C. LE MAINTIEN DES CRÉDITS D'INTERVENTION PUBLIQUE (TITRE IV) HORS COOPÉRATION

Les crédits d'intervention publique du ministère des Affaires étrangères s'élèveront, en 1999, hors coopération , à 6 640,94 millions de francs , soit une baisse de - 2,3 % par rapport à la dotation de 1998 (6,8 milliards de francs).

Le titre IV du budget des affaires étrangères rénové s'élèvera à 9,7 milliards de francs, soit moins que la somme des deux titres IV des affaires étrangères et de la coopération en 1998, qui s'élevait à 10,2 milliards de francs. La perte est donc de 500 millions de francs, ce qui équivaut à une baisse de quelque 5 %.

Le titre IV finance :

- la contribution du ministère des Affaires étrangères aux dépenses liées à la desserte aérienne de Strasbourg ;

- l'action internationale du Quai d'Orsay (coopération culturelle, scientifique, aide au développement, action audiovisuelle internationale, coopération de défense, contributions aux organisations internationales, autres interventions de politique internationale -subventions, interventions humanitaires ...) ;

- l'assistance aux Français de l'étranger.

Conformément à la formule retenue par votre commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées pour la présentation du projet de budget des Affaires étrangères, les développements ci-après ne concerneront ni les crédits relevant de l'action culturelle extérieure et de la francophonie, ni les crédits destinés à la coopération au développement et à la solidarité avec les pays de l'ex "champ".

Comme il a été dit plus haut, les dotations examinées par votre rapporteur se caractérisent -du moins en apparence- dans le cadre du projet de budget pour 1999, par :

- un certain effort en faveur de la coopération militaire et de défense (chapitre 42-29) ;

- une augmentation des contributions volontaires françaises aux organisations internationales (chapitre 42-32) ;

- un déclin des "autres interventions de politique internationale" (chapitre 42-37) ;

- une certaine hausse des crédits destinés à l' assistance aux Français de l'étranger (chapitre 46-94).

1. La contribution du ministère des Affaires étrangères à la promotion de Strasbourg, capitale parlementaire européenne (chapitre 41-03)

29 millions de francs seront consacrés, en 1999, à la promotion de Strasbourg , capitale parlementaire européenne . Ces crédits augmenteront de 1,18 % par rapport à la dotation de 1998, qui représentait 28,66 millions de francs. Cette augmentation ne concerne que la subvention d'exploitation pour la desserte aérienne de Strasbourg (article 10) et non les actions de promotion (article 20), dont la dotation est reconduite.

. Les crédits inscrits à l' article 10 (27,66 millions de francs en 1998 ; 28 millions de francs en 1999) contribuent à la prise en charge, par l'Etat, d'une partie du déficit d'exploitation de la desserte aérienne de Strasbourg. En effet, l'Etat finance 100 % du déficit d'exploitation des vols dits spéciaux (pendant les sessions parlementaires européennes) et 66 % du déficit d'exploitation des vols réguliers, le solde étant imputés aux collectivités locales alsaciennes.

L'appel d'offres lancé en 1995 aux compagnies aériennes a permis de retenir Air France pour la majeure partie du réseau, Air France et Sabena assurant, sans compensation, la desserte respectivement de Londres et de Bruxelles, et TAT assurant celle de Milan.

Le second appel d'offres lancé en avril 1998 pour la période 1998-2001 a mis fin à la notion de vols réguliers et de vols spéciaux , ces derniers s'avérant peu fréquentés par les parlementaires et, surtout, trop coûteux. Tous les vols ont donc été transformés en vols réguliers. La desserte de Milan et de Copenhague est désormais confiée à Regional Airlines, la nouvelle desserte de Vienne étant assurée par Tyrolean Airlines.

Le recours à des appels d'offres a incontestablement permis de diversifier la desserte aérienne de Strasbourg -dont le traité d'Amsterdam a confirmé la place comme siège du Parlement européen- et a également permis des économies sur le chapitre 41-03 (de l'ordre de 40 % entre 1993 et 1998).

- Les crédits inscrits à l' article 20 financent des actions de communication relatives à de Strasbourg, destinées notamment aux pays d'Europe centrale et orientale, dans le cadre d'opérations d'information sur les institutions européennes. La dotation de 1998 (un million de francs) sera reconduite en 1999.

2. L'action internationale du ministère des Affaires étrangères

9 296,2 millions de francs seront consacrés en 1999 par le ministère des Affaires étrangères (coopération comprise) à son action internationale. Ces moyens seront répartis entre les chapitres suivants :

- 42-11 : coopération culturelle et scientifique,

- 42-12 : coopération technique au développement,

- 42-13 : appui à des initiatives privées et décentralisées,

- 42-14 : subvention aux opérateurs de l'action audiovisuelle,

- 42-26 : transport et dépenses diverses au titre de l'aide alimentaire,

- 42-29 : coopération militaire et de défense,

- 42-31 : contributions obligatoires aux organisations internationales,

- 42-32 : contributions volontaires aux organisations internationales,

- 42-37 : autres interventions de politique internationale   (aides et secours, subventions, interventions du ministre des Affaires européennes, fonds d'urgence humanitaire).

Hors coopération, l'ensemble de ces crédits s'élèvera à 6,46 milliards de francs en 1999. Les importantes modifications de nomenclature effectuées dans cette partie du budget ne rendent pas pertinente une comparaison avec les moyens consacrés à son "action internationale" par le Quai d'Orsay en 1998.

a) La légère augmentation des contributions aux organismes internationaux

. La participation française aux organisations internationales dont la France est membre représentera en 1999 3 434,56 millions de francs. Cette légère hausse (+ 0,75 %) par rapport aux crédits inscrits en 1998 sur les chapitres 42-31 et 42-32 (3 408,9 millions de francs) doit être soulignée, car elle succède à la baisse de 5,6 % observée entre 1997 et 1998 .

Les contributions aux organisations internationales représenteront, en 1999, 16,5 % du budget rénové des Affaires étrangères, et 23,2 % de la dotation hors coopération (23,5 % en 1998).

(1) Les contributions obligatoires (chapitre 42-31)

Les cotisations obligatoires s'établiront en 1999 à 3,15 milliards de francs (3,18 en 1998). La légère baisse des contributions obligatoires (- 0,7 %) succède à la diminution plus sensible (- 2,5 %) observée entre 1997 et 1998.

La part des contributions obligatoires dans la dotation des Affaires étrangères (hors coopération) restera substantielle (21,3 % en 1999 contre 22,1 % en 1998).

. Le cas des contributions à l'ONU

Les contributions à l'ONU et aux organismes spécialisés des Nations unies représenteront, en 1999, près de la moitié du chapitre 42-31.

La France est le quatrième contributeur des Nations unies , après les Etats-Unis, le Japon et l'Allemagne, avec une quote-part de 6,49 %. La quote-part française au budget des institutions spécialisées des Nations unies (UNESCO, OMS, AIEA, OIT ...) est, à peu de chose près, identique à celle qu'acquitte la France au budget ordinaire de l'ONU.

La quote-part française aux opérations de maintien de la paix est plus importante (7,93 %), du fait des responsabilités spéciales qui incombent à notre pays du fait de sa qualité de membre permanent du Conseil de sécurité.

La baisse des contributions obligatoires françaises au système des Nations unies s'explique :

- par la baisse des participations au financement des opérations de maintien de la paix , liée à la liquidation progressive des opérations parmi les plus importantes et, principalement, de la Forpronu : de 472 millions de francs en 1997, les appels à contribution devraient ne représenter que 325 millions de francs en 1998. Elles pourraient se limiter à 240 millions de francs en 1999 (est ainsi prévue la fin de la Minurso 10( * ) le 31 décembre 1998, et la Monua 11( * ) devrait ne pas être prolongée en 1999) ;

- par l'adoption de budgets de fonctionnement en diminution régulière , impliquant des contributions moins élevées (ainsi l'OIT a-t-elle adopté pour 1998-1999 un budget en baisse de - 3,75 %), sous réserve des évolutions du dollar pour les contributions appelées dans cette monnaie.

A ce jour, les opérations de maintien de la paix conduites dans le cadre des Nations Unies avec une participation française sont les suivantes :

- MINURCA (résolution 1159 du 27 mars 1998) : destinée à renforcer la sécurité à Bangui, la MINURCA a vu son mandat prolongé jusqu'au 25 octobre 1998. La France met à disposition de cette force 201 Casques bleus et 7 observateurs (l'effectif total est de 1 379 personnes). Elle détient à ce titre une créance qui n'a pas encore fait l'objet d'une évaluation précise.

- MONUA (résolution 1 118 du 30 juin 1997) : mission d'observation en Angola. La France a mis trois observateurs à disposition de cette force, qui comporte un effectif total de 1 213 personnes. La mise à disposition d'observateurs ne donnant pas lieu à remboursement 12( * ) , la France ne détient pas de créance au titre de la MONUA.

- MINUH (résolution 1 035 du 21 décembre 1995) : destinée à contribuer à la formation des forces de police des deux entités constitutives de la Bosnie-Herzégovine. La France met 123 policiers à disposition de la MINUH, et ne détient donc pas de créance à ce titre sur les Nations unies.

- MINURSO (résolution du 29 avril 1991) : créée pour surveiller l'application du plan de règlement de l'ONU au Sahara-occidental, la MINURSO a été prorogée à plusieurs reprises. La France met à la disposition de cette mission 25 observateurs militaires sur un total de 397, et ne détient à ce titre aucune créance sur l'ONU.

- MONUIK (résolutions 687 et 689 d'avril 1991) : destinée à veiller à l'application du cessez-le-feu entre l'Irak et le Koweit, la MONUIK a vu son mandat élargi en 1993. La poursuite de cette opération est examinée tous les six mois par le Conseil de sécurité. La France participe à la MONUIK à travers la mise à disposition de 11 observateurs militaires, ce qui ne donne pas lieu à remboursement.

- La FINUL (résolutions 425 et 426 du 19 mars 1978) : destinée à confirmer le retrait des forces israéliennes du sud du Liban, et à prévenir les combats dans la région, la FINUL a été prorogée à plusieurs reprises (la dernière prorogation viendra à son terme le 31 janvier 1999). 246 casques bleus sur un total de 4 480 sont mis à disposition de la FINUL par la France. La France détient en outre une créance de 4,8 millions de dollars, après avoir perçu des remboursements substantiels (15,6 millions de dollars) en 1996, 1997 et 1998.

Toutes les participations françaises aux opérations de maintien de la paix n'ouvrent donc pas droit à créance. La France bénéficie, en tant que contributeur de troupes et de matériels, de remboursements de la part des Nations-Unies :

- au titre de la mise à disposition de casques bleus (taux de remboursement : 988 dollars par homme et par mois pour les indemnités d'habillement et d'équipement, et 291 dollars par homme et par mois pour les indemnités de "spécialistes") ;

- au titre des " lettres d'attribution ", qui fixent les modalités de remboursement des équipements (pièces détachées, véhicules...), des biens consommables (rations alimentaires) et des frais de transport ;

- au titre des matériels appartenant aux contingents (la procédure de remboursement renvoie désormais à la location avec ou sans service : l'ONU prend en charge l'entretien du matériel et le rembourse sous la forme d'une indemnisation calculée sur la base d'un taux d'amortissement établi selon un barème déterminé) ;

- au titre des indemnités pour maladie, invalidité et décès (l'ONU rembourse une somme forfaitaire correspondant à ce à quoi auraient pu prétendre les ayants droit si les mêmes sinistres s'étaient produits sous la responsabilité de leurs autorités d'origine).

Les remboursements perçus depuis le ler janvier 1998 s'élèvent ainsi à plus de 17 millions de dollars , dont :

- 14,5 au titre des indemnités invalidité-décès,

- 1,45 au titre des contingents de casques bleus,

- 1,12 au titre des lettres d'attribution.

A l'échéance de la fin de l'année 1998, les perspectives de remboursement concernent :

- 5 millions de dollars au titre des indemnités invalidité-décès, toutes opérations de maintien de la paix confondues ;

- 8,8 millions de dollars au titre de l'ONUSOM (Somalie) et de l'APRONUC (Cambodge). Ces créances, dûment certifiées par l'ONU, tardent à nous être remboursées en raison d'une situation de trésorerie particulièrement difficile en l'absence de paiement américain : La France fait, une fois de plus, les frais de la politique américaine à l'égard de l'ONU ;

- 15 millions de dollars au titre des matériels mis à disposition dans le cadre de la FORPRONU.

Les créances françaises s'élèvent donc, à ce jour, à 28,8 millions de dollars , compte non tenu des créances qui se créent dans le cadre des opérations en cours. Celles-ci sont toutefois conduites à une échelle nettement réduite par rapport aux opérations précédentes (FORPRONU et APRONUC notamment).

. Les contributions obligatoires aux autres organisations internationales

-
On remarque la stabilité de la contribution française à l'Institut du monde arabe (60 millions de francs en 1998 et 1999), qui représente 70 % du budget de fonctionnement de l'IMA, les contributions des Etats arabes en assurant 30 %.

- Sont également stables les contributions aux "autres organisations" (article 54 nouveau, article 31 ancien), c'est-à-dire à la Commission de l'Océan indien, à la Commission du Pacifique sud, aux organisations internationales du cacao, du café, du jute ..., qui s'élèveront à 408 millions de francs en 1999.

- Est également imputé sur le chapitre 42-31 le droit de dépaissance sur les deux versants de la frontière des Pyrénées (400 000 francs en 1998 et 1993), rente versée par la France à l'Espagne chaque année depuis 1856, en contrepartie de la jouissance exclusive, et perpétuelle, par les habitants de la vallée française de Baïgorry, des pâturages du pays de Quint Nord, situé en territoire espagnol.

- On remarque, en revanche, une augmentation modeste des contributions versées par la France aux organisations internationales hors Nations unies, Union européenne et organisations à caractère scientifique : 409,83 millions de francs en 1999, soit une hausse de + 1,5 %.

(2) Une hausse inhabituelle des contributions volontaires (chapitre 42-32)

Les contributions volontaires (ou bénévoles) versées par la France à diverses organisations internationales connaîtront, en 1999, une augmentation sensible (+ 21,9 %) par rapport à la dotation de 1998 (+ 30,2 % par rapport à la dotation de 1998 après régulation budgétaire).

Les moyens consacrés aux contributions volontaires connaissent, depuis plusieurs années, une baisse régulière qui ne serait pas sans conséquences sur le rayonnement de la France au sein du système des Nations unies.

. Une dotation régulièrement décroissante

Le chapitre 42-32 a atteint en 1998 un étiage sans précédent (- 43,7 % par rapport aux crédits de 1996). Il est également patent qu'il s'agit d'une dotation particulièrement modeste , même après cette augmentation : les 278 millions de francs inscrits au chapitre 42-32 en 1999 ne représentent que 1,8 % du budget des affaires étrangères hors coopération .

La hausse des contributions volontaires prévue pour 1999 (+ 50 millions de francs par rapport à 1998) ne permettra pas de retrouver les crédits inscrits au chapitre 42-32 au début de la présente décennie . Le tableau ci-après montre que les contributions volontaires prévues en 1999 repésenteront moins de la moitié des crédits inscrits au chapitre 42-32 en 1992, 1993 et 1994.

Evolution des contributions volontaires depuis 1991

(en millions de francs)


 

Chapitre 42-32

1991

545,90

1992

645,50

1993

697,20

1994

600,06

1995

552

1996

405,06

1997

345,5 (267 après régulation budgétaire)

1998

228,06 (213,5 millions de francs après régulation budgétaire)

PLF 1999

278,06

Les contributions volontaires financent des activités opérationnelles d'aide au développement, des actions humanitaires et des aides d'urgence mises en oeuvre principalement par les Fonds et Programmes de l'ONU tels que le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) ou le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). Les contributions volontaires sont aussi destinées, pour des montants plus modestes, à des institutions spécialisées de l'ONU (UNESCO, ONUDI, OIT...) dont le fonctionnement courant est assuré par les contributions obligatoires.

Compte tenu de la rigidité qui caractérise les contributions obligatoires, dont le montant est déduit des engagements internationaux souscrits par la France, les contributions volontaires sont régulièrement la cible de régulations budgétaires (78,5 millions de francs en 1997 ; 8,4 millions de francs en 1998).

La réduction régulière des crédits inscrits au chapitre 42-32 a obligé la France, en 1998, à effectuer des choix entre les destinataires de nos contributions volontaires, afin de préserver un minimum acceptable de contributions. Ainsi le parti a-t-il été pris, en 1998, de privilégier le HCR et l'UNICEF aux dépens du PNUD . La contribution volontaire à ce programme s'est donc limitée à une modeste dotation de 30 millions de francs , qui représente un dixième des subventions versées par la France en 1993 . C'est pourquoi le PNUD fera l'objet, en 1999, d'une priorité certaine, afin de compenser l'étiage atteint en 1998.

De manière générale, les contributions volontaires françaises sont d'un montant relativement peu élevé au regard des enjeux, ce que confirment les exemples ci-après (contributions volontaires françaises de 1998) :

- 48 millions de francs au Haut commissariat pour les réfugiés,

- 47 millions de francs à l'UNICEF,

- 15 millions de francs pour le Programme alimentaire mondial,

- 4 millions de francs à l'ONUDI,

- 3,5 millions de francs au Programme des Nations unies pour l'environnement,

- 1,6 million de francs à l'Organisation mondiale de la santé.

La revalorisation du chapitre 42-32 prévue en 1999 permettra donc non seulement d'augmenter substantiellement la contribution française au PNUD, mais aussi de financer un effort supplémentaire destiné aux secteurs jugés aujourd'hui prioritaires : aide humanitaire (HCR, PAM ...), environnement (PNUE), lutte contre les menaces transnationales (drogue, crime organisé), la santé (ONUSIDA), ou les droits de l'homme.

Le ministre des Affaires étrangères a, il y a un an, jugé souhaitable de mettre fin à la dispersion des contributions volontaires, et de favoriser leur concentration sur un nombre choisi d'organismes susceptibles d'exercer un effet de levier satisfaisant .

. Des conséquences probables sur l'influence de la France au sein des Nations unies

Le déclin du chapitre 42-32 conduit à s'interroger sur les conséquences, à terme, de la baisse des contributions volontaires française sur l'influence exercée par la France au sein du système de l'ONU .

- La baisse des contributions volontaires françaises paraît affecter la capacité des Nations unies à financer certains programmes , auxquels notre pays attache pourtant un grand intérêt. Ainsi l'impossibilité de contribuer au financement du Fonds d'affectation volontaire au déminage des Nations unies contraste-t-elle avec l'engagement de la France dans la lutte contre les mines antipersonnel.

- Le "taux de retour" des contributions volontaires serait aujourd'hui affecté par la contraction du chapitre 42-32. Ainsi la France ne figurait-elle plus, en 1996, parmi les dix premiers bénéficiaires des achats effectués par le HCR, alors qu'elle occupait la quatrième place en 1995. Notons, par ailleurs, que la part des achats effectués en France par les Fonds et programmes des Nations unies n'est que de 3,84 % (et de 3,7 % pour les institutions spécialisées). Le "taux de retour" est néanmoins, pour la France, de 195 % s'agissant des interventions du PAM, et de 325,4 % en ce qui concerne les actions de l'UNICEF. La moyenne générale est cependant moins favorable (24,8 %).

- Le recul de l'influence française au sein des Nations unies se déduirait, selon les informations transmises à votre rapporteur, d'une part, du déclin de l'usage du français et, d'autre part, de la diminution des recrutements de personnels français .

L'enjeu que représente le recrutement de personnels français par les Nations unies est important, si l'on considère que la moitié des effectifs français employés par l'ONU se trouve actuellement proche de la retraite. Or la relève à assurer à l'échéance de dix ans est loin d'être garantie à ce jour.

De manière générale, la représentation des personnels français à l'ONU peut être qualifiée de satisfaisante et de stable (20 % des effectifs globaux de la Cour internationale de Justice, plus de 9 % dans les institutions spécialisées, 10 % au Secrétariat de l'ONU). On pourrait même parler, dans certaines institutions, d'une surreprésentation française par rapport à notre quote-part aux Nations unies (6,49 % du budget ordinaire). A Genève, les effectifs français représentent ainsi 22 % du personnel du secrétariat des Nations unies.

La part des Français est, en revanche, faible à New York (4 %) et à Vienne (5 %). On note, de surcroît, une position assez faible des personnels français dans les organes subsidiaires de l'Assemblée générale et de l'ECOSOC (3,7 %), où dominent traditionnellement les anglo-saxons.

La baisse des contributions volontaires pourrait, en dépit de ces positions globalement fortes, affecter la présence française au sein des effectifs des Nations unies à travers des mouvements lents (perte d'emplois stratégiques au profit d'emplois de moindre importance, diminution du nombre de consultants français sous contrat à durée limitée, altération du taux de placement des jeunes experts français ), qui n'ont pas nécessairement encore trouvé, à ce jour, de traduction statistique.

Le déclin de la présence française dans le personnel des Nations unies tient toutefois à d'autres facteurs :

- difficultés budgétaires aujourd'hui rencontrées par les organisations internationales,

- concurrence exercée par les candidatures originaires de certains pays du sud,

- faible attraction exercée sur nos compatriotes par les rémunérations désormais proposées par l'ONU.

Dans ce contexte, le maintien d'une présence administrative française satisfaisante au sein des Nations unies devrait aujourd'hui passer par la promotion de quelques candidatures de très haute qualité, susceptibles de renforcer la réputation d'excellence française, plutôt que par le souci de représenter une part importante des effectifs. Cette nouvelle politique impliquerait un effort accru de prospection et de sélection des candidats potentiels.

b) Un rééquilibrage bien venu des crédits de coopération militaire (chapitre 42-29)
(1) La fusion des moyens d'assistance militaire "champ-hors champ"

Les crédits inscrits au chapitre 42-29 en 1999 (780,5 millions de francs) ne sauraient être comparés quantitativement aux 86,11 millions de francs qui, en 1998, constituaient la trop modeste dotation destinée à la coopération militaire mise en oeuvre par le Quai d'Orsay en dehors des pays ACP.

En effet, les crédits prévus pour 1999 regroupent :

- les moyens de la Mission militaire de coopération (chapitre 41-42 du budget de la rue Monsieur), rattachée au ministère délégué chargé de la coopération et de la francophonie, et affectés à l'assistance militaire avec les pays dits "du champ",

- ainsi que les moyens gérés par la sous-direction de l'aide militaire (Direction des affaires stratégiques, de sécurité et de défense) au profit d'actions de coopération militaire destinées aux pays dits "hors champ".

Le nouveau chapitre 42-29 du budget des Affaires étrangères, inspiré du chapitre 41-42 du budget de la rue Monsieur, se présente désormais ainsi :

- article 10 : coopération technique - aide en personnel : 431,87 millions de francs au total. 67,61 millions de francs en 1998 étaient destinés, sur ce chapitre, aux pays "hors champ" : la dotation prévue pour 1997 est de 58,6 millions de francs. Cette baisse s'explique, en partie, par le fait que les moyens destinés à l'aide en personnel sont désormais répartis entre l'article 10 et l'article 30 (appui aux missions de coopération).

L'article 10 concerne, s'agissant de la région "hors champ", la rémunération des coopérants affectés aux missions d'assistance et de coopération militaire, et des officiers experts techniques nommés auprès des ministères de la défense des pays partenaires.

Il existe 25 missions militaires en Afrique subsaharienne (soit 570 assistants militaires techniques en poste à titre permanent) et six missions militaires dans la région "hors champ" (Jordanie, Liban, Arabie Saoudite, Qatar, Tunisie et Maroc) dont le personnel coopérant représente un effectif modeste de 51 assistants militaires techniques. Quant aux officiers experts techniques, ils sont affectés principalement, s'agissant de la région "hors champ", dans les pays d'Europe centrale et orientale et de la CEI (Ukraine, Roumanie, Pologne, Hongrie, Estonie, Bulgarie, Slovaquie, République tchèque).

A ces effectifs permanents s'ajoutent le renfort de personnels en missions de courte durée (jusqu'à six mois), ainsi que des quelque 40 appelés affectés à des écoles militaires étrangères en tant que lecteurs de français (leur effectif est complété par le recours à cinq enseignants militaires retraités intervenant à titre bénévole).

- article 20 : formation des stagiaires étrangers : 156,95 millions de francs. 18,5 millions de francs étaient consacrés, en 1998, à la zone "hors champ". Cette dotation passera, en 1999, à 51,6 millions de francs, ce qui représente une hausse substantielle de ces moyens, assurant un rééquilibrage de ce type d'action au profit du "reste du monde". Rappelons que les crédits inscrits à l'article 20 financent l'accueil de stagiaires militaires étrangers dans les écoles militaires françaises.

En 1998, les 716 stages effectués par des stagiaires de la zone "hors champ" (sur 935 places proposées) se répartissaient entre :

- l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient : 377 stagiaires (52 % du total) ;

- l'Europe (essentiellement baltique, centrale, orientale et post-soviétique) : 273 stagiaires (38 % de l'ensemble) ;

- l'Asie et l'Océanie : 37 stagiaires (5 %) ;

- l'Amérique : 29 stagiaires (4 %).

- article 30 : appui aux missions de coopération. Sur les 19 millions de francs inscrits à l'article 30 en 1999, 3 millions de francs seront destinés aux six missions implantées dans les pays de l'ex "hors champ".

Sur cet article, qui ne figurait pas en 1998 au chapitre 42-29, seront imputés les frais de fonctionnement et de personnels locaux (personnel d'entretien, chauffeurs, interprète, secrétariat) employés par les missions de coopération. Comme votre rapporteur le rappelait plus haut, six missions militaires sont implantées en dehors des pays ACP (Liban, Qatar, Tunisie, Maroc, Arabie Saoudite, Jordanie). Un redéploiement d'effectifs a été récemment effectué pour rééquilibrer la part du Maroc (30 coopérants depuis 1997, au lieu de 97 en 1992), dans le cadre d'une diminution globale des effectifs des missions de coopération.

- article 40 : aide en matériel et entretien des infrastructures (172,7 millions de francs en 1999, dont 0,7 million de francs pour l'ex zone "hors champ").

Ces crédits sont destinés à financer les aides attribuées sous forme d'équipement militaire, ainsi que les écoles militaires (écoles nationales à vocation régionale ou écoles interafricaines) créées par la France.

Ce type de crédit concerne encore à ce jour principalement l'Afrique subsaharienne. Le projet tendant à créer une école militaire en Pologne, pour un budget estimé à 0,7 million de francs, tend à inscrire sur l'article 40 des crédits destinés à l'aide en matériel hors Afrique.

(2) Les objectifs de la coopération de défense confirment la prise en compte de nouvelles priorités

La coopération militaire financée sur le chapitre 42-29 rénové vise des objectifs propres à chaque zone géographique.

- Dans le Maghreb, il s'agit de concourir à la prévention des crises et à la sécurité intérieure française et européenne, d'assurer le relais de nos actions euroméditerranéennes, et de contribuer au rayonnement de la France.

- Au Proche-Orient et au Moyen-Orient, la coopération militaire est conçue pour appuyer le processus de paix, pour préserver et assurer la promotion de nos marchés de défense face à la concurrence américaine , et pour favoriser la sécurité de nos approvisionnements énergétiques.

- En Europe centrale, orientale et baltique et dans les pays de l'ex-URSS, il s'agit de contribuer à prévenir les facteurs d'instabilité et de crise, dans l'esprit du Partenariat pour la paix, de promouvoir nos marchés de défense, et de défendre la francophonie en milieu militaire (susceptible de conforter nos exportations de matériels d'armement).

- En Asie et en Océanie, l'objectif est de promouvoir notre image industrielle, de contribuer à nos exportations de matériel d'armement, et d'entreprendre un dialogue de nature stratégique, donnant lieu le cas échéant à des coopérations concrètes, avec la Chine, l'Inde, la Corée du Sud et le Japon.

- En Amérique Latine, l'assistance militaire vise à mettre en oeuvre des projets de coopération à partir des Départements d'outre-mer, à promouvoir nos marchés de défense, et à contribuer à la lutte contre la drogue et le crime organisé (essentiellement à partir d'actions de la gendarmerie).

Compte tenu de ces diverses priorités, et de la solidarité qui lie traditionnellement la France à ses partenaires subsahariens, un redéploiement progressif de la politique de coopération militaire a été récemment décidé pour l'adapter aux enjeux actuels de la politique étrangère et de défense française. Dans cet esprit, en Europe centrale et orientale et dans la CEI sont désormais privilégiés notamment des actions de formation, le recours à des séminaires ponctuels, à des missions d'audit et de conseil, l'invitation de cadres francophones, ainsi que des actions de mise en condition opérationnelle liées à l'acquisition de matériels français, et des formations techniques de haut niveau (pilotes, missiliers ) susceptibles de promouvoir nos technologies de défense.

Sur la rive sud de la Méditerranée, il importe de moderniser notre coopération de défense dans un esprit de partenariat (missions d'expertise et d'audit, mise en condition opérationnelle des matériels, enseignement de haut niveau...).

(3) Une augmentation assez sensible des crédits destinés à l'ex "hors champ"

Dans la logique ci-dessus définie, le projet de budget pour 1999 amorcera un rééquilibrage des moyens destinés à la coopération de défense avec les pays dits "hors champ".

Ceux-ci passeront de 86,11 millions de francs (85,4 en réalité, compte tenu de la régulation budgétaire) à 114,01 millions de francs, soit une hausse de 32,4 % par rapport à la loi de finances initiale de 1998.

Votre rapporteur juge cette orientation positive, s'étant toujours interrogé sur la disproportion entre les moyens affectés à la coopération militaire avec les pays ACP et la trop faible dotation destinée au reste du monde. Les crédits inscrits au chapitre 42-29 pouvant exercer une influence positive sur le développement de nos exportations de matériel d'armement , à un moment où nos industries ont un besoin aigu de débouchés à l'étranger , il importe de consacrer des moyens relativement substantiels à ces actions.

L'augmentation de 28 millions de francs prévue par le projet de budget pour 1999 correspond, selon les informations transmises à votre rapporteur, à un redéploiement de l'ordre de 40 postes de coopérants militaires de l'Afrique subsaharienne, qui seront affectés vers les zones de plus forte priorité dans le reste du monde (Europe centrale et orientale, Afrique du nord et Proche-Orient). Cette orientation se poursuivra à un rythme annuel estimé à + 3,3 % pendant les trois prochaines années.

Notons que ce redéploiement n'affecte pas la part prédominante de l'Afrique subsaharienne (694,5 millions de francs en 1999) au sein du chapitre 42-29 (89 %).

c) Une nouvelle baisse des crédits destinés aux "autres interventions de politique internationale" (chapitre 42-37)

Le chapitre 42-37 recouvre traditionnellement des dépenses très diverses. Il finance, en effet, les secours destinés aux pays touchés par une catastrophe naturelle, des interventions humanitaires, des subventions à des organismes plus ou moins concernés par l'action du Ministère des affaires étrangères, ainsi que des opérations de communication.

De 100,6 millions de francs en 1998, ces crédits seront limités à 89,9 millions de francs en 1999, soit une baisse de 10,6 %.

(1) La baisse des "aides, secours et subventions à divers organismes" (article 10)

L'article 10 résulte de la fusion, opérée en 1998, des crédits, jusqu'alors inscrits sur trois articles très différents, affectés :

- aux subventions versées à divers organismes par le Quai d'Orsay ;

- aux aides et secours versés à des personnalités étrangères amies de la France (et aux descendants de celles-ci), ainsi qu'à l'aide d'urgence aux pays étrangers (ces crédits se sont étendus, après la création du Fonds d'urgence humanitaire, à des actions telles que l'envoi d'observateurs électoraux).

Les crédits inscrits à l'article 10 dans le projet de budget pour 1999 baisseront de 23 % par rapport à la dotation de 1998, et représenteront 17,09 millions de francs au lieu de 22, 19 en 1998.

Les subventions représentent 89 % de cette dotation. Leurs montants varient selon les destinataires et les types d'action financées en 1998 :

- 50 000 F : recherche de disparus français en ex-URSS (association Edouard Kalifat de recherches humanitaires) ;

- 20 000 F : soutien général de l'association Europe-Baïkal ;

- 288 744 F pour un programme nutritionnel en Somalie (Action contre la faim) ;

- 160 000 F en vue de l'aide aux communautés indiennes du Sud du Mexique ;

- 500 000 F à l'association Les enfants de Tchernobyl (programme d'aide médicale aux victimes de la pollution radioactive) ;

- 850 000 F (soutien général de l'AIPLF).

De nombreuses subventions sont donc accordées, conformément aux exemples cités ci-dessus, à des organisations contribuant, par leur action, au rayonnement de la France à l'étranger, notamment sur le plan humanitaire, ou au développement des relations internationales.

D'autres subventions s'adressent à des organisations dont l'action complète celle du Ministère des affaires étrangères, notamment sur le plan social :

- Association nationale des Français à l'étranger (40 000 francs en 1998 pour organiser des stages en faveur des Français expatriés) ;

- Association des Oeuvres sociales du Ministère des affaires étrangères (1,5 millions de francs en 1998) ;

- Association pour la gestion des centres de loisirs sans hébergement (150 640 francs en vue de l'accueil en centre aéré des enfants des familles d'agents du Ministère des affaires étrangères) ;

- Comité d'entraide aux Français rapatriés (760 000 francs en vue de la poursuite des actions en faveur des Français rapatriés).

D'autres subventions visent à financer des manifestations culturelles à vocation internationale (180 000 francs en 1998 pour les 14èmes Francofolies de La Rochelle, 90 000 francs pour les Francofolies de Montréal, 360 000 francs pour le Festival international des francophonies en Limousin...), voire des colloques (150 000 francs à l'association Forum Alternatives européennes pour l'organisation d'une conférence-débat en 1998 sur "Les nations en Europe, effacement ou nouvel avenir ?" ; 40 000 francs au Groupement d'intérêt public Mutations industrielles pour l'organisation d'un colloque franco-américain sur "Le syndicalisme dans la régionalisation de l'économie mondiale").

La politique définie depuis environ cinq années par le Ministère des affaires étrangères en matière d'attribution de subventions s'est caractérisée par le souci de mieux contrôler l'utilisation des crédits alloués à ces organismes. Ceux-ci sont ainsi tenus, à partir d'un seuil de 300 000 francs, de signer une convention définissant les objectifs poursuivis et les obligations réciproques souscrites par le Ministère des affaires étrangères et l'association. La décision d'allocation de subvention relève du secrétaire général du quai d'Orsay. L'inspection générale du Ministère des affaires étrangères peut procéder à des enquêtes sur l'utilisation des subventions les plus importantes.

En 1998, les subventions aux montants les plus élevés ont été attribuées aux organismes suivants :

- Handicap international (1 million de francs : programme de déminage à Bihac) ;

- Ligue française de l'enseignement et de l'éducation permanente (1 million de francs : soutien aux activités européennes de la LFEEP) ;

- Organisation française du mouvement européen (2,5 millions de francs : soutien général) ;

- Association pour la fondation France-Amérique (1,5 million de francs : soutien général) ;

- Fondation Jean Jaurès pour la promotion des idéaux démocratiques (1 million de francs : soutien général) ;

- Fondation Robert Schuman (2 millions de francs : soutien général) ;

- Institut François Mitterrand (5 millions de francs).

Par ailleurs, le Ministère des affaires étrangères manifeste depuis 1998 le souci d'éviter le "saupoudrage de ses subventions" sur un nombre trop important d'organismes, et de privilégier des actions ponctuelles (comme, en 1997, la subvention de 7 millions de francs à l'Association pour la réalisation de l'année de la France au Japon rassemblant la participation interministérielle à ce projet)) ainsi que les associations dont les interventions sont susceptibles d'exercer un " effet de levier" favorable . Cette ligne vertueuse doit, à l'évidence, être encouragée.

Notons aussi que la baisse des crédits destinés aux subventions et inscrits au chapitre 42-37/10 n'épuisent pas la totalité des moyens consacrés à ce type d'intervention. Divers concours sont également inscrits sur ce même chapitre 42-37, aux articles 40 (interventions du Ministre des affaires européennes), 50 (subventions du Fonds d'urgence humanitaire à des ONG), et 60 (subventions à l'association de la presse diplomatique française ainsi qu'à l'association des correspondants des radios et des télévisions étrangères à Paris).

(2) La stabilité des crédits destinés aux interventions du ministre des affaires européennes (article 40).

15,15 millions de francs seront en 1999, comme en 1998, consacrés aux interventions du ministre des affaires européennes. Ces crédits sont destinés à des subventions aux associations à vocation européenne (Mouvement européen, Ligue de l'enseignement et de l'Union paneuropéenne, Fédération des Maisons de l'Europe...), et à des actions de communication concernant la construction européenne (conférences-débats, réalisations de brochures, notamment dans le cadre de la campagne "Vivre l'Europe" organisée en 1998).

La dotation inscrite à l'article 20 peut également financer des études et, plus particulièrement, des sondages d'opinion, ainsi que des manifestations européennes organisées dans le cadre du Dialogue national sur l'Europe.

Votre rapporteur avait déjà relevé, à l'occasion de l'examen du précédent projet de budget, la stabilité de cette ligne budgétaire, alors que le Fonds d'urgence humanitaire supporte en 1999 une économie de 5,6 millions de francs (voir infra).

(3) Une nouvelle baisse des moyens du Fonds d'urgence humanitaire (article 50)

Les crédits affectés au Fonds d'urgence humanitaire (article 50) baisseront de 9 %, et passeront de 62,75 millions de francs à 57,15 millions de francs en 1999, soit presque la moitié des crédits destinés au seul transport de l'aide alimentaire gérée par le ministère délégué à la coopération. Notons que l'article 50 avait déjà été caractérisé, en 1998, par une contraction de 26,7 % entre 1997 et 1998.

Le Fonds d'urgence humanitaire finance différentes interventions :

- Contribution à des actions ponctuelles d'ONG (programmes d'aide alimentaire et d'assistance médicale dans les camps de réfugiés, rénovation d'hôpitaux...) ;

- Versements à des organisations internationales visant à soutenir des programmes d'aide d'urgence mis en oeuvre notamment par l'UNICEF, le Programme alimentaire mondial, l'Organisation mondiale de la santé et le Haut commissariat aux réfugiés ;

- Financement d'opérations d'aide directe (envoi de médicaments, de nourriture, de matériel médical...).

Rappelons qu'en 1994, année de la crise rwandaise, les crédits du Fonds d'urgence humanitaire se sont élevés à 135 millions de francs, soit plus du double de la dotation prévue pour 1999.

(4) Contraction des interventions en matière de presse (article 60)

Les crédits inscrits à l'article 60 s'élèveront à 500 000 francs, soit une baisse de 100 000 francs par rapport à la dotation consacrés en 1998 aux interventions en matière de presse.

Ces crédits regroupent les subventions versées à des associations traditionnellement soutenues par le Ministère des affaires étrangères : association de la presse diplomatique française (65 000 francs), association des correspondants des radios et des télévisions étrangères à Paris (255 000 francs), et association de la presse étrangère (80 000 francs).

La baisse de 100 000 francs prévue en 1999 ne devrait pas sensiblement remettre en cause le montant des subventions ci-dessus évoquées, destinées à financer des bourses de formation pour des journalistes étrangers, l'édition de bulletins d'information, ainsi que l'organisation de réunions-débats sur la politique étrangère.

3. Un effort relatif en faveur des Français de l'étranger

La dotation inscrite au chapitre 46-94, qui rassemble les moyens destinés à l'assistance aux Français de l'étranger et aux réfugiés étrangers en France, s'élèvera en 1999 à 138,28 millions de francs, soit une hausse de 6,5 % par rapport aux 129,72 millions de francs prévus par la loi de finances initiale de 1998. L'augmentation est même de 8,82 % à structures budgétaires constantes , si l'on tient compte du transfert vers le titre III des crédits destinés à la Maison des Français de l'étranger (2,7 millions de francs en 1997).

. Si l'on intègre les moyens inscrits au chapitre 46-91 et consacrés aux frais de rapatriement (soit 4,24 millions de francs en 1999, dotation stable par rapport à 1998), l'ensemble des moyens affectés à l'assistance et à la solidarité avec les Français de l'étranger par le Quai d'Orsay s'élèvera en 1999 à 142,52 millions de francs, en hausse de 8,5 % , à structures budgétaires constantes, par rapport aux 131,31 millions de francs prévus par la loi de finance initiale de 1998.

. En réalité, cette dotation n'est pas entièrement consacrée à l'assistance et à la solidarité avec les Français de l'étranger, car elle comprend aussi :

- la dotation de la Mission de l'adoption internationale (article 33 : 2,28 millions de francs en 1999 au lieu de 1,28 en 1998, soit une augmentation de 78 %). Rappelons que ces crédits sont affectés au soutien administratif et juridique apporté par le Ministère des affaires étrangères aux candidats à une adoption à l'étranger, à travers la Mission de l'adoption internationale créée au sein de la Direction des Français de l'étranger. L'augmentation de cette dotation répond à un véritable besoin, compte tenu de la très importante charge de travail qui caractérise aujourd'hui la Mission de l'adoption internationale ;

- l'assistance aux réfugiés étrangers : les crédits inscrits à l'article 52 (3,4 millions de francs) seront reconduits en 1999. Créés par la Direction des Français de l'étranger et des étrangers en France, ainsi que par la Direction d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient, ces moyens sont répartis entre trois organismes participant à l'accueil des réfugiés étrangers (Comité médical pour les exilés, Inter Service Migrants et Association pour les victimes de la répression en exil, spécialisée dans l'aide aux victimes de tortures) ;

- les crédits du Conseil supérieur des Français à l'étranger (article 20) : cette dotation sera reconduite en 1999 à son niveau de 1998, soit 9,19 millions de francs ;

- les crédits destinés à l' entretien des cimetières français à l'étranger (article 15) : 1,46 million de francs, soit une hausse de quelque 5 % par rapport à 1998) ;

- les subsides versés aux anciens agents des services publics du Maroc et de la Tunisie (article 60) : 41 500 de francs en 1999, soit une dotation stable par rapport à 1998.

. Les crédits effectivement consacrés à l'assistance et à la solidarité avec les Français de l'étranger représenteront, en 1999 :

- frais de rapatriement (chapitre 46-91) : 4,24 millions de francs (dotation inchangée par rapport à 1998) ;

- assistance à l'étranger (chapitre 46-94/11) : 109,09 millions de francs ( en augmentation de 11,3 % par rapport à 1998) ;

- organismes d'aide et d'assistance aux Français à l'étranger (chapitre 46-94/12) : 3,1 millions de francs ;

- Fonds de secours pour les Français à l'étranger (chapitre 46-94/13) : 0,45 million de francs ;

- Sécurité des Français à l'étranger (chapitre 46-94/14) : 3,05 millions de francs (dotation inchangée par rapport à 1998) ;

- Emploi et formation professionnelle des Français à l'étranger (chapitre 46-94/31) : 6,26 millions de francs (dotation inchangée par rapport à 1998).

Le total des moyens consacrés à la solidarité avec les Français de l'étranger s'élève donc à 126,19 millions de francs , soit une hausse de + 6,3 % par rapport aux mêmes crédits prévus par la loi de finances initiale de 1998 (118,71 millions de francs).

. Cette évolution favorable tient, pour l'essentiel, à l'augmentation des crédits d'assistance à l'étranger (chapitre 46-94/11 : + 11,37 % (mesure nouvelle de 11,13 millions de francs). Ces crédits permettent d'attribuer des allocations de solidarité versées en monnaie locale à nos compatriotes âgés ou nécessiteux. Leur montant varie (entre 500 francs et 3 400 francs) selon les pays, le coût de la vie locale et les taux de change. L'article 11 permet aussi l'attribution de secours occasionnels à des compatriotes temporairement dans le besoin.

Au 1er juillet 1998, 4 089 Français avaient bénéficié de 3 303 allocations de solidarité et de 786 allocations à durée déterminée. Ces subsides sont complétés par l'aide des sociétés de bienfaisance, des maisons de retraite et des centres hospitaliers subventionnés par le Quai d'Orsay (à hauteur de 4,5 millions de francs en 1998).

Les crédits d'assistance à l'étranger recouvrent aussi l' aide aux handicapés . Les allocations versées aux adultes handicapés sont alignées sur les allocations de solidarité. Les allocations versées aux adolescents et enfants handicapés sont comprises entre 500 et 825 francs. On constate une augmentation régulière du nombre de handicapés secourus : 1174 au 31 décembre 1996, 1 347 au 31 décembre 1997, et 1 381 au ler juillet 1998.

L'article 11 permet également de financer les quelque dix-neuf cabinets médicaux créés auprès de certaines missions diplomatiques et consulaires françaises, et confiés à des médecins français.

Les crédits d'assistance à l'étranger concernent aussi l' aide aux Français de passage en difficulté (2,2 millions de francs en 1998), attribuée aux Français lors de leurs déplacements à l'étranger, en cas d'accident, de perte ou de vol (de billets d'avion, d'argent, de papiers). Ces aides prennent la forme d'avances remboursables, de transferts par voie de chancellerie, de secours occasionnels, voire de rapatriements en cas d'urgence médicale. En 1997, 4 313 personnes ont bénéficié de ces différentes formes d'aide. Les avances remboursables non remboursées ont représenté, en 1997, 132 930 francs (250 000 francs en 1996). Les dépenses engagées au titre des rapatriements pour indigence se sont élevées à 484 829 francs pendant les six premiers mois de 1998, soit le double de la dotation pour 1997 (228 785 francs). Cette augmentation prévisible impose l'information des Français sur la nécessité de contracter une assurance rapatriement avant tout voyage à l'étranger.

. A l'exception des crédits d'assistance à l'étranger, qui augmenteront en 1999, on constate la reconduction, à leur niveau de 1998, des principales dotations inscrites aux chapitres 46-91 et 46-94.

- Les frais de rapatriement (chapitre 46-91) seront stables (4,24 millions de francs) par rapport à 1998. Encore s'agit-il d'un chapitre provisionnel, susceptible d'être abondé en cours d'exercice en fonction des besoins.

Rappelons que ces crédits visent à financer les rapatriements pour indigence (3,9 millions de francs en 1998), destinés aux plus démunis de nos compatriotes, et les rapatriements pour formation professionnelle (250 000 francs en 1998), qui visent la réinsertion professionnelle et sociale des jeunes Français dépourvus de perspectives d'emploi à l'étranger. Enfin, les rapatriements sanitaires concernent les urgences médicales des Français expatriés (et non pas des Français de passage).

Entre le ler juin 1997 et le 31 juin 1998, 268 rapatriements et évacuations médicales de Français résidant à l'étranger ont été effectués. La plupart ont concerné l' Afrique (148, soit 55 %, Afrique du Nord comprise). La part de l'Europe (60 rapatriements) représentait 22 % de l'ensemble. Les rapatriements pour indigence sont très nettement majoritaires (70 % du total).

Les crédits du chapitre 46-91 sont complétés, en cas de besoin, pour permettre l' évacuation des ressortissants français rendue nécessaire par les événements politiques survenus dans leur pays de résidence. Ainsi, depuis 1996, le Ministère des affaires étrangères a-t-il mis en place d'importants moyens pendant les événements survenus au Congo (1 426 rapatriements en juin 1997), en République Centrafricaine (1 530 rapatriements en mai 1996), en Sierra-Leone (150 rapatriements en février 1998), en Guinée Bissau (169 rapatriements en juin 1998), et en République démocratique du Congo (434 rapatriements en août 1998). 4,9 millions de francs ont ainsi été dépensés en 1997 pour les évacuations de Brazzaville.

- Les subventions versées aux organismes d'aide et d'assistance aux Français à l'étranger (chapitre 46-94/12) sont, elles aussi, maintenues à leur niveau de 1998 (3,105 millions de francs). Sur cette ligne sont imputées les subventions au Comité d'entraide aux Français rapatriés (0,76 millions de francs en 1998) ainsi qu'aux organismes tels que la Croix Rouge, qui contribuent à défendre les intérêts de nos compatriotes établis hors de France.

Rappelons que le Comité d'entraide aux Français rapatriés (CEFR) permet, à travers son centre d'accueil et de transit de Vaujours, à ses dix centres d'hébergement et de réinsertion sociale (CHRS), et à ses trois maisons pour personnes âgées dépendantes, d'accueillir nos compatriotes qui, en situation d'indigence dans leur pays de résidence, ne disposent pas de solution d'hébergement en France. Au ler juillet 1998, 580 lits de CHRS seulement sur 743 étaient occupés, ce qui semble justifier une réflexion sur le maintien des structures actuelles. Dans cette perspective, le CHRS de Troyes devrait être fermé en décembre 1998.

Il convient de relever que c'est le Comité d'entraide aux Français rapatriés qui, en 1994, a assuré l'accueil des Français rentrant d'Algérie. Ceux-ci ont été 3 469 à disposer ainsi d'un premier hébergement au CEFR. Les Français rentrant d'Algérie représentent toujours actuellement 54 % des places du CEFR.

- Les ressources du Fonds de secours pour les Français de l'étranger (chapitre 46-94/13) seront stables en 1999 (451 100 francs). Elles sont destinées à venir en aide à nos compatriotes victimes événements politiques à l'étranger.

- Les crédits destinés à l' emploi et à la formation professionnelle des Français de l'étranger (chapitre 46-94/131) seront reconduits en 1999 à leur niveau de 1998 (6,26 millions de francs). Les actions de formations ainsi financées visent à favoriser la réinsertion professionnelle des intéressés soit en France, soit à l'étranger (200 stages en France seraient ainsi organisés chaque année). Les quelque 95 comités consulaires qui suivent les questions d'emploi et de formation pour le Ministère de affaires étrangères permettent le placement d'environ 2 000 demandeurs d'emploi par an.

. En revanche, la baisse des crédits destinés à la sécurité des Français à l'étranger (chapitre 46-94/14) paraît assez préoccupante. De 4,05 millions en 1998, cette dotation passera à 3,05 millions de francs. Cette contraction de - 24,7 % qui paraît malaisément compatible avec la multiplication de points de tension dans le monde, que ces tensions soient dues à des crises politiques, notamment en Afrique, ou à des catastrophes naturelles. Rappelons que la cellule de veille sur la sécurité des communautés françaises à l'étranger a été validée en cellule de crise trois fois en 1997 (Congo-Brazzaville, Cambodge, Congo-Pointe Noire).

En 1998, la cellule de crise a été activée à l'occasion de trois crises : l'Indonésie (mai), la Guinée-Bissau (juin) et la République du Congo (août). 2 400 Français ont ainsi pu quitter l'Indonésie. La majorité des 2 500 Français qui séjournaient en Guinée-Bissau a été évacuée vers Dakar. De même, les Français établis à Kinshasa ont été évacués en collaboration avec l'armée française.

Outre ces grandes opérations par nature imprévisibles, le chapitre 46-94/14 finance, en vue du renforcement de la sécurité des Français à l'étranger :

- l'acquisition et le transport de produits de première nécessité et de rations alimentaires,

- la modernisation des réseaux radio de sécurité, domaine dans lequel un important effort doit impérativement être poursuivi.

Selon les informations transmises à votre rapporteur, l'ensemble des dépenses destinées à la sécurité des Français à l'étranger s'est élevé à 5,5 millions de francs en 1998, alors que la dotation inscrite au chapitre 46-94 ne représentait que 4,05 millions de francs. Cette différence impose le recours à des redéploiements de crédits au sein du chapitre, ce qui ne saurait constituer une solution satisfaisante. C'est pourquoi on peut s'interroger sur la pertinence de la baisse des crédits inscrits au chapitre 46-94/14 en 1999.

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