projet de loi de finances pour 2002 - Tome VIII : Outre-mer (aspects sociaux)
LÉTARD (Valérie)
AVIS 91 - TOME VIII (2001-2002) - Commission des Affaires sociales
Rapport au format Acrobat ( 104 Ko )Table des matières
-
AVANT-PROPOS
-
I. UNE POLITIQUE DE L'EMPLOI QUI MET L'ACCENT SUR LE
SECTEUR NON MARCHAND
- A. UNE AMÉLIORATION PRÉCAIRE DE LA SITUATION DE L'EMPLOI
- B. UNE POLITIQUE QUI NÉGLIGE LES EMPLOIS PÉRENNES
- II. UNE POLITIQUE DU LOGEMENT QUI NE RÉPOND QUE TRÈS PARTIELLEMENT AUX BESOINS
-
I. UNE POLITIQUE DE L'EMPLOI QUI MET L'ACCENT SUR LE
SECTEUR NON MARCHAND
- TRAVAUX DE LA COMMISSION
N° 91
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 2001-2002
Annexe au procès-verbal de la séance du 22 novembre 2001
AVIS
PRÉSENTÉ
au nom de la commission des Affaires sociales (1) sur le projet de loi de finances pour 2002 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,
TOME VIII
OUTRE-MER
(aspects sociaux)
Par Mme Valérie LÉTARD,
Sénateur.
(1) Cette commission est composée de : M. Nicolas About, président ; MM. Alain Gournac, Louis Souvet, Gilbert Chabroux, Jean-Louis Lorrain, Roland Muzeau, Georges Mouly, vice-présidents ; M. Paul Blanc, Mmes Annick Bocandé, Claire-Lise Campion, M. Jean-Marc Juilhard, secrétaires ; MM. Henri d'Attilio, Gilbert Barbier, Joël Billard, Jean-Pierre Cantegrit, Bernard Cazeau, Jean Chérioux, Mme Michelle Demessine, M. Gérard Dériot, Mme Sylvie Desmarescaux, MM. Claude Domeizel, Michel Esneu, Jean-Claude Étienne, Guy Fischer, Jean-Pierre Fourcade, Serge Franchis, Francis Giraud, Jean-Pierre Godefroy, Mme Françoise Henneron, MM. Philippe Labeyrie, Roger Lagorsse, André Lardeux, Dominique Larifla, Jean-René Lecerf, Dominique Leclerc, Marcel Lesbros, Mme Valérie Létard, MM. Jean Louis Masson, Serge Mathieu, Mmes Nelly Olin, Anne-Marie Payet, M. André Pourny, Mme Gisèle Printz, MM. Henri de Raincourt, Gérard Roujas, Mmes Janine Rozier, Michèle San Vicente, MM. Bernard Seillier, André Vantomme, Alain Vasselle, Paul Vergès, André Vézinhet.
Voir
les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème
législ.) :
3262
,
3320
à
3325
et T.A.
721
Sénat
:
86
et
87
(annexe n°
32
)
(2001-2002)
Lois de finances . |
AVANT-PROPOS
Mesdames, Messieurs,
Avant de présenter, pour la première fois, l'avis de notre
commission des Affaires sociales sur les crédits relatifs aux
départements d'outre-mer, qu'il soit permis à votre rapporteur de
rendre hommage au travail de deux de ses prédécesseurs dans cette
fonction : MM. Jean-Louis Lorrain et Philippe Nogrix.
La lecture de leurs rapports et de leurs interventions a été pour
lui fort utile pour prendre la mesure des enjeux auxquels sont
confrontés les départements d'outre-mer.
Un défi démographique tout d'abord, l'ardente question de
l'emploi et du logement ensuite, des problèmes très actuels enfin
comme la politique de la ville, l'exclusion, voire la lutte contre les
discriminations... : l'ampleur de la tâche à laquelle est
confronté tout gouvernement reste immense, ce qui invite au
réalisme et à la modestie dans l'examen du présent projet
de budget, mais aussi à l'ambition et à l'audace dans les
définitions de priorités.
La politique en faveur des départements d'outre-mer doit s'inscrire dans
une perspective de long terme. Or, trop souvent, le principe d'annualité
budgétaire a favorisé une gestion au jour le jour des
problèmes, sans forcément assurer une cohésion d'ensemble.
C'est au regard de cette nécessaire perspective de long terme que sera
examiné le présent budget, un budget dont il convient de
souligner, au demeurant et dès à présent, le
caractère ambivalent :
- l'ampleur de la mobilisation des moyens est bien réelle,
même si leur utilisation peut être discutable ;
- l'emploi des crédits ne correspond pas encore aux lignes-forces
souhaitées par votre commission, mais des progrès
indéniables ont été réalisés qui tiennent
compte, au moins partiellement, de nos préoccupations.
Le montant des crédits alloués au secrétariat d'Etat
à l'outre-mer en 2002 augmente de 3,76 % par rapport à 2001,
à 1.079,6 millions d'euros (7.081,71 millions de francs), soit
3,06 % hors transferts. Cette hausse des crédits est due pour une
large part à la mise en oeuvre de la loi d'orientation pour l'outre-mer.
La hausse des crédits ne peut être contestée eu
égard à l'importance des besoins. Néanmoins, comme le
rappelait l'année dernière notre collègue Philippe
Nogrix : «
une forte augmentation des crédits ne peut,
à elle seule, suffire à justifier une appréciation
favorable car
-
notamment pour l'outre-mer-, il ne s'agit pas de
dépenser plus mais de dépenser mieux.
»
1(
*
)
La
structure du budget 2002
Votre
commission a donné un avis défavorable à l'adoption des
crédits relatifs aux départements d'outre-mer dans le projet de
loi de finances pour 2002.
Il va de soi que cet avis ne saurait être compris comme signifiant que le
Gouvernement a manqué à son devoir d'agir en faveur des
populations de ces territoires de la République. Il s'agit plutôt,
en fait, de l'inciter à redéployer les moyens sur des actions
permettant un développement durable des départements d'outre-mer
en favorisant, en particulier, la création d'emplois pérennes.
L'avis
des sénateurs de l'outre-mer
sur le budget du secrétariat
d'Etat en 2002
Les
contributions qu'a sollicitées votre rapporteur pour avis auprès
de chacun de nos collègues représentant les DOM frappent par leur
unité de vue. Si chacun s'accorde, en effet, à reconnaître
que des efforts ont été réalisés, il n'en demeure
pas moins que demeure parmi nos collègues une forte inquiétude
quant à l'efficacité sur le long terme de la politique
menée.
Si tous se félicitent, en effet, de la baisse constatée du
chômage (-8,5 % dans l'ensemble des DOM), la part
prépondérante du traitement social du chômage n'est pas
considérée comme très satisfaisante. Le nombre
d'allocataires du RMI a continué d'augmenter en 2000 (+ 3,5 %)
alors qu'il a baissé en métropole (-5,3 %).
M. Claude Lise, sénateur de la Martinique, pour sa part, tient à
préciser que ce budget s'inscrit dans une dynamique
caractérisée par la montée en puissance des dispositions
contenues dans la loi d'orientation du 13 décembre 2000. Il
souligne particulièrement la priorité faite à l'emploi
(47 % du budget du SEOM) et au logement social ( crédits en
augmentation de 11,2 % ). Enfin, il constate que, malgré tout, il
reste encore du chemin à parcourir avant d'atteindre «
une
convergence entre les conditions de vie en métropole et outre
mer
».
Notre collègue Rodolphe Désiré, sénateur de la
Martinique, ne manque pas de rappeler, par exemple, que
« la
baisse du chômage ne tient pas à la relance de l'activité
économique mais aux efforts de solidarité favorisés par
les initiatives gouvernementales »
. Cela l'amène à
considérer qu'«
une véritable politique de
rattrapage économique reste donc à définir
».
Mme Lucette Michaux-Chevry, sénateur de la Guadeloupe, ne dit pas autre
chose lorsqu'elle déplore le fait que
« le Gouvernement
agit par voie de « catalogue » et préconise des
mesures bien souvent inadaptées, ne répondant pas
forcément aux besoins des entreprises et causant par ailleurs des
problèmes aux collectivités quant à leur
financement »
.
En fait, la préoccupation majeure, comme le souligne notre
collègue Jean-Paul Virapoullé, sénateur de la
Réunion, tient au fait que le Gouvernement a mis l'accent depuis
plusieurs années sur le développement du secteur non-marchand en
usant de dispositifs très dispendieux à l'image des
emplois-jeunes. Ce choix peut certes permettre d'obtenir des résultats
à court terme, mais il s'agit à l'évidence d'une politique
discutable sur la durée.
I. UNE POLITIQUE DE L'EMPLOI QUI MET L'ACCENT SUR LE SECTEUR NON MARCHAND
A. UNE AMÉLIORATION PRÉCAIRE DE LA SITUATION DE L'EMPLOI
1. Une baisse du nombre de demandeurs d'emploi qui reste à confirmer
La situation de l'emploi est plus difficile à examiner dans les départements d'outre-mer qu'en métropole, compte tenu en particulier des formes d'emplois non recensées par les statistiques officielles. Néanmoins, les données disponibles ne laissent aucun doute quant au caractère préoccupant de la situation 2( * ) et aux conséquences dommageables qui peuvent en résulter pour la cohésion des sociétés ultramarines.
a) Un marché du travail toujours déséquilibré
Les départements d'outre-mer n'avaient, jusqu'alors, que partiellement bénéficié du retour de la croissance constaté en métropole depuis 1997. Le nombre de demandeurs d'emploi a, en effet, augmenté en 1998 (sauf à la Réunion), pour entamer une légère décrue seulement en 1999.
Evolution du chômage dans les DOM-TOM
|
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2000/1997 |
Guadeloupe |
49.765 |
52.425 |
54.255 |
47.842 |
- 3,86 % |
Martinique |
44.919 |
49.993 |
48.667 |
43.521 |
- 3,11 % |
Guyane |
12.555 |
13.073 |
12.791 |
11.695 |
- 6,80 % |
Réunion |
100.055 |
95.769 |
94.921 |
91.999 |
- 8,05 % |
TOTAL |
207.294 |
211.260 |
210.634 |
195.057 |
- 5,90 % |
Source : ANPE DEFM Cat. - chiffres à fin
décembre.
Le nombre, comme la proportion de chômeurs de longue durée, a
continué à croître en 1998 et 1999. Les dernières
données disponibles pour 2000 laissent, certes, penser qu'une inversion
de tendance se confirmerait en 2000 puisque la part des chômeurs de
longue durée dans l'ensemble des demandeurs d'emploi est passée
de 52 % en 1999 à 47,1 % en 2000.
Cependant, il convient d'être prudent car la proportion de demandeurs
d'emploi inscrits depuis plus d'un an reste largement supérieure dans
les départements d'outre-mer à ce qu'elle est en métropole
(33,3 %).
Part des chômeurs de longue durée dans le DEFM
|
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
Guadeloupe |
49,5 % |
55,7 % |
56,3 % |
50,9 % |
Martinique |
55,5 % |
59,0 % |
62,1 % |
53,1 % |
Guyane |
40,3 % |
44,3 % |
32,1 % |
33,4 % |
Réunion |
45,0 % |
47,7 % |
47,1 % |
44,0 % |
Ensemble DOM |
/ |
52,1 % |
52,0 % |
47,1 % |
Source : Secrétariat d'Etat à
l'outre-mer.
Par ailleurs, l'étendue du recours aux dispositifs participant au
traitement social du chômage invite sans doute à relativiser
quelque peu le sens à donner à ce
« retournement » de tendance concernant l'évolution
du chômage.
Enfin, il n'en demeure pas moins que le taux de chômage dans les
départements d'outre-mer demeure beaucoup trop élevé, en
particulier en ce qui concerne les jeunes.
En dépit d'une inflexion certaine en 2000, due pour l'essentiel à
l'activation de programmes publics comme les emplois-jeunes, le taux de
chômage des jeunes domiens demeure deux, voire trois fois plus
élevé qu'en métropole. Cette situation pose la question de
la formation professionnelle des jeunes domiens qui, on y reviendra, demeure le
parent pauvre de la politique de l'emploi dans les départements
d'outre-mer.
Taux de chômage des jeunes au sens du BIT
|
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
Guadeloupe |
54,40 % |
61,40 % |
61,00 % |
57,50 % |
Martinique |
51,20 % |
56,20 % |
49,50 % |
44,60 % |
Guyane |
63,12 % |
57,80 % |
60,10 % |
43,30 % |
Réunion |
62,20 % |
57,90 % |
60,90 % |
60,80 % |
Métropole |
28,10 % |
25,40 % |
25,20 % |
20,70 % |
Source : Secrétariat d'Etat à l'outre-mer.
b) Les menaces sur la croissance dans les DOM se précisent
Alors
que les départements d'outre-mer avaient tardé à
bénéficier du retour de la croissance, ils devraient, par contre,
subir les conséquences du ralentissement économique en même
temps que la métropole.
Cette très grande sensibilité des économies ultramarines
aux retournements de la conjoncture métropolitaine et internationale
s'explique par le poids important des échanges avec la métropole,
ainsi que par le caractère déterminant du secteur tertiaire
(73,9 % des emplois en décembre 1999).
Or, le ralentissement économique s'est accentué depuis le
printemps dernier en métropole, ce qui a pour conséquence de
réduire la demande de biens et services en provenance des DOM. Le
ralentissement concerne particulièrement le secteur du tourisme qui doit
faire face, en outre, aux incertitudes concernant l'avenir des liaisons
aériennes assurées jusqu'alors par AOM.
Emploi salarié par secteur
|
Industrie |
Construction |
Tertiaire |
GUADELOUPE |
9,6 % |
7,1 % |
79,0 % |
MARTINIQUE |
11,0 % |
8,0 % |
71,0 % |
GUYANE |
14,0 % |
10,8 % |
70,4 % |
RÉUNION |
13,8 % |
10,5 % |
72,8 % |
Ensemble DOM |
11,9 % |
9,0 % |
73,9 % |
Source : Ministère de l'Emploi - chiffres
décembre 1999)
La dégradation des perspectives dans le tourisme et l'hôtellerie
aura des conséquences directes sur les salariés qui travaillent
dans ces secteurs (licenciements, moindres embauches, précarité
accrue...) mais aussi sur l'ensemble de l'économie à travers des
effets sur le secteur de la construction, par exemple, qui emploie 9 % des
salariés.
Le Bureau international du travail (BIT)
3(
*
)
estime que la situation actuelle, compte tenu des événements du
11 septembre, pourrait se traduire par une perte de 9 millions
d'emplois dans ce secteur au niveau mondial.
Selon le BIT : «
dans l'hôtellerie, les emplois
directement concernés sont les petits métiers
périphériques, les emplois à temps partiel ou
postés, et ce, tant dans les pays développés que dans les
pays en voie de développement. »
Par ailleurs, le BIT
estime que :
« d'autres activités sont
également touchées : les sociétés d'excursions
et de transport, le secteur de l'avitaillement, les agences de voyage, les
voyagistes, les croisiéristes et les industries de service comme la
vente au détail spécialisée, les emplois auxiliaires
d'aéroport et les chauffeurs de taxis
».
L'ampleur, comme la brutalité du choc sur le secteur du tourisme,
appelle de la part du Gouvernement des mesures exceptionnelles afin d'amortir
les conséquences économiques et sociales de ce changement de
contexte. Or, force est de constater que le projet de budget ne comprend pas de
dispositions en ce sens, ce que votre commission ne peut que regretter.
2. Le développement de l'exclusion entraîne une hausse des dépenses d'insertion
a) L'augmentation irrésistible du nombre des bénéficiaires du RMI
A la fin de l'année 2000, on comptait 131.671 bénéficiaires du RMI dans les DOM, soit une hausse de 3,5 % par rapport à 1999.
Evolution du nombre de bénéficiaires du RMI en 2000
Réunion |
+ 2,6 % |
Martinique |
+ 6,0 % |
Guyane |
+ 5,1 % |
Guadeloupe |
+ 2,6 % |
Métropole |
- 5,3 % |
Source : Secrétariat d'Etat à
l'outre-mer
L'augmentation du nombre de bénéficiaires illustre les
progrès de l'exclusion. Ce sont en effet les publics les plus
isolés, les plus faibles qui en bénéficient.
Répartition des bénéficiaires du RMI en
2000
Pour
l'année 2000, le barème du RMI applicable dans les DOM est
égal à 86 % du montant fixé pour la métropole
et l'allocation mensuelle moyenne effectivement versée est de
271,7 euros (1.782 francs) contre 328 euros en métropole
(2.152 francs).
Les dépenses liées au RMI ont très fortement
augmenté depuis 1998 (+ 33 %) en lien avec la hausse des
effectifs.
Evolution des dépenses d'allocation au RMI 1994-2000
b) La compensation de la suppression de la créance de proratisation
L'alignement du RMI des départements d'outre-mer sur
celui de
la métropole doit s'achever en 2002 après une phase
intermédiaire en 2001.
Compte tenu du nombre important de bénéficiaires, le
relèvement du montant du RMI entraîne mécaniquement
l'entrée de nouveaux bénéficiaires dans le dispositif qui
percevront une allocation différentielle de faible montant. Le
coût de l'alignement est estimé à 66 millions d'euros
en 2001. Il pourrait représenter le double en 2002 à
défaut d'une amélioration du fonctionnement du marché du
travail. L'alignement du RMI entraîne par voie de conséquence la
disparition de la créance de proratisation.
En 2002, la disparition de la créance s'illustrera pas l'absence de
crédits portés au chapitre 46.01 consacré aux
«
actions d'insertion en faveur de bénéficiaires du
RMI dans les DOM
». Néanmoins, afin de maintenir le niveau
des crédits, 31,2 millions d'euros seront inscrits sur
l'article 50 du FEDOM au titre de la part insertion de la créance,
ce qui correspond à 23,2 millions de francs de mesures nouvelles.
Contribution des collectivités locales au RMI
B. UNE POLITIQUE QUI NÉGLIGE LES EMPLOIS PÉRENNES
1. Des moyens importants pour des priorités contestables
Les moyens consacrés à l'emploi s'élèvent à 505 millions d'euros (3,31 milliards de francs), ce qui représente 47 % des crédits du secrétariat d'Etat.
a) La hausse des crédits consacrés à l'emploi se poursuit
Ces
crédits, qui sont inscrits au chapitre « Fonds pour l'emploi
dans les départements d'outre-mer et Saint-Pierre-et-Miquelon (FEDOM) et
mesures en faveur de l'emploi à Mayotte », sont en hausse de
25,49 % par rapport au budget pour 2001.
Ces moyens supplémentaires sont destinés au renforcement des
dispositifs « classiques » d'insertion et au financement de
nouvelles mesures prévues par la loi d'orientation pour l'outre-mer
(projets initiatives jeunes, allocation de retour à l'activité,
prime à la création d'emploi, congé solidarité).
Ils ont également pour objet de pourvoir à la compensation de la
suppression de la créance de proratisation consécutive à
l'achèvement de l'alignement du revenu minimum d'insertion sur son
niveau métropolitain.
Evolution des crédits du FEDOM
Chapitre 44-03 |
LFI 2001 |
PLF 2002 |
||
Nombre de mesures |
Dotation budgétaire € |
Nombre de mesures |
Dotation budgétaire € |
|
Art. 11 : CES |
35.000 |
96.042.881 |
39.000 |
104.046.454 |
Art. 12 : CEC |
2.800 |
51.222.870 |
2.800 |
53.357.156 |
Art. 20 : CIA |
15.000 |
28.812.864 |
15.000 |
31.633.171 |
Art. 30 : CAE |
7.500 |
53.052.258 |
4.500 |
37.197.560 |
Art. 40 : Primes |
1.700 |
3.048.980 |
2.200 |
5.793.062 |
Art. 50 : Créance |
|
7.622.451 |
|
31.252.049 |
Art. 60 : CRE |
|
1.067.143 |
|
609.796 |
Art. 70 : Etudes |
|
152.449 |
|
152.449 |
Art. 81 : Emplois-jeunes |
3.000 |
126.380.235 |
1.000 |
145.436.364 |
Art. 82 : Projet initiative jeunes |
10.000 |
15.244.902 |
10.000 |
36.282.866 |
Art. 83 : Congé solidarité |
3.000 |
6.097.961 |
3.000 |
15.244.902 |
Art. 84 : Allocation retour à l'activité |
10.000 |
13.720.412 |
10.000 |
25.916.333 |
Art. 86 : CES CEC Mayotte |
|
|
4.765 |
7.904.482 |
Art. 90 : Mesures en faveur de l'emploi à Mayotte |
||||
- CIA |
|
|
5.450 |
7.622.451 |
- Créations d'empois |
|
|
1.000 |
762.245 |
- PIJ |
|
|
1.000 |
1.829.388 |
TOTAL |
88.000 |
402.465.406 |
99.715 |
505.040.728 |
Secrétariat d'Etat à l'outre-mer
Au total, les crédits destinés à l'emploi ont vocation à financer près de 100.000 mesures fin 2002, hors Mayotte, qui se répartissent principalement comme suit : 39.000 contrats emploi-solidarité (CES), 15.000 contrats d'insertion par l'activité (CIA), 10.000 projets initiatives jeunes, 10.000 allocations de retour à l'activité (ARA), 3.000 congés de solidarité et 2.200 primes à la création d'emplois.
Les dispositifs publics en faveur de l'emploi dans les DOM
|
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 (1) |
CES |
41.833 |
50.010 |
44.836 |
38.161 |
36.130 |
40.030 |
39.229 |
40.000 |
CEC |
|
|
|
|
|
|
3.062 |
3.800 |
CIA |
- |
- |
9.094 |
15.000 |
15.000 |
15.000 |
15.000 |
19.000 |
CAE |
- |
6.813 |
12.305 |
10.600 |
6.959 |
6.820 |
7.445 |
5.000 |
CRE |
5.755 |
671 |
- |
- |
|
|
|
|
Emplois-jeunes |
|
|
|
3.693 |
3.823 |
2.808 |
2.100 |
|
TOTAL |
47.588 |
57.494 |
66.235 |
63.761 |
61.782 |
65.673 |
67.544 |
69.900 |
(1) Enveloppes physiques arrêtées par le comité permanent du FEDOM lors de sa réunion du 27/06/01.
Le FEDOM
La loi
du 25 juillet 1994 a créé un fonds pour l'emploi dans les
départements d'outre-mer et Saint-Pierre-et-Miquelon, appelé
FEDOM. Géré directement par le secrétariat d'Etat à
l'outre-mer, ce fonds est souple d'utilisation et adapté aux
spécificités économiques et sociales des
départements d'outre-mer.
La loi d'orientation a conforté le FEDOM dans sa mission et a
prévu de nouveaux dispositifs.
Le comité directeur du FEDOM, composé de parlementaires des
départements d'outre-mer, se prononce sur la répartition des
crédits entre les différentes solutions d'insertion.
Le contrat d'accès à l'emploi (CAE)
Il est proposé aux demandeurs d'emploi de longue durée, aux
bénéficiaires du RMI, aux travailleurs handicapés et aux
jeunes en grande difficulté. L'employeur privé
bénéficie, pour chaque recrutement en contrat à
durée indéterminée ou déterminée d'au moins
douze mois, d'une prime modulable en fonction de l'ancienneté du
chômage de 1.000 à 2.000 francs par mois et de
l'exonération des charges sociales patronales. Ce type de contrat est
réservé au secteur privé.
Le contrat d'insertion par l'activité (CIA)
Ce dispositif consiste à remettre en activité, par
l'exécution de tâches d'utilité sociale, des
bénéficiaires du RMI exclusivement, au moyen d'un
véritable contrat de travail. Les titulaires de CIA ont un employeur
unique, l'agence d'insertion, établissement public créé
dans chaque département, qui les met, par voie de convention, à
la disposition des collectivités et des associations. Comme pour les
CES, l'activité est exercée à mi-temps. Elle est
rémunérée sur la base du SMIC horaire.
Le contrat emploi-solidarité (CES) et le contrat
emploi-consolidé (CEC)
Ces dispositifs sont les mêmes qu'en métropole. Il s'agit d'offrir
à des publics en difficulté d'insertion un emploi à
mi-temps, rémunéré au SMIC horaire, pour satisfaire, dans
le secteur associatif ou auprès de collectivités, des besoins
d'utilité collective.
Les primes à la création d'emplois
Elles sont attribuées sur agrément préfectoral aux
entreprises dont l'activité est principalement orientée vers des
débouchés commerciaux à l'extérieur des
départements d'outre-mer et qui augmentent leurs effectifs. La loi
d'orientation prévoit une modification de leur régime.
Le contrat de retour à l'emploi (CRE)
Ce dispositif a été mis en extinction. Les crédits
inscrits pour 2001 ne serviront qu'à financer les contrats
déjà existants.
Les emplois-jeunes
(voir ci-après)
Le projet initiative-jeunes (PIJ)
C'est un dispositif qui tend, par une aide financière de l'Etat,
à favoriser la réalisation du projet professionnel de jeunes de
18 ans à 30 ans et des bénéficiaires d'un emploi-jeunes
arrivant au terme de leur contrat qui :
- soit créent ou reprennent une entreprise ;
- soit poursuivent une formation professionnelle proposée par
l'Agence nationale pour l'insertion et la promotion des travailleurs
d'outre-mer (ANT) ou par tout organisme agréé par l'Etat en
dehors du DOM où est situé « le centre de leurs
intérêts ».
Le congé solidarité
Afin de favoriser l'embauche de jeunes par la cessation d'activité de
salariés âgés, le congé solidarité permet,
sous certaines conditions, aux salariés de plus de 55 ans
adhérant à une convention conclue entre l'Etat et l'employeur, de
cesser par anticipation leur activité professionnelle en contrepartie de
l'embauche d'un jeune de 30 ans maximum sous contrat à durée
indéterminée par une entreprise dont la durée collective
de travail est d'au plus 35 heures par semaine. Le salarié
âgé bénéficie alors d'une allocation de
congé-solidarité financée par l'Etat, les
collectivités locales et l'entreprise, fixée en fonction de la
durée de sa carrière et versée jusqu'à ce qu'il
bénéficie d'une retraite à taux plein et au plus tard
jusqu'à 65 ans.
L'allocation de retour à l'activité (ARA)
Pour favoriser le retour à l'emploi de certains
bénéficiaires de minima sociaux (RMI, allocation de
solidarité spécifique, allocation de veuvage, allocation de
parent isolé), ceux-ci peuvent bénéficier, à leur
demande, d'une allocation de retour à l'activité (ARA) pour leur
réinsertion dans une activité professionnelle lorsqu'ils
créeront ou reprendront une entreprise ou lorsqu'ils exerceront une
activité au domicile de particuliers, dans une association ou en
entreprise.
Il est à noter que le FEDOM peut également participer au
financement de « mesures de restructuration »
par
redéploiement des crédits. Ainsi, en 1999, 3,9 millions de
francs ont été consommés à ce titre, en
accompagnement de divers plans sociaux.
Par ailleurs, la loi du 11 juillet 2001 relative à Mayotte se traduit
par l'ouverture de 18,11 millions d'euros (118,8 millions de francs)
réservés à des mesures d'insertion.
Dans le domaine de l'emploi, ces crédits sont inscrits au sein du FEDOM
dans deux nouveaux articles : un premier est consacré au
financement des CES et CEC auquel est inscrite une mesure nouvelle de 0,5
million d'euros (3,3 millions de francs) alors que le second -intitulé
« mesures en faveur de l'emploi à Mayotte »- est
doté de 10,2 millions d'euros (67 millions de francs) afin de
permettre la mise en oeuvre des nouveaux dispositifs qui vont être
créés par ordonnance. Fin 2002, ce sont 12.250 mesures
d'insertion qui devraient être mises en oeuvre dans cette seule
collectivité.
Les autres politiques visant à favoriser l'insertion sont maintenues et
bénéficient souvent d'un effort supplémentaire. C'est le
cas en particulier du service militaire adapté (SMA) qui se
professionnalise, avec pour objectif d'accueillir 3.000 jeunes au
1
er
janvier 2003, soit le même nombre qu'avant la suppression
du service national. En 2002, 500 nouveaux emplois viendront s'ajouter aux
2.000 emplois créés en 1999, 2000 et 2001 pour un coût
supplémentaire de 5,5 millions d'euros (36,26 millions de francs).
Les
mesures d'insertion issues de la loi d'orientation outre-mer
dans le budget
pour 2002
|
PIJ |
Congé-solidarité |
ARA |
PLF 2002 (en millions d'euros) |
36,28 |
15,244 |
25,92 |
Evolution 2002/201 (en %) |
138,07 |
150,02 |
88,89 |
Nombre de contrats prévus |
10.000 |
3.000 |
10.000 |
Source : Secrétariat d'Etat à
l'outre-mer.
La hausse des crédits consacrés à l'emploi trouve son
origine dans la mise en oeuvre de la loi d'orientation pour l'outre-mer. D'une
année sur l'autre, les crédits alloués aux congés
solidarité augmentent de 130 %, ceux des projets initiative-jeunes
de 138 % et ceux consacrés aux allocations de retour à
l'activité de près de 89 %.
Service personnalisé pour un nouveau départ vers l'emploi
DOM |
Objectif 1999 |
Taux de réalisation au 31.12.1999 |
Objectif 2000 |
Taux de réalisation au 31.12.2000 |
Guadeloupe |
12.000 |
54,90 % |
10.000 |
95,70 % |
Guyane |
3.000 |
95,30 % |
3.650 |
98,70 % |
Martinique |
10.000 |
56,10 % |
11.500 |
85,50 % |
Réunion |
25.000 |
84,50 % |
30.000 |
104,50 % |
DOM |
50.000 |
72,38 % |
55.150 |
98,55 % |
(en
métropole : 98,7 % au 31.12.99 et 105,1 % au 31.12.00).
Enfin, on assiste à une montée en puissance du dispositif
d'accompagnement personnalisé vers l'emploi qui décline dans les
DOM un programme qui a déjà montré ses mérites en
métropole.
b) Une amélioration de l'effort de formation à confirmer
Votre
commission n'a eu de cesse de déplorer depuis plusieurs années,
le caractère limité des efforts déployés pour
encourager la formation professionnelle, ceci alors même que subsiste un
très fort taux de chômage des jeunes.
En dépit d'une absence de politique volontariste de la part des pouvoirs
publics, on constate néanmoins une hausse du nombre des contrats conclus.
Pour les contrats d'apprentissage, on assiste depuis peu à une hausse
significative du niveau de formation et à une augmentation sensible de
la part de la population féminine dans les effectifs d'apprentis.
Les
formations en alternance et l'apprentissage
(en nombre de contrats signés)
|
Réunion |
Martinique |
Guadeloupe |
Guyane |
||||
|
1999 |
2000 |
1999 |
2000 |
1999 |
2000 |
1999 |
2000 |
Apprentissage |
1.855 |
2.707 |
778 |
1.264 |
378 |
962 |
74 |
174 |
Contrat qualification |
760 |
1.215 |
187 |
225 |
180 |
494 |
82 |
98 |
Contrat adaptation |
38 |
15 |
1 |
4 |
1 |
1 |
13 |
19 |
Contrat orientation |
371 |
582 |
2 |
0 |
63 |
58 |
53 |
24 |
Source : DARES
Votre commission considère qu'une véritable impulsion politique
est nécessaire pour encourager davantage encore le développement
de la formation en alternance dans les DOM.
2. Une priorité au secteur non marchand
La politique de soutien au secteur marchand reste encore trop timide lorsqu'on la compare à celle mise en place en faveur du secteur non marchand.
a) Le développement du programme « emplois-jeunes »
Le
dispositif « nouveaux services - emplois-jeunes »
créé par la loi n° 97-940 du 16 octobre 1997 est
applicable dans les DOM et à Saint-Pierre-et-Miquelon dans les
mêmes conditions qu'en métropole. Son financement est
assuré par le FEDOM à l'exception des emplois-jeunes
recrutés par les ministères de l'éducation nationale et de
l'intérieur. A la date du 31 décembre 2000, 10.323 emplois-jeunes
avaient été créés.
A ces emplois-jeunes, s'ajoutent ceux pris en charge directement par le
ministère de l'éducation nationale (4.523 aides
éducateurs) ainsi que ceux financés par le ministère de
l'intérieur (286 adjoints de sécurité), soit au total
14.862 emplois.
Les tâches effectuées concernent principalement les secteurs de la
santé-solidarité (15,9 %), de l'éducation (15 %), du
sport (13,2 %), de l'environnement (11,9 %), du logement (9,7 %) et
de la culture (9,6 %).
Nombre de postes d'emplois-jeunes créés au 31/12/00
|
FEDOM |
Education nationale |
Intérieur |
Total général |
Guadeloupe |
1.355 |
942 |
110 |
2.407 |
Guyane |
682 |
407 |
21 |
1.110 |
Martinique |
3.092 |
933 |
51 |
4.076 |
Réunion |
5.175 |
1.971 |
104 |
7.250 |
Saint-Pierre-et-Miquelon |
19 |
|
|
19 |
TOTAL |
10.323 |
4.253 |
286 |
14.862 |
Le projet de budget pour 2002 prévoit la création de 1.000 nouveaux emplois-jeunes qui devrait porter le nombre total de jeunes bénéficiaires à 14.862 dans les DOM, sachant que le dispositif est, en outre, étendu à Mayotte.
Nombre
d'emplois-jeunes
par tranches de 1.000 habitants
Métropole |
Guadeloupe |
Guyane |
Martinique |
Réunion |
Total DOM |
2,9 |
3,2 |
4,3 |
8,1 |
7,3 |
6,1 |
Le dynamisme dont il a été fait preuve depuis 1998 dans la création d'emplois-jeunes n'est pas sans poser quelques questions à l'heure où, en métropole, l'avenir de ces jeunes suscite de légitimes interrogations. Compte tenu des difficultés rencontrées par les collectivités locales et les associations pour assurer le complément de l'aide publique à ce programme, il fait peu de doutes que la pérennisation de ces emplois est rien moins qu'assurée.
Répartition des emplois-jeunes par catégorie
d'employeurs au 31.12.2000
Votre commission a toujours été très réservée quant à l'adéquation de ce programme avec la situation des DOM, ceci en particulier du fait du coût du dispositif qui limitait d'autant le développement d'autres programmes. La préférence donnée à ce dispositif a surtout pour conséquence de renforcer la place de l'emploi public et para-public dans l'économie des DOM, ce qui ne constitue pas un gage de développement durable.
Répartition des salariés entre secteurs privé et public (en %)
|
RÉUNION |
GUADELOUPE |
MARTINIQUE |
GUYANE |
DOM |
Privés |
60,5 |
61,6 |
56 |
44 |
58 |
Publics |
39,5 |
38,4 |
44 |
56 |
42 |
Votre commission considère que les incitations au développement d'emplois pour les jeunes dans le secteur marchand, à travers par exemple des encouragements supplémentaires à la formation professionnelle, devraient être privilégiées afin de réduire durablement le taux de chômage des jeunes dans les DOM.
b) Une politique de l'offre à développer
Dans son
avis de l'année passée
4(
*
)
, notre
collègue Philippe Nogrix avait regretté l'absence de recentrage
sur le secteur marchand de la politique de l'emploi dans les DOM.
Il avait insisté en particulier sur la nécessité de
relancer les contrats d'accès à l'emploi qui constituent les
seuls contrats d'insertion spécifiques au secteur marchand. Il avait
également souligné l'urgence d'un renforcement des actions de
formation professionnelle.
Votre rapporteur pour avis ne peut que reprendre à son compte ces
suggestions de bon sens de même que la proposition faite par votre
commission, lors du débat sur la loi d'orientation pour l'outre-mer, de
créer une convention de retour à l'emploi.
La convention de retour à l'emploi
Un tel
dispositif, qui vise à relancer l'insertion des titulaires du RMI de
longue durée dans l'économie marchande, avait été
proposé, au nom de votre commission des Affaires sociales, par notre
collègue Jean-Louis Lorrain à l'occasion de l'examen du projet de
loi d'orientation, mais avait été repoussé par le
Gouvernement, puis par l'Assemblée nationale.
L'idée est de permettre aux personnes titulaires du RMI depuis plus d'un
an d'accepter un contrat d'accès à l'emploi (CAE) à
mi-temps et de bénéficier pendant sa durée du maintien de
l'allocation du RMI qu'il touchait précédemment.
Un tel système permet d'inciter au retour dans le monde du travail -mais
aussi à la régularisation de travail dissimulé- de
personnes très éloignées de l'emploi qui ne souhaitent
pas, dans un premier temps, un emploi à temps complet.
C'est un mécanisme de dynamisation des dépenses passives au titre
du RMI. C'est pourquoi le dispositif est mis en oeuvre dans le cadre d'une
convention dite de revenu minimum d'activité, conclue entre le
bénéficiaire, l'entreprise et l'ADI.
Ce dispositif s'inspire du dispositif
« d'intéressement » proposé par votre
commission en 1998, lors de l'examen de la loi d'orientation relative à
la lutte contre les exclusions. Il est plus favorable que l'ARA ou que les
mécanismes d'intéressement existants, qui fonctionnent mal dans
les DOM.
Par ailleurs, il convient d'observer que le Gouvernement a, toujours dans le
cadre de la mise en oeuvre de la loi d'orientation pour l'outre-mer,
augmenté les crédits consacrés aux allégements de
charges sociales. Ces crédits qui sont inscrits au chapitre 44-77 du
budget du ministère de l'emploi seront portés à
68,4 millions d'euros en 2002.
Il s'agit là, à l'évidence, d'un premier pas important
dans la direction d'un soutien au secteur marchand. Pourtant, compte tenu de
l'efficacité de la politique d'allégement des charges sociales,
on ne peut que regretter que l'effort consenti n'ait pas été
d'une autre ampleur.
Mise en oeuvre des exonérations de cotisations patronales dans les DOM
Le
dispositif d'exonération totale des cotisations patronales de
sécurité sociale dans les départements d'outre-mer ou
à Saint-Pierre et Miquelon introduit par la loi d'orientation pour
l'outre-mer n° 2000-1207 du 13 décembre 2000
(
CSS, art. L. 752-3-1
) et les décrets d'application du 2
avril 2001 concerne :
- d'une part, l'ensemble des entreprises de moins de
11 salariés (quel que soit leur secteur d'activité) ;
les entreprises franchissant le seuil de dix salariés verront
l'exonération maintenue durant un an pour les dix premiers
salariés, puis progressivement supprimée sur cinq ans ;
- d'autre part, les entreprises, quel que soit leur effectif, appartenant
à un certain nombre de secteurs considérés comme
exposés à la concurrence (agriculture, industrie, tourisme,
hôtellerie-restauration, presse et production audiovisuelle,
énergies renouvelables, pêche, nouvelles technologies de
l'information et de la communication...). Pour les entreprises du BTP,
l'exonération est cependant limitée à 50 % des
cotisations.
L'exonération vise les cotisations patronales d'assurances sociales,
d'allocations familiales et d'accidents du travail, dans la limite d'un montant
de rémunération correspondant à 1,3 SMIC. Un
allègement supplémentaire, fixé par décret à
9.000 francs par an et par salarié, est par ailleurs prévu
en cas d'accord sur la réduction de la durée de travail (
L.
n° 2000-37 du 19 janvier 2000, art. 19 et 21).
Cette mesure est imputable sur la totalité des cotisations patronales
dues. Les entreprises pourront opter entre les allégements
spécifiques aux départements d'outre-mer et ceux prévus
par les lois 35 heures des 13 juin 1998 et 19 janvier 2000
.
II. UNE POLITIQUE DU LOGEMENT QUI NE RÉPOND QUE TRÈS PARTIELLEMENT AUX BESOINS
A. UNE SITUATION TOUJOURS TRÈS DÉGRADÉE
La situation du logement demeure toujours aussi préoccupante dans les DOM. La persistance d'une demande insatisfaite coïncide avec le développement de l'insalubrité 5( * ) .
1. Une crise du logement endémique
Malgré des efforts non négligeables pour augmenter l'offre de logements, le développement démographique accroît structurellement la demande. Les besoins qui étaient estimés à 12.500 logements neufs supplémentaires par an en 2001 ont été réévalués à 14.530 cette année, ce qui reste sans doute en deçà de la réalité.
Eléments statistiques d'appréciation de la
situation du logement
dans les TOM
|
Guadeloupe |
Martinique |
Guyane |
Réunion |
Mayotte |
Total |
Population 1999 |
421.632 |
381.467 |
157.274 |
705.072 |
131.320 |
1.796.765 |
Croissance 99/90 |
8,95 % |
6,09 % |
37,24 % |
18,18 % |
38,82 % |
15,74 % |
Nombre de résidences principales (99) |
144.818 |
130.844 |
46.173 |
215.044 |
28.388 |
565.267 |
Nombre de Rmistes (4) |
29.146 |
28.977 |
9.273 |
63.667 |
(2) |
131.063 |
Logements insalubres (1) |
14.000 |
9.000 |
10.000 |
21.000 |
15.000 (3) |
69.000 |
Besoin logements neufs sociaux par an |
3.000 |
2.930 |
1.800 |
5.000 |
1.800 |
14.530 |
(1)
Estimation réalisée par les DDE en 1998 pour la Martinique, la
Guyane et Mayotte, en 2000 par la DDE de Guadeloupe et 2000 par l'agence de
l'urbanisme de la Réunion.
(2) Pas de RMI à Mayotte.
(3) La quasi-totalité du parc traditionnel peut être
considérée comme insalubre, soit environ 15.000 logements.
(4) Nombre de foyers en juin 2000.
Dans une collectivité comme Mayotte ou en Guyane, les besoins deviennent
même sans commune mesure avec ce que l'on peut connaître en
métropole.
Les contraintes de la politique du logement dans les DOM
La
politique du logement doit s'inscrire dans un contexte de contraintes
spécifiques où dominent :
- des besoins très importants liés au rattrapage des retards
actuels et à une croissance démographique très forte
(1,6 % par an), quatre fois supérieure en moyenne à celle de
la métropole ;
- un revenu moyen peu élevé reflétant une forte
proportion de bas salaires et un taux de chômage élevé de
28 % en moyenne ;
- des disponibilités foncières limitées liées
à l'environnement naturel (risques, morphologie...) et au
sous-équipement des villes et des quartiers ;
- des collectivités locales en situation financière
difficile ;
- un parc de logements insalubres ou sous-équipées qui, bien
qu'en diminution, reste très important.
Votre commission, tout en rappelant la difficulté à mobiliser
suffisamment de moyens pour répondre à ces besoins, souhaite
qu'une réflexion soit engagée concernant un effort particulier
déployé dans la durée qui tendrait à faire du
logement une priorité en se fixant des objectifs ambitieux comme
l'éradication de l'insalubrité.
Au demeurant, une telle politique permettrait très certainement de mieux
structurer les économies et les marchés du travail des DOM que ne
le font certains dispositifs d'aide à l'insertion dans le secteur non
marchand.
2. Le coût toujours croissant des aides au logement
En ligne
avec le développement démographique, on assiste à une
augmentation du nombre des bénéficiaires de l'allocation logement
dans les DOM.
Le nombre de bénéficiaires de l'allocation logement à
caractère familial s'élevait à 95.560 en 2000 et celui de
l'allocation logement à caractère social à 46.363.
Bénéficiaires de l'allocation logement dans les DOM (nombre d'effectifs)
|
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
||||
|
ALF |
ALS |
ALF |
ALS |
ALF |
ALS |
ALF |
ALS |
Guadeloupe |
15.147 |
6.565 |
16.193 |
7.280 |
17.194 |
8.101 |
18.747 |
8.763 |
Martinique |
15.150 |
7.147 |
16.327 |
8.229 |
17.031 |
8.875 |
18.353 |
9.689 |
Guyane |
5.932 |
1.999 |
6.414 |
2.213 |
6.730 |
2.379 |
6.837 |
2.527 |
Réunion |
43.504 |
19.447 |
46.626 |
21.439 |
48.710 |
22.846 |
51.623 |
25.384 |
TOTAL |
79.733 |
35.158 |
85.560 |
39.161 |
89.665 |
42.201 |
95.560 |
46.363 |
Source : secrétariat d'Etat à
l'outre-mer.
L'augmentation du nombre des bénéficiaires se traduit
immanquablement par une hausse des crédits consacrés au
financement de ces aides. Depuis 1997, les crédits consacrés
à l'allocation de logement familial (ALF) ont augmenté de
56 % et ceux affectés à l'allocation de logement social
(ALS) de 70 %. Les crédits consacrés aux aides au logement
s'élevaient en 2000 à 312 millions d'euros.
La modification du barème des aides intervenue au
1
er
juillet 2001 en application de la loi d'orientation pour
l'outre-mer a unifié les règles en vigueur dans le sens le plus
favorable aux bénéficiaires.
Ce nouveau barème fait l'objet d'une revalorisation (par rapport aux
valeurs applicables en 2000) de + 1,2 % pour les loyers, de
+ 1,6 % pour le montant de base du forfait charges et de
+ 5 % pour la majoration par personne supplémentaire. Ces
modifications devraient accroître encore à l'avenir le coût
de l'allocation logement, qui n'a cessé d'augmenter depuis 1997.
Coût de l'allocation logement dans les DOM
(en millions de francs)
|
1997 |
1998 |
1999 |
2000
|
||||
|
ALF |
ALS |
ALF |
ALS |
ALF |
ALS |
ALF |
ALS |
Guadeloupe |
185,2 |
50,3 |
247,7 |
66,9 |
289,2 |
82,7 |
46,5
|
13,9
|
Martinique |
185,7 |
60,6 |
240,8 |
78,6 |
254,3 |
86,9 |
44,2
|
15,5
|
Guyane |
79,5 |
18,7 |
104,4 |
24,0 |
114,1 |
26,9 |
18,5
|
4,9
|
Réunion |
545,2 |
153,2 |
703,8 |
203,5 |
775,7 |
236,8 |
128,1
|
40,4
|
TOTAL |
995,6 |
282,8 |
1296,5 |
373,0 |
1433,3 |
433,3 |
237,2
|
74,7
|
Source : secrétariat d'Etat à l'outre-mer.
B. DES MOYENS DE PLUS EN PLUS LIMITÉS POUR LA POLITIQUE EN FAVEUR DU LOGEMENT
Le logement constitue le deuxième poste de dépenses du budget. La « ligne budgétaire unique » (chapitre 65-01) est ainsi pourvue de 287,52 millions d'euros (1,89 milliard de francs) en autorisations de programme et 161 millions d'euros (1,06 milliard de francs) en crédits de paiement.
1. Une compensation a minima de la disparition de la créance de proratisation
Les crédits de la ligne budgétaire unique (LBU) augmenteront en 2002 de près de 12 % en crédits de paiement et de près de 40 % en autorisations de programme.
Ligne
budgétaire unique
(autorisations de programme)
(en millions d'euros)
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
167,08 |
167,08 |
167,69 |
205,81 |
287,52 |
Source : budgets votés et projet de loi de
finances.
Cette forte hausse des crédits doit néanmoins être
relativisée puisqu'elle intervient afin de compenser la disparition de
la part de la créance de proratisation versée au logement.
Evolution de la créance de proratisation
Par rapport à 2001, la « LBU » augmente de 81,71 millions d'euros en autorisations de programme. Or, la suppression de la part de la créance de proratisation destinée à l'effort en faveur du logement était estimée à 74,55 millions en 2001. Le Gouvernement considère par conséquent que cette part est compensée par la hausse des crédits de la « LBU » prévue pour 2002.
Part
de la créance de proratisation
versée au profit du logement
(en millions d'euros)
1998 |
1999 |
2000 |
2001 (1) |
2002 (1) |
88,54 |
94,85 |
100,38 |
81,40 |
3,11 |
Source : secrétariat à l'outre-mer.
(1) prévisions.
Ces moyens doivent permettre de financer la réhabilitation de
6.000 logements du parc locatif social ou du parc privé, ainsi que
la construction de 5.000 logements sociaux en location et 5.700 en accession
à la propriété.
D'autre part, les crédits affectés à la résorption
de l'habitat insalubre bénéficieront à 2.400
ménages grâce à l'attribution d'aides spécifiques
à hauteur de 27,4 millions d'euros en autorisations de programme en
2002. Toutefois, le total des crédits de paiement connaîtra une
hausse moins forte puisqu'il s'élèvera à
10,7 millions d'euros en 2002.
En outre, plusieurs dispositions mises en oeuvre en 2001 devraient continuer
à porter leurs fruits en 2002, il s'agit en particulier de la
simplification des mécanismes financiers, de l'ouverture de la ligne
budgétaire unique au financement des résidences sociales, de la
diversification des aides à l'amélioration des logements, de
l'unification des barèmes d'allocation logement ou encore du
renforcement des moyens mis à disposition de la politique de la ville.
L'aide à la construction de logements neufs dans les DOM
L'accession très sociale, sociale et
intermédiaire :
L'accession très sociale : c'est une aide constituée par une
subvention maximale de 50 % de l'investissement.
L'accession sociale avec le prêt à taux zéro à
quotité de 40 % du coût du logement.
L'accession intermédiaire avec prêt à taux zéro
à quotité de 25 %.
Le locatif
:
Les prêts aidés par l'Etat servis par la Caisse des
dépôts et consignations permettent de financer le logement locatif
social et très social.
Le prêt locatif intermédiaire (PLI) finance les logements dont le
loyer se situe entre celui pratiqué dans le secteur locatif social et
celui observé sur le marché libre. Il est distribué par la
CDC ou l'AFD ou tout établissement de crédit ayant passé
une convention avec l'Etat au taux fixe de 5,5 % sur une durée de
25 ans.
Les prêts « construction-démolition » (LLS-CD)
sont en vigueur depuis le 4 mai 2000 et ouvrent la possibilité
d'entreprendre des opérations de démolition d'ensemble de
logements sociaux en assurant le relogement des locataires concernés par
les démolitions. Ces prêts bénéficient d'un taux
réduit de 1,83 %.
2. Une certaine diminution des moyens en faveur du logement
L'année dernière, notre collègue, Philippe Nogrix s'inquiétait de la baisse de 9 % des crédits consacrés à la politique du logement qu'il avait observée du fait de la compensation seulement partielle de la diminution de la créance de proratisation.
Evolution des dotations budgétaires en faveur du logement 6( * )
Source : Secrétariat d'Etat à
l'outre-mer
En 2002, la compensation de la diminution de la créance de proratisation
sera, certes, assurée en autorisations de programme, comme le souligne
le Gouvernement, mais pas en crédits de paiement. Selon ce dernier
critère, les crédits effectifs mis à la disposition de la
politique du logement diminueront de 27 % en 2002, ce qui est
considérable. Ce faisant, votre rapporteur pour avis ne peut que
déplorer que le Gouvernement n'ait pas souscrit à son engagement
de l'année passée de consacrer 489 millions
9(
*
)
de francs supplémentaires à la politique
du logement dans les DOM en 2002 afin de compenser la disparition de la
créance de proratisation.
Par ailleurs, des incertitudes demeurent quant à l'évolution des
crédits à l'avenir. La compensation de la part
« logement » de la créance de proratisation ne
faisant pas l'objet d'une ligne individuelle, il sera, en effet, difficile d'en
suivre l'évolution.
Enfin, la prise en compte d'importants reports d'une année sur l'autre
par le Gouvernement pour estimer l'effort en faveur du logement, outre qu'elle
pose la question de l'efficacité des outils, ne clarifie pas le
débat sur les moyens mobilisés.
Au-delà même de la nécessaire définition d'une
nouvelle ambition pour le logement dans les DOM, que votre commission appelle
de ses voeux, c'est un véritable effort budgétaire de la part du
Gouvernement en faveur du logement dans les DOM qui devient chaque jour plus
indispensable.
*
* *
Des annulations de crédits importantes en 2001
Le
projet de loi de finances rectificative
10(
*
)
pour 2001 récapitule les annulations de crédits auxquelles a
procédé le Gouvernement. Le budget de l'outre-mer a
été particulièrement affecté cette année
puisque le total des annulations de crédits approche les
300 millions de francs.
L'arrêté du 21 mai 2001 du ministre de l'Economie, des Finances et
de l'Industrie a annulé 40 millions de francs de crédits de
paiement, dont 20 millions au titre du FEDOM (chapitre 65-01) et
20 millions concernant la subvention au fonds d'investissement pour le
développement économique et social (chapitre 68-90). Ces deux
chapitres ont été à nouveau concernés par des
annulations de crédits de paiements décidés par un
arrêté du 14 novembre 2001 pour des montants respectifs de
89,6 millions de francs et 126 millions de francs, le total des
annulations prévues par ce second arrêté, qui concerne
également d'autres chapitres, s'élevant à
255,6 millions de francs.
De telles annulations de crédits devraient inviter le Gouvernement
à s'interroger sur la pertinence des objectifs qu'il se fixe et sur
l'efficacité des outils qu'il a mis en place. A défaut, c'est la
véracité même de son discours qui pourrait s'en trouver
menacée.
Certes, le Gouvernement s'est attaché, au moins partiellement dans ce
projet de budget pour 2002, à entreprendre la mise en oeuvre des deux
lois importantes que sont la loi d'orientation pour l'outre-mer et la loi
relative à Mayotte. Cependant, ce seul critère ne saurait suffire
à présumer de la qualité de ce projet de budget, ni de la
justesse des orientations retenues.
Au-delà des données chiffrées, il convient en effet de
s'attacher, en particulier, à l'examen des choix réalisés
et au caractère pérenne des financements attendus.
Ce qui importe en cette fin de législature, c'est de savoir si la voie
tracée pour l'outre-mer correspond aux véritables besoins des
populations et des territoires concernés ou bien si les mesures
engagées constituent davantage des solutions temporaires sans
véritable effet sur le développement durable.
Or, si le Gouvernement n'a pas manqué d'attention pour les DOM, celle-ci
n'a sans doute pas su s'exprimer de manière suffisamment audacieuse pour
traiter au fond les problèmes aigus auxquels sont confrontés nos
concitoyens d'outre-mer.
Une véritable politique de développement durable et autonome des
DOM reste donc encore à définir et à conduire, qu'il
s'agisse des encouragements au développement d'emplois pérennes
ou de l'effort en faveur du logement.
C'est pourquoi votre commission, saisie pour avis, a émis, comme elle
l'a fait en 2000 et 2001, un avis défavorable à l'adoption des
crédits du secrétariat d'État à l'outre-mer pour
2002.
TRAVAUX DE LA COMMISSION
Réunie le mardi 30 octobre 2001, la commission a
ensuite
procédé à l'
examen
du rapport pour avis
de
Mme Valérie Létard
sur le
projet de loi
de
finances pour 2002
(crédits consacrés
à
l'outre-mer).
Mme Valérie Létard, rapporteur pour avis
, a
présenté les grandes lignes de son rapport pour avis (cf.
exposé général du présent avis).
M. Louis Souvet
s'est inquiété de la persistance d'un taux
de chômage très élevé dans les DOM, qui pouvait
dépasser 50 % pour les jeunes, et du maintien d'une situation
sociale très dégradée, caractérisée par une
grande dépendance des populations concernées vis-à-vis des
différentes aides sociales. Il a insisté sur la
nécessité de mettre l'accent sur la politique en faveur du
logement afin, notamment, de dynamiser l'économie locale et de favoriser
l'emploi des jeunes. Il a observé que les DOM étaient très
exposés à la conjoncture internationale du fait de la place
importante qu'occupait le tourisme dans leur économie. Il a fait part de
sa préoccupation devant les conséquences que ne manqueraient pas
de produire les récents événements sur ce secteur de
l'économie.
M. Paul Vergès
, après avoir observé que
l'évolution des crédits réservés à
l'outre-mer dans le projet de budget pour 2002 était plutôt
satisfaisante, a souhaité néanmoins souligner le décalage
qui existait entre, d'une part, les moyens engagés et les politiques
mises en oeuvre et, d'autre part, les enjeux auxquels allaient être
confrontés les DOM dans les vingt prochaines années.
Il a expliqué que les DOM cumulaient les difficultés propres aux
pays industrialisés, à travers par exemple les restructurations
économiques, et celles que connaissaient les pays en voie de
développement, du fait notamment de l'explosion démographique.
Il a insisté sur les difficultés qui apparaissaient du fait des
contraintes consécutives à l'intégration des DOM dans le
marché unique européen compte tenu de la forte concurrence
exercée par les pays voisins. Il a expliqué, en effet, que les
subventions dont les DOM pouvaient bénéficier avaient souvent
pour conséquence de fragiliser les économies locales en
augmentant artificiellement les coûts alors que les concurrents des DOM
pouvaient, quant à eux, bénéficier d'une main-d'oeuvre
abondante et très compétitive.
Après avoir rappelé que la population de la Réunion avait
été multipliée par trois depuis 1946 pour atteindre
aujourd'hui 756.000 habitants et qu'elle devrait atteindre près
d'un million en 2025, il a souligné le caractère inadapté
d'une politique qui privilégiait une vision annuelle et des dispositifs
favorisant l'assistance. A cet égard, il a rappelé les effets
pervers que pouvait avoir pour l'économie locale le surcroît de
rémunération, estimé à 53 %, dont
bénéficiaient les personnels titulaires de la fonction publique.
Il a observé, par ailleurs, qu'il demeurait un problème
institutionnel pour les régions d'outre-mer quant à leur place
dans les processus d'intégration régionaux en cours dans les
Caraïbes et en Afrique australe.
Compte tenu de ces observations, il a indiqué qu'il voterait le budget,
sans illusion, en appelant de ses voeux l'adoption d'une vision à
l'horizon de vingt ans pour tenir compte des enjeux auxquels devaient faire
face les DOM.
M. Claude Domeizel
a rappelé, à son tour, les incidences
que pouvait avoir le développement démographique des DOM sur
l'emploi et l'éducation. Il s'est déclaré
préoccupé notamment par l'inexistence des transports en commun.
Il a souhaité une remise en cause du principe selon lequel les
personnels titulaires de la fonction publique bénéficiaient d'un
surcroît de rémunération très important,
après avoir observé que cette spécificité
favorisait en réalité le recours à des personnels non
titulaires qui ne bénéficiaient pas des mêmes avantages. Il
a souscrit à l'idée de développer une vision à
vingt ans. Néanmoins, évoquant le projet de budget pour 2002, il
s'est félicité de l'augmentation des crédits de
3,76 % du secrétariat d'Etat, de l'augmentation des crédits
du FEDOM de 25 % ainsi que des nombreuses mesures prévues par ce
budget, que ce soit dans le domaine de l'emploi ou du logement. C'est pourquoi,
après s'être étonné de la proposition d'avis
défavorable émise par le rapporteur pour avis, il a
déclaré qu'il se prononcerait en faveur de l'adoption des
crédits du budget du secrétariat d'Etat à l'outre-mer.
M. André Vantomme
a regretté que la commission n'ait pu
auditionner le secrétaire d'Etat à l'outre-mer, estimant que cela
aurait été utile afin d'avoir la vision du Gouvernement sur ce
projet de budget.
M. Nicolas About, président
, a rappelé la charge de
travail de la commission particulièrement élevée, chaque
automne, puisqu'elle devait examiner le projet de loi de financement de la
sécurité sociale à travers un programme conséquent
d'auditions ainsi que neuf avis sur le projet de loi de finances. Il a
observé que le Gouvernement inscrivait néanmoins, au même
moment, à l'ordre du jour prioritaire des textes législatifs
importants : proposition de loi de lutte contre les discriminations,
proposition de loi sur la couverture sociale des non-salariés agricoles,
projet de loi de modernisation sociale et projet de loi rénovant
l'action sociale et médico-sociale.
Ainsi, sachant que M. Christian Paul, secrétaire d'Etat chargé de
l'outre-mer, avait été auditionné l'an dernier à la
même époque, avait-il cru devoir donner la priorité
à l'audition de la nouvelle ministre chargé du logement, Mme
Marie-Noëlle Lienemann, qui avait malheureusement dû annuler au
dernier moment cette audition, faisant perdre à la commission un
« créneau » précieux. Il a fait observer, au
demeurant, que les parlementaires disposaient traditionnellement d'une
présentation très complète, réalisée par
chaque ministère, de son projet de budget mais, prenant note de la
demande formulée, il a fait part de son souhait de lui donner
satisfaction à l'avenir.
En réponse aux intervenants,
Mme Valérie Létard,
rapporteur pour avis,
a estimé que les principales mesures
prévues par ce projet de budget avaient pour inconvénient de
privilégier des objectifs de court terme. Elle s'est interrogée
sur l'avenir réservé aux titulaires d'emplois-jeunes ou de CES
à l'issue de leur contrat. Elle a estimé qu'il aurait
été sans doute préférable d'essayer de dynamiser
davantage le tissu économique. Elle a enfin rappelé les
incertitudes qui entouraient l'évolution, après 2002, des
crédits destinés à compenser la suppression de la
créance de proratisation du RMI qui permet d'accroître les moyens
en faveur de l'insertion et du logement.
A l'issue de ce débat, la commission a émis un
avis
défavorable à
l'adoption des crédits de l'outre-mer
pour 2002
.
Au cours de sa réunion du 30 octobre, la commission des Affaires
sociales a émis un avis défavorable à l'adoption des
crédits de l'outre-mer pour 2002.
1
Avis n° 96 - Tome VIII
(2000-2001) du Sénat présenté au nom de la commission des
Affaires sociales sur le projet de loi de finances pour 2001, M. Philippe
Nogrix, rapporteur pour avis, p. 4.
2
En 1999, le taux de chômage était de 28,35 % en
Guadeloupe, 28 % en Martinique, 20,42 % en Guyane et 31,8 %
à la Réunion.
3
BIT, « Répercussions sociales sur le secteur de
l'hôtellerie et du tourisme des événements
consécutifs au 11 septembre », document 01/38 du 24 octobre
2001.
4
Avis n° 96 - Tome VIII (2000-2001) du Sénat
présenté au nom de la commission des Affaires sociales sur le
projet de loi de finances pour 2001, M. Philippe Nogrix, rapporteur pour avis,
p. 16.
5
Les critères de l'insalubrité peuvent évoluer
d'un DOM à un autre, ce qui donne lieu à des difficultés
d'évaluation du nombre de logements concernés.
6
En crédits de paiement et en millions d'euros.
7
Chapitre 65-01.
8
Part relative à l'effort en faveur du logement.
9
Réponse adressée par le secrétariat
d'Etat au logement au questionnaire budgétaire pour 2001 de
M. Jacques Bimbenet, rapporteur.
10
Voir document n° 3384 de l'Assemblée nationale du 14
novembre 2001, p. 167 et 191.