C. LA RÉPARTITION DES DOTATIONS D'INVESTISSEMENT

1. La dotation de soutien aux communes pour la protection de la biodiversité (article 78 ter)

La dotation « Natura 2000 », créée par l'article 256 de la loi n° 2018-1317 du 28 décembre 2018 de finances pour 2019 , avait pour but d'apporter un soutien financier pour les communes supportant les charges d'entretien induites par un classement « Natura 2000 ».

Cette dotation, de 5 millions d'euros en autorisations d'engagement comme en crédits de paiement en 2019, a été largement révisée lors de l'examen du présent projet de loi de finances à l'Assemblée nationale. L'article 78 ter prévoit ainsi :

- un élargissement des communes éligibles à celles dont une part importante du territoire est comprise dans un coeur de parc national ou au sein d'un parc naturel marin ;

- un doublement en conséquence de la dotation de 5 à 10 millions d'euros , gagé sur une diminution de 5 millions d'euros de la DGF ;

- une scission en trois enveloppes , selon la clé de répartition suivante : 55 % de la dotation iraient aux communes au titre de la part « Natura 2000 », 40 % seraient versés aux communes situées en coeur de parc naturel et 5 % iraient aux communes dont le territoire comprend un parc naturel marin.

Néanmoins, comme votre rapporteur l'a expliqué supra , il aurait paru préférable de ne pas reconduire le mécanisme financier consistant à diminuer la DGF au profit de cette dotation budgétaire . Afin de ne pas nuire aux recettes de collectivités supportant ces charges, votre rapporteur n'a cependant pas estimé nécessaire de s'y opposer.

2. Le gel de la DETR (article 78 nonies) pour une réforme aux contours encore flous

L'article 78 nonies , issu d'un amendement déposé par le Gouvernement à l'Assemblée nationale, prévoit de geler les enveloppes départementales de DETR afin de réformer les conditions de leur attribution en 2020, au motif que la dotation ne profite pas suffisamment aux territoires ruraux.

Les données présentées dans le tableau ci-après soulignent que la répartition de la DETR tient malgré tout compte de la ruralité des territoires . Ainsi, Paris ne touche pas de DETR, tandis que l'Aisne touche 1,57 % de l'enveloppe totale. Néanmoins la Gironde, département comprenant des territoires ruraux mais également une métropole, percevait avec 17,9 millions d'euros le montant le plus élevé en 2018 (1,76 % de l'enveloppe totale).

Tableau récapitulatif
des enveloppes départementales de DETR en 2018

Département

Population

Crédits engagés en 2018

Pourcentage du département dans la dotation totale

Ain

626 127

10 367 991,00 €

1,02%

Aisne

539 734

15 920 979,10 €

1,57%

Allier

343 062

9 755 943,00 €

0,96%

Alpes-de-Haute-Provence

161 588

10 200 825,00 €

1,00%

Hautes-Alpes

139 883

11 333 035,68 €

1,11%

Alpes-Maritimes

1 083 312

3 297 777,53 €

0,32%

Ardèche

322 381

12 554 644,79 €

1,23%

Ardennes

279 715

8 155 862,40 €

0,80%

Ariège

152 574

11 068 323,00 €

1,09%

Aube

308 094

10 180 776,43 €

1,00%

Aude

365 478

7 904 001,00 €

0,78%

Aveyron

278 644

14 259 428,00 €

1,40%

Bouches-du-Rhône

2 006 069

2 016 269,00 €

0,20%

Calvados

691 670

13 778 324,31 €

1,35%

Cantal

146 618

10 618 338,00 €

1,04%

Charente

353 853

9 160 051,00 €

0,90%

Charente-Maritime

637 089

9 662 373,91 €

0,95%

Cher

310 270

11 706 304,00 €

1,15%

Corrèze

241 340

9 181 348,64 €

0,90%

Corse-du-Sud

151 652

7 121 280,10 €

0,70%

Haute-Corse

172 560

9 396 159,00 €

0,92%

Côte-d'Or

531 380

13 044 671,00 €

1,28%

Côtes-d'Armor

597 397

12 127 586,00 €

1,19%

Creuse

120 581

13 101 209,00 €

1,29%

Dordogne

416 350

13 845 495,94 €

1,36%

Doubs

534 710

10 769 659,13 €

1,06%

Drome

499 159

8 522 353,00 €

0,84%

Eure

598 347

13 818 272,00 €

1,36%

Eure-et-Loir

433 762

8 260 149,00 €

0,81%

Finistère

905 855

13 199 704,00 €

1,30%

Gard

736 029

10 230 879,00 €

1,01%

Haute-Garonne

1 317 668

12 916 559,00 €

1,27%

Gers

190 625

13 475 105,81 €

1,32%

Gironde

1 526 016

17 850 319,74 €

1,76%

Hérault

1 107 398

10 428 622,70 €

1,03%

Ille-et-Vilaine

1 032 240

12 539 262,00 €

1,23%

Indre

226 175

9 779 939,06 €

0,96%

Indre-et-Loire

603 924

8 352 327,00 €

0,82%

Isère

1 243 597

12 043 600,00 €

1,18%

Jura

260 681

12 379 381,70 €

1,22%

Landes

400 477

12 281 816,00 €

1,21%

Loir-et-Cher

333 567

9 598 281,52 €

0,94%

Loire

757 305

7 836 010,35 €

0,77%

Haute-Loire

226 565

9 969 333,00 €

0,98%

Loire-Atlantique

1 346 592

10 380 305,95 €

1,02%

Loiret

669 737

9 809 389,00 €

0,96%

Lot

173 648

10 354 264,00 €

1,02%

Lot-et-Garonne

333 234

7 849 963,00 €

0,77%

Lozère

76 360

14 309 034,12 €

1,41%

Maine-et-Loire

805 888

8 663 493,00 €

0,85%

Manche

499 958

12 468 620,96 €

1,23%

Marne

570 866

10 067 306,00 €

0,99%

Haute-Marne

180 673

11 615 544,00 €

1,14%

Mayenne

307 350

7 610 809,00 €

0,75%

Meurthe-et-Moselle

732 153

14 556 955,00 €

1,43%

Meuse

191 530

13 912 515,00 €

1,37%

Morbihan

741 051

8 658 798,00 €

0,85%

Moselle

1 045 154

16 509 162,00 €

1,62%

Nièvre

213 569

12 724 295,43 €

1,25%

Nord

2 603 472

10 704 878,78 €

1,05%

Oise

818 680

15 228 201,32 €

1,50%

Orne

287 750

13 869 899,50 €

1,36%

Pas-de-Calais

1 472 589

15 315 967,00 €

1,51%

Puy-de-Dôme

644 216

15 034 975,00 €

1,48%

Pyrénées-Atlantiques

667 249

11 040 717,56 €

1,09%

Hautes-Pyrénées

228 950

11 651 733,28 €

1,15%

Pyrénées-Orientales

466 327

7 839 213,00 €

0,77%

Bas-Rhin

1 112 815

13 237 556,00 €

1,30%

Haut-Rhin

760 134

7 545 514,04 €

0,74%

Rhône

1 801 885

5 927 708,00 €

0,58%

Haute-Saône

238 347

13 487 733,00 €

1,33%

Saône-et-Loire

555 788

13 527 643,00 €

1,33%

Sarthe

568 760

11 648 438,00 €

1,15%

Savoie

426 924

8 052 344,00 €

0,79%

Haute-Savoie

783 127

9 941 954,00 €

0,98%

Paris

2 220 445

0,00 €

0,00%

Seine-Maritime

1 257 920

16 081 163,00 €

1,58%

Seine-et-Marne

1 377 846

13 470 616,92 €

1,32%

Yvelines

1 421 670

3 560 740,90 €

0,35%

Deux-Sèvres

373 553

7 788 304,00 €

0,77%

Somme

571 632

15 224 609,51 €

1,50%

Tarn

384 474

10 182 807,00 €

1,00%

Tarn-et-Garonne

252 578

8 749 574,00 €

0,86%

Var

1 038 212

7 348 932,62 €

0,72%

Vaucluse

554 374

6 501 389,00 €

0,64%

Vendée

662 122

13 262 661,00 €

1,30%

Vienne

433 203

8 320 620,06 €

0,82%

Haute-Vienne

376 199

8 600 128,99 €

0,85%

Vosges

373 560

12 585 631,00 €

1,24%

Yonne

341 814

13 166 362,00 €

1,29%

Territoire de Belfort

144 334

2 102 458,00 €

0,21%

Essonne

1 268 228

3 909 461,00 €

0,38%

Hauts-de-Seine

1 597 770

138 563,72 €

0,01%

Seine-Saint-Denis

1 571 028

313 851,00 €

0,03%

Val-de-Marne

1 365 039

843 457,00 €

0,08%

Val-d'Oise

1 205 539

3 638 282,01 €

0,36%

Guadeloupe

400 186

4 866 513,20 €

0,48%

Martinique

383 911

2 603 937,00 €

0,26%

Guyane

252 338

5 532 157,00 €

0,54%

Réunion

842 767

3 054 332,00 €

0,30%

Saint-Pierre-et-Miquelon

6 034

593 730,05 €

0,06%

Mayotte

212 645

4 640 676,75 €

0,46%

Wallis-et-Futuna

12 867

264 826,00 €

0,03%

Polynésie Française

274 217

5 483 862,87 €

0,54%

Nouvelle Calédonie

320 595

6 623 164,00 €

0,65%

Total

66 733 397

1 017 008 312,38 €

100,0%

Source : note d'information « Bilan global 2018 » de la DETR
produite par la DGCL

Votre rapporteur partage donc le constat que la répartition de la DETR ne prend pas suffisamment en compte la ruralité des départements et devrait profiter davantage aux territoires ruraux, auxquels elle est évidemment destinée en priorité. Pour mémoire, les critères actuels de répartition de la DETR en enveloppes départementales sont définis à l'article L. 2334-35 du code général des collectivités territoriales :

- une quote-part est d'abord constituée au profit des circonscriptions territoriales de Wallis-et-Futuna, des communes ainsi que des groupements de communes des collectivités d'outre-mer et de Nouvelle-Calédonie ;

- une fois cette quote-part retranchée du montant total, les crédits sont répartis en quatre sous-enveloppes représentant chacune un quart des crédits : la première est basée sur la population des EPCI éligibles, la deuxième sur leur potentiel fiscal, la troisième sur la densité départementale et la quatrième sur le potentiel financier des communes éligibles.

Des règles encadrent l'évolution d'une année sur l'autre : le montant de chaque enveloppe départementale ne peut évoluer, à la hausse ou à la baisse, de plus de 5 % sauf pour les départements d'outre-mer et Mayotte, pour lesquels le montant de l'enveloppe ne peut être inférieur au montant perçu l'année précédente 99 ( * ) .

Ces critères ne semblent prendre qu'imparfaitement en compte la ruralité des territoires en question. Votre rapporteur n'est donc pas opposé au gel des crédits l'année prochaine s'il permet une répartition plus adéquate de la dotation . Il est désormais attendu du Gouvernement qu'il précise les contours de la réforme en cours de préparation, afin que ce gel temporaire ne soit pas vain.

Par ailleurs, votre commission a souhaité, à l'initiative de votre rapporteur, réviser les modalités d'attribution des subventions aux projets sélectionnés. En s'assurant qu'une part de 15 % au moins de chaque enveloppe départementale finance des projets d'un montant total inférieur à 50 000 euros, l'amendement n° II-329 tend à permettre aux petits projets, auparavant financés par la « réserve parlementaire », d'être bouclés malgré tout .

3. Des difficultés persistantes sur la DSIL et la DSID

Comme exposé supra , il est difficilement compréhensible que les décisions de subventionnement au titre de la DSID soient adoptées par le préfet de région sans même que les présidents de conseils départementaux ne soient consultés . Par un amendement n° II-324 présenté par votre rapporteur, votre commission entend donc pallier cette difficulté.

En ce qui concerne la DSIL, les mêmes causes amenant les mêmes effets, votre rapporteur regrette que les constats effectués l'année dernière soient toujours valides 100 ( * ) . Par des amendements n os II-325 et II-326 , votre commission a souhaité, à l'initiative de votre rapporteur, revoir en profondeur les modalités d'attribution de la DSIL, afin de les rendre plus transparentes et de renforcer le contrôle des élus sur les décisions préfectorales . Ainsi :

- la DSIL serait désormais constituée de deux parts , l'une (égale à 20 % du montant total de la dotation) restant entre les mains des préfets de région, l'autre (égale à 80 % du total) répartie par les préfets de département . Alors que ceux-ci connaissent mieux les besoins locaux, une telle répartition reviendrait à prendre acte d'une réalité : les préfets de région délèguent généralement l'instruction des dossiers aux préfets de département, qui la délèguent parfois à leur tour aux sous-préfets d'arrondissement, ce qui ralentit considérablement le circuit de décision. Le préfet de région continuerait à répartir 20 % des crédits de la DSIL, ce qui lui permettrait, le cas échéant, de financer des projets d'ampleur régionale et d'opérer une forme de redistribution entre départements d'inégale richesse ;

- serait créée une commission départementale des investissements locaux , chargée de contrôler la répartition de la DETR et de la part départementale de la DSIL. Cette commission serait dotée de prérogatives plus étendues que l'actuelle « commission DETR », puisqu'elle serait destinataire de la liste des demandes de subvention attribuées au préfet de département et appelée à formuler un avis sur la liste complète des subventions projetées. Il serait tenu compte, dans sa composition, du champ des communes et groupements éligibles à chacune des deux dotations ;

- les modalités d'attribution du « bonus » pour les collectivités ayant respecté leur « contrat de Cahors » seraient mieux encadrées par l'amendement n° II-325 . Le préfet de région ne pourrait faire usage de cette faculté que lorsqu'il est constaté, en fin d'exécution, que l'ensemble des crédits n'ont pas été consommés . Préalablement à la décision de majoration du taux de subvention, il serait tenu de démontrer qu'aucun autre projet éligible ne verrait ces crédits mieux employés dans un avis motivé qu'il rendrait à la « commission DETR » du département sur lequel est située la collectivité en question.

*

* *

Votre commission a émis un avis favorable à l'adoption des crédits de la mission « Relations avec les collectivités territoriales » inscrits au projet de loi de finances pour 2020 et a adopté neuf amendements .


* 99 Article L. 2334-35 du code général des collectivités territoriales.

* 100 Voir l'avis n° 153 (2018-2019), tome XII, de votre rapporteur sur la mission « Rel ations avec les collectivités territoriales » du projet de loi de finances pour 2019, p. 61, déposé le 22 novembre 2018 et consultable à l'adresse suivante : https://www.senat.fr/rap/a18-153-12/a18-153-12.html .

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