3. Malgré une érosion des performances à l'exportation
Représentant 36,1 milliards d'euros , les exportations agroalimentaires françaises ont diminué de 2,9 % en 2001 (-1,1 milliard d'euros) par rapport à leur niveau de 2000, alors que les importations progressaient de 2,6 % (+0,7 milliard d'euros).
De fait, le solde du commerce extérieur s'est dégradé , passant de 9,3 milliards d'euros en 2000 à 7,5 milliards d'euros en 2001 . Cette dégradation a autant concerné le solde des produits agricoles, qui diminue de 1,2 milliard d'euros, que celui des produits des industries agroalimentaires, qui baisse de 0,6 milliard d'euros.
Les principaux soldes excédentaires en 2001 concernent le secteur des vins et spiritueux (6,53 milliards d'euros), le secteur des céréales (3,37 milliards d'euros) et celui des produits laitiers (2,06 milliards d'euros).
Les principaux soldes déficitaires sont enregistrés dans le secteur des poissons, mollusques et crustacés (-1,73 milliard d'euros), dans le secteur du tabac (-1,16 milliard d'euros) et dans celui des tourteaux de sojas (-1,21 milliard d'euros).
Le recul du solde du commerce agro-alimentaire français en 2001 s'explique notamment par :
- la fermeture des marchés tiers aux exportations françaises de viande, en conséquence des crises sanitaires (ESB, fièvre aphteuse) ;
- l'interdiction, fin 2000, d'utiliser les farines et les graisses d'origine animale dans l'alimentation animale, qui a accru le déficit en protéines de la France et entraîné un développement des importations de soja (tourteaux et fèves) ;
- des récoles moins importantes en céréales et oléoprotéagineux, qui ont diminué le potentiel exportable ;
- la baisse en valeur des exportations de vins, de champagne et d'alcools ;
- une nette dégradation du solde des échanges de préparations à base de produits de la mer consécutive au mouvement de délocalisation de la production et à l'augmentation de la consommation de produits de la mer ;
- une importante hausse des importations de cigarettes.
Ces résultats inquiétants sont toutefois tempérés par une reprise des exportations et un accroissement de l'excédent commercial sur les six premiers mois de l'année 2002.
Il n'en reste pas moins que les parts de marchés de la France dans les ventes de produits agroalimentaires connaissent une lente érosion. Les dernières statistiques publiées par le Centre français du Commerce extérieur (CFCE) font état d'un recul de 0,9 % sur le marché mondial entre 1990 et 2000, les ventes françaises passant de 5,9 à 5 % des exportations agroalimentaires, alors que, dans le même temps, le commerce mondial progressait de 75 %.
Il en est de même pour le marché européen , sur lequel les échanges agroalimentaires ont augmenté de 57% au cours de cette même période, tandis que les parts de marché de la France décroissaient de 21,9 % à 18,6 %, soit une diminution de plus de trois points .
Ce recul des performances françaises à l'exportation a été au coeur des débats qui se sont tenus lors du dernier Salon international de l'alimentation (SIAL) en octobre dernier . Plusieurs facteurs explicatifs ont été avancés, en particulier l'insuffisante analyse de la demande des marchés cibles, la dispersion de l'offre ou encore l'effacement de l'image gastronomique de la France.
A cet égard, il est indispensable d'engager une relance de la promotion de l'image de la culture alimentaire française . C'est notamment ce que suggère M. Dominique Chardon, Président de la SOPEXA dans un rapport 1 ( * ) publié récemment. Il s'agirait, par exemple, d'organiser à l'étranger des événements gastronomiques dans lesquels la France serait à l'honneur, ou encore de créer un label « France » destiné à être apposé sur les produits alimentaires français exportés.
Plus largement, le dispositif français de soutien aux exportations agroalimentaires doit être renforcé. Dans cette optique, il importe que les réflexions entamées par le Conseil supérieur des exportations agroalimentaires (CSEAA), mis en place l'année dernière, et qui se penche actuellement sur ce dossier, aboutissent rapidement. Il conviendra notamment de soutenir davantage les PME, qui disposent de peu de moyens à consacrer à l'exploration commerciale des marchés d'exportation.
* 1 La promotion de la culture alimentaire française : un enjeu économique et politique pour la France, par M. Dominique Chardon, Président de la SOPEXA, 16 juillet 2002.