2. ... mais la cocaïne et l'héroïne progressent
Les succès en termes de réduction de la consommation des drogues légales ou illégales sont cependant limités par le retour de certaines drogues qui paraissaient devoir disparaître : la cocaïne et l'héroïne. Le nombre de jeunes ayant expérimenté la cocaïne a triplé entre 2000 et 2008, pour s'établir autour de 25 000. L'expérimentation de l'héroïne a également augmenté sur la même période : elle toucherait 1,1 % des jeunes.
Si, à l'heure actuelle, le nombre de ceux pour lesquels l'usage devient problématique demeure faible (l'âge moyen des usagers problématiques continue d'augmenter), cette situation ne pourra se maintenir si les drogues en question continuent à gagner du terrain. Il faut également prendre conscience de la nécessité de mener de front la lutte contre toutes les drogues, les usagers problématiques étant en fait des polyconsommateurs combinant pour nombre d'entre eux le recours à l'héroïne avec les autres drogues illégales, notamment le cannabis, ainsi que le tabac et l'alcool, en fonction de leurs possibilités d'approvisionnement.
Ainsi que votre rapporteur a eu l'occasion de le souligner l'année dernière, le renouveau de la consommation d'héroïne et de cocaïne est lié au remplacement de la génération ayant connu le début de l'épidémie de Sida par une nouvelle génération, plus jeune et ayant une moindre connaissance des risques, ou pensant les prévenir par un recours à de nouvelles pratiques de consommation sans injection. La baisse du prix de ces drogues a pu également favoriser leur diffusion dans des milieux sociaux plus larges. Cependant, l'augmentation de la consommation d'héroïne est liée à un phénomène inverse : c'est une jeunesse plus insérée socialement et liée à la scène festive qui a adopté son usage, sous forme inhalée, ces dernières années.
Force est également de constater que la cocaïne jouit dans certains milieux d'une image valorisante de stimulant des facultés intellectuelles, de drogue consommable en société, voire de produit de luxe - le gramme de cocaïne, dont le prix moyen est de 60 euros, peut dépasser les 100 euros dans certains quartiers. C'est contre cette banalisation de la drogue, qui paraît être un retour aux pratiques culturelles des années soixante-dix, qu'il convient de lutter par l'information et la répression de l'usage.