b) Un dispositif à l'évaluation inexistante
Vos rapporteurs constatent qu'à l'heure actuelle, il n'existe aucun dispositif d'évaluation des dépenses fiscales dans les DOM . Pourtant, la DéGéOM a été mise en place pour évaluer les politiques publiques de l'État mises en oeuvre dans les DOM. Cette absence d'évaluation a été pointée par la Cour des Comptes dans sa note sur l'exécution du budget pour 2010 consacrée à la mission outre-mer.
L'évaluation est également limitée dans les COM et en Nouvelle-Calédonie, où les chiffres les plus récents remontent à 2009 et où aucune étude sur l'efficacité des mesures de défiscalisation n'a pu être communiquée à vos rapporteurs.
en K€ |
Mayotte |
Polynésie |
Nouvelle Calédonie |
Wallis et Futuna |
Saint Pierre et Miquelon |
|||||
Année de la décision |
2008 |
2009 |
2008 |
2009 |
2008 |
2009 |
2008 |
2009 |
2008 |
2009 |
Hôtellerie construction |
6 361 |
7 960 |
18 600 |
25 371 |
11 621 |
836 |
||||
Hôtellerie rénovation |
2 944 |
10 746 |
16 760 |
|||||||
Tourisme Plaisance |
4 127 |
|||||||||
Transport |
31 171 |
10 991 |
18 624 |
3 650 |
11 609 |
|||||
Audiovisuel |
||||||||||
Industrie |
6 881 |
1 753 |
9 360 |
1 898 |
8 931 |
14 708 |
||||
Pêche |
||||||||||
Agriculture |
4 732 |
|||||||||
Energies renouvelables |
2 270 |
25 633 |
2 459 |
31 494 |
9 358 |
8 925 |
||||
T F P A 1 |
||||||||||
Télécommunications |
31 |
8 250 |
14 771 |
689 |
||||||
Services informatiques |
||||||||||
Concession services publics |
8 495 |
5 148 |
623 |
|||||||
Bâtiment et travaux publics |
2 310 |
2 306 |
8 723 |
6 125 |
938 |
|||||
Logement social et très social |
18 355 |
16 442 |
||||||||
Logement intermédiaire |
73 754 |
126 885 |
||||||||
Manutention portuaire |
1 386 |
419 |
||||||||
Autres 2 |
6 973 |
1 078 |
5 361 |
11 750 |
||||||
TOTAL |
17 822 |
46 042 |
87 016 |
98 323 |
144 254 |
222 433 |
836 |
623 |
938 |
12 298 |
1 Transformation et fabrication de produits agricoles. 2 Logistique froid, roulage minier, imprimerie, maintenance, services, coiffure, artisanat... |
D'après les informations communiquées à vos rapporteurs, le ministère de l'outre-mer met en place, depuis 2010, une « politique fiscale plus transparente et plus efficiente dès l'instruction des demandes d'aides fiscales ». Il s'agit, pour la DéGéOM, de définir, par grands secteurs d'activité, des principes d'instruction des dossiers permettant de cibler la dépense fiscale en cohérence avec les stratégies nationales et locales de développement. La première circulaire sectorielle a été adressée en juin 2010 aux représentants de l'État en outre-mer pour fixer les orientations d'instruction des dossiers de défiscalisation dans le secteur de l'énergie photovoltaïque. Une seconde circulaire relative au secteur de la téléphonie mobile a été envoyée en 2011. Le ministère chargé de l'outre-mer n'a pas précisé si d'autres circulaires étaient en cours de préparation.
Si vos rapporteurs saluent cette initiative (qui relève pourtant du simple bon sens), ils estiment toutefois qu'elle est tardive et limitée dans sa portée. En outre, ils constatent que ces circulaires ne permettent pas d'évaluer l'efficacité des dispositifs de défiscalisation afin d'apprécier les éventuels effets d'aubaine liés à leur application. Pourtant, une telle évaluation est nécessaire pour définir une politique cohérente et efficace des politiques publiques en outre-mer . C'est pourquoi vos rapporteurs souscrivent pleinement aux conclusions de la Cour des Comptes selon lesquelles « l'absence de résultats concrets des démarches d'évaluation est préoccupante » et partagent l'initiative de MM. Gilles Carrez, Jérôme Cahuzac et Claude Bartolone proposant le dépôt, par le Gouvernement, d'un rapport au Parlement relatif à l'opportunité et à la possibilité de transformer en dotations budgétaires tout ou partie des dépenses fiscales rattachées à titre principal à la mission « outre-mer », avant le dépôt du projet de loi de finances pour 2013.
Enfin, vos rapporteurs regrettent que les événements sociaux survenus dans les Antilles en 2009 et, plus récemment, à Mayotte, n'aient pas été l'occasion d'engager une réflexion sur les dispositifs de défiscalisation en faveur des ménages, au regard des récriminations contre la vie chère dans ces territoires.