N° 76
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 2003-2004
Annexe au procès-verbal de la séance du 20 novembre 2003 |
AVIS
PRÉSENTÉ
au nom de la commission des Affaires étrangères, de la défense et des forces armées (1) sur le projet de loi de finances pour 2004 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,
TOME II
RELATIONS CULTURELLES EXTÉRIEURES
ET
FRANCOPHONIE
Par Mme Monique CERISIER-ben GUIGA,
Sénateur.
(1) Cette commission est composée de : M. André Dulait, président ; MM. Robert Del Picchia, Jean-Marie Poirier, Guy Penne, Michel Pelchat, Mme Danielle Bidard-Reydet, M. André Boyer, vice-présidents ; MM. Simon Loueckhote, Daniel Goulet, André Rouvière, Jean-Pierre Masseret, secrétaires ; MM. Jean-Yves Autexier, Jean-Michel Baylet, Mme Maryse Bergé-Lavigne, MM. Daniel Bernardet, Pierre Biarnès, Jacques Blanc, Didier Borotra, Didier Boulaud, Jean-Guy Branger, Mme Paulette Brisepierre, M. Ernest Cartigny, Mme Monique Cerisier-ben Guiga, MM. Paul Dubrule, Hubert Durand-Chastel, Mme Josette Durrieu, MM. Claude Estier, Jean Faure, Philippe François, Jean François-Poncet, Philippe de Gaulle, Mme Jacqueline Gourault, MM. Christian de La Malène, René-Georges Laurin, Louis Le Pensec, Mme Hélène Luc, MM. Philippe Madrelle, Serge Mathieu, Pierre Mauroy, Louis Mermaz, Mme Lucette Michaux-Chevry, MM. Louis Moinard, Jacques Peyrat, Xavier Pintat, Jean-Pierre Plancade, Bernard Plasait, Jean Puech, Yves Rispat, Roger Romani, Henri Torre, Xavier de Villepin, Serge Vinçon.
Voir les numéros :
Assemblée nationale ( 12 ème législ.) : 1093 , 1110 à 1115 et T.A. 195
Sénat : 72 et 73 (annexe n° 1 ) (2003-2004)
Lois de finances . |
INTRODUCTION
Mesdames, Messieurs,
La « diplomatie d'influence » pratiquée par la France grâce au rayonnement de sa culture ne peut se quantifier de manière exacte.
Heureusement ! Car le Projet de Loi de Finances (PLF) pour 2004, tout comme l'exécution de la Loi de Finances de 2003, ne sont guère favorables à notre action culturelle extérieure.
Les crédits supplémentaires attribués à la Direction Générale de la Coopération internationale et du développement (DGCID) en 2004 sont, en effet, exclusivement dévolus à l'amélioration de l'Aide publique au développement et, plus modestement, à la Francophonie. Ces deux actions ont leur légitimité, et leur renforcement est salutaire.
En revanche, la nécessaire restructuration d'un réseau culturel trop étendu pour les moyens que notre pays souhaite y affecter se fait attendre. Par ailleurs, l'insuffisante dotation budgétaire allouée à l'Agence pour l'Enseignement Français à l'Etranger (AEFE) suscite des interrogations sur la cohérence de son réseau d'établissements.
Mais d'autres éléments présentent des évolutions positives : ainsi, l'extension des audiences respective de RFI et de TV5 Monde est une bonne nouvelle. Il reste à déterminer la place qu'occupera dans ce dispositif la future chaîne d'information internationale.
Les étudiants étrangers reviennent en France, alors que peu est fait, en terme pratique (logement, notamment), pour les y accueillir. Et, surtout, notre pays dispose à l'étranger de nombreux relais qui sont mal connus dans notre pays : anciens boursiers, bi-nationaux, présidents d'Alliance française...
Ce rapport évoque leurs actions très diverses, qui concourent toutes à un rayonnement français qui doit nécessairement accompagner une diplomatie se fondant sur le multilatéralisme.
I. LE FINANCEMENT DE L'ACTION CULTURELLE EXTÉRIEURE EST GLOBALEMENT STABLE
A. D'IMPORTANTES RESTRICTIONS ONT MARQUÉ L'EXÉCUTION DU BUDGET EN 2003
L'ensemble des crédits consacrés par les différents ministères à l'action culturelle extérieure régresse optiquement de 1,37 million d'euros de 2003 à 2004, en passant de 1,366 milliard d'euros en LFI 2003 à 1,365 inscrit au PLF 2004, soit - 0,1 %.
Cependant, cette évolution globale n'est qu'indicative, pour une double raison : d'une part, le total des dépenses agrège, non des dépenses effectives, mais le coût de projets déclarés par les différents ministères, d'autre part, la loi de finances exécutée en 2003 diffère sensiblement de la LFI , votée fin 2002 , du fait des opérations de gels et de régulation qui ont particulièrement affecté le ministère des affaires étrangères.
Les crédits alloués à l'action culturelle en LFI 2003 et en PLF 2004 sont les suivants :
EVOLUTION DE 2003 À 2004 DES CRÉDITS D'ACTION CULTURELLE DES DIFFÉRENTES SECTIONS BUDGÉTAIRES
crédits exprimés en M€
BUDGET GÉNÉRAL
|
ACTION CULTURELLE
|
ACTION CULTURELLE
|
A - Dépenses civiles |
||
Affaires étrangères |
1 108,16 |
1 100,02 |
Culture et communication |
31,64 |
31,48 |
Economie, finances et industrie |
0,00 |
0,00 |
Education nationale |
115,51 |
118,91 |
Emploi et solidarité |
0,00 |
0,00 |
Equipement, transports et logement |
44,79 |
46,40 |
Intérieur et décentralisation |
0,00 |
0,00 |
Jeunesse et sports |
1,56 |
1,99 |
Totaux dépenses civiles |
1 301,66 |
0,00 |
B - Défense (services à l'étranger) |
1 298,80 |
|
Totaux comptes spéciaux du Trésor |
64,95 |
66,44 |
Total général |
1 366,61 |
1 365,24 |
Quant aux crédits du ministère des Affaires étrangères proprement dits, consacrés à l'action culturelle extérieure, ils baissent, sous les mêmes réserves, de 1,108 milliard d'euros en 2003 à 1,1 en 2004, soit une baisse de 0,74 %, en diminution de 8,14 millions d'euros. L'évolution effective doit être cependant appréciée au regard des nombreuses amputations qui ont affecté l'exécution budgétaire en 2003, particulièrement dans le périmètre de la DGCID (Direction générale de la coopération internationale et du développement). Cette direction présente ainsi son évolution budgétaire durant l'année 2003 :
Le dispositif de la régulation budgétaire par le gouvernement, a été mis en place dès mars 2003. Il s'articule autour de deux réserves, l'une de précaution appliquée aux crédits concourant à l'aide publique au développement, l'une réserve d'innovation appliquée aux autres crédits, et dont une partie a fait l'objet d'un arrêté d'annulation le 14 mars 2003.
La régulation s'est traduite sur les crédits de la DGCID, pour les principaux crédits affectés à l'action culturelle, par :
- une annulation de 15,70 M€ par arrêté du 14 mars (dont 11,23 M€ sur le chapitre 42-15 « coopération internationale et développement »),
- une mise en réserve de 8,89 M€ (dont 7,32 M€ sur le chapitre 42-15 et 1,39 M€ sur celui des opérateurs audiovisuels).
Ces gels ou annulations ont imposé à la DGCID de revoir l'ensemble de la programmation de l'administration centrale et des postes. Elle a ainsi procédé à un abattement de 18 % sur les crédits programmés en titre IV hors assistance technique, hors bourses et hors rémunération des personnels des Alliances françaises. La réduction de 18 % s'applique notamment aux :
- stages de courte durée,
- subventions et commandes aux opérateurs et autres organismes,
- subventions aux établissements à autonomie financière (Centres culturels, instituts ...) et Alliances françaises,
- invitations,
- crédits délégués et déconcentrés.
En outre, les crédits de reports ouverts en 2003 au titre de la gestion 2002, par arrêtés du 12 mars pour les dépenses en capital, et du 17 avril pour les dépenses ordinaires, ont également fait l'objet d'un gel, ce qui a conduit à un report de charges sur 2003 de près de 22 M€ sur le chapitre 42-15 . La DGCID a dû chercher des économies sur des actions jusqu'ici épargnées : bourses de longue durée, et l'assistance technique, pour laquelle l'économie a été obtenue sans rupture de contrats. Le ministère n'a donc pas pourvu à la rentée de septembre 2003 plus de 400 postes dont la création venait d'être décidée, ou qui faisaient l'objet d'un renouvellement. Les experts dont l'affectation a ainsi été suspendue devraient être affectés en janvier 2004.
Enfin, l'effet change-prix a été plutôt favorable cette année et n'a pas eu de conséquence négative sur l'exécution budgétaire des crédits de la DGCID.
L'impact de ces régulations est récapitulé dans les tableaux suivants :
VENTILATION DES CRÉDITS DGCID PAR SECTEURS
(année 2003)
Crédits de coopération internationale et
développement
Dépenses ordinaires Titres III et
IV
*(Crédits géographisés et crédits
centraux)
Après régulation
budgétaire
montants en milliers d'euros
Direction |
Secteur |
Titre IV Crédits d'intervention |
Titre III dont EAF et AEFE |
Total |
Régulation |
Définitif |
1)
Opérateurs de l'action audiovisuelle |
165 000 |
165 000 |
5 180 |
159 820 |
|||
DATC |
Cinéma et coopération culturelle |
18 143 |
18 143 |
2 589 |
15 554 |
||
DATC |
Nouvelles technologies de l'information |
892 |
892 |
195 |
697 |
||
Total DATC |
184 035 |
0 |
184 035 |
7 934 |
176 071 |
2)
AEFE |
338 115 |
338 115 |
338 115 |
||||
DCCF |
Personnels Alliances françaises |
28 239 |
28 239 |
28 239 |
|||
DCCF |
Coopération culturelle et artistique |
67 902 |
44 228 |
112 130 |
9 048 |
103 082 |
|
DCCF |
DCCF |
53 959 |
53 959 |
2 547 |
51 412 |
||
Total DCCF |
150 099 |
382 343 |
532 442 |
11 594 |
520 848 |
3)
Développement. économique et environnement |
49 763 |
49 763 |
6 740 |
43 023 |
||
DDCT |
Développement social et coopération éducative |
74 997 |
74 997 |
6 382 |
68 615 |
|
DDCT |
Coopération institutionnelle |
47 201 |
47 201 |
8 286 |
38 915 |
|
DDCT |
Appuis financiers et études économiques |
14 339 |
14 339 |
2 865 |
11 474 |
|
Total DDCT |
186 299 |
0 |
186 299 |
24 272 |
162 027 |
VENTILATION DES CRÉDITS DGCID PAR SECTEURS
(année 2003)
Crédits de coopération internationale et
développement
Dépenses ordinaires Titres III et
IV
*(Crédits géographisés et crédits
centraux)
Après régulation
budgétaire
montants en milliers d'euros
Direction |
Secteur |
Titre IV Crédits d'intervention |
Titre III dont EAF et AEFE |
Total |
Régulation |
Définitif |
4)
Coopération universitaire et scientifique |
99 435 |
99 435 |
1 753 |
97 682 |
||
DSUR |
Recherche |
54 957 |
7 013 |
61 970 |
6 765 |
55 205 |
Total DSUR |
154 392 |
7 013 |
161 405 |
8 518 |
152 887 |
|
SME |
Communication |
1 997 |
1 997 |
105 |
1 892 |
|
SME |
Evaluation/études |
462 |
462 |
462 |
||
SME |
Multilatéral |
10 352 |
10 352 |
2 591 |
7 761 |
|
SME |
Interdirections et non ventilé |
7 774 |
7 774 |
13 |
7 761 |
|
Total SME |
18 126 |
2 459 |
20 585 |
2 709 |
17 876 |
|
CNG |
Coopération non gouvernementale |
34 146 |
34 146 |
4 200 |
29 946 |
|
TOTAL |
727 096 |
391 815 |
1 118 911 |
59 256 |
1 059 655 |