D. LE BILAN DES IUFM
L'article 17 de la loi d'orientation sur l'éducation du 10 juillet 1989 a prévu la mise en place, à partir de la rentrée 1990, d'un institut universitaire de formation des maîtres dans chaque académie.
Alors que le principe de leur création avait suscité de nombreuses critiques, les cinq années d'existence des IUFM permettent aujourd'hui d'établir un premier bilan.
Ces instituts ont permis de mettre en place une formation commune des enseignants du primaire et du secondaire. Si certains ont rapidement trouvé leur équilibre, d'autres le cherchent encore et il importera d'évaluer leurs résultats à l'issue de la concertation engagée dans l'enseignement supérieur puisque les IUFM ne figurent pas dans le cahier des charges de la consultation qui va être engagée dans les sept prochains mois.
Il reste cependant que leur réussite est largement subordonnée à la qualité des relations existant entre leurs directeurs et les présidents d'université et plus largement à leur intégration dans le système universitaire.
1. La finalité des IUFM
Les IUFM ont été créés principalement pour faire face aux difficultés de recrutement d'enseignants du premier et du second degrés dans les années 80 et pour améliorer la qualité de la formation en donnant un contenu à la fois universitaire et professionnel solide à cette formation, quel que soit le niveau d'enseignement, qu'il s'agisse des professeurs des écoles, des professeurs des lycées et collèges, des professeurs de lycées professionnels et des conseillers principaux d'éducation.
La formation s'étend sur deux années, séparées par les concours de recrutement dans la fonction publique, les agrégés étant accueillis dans les IUFM la deuxième année pour leur stage.
Ces instituts travaillent en liaison avec les universités, notamment pour la préparation des concours du second degré et avec les réseaux des établissements d'accueil.
2. L'accroissement du nombre de candidats
Le nombre de candidats a fortement progressé chaque année et leur origine s'est diversifiée, selon l'âge, les diplômes, et leur expérience professionnelle.
Par ailleurs, la revalorisation du métier d'enseignant dans un contexte de recherche d'emplois difficile, l'augmentation du nombre de licences en cinq ans, la meilleure lisibilité du nouveau système ont profondément modifié la situation des instituts qui ne rencontrent quasiment plus de problèmes de recrutement, à l'exception de quelques secteurs particuliers.
Au total, les 29 IUFM accueillent aujourd'hui près de 100.000 étudiants et professeurs stagiaires (contre 59.000 en 1991).
3. Les projets d'établissement pour la période 1995-1999
Ces projets établis par les IUFM concernent l'ensemble des aspects de la vie de l'établissement et, outre les plans de formation pour les futurs enseignants, portent sur les domaines suivants :
- utilisation des nouvelles technologies d'information et de documentation ;
- vie culturelle et artistique ;
- modernisation et adaptation des locaux aux exigences de la formation ;
- activités de recherche sur les nouvelles pratiques de formation en liaison avec les grands organismes de recherche ;
- aide à la mise en place de dispositifs de formation initiale des maîtres dans les pays étrangers.
4. Le contenu de la formation
La formation comporte au cours des deux années d'étude des éléments à la fois scientifiques et professionnels. L'épreuve sur dossier a remplacé l'épreuve professionnelle introduite en 1991 dans le CAPES. La procédure de validation à la fin de la 2e année est fondée sur le stage, les éléments de formation et le mémoire professionnel.
5. Un dispositif désormais intégré dans le système éducatif et universitaire
Les IUFM ont en quelques années trouvées leur place dans le système éducatif et universitaire, au sein d'un réseau de partenariats multiples. Ils sont soumis aux évaluations du Comité national d'évaluation et de la mission scientifique et technique tandis que les nouveaux enseignants sont également soumis à l'évaluation de l'Inspection générale et de la Direction de l'évaluation et de la prospective.
En termes quantitatifs, l'objectif des instituts semble donc être atteints et les IUFM ont permis en outre de réaliser des économies importantes puisque le coût moyen de formation d'un étudiant a été réduit de moitié à volume de formation constant.
Le succès des IUFM peut être apprécié en examinant les admissions lors de la dernière rentrée et les résultats des étudiants à la session de 1995 des concours de recrutement.
6. Le bilan de la rentrée 1995
a) Les admissions en IUFM à la rentrée de 1995
Pour le professorat des écoles, les IUFM ont reçu 100.000 demandes d'admission, soit une augmentation de 17 % par rapport à l'année 1994-1995.
Le nombre de postes offert aux concours externes de recrutement étant stable, les prévisions d'inscriptions définitives au titre du professorat des écoles sont de l'ordre de 15.000, soit un nombre proche de celui de l'année précédente.
Pour le professorat des lycées et collèges, les IUFM ont reçu près de 99.000 demandes d'admission, soit une augmentation de près de 12 % par rapport à l'année 1994-1995.
Ces demandes d'admission se traduiront, compte tenu des candidatures multiples, des cursus non adaptés et des capacités d'accueil des IUFM, par environ 49.000 inscriptions définitives, soit une augmentation de 11 %.
b) Les résultats des étudiants des IUFM aux concours de recrutement
Pour le concours externe de recrutement de professeurs des écoles, il convient de rappeler que pour la session de 1994, sur les 9.667 admis aux concours, 71 % avaient suivi une formation en IUFM. Un étudiant d'IUFM a donc cinq fois plus de chances qu'un candidat libre de réussir le concours.
Pour les concours de recrutement du second degré (session de 1995), les résultats des étudiants des IUFM ont été les suivants :
Un étudiant d'IUFM a donc 2,5 fois plus de chances qu'un candidat libre de réussir le concours.
7. La licence pluridisciplinaire
L'arrêté du 7 juin 1994 relatif aux licences pluridisciplinaires prévoit la mise en place de formations universitaires pluridisciplinaires de lettres, arts, et sciences humaines ou de sciences et technologie conçues et organisées pour préparer les étudiants à des débouchés professionnels diversifiés, notamment dans les domaines de l'enseignement.
Dès la rentrée de 1994, quatre licences pluridisciplinaires ont été mises en place dans les universités d'Artois et de Lille II (lettres, arts et sciences humaines) et dans les universités de Marne-la-Vallée et de Lille II (sciences et technologie). A la rentrée de 1995, les universités de Lyon II (lettres, arts et sciences humaines), Chambéry, Dijon, Grenoble I, Mulhouse, Nancy I et Toulouse II (sciences et technologie) développeront à leur tour l'expérience.
Le calendrier de mise en place de ces licences pluridisciplinaires ne permet pas encore d'en établir le bilan pour les professeurs des écoles.