2. Une insatisfaction générale
Toutefois, le respect des engagements n'a pas pour autant dissipé le sentiment général d'insatisfaction.
a) Le point de vue de La Poste
Ce sentiment d'insatisfaction concerne en premier lieu La Poste elle-même. En effet, en dépit du gain de productivité, sa contribution nette demeure encore largement déficitaire. Le coût de la distribution resté à sa charge se serait ainsi élevé à 482 millions d'euros en 2001. Ce chiffre permet à l'entreprise publique d'affirmer que « le dispositif tripartite n'a toujours pas permis de trouver le point d'équilibre qui permettrait à La Poste d'assurer une couverture satisfaisante de ses coûts ».
b) Le point de vue de la Presse
Les éditeurs refusent aussi de se satisfaire de la situation actuelle. Les reproches qu'ils adressent à La Poste sont de diverses natures.
Sans dénigrer certains aspects positifs de la nouvelle grille, ils regrettent le sort qu'elle réserve aux journaux les plus légers (inférieurs à 100 grammes), qui, pour certains d'entre eux, ont vu leurs tarifs d'abonnement progresser de 600 ou 700 %.
De même, ils dénoncent l'insuffisante qualité du service proposé par l'opérateur public. La situation des hebdomadaires urgents, distribués dans des délais difficilement tolérables, reste ainsi préoccupante.
Si les éditeurs se focalisent parfois sur quelques exemples précis, c'est cependant un sentiment plus diffus qui motive leur mécontentement. L'impression d'avoir supporté l'essentiel des sacrifices par l'intermédiaire d'une hausse brutale des tarifs postaux sans aucune contrepartie est d'autant plus durement ressentie que le marché publicitaire ne montre aucun signe de reprise.
3. Vers une remise en cause de l'aide postale ?
La Poste et les éditeurs sont au moins d'accord sur un point : le statu quo est difficilement acceptable. Mais les solutions envisagées pour sortir de cette impasse et refonder le système de distribution postale sont radicalement opposées.
a) La Poste : recentrer son activité sur les segments de marché concurrentiels
La Poste, tout en affirmant haut et fort son souhait d'honorer pleinement sa mission d'opérateur du service universel, semble désireuse de se recentrer sur les segments de marché concurrentiels et d'établir des relations contractuelles avec ses clients presse.
b) Les éditeurs : tirer toutes les conséquences du processus de contractualisation
Les éditeurs, quand à eux, réclament l'amélioration de la qualité du service au nom des engagements pris par chacune des parties. Selon eux, la logique de contractualisation des rapports Presse-Poste passe par la mise en cause de la responsabilité de l'opérateur public en cas de défaillance du service. A l'obligation de moyens doit se substituer progressivement une obligation de résultat, contractuellement sanctionnée.
c) Une gageure : déterminer le juste prix de la distribution postale
La question du juste prix de la distribution postale reste cruciale. Or, alors que La Poste semble supporter de moins en moins la charge que représente le transport de la presse qui, selon ses dires, grèverait lourdement son compte d'exploitation en dépit de l'aide accordée par l'Etat, les éditeurs se sont d'ores et déjà déclarés opposés à une hausse du niveau général des tarifs.
C'est donc dans un climat tendu que s'engage la renégociation des accords Galmot.
d) Des éditeurs à la recherche de solutions alternatives
Devançant l'issue de ces négociations, certains éditeurs ont choisi de réfléchir sur la mise en place de solutions alternatives au transport postal des titres de presse. Pour la plupart d'entre eux, c'est la voie du portage qui semble la plus à même de pallier aux défaillances du service postal. Les éditeurs du Syndicat de la presse magazine et d'information (SPMI) ont ainsi engagé une réflexion sur les modalités de constitution d'une société collective de portage. De même, lors de l'Assemblée générale de la Fédération nationale de la presse spécialisée, M. Lionel Guérin, président de la FNPS, a annoncé le lancement d'une étude sur la possibilité de développer le portage.