3. Le baccalauréat professionnel : un diplôme en devenir
a) L'évolution différenciée des baccalauréats
On rappellera que le nombre total de bacheliers a plus que doublé en vingt ans, passant de 226 000 à la session 1980 à près de 517 000 à la session 2000. En 2001, il est dénombré 259 000 lauréats d'une série générale, 148 000 d'une série technologique et 92 000 d'une série professionnelle.
Le baccalauréat professionnel, créé en 1987, a connu pour sa part un développement rapide qui s'est poursuivi à un rythme important (8 % en 1999 et 5 % en 2000) avant de se stabiliser en 2001. La progression du baccalauréat général a été plus heurtée : après une faible hausse entre 1980 et 1987, on assiste à un véritable envol entre 1987 et 1991. La dernière période contraste avec la précédente puisque le nombre de bacheliers généraux, après être passé par un maximum en 1995, est, en 2001, équivalent à celui de 1991.
Ces évolutions différenciées des baccalauréats aboutissent à ce que, en 2001, sur 1 000 bacheliers, 519 le sont dans une série générale, 296 dans une série technologique et 185 dans une série professionnelle. En 1990, si la part des séries technologiques était équivalente à celle d'aujourd'hui, les proportions respectives des séries générales et professionnelles étaient fort différentes (644 et 63).
ÉVOLUTION DES EFFECTIFS DE BACHELIERS PROFESSIONNELS PRÉSENTÉS ET ADMIS |
||||||||||||
1990 |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
|
Présentés |
33 095 |
47 344 |
60 664 |
73 173 |
82 946 |
92 346 |
92 270 |
96 966 |
106 397 |
113 630 |
117 019 |
119 424 |
Admis |
24 602 |
35 132 |
46 112 |
52 537 |
61 465 |
67 096 |
72 156 |
76 726 |
81 573 |
88 296 |
92 617 |
92 499 |
Taux de réussite ( %) |
74,3 |
74,2 |
76 |
71,8 |
74,1 |
72,7 |
78,2 |
79,1 |
76,7 |
77,7 |
79,1 |
77,5 |
A la session de juin 2002, 88 500 baccalauréats professionnels ont été délivrés, soit une progression de 900 bacheliers par rapport à la session de juin 2001, alors que le nombre de candidats a progressé de 2 200. Le taux de réussite est moins élevé que l'an dernier (77,2 % contre 77,9 %), ce repli se retrouvant aussi bien dans les domaines de la production ou des services que dans celui de la production agricole. Tous types de baccalauréats confondus, la session de juin 2000 avait connu le taux de réussite le plus élevé des trente dernières années, dépassant celui enregistré en 1998. A la session de juin 2001, le taux global de réussite était en repli (78,8 % contre 79,5 % en 2000) et il est resté stable, à 78,8 % en juin 2002.
BACCALAURÉAT PROFESSIONNEL - RÉSULTATS DES SESSIONS DE JUIN 2001 ET 2002
Juin 2001 |
Juin 2002 |
|||||
Production |
Services |
Total |
Production |
Services |
Total |
|
Présentés |
52 581 |
59 860 |
112 441 |
53 575 |
61 041 |
114 616 |
Admis |
40 899 |
46 718 |
87 617 |
41 103 |
47 401 |
88 504 |
Taux de réussite ( %) |
77,8 |
78 |
77,9 |
76,7 |
77,7 |
77,2 |
b) La répartition des spécialités du baccalauréat professionnel : la prédominance des services
A la session 2001, plus de la moitié des bacheliers professionnels (53,7 %) sont issus d'une série relevant du domaine technico-professionnel des services, la comptabilité, le secrétariat et le commerce étant les groupes de spécialités les plus fréquemment choisis.
La prédominance des services a tendance à se réduire : ce domaine regroupait plus de 60 % des admis à la session 1997. Le domaine technico-professionnel de la production offre un éventail de séries beaucoup plus large : près de six bacheliers professionnels sur dix optent pour les spécialités de la mécanique, de l'électricité ou de l'électronique ; les baccalauréats agricoles accueillent 18 % des bacheliers professionnels du domaine de la production et 8 % de l'ensemble des bacheliers professionnels.
c) Les résultats des bacheliers professionnesl en ZEP
A la session 2001, sur les 460 641 candidats scolarisés dans un lycée public, moins de 3 %, soit 13 348, provenaient d'un établissement classé en ZEP. En effet, le classement en ZEP est plus rare pour les lycées que pour les collèges, même s'il est un peu plus fréquent pour les lycées professionnels : sur 2 969 lycées (dont 1 139 lycées professionnels) qui ont présenté des candidats au baccalauréat 2001, seulement 141 (dont 97 lycées professionnels) appartiennent à une ZEP.
La répartition par type de baccalauréat des élèves présentés issus d'une ZEP est très différente de celle de l'ensemble des candidats : plus de 41 % d'entre eux ont opté pour un baccalauréat professionnel contre 18 % de l'ensemble des candidats. En revanche, les séries générales sont nettement moins bien représentées parmi les élèves de ZEP (28,3 % contre 51,3 % pour l'ensemble des candidats). Si, globalement, les élèves de ZEP présentent le baccalauréat technologique dans la même proportion que l'ensemble des candidats, ils choisissent plus souvent la série sciences et technologies industrielles, au détriment de la série sciences et technologies tertiaires.
Près des trois quarts des candidats au baccalauréat originaires d'une ZEP sont concentrés dans les académies de Versailles (44 %), Aix-Marseille (14 %), Créteil (8 %), Rouen (8 %). La prédominance de l'académie de Versailles est nette pour les séries générales et technologiques (respectivement 55 % et 62 %), elle l'est moins pour le baccalauréat professionnel (23 %). Outre les académies déjà citées, Bordeaux est en troisième position pour les séries générales, Lyon au troisième rang pour les séries professionnelles.
Globalement, 9 262 inscrits en terminale dans un lycée classé en ZEP ont été admis au baccalauréat à la session 2001 (soit 1,9 % de l'ensemble des bacheliers), 366 ont obtenu une mention « bien » (soit 1,1 % de l'ensemble des mentions « bien ») et 22 une mention « très bien » (soit 0,4 % de l'ensemble des mentions « très bien »). Sur l'ensemble des admis au baccalauréat en ZEP, 41 % ont obtenu un baccalauréat professionnel, 31 % un baccalauréat technologique et 28 % un baccalauréat général.
Toutes séries confondues, le taux de succès au baccalauréat des élèves issus d'une ZEP s'établit à 69,4 % ; il est inférieur de 9,2 points au taux de réussite de l'ensemble des candidats. Quelle que soit la série considérée, la réussite des candidats scolarisés dans un lycée classé en ZEP est moindre que celle de l'ensemble des candidats. Les écarts sont plus importants pour le baccalauréat général (- 11,7 points) que pour les baccalauréats technologique (- 8,6 points) et professionnel (- 7 points). La moindre réussite des candidats scolarisés en ZEP s'explique en partie par leurs caractéristiques socio-démographiques. En effet, les élèves présentés au baccalauréat en provenance d'une ZEP sont moins souvent issus d'une catégorie sociale « favorisée » que l'ensemble des présentés et ils sont également plus âgés.
d) Le projet de création d'un baccalauréat professionnel sanitaire et social
La question de la poursuite d'études des élèves de BEP carrières sanitaires et sociales et de la création d'un baccalauréat professionnel sanitaire et social a été abordée le 8 février 2002 lors de la réunion de la 20 e Commission professionnelle consultative.
Les contacts pris en 2001 avec la direction de l'hospitalisation ont permis d'obtenir un agrément pour des ouvertures des sections en lycées professionnels, sous forme de formations complémentaires d'initiative locale. Cet accord porte sur des sections fonctionnant de manière identique à celles du ministère chargé de la santé (conditions d'ouverture, direction par un cadre hospitalier, qualification des enseignants, programme et horaires des enseignements, concours d'entrée pour les élèves). Une circulaire commune direction de l'hospitalisation/direction générale de la santé a été adressée en ce sens aux directions régionales de l'action sanitaire et sociale. Le ministère de l'éducation nationale a traité ce point dans la circulaire de rentrée 2002 adressée aux recteurs d'académie.
La CPC a également abordé le versant social de cette filière, où des demandes de création de certification de niveau IV ont été présentées. D'une part, des annonces ont été faites par le secrétariat d'état au logement sur le développement d'emplois de gardiennage dans le secteur de l'habitat social. Par ailleurs, l'Union des fédérations d'organismes d'HLM souhaite mettre en place des emplois de gardiennage et de gestion, car un nouveau besoin de gestion de proximité de l'habitat apparaît à côté du métier traditionnel de gardien d'immeuble, pour lequel il existe un CAP. Une certification de niveau IV permettrait de répondre à cette évolution, et de reconnaître les qualifications par la validation des acquis de l'expérience.
La délégation interministérielle à la ville mène par ailleurs une réflexion, en liaison avec la direction générale des collectivités locales, sur l'émergence d'emplois de la ville et de la médiation sociale. Il s'agit, dans le cadre de la politique de la ville, d'étudier les missions nouvelles de médiation sociale, pour la prévention et la gestion des conflits, et la gestion urbaine de proximité.
Jusqu'à présent, le ministère de l'éducation nationale n'a mis en place ni préparation ni diplôme sur ce secteur interministériel, et a recouru aux certifications offertes par les autres départements ministériels, car l'analyse des emplois et des éventuelles poursuites d'études d'élèves s'engageant dans cette voie a montré le peu de débouchés ouverts aux élèves, qui s'orientent le plus souvent vers des professions réglementées ne prenant pas en compte ce niveau de diplôme.
Il a cependant été décidé de mettre en place un groupe de travail exploratoire, rassemblant notamment l'Union nationale de fédérations des organismes d'HLM, la Délégation interministérielle à la ville, la Délégation générale à l'emploi et à la formation professionnelle, la Direction générale de l'action sociale, le ministère des sports et la direction générale des collectivités locales. Ce groupe a pour mission d'étudier les conditions de création d'un diplôme post-BEP carrières sanitaires et sociales, cosigné par la direction générale des affaires sociales et le ministère de l'éducation nationale.
Une des hypothèses à envisager par le groupe de travail sera la reconnaissance dans les concours de la DGCL de modules de certification de niveau IV attestés par ce nouveau diplôme. Par ailleurs, il serait souhaitable, dans le cadre du répertoire national des formations, qu'existe une reconnaissance mutuelle entre ce nouveau diplôme et ceux des autres ministères certificateurs. Enfin, le ministère de l'éducation nationale devrait veiller à limiter dans un premier temps les ouvertures de sections, afin de ne pas déséquilibrer ce secteur par des flux trop importants.
e) L'orientation des bacheliers professionnels vers les STS
Le baccalauréat professionnel a d'abord vocation à préparer les jeunes à une insertion professionnelle immédiate.
Toutefois, au vu du dossier scolaire, des capacités et de la motivation d'un certain nombre de candidats, une poursuite d'étude peut être envisagée. Dans ce cas, si l'université demeure une voie qui très souvent ne favorise pas la réussite de ce profil de bachelier, l'orientation en section de technicien supérieur, pour préparer en deux années un brevet de technicien supérieur dans le même domaine de spécialité que le baccalauréat professionnel, peut être mieux appropriée.
Des dispositifs d'adaptation destinés aux bacheliers professionnels sont d'ores et déjà mis en place en première année de section de technicien supérieur.
f) La préparation en trois ans au baccalauréat professionnel
(1) Un dispositif expérimental controversé
La convention générale de coopération, signée le 13 décembre 2000 par le ministère chargé de l'éducation nationale et l'UIMM, prévoit la mise en place d'expérimentations « de parcours diversifiés pour tous les diplômes relevant des spécialités de la troisième commission professionnelle consultative (CPC), et notamment les baccalauréats professionnels ». Dans ce cadre, il a été décidé d'initier une expérimentation de préparation directe d'un baccalauréat professionnel en trois ans après la classe de troisième de collège, sans passer par un BEP ou un CAP, qui sont actuellement les diplômes requis pour que les élèves et les apprentis puissent s'inscrire au « bac pro ».
(2) Ses caractéristiques
Ce dispositif fait l'objet d'un partenariat entre l'UIMM et les services du ministère de l'éducation nationale qui ont élaboré un document de cadrage fixant les modalités de sa mise en oeuvre, de son suivi et de son évaluation.
Ces formations peuvent être offertes soit dans des CFA de l'industrie, soit dans des CFA ou des sections d'apprentissage gérés par des EPLE, soit dans des lycées professionnels publics ou privés sous contrat. Leur ouverture est subordonnée à l'accord du conseil régional, après avis du recteur.
Elles s'adressent à des jeunes désireux de préparer un baccalauréat professionnel du secteur de l'industrie dans des délais identiques à ceux nécessaires à l'obtention d'un baccalauréat général ou technologique. Elles visent donc à attirer des élèves qui seraient tentés de se détourner de la voie professionnelle compte tenu de la durée des études qui y sont proposées. A l'inverse, elles ne sauraient répondre au souhait, exprimé par nombre d'élèves et d'apprentis, d'avoir un parcours de formation jalonné par des étapes sanctionnées par l'obtention de diplômes successifs (BEP ou CAP en deux ans, puis baccalauréat professionnel en deux ans), permettant ainsi une insertion professionnelle à différents moments et à différents niveaux de qualification.
Cette expérimentation n'a donc pas vocation à remplacer l'organisation actuelle des enseignements professionnels, mais plutôt à l'enrichir en offrant un parcours complémentaire des autres cursus de formation.
(3) L'avenir du dispositif
A la rentrée 2001, neuf formations de ce type ont été ouvertes, trois dans des lycées professionnels, les autres dans des CFA de l'industrie. Ce chiffre modeste est lié principalement à la décision tardive de mise en place de l'expérimentation et à la volonté des partenaires de n'ouvrir que les sections offrant toutes les garanties en matière de recrutement et d'organisation pédagogique.
Début juillet 2002, les rectorats avaient répertorié une vingtaine d'ouvertures en lycée professionnel et un nombre identique dans les CFA de l'industrie. Des demandes d'ouverture étant encore à l'étude dans les services académiques et régionaux, le nombre réel de sections à la rentrée 2002 devait donc être supérieur à ce nombre.
Si le ministère considère que ces parcours ne dispensent pas de passer le BEP durant les trois années, il faut indiquer que certains syndicats, très critiques à l'égard de cette expérimentation, affirment le contraire et estiment que l'UIMM a réussi à imposer ses options très libérales au ministère de l'éducation nationale.