CHAPITRE IV-
LA DISSUASION
La
réorganisation des structures de commandement des forces sous-marines
comprenant la Force océanique stratégique (FOST), qui a à
sa charge la mission de dissuasion et l'escadrille des six sous-marins
nucléaires d'attaque (SNA), est achevée. Elle a consisté
à déménager l'état-major de Houilles à Brest
à l'été 2000, où il est implanté dans
l'enceinte de la base navale sur le site des Roches-Douvres. Il est ainsi
placé à proximité immédiate du site qui abrite les
SNLE et le centre de préparation des équipages.
De même, le centre opérationnel de la Force océanique
stratégique (COFOST) est installé depuis septembre 2002 à
Brest. Le COFOST de secours, encore installé à Houilles sera
déplacé à Lyon Mont-Verdun auprès du centre de
contrôle opérationnel des forces aériennes
stratégiques.
A. LES SNLE-NG
Le
renouvellement de la flotte des sous-marins nucléaires lanceurs d'engins
(SNLE) se poursuit avec le programme de SNLE de nouvelle
génération. Ces bâtiments ont un déplacement de 14
000 tonnes en plongée et emportent 16 missiles nucléaires. Leur
discrétion acoustique, leurs systèmes de navigation et de
détection et leur autonomie sont sensiblement améliorés.
La loi de programmation 1997-2002 prévoyait l'admission au service actif
du SNLE-NG n°4 en 2008 en version M45 et la mise en service du M 51
en 2010. Ce calendrier a été une première fois
modifié par la revue de programme en 1998. Il avait été
décidé de faire des économies sur le développement
du M 51 et la remise à niveau du SNLE-NG n°4 en coordonnant leur
mise en service simultanée en 2008.
Ce calendrier a été à nouveau modifié par le projet
de loi de programmation militaire pour 2003-2008 et le PLF 2002, portant les
retards sur le « Vigilant » à 18 mois et sur le
« Terrible » à 36 mois par rapport aux
prévisions initiales. Le SNLE-NG n°4 et le M 51 n'entreront en
service qu'en 2010. Cette décision s'explique essentiellement par des
raisons financières et par l'organisation du plan de charge de
l'établissement de DCN à Cherbourg. Des retards ont, en effet,
été pris sur la construction du « Vigilant »
(SNLE-NG n°3, environ 5 mois en 2001) et la prochaine période
d'entretien majeur du « Triomphant » (SNLE-NG n°1,
entré en service en 1997) est prévue à partir d'avril
2002. Notifiée à DCN en octobre 2001, elle durera 29 mois et
représente un contrat d'environ 150 millions d'euros.
En conséquence, les deux derniers SNLE de génération
précédente, « l'Indomptable » et
« l'Inflexible » ont été prolongés
d'un an. Leurs retraits respectifs sont désormais prévus en 2004
et 2007.
Le retrait de « l'Indomptable » sera coordonné avec
l'admission au service actif du « Vigilant » et la fin du
grand carénage du « Téméraire »
(2006-2007).
Le recul de deux ans de l'admission au service actif du
« Terrible » conduit néanmoins à un
espacement de trois ans avec le retrait du service actif de
« l'Inflexible ». Pendant trois ans, la France descendra en
dessous du seuil de quatre sous-marins nucléaires lanceurs d'engins
définis par le modèle d'armée 2015.
Cette diminution temporaire du nombre des SNLE en service ne devrait cependant
pas avoir de conséquences opérationnelles puisque le nombre de
quatre SNLE a été fixé en prenant en compte le fait qu'un
SNLE sur les quatre serait en entretien majeur (24 mois tous les 7 ans et demi
environ), un serait en période d'entretien périodique et deux
seraient aptes à appareiller. De 2007 à 2010, trois sous-marins
seront disponibles, il n'y aura pas de sous-marin en entretien majeur mais un
sous-marin en construction.
Calendrier des retraits et admissions au service actif des SNLE
|
Retraits du service actif |
Admissions au service actif |
1996 |
Le Terrible |
|
1997 |
|
Le Triomphant |
1998 |
Le Foudroyant |
|
1999 |
Le Tonnant |
Le Téméraire |
2004 |
L'Indomptable
|
Le Vigilant |
2007 |
L'inflexible
|
|
2010 |
|
Le Terrible
- M 51
|
Les
opérations d'adaptation des trois premiers sous-marins de nouvelle
génération au missile M 51 s'étaleront de 2010 à
2016 et nécessiteront de mettre à profit les immobilisations de
longue durée des bâtiments pour ne pas obérer les
capacités opérationnelles.
Le programme de SNLE de nouvelle génération a fait l'objet de
dépassements considérables. Le coût total estimé du
programme pour 4 sous-marins (9 788 millions d'euros 1986) est assez proche du
coût estimé à l'origine pour 6 sous-marins (9 955 millions
d'euros 1986), le coût unitaire ayant progressé de près de
40 % (1 405 millions d'euros contre 1 030 millions d'euros de 1986).
Pour 2002, ce programme est doté de 280,66 millions d'euros
d'autorisations de programme et de 282,6 M € de crédits de
paiement.
B. LE M 51
Le
programme M 51 vise à remplacer le missile M 45 (MSBS - missile mer sol
balistique stratégique) tiré à partir des SNLE en
patrouille.
Il constitue un progrès dans tous les domaines : précision,
portée (6 000 km), résistance. Comme les missiles M4 et M45,
il sera capable d'emporter plusieurs têtes thermonucléaires. Issu
du programme M 5 plus ambitieux lancé en 1992, le programme M 51 a
été lancé en 1996. Il est prévu de construire un
peu moins de 50 missiles opérationnels.
Les premiers missiles dotés des têtes nucléaires TN 75
seront en service à bord du SNLE-NG n°4 en 2010. En 2015, ils
seront dotés d'une nouvelle tête, la TNO (tête
nucléaire océanique).
Le coût total du programme est estimé à 4 713 millions
d'euros (2001), soit un coût inférieur d'environ 21 % à
celui du programme M 5.
Les crédits attribués à ce programme en 2002 sont de 71,6
millions d'euros en AP et de 550,9 millions d'euros en CP.
C. LE NOUVEAU RÉACTEUR D'ESSAI À TERRE (RES)
Le
programme RES est destiné a remplacer le réacteur d'essai
à terre actuel (RNG - réacteur de nouvelle
génération) qui date des années 1970 et dont la fin
d'exploitation est prévue en 2005. Il est en construction sur le site de
Cadarache. Le bon déroulement de ce programme est indispensable pour
qu'au moment de l'entrée en service des sous-marins Barracuda en 2012
les chaudières nucléaires aient fonctionné suffisamment
longtemps, l'objectif du réacteur à terre étant de les
tester pour éviter que ne se produisent des accidents en mer.
Disposer d'un réacteur d'essai à terre reste en effet
nécessaire pour :
- la qualification technique des chaufferies en service, l'expérience
acquise à terre permettant de mettre en place des évolutions sur
les bâtiments pour rendre les réacteurs plus sûrs et plus
efficaces ;
- la qualification des combustibles nucléaires ;
- le développement de nouveaux composants pour les chaufferies.
C'est par exemple grâce aux expérimentations menées
à terre que peut être optimisée l'utilisation des coeurs
des réacteurs. Ce problème est particulièrement important
pour le porte-avions « Charles de Gaulle » dont la
disponibilité doit être portée à son maximum tant
qu'il sera le seul porte-avions français. Il serait donc souhaitable,
sans porter atteinte à la sécurité, de réduire la
durée des immobilisations liées aux travaux sur les
réacteurs (durée de vie totale des coeurs, des périodes de
disponibilité entre deux entretiens...).
La décision de réalisation du RES a été prise en
2000 et sa divergence est prévue en 2007. Le RES comprendra deux
installations principales : une piscine permettant l'examen et
l'entreposage des éléments combustibles de la propulsion
nucléaire (achèvement en 2004) et un réacteur. Son
coût estimé est de 593 millions d'euros (2000).
Crédits destinés aux programmes de propulsion
navale nucléaire
(en millions d'euros courants)
Programmes |
Chapitres |
LFI 2001 |
PLF 2002 |
||
AP |
CP |
AP |
CP |
||
RES |
51 71-51 |
33,7 |
34,3 |
102,3 |
53,8 |
SNLE NG |
51 71-31 |
29,7 |
24,9 |
18,8 |
27,9 |
PA CDG |
53 81-71 |
0 |
0,9 |
|
|
Barracuda |
53 81-77 |
0,8 |
0,8 |
17,1 |
10,3 |
Installations à terre |
51 71-37 et 32 |
4,7 |
3,1 |
2,9 |
2,9 |
Entretien SNLE |
51 71-36 |
9,5 |
9,5 |
13 |
13 |
Entretien SNA et PA |
55 21-35 |
2,3 |
2,0 |
2,1 |
2,1 |
Adaptation des coeurs |
53 81-62 |
1,1 |
1,1 |
3,9 |
1,5 |
Formations spécifique |
55 11-37 |
1,1 |
1,1 |
1,2 |
1,2 |
Total |
|
82,9 |
77,7 |
161,3 |
112,7 |
Les crédits actuellement dévolus au RES sont à peine suffisants pour le bon déroulement du programme. La décision a été prise de ralentir les travaux sur la piscine pour maintenir la date de divergence du réacteur et il faudra en 2003 une hausse significative du budget alloué à ce programme, de l'ordre de 60 millions d'euros, pour en assurer le bon déroulement et éviter l'arrêt des travaux.