PJ loi de finances pour 1998
LUC (Hélène)
AVIS 67 (98-99), Tome VI - COMMISSION DES AFFAIRES CULTURELLES
Table des matières
- INTRODUCTION
-
PREMIÈRE PARTIE : UN BUDGET D'ATTENTE
-
I. DES EFFECTIFS STABLES, MAIS DES DIFFICULTÉS D'AFFECTATION SUBSISTANT
POUR LES ÉLÈVES
- A. UNE PROGRESSION CONTENUE DES CRÉDITS ET DES PERSONNELS DE PLUS EN PLUS PRÉCARISÉS
- B. LA STABILITÉ DES EFFECTIFS DES ÉLÈVES DES VOIES TECHNOLOGIQUES ET PROFESSIONNELLES
- II. DES DIPLÔMES QUI CONDITIONNENT L'ACCÈS À L'EMPLOI
-
III. DES QUESTIONS RESTANT EN SUSPENS
- 1. La mise en sécurité des établissements et des équipements
- 2. Un développement spécifique de la violence dans les lycées professionnels
- 3. La mission générale d'insertion de l'éducation nationale
- 4. Le renforcement du rôle de l'éducation nationale dans l'encadrement de l'apprentissage
- 5. La réussite des baccalauréats professionnels
-
I. DES EFFECTIFS STABLES, MAIS DES DIFFICULTÉS D'AFFECTATION SUBSISTANT
POUR LES ÉLÈVES
-
DEUXIÈME PARTIE :
LES PERSPECTIVES D'UNE RÉFORME D'ENVERGURE
DE L'ENSEIGNEMENT TECHNOLOGIQUE ET PROFESSIONNEL- I. LES ORIENTATIONS DE LA RÉFORME ANNONCÉE PAR LE MINISTRE
- II. LE RAPPORT MAROIS
-
III. LES INCIDENCES DE LA RÉFORME DES LYCÉES SUR L'ENSEIGNEMENT
TECHNOLOGIQUE ET PROFESSIONNEL
- A. LES PRINCIPES DU RAPPORT MEIRIEU VISANT L'ENSEIGNEMENT TECHNIQUE ET PROFESSIONNEL
-
B. LES PRINCIPES DESTINÉS À SERVIR DE BASE À LA
RÉFORME DU LYCÉE : LES INCIDENCES POUR LES VOIES
TECHNOLOGIQUE ET PROFESSIONNELLE
- 1. Le lycée, cycle de la diversification
- 2. Le lycée, lieu d'apprentissage de la citoyenneté
- 3. La modulation de l'éducation et de la formation selon les types d'établissement
- 4. Une orientation progressive, positive et réversible
- 5. La réduction des horaires et des programmes
- 6. Le baccalauréat
- 7. La formation technique est constituée de deux voies, technologique et professionnelle
- C. LES INCIDENCES DU PLAN D'URGENCE DU 21 OCTOBRE 1998 POUR L'AVENIR DES LYCÉES
- EXAMEN EN COMMISSION
N° 67
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1998-1999
Annexe au procès-verbal de la séance du 19 novembre 1998.
AVIS
PRÉSENTÉ
au nom de la commission des Affaires culturelles (1) sur le projet de loi de finances pour 1999 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE ,
TOME VI
ENSEIGNEMENT TECHNIQUE
Par Mme Hélène LUC,
Sénateur.
(1)
Cette commission est composée de :
MM. Adrien Gouteyron,
président
; Jean Bernadaux, James Bordas, Jean-Louis
Carrère, Jean-Paul Hugot, Pierre Laffitte, Ivan Renar,
vice-présidents
; Alain Dufaut, Ambroise Dupont, André
Maman, Mme Danièle Pourtaud,
secrétaires
;
MM. François Abadie, Jean Arthuis, Jean-Paul Bataille, Jean
Bernard, André Bohl, Louis de Broissia, Jean-Claude Carle, Michel
Charzat, Xavier Darcos, Fernand Demilly, André Diligent, Michel
Dreyfus-Schmidt, Jean-Léonce Dupont, Daniel Eckenspieller, Jean-Pierre
Fourcade, Bernard Fournier, Jean-Noël Guérini, Marcel Henry, Roger
Hesling, Pierre Jeambrun, Serge Lagauche, Robert Laufoaulu, Jacques Legendre,
Serge Lepeltier, Louis Le Pensec, Mme Hélène Luc,
MM. Pierre Martin
,
Jean-Luc Miraux, Philippe Nachbar,
Jean-François Picheral, Guy Poirieux, Jack Ralite, Victor Reux,
Philippe Richert, Michel Rufin, Claude Saunier, Franck Sérusclat,
René-Pierre Signé, Jacques Valade, Albert Vecten, Marcel Vidal.
Voir les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
1078
,
1111
à
1116
et T.A.
193
.
Sénat
:
65
et
66
(annexe n°
15
)
(1998-1999).
Lois de finances
.
INTRODUCTION
Mesdames, Messieurs,
Depuis plusieurs années l'examen des crédits de l'enseignement
technique, qui recouvre l'enseignement technologique et professionnel, fait
l'objet d'un exercice quelque peu convenu.
En effet, la difficile identification de ces crédits dans les documents
budgétaires, leur évolution peu spectaculaire et l'absence de
véritables réformes depuis plus de dix ans n'ont pas
contribué à faciliter la tâche des rapporteurs pour avis
qui ont été successivement en charge de ce budget.
Dans une certaine mesure, cette absence d'identification budgétaire est
révélatrice du statut réservé à
l'enseignement professionnel et technologique qui apparaît encore comme
le parent pauvre de l'éducation nationale.
Force est en effet de constater que depuis la loi de programmation de 1985,
l'enseignement technologique et professionnel n'a pas fait l'objet d'un
intérêt prioritaire des gouvernements successifs.
L'augmentation de la dotation budgétaire a été en effet
pour l'essentiel commandée par la revalorisation de ses personnels, le
nombre de ses enseignants titulaires est resté
désespérément stable alors que la précarisation de
l'emploi progressait, des sections de lycée professionnel
délivrant des formations obsolètes se sont vidées de leurs
élèves et le système détestable d'orientation par
l'échec des élèves s'est perpétué.
Il convient également de remarquer que les dispositions prises dans le
domaine de l'enseignement professionnel, notamment au titre de la loi
quinquennale pour l'emploi de 1993, à l'exception de la
décentralisation de la formation professionnelle des jeunes au niveau
régional, sont restées quasiment lettre morte, qu'il s'agisse de
la mise en oeuvre du droit pour tout jeune sortant du système
éducatif de recevoir une qualification ou de la mise en place des
sections d'apprentissage dans les lycées professionnels.
Seul le baccalauréat professionnel, qui constitue l'une des innovations
majeures du système éducatif de ces dernières
années, ainsi que les formations dans des spécialités
où l'offre d'emploi est forte peuvent être
considérés comme des succès.
Le temps est désormais venu de faire de l'enseignement professionnel une
véritable voie de réussite aussi bien dans le domaine de
l'orientation des élèves, que des formations. Le contenu de
celles-ci doit être en permanence rénové pour
intégrer l'évolution des connaissances et les technologies
nouvelles, afin de déboucher sur une insertion professionnelle
satisfaisante et favoriser l'adaptabilité aux inéluctables
évolutions de l'emploi et des métiers. Cet enseignement doit
également continuer à valoriser sa vocation promotionnelle en
permettant toujours mieux la poursuite d'études ultérieures.
Les réponses à ces défis ne dépendent pas toutes du
système éducatif puisque la crise économique et sociale,
et le chômage, pèsent lourdement sur la réussite scolaire,
donc a fortiori sur le devenir de la voie technologique et surtout
professionnelle.
Il est encourageant de constater que le ministre actuellement chargé de
ces enseignements est disposé à engager une profonde
réforme des voies technologique et surtout professionnelle, afin
d'assurer une égale dignité aux trois filières de
lycée et à entreprendre la revalorisation de la voie
professionnelle en menant une véritable campagne de promotion.
Votre commission ne peut donc qu'approuver un discours annonçant
l'objectif de faire de l'enseignement professionnel " la priorité
des priorités ", mais qui se doit de se traduire rapidement en une
politique active.
Après avoir procédé à l'examen des crédits
d'un budget qui ne peut être considéré que comme un budget
d'attente et évoqué les quelques ombres et lumières de
l'actuelle voie technologique et professionnelle, il conviendra d'exposer les
perspectives prometteuses de la réforme annoncée par le
gouvernement.
*
* *
PREMIÈRE PARTIE : UN BUDGET D'ATTENTE
I. DES EFFECTIFS STABLES, MAIS DES DIFFICULTÉS D'AFFECTATION SUBSISTANT POUR LES ÉLÈVES
A l'instar des lycées d'enseignement général et technologique, les lycées professionnels ne sont pas épargnés par le problème de l'adaptation des moyens en personnels aux besoins disciplinaires. S'ajoutant aux situations d'inadéquation entre l'offre et la demande d'affectation en lycée professionnel, la vacance de nombreux postes lors des dernières rentrées scolaires, notamment en province, a joué un rôle important et légitime dans le développement du récent mouvement lycéen.
A. UNE PROGRESSION CONTENUE DES CRÉDITS ET DES PERSONNELS DE PLUS EN PLUS PRÉCARISÉS
1. Une faible progression des crédits par rapport à 1998 et une augmentation relative dans le budget de l'enseignement secondaire
Avec
37,148 milliards de francs pour 1999 en dépenses ordinaires et en
crédits de paiement, contre 36,552 milliards de francs en budget
voté en 1998, les crédits de l'enseignement technique long et
court enregistrent une progression de 1,63 %, soit une augmentation
inférieure de moitié à celle de 1998.
Il convient en revanche de noter que leur part dans l'ensemble du budget de
l'enseignement du second degré augmente légèrement et
passe de 31,78 % à 32,30 % en 1999, la part des lycées
professionnels progressant de 17,32 % à 17,63 % soit davantage
que celle de la voie technologique.
BUDGET VOTÉ EN 1998
(en millions de francs)
|
Lycées techniques |
Lycées professionnels |
Sections de techniciens supérieurs |
TOTAL |
Personnel
|
11 901,0
|
19 372,5
|
4 290,5
|
35 563,9
|
Total DO |
12 034,0 |
19 835,9 |
4 411,6 |
36 281,5 |
CP |
181,7 |
89,3 |
- |
271,0 |
DO + CP |
12 215,7 |
19 925,2 |
4 411,6 |
36 552,5 |
capital AP |
181,7 |
89,3 |
- |
271,0 |
Part dans l'ensemble des crédits alloués à l'enseignement su second degré : 115 028,2 |
10,62 % |
17,32 % |
3,84 % |
31,78 % |
PROJET DE LOI DE FINANCES 1999
(en millions de francs)
|
Lycées techniques |
Lycées professionnels |
Sections de techniciens supérieurs |
TOTAL |
Personnel
|
11 966,6
|
19 546,8
|
4 374,2
|
35 887,5
|
Total DO |
12 137,9 |
20 201,8 |
4 552,3 |
36 892,0 |
CP |
181,7 |
74,7 |
- |
256,4 |
DO + CP |
12 319,6 |
20 276,5 |
4 552,3 |
37 148,4 |
capital AP |
181,7 |
74,7 |
- |
256,4 |
Part dans l'ensemble des crédits alloués à l'enseignement su second degré : 119 376,1 |
10,71 % |
17,63 % |
3,96 % |
32,30 % |
2. Les emplois
a) Une revalorisation de la situation des professeurs de lycée professionnel et un statu quo pour les PLP retraités
Le
budget pour 1999 permettra de transformer 5 000 emplois de PLP1 en emplois
de PLP 2 au 1er septembre 1999, pour un coût de 45,65 millions
de francs dans le cadre de la poursuite du plan de revalorisation de la
situation des personnels enseignants. En outre, il est prévu de
transformer au 1er septembre 1999 387 emplois de PLP 2 en
emplois de PLP 2 hors classe, 6,17 millions de francs étant
affectés à cette mesure.
La revalorisation des pensions des professeurs de lycée professionnel
(PLP) retraités, qui est demandée depuis plusieurs années
par les intéressés, ne pourra intervenir que lorsque
l'intégration complète des professeurs de lycée
professionnel du premier grade (PLP 1) en activité dans le
deuxième grade (PLP 2) aura été
réalisée. Un décret d'assimilation, pris en application de
l'article L. 16 du code des pensions civiles et militaires de retraite,
pourra alors permettre à l'ensemble des retraités du premier
grade de bénéficier d'un reclassement sur la grille indiciaire du
deuxième grade.
Si l'intégration des PLP 1 dans le deuxième grade se
poursuivait au rythme actuel, le premier grade des professeurs de lycée
professionnel pourrait être supprimé à l'horizon
2000.
b) Une montée de la précarisation des emplois
Votre
commission ne peut que constater que les PLP n'ont plus aujourd'hui
l'exclusivité de l'enseignement dans les lycées professionnels.
En raison d'une baisse du nombre de places ouvertes aux concours, des centaines
de postes de PLP dans certaines disciplines n'ont pas été pourvus
lors des dernières rentrées.
Cette situation est particulièrement préoccupante puisqu'elle
conduit, par manque de place en BEP dans certains établissements, de
nombreux élèves à redoubler la classe de troisième
ou à se tourner vers l'apprentissage ; ce fut
particulièrement flagrant dans l'académie de Montpellier
où plusieurs centaines d'élèves ont été
concernés. Dans des départements comme le Val-de-Marne ou la
Seine-Saint-Denis où les élus ont mis en place des dispositifs du
type SOS rentrée, les difficultés d'affectation ont pu être
recensées dans certaines spécialités, confirmant cette
distorsion préjudiciable aux lycéens.
Les recteurs ont été ainsi contraints de recourir à des
emplois précaires et à des personnels contractuels ou vacataires.
Il convient de noter par exemple que 8 400 maîtres auxiliaires sont
aujourd'hui utilisés dans les lycées professionnels.
Il convient d'ajouter que des stagiaires d'IUFM, regroupés sur un
même poste, sont fréquemment utilisés dans les
lycées professionnels pour occuper un poste vacant et assumer la
responsabilité d'un enseignement qui normalement devrait revenir
à un PLP titulaire.
B. LA STABILITÉ DES EFFECTIFS DES ÉLÈVES DES VOIES TECHNOLOGIQUES ET PROFESSIONNELLES
1. La voie professionnelle
A la
rentrée 1998, 815 000 élèves étaient attendus
dans les 1 800 lycées professionnels, soit une
stabilité du nombre des élèves par rapport à 1997.
Ces effectifs représentent la moitié des élèves qui
sont scolarisés en lycée d'enseignement général et
technologique.
Il convient de rappeler que cette stabilité succède à une
hausse modérée des effectifs des LP constatée depuis 1996
alors qu'une baisse de 15 500 élèves est attendue pour la
rentrée 1999.
Cette évolution a résulté à la fois d'une
progression des effectifs du second cycle professionnel, de la
réorganisation des classes de 3e et 4e technologiques et de baisses
d'origine démographique.
|
1997-1998 |
4ème technologique
|
60
848
|
TOTAL 1er CYCLE TECHNOLOGIQUE |
137 947 |
CAP EN 3 ANS |
19 702 |
BEP-CAP EN 2 ANS |
539 030 |
1ère professionnelle
|
90
443
|
BAC PROFESSIONNEL |
170 485 |
TOTAL SECOND CYCLE PROFESSIONNEL |
740 753 |
TOTAL SECOND CYCLE GENERAL ET TECHNOLOGIQUE |
1 536 573 |
2. Le second cycle général et technologique
La
tendance à la baisse des effectifs du second cycle général
et technologique qui se poursuivait depuis la rentrée 1992 s'est
inversée en 1996 : 1,529 million de lycéens étaient
inscrits à la rentrée 1998, soit une diminution de 10 000
élèves, tandis qu'une nouvelle réduction de
18 000 élèves est attendue à la rentrée
1999.
Cette évolution s'explique par une baisse du taux d'entrée de
3ème générale vers la seconde générale et
technologique et par un taux très bas de redoublement en terminale qui
résulte des bons résultats enregistrés à la session
du baccalauréat de 1998.
II. DES DIPLÔMES QUI CONDITIONNENT L'ACCÈS À L'EMPLOI
L'examen
des taux d'insertion professionnelle par type de formation confirme que le
diplôme reste le meilleur passeport pour l'emploi et que les formations
professionnalisées sont à cet égard plus efficaces que les
formations générales du second degré dans
l'hypothèse où ces dernières sont
considérées comme étant un terme de formation.
Cependant, les sorties sans diplôme ou qualification restent encore trop
élevées et l'enseignement professionnel a une vocation
particulière, notamment par la voie de l'alternance, à mettre en
place des formations adaptées afin de réduire encore le taux de
ces sorties.
1. L'évolution des sorties de formation
a) Les sorties sans qualification
Il
convient d'abord de noter que les sortants sans diplôme ne
représentent plus que 13 % des sortants en 1996 alors que ce taux
était de 28 % en 1977 : le nombre de ces sorties s'est
réduit de 202 000 à 93 000 entre 1980 et 1996.
S'il convient de saluer les progrès enregistrés en quinze ans,
qui sont à porter notamment au crédit de l'enseignement
professionnel, il reste que ces sorties sans diplôme ni qualification du
système éducatif restent encore trop élevées.
La réactivation du dispositif d'insertion de l'éducation
nationale au sein d'une mission plus générale et le
développement de l'école de la deuxième chance pourraient
réduire encore le nombre de ces sortants qui constituent le vivier
naturel de l'exclusion sociale.
b) La ventilation des sortants de formation initiale
Contrepartie au phénomène
précédent,
depuis le début des années 90, le nombre de sortants de formation
initiale augmente d'année en année, bien que l'effectif des
générations en âge de quitter le système
éducatif soit, pour des raisons démographiques, de plus en plus
restreint (870 000 en 1990, 800 000 en 1996).
Les tableaux ci-après retracent l'évolution des sortants du
système éducatif par niveaux de formation et selon le plus haut
diplôme obtenu, et mettent en évidence l'élévation
du niveau de formation par l'allongement de la durée des
études.
(Sorties en milliers)
|
1990 |
1996 |
Non qualifiés (VI x V bis) |
76 |
58 |
Niveau CAP BEP (V) |
195 |
166 |
Niveau bac (IV) |
160 |
213 |
Diplômés de l'enseignement supérieur court (III) |
97 |
127 |
Diplômés de l'enseignement supérieur long (I-II) |
87 |
160 |
Total sortants de formation initiale |
615 |
724 |
Niveau inférieur (primaire, sans études) |
7 |
2 |
Total sortants |
622 |
726 |
SELON LE PLUS HAUT DIPLÔME OBTENU
(Sorties en milliers)
Diplôme obtenu |
1980 |
1990 |
1996 |
Aucun diplôme ou CEP |
202 |
133 |
93 |
Brevet seul |
80 |
61 |
55 |
CAP, BEP ou équivalent |
220 |
129 |
120 |
Baccalauréat général |
81 |
50 |
78 |
Baccalauréat technicien, professionnel et assimilé |
32 |
65 |
93 |
BTS, DUT et équivalents |
29 |
60 |
93 |
DEUG, Paramédical et social |
36 |
37 |
34 |
Supérieur long |
45 |
87 |
160 |
Total sortants |
725 |
622 |
726 |
2. Le diplôme remède contre le chômage des jeunes
a) Les données générales
Depuis
plus de vingt ans, le chômage et la précarité affectent
fortement les jeunes durant les premières années qui suivent leur
sortie du système éducatif.
Cependant, comme le montre une enquête de 1997, un diplôme
élevé reste le meilleur passeport pour l'emploi.
Le tableau ci-après retrace la situation des diplômés cinq
ans après la fin de leurs études au regard de l'emploi
:
|
Emploi |
Chômage |
Aucune activité professionnelle |
Diplômés de l'enseignement supérieur |
|
|
|
Diplômés de
l'enseignement secondaire
|
|
|
|
Brevet des collèges et en-dessous |
|
|
|
Ainsi,
en 1998, le taux de chômage des jeunes sans qualification est de
17,4 %, celui des titulaires du brevet des collèges de 12,6 %,
celui des bacheliers de 11 % et celui des titulaires de BEP ou CAP de
10,7 %, celui des diplômés à bac + 2 de
7,5 % et celui des titulaires d'une licence et plus de 6,8 %.
Le CEREQ a enfin publié les résultats d'une enquête sur
l'évolution de la répartition des diplômés dans la
population active : si les " sans qualification " sont tombés
de 57 à 26 %, les titulaires du seul brevet des collèges
sont passés de 7 à 8 %, les titulaires d'un CAP ou BEP de 19
à 30 %, les bacheliers de 9 à 13 % et les titulaires
d'un diplôme de l'enseignement supérieur de 8 à 23 %.
b) Les données par type de formation
Outre le
niveau de diplôme qui reste déterminant pour l'accès
à l'emploi, les conditions d'insertion des lycéens professionnels
dépendent également du domaine de formation et, à cet
égard, les formations qui relèvent du secteur industriel
apparaissent les plus porteuses d'emploi.
Si dans l'industrie, la reconnaissance du niveau de diplôme et de la
spécialité de formation demeure la règle, les
spécialités de la plasturgie-génie climatique, de la
mécanique ainsi que de l'électricité-électronique
enregistrent les meilleurs résultats, tandis que les jeunes
formés dans le secteur du textile et de l'habillement continuent
à connaître les plus grandes difficultés d'insertion en
rapport probablement avec la crise de ces secteurs.
Dans le domaine du tertiaire, l'insertion des diplômés demeure
plus difficile. Des secteurs tels que les transports et
l'accueil-hôtellerie-tourisme enregistrent cependant des résultats
favorables quel que soit le diplôme.
Les jeunes issus des secteurs des services aux personnes (santé, travail
social), titulaires d'un " bac pro " ou d'un BTS sont
également favorisés, le développement des activités
des services dans le tertiaire nécessitant des niveaux de formation plus
élevés.
III. DES QUESTIONS RESTANT EN SUSPENS
Si le baccalauréat professionnel peut être considéré comme l'une des grandes réussites du système éducatif de ces dernières années, les voies technologique et professionnelle ont aussi leurs zones d'ombre : la sécurité des équipements, le développement de la violence dans les lycées professionnels, la précarisation des personnels chargés de l'insertion des jeunes, le contrôle insuffisant de l'éducation nationale sur l'apprentissage constituent quelques uns des problèmes encore non résolus. Cette liste n'est pas exhaustive puisque les problèmes d'effectifs, d'horaires, de programmes, d'équilibre entre culture générale et professionnelle, d'enseignement individualisé, de gratuité de l'enseignement, de formation des professeurs, de stages en entreprise, de développement des passerelles sont loin d'être tous réglés.
1. La mise en sécurité des établissements et des équipements
Les
décrets du 11 janvier 1993 découlant de la directive
européenne du 30 novembre 1989 font obligation aux régions
de mettre en conformité les équipements de travail des
établissements avant le 1er janvier 1997.
Il convient à cet égard de rappeler le constat et les
préconisations de l'observatoire national de la sécurité
des établissements scolaires présidé par M.
Schléret.
Le financement de la mise en conformité des machines est en effet du
ressort des régions qui, pour la majorité d'entre elles, ne se
sont pas limitées aux opérations de mise en
sécurité
stricto sensu
, mais ont procédé
à une modernisation de l'ensemble des machines.
L'enquête menée par le ministère de l'éducation
nationale auprès des régions faisait apparaître, à
la fin de 1996 :
• 2 cas de mise en conformité à 100 % ;
• 10 cas de réalisation supérieure à 75 % ;
• 7 cas entre 40 et 65 % ;
• 2 cas entre 16 et 40 % ;
• 5 cas de réalisation inférieure à 16 % ;
soit un pourcentage de remise aux normes de 66 %.
Une nouvelle enquête lancée par le ministère en juin 1997 a
permis de constater la poursuite de la mise en conformité, les
académies les plus en retard ayant fourni un effort important au terme
duquel le remplacement des machines dangereuses est achevé (par exemple,
académie de Corse) ou effectué à 80 %
(académie de Clermont-Ferrand). En revanche, les académies ayant
démarré beaucoup plus tôt ne sont pas en mesure de faire
état d'un progrès sensible (Lyon, Grenoble, Dijon, Amiens,
Toulouse...).
S'il n'est pas possible de faire une estimation globale de l'avancement des
opérations à la fin de 1997, un effort financier exceptionnel a
pu toutefois être constaté dans toutes les régions au
début de l'année 1997 et les crédits régionaux ont
été partout en hausse sensible entre 1996 et 1997.
Les crédits d'Etat qui représentent 20 % du coût de
financement de ces travaux de mise en sécurité sont passés
de 31,75 millions de francs en 1996 à 40 millions de francs en
1997.
2. Un développement spécifique de la violence dans les lycées professionnels
Les
enquêtes trimestrielles menées par le ministère de
l'éducation nationale et portant sur les phénomènes
d'absentéisme et de violence dans les établissements publics
locaux d'enseignement depuis 1996 ont permis de dégager quelques
éléments sur le développement spécifique de la
violence dans les lycées professionnels.
Outre le fait que les élèves des lycées professionnels
sont fortement concernés par l'absentéisme, ces
établissements sont en particulier touchés par la violence
verbale, les vols ou tentatives de vol, les détériorations de
matériel et la consommation de stupéfiants. Depuis un an, on
constate une augmentation de cette tendance.
Si l'on considère la gravité des problèmes de violence, il
apparaît que les problèmes les moins importants relevant de
l'incivilité, sont plus fréquents dans les collèges que
dans les lycées professionnels.
En revanche, les faits graves, pouvant avoir un retentissement sur la
communauté scolaire, se relèvent plus fréquemment dans les
lycées professionnels au cours du second trimestre de 1997.
On note une augmentation des événements d'une gravité
exceptionnelle dans les lycées professionnels alors qu'ils restent
relativement stables dans les lycées et sont en légère
diminution dans les collèges, ce qui renvoie à certaines
conséquences d'une orientation par défaut, ou par l'échec
vers ces formations.
Le plan de prévention de la violence engagé en novembre 1997 a
permis de concentrer d'importants moyens humains et financiers sur les
établissements les plus sensibles situés en ZEP tandis qu'un
partenariat était engagé avec les ministères de
l'intérieur et de la justice.
Il convient d'ajouter que des emplois-jeunes ont été
implantés à titre expérimental dans les lycées
professionnels, dans les mêmes conditions que dans les collèges,
c'est-à-dire prioritairement dans les sites expérimentaux de
prévention de la violence, dans les établissements sensibles et
les zones difficiles.
Un bilan établi en juin 1998 a ainsi permis de recenser 360
aides-éducateurs recrutés dans 152 lycées professionnels
et 177 emplois-jeunes dans 72 lycées d'enseignement
général et technologique.
Votre commission souhaiterait pour sa part que la présence d'adultes
dans toutes les fonctions administratives, éducatives et techniques soit
particulièrement accrue dans les lycées professionnels.
3. La mission générale d'insertion de l'éducation nationale
a) Les actions assignées à la mission générale d'insertion de l'éducation nationale (MIGEN)
La loi
d'orientation sur l'éducation de 1989 et la loi quinquennale du 20
décembre 1993, relative au travail, à l'emploi et à la
formation professionnelle ont instauré, pour tous les jeunes, le droit
de se voir offrir, avant leur sortie du système éducatif et quel
que soit leur niveau d'enseignement, une formation professionnelle.
La mission générale d'insertion, assignée au
système éducatif, s'inscrit dans ce cadre et les actions
développées poursuivent les objectifs suivants :
- préparer tous les jeunes à leur entrée dans la vie
sociale, professionnelle et citoyenne ;
- faciliter l'accès à la formation professionnelle, à la
qualification, en proposant des démarches pédagogiques
adaptées ;
- accompagner les jeunes lors de la phase de transition vers l'insertion
socio-professionnelle et l'accès à l'emploi.
b) Les personnels concernés
Ces
personnels sont constitués de coordonnateurs académiques de la
mission d'insertion, chargés, précédemment, de l'animation
du dispositif d'insertion des jeunes (DIJEN), de formateurs, chargés de
développer et de valoriser les relations entre les établissements
scolaires et leur environnement socio-économique et d'équipes
dont la mission doit être élargie à la préparation
à l'accueil des nouveaux publics, qui, dans le cadre de la mise en
oeuvre de l'article 54 de la loi quinquennale, devront obtenir une formation.
A compter de la rentrée 1998, les personnels contractuels concourant aux
différentes actions organisées dans le cadre de la mission
générale d'insertion, auront la possibilité de se
présenter aux concours internes d'éducation, d'enseignement et
d'orientation, s'ils remplissent les conditions nécessaires en ce qui
concerne les diplômes et l'ancienneté.
Votre commission tient à rappeler qu'elle est actuellement saisie d'une
proposition de loi n° 539 (1997-1998) présentée par
MM. Yann Gaillard, Pierre Laffitte et Martial Taugourdeau relative
à la titularisation des personnels de la mission générale
d'insertion de l'éducation nationale.
Ce texte vise notamment à ouvrir les concours réservés
créés afin de résorber l'emploi précaire dans la
fonction publique aux candidats qui ont exercé en qualité de
contractuel dans le cadre de la MIGEN et à permettre également
à ces personnels d'être titularisés par la voie de concours
internes et spécifiques.
Votre commission souhaiterait connaître les intentions du ministre sur
une consolidation du statut de ces personnels et donc sur le sort qui serait
réservé à cette initiative parlementaire.
4. Le renforcement du rôle de l'éducation nationale dans l'encadrement de l'apprentissage
L'article L.115-1 du code du travail définit l'apprentissage comme une forme d'éducation alternée, qui a pour but de donner à des jeunes ayant satisfait à l'obligation scolaire, une formation générale, théorique et pratique, en vue de l'obtention d'un diplôme professionnel ou technologique du second degré ou de l'enseignement supérieur, ou d'un titre d'ingénieur ou d'un ou de plusieurs titres homologués.
a) Le développement de l'apprentissage sous la tutelle de l'éducation nationale
On
recensait, au 31 décembre 1997, 337 058 apprentis, soit une
hausse de 6,7 % par rapport à 1996.
Les apprentis sous tutelle de l'éducation nationale sont au nombre de
310 633 et celui-ci a augmenté de 51 % en cinq ans.
L'apprentissage a ainsi enregistré une hausse de ses effectifs de plus
de 105 000 jeunes depuis 1992 (dont 15 000 en 1997) alors que,
pendant la même période, les classes de second cycle professionnel
augmentaient de 12 000 élèves et que le second cycle
général en perdait plus de 66 000.
La croissance régulière des effectifs résulte, à la
fois, de l'ouverture de cette voie à tous les diplômes
professionnels, de la forte implication des régions, des incitations
résultant des lois de 1987, 1992, 1993, 1996 et de l'action des
opérateurs de formation (établissements publics locaux
d'enseignement, organismes consulaires et branches professionnelles) pour cette
voie de formation.
b) Les modalités d'intervention de l'éducation nationale
L'éducation nationale intervient à des titres
divers
dans le domaine de l'apprentissage, notamment en raison de sa
responsabilité pédagogique.
Elle participe tout d'abord au développement de l'apprentissage en
formant des apprentis dans les établissements publics locaux
d'enseignement.
La formule traditionnelle est celle du centre de formation d'apprentis (CFA)
créé par convention entre un conseil régional et un
établissement public local d'enseignement : comme il a
été vu, 310 633 apprentis sont ainsi recensés dans
les CFA sous tutelle de l'éducation nationale.
Des modalités nouvelles ont été créées par
la loi quinquennale du 20 décembre 1993, sur l'emploi :
- des sections d'apprentissage peuvent être créées par des
lycées professionnels, principalement pour des formations de niveaux IV
et III, en réponse à une demande du monde professionnel, par
convention entre le lycée, la région et un organisme
professionnel (syndicat professionnel, chambre consulaire). On dénombre
près de 750 apprentis, soit un doublement de l'effectif en un an, dans
51 sections dont 23 créations pour la seule année 1997 ;
- pour les unités de formation par apprentissage (UFA), le CFA assure la
responsabilité administrative tandis que l'établissement
d'accueil a la charge de l'organisation des enseignements. Ce dispositif
rassemble près de 1 140 apprentis dans 66 unités ;
- une convention peut être signée entre un établissement et
un CFA, au titre de l'article L. 116-1 du code du travail. A ce titre, les
établissements publics locaux d'enseignement ont accueilli 21 594
apprentis en CFA et sections d'apprentissage, soit plus de 6 % des
effectifs d'apprentis à la rentrée 1997.
c) Les CLIPA
Les
classes d'initiation préprofessionnelle en alternance sont ouvertes dans
le cadre des plans régionaux de développement des formations
professionnelles des jeunes. Elles peuvent accueillir, à partir de
l'âge de quatorze ans, des élèves sous statut scolaire qui
choisissent d'acquérir une préqualification professionnelle par
la voie de la formation en alternance.
Cette formation peut être assurée, en partie, en lycée
professionnel, en CFA ou en collège et en partie, en milieu
professionnel. Un modèle de convention est proposé pour
l'organisation de la formation des élèves en milieu professionnel.
A la rentrée 1997, 682 élèves ont été
scolarisés dans des CLIPA dans des collèges et des lycées
professionnels publics et privés.
d) Les observations de la commission
Il
convient de saluer les efforts engagés par l'éducation nationale
pour mieux encadrer l'apprentissage, même si le développement des
sections au sein des lycées professionnels est resté
limité.
Il reste en outre vraisemblable que l'introduction plus large de l'alternance
au sein des formations professionnelles dispensées en milieu scolaire,
annoncée par le ministre, aura pour conséquence de réduire
à l'avenir la part de l'apprentissage.
Votre commission souhaiterait à cet égard que le ministre
précise sa conception de l'alternance (contenu, suivi par les
équipes pédagogiques, implication des entreprises) en indiquant
le rôle qu'y est appelé à jouer l'apprentissage.
5. La réussite des baccalauréats professionnels
Considéré comme une des innovations majeures du système éducatif, le baccalauréat professionnel poursuit son développement, enregistre une augmentation continue du nombre de ses candidats et une constante amélioration du taux de réussite.
a) Une innovation majeure du système éducatif
Conçu et mis en oeuvre en étroite relation avec
le
monde professionnel, la vocation première de ce diplôme est
l'insertion professionnelle. Il convient de noter que l'insertion des
bacheliers professionnels est meilleure que celle des bacheliers
technologiques, et que ce diplôme représente pour les jeunes issus
du BEP ou du CAP une chance supplémentaire d'accéder à une
qualification de niveau IV et ainsi de connaître une meilleure insertion.
Pour autant, un seuil pourrait être atteint dans certaines
spécialités qui ont comblé leur déficit initial en
emplois de ce type. Le bac professionnel peut être préparé
par la voie scolaire, par la voie de l'apprentissage ou celle de la formation
continue.
Depuis 1985, 41 spécialités de baccalauréats
professionnels ont été créées. Trente-deux
relèvent du secteur industriel et neuf du secteur tertiaire. Chacun de
ces diplômes est régulièrement réactualisé,
en étroite concertation avec les professions
intéressées.
b) Le devenir des bacheliers professionnels
La
poursuite d'études n'est pas l'objectif premier du baccalauréat
professionnel, et près de sept bacheliers professionnels sur dix
arrêtent leurs études après l'obtention du diplôme.
Ceux qui poursuivent leurs études, le font, pour la plupart, dans les
sections de techniciens supérieurs menant aux BTS et dans les
spécialités correspondant à leur filière d'origine.
La poursuite d'études se fait, pour un bachelier sur trois, par la voie
de l'alternance avec un contrat d'apprentissage ou de qualification. On observe
enfin que les bacheliers professionnels des séries tertiaires prolongent
plus souvent leur formation que ceux des séries industrielles
(35,4 % contre 25,4 %).
Cependant, la formation continue permet aux bacheliers professionnels en
activité de continuer à se perfectionner, de suivre les
évolutions technologiques de leur métier et de faire progresser
leur métier.
c) L'augmentation du nombre de candidats et l'amélioration du taux de réussite
Le taux de réussite du baccalauréat professionnel a dépassé 79 %, à la session 1997, tandis que la session de 1998 a enregistré un peu plus de 100 000 candidatures.
EVOLUTION DES EFFECTIFS DE PRÉSENTÉS ET D'ADMIS
|
1988 |
1989 |
1990 |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
Présentés |
8 0721 |
19 922 |
33 344 |
47 344 |
60 664 |
73 173 |
82 946 |
92 346 |
92 270 |
96 966 |
101 659 |
Admis |
6 607 |
14 504 |
35 132 |
35 132 |
46 112 |
52 537 |
67 096 |
67 096 |
72 156 |
76 726 |
- |
Taux de succès (%) |
75,8 |
72,8 |
74,2 |
74,2 |
76 |
71,8 |
74,1 |
72,7 |
78,2 |
79,1 |
- |
* Total
spécialités industrielles :44 227
Total spécialités tertiaires :57 432
Sur une période de dix ans, cette série a connu une explosion de
ses candidats présentés : de 1 157 en 1987 à
96 966 cette année, sur la même période le taux de
réussite a augmenté de + 3,9 % .
d) Les observations de la commission
Si votre
commission ne peut que se réjouir de la réussite du
baccalauréat professionnel et de son efficacité en matière
d'insertion professionnelle, elle ne peut que constater que ce diplôme
rend difficile la poursuite d'études dans les filières
supérieures traditionnelles (BTS, IUT, premiers cycles universitaires)
bien qu'ayant un statut analogue à celui des autres baccalauréats
en terme d'accès à l'enseignement supérieur.
Elle envisagerait ainsi favorablement l'étude de la création d'un
brevet professionnel supérieur qui serait ouvert aux bacheliers
professionnels et qui comporterait une part de formation en
alternance.
DEUXIÈME PARTIE :
LES PERSPECTIVES D'UNE
RÉFORME D'ENVERGURE
DE L'ENSEIGNEMENT TECHNOLOGIQUE ET
PROFESSIONNEL
Depuis
plus de six mois, les annonces de réforme de l'enseignement
professionnel se sont multipliées : déclarations
ministérielles, installation d'une table ronde, rapport du recteur
Marois, rapport Meirieu, réforme des lycées...
Au-delà de ce foisonnement de propositions qui s'ordonnent autour de
quelques orientations le plus souvent convergentes, apparaît
d'évidence une volonté clairement affirmée de revaloriser
la voie professionnelle en réformant celle-ci en profondeur.
I. LES ORIENTATIONS DE LA RÉFORME ANNONCÉE PAR LE MINISTRE
A. DES ENGAGEMENTS RÉITÉRÉS
1. L'installation de la table ronde sur l'enseignement professionnel : la reconnaissance de la qualité de la voie professionnelle
En
installant le 17 mars 1998 la table ronde animée par le
recteur Marois, le ministre a souligné le bon niveau des
lycées techniques et professionnels, notamment dans les disciplines
fondamentales, la qualité des équipements dans la plupart des
établissements, l'excellence de l'encadrement et le faible
absentéisme de leurs enseignants.
Il a également annoncé l'organisation d'une opération de
promotion pour cet enseignement et son souci d'ouvrir les grandes
écoles, y compris les plus prestigieuses, comme Polytechnique, les
Mines, ou Centrale, aux bacheliers technologiques.
Il a aussi souhaité développer les formations en alternance et la
formation continue au sein des établissements afin de permettre
l'utilisation des machines à plein temps et resserrer les liens avec les
entreprises.
Il a enfin indiqué que des éléments de formation
professionnelle seraient introduits dans les séries
générales, qu'un continuum devrait être assuré entre
les lycées technologiques et professionnels et il a
réaffirmé sa volonté de mettre en place des classes
technologiques dans les grands lycées urbains.
2. L'enseignement professionnel, " priorités des priorités "
Lors de
la rentrée de 1998, qu'il a effectuée dans un lycée
professionnel, le ministre a rappelé que cet enseignement serait cette
année " la priorité des priorités " et a
indiqué qu'il fallait " casser l'image élitiste où
l'on prétend que l'enseignement général est le fin du fin
tandis que le professionnel ne récupère que les recalés du
général alors qu'il est tout aussi valable ".
Il a redit son souci de promouvoir " cet enseignement remarquable qui a
fait la preuve de sa réussite, débouche sur de vrais emplois et
fabrique des jeunes équilibrés en prise et en phase avec la
société ". Il a annoncé la préparation d'une
charte en faveur du développement de l'enseignement professionnel et le
lancement d'une campagne nationale d'information sur le thème
" Enseignement professionnel : la voie de la réussite ".
Il a ajouté que l'alternance serait introduite dans toutes les
filières, précisant que celle-ci signifiait " au moins la
moitié du temps en entreprise et non plus de simples stages ", et a
souligné qu'il fallait laisser aux jeunes la liberté de leur
choix de formation mais bien les avertir s'il débouche ou non sur un
créneau porteur.
B. LES PRÉCISIONS APPORTÉES PAR LE MINISTRE DEVANT LA COMMISSION
Auditionné le 28 octobre dernier par la commission, le ministre a apporté un certain nombre de précisions sur ses projets de réforme de l'enseignement professionnel.
1. Une distinction nécessaire entre l'enseignement professionnel et l'enseignement technologique
Après avoir reconnu la grande qualité de
l'enseignement professionnel qui permet notamment aux deux tiers des
élèves trop souvent orientés par défaut à la
suite d'un échec dans les filières générales,
d'acquérir un métier, le ministre a stigmatisé au
contraire le caractère de plus en plus théorique des formations
technologiques, en raison de leur dérive vers l'enseignement
général, qui ne permettent plus aux bacheliers technologiques de
poursuivre de manière satisfaisante des études supérieures
en IUT ou à l'université, ni d'assurer une insertion
professionnelle convenable à leurs élèves.
Il a indiqué à cet égard que le recteur Forestier avait
été chargé d'une réflexion sur la
professionnalisation de l'enseignement technologique, qui ne devrait pas
toutefois porter atteinte à un équilibre souhaitable entre la
formation générale et la formation professionnelle.
2. Les incidences de la réforme des lycées sur la voie professionnelle
Le ministre a confirmé que la réforme des lycées s'appliquera très largement à l'enseignement professionnel, et qu'une campagne de promotion de cet enseignement sera engagée à partir du début de 1999. Il a cependant indiqué que l'allégement des horaires très lourds se heurtait cependant aux réticences des professeurs de lycée professionnel qui étaient attachés à leur maintien, et qu'un tel allégement devra faire l'objet d'une concertation avec les enseignants.
3. Les conditions de développement de la formation en alternance
Si la
formation en alternance est souhaitée par les partenaires sociaux, le
ministre a indiqué que son développement dans l'enseignement
professionnel supposait que les formations existantes soient modernisées
et que les sections de lycée professionnel, qui délivrent trop
souvent des formations désuètes, soient adaptées à
l'environnement économique des lycées et aux besoins du tissu
industriel ou des services.
A cet égard, il serait souhaitable, par exemple que l'orientation des
élèves de l'enseignement professionnel vers des sections qui
offrent des débouchés et qui souffrent d'un manque de candidats,
telles les sections de mécanique, du bâtiment ou de
l'hôtellerie, soit encouragée.
Il a également préconisé l'institution d'un
véritable tutorat et la transformation des lycées professionnels
en plates formes technologiques pour les entreprises locales permettant de
rentabiliser des équipements scolaires sous utilisés.
4. La définition de formations adaptées à l'emploi
Afin d'adapter les formations professionnelles à l'emploi, aussi bien sur le plan qualitatif que sur le plan quantitatif, le ministre a indiqué qu'une mission éducation-économie-emploi sera créée au sein de la nouvelle direction de la programmation et du développement du ministère et qu'une concertation sera engagée avec les directions de la prévision concernées du ministère des finances et de l'emploi et de la solidarité.
II. LE RAPPORT MAROIS
Chargé par le ministre de présider une table ronde intitulée " Un plan de qualité pour l'enseignement technique ", le recteur de l'académie de Rennes, M. William Marois a formulé en juillet 1998 cinquante propositions ordonnées principalement autour d'une réorganisation des diplômes, la mise en place de l'alternance dans les formations et le développement de relations entre les établissements et les entreprises.
A. LES PRINCIPES DIRECTEURS DU RAPPORT
Le
rapport Marois est ordonné autour de huit principes directeurs tendant
d'abord à développer le partenariat entre l'éducation
nationale et les représentants du monde économique afin de
définir des périodes de formation en milieu professionnel.
Ces formations devraient à la fois permettre une insertion
professionnelle et favoriser la poursuite d'études ultérieures.
Si elles ont pour objet de déboucher sur une insertion professionnelle,
elles doivent aussi permettre une adaptabilité des connaissances afin
que les salariés puissent s'adapter aux changements technologiques.
Tout en réaffirmant le caractère national des diplômes, il
est proposé de dissocier les modes de formation des certifications, de
développer une pédagogie de l'alternance et de renforcer le
rôle des régions en matière d'enseignement professionnel.
Autour de ces principes, le rapport formule cinquante propositions.
B. LES CINQUANTE PROPOSITIONS DU RAPPORT
Ces propositions peuvent être résumées autour des cinq axes suivants :
1. La promotion de l'image de la voie professionnelle
Une
campagne nationale pour " promouvoir les réussites de
l'enseignement professionnel et technologique " devra être mise en
oeuvre entre novembre et mars lors de l'orientation des élèves.
Cette campagne s'appuiera sur des initiatives académiques telles que des
journées portes ouvertes. Les branches professionnelles, les chambres
consulaires et les partenaires sociaux devront être étroitement
associés à ces manifestations.
Dans le cadre du développement d'une éducation à
l'orientation au collège, les professeurs principaux devront être
" formés et informés ", notamment grâce à
des visites d'établissements professionnels et technologiques, et par
des rencontres avec des professionnels. Par ailleurs, chaque académie
devra mettre en place des procédures de formation pour les conseillers
d'orientation psychologues. Le rapport envisage pour ceux-ci l'organisation de
stages dans les services de recrutement ou de gestion des ressources humaines.
Les plans académiques seront aussi relancés pour favoriser la
diversification de l'orientation des jeunes filles.
Les classes de quatrième technologique de lycée professionnel
seraient progressivement supprimées. Deux options sont envisagées
pour les classes de troisième technologique : leur suppression ou
une redéfinition de leurs objectifs. Dans ce dernier cas, elles
deviendraient des classes de sensibilisation à différents champs
professionnels et les élèves n'y entreraient que sur leur seule
demande, ou celle de leur famille.
Un groupe de travail national devrait être constitué pour examiner
les possibilités d'amélioration des conditions d'affectation des
élèves dans les différentes sections professionnelles. Le
rapport estime qu'il est nécessaire que des aides particulières
puissent être apportées aux élèves les plus
défavorisés.
2. Un partenariat plus étroit entre le système éducatif et les entreprises
Le
rapport relève le besoin de structures nationales pour définir
les besoins en matière de formation professionnelle et suggère de
créer une instance de concertation regroupant les ministères
chargés de l'éducation nationale, de l'emploi, de la formation
professionnelle, de l'agriculture, de la santé, de la fonction publique
mais aussi les employeurs et les salariés des entreprises, les
représentants des personnels du système éducatif, les
parents d'élèves, les élèves, les étudiants,
les conseils régionaux, les universités et les grandes
écoles.
Cette instance commune au secondaire et au supérieur aurait pour mission
d'analyser le marché de l'emploi et l'évolution des besoins en
matière d'enseignement professionnel. Il est également
proposé que soit mis en place dans chaque rectorat un pôle
" formation professionnelle et relations avec les entreprises "
chargé de définir des contrats d'objectifs, et des conventions
d'application des plans régionaux de développement des formations
professionnelles des jeunes.
Une structure permanente devrait, en outre, dans chaque établissement,
assurer la coordination et l'animation des relations entre
l'établissement et les entreprises.
3. L'optimisation du système actuel de formation et de certification
L'individualisation des parcours de formation grâce
à
des pédagogies différenciées, du niveau V (CAP-BEP) au
niveau III (BTS-DUT) doit être favorisée ainsi que le
mélange des publics (statut scolaire, apprentissage, formation
continue), l'architecture générale des diplômes ne devant
pas être remise en cause.
Il est également souhaité que pour certains diplômes
professionnels comme le CAP, les connaissances générales soient
évaluées pour partie dans des épreuves professionnelles.
La formation dispensée dans les CAP devrait pouvoir être
découpée par unités pour favoriser la capitalisation,
système qui permet aux jeunes d'avoir un accès progressif au
diplôme et facilite la reprise d'études.
Il est proposé de rénover les BEP en y introduisant plus ou moins
d'alternance ou de remplacer le BEP par un DEP (diplôme d'études
professionnelles) à forte alternance et un certificat d'études
professionnelles (CEP) à alternance allégée qui
précéderait l'accès au bac professionnel. Le DEP
deviendrait ainsi le seul diplôme d'insertion de niveau V, et serait
préparé sur deux ans.
Tout bachelier technologique qui le souhaite devrait être accueilli en
STS ou en IUT.
La transformation en unités de certification de la majorité des
diplômes professionnels constituerait ainsi une étape importante
vers une définition des diplômes mieux adaptée. Il est
proposé en particulier que le droit à la validation des acquis
professionnels soit intégré dans le code du travail.
4. L'amélioration du fonctionnement de l'alternance
Cet
objectif passe par un développement des contrats d'objectifs
territoriaux passés entre les régions et les rectorats et une
évaluation des partenariats entre les académies, les chambres
consulaires, les unions patronales et les branches professionnelles.
Le rapport souligne la nécessité pour chaque filière
d'étaler les périodes de formation en entreprise sur l'ensemble
de l'année scolaire.
La présence des lycées professionnels devrait en outre être
encouragée sur le marché de la formation continue afin de
favoriser l'accueil de publics diversifiés dans les
établissements scolaires.
La création d'un contrat pédagogique liant les entreprises, les
jeunes et leurs établissements est envisagée afin de mieux
préparer le jeune à sa période de formation en entreprise.
De plus, la formation des tuteurs au sein des entreprises d'accueil pourrait
être améliorée en partenariat avec les conseils
régionaux.
5. La formation et le statut des personnels
Les
voies d'accès menant au professorat devraient être
multipliées et des mesures spécifiques devraient être
prises pour certaines spécialités industrielles et les
métiers d'arts, pour lesquels il n'existe pas de formation universitaire
au professorat.
Il est aussi proposé d'inclure un ensemble de stages effectués
durant l'année de formation pour tous les enseignants des disciplines
technologiques et professionnelles. Ces stages devraient être d'une
durée minimum de dix semaines. Des congés de formation-entreprise
de six mois ou un an devraient être créés au plan national
et cofinancés par l'éducation nationale et l'entreprise
concernée.
Le ministère procède actuellement à un examen de la
faisabilité de ces propositions qui doivent également s'inscrire
dans la réforme plus générale des lycées qui sera
mise en oeuvre à la suite de la consultation nationale dite
" Meirieu ".
III. LES INCIDENCES DE LA RÉFORME DES LYCÉES SUR L'ENSEIGNEMENT TECHNOLOGIQUE ET PROFESSIONNEL
Présenté à Lyon le 11 mai 1998
à la
suite d'une consultation nationale, le rapport Meirieu comporte
49 principes qui ont inspiré les onze principes de
références pour l'avenir du lycée présentés
par le ministre devant la commission des affaires culturelles du Sénat
le 1er juillet 1998.
Les voies technologiques et professionnelles sont largement concernées
par ces nombreuses propositions, que celles-ci s'appliquent à l'ensemble
des lycées ou au seul enseignement technique et professionnel.
A. LES PRINCIPES DU RAPPORT MEIRIEU VISANT L'ENSEIGNEMENT TECHNIQUE ET PROFESSIONNEL
1. Les orientations générales
-
Le
principe n° 3
réaffirme le caractère unique du
lycée qui offre des filières de formation générale
technologique et professionnelle et par le principe d'une valorisation des
lycées professionnels et de leur égale dignité avec les
lycées d'enseignement général et technologique : le
lycée professionnel doit ainsi " permettre de combattre l'exclusion
et s'inscrire dans une politique d'aménagement du territoire qui vise
à la suppression de toute structure de relégation ".
-
Le principe n° 4
, relatif à la définition
d'une culture commune et des cursus de formation précise que les
études en lycée professionnel doivent être plus lisibles et
permettre une meilleure information des champs professionnels.
-
Le principe n° 7
stipule qu'une culture commune est
définie nationalement pour tous les élèves de lycée
quels que soient leur filière, leur série et le choix de leurs
options.
-
Le principe n° 15
prévoit un programme d'information
sur l'orientation après le lycée qui s'inscrit dans le cadre
défini par le projet d'établissement.
- Le principe n° 27
indique que l'épreuve sur dossier
personnel interdisciplinaire doit notamment permettre l'approche d'un
métier ou d'un secteur professionnel.
-
Les principes n° 29, 30 et 32
précisent que les
obligations scolaires des élèves ne doivent pas excéder
35 heures en moyenne par semaine, mais que ceux-ci doivent pouvoir
accéder au lycée pendant cette durée hebdomadaire, et que
le temps de présence en enseignement technologique et professionnel est
fixé entre 28 heures et 32 heures de cours (en tenant compte
des options) alors que cet horaire varie entre 26 et 28 heures en enseignement
général.
2. Les orientations spécifiques aux voies technologique et professionnelle
-
Le
principe n° 13
précise que la classe de seconde
professionnelle, qui constitue la première année de
préparation au BEP, est une classe de détermination, qu'elle
participe à l'acquisition d'une culture professionnelle
générale et permet à chaque élève de choisir
sa voie de formation en évitant des orientations
précipitées.
-
Le principe n° 14
souligne la nécessité de
mettre en place des passerelles entre les filières (de la seconde
professionnelle et du BEP vers la première générale ou
technologique et de la seconde générale et technologique vers la
terminale BEP).
-
Le principe n° 22
a trait aux relations entre les
entreprises et le lycée, celui-ci devant se tenir informé des
innovations technologiques et de l'évolution des métiers et
constituant un centre de ressources dans les domaines de la formation et de
l'enseignement technologique.
Le lycée professionnel a l'exclusivité des stages en entreprises,
les lycées technologiques et d'enseignement général
pouvant, pour leur part, organiser dans le cadre de l'orientation de courtes
séquences de découverte de l'entreprise.
-
Le principe n° 23
précise que le lycée
professionnel est pour tous le lieu de préparation à l'insertion
et à l'activité professionnelle et qu'il joue le rôle d'un
conservatoire des métiers et de leur culture professionnelle en
articulant formation initiale et continue.
-
Le principe n° 24
rappelle que le lycée professionnel
prépare à des formations diplômantes ainsi qu'à des
spécialisations complémentaires ; son offre de formation
doit être cohérente avec son environnement socio-économique
et avec le schéma des formations professionnelles défini au plan
académique et régional.
B. LES PRINCIPES DESTINÉS À SERVIR DE BASE À LA RÉFORME DU LYCÉE : LES INCIDENCES POUR LES VOIES TECHNOLOGIQUE ET PROFESSIONNELLE
A partir des 49 principes du rapport Meirieu, le ministre a retenu onze principes de référence destinés à servir de base à l'organisation et au contenu des études au lycée dont certains ont des incidences directes pour les voies technologique et professionnelle.
1. Le lycée, cycle de la diversification
Outre la poursuite d'études ultérieures, le lycée doit permettre l'entrée dans la vie professionnelle et aucune sortie du système scolaire ne doit se faire sans une qualification attestée.
2. Le lycée, lieu d'apprentissage de la citoyenneté
Les contenus disciplinaires à enseigner au lycée, tout en favorisant la spécialisation progressive dans un champ disciplinaire ou professionnel, doivent contribuer à la construction de la cohésion sociale.
3. La modulation de l'éducation et de la formation selon les types d'établissement
Les trois voies d'enseignement sont distinctes, mais d'égale dignité, et doivent inclure dans leur enseignement des éléments d'éducation générale et des éléments de formation, tels l'apprentissage des nouvelles technologies dans une vision pratique.
4. Une orientation progressive, positive et réversible
Cet objectif implique que les cursus et les filières ne soient pas excessivement cloisonnés et qu'existent des passerelles pour permettre des rattrapages à des orientations perçues comme des constats d'échec : dès la classe de seconde, les professeurs en liaison avec les conseillers d'orientation psychologues devront traiter de l'orientation en sensibilisant les élèves aux métiers.
5. La réduction des horaires et des programmes
Les horaires d'enseignement en classe ne pourront pas dépasser 26 heures dans la voie générale et 30 heures dans les voies technologique et professionnelle, auxquels peuvent s'ajouter deux heures d'option.
6. Le baccalauréat
Ce diplôme national doit comporter obligatoirement des épreuves nationales anonymes et identiques pour tous, même si, en raison des spécificités des disciplines, une partie du contrôle en cours de formation peut en constituer un élément.
7. La formation technique est constituée de deux voies, technologique et professionnelle
Si ces
formations doivent comporter une large part de formation
générale, nécessaire à la capacité
d'évolution des diplômés et à
l'élévation du niveau culturel des citoyens, la formation
qualifiante doit comporter un temps suffisant passé au sein de la
production des biens ou des services.
Cette alternance doit être articulée avec la formation en
établissement pour constituer un ensemble coordonné et
cohérent et se situer au moment le plus bénéfique,
c'est-à-dire le plus souvent dans les dernières phases de la
formation.
C. LES INCIDENCES DU PLAN D'URGENCE DU 21 OCTOBRE 1998 POUR L'AVENIR DES LYCÉES
Présenté le 21 octobre 1998 à l'issue de plusieurs semaines de manifestations lycéennes, ce plan d'urgence tend notamment à accélérer la mise en oeuvre de certaines mesures annoncées dans le droit fil de la consultation Meirieu et s'ordonne autour de cinq objectifs, dont certains concernent plus particulièrement les voies technique et professionnelle et constituent autant de réponses aux revendications des lycéens professionnels.
1. Le développement de la démocratie lycéenne
Les
mesures rangées sous ce chapitre bénéficient à
l'ensemble des lycéens, quelle que soit leur filière, mais la
plus importante pour les lycéens professionnels est sans doute celle qui
consiste à développer le rôle du conseil de la vie
lycéenne en l'informant et en l'associant à la préparation
des emplois du temps des classes.
La lourdeur des horaires et une mauvaise organisation des emplois du temps ont
en effet souvent été dénoncées par les
lycéens professionnels. Pour ceux-ci, souvent majeurs, l'exercice de la
citoyenneté, avec ses droits et ses devoirs, doit être rendu
effectif dans ces établissements.
2. Le renforcement de la présence des adultes
Les
besoins en matière d'accueil, de surveillance et d'animation ne sont pas
suffisamment pris en compte dans les lycées professionnels.
Le recrutement de 3 000 surveillants et de 1 000 appelés du
contingent devrait permettre d'y réduire les types de violences
spécifiques auxquels ces établissements sont confrontés et
l'on peut espérer que les 10 000 emplois-jeunes prévus
seront en priorité affectés dans des lycées professionnels
situés dans des zones difficiles, ce qui n'exclut pas un recrutement
d'adultes spécifiquement formés pour ces tâches d'accueil,
de surveillance et d'animation.
3. L'aménagement des locaux et les travaux de sécurité
Ce
chapitre est également important pour les lycées professionnels
qui manquent notamment de lieux de vie et de salles informatiques.
En outre, la construction de bureaux destinés aux enseignants
permettront à ceux-ci de recevoir les familles de lycéens souvent
défavorisés qui sont parfois réticentes à franchir
les portes des établissements.
Enfin il n'est pas douteux qu'une partie importante des crédits du fonds
exceptionnel d'aménagement des lycées, c'est-à-dire
4 milliards de francs sur quatre ans financés par les
régions à l'aide de prêts à taux zéro,
devrait être consacrée à la remise aux normes, en
matière de sécurité, des équipements des
lycées professionnels et de ceux destinés aux enseignements
technologiques, ainsi qu'à la construction d'internats qui sont tout
particulièrement nécessaires dans ces établissements
compte tenu de leur inégale répartition sur le territoire
national.
4. Les réformes pédagogiques
Si,
conformément aux voeux des lycéens, aucune option ne devrait
être supprimée, des allégements de programmes seront
appliqués dès le début du mois de novembre et les
enseignants des lycées professionnels sont d'ores et déjà
consultés pour aménager leur emploi du temps et réduire
les horaires de leurs élèves.
Publiés le 29 octobre dernier dans le Bulletin officiel de
l'éducation nationale, les aménagements de programmes des
lycées, hormis, la physique, la chimie ou les SVT sont limités ou
renvoyés à une refonte ultérieure.
5. L'égalité des chances face aux études
Les voies technologique et professionnelle bénéficient de l'ensemble de ces mesures (ouverture de listes complémentaires pour les disciplines déficitaires, remplacements prioritaires dans les classes à examen, cours de langue dédoublés ...) parce qu'elles sont plus particulièrement concernées par la vacance de postes dans de nombreuses disciplines.
*
* *
Après avoir tenté de dégager les
principales
orientations de ces multiples propositions de réforme, votre commission
n'est évidemment pas en mesure de porter une appréciation globale
sur ce qui ne constitue pas encore un plan finalisé de valorisation de
l'enseignement professionnel.
Elle se permettra cependant de nuancer le discours quelque peu optimiste du
ministre qui souligne peut-être avec excès la qualité de
cet enseignement, en formulant quelques remarques qui sont le plus souvent
autant d'interrogations :
•
L'éducation nationale et la formation professionnelle
Les travaux de la table ronde et le rapport Marois indiquent clairement que la
formation professionnelle, notamment dans le domaine de la formation initiale,
doit rester de la compétence de l'éducation nationale et qu'elle
ne saurait relever, de manière exclusive, des entreprises comme certains
le préconisent.
•
La nécessité d'une orientation choisie
L'affirmation d'une égale dignité des trois voies du lycée
implique nécessairement de développer une orientation positive
vers l'enseignement professionnel, notamment par une éducation
précoce à l'orientation dès le collège avant que
n'apparaissent éventuellement les premières difficultés
scolaires des élèves ; en conséquence, le
lycée professionnel ne doit plus être une voie de
relégation pour les élèves en situation d'échec
dans l'enseignement général. Il est cependant indéniable
que cette voie offre actuellement à nombre d'entre eux une
possibilité de remotivation, de remise en confiance et de
réussite, pouvant à terme déboucher sur une
réorientation et une poursuite d'études en cycle long. Le
maintien d'un enseignement général de qualité et le
développement de classes passerelles apparaissent indispensables pour
assurer cette fluidité d'orientation tandis que l'enseignement
professionnel doit conserver sa fonction promotionnelle pour des jeunes en
difficulté scolaire passagère.
- une classe de troisième professionnelle, destinée à
préparer le choix des élèves entre les trois voies des
lycées, qui avait d'ailleurs été préconisée
par le précédent gouvernement, pourrait constituer l'amorce d'un
cycle professionnel individualisé ; par ailleurs, le transfert des
classes de 4e et de 3e technologiques au sein des lycées
professionnels apparaît souhaitable, les collèges ne disposant pas
des moyens d'assurer aux élèves une véritable
" immersion professionnelle " ;
•
Le maintien de la spécificité de l'enseignement
professionnel
Alors que certains proposent un lycée unique et polyvalent, il
apparaît nécessaire de maintenir la spécificité des
lycées professionnels et de renforcer la formation pédagogique
des PLP en IUFM, qui sont recrutés à bac + 3.
L'adéquation de cette offre de formation avec les évolutions
économiques, les besoins régionaux et les choix d'orientation des
jeunes doit être recherchée en permanence et les créations
de sections qui en résultent doivent pouvoir être
réalisées dans les meilleurs délais possibles.
La commission a noté avec intérêt le projet de créer
une structure qui serait à la fois observatoire et instance de
programmation des filières scolaires.
•
Le développement de l'alternance en lycée
professionnel
Les formations actuelles de CAP en lycée professionnel comportent
déjà des stages d'observation tandis que celles menant au BEP et
au " bac pro " prévoient de vrais stages de plusieurs semaines
étalés sur la durée de la scolarité : est-il
réaliste de développer ces périodes de stage alors que les
établissements éprouvent des difficultés à trouver
des entreprises acceptant de recevoir des stagiaires et, qu'en dessous du bac
professionnel, l'acquisition des prérequis par les élèves
peut être considérée comme insuffisante ?
Il convient également de noter que le BEP apparaît de plus en plus
comme une préparation au baccalauréat professionnel et de moins
en moins comme un diplôme d'insertion.
•
La place de l'apprentissage au sein de la formation en
alternance
La place de l'apprentissage dans les formations professionnelles devra
être précisée : on ne peut que regretter que la mise en
place de sections d'apprentissage dans les établissements scolaires
s'accompagne de fermetures de sections existantes à temps plein dans les
lycées professionnels et que les élèves les plus
défavorisés soient dirigés vers ces sections
d'apprentissage qui ne dispensent pas une formation générale
suffisante pour permettre de combler des lacunes importantes ; en outre,
ne conviendrait-il pas de réserver l'apprentissage aux formations
complémentaires, par exemple au-delà du CAP ou du bac
professionnel obtenus en milieu scolaire ?
•
Un soutien financier spécifique aux lycéens
professionnels
Le profil spécifique des lycéens professionnels, tant en raison
de leur âge plus élevé que de leur origine souvent modeste,
impose que soit mis en place un dispositif de soutien financier particulier
leur permettant de s'orienter vers les formations de leur choix, sans tenir
compte des coûts spécifiques de scolarité et de
privilégier la formation professionnelle en milieu scolaire plutôt
qu'en apprentissage qui, elle, est rémunérée.
•
La création d'une direction de l'enseignement
professionnel au ministère de l'éducation nationale
La réorganisation de l'administration centrale du ministère de
l'éducation nationale, engagée en 1997 ne s'est pas traduite par
la création d'une direction spécifique pour l'enseignement
professionnel : la commission demande depuis plusieurs années une telle
création qui consacrerait, sur le plan institutionnel, la revalorisation
attendue de cet enseignement.
A l'évidence, le rétablissement d'un secrétariat d'Etat
à l'enseignement technique traduirait encore plus fortement une telle
volonté.
*
* *
EXAMEN EN COMMISSION
Au cours
d'une séance tenue
mercredi 18 novembre 1998
, la commission a
procédé à l'examen du rapport pour avis de
Mme
Hélène Luc sur les crédits de l'enseignement technique
pour 1999.
Un débat s'est alors instauré.
M. Jacques Legendre
a rappelé que certaines mesures
préconisées par le rapporteur pour avis rejoignaient celles qui
avaient été proposées lorsqu'il exerçait des
responsabilités ministérielles et s'est déclaré
favorable au principe de l'introduction de l'alternance au sein des formations
technologiques et professionnelles dispensées en milieu scolaire.
Il est convenu que le rétablissement d'un secrétariat d'Etat
à la formation technologique et professionnelle pouvait être utile
à la condition que soit maintenue la distinction entre enseignement
technique et formation professionnelle et entre les formations par alternance
dispensées en milieu scolaire et par apprentissage sous contrat de
travail.
Il a estimé que la formule de l'apprentissage devait être choisie
librement par les intéressés.
M. Albert Vecten
a estimé qu'une nouvelle orientation de
l'enseignement professionnel était sans doute plus importante que
l'évolution de ses crédits. Considérant qu'il serait utile
d'établir un bilan d'activité des IUFM, il s'est interrogé
sur l'adaptation de la formation dispensée aux enseignants dans ces
instituts pour encadrer des jeunes qui sont encore souvent en situation
d'échec scolaire et qui ne maîtrisent pas les apprentissages
fondamentaux.
Il a aussi préconisé une formation plus solide des enseignants et
rappelé que de nombreux emplois qualifiés et bien
rémunérés étaient proposés aux
diplômés de l'enseignement professionnel.
M. James Bordas
a rejoint les préoccupations exprimées par
le rapporteur pour avis et par M. Albert Vecten quant à l'adaptation de
la formation dispensée dans les IUFM, qui ne prépare pas
convenablement, selon lui, les futurs enseignants à leur fonction.
M. Franck Sérusclat
a exprimé le souhait qu'un
représentant responsable des directeurs d'IUFM puisse être entendu
par la commission et a rappelé que la culture et l'intelligence devaient
être entendues de la manière la plus large, celles-ci devant
englober bien les activités intellectuelles que les métiers et
les activités plus manuelles.
M. Jean Louis Carrère
a estimé qu'un avis favorable de la
commission sur les crédits de l'enseignement technique encouragerait
encore davantage le ministre pour mener à bien son projet de
revalorisation de la voie professionnelle.
Répondant à ces interventions,
Mme Hélène Luc,
rapporteur pour avis
, a notamment apporté les précisions
suivantes :
- le travail de réflexion qu'avait mené la commission sur les
IUFM pourrait être prolongé afin de faire le bilan de
l'activité de ces instituts et vérifier l'efficacité de la
formation dispensée aux futurs enseignants ;
- il convient en effet d'éviter une confusion trop souvent entretenue
entre la formation professionnelle et l'enseignement technique ;
- la réussite de l'alternance, qu'il convient en effet de
développer, suppose que les stages soient organisés et
contrôlés de manière plus satisfaisante, que les
entreprises s'y investissent davantage et que les enseignants s'impliquent plus
fortement dans leur fonctionnement ;
- les progrès enregistrés dans l'enseignement technologique et
professionnel résultent aussi des moyens qui lui sont accordés,
notamment pour moderniser le parc des machines outils des établissements
;
- les conclusions proposées par le rapporteur pour avis tiennent compte
évidemment de leur évolution décevante pour 1999 mais sont
aussi inspirées du souci de recueillir un appui unanime de la commission.
A l'issue de ce débat, la
commission
, suivant la proposition de
son rapporteur pour avis, a décidé, à l'unanimité,
de s'en remettre à la
sagesse du Sénat pour l'adoption ou le
rejet des crédits de l'enseignement technique pour 1999.