TRAVAUX DE LA COMMISSION
Réunie le mardi 30 octobre 2001, la commission a
ensuite
procédé à l'
examen
du rapport pour avis
de
Mme Valérie Létard
sur le
projet de loi
de
finances pour 2002
(crédits consacrés
à
l'outre-mer).
Mme Valérie Létard, rapporteur pour avis
, a
présenté les grandes lignes de son rapport pour avis (cf.
exposé général du présent avis).
M. Louis Souvet
s'est inquiété de la persistance d'un taux
de chômage très élevé dans les DOM, qui pouvait
dépasser 50 % pour les jeunes, et du maintien d'une situation
sociale très dégradée, caractérisée par une
grande dépendance des populations concernées vis-à-vis des
différentes aides sociales. Il a insisté sur la
nécessité de mettre l'accent sur la politique en faveur du
logement afin, notamment, de dynamiser l'économie locale et de favoriser
l'emploi des jeunes. Il a observé que les DOM étaient très
exposés à la conjoncture internationale du fait de la place
importante qu'occupait le tourisme dans leur économie. Il a fait part de
sa préoccupation devant les conséquences que ne manqueraient pas
de produire les récents événements sur ce secteur de
l'économie.
M. Paul Vergès
, après avoir observé que
l'évolution des crédits réservés à
l'outre-mer dans le projet de budget pour 2002 était plutôt
satisfaisante, a souhaité néanmoins souligner le décalage
qui existait entre, d'une part, les moyens engagés et les politiques
mises en oeuvre et, d'autre part, les enjeux auxquels allaient être
confrontés les DOM dans les vingt prochaines années.
Il a expliqué que les DOM cumulaient les difficultés propres aux
pays industrialisés, à travers par exemple les restructurations
économiques, et celles que connaissaient les pays en voie de
développement, du fait notamment de l'explosion démographique.
Il a insisté sur les difficultés qui apparaissaient du fait des
contraintes consécutives à l'intégration des DOM dans le
marché unique européen compte tenu de la forte concurrence
exercée par les pays voisins. Il a expliqué, en effet, que les
subventions dont les DOM pouvaient bénéficier avaient souvent
pour conséquence de fragiliser les économies locales en
augmentant artificiellement les coûts alors que les concurrents des DOM
pouvaient, quant à eux, bénéficier d'une main-d'oeuvre
abondante et très compétitive.
Après avoir rappelé que la population de la Réunion avait
été multipliée par trois depuis 1946 pour atteindre
aujourd'hui 756.000 habitants et qu'elle devrait atteindre près
d'un million en 2025, il a souligné le caractère inadapté
d'une politique qui privilégiait une vision annuelle et des dispositifs
favorisant l'assistance. A cet égard, il a rappelé les effets
pervers que pouvait avoir pour l'économie locale le surcroît de
rémunération, estimé à 53 %, dont
bénéficiaient les personnels titulaires de la fonction publique.
Il a observé, par ailleurs, qu'il demeurait un problème
institutionnel pour les régions d'outre-mer quant à leur place
dans les processus d'intégration régionaux en cours dans les
Caraïbes et en Afrique australe.
Compte tenu de ces observations, il a indiqué qu'il voterait le budget,
sans illusion, en appelant de ses voeux l'adoption d'une vision à
l'horizon de vingt ans pour tenir compte des enjeux auxquels devaient faire
face les DOM.
M. Claude Domeizel
a rappelé, à son tour, les incidences
que pouvait avoir le développement démographique des DOM sur
l'emploi et l'éducation. Il s'est déclaré
préoccupé notamment par l'inexistence des transports en commun.
Il a souhaité une remise en cause du principe selon lequel les
personnels titulaires de la fonction publique bénéficiaient d'un
surcroît de rémunération très important,
après avoir observé que cette spécificité
favorisait en réalité le recours à des personnels non
titulaires qui ne bénéficiaient pas des mêmes avantages. Il
a souscrit à l'idée de développer une vision à
vingt ans. Néanmoins, évoquant le projet de budget pour 2002, il
s'est félicité de l'augmentation des crédits de
3,76 % du secrétariat d'Etat, de l'augmentation des crédits
du FEDOM de 25 % ainsi que des nombreuses mesures prévues par ce
budget, que ce soit dans le domaine de l'emploi ou du logement. C'est pourquoi,
après s'être étonné de la proposition d'avis
défavorable émise par le rapporteur pour avis, il a
déclaré qu'il se prononcerait en faveur de l'adoption des
crédits du budget du secrétariat d'Etat à l'outre-mer.
M. André Vantomme
a regretté que la commission n'ait pu
auditionner le secrétaire d'Etat à l'outre-mer, estimant que cela
aurait été utile afin d'avoir la vision du Gouvernement sur ce
projet de budget.
M. Nicolas About, président
, a rappelé la charge de
travail de la commission particulièrement élevée, chaque
automne, puisqu'elle devait examiner le projet de loi de financement de la
sécurité sociale à travers un programme conséquent
d'auditions ainsi que neuf avis sur le projet de loi de finances. Il a
observé que le Gouvernement inscrivait néanmoins, au même
moment, à l'ordre du jour prioritaire des textes législatifs
importants : proposition de loi de lutte contre les discriminations,
proposition de loi sur la couverture sociale des non-salariés agricoles,
projet de loi de modernisation sociale et projet de loi rénovant
l'action sociale et médico-sociale.
Ainsi, sachant que M. Christian Paul, secrétaire d'Etat chargé de
l'outre-mer, avait été auditionné l'an dernier à la
même époque, avait-il cru devoir donner la priorité
à l'audition de la nouvelle ministre chargé du logement, Mme
Marie-Noëlle Lienemann, qui avait malheureusement dû annuler au
dernier moment cette audition, faisant perdre à la commission un
« créneau » précieux. Il a fait observer, au
demeurant, que les parlementaires disposaient traditionnellement d'une
présentation très complète, réalisée par
chaque ministère, de son projet de budget mais, prenant note de la
demande formulée, il a fait part de son souhait de lui donner
satisfaction à l'avenir.
En réponse aux intervenants,
Mme Valérie Létard,
rapporteur pour avis,
a estimé que les principales mesures
prévues par ce projet de budget avaient pour inconvénient de
privilégier des objectifs de court terme. Elle s'est interrogée
sur l'avenir réservé aux titulaires d'emplois-jeunes ou de CES
à l'issue de leur contrat. Elle a estimé qu'il aurait
été sans doute préférable d'essayer de dynamiser
davantage le tissu économique. Elle a enfin rappelé les
incertitudes qui entouraient l'évolution, après 2002, des
crédits destinés à compenser la suppression de la
créance de proratisation du RMI qui permet d'accroître les moyens
en faveur de l'insertion et du logement.
A l'issue de ce débat, la commission a émis un
avis
défavorable à
l'adoption des crédits de l'outre-mer
pour 2002
.
Au cours de sa réunion du 30 octobre, la commission des Affaires
sociales a émis un avis défavorable à l'adoption des
crédits de l'outre-mer pour 2002.