C. LA GUYANE : LA FRAGILITÉ DU DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE

En 2001, l'évolution des principaux indicateurs macroéconomiques est restée plutôt favorable, mais les différents secteurs d'activité ont connu des progressions contrastées. Si la consommation des ménages s'est globalement maintenue en 2001, les enquêtes de conjoncture montrent néanmoins un net tassement à compter du second semestre.

1. Des évolutions contrastées selon les secteurs d'activité

En 2001, l'activité du centre spatial guyanais s'est inscrite en baisse avec seulement 8 tirs réalisés pour 11 satellites mis en orbite, dans un contexte international de ralentissement des activités de transport spatial commercial. En outre, l'activité a été marquée par l'échec partiel du vol 142 le 12 juillet 2001, qui a entraîné la suspension de l'exploitation d'Ariane 5 et la mise en place d'un plan d'actions pour requalifier ce lancement. Enfin, des retards importants dans la livraison des satellites ont à nouveau marqué l'activité de transport spatial.

Le chiffre d'affaires d'Arianespace devrait s'inscrire en baisse en 2001, et la société pourrait enregistrer de nouvelles pertes, après un résultat négatif en 2000.

En revanche, l'activité commerciale d'Arianespace s'est maintenue à un niveau satisfaisant en 2001, la société obtenant 13 contrats commerciaux sur 25 offres de lancement mises sur le marché. Au 31 décembre 2001, son carnet de commandes totalisait 50 services de lancement, représentant plus de trois ans d'activité.

L'exploitation aurifère est réglementée par la loi n° 98-297 du 21 avril 1998 qui adapte le code minier aux DOM et dont les premiers décrets d'application ont été publiés en 2001. L'exploitation est subordonnée à l'obtention d'un titre minier spécifique et la concession perpétuelle est remplacée par une concession d'une durée de cinquante ans.

La production d'or est estimée à 3,1 tonnes en 2001, en progression de 11 % environ, ce qui situe la Guyane aux environs du 50 ème rang mondial et les exportations se sont élevées à 82,8 millions d'euros en 2001, en progression de 37 %.

En dépit de ces résultats positifs, l'environnement reste peu favorable à l'activité des orpailleurs guyanais compte tenu des difficultés d'accès aux zones aurifères, de l'importance du travail clandestin, du développement de l'insécurité sur les chantiers d'orpaillage et de l'impact de cette activité sur la santé et l'environnement. Un comité interministériel de suivi du secteur a été mis en place par le secrétariat d'Etat à l'outre-mer.

Les perspectives de redressement des cours en 2002 devraient encourager l'exploration minière et permettre le démarrage de l'exploitation industrielle de nouveaux gisements d'or primaire.

Pour la troisième année consécutive, la pêche qui constitue la troisième activité exportatrice du département, après le secteur spatial et l'activité aurifère, enregistre une diminution des prises et des exportations tant pour les crevettes que pour les vivaneaux. Les pêcheurs dénoncent la surveillance insuffisante de la zone économique exclusive ainsi que la vétusté des installations de débarquement.

Les exportations de crevettes ont reculé de 1,4 % en volume et de 9,9 % en valeur en 2001. Face aux difficultés en découlant pour la pêche crevettière, deux enveloppes ont été débloquées par les pouvoirs publics pour l'octroi de prêts bonifiés et de subventions.

En outre, le secteur de la pêche constitue l'un des objectifs prioritaires du contrat de plan Etat-région sur la période 2000-2006 et environ 17 millions d'euros sont affectés par le DOCUP pour l'amélioration de la flottille, l'équipement des ports de pêche et la valorisation des produits de la mer, dont 7,6 millions d'euros de crédits communautaires.

Après plusieurs années très décevantes, la filière riz enregistre une nette progression de la production (+ 60,8 % par rapport à 2000), en raison de meilleures conditions climatiques et des progrès réalisés dans les techniques de production.

Sur les 31.544 tonnes, la Guyane en exporte 11.480 tonnes, et en 2001, les exportations s'inscrivent à la hausse, tant en volume qu'en valeur. Le marché antillais, notamment la Guadeloupe, est un marché privilégié, mais on constate également une diversification des clients avec des exportations vers la Colombie, le Brésil, l'Espagne et les Pays-Bas.

La forêt dense humide équatoriale s'étend sur 7,5 millions d'hectares, soit 90 % du département, et elle est gérée par l'Office national des forêts. La France s'est engagée à gérer cette forêt équatoriale dans le respect des principes du développement durable fixés par la Conférence de Rio en 1992.

A l'heure actuelle, la filière bois reste très peu développée et ne représente qu'environ 500 emplois : 70 à l'ONF, 160 dans la première transformation et 280 dans la seconde transformation. En 2001, une réflexion concertée, et pilotée par la Chambre de commerce et d'industrie de la Guyane et la Chambre des métiers, a débouché sur un projet de « plan de développement concerté » concernant la filière bois. La production du secteur forestier a connu de fortes variations depuis vingt ans : après avoir atteint 120.000 m 3 en 1981, la production s'est élevée à 57.279 m 3 de grumes, prélevés sur une surface d'environ 12.000 ha.

La filière bois est exclusivement orientée vers la production de bois d'oeuvre (charpente, menuiserie et ébénisterie), et les exportations ont progressé en 2001 tant en volume qu'en valeur.

En 2001, l'activité touristique s'est orientée à la baisse en raison du ralentissement des activités spatiales, dont elle dépend principalement, mais aussi en raison de l'arrêt de la desserte par AOM et du développement du sentiment d'insécurité. En outre, les communes isolées de l'intérieur restent très irrégulièrement desservies, ce qui constitue un frein à l'offre de circuits et au développement des hébergements en forêt.

Dans le cadre du contrat de plan, le tourisme a été identifié comme une filière à privilégier pour le développement durable de la Guyane.

2. Une évolution de la situation sociale contrastée

Le recul du chômage amorcé depuis 1999 s'est poursuivi en 2001. Ainsi, le nombre de demandeurs d'emplois s'établit à 11.251 au 31 décembre 2001, soit une diminution de 3,8 % et l'indicateur de chômage est ramené à 18 % contre 18,7 % en 2000, grâce aux politiques actives menées en faveur de l'emploi.

Néanmoins, le nombre d'allocataires du RMI a progressé de 12,7 % pour s'établir à 10.192 personnes, soit 16,3 % de la population active .

3. Une nouvelle dégradation du déficit commercial

En s'établissant à 510,5 millions d'euros, le déficit commercial s'est amplifié en 2001 en progressant de 2,9 %. Le taux de couverture (hors activité spatiale) s'est néanmoins amélioré en s'élevant à 20,5 %.

En millions d'euros

1999

2000

2001

Variations 2001/2000

Importations globales

520,23

618,96

642,23

+ 3,8 %

Exportations globales

105,76

123,07

131,78

+ 7,1 %

Balance commerciale globale

- 414,47

- 495,89

- 510,45

+ 2,9 %

Taux de couverture hors activité spatiale

20,3 %

19,9 %

20,5 %

+ 0,6 %

Source : Direction générale des douanes

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