III. UNE ÉVOLUTION CONTRASTÉE DES MOYENS CONSACRÉS À LA MOBILITÉ ÉTUDIANTE INTERNATIONALE
A. UNE AUGMENTATION DES CRÉDITS DE BOURSES DONT L'AMPLEUR NE SEMBLE PAS EN PHASE AVEC L'OBJECTIF DE DOUBLEMENT D'ICI 2027, UNE STRATÉGIE DES BOURSES DIFFICILE À CERNER
Le PLF 2024 prévoit une enveloppe de bourses s'élevant à 70 M€, en hausse de 6 M€ par rapport à 2023.
Cette augmentation appelle deux remarques.
En premier lieu, les rapporteurs regrettent que l'utilisation de cette enveloppe ne fasse pas l'objet d'une stratégie plus claire de la part du Gouvernement. Le MEAE n'a ainsi pas été en mesure d'indiquer si ces moyens supplémentaires permettront une augmentation de la durée des bourses, de leur nombre ou de leur montant.
En second lieu, l'ampleur de la hausse de l'enveloppe consacrée aux bourses ne semble pas cohérente avec l'objectif fixé dans le cadre de la stratégie « Bienvenue en France » de doublement du nombre de bourses versées par le MEAE à l'horizon 2030. Les rapporteurs appellent par conséquent le Gouvernement à clarifier ses ambitions dans ce domaine.
B. UNE SITUATION FINANCIÈRE DE CAMPUS FRANCE QUI APPELLE À UNE CERTAINE VIGILANCE
Si Campus France a réussi à surmonter la crise COVID, du fait d'une reprise mondiale de la mobilité, ses perspectives financières demeurent incertaines. Le budget initial pour 2023 prévoyait ainsi un déficit de 2,3 M€. En audition, la directrice générale a indiqué que celui-ci pourrait finalement être contenu à 1,7 M€. L'opérateur est confronté à un effet de ciseau avec, d'un côté, une reprise d'activité qui nécessite des investissements et, de l'autre, certains mandants qui ont redimensionné leur programme de bourses à l'occasion de la pandémie. Le développement de la mobilité chez soi (mobility at home), c'est-à-dire du suivi d'enseignements à distance auprès d'une université située à l'étranger, ainsi qu'une prise en compte croissante de l'impact environnemental des mobilités expliquent en partie le tarissement constaté des mobilités courtes.
Par ailleurs, si la demande émanant de clients parapublics français reste globalement dynamique, la situation financière de l'opérateur est également liée au contexte international. L'évolution de la situation dans certains pays, à l'instar du Gabon, qui représente l'un de ses principaux mandants (17 M€ de bourses pour 1 500 étudiants gabonais chaque année), fait ainsi l'objet d'une surveillance de la part de Campus France.
Enfin, l'inflation, qui n'est pas compensée à l'opérateur, se traduit par une hausse de ses dépenses de fonctionnement (+ 8% pour l'aérien et l'évènementiel et 3,4 % pour les salaires).
Une réévaluation du montant de la SCSP pourrait par conséquent s'avérer nécessaire dans les années à venir en fonction de l'évolution de ces différents facteurs.