2. La nécessité de prendre en compte les nouvelles attentes du lectorat
L'évolution des supports de diffusion de l'information influe de façon significative sur les habitudes de lecture des différents publics, notamment chez les jeunes qui se montrent particulièrement enclins à la consultation des médias d'information via les technologies numériques et mobiles.
Un des enjeux majeurs pour la presse écrite consiste aujourd'hui à inverser la tendance du vieillissement du lectorat 11 ( * ) et d'enrayer la désaffection des jeunes vis-à-vis de la presse écrite payante, au profit de l'audiovisuel d'Internet et de la téléphonie mobile 12 ( * ) . L'attraction des jeunes vers ce type de presse doit donc passer par l'innovation des éditeurs en termes de contenus, de formats, de présentation des titres, mais aussi par l'adaptation de leurs titres à la diversification des supports.
La lecture de la presse écrite a baissé globalement de 7 % entre 1994 et 2003, mais elle a chuté de 17 % sur la même période chez les 15-24 ans. Selon une enquête Audipresse, le nombre de lecteurs de journaux chez les 15-24 ans a chuté de près de 20 % depuis 1994 pour atteindre 1,272 million en 2007, soit 17 % seulement de cette tranche d'âge.
Le rapport de M. Bernard Spitz sur « Les jeunes et la lecture de la presse quotidienne d'information politique et générale », en date du 6 octobre 2004, a identifié trois problèmes expliquant la désaffection des jeunes vis-à-vis de la presse écrite : le prix des quotidiens, un contenu de moins en moins adapté à leurs attentes et une insuffisante prise en compte de leurs modes de vie et de leur exposition croissante aux nouvelles technologies de l'information et de la communication.
En conséquence, les pouvoirs publics se sont engagés, dans le cadre de diverses opérations, à accompagner les éditeurs dans la mise en oeuvre de stratégies destinées à rapprocher les contenus éditoriaux de leurs publications avec les attentes du public jeune. En particulier, à la suite des États généraux de la presse écrite, le projet « Mon journal offert », qui doit s'étendre sur la période 2009-2011, consiste à proposer un abonnement gratuit, un jour par semaine pendant un an, à tout jeune âgé de 18 à 24 ans à l'un des quotidiens de son choix. Les abonnements sont ainsi pris en charge à hauteur de 50 % par les éditeurs de presse au moyen d'une réduction de 50 % du prix moyen du titre, et de 50 % par l'enveloppe « jeunesse » du fonds de modernisation, pour un montant de 8,5 millions d'euros dans le projet de loi de finances pour 2011.
Après un peu plus d'un an d'application, le bilan est positif puisque l'objectif d'abonner gratuitement 200 000 jeunes a été atteint et une étude de satisfaction en 2009 montre que 85 % des jeunes interrogés sont satisfaits de l'opération. Reste, cependant, à déterminer, à la fin de l'année 2011, l' incidence réelle de cette opération sur la fidélisation des jeunes vis-à-vis des titres de la presse quotidienne d'information politique et générale une fois que la gratuité aura été levée .
De toute évidence, ces opérations ne doivent pas se limiter à faire découvrir la presse par les jeunes. Elles doivent également pousser les publications à renouveler leurs contenus pour les faire mieux correspondre aux attentes du public jeune, le cas échéant en développant une nouvelle présentation, une plus grande interaction entre les supports imprimés et numériques pour favoriser la participation des jeunes (recueil des réactions et des commentaires des jeunes lecteurs), et en approfondissant des contenus susceptibles de susciter leur intérêt (activités culturelles, musique, cinéma, sports, etc.).
* 11 Le lectorat français de presse quotidienne a la particularité d'être l'un des moins jeunes des pays européens.
* 12 Une étude BVA de 2004 montrait que le mode d'information privilégié est la télévision pour 68 % des jeunes de 15 à 25 ans, Internet pour 17 %, la radio pour 13 % et, en dernière position, la presse pour seulement 1 % d'entre eux.