
16 |
23 |
|
THAILANDE |
42 |
53 |
48 |
TIMOR |
|
|
|
VIET NAM |
469 |
344 |
373 |
|
|
|
|
IV. D. ASIE NON SPECIFIQUE |
|
32 |
36 |
|
|
|
|
V. OCEANIE |
4 477 |
4 279 |
4 159 |
|
|
|
|
COOK, ILES |
1 |
|
|
FIDJI |
4 |
|
|
KIRIBATI |
|
|
|
|
|
|
|
|
1995 |
1996 |
1997 |
NAURU |
2 201 |
1 998 |
1 958 |
NOUVELLE CALEDONIE |
|
|
|
NIUE, ILE |
|
|
|
PAPOUASIE NOUVELLE GUINEE |
1 |
3 |
2 |
POLYNESIE (FR.) |
2 216 |
2 056 |
2 127 |
SALOMON, ILES |
1 |
2 |
|
TONGA |
1 |
1 |
2 |
TUVALU |
|
|
1 |
VUANATU |
51 |
46 |
44 |
SAMOA OCCIDENTAL |
1 |
1 |
1 |
OCEANIE NV |
|
166 |
18 |
|
|
|
|
VI. PVD NON SPECIFIE |
4 180 |
3 928 |
3 795 |
|
|
|
|
DOM TOM |
|
|
|
HORS DOM TOM |
|
|
|
|
|
|
|
TOTAL |
32 088 |
29 446 |
27 885 |
|
|
|
|
Le volume de l'aide publique au développement que la France a consacré aux pays relevant du Ministère de la Coopération s'est élevé à 11 120 Millions de francs répartis de la façon suivante :
|
En Millions de Francs |
En % |
Aide publique au développement bilatéral |
11 120 |
100 % |
Ministère de l'Economie, des Finances, et de l'Industrie |
5 112 |
46 % |
Ministère de la Coopération |
3 699 |
33 % |
Agence française de développement |
722 |
6 % |
Ministère de la Recherche |
625 |
6 % |
Ministère de l'Education nationale |
621 |
6 % |
Ministère des Affaires étrangères |
263 |
2 % |
Ministère de l'Agriculture |
78 |
1 % |
1 Les dix derniers pays du classement établi par le PNUD sont tous africains : Gambie, Mozambique, Guinée, Erythrée, Ethiopie, Burundi, Mali, Burkina Faso, Niger et Sierra Leone.
2
14 millions
de cas d'infection pour une
population de 588 millions de personnes)
3
Au total, aides bilatérales et multilatérales
confondues, les Européens aident 25 fois plus l'Afrique que ne le font
les Etats-Unis.
4
composée de M. Nicoullaud, ancien
ambassadeur de
France à Budapest, et de M. François Mimin, ancien directeur du
Centre international des Etudiants et stagiaires.
5
Le comité interministériel réunit le
ministre des Affaires étrangères, le ministre chargé de
l'Economie et des Finances, le ministre chargé de la Population et des
Migrations, le ministre chargé de la Recherche, le ministre de
l'Intérieur, le ministre de la Défense, le ministre chargé
de l'Environnement, le ministre chargé de la Coopération, le
ministre chargé du Budget, le ministre chargé de l'Outremer ainsi
que, le cas échéant, les ministres intéressés par
les questions inscrites à l'ordre du jour.
6
Décret n° 98-294 du 17 avril 1996
relatif
à l'Agence française de développement.
7
Ces sous-directions s'appuieront pour la mise en oeuvre de leurs
actions sur un pôle commun de moyens (budget, gestion des assistants
militaires techniques, stages et aides diverses).
8 Les accords constitutifs de la zone franc revêtent un caractère budgétaire -compte d'opération des banques centrales des pays de la zone franc ouverts auprès du Trésor et non de la Banque de France. Le traité de Maastricht n'a pas prévu que la responsabilité des accords budgétaires signés par les Etats de l'UEM soit transférée à la Banque centrale européenne.
9
Angola, Burundi, Cameroun, Gabon, Guinée
équatoriale, République centrafricaine, RDC, Rwanda, Sao Tome et
Principe, Tchad.
10
La MINURCA compte 1 250 hommes.