III. TRANSPORT FLUVIAL : BIEN QUE RÉSILIENT, UN SECTEUR CONFRONTÉ À DES PERTURBATIONS JUSTIFIANT DAVANTAGE DE SOUTIEN
A. LE TRANSPORT FLUVIAL AFFICHE UNE REPRISE DE FOND, MALGRÉ UN CONTEXTE D'INSTABILITÉ
En 2022, le transport fluvial poursuit sa reprise , malgré des résultats différenciés selon les secteurs.
Après un repli lié à la crise sanitaire en 2020 (- 11,6 % en tonnes-kilomètres), le fret fluvial a « renoué avec la croissance » en 2021, bien que de manière modérée du fait du recul de la production du secteur céréalier , qui représente traditionnellement le tiers du trafic (Voies navigables de France [VNF]). Cette reprise est alimentée par le dynamisme du marché du conteneur mais aussi du BTP , notamment grâce aux chantiers du Grand Paris Express et des Jeux olympiques de 2024 . Elle demeure malgré tout marquée par l' instabilité des marchés , liée en particulier à la crise ukrainienne .
Le fret fluvial a également souffert de la hausse des coûts de l'énergie : si avant la crise, la part du carburant dans le coût de revient d'une prestation de fret fluvial était estimée à environ 25 % , cette part s'établit désormais à 41 % . Entreprises fluviales de France (E2F) estime le surcoût lié au carburant pour les entreprises fluviales à 100 M€ depuis mars 2022 , pour un chiffre d'affaires du secteur de l'ordre de 1 Md€ .
S'agissant du tourisme fluvial , selon E2F, si 2022 a été une meilleure année que 2021, la fréquentation demeure inférieure de 70 % à celle constatée en 2019 . Les opérateurs intervenant en zone dense (Paris, Lyon, Bordeaux et Strasbourg) ont été particulièrement affectés par ce recul, ainsi que les croisières avec hébergement . En revanche, certains secteurs sont parvenus à tirer leur épingle du jeu : la location de bateaux habitables sans permis a progressé en 2022 (+ 5 à 7 % par rapport à 2021) de même que l'activité des paquebots fluviaux (+ 5 % par rapport à 2019), en particulier sur la Seine (+ 15 %).
B. UNE TRAJECTOIRE D'INVESTISSEMENT STABLE POUR LE RÉSEAU FLUVIAL, MAIS UN ÉQUILIBRE FINANCIER INCERTAIN POUR SON GESTIONNAIRE
Pour 2023, le budget d'investissement de VNF devrait s'établir à 250 M€ en CP, soit un montant supérieur à 2022 (201 M€ en CP selon le budget initial pour 2022) mais inférieur aux objectifs initialement fixés par le Contrat d'objectifs et de performance (COP).
Le volet du Plan de relance consacré à la régénération du réseau fluvial affiche un bon état d'avancement : 90 % des projets prévus ont été engagés . Sur les 175 M€ initialement prévus (AE), seuls 40 à 50 M€ sont encore à déployer en 2023, en crédits de paiement.
En 2023, trois programmes seront prioritaires pour VNF en termes d'investissement : le canal Seine-Escaut , la modernisation du réseau et la sécurité des ouvrages hydrauliques .
Hausse des dépenses de VNF estimée
d'ici 2024
(par rapport à 2021)
Plusieurs facteurs exogènes ont fragilisé les finances de l'établissement. Du fait du contexte inflationniste, VNF fait face à une forte hausse de ses coûts . En outre, la crise sanitaire, suivie du ralentissement de l'activité fluviale, ont induit un décalage de sa trajectoire de recettes , qui devraient être supérieures au niveau de 2022, mais inférieures aux prévisions du COP pour 2023 (442,5 M€) qui anticipaient une forte hausse des recettes propres de l'établissement (péages et redevances).
La révision du COP , qui doit avoir lieu en 2023, pourrait être l'occasion d' ajuster la trajectoire financière de VNF définie en 2020-2021.