Projet de loi de finances pour 2002 - Tome XIX : Aviation civile et transport aérien
LE GRAND (Jean-François)
AVIS 89 - TOME XIX (2001-2002) - COMMISSION DES AFFAIRES ECONOMIQUES
Rapport au format Acrobat ( 876 Ko )Table des matières
- INTRODUCTION
-
CHAPITRE 1ER -
LES MOYENS FINANCIERS DE L'AVIATION CIVILE -
CHAPITRE II -
LE TRANSPORT AÉRIEN EN ÉTAT DE CHOC-
I. AU PLAN MONDIAL, UN RALENTISSEMENT BRUTAL
- A. UNE CROISSANCE AUX FONDEMENTS SOLIDES, BRUTALEMENT REMISE EN CAUSE
- B. LES ALLIANCES ENTRE CONSOLIDATION ET ÉCLATEMENT
- II. A L'ÉCHELLE FRANÇAISE, UN BILAN CONTRASTÉ
-
I. AU PLAN MONDIAL, UN RALENTISSEMENT BRUTAL
-
CHAPITRE III -
LA POLITIQUE AÉROPORTUAIRE : L'HEURE DES CHOIX- I. QUEL ACCROISSEMENT DES CAPACITÉS ?
-
II. POURSUIVRE LA LUTTE CONTRE LES NUISANCES
AÉROPORTUAIRES
- A. METTRE EN oeUVRE LES RECOMMANDATIONS DE L'ACNUSA POUR LA RÉGULATION DU BRUIT AÉROPORTUAIRE
-
B. MAÎTRISER L'URBANISME : PRÉVENIR ET
GUÉRIR
-
1. L'indispensable et difficile maîtrise de
l'urbanisation aux abords des aéroports
- a) Le contre-exemple de Paris-Charles de Gaulle
- b) Un problème complexe, qui fait appel à la responsabilité des élus
- c) Les dispositions introduites par le Sénat à la loi du 12 juillet 1999
- d) Les propositions de l'ACNUSA en matière urbanistique
- e) Un laxisme peu compréhensible : l'article 36 de la loi « SRU »
- 2. Guérir : l'insonorisation des logements riverains
- 3. Bilan des sanctions infligées par l'ACNUSA
-
1. L'indispensable et difficile maîtrise de
l'urbanisation aux abords des aéroports
-
ANNEXE -
LA RÉGLEMENTATION FRANÇAISE EN MATIÈRE
DE BRUIT AÉRONAUTIQUE
N° 89
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 2001-2002
Annexe au procès-verbal de la séance du 22 novembre 2001
AVIS
PRÉSENTÉ
au nom de la commission des Affaires économiques et du Plan (1) sur le projet de loi de finances pour 2002 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,
TOME XIX
AVIATION CIVILE ET TRANSPORT AÉRIEN
Par M. Jean-François LE GRAND,
Sénateur.
(1) Cette commission est composée de : MM. Gérard Larcher, président ; Jean-Paul Emorine, Marcel Deneux, Gérard César, Pierre Hérisson, Jean-Marc Pastor, Mme Odette Terrade, vice-présidents ; MM. Bernard Joly, Jean-Paul Émin, Patrick Lassourd, Bernard Piras, secrétaires ; MM. Jean-Paul Alduy, Pierre André, Philippe Arnaud, Gérard Bailly, Bernard Barraux, Mme Marie-France Beaufils, MM. Michel Bécot, Jean-Pierre Bel, Jacques Bellanger, Jean Besson, Claude Biwer, Jean Bizet, Jean Boyer, Mme Yolande Boyer, MM. Dominique Braye, Marcel-Pierre Cleach, Yves Coquelle, Gérard Cornu, Roland Courtaud, Philippe Darniche, Gérard Delfau, Rodolphe Désiré, Yves Detraigne, Mme Evelyne Didier, MM. Michel Doublet, Paul Dubrule, Bernard Dussaut, André Ferrand, Hilaire Flandre, François Fortassin, Christian Gaudin, Mme Gisèle Gautier, MM. Alain Gérard, François Gerbaud, Charles Ginésy, Francis Grignon, Louis Grillot, Georges Gruillot, Charles Guené, Mme Odette Herviaux, MM. Alain Journet, Joseph Kerguéris, Gérard Le Cam, Jean-François Le Grand, André Lejeune, Philippe Leroy, Jean-Yves Mano, Max Marest, René Monory, Paul Natali, Jean Pépin, Daniel Percheron, Ladislas Poniatowski, Jean-Pierre Raffarin, Daniel Raoul, Paul Raoult, Daniel Reiner, Charles Revet, Henri Revol, Roger Rinchet, Claude Saunier, Bruno Sido, Daniel Soulage, Michel Teston, Pierre-Yvon Trémel, André Trillard, Jean-Pierre Vial.
Voir
les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
3262
,
3320
à
3325
et T.A.
721
.
Sénat
:
86
et
87
(annexe n°
24
)
(2001-2002).
Lois de finances. |
INTRODUCTION
Mesdames, Messieurs,
Les attentats du 11 septembre 2001 ont écrit l'une des pages les
plus noires de l'histoire de l'aviation civile. La Commission des Affaires
économiques s'associe pleinement aux souffrances des victimes, de leurs
familles, des équipages des compagnies concernées et de leurs
familles. Au-delà, l'émotion a touché tous les acteurs du
secteur aérien, alors que l'arrêt brutal de la croissance du
trafic menace désormais l'activité des compagnies et l'emploi des
personnels.
Dans ce contexte troublé, la discussion des crédits
consacrés au transport aérien et à l'aviation civile dans
le projet de loi de finances pour 2002 permet de mesurer, outre sa
réaction face à la conjoncture, la capacité du
Gouvernement à préparer l'avenir, à l'heure des choix pour
le transport aérien et la politique aéroportuaire.
CHAPITRE 1ER -
LES MOYENS FINANCIERS DE L'AVIATION
CIVILE
Les
crédits dévolus à l'aviation civile sont
éparpillés entre :
- le budget annexe de l'aviation civile, qui regroupe l'ensemble des
crédits des services de l'aviation civile ;
- la section « transport » du budget
général de l'Etat, pour le soutien à l'aéronautique
civile notamment ;
- un compte d'affectation spéciale, le fonds d'intervention pour
les aéroports et le transport aérien (FIATA), chargé de
financer les dépenses liées à l'aménagement du
territoire, ainsi que les dépenses de sécurité, incendie,
sauvetage et sûreté.
I. LE BUDGET ANNEXE DE L'AVIATION CIVILE
Le tableau ci-dessous détaille les agrégats du projet de budget annexe pour 2002, selon la présentation traditionnelle des budgets annexes, et les compare à ceux votés en loi de finances initiale pour 2001 :
BUDGET
ANNEXE DE L'AVIATION CIVILE
Tableau comparatif 2001 - 2002
(en euros)
DEPENSES |
|
RECETTES |
||||||
INTITULÉ |
Loi de finances 2001 |
Projet de loi de finances 2002 |
Evolution |
|
INTITULÉ |
Loi de finances 2001 |
Projet de loi de finances 2002 |
Evolution |
PREMIÈRE SECTION : EXPLOITATION |
||||||||
Dépenses d'exploitation |
125 588 190 |
130 245 507 |
3,7 % |
|
Redevance de route |
770 477 333 |
850 513 067 |
10,4 % |
Impôts et taxes |
4 759 027 |
5 205 187 |
9,4 % |
|
RSTCA (1) |
192 390 660 |
207 940 460 |
8,1 % |
Frais judiciaires |
3 048 980 |
3 048 980 |
- |
|
Taxe aviation civile |
216 224 767 |
223 642 041 |
3,4 % |
Charges de personnel |
695 166 879 |
753 883 369 |
8,4 % |
|
Autres produits |
14 080 957 |
11 663 748 |
-17,2 % |
Organismes extérieurs |
183 898 792 |
197 849 095 |
7,6 % |
|
Produits financiers |
1 067 143 |
1 067 143 |
0,0 % |
Charges financières |
25 916 333 |
28 355 517 |
9,4 % |
|
Reprises sur provisions |
60 040 521 |
25 941 944 |
-56,8 % |
Autres charges de gestion courante |
5 463 773 |
2 818 783 |
-48,4 % |
|
Subvention |
18 522 556 |
0 |
-100,0 % |
Dotations aux provisions |
2 818 782 |
6 726 050 |
138,6 % |
|
TOTAL Recettes |
1 272 803 937 |
1 320 768 403 |
3,8 % |
Autofinancement |
226 143 181 |
192 635 915 |
-14,8 % |
|
|
|
|
|
TOTAL Exploitation |
1 272 803 937 |
1 320 768 403 |
3,8 % |
|
|
|
|
|
DEUXIÈME SECTION : CAPITAL |
||||||||
Remboursements d'emprunts |
90 237 000 |
91 469 000 |
1,4 % |
|
Autofinancement |
226 143 181 |
192 635 915 |
-14,8 % |
Investissements |
228 902 000 |
198 100 000 |
-13,5 % |
|
Autres recettes |
0 |
0 |
- |
Augmentation du fonds de roulement |
61 |
0 |
|
|
Emprunt |
92 995 880 |
96 933 085 |
4,2 % |
TOTAL Capital |
319 139 061 |
289 569 000 |
-9,3 % |
|
Recettes sur cessions |
0 |
0 |
- |
|
|
TOTAL Recettes |
319 139 061 |
289 569 000 |
-9,3 % |
|||
|
|
|
|
|
|
|
|
|
TOTAL BRUT |
1 591 942 998 |
1 610 337 403 |
1,2 % |
|
TOTAL BRUT |
1 591 942 998 |
1 610 337 403 |
1,2 % |
à
déduire :
|
-226 143 181 |
-192 635 915 |
|
|
à
déduire :
|
-226 143 181 |
-192 635 915 |
|
TOTAL NET |
1 365 799 817 |
1 417 701 488 |
3,8 % |
|
TOTAL NET |
1 365 799 817 |
1 417 701 488 |
3,8 % |
(1) Redevance pour services terminaux de la circulation aérienne
A. LES DÉPENSES DU BUDGET ANNEXE
Comme
l'an dernier,
les dépenses de personnel
(754 millions
d'euros) représentent à la fois le premier poste de
dépenses du projet de budget annexe et son élément le plus
dynamique en termes de croissance (
+8,4 %
). L'an dernier, la
croissance de ce poste était déjà de 4,6 %.
Outre la création de 467 emplois, dont 366 personnels
techniques pour renforcer les services de la navigation aérienne, c'est
l'application des mesures de revalorisation salariale du protocole du
7 décembre 2000 et de la fonction publique en
général qui explique ce fort accroissement.
Les
dépenses de fonctionnement des services
(130 millions
d'euros) augmentent de 3,7 %.
En revanche, les moyens de paiement demandés au titre des
investissements
baissent (-7,3 %) pour la deuxième
année consécutive, pour atteindre 200 millions d'euros.
Pour la navigation aérienne
, l'enveloppe demandée
(155 millions d'euros d'autorisations de programme) vise à
poursuivre les efforts de modernisation de l'outil de contrôle du trafic
aérien afin d'accompagner la croissance du trafic. A cet égard,
les principales actions engagées concernent le renouvellement des aides
radio à l'atterrissage, la mise en oeuvre de systèmes de
radionavigation sur les aérodromes qui en étaient
dépourvus, la poursuite des acquisitions de radars pour améliorer
la sécurité et la fluidité des mouvements, l'acquisition
de stations opérationnelles pour parfaire la surveillance du trafic
aérien, le renouvellement du système de traitement radar, du
système de traitement des plans de vols et du système des
positions de contrôle, ainsi que la première tranche du
développement du futur «
système européen des
plans de vols
» visant à augmenter la capacité du
trafic du ciel européen.
Les moyens d'engagement des
bases aériennes
connaissent une
légère baisse, de 1,1 %, à 21 millions d'euros,
destinés à :
- des travaux d'infrastructures et des acquisitions foncières sur
les aérodromes concédés (piste de Strasbourg, acquisition
foncière à Lyon, Biarritz, Bâle-Mulhouse) et sur les
aérodromes en régie (dont les travaux d'assainissement à
Saint-Pierre et Miquelon, des réfections de pistes notamment sur les
aérodromes de Biscarosse et Saucats) ;
- des opérations prévues dans les contrats de plan
Etat-régions telles que l'aérogare de Mayotte ou les acquisitions
foncières à Montpellier ;
- la poursuite jusqu'à leur terme des opérations de
sûreté financées par le budget annexe avant la
création du FIATA.
B. LES RECETTES DU BUDGET ANNEXE
1. Les redevances de navigation aérienne
Compte-tenu de l'augmentation du trafic, le produit attendu des redevances de navigation aérienne est en croissance dans le projet de budget annexe pour 2002 :
PRODUIT ATTENDU DES REDEVANCES (en francs)
|
Evaluation de recettes 2001 |
Evaluation de recettes 2002 |
Redevances de route |
770 477 333 |
850 513 067 |
RSTCA 1( * ) métropole |
174 096 778 |
188 884 332 |
RSTCA outre-mer |
18 293 882 |
19 056 127 |
Source : Projet de loi de finances pour 2002
Au total, le produit attendu des redevances de navigation aérienne
versées par les compagnies s'établit à
1.058 millions d'euros
(6,9 milliards de francs), en
hausse
de 9,9 %
par rapport au montant estimé en loi de finances
initiale pour 2001.
2. La taxe de l'aviation civile et la subvention du budget général
La
taxe de l'aviation civile,
applicable depuis le
1
er
janvier 1999, couvre l'essentiel des dépenses
du budget annexe qui ne donnent pas lieu à perception de redevances pour
services rendus, ainsi que les dépenses du FIATA.
Pour 2002, il n'est pas proposé de changement des taux, qui
s'établissent (après la conversion en euros ) à :
- 3,49 € par passager embarqué à destination de la
France ou d'un autre Etat ;
- 5,93 € par passager embarqué vers d'autres
destination ;
- 0,91 € par tonne de fret ou de courrier.
Le produit attendu de la taxe de l'aviation civile en 2002, est estimé
à
228,128 millions d'euros
(1,890 milliards de francs),
que l'article 16 du projet de loi de finances propose de répartir
à hauteur de 77,6 % au profit du budget annexe de l'aviation civile
et 22,4 % au profit du FIATA (contre actuellement respectivement
83,6 % et 16,4 %).
La
subvention du budget général, après avoir
diminué de 43 % l'an dernier, disparaît cette année,
ce qui déforme encore plus la structure du financement du budget annexe,
au détriment des compagnies (et donc des usagers du transport
aérien).
II. LE FIATA : UN INSTRUMENT DE PLUS EN PLUS ÉLOIGNÉ DE SON OBJET INITIAL
Le Fonds
de péréquation des transports aériens (FPTA)
institué par la loi n° 95-115 du
4 février 1995 d'orientation pour l'aménagement et le
développement du territoire, à la création duquel votre
commission avait pris une participation active, visait à subventionner
les lignes aériennes déficitaires afin d'assurer une desserte
équilibrée du territoire. Son financement était
assuré par une taxe assise sur les passagers.
Or, l'article 75 de la loi de finances pour 1999, qui constituait le
second volet de la réforme du financement de l'aviation civile, à
la suite de l'adoption d'une loi de validation de redevances
aéroportuaires
2(
*
)
, a transformé le
FPTA en «
Fonds d'intervention pour les aéroports et le
transport aérien
», compte d'affectation spéciale
reprenant le dispositif du FPTA, mais dont le périmètre
était étendu à
la prise en charge de dépenses de
sécurité, d'incendie, de sauvetage, de lutte contre le
péril aviaire et d'environnement
.
Depuis le 1
er
janvier 1999, une partie du produit de la
taxe de l'aviation civile (TAC) instituée par l'article 51 de la
loi de finances pour 1999, est affectée au FIATA, qui finance deux types
de dépenses :
la section
«
aéroports
» du fonds concerne ces
nouvelles missions (sécurité, sûreté...) et
la
section «
transport aérien
» reprend l'ancien
dispositif du FPTA
(subvention aux lignes aériennes
d'aménagement du territoire).
Or, depuis cette « hybridation » du FIATA, les missions
d'aménagement du territoire n'ont cessé d'être
diluées, le FIATA se déformant sans cesse davantage au profit des
missions de sécurité-sûreté
.
Le Gouvernement indiquait en effet l'an dernier que, compte-tenu des reports de
crédits constatés à la fin de la gestion 1999 et des
reports attendus à la fin de la gestion 2000, le chapitre
des
subventions d'aménagement du territoire aux entreprises du transport
aérien
n'était pas doté en 2001 !
Les crédits prévus en 2002 pour les dessertes aériennes
d'aménagement du territoire ne sont guère plus significatifs
puisqu'ils représentent moins du quart du total :
PRINCIPALES DOTATIONS DU FIATA PRÉVUES EN 2002
(en
millions d'euros)
|
2001 |
2002 |
Subventions aux entreprises de transport aérien |
0 |
15 |
Dépenses directes de l'Etat en matière de sûreté |
8 |
8 |
Subvention aux gestionnaires d'aérodrome (sûreté) |
2 |
15 |
Investissements directs incendie et secours |
9 |
6 |
Investissements directs sûreté |
24 |
20 |
TOTAL |
43 |
64 |
Au moins
l'enveloppe prévue pour 2002 n'est-elle pas nulle. Le chapitre II
du présent rapport (cf. supra) reprend les propositions
élaborées par un groupe de travail de la Commission des Affaires
économiques
3(
*
)
pour lutter contre
la
dégradation actuelle des dessertes aériennes régionales
françaises
, notamment en assouplissant les critères
d'attribution des aides du FIATA.
Votre commission s'étonne du fait que le récent comité
interministériel d'aménagement du territoire, à Limoges le
9 juillet dernier, ne se soit pas préoccupé d'une question
pourtant jugée essentielle, en termes d'aménagement du
territoire, par un nombre écrasant d'élus locaux
4(
*
)
.
Mais cette année encore, l'essentiel des crédits du FIATA (au
total
64 millions d'euros
, en augmentation de
52 %
par
rapport à 2001) est consacré à la sécurité
et à la sûreté.
Cette forte croissance des moyens alloués aux missions de
sécurité du FIATA (49 millions d'euros, tant en
fonctionnement qu'en investissement, soit une croissance de 15 % par
rapport à 2001) sera consacrée à la sûreté et
aux services de sauvetage et de lutte contre les incendies d'aéronefs,
permettant notamment la mise en oeuvre
des contrôles de bagages
à soute à 100 %,
l'acquisition et le fonctionnement de
matériel pour
l'inspection des passagers
et le
contrôle
des zones protégées
. Compte tenu des récents
événements, on ne peut que se féliciter de cet effort,
tout en regrettant qu'il soit
supporté par les compagnies
via la
taxe de l'aviation civile, et en déplorant qu'il ne s'accompagne pas de
la nécessaire relance des missions d'aménagement du territoire du
FIATA.
La Cour des Comptes, dans son rapport sur l'exécution des lois de
finances en 2000, a parfaitement analysé l'ambiguïté de la
gestion du compte d'affectation spéciale du FIATA. Elle a ainsi
constaté, à l'instar de votre commission ces dernières
années que, si l'examen des données budgétaires et de
gestion en 2000 conduisait à constater un redressement significatif du
niveau de consommation des autorisations budgétaires, qui
s'établit globalement à 59,3 % du montant
prévisionnel, cette évolution positive s'explique
par la
montée en régime des missions nouvelles dévolues au
FIATA
, qui mobilisent en 2000 près de 71 % des crédits,
contre 34 % en 1999.
La Cour constate que, si l'année 2000 se termine sur un taux global
d'exécution proche de 60 %, plus de deux fois supérieur
à celui de 1999, ces données s'inscrivent dans le cadre d'un
budget par ailleurs multiplié par 4 d'une année sur l'autre, qui
révèle, au sens de votre commission, la dénaturation du
FIATA.
La Cour poursuit : «
Il est à noter que la
répartition des charges afférentes aux missions
régaliennes entre le FIATA et le budget annexe de l'aviation civile
(BAAC) n'est pas sans poser problème. Il ressort que les services de
l'aviation civile ont eu quelques difficultés, faute de
définition claire des principes de répartition, à faire la
part entre
les opérations relevant du budget annexe, notamment en
raison de leur engagement dans le cadre de l'ancien dispositif, et celles qui
ressortent désormais de la compétence du FIATA
. Par ailleurs,
l'organisation administrative propre au compte, qui ne dispose pas
d'ordonnateurs secondaires, génère le recours au budget annexe
pour apporter une solution à certains problèmes
courants
».
Outre les difficultés de gestion décrites ci-dessus, la Cour
corrobore l'analyse de votre commission quant à
l'affaiblissement des
missions d'aménagement du territoire
: «
Le faible
niveau de consommation, auquel les autorités de l'Etat n'ont pas
apporté d'explication véritablement satisfaisante, justifie
l'absence de toute dotation nouvelle en loi de finances initiale 2001 sur le
chapitre 01 et la réduction drastique sur le chapitre 06 des
mesures nouvelles, qui passent de 84 millions de francs
(12,81 millions d'euros) à 10 millions de francs
(1,52 millions d'euros). Ces mesures, conjuguées à la
réduction en 2001 de la part de la taxe d'aviation civile
affectée au FIATA (16,4 % contre 22,3 %), et à la mise
en oeuvre d'un programme renforcé d'interventions au titre des missions
régaliennes dévolues au fonds, présentent
l'intérêt de contribuer à en résorber
l'excédent. La résorption des excédents du compte, pour
utile qu'elle soit, ne peut cependant être un objectif suffisant
.
«
La sous-consommation chronique des crédits
destinés à subventionner les liaisons aériennes
régionales révèle un problème de fond, qui devrait
conduire à s'interroger sur l'inadaptation aux réalités du
transport aérien d'un dispositif de subvention apparemment peu
attractif
. Elle conduit en l'état actuel à
s'interroger sur la
légitimité du dispositif mis en place
et sur l'existence même d'un compte spécial du Trésor qui
tend de plus en plus nettement
à couvrir des dépenses relevant
par nature du budget de l'Etat
, les autres missions se trouvant de fait
marginalisées au sein du FIATA
».
L'analyse de votre commission se trouve ainsi pleinement confirmée.
III. LES CRÉDITS INSCRITS AU BUDGET GÉNÉRAL DE L'ÉTAT
A. L'AÉRONAUTIQUE
La
construction aéronautique civile est un secteur particulièrement
important pour l'économie de notre pays en termes d'emploi, de
développement technologique, d'aménagement du territoire et de
commerce extérieur.
Avec 329 millions d'euros, le montant des autorisations de programme
prévues au budget de l'Etat reste au niveau de l'année 2001,
tandis que les crédits de paiement, avec 266 millions d'euros
augmentent de 10 %.
Cet effort est notamment destiné à accompagner la montée
en puissance du développement du nouvel avion gros porteur d'Airbus,
l'A380. En effet, plus de la moitié des crédits prévus
correspond à des
avances remboursables
, qui permettent, dans le
respect des accords internationaux, de soutenir les industriels de ce
secteur : 150 millions d'euros sont ainsi directement
consacrés à l'Airbus A380 tandis que les autres crédits
permettront de continuer le programme Airbus A340 versions 500 et 600.
Regrettons une fois encore que le système des avances remboursables,
en vigueur en Europe, soit moins favorable que celui en vigueur aux Etats-Unis,
où les constructeurs aéronautiques bénéficient des
retombées des programmes de recherche militaire
.
Notons une augmentation sensible (+32 %) des crédits
destinés à soutenir les programmes d'équipements, et tout
particulièrement ceux qui participeront à l'Airbus A380 :
ces crédits s'élèveront ainsi à 40 millions
d'euros en 2002. S'agissant du soutien à la recherche, les
crédits atteindront 53 millions d'euros en 2002.
Le programme A380 faisait au 31 juillet 2001 l'objet de
67 commandes et engagements d'achat de la part de huit clients. Deux
modèles sont aujourd'hui commercialisés par Airbus :
l'A380-800 qui peut emmener 550 passagers sur 15.000 km, et l'A380/F,
conçu pour le transport du fret, capable de transporter une charge utile
de 150 tonnes à plus de 10.000 km de distance. A terme, la
« famille » A380 doit comprendre 5 versions, qui
permettront chacune de répondre à un besoin particulier du
marché, tant en capacité qu'en rayon d'action.
Le tableau ci-dessous indique la répartition des ordres d'achat par
compagnie aérienne au 31 juillet 2001. Il précise
également les options d'achat prises par les compagnies. Les commandes
fermes, c'est-à-dire celles faisant l'objet d'un contrat signé
entre la compagnie et Airbus, sont repérés par une
étoile :
A380 - COMMANDES ET OPTIONS AU 31 JUILLET 2001
Compagnie |
Commandes |
Options |
Modèle |
Qantas |
12 |
12 |
A380-800 |
Singapore Airlines |
10 |
15 |
A380-800 |
Air France |
10 |
4 |
A380-800 |
ILFC 5( * ) |
10 |
0 |
A380-800 |
Fedex |
10 |
10 |
A380/F |
Emirates Airlines |
5
|
5 |
A380/F
|
Virgin Atlantic |
6 |
6 |
A380/800 |
Qatar |
2 |
2 |
A380-800 |
TOTAL |
67 |
54 |
|
La première livraison de l'A380 est prévue en mars 2006 à la compagnie Singapore Airlines. Depuis la crise du secteur déclenchée par les attentats du 11 septembre, Airbus a, pour le moment, « gelé » ses embauches et ses investissements, sauf pour le gros porteur A380. Le carnet de commande de l'avionneur reproduit ci-dessus, pourrait pâtir des difficultés rencontrées par certaines compagnies clientes.
B. L'ACNUSA
Les
moyens de l'ACNUSA figurent au chapitre 37-10 de la section
budgétaire « services communs » du ministère
de l'équipement, des transports et du logement.
Comme cela est détaillé au chapitre III du présent
rapport, en 2001, malgré le vote d'une enveloppe de crédits
suffisante, les emplois budgétaires nécessaires à son
activité n'ayant pas été affectés à
l'ACNUSA, cette jeune autorité a connu des débuts difficiles.
Aussi votre rapporteur est-il particulièrement attentif au tableau
d'emplois de l'ACNUSA dans le projet de loi de finances pour 2002 :
EFFECTIFS BUDGÉTAIRES DE L'ACNUSA
|
2000 |
2002 |
Evolution |
Président |
1 |
1 |
- |
Ingénieurs du contrôle de la navigation aérienne de classe normale |
2 |
0 |
-2 |
Agents contractuels |
0 |
2 |
+2 |
Attachés d'administration centrale |
0 |
2 |
+2 |
Secrétaire administratif |
1 |
1 |
- |
Adjoint administratif |
1 |
1 |
- |
TOTAL |
5 |
7 |
+2 |
Il
semble toutefois que ce tableau d'emplois budgétaires ne reflète
que partiellement les emplois dont a besoin et dont peut réellement
bénéficier l'ACNUSA, en les « gageant » sur
d'autres postes budgétaires du ministère de l'équipement,
notamment.
Cette situation n'est bien évidemment pas
satisfaisante.
L'évolution des crédits budgétaires est la suivante :
CRÉDITS BUDGÉTAIRES (EN €) DE L'ACNUSA
|
Loi de finances 2001 |
Projet de loi de finances 2002 |
Rémunération des personnels |
118 000 |
237 612 |
Vacations indemnités des membres et experts |
106 714 |
106 714 |
Dépenses de fonctionnement |
579 818 |
732 266 |
TOTAL |
804 532 |
1 076 593 |
L'enveloppe budgétaire est en augmentation de 34 % de loi de finances initiale à projet de loi de finances, mais le total reste très modeste au regard des attributions importantes que la loi a confiées à cette autorité. En outre, compte-tenu notamment des difficultés précitées (« régulation » par le nombre de postes budgétaires), l'enveloppe de crédits n'a pas été totalement consommée en 2000.
CHAPITRE II -
LE TRANSPORT AÉRIEN EN ÉTAT DE CHOC
I. AU PLAN MONDIAL, UN RALENTISSEMENT BRUTAL
A. UNE CROISSANCE AUX FONDEMENTS SOLIDES, BRUTALEMENT REMISE EN CAUSE
1. Une très rapide expansion, poursuivie en 2000, contrastée au 1er semestre 2001
D'après l'OACI 6( * ) , le trafic mondial croît depuis 1982 au rythme annuel moyen de 4,3 % pour le nombre de passagers et de 5,5 % pour le tonnage de fret. Si on exprime le trafic en tonnes kilomètres transportées (TKT), le taux de croissance annuel atteint le chiffre de 5,8 %, avec un allongement de l'étape moyenne de 1,1 % par an. En comparaison, sur la même période, le Produit intérieur brut mondial s'est accru de 2,6 % en moyenne annuelle selon le Fond monétaire international (FMI).
ÉVOLUTION DU TRAFIC MONDIAL DE PASSAGERS ET DE TKT DE
1982
À 1999
Taux de croissance annuels moyens, entre 1982 et 1999 :
passagers : +4,3%
fret : +5,5%
PKT : +5,4%
TKT : +5,8%
Etape moyenne : +1,1%
source
OACI
C'est ainsi que
1,65 milliard de passagers
ont été
transportés en 2000 sur les lignes régulières des
compagnies aériennes dans le monde, et quelque 30 millions de
tonnes de fret.
En France,
102 millions de passagers
ont été
transportés au départ et à destination des
aéroports français en 2000. Le trafic aérien en France
compte pour près de 7 % du total mondial, alors que la population
de notre pays ne représente que 1% de la population mondiale.
Ce trafic a augmenté de 63 % entre 1990 et 2000
, soit un
taux de croissance annuel moyen de 4,6 % par an (+3,3 % pour le
trafic mondial à période comparable). La valeur ajoutée du
transport aérien de passagers représentait, en 1999, 0,9 %
du Produit intérieur brut de la France et 0,7 % des dépenses
de consommation des ménages
7(
*
)
. Pour
cette même année, le secteur employait 75.000 salariés
soit 0,3 % de la population active occupée.
Cette croissance du marché est en partie liée à celle de
la
mobilité des français
: la dernière
enquête «
Transports
» de l'Insee faisait
apparaître entre 1982 et 1994 une hausse du nombre moyen de voyages
annuels par habitant, de 3,7 à 5,7 (+68 %). En 1994, 85 % des
voyages étaient à motif personnel et la voiture était
utilisée dans 78 % des cas ; la part de l'avion
s'élevait à 4 % pour les voyages à motif personnel et
à 11 % pour les voyages à motif professionnel. Le graphique
suivant montre que la part « voyages à
l'étranger » est le segment du marché aérien le
plus dynamique en France :
TRAFIC
DE PASSAGERS EN FRANCE PAR GRANDS FLUX :
CROISSANCE ANNUELLE MOYENNE
DE 1990 À 2000
Trafic
international :+5,4% par an
Trafic total France :+4,6% par an
Trafic intérieur :+3,0% par an
Source : DGAC, dossier du maître d'ouvrage pour la
démarche d'utilité concertée pour un site
aéroportuaire international.
Cette croissance ne s'est pas démentie ces derniers mois. En effet, pour
l'année 2000,
au niveau mondial
, le trafic de passagers a
progressé de 7,9 %. Cette progression (exprimée en
passagers-kilomètres transportés, PKT) a été
nettement plus forte pour le trafic international (+9,7 %) que pour le
trafic intérieur aux Etats (+5,4 %). Avec une progression plus
faible de l'offre, le coefficient d'occupation en passagers a gagné
2 points, aussi bien pour le trafic total qu'international (respectivement
71 % et 72 % de taux de remplissage). L'activité fret et
poste, exprimée en TKT
8(
*
)
a
augmenté respectivement de 8,1 % pour l'ensemble des services
réguliers et de 8,3 % pour les services internationaux.
En Europe,
les compagnies membres de
l'Association of European
Airlines
(AEA)
9(
*
)
ont enregistré
une croissance du trafic similaire à celle observée au niveau
mondial, de 7,7 % pour le total régulier (en PKT). Avec une
croissance plus modérée de l'offre (+4,5 %) le coefficient
de remplissage des sièges a gagné globalement 2,2 points.
Les services intra-européens des compagnies de l'AEA ont connu une
croissance plus soutenue (+9,1 %) que précédemment
(+4,5 % de 1999 par rapport à 1998).
Par comparaison,
les premiers résultats du premier semestre 2001
montrent, pour l'ensemble des régions du monde, des résultats
plutôt atones et très contrastés par compagnie, les effets
du ralentissement économique, enclenché dès avant les
attentats, se faisant sentir. L'ensemble des compagnies membres de
l'AEA
10(
*
)
enregistrent ainsi, pour le trafic
international, sur le premier semestre de l'année 2001, une croissance
de seulement 0 ,9 % pour le trafic de passagers (en PKT). Le fait le
plus marquant est la baisse de 0,3 % pour le trafic long courrier,
avec
des résultats très contrastés
selon les
compagnies
: British Airways -8,7 %, KLM -0,9 %, Alitalia
-2,2 %, Air France +9,0 %, Lufthansa +2,7 %. De l'autre
côté de l'Atlantique, aux Etats-Unis, les principales compagnies
connaissent aussi, au 1
er
semestre 2001, soit une baisse,
soit un ralentissement significatif de leur trafic passagers (en PKT) :
United Airlines -1,3 %, American Airlines -2,6 %, Delta Airlines
-4,9 %, Continental Airlines +2,1 %.
2. De solides facteurs de croissance sur les moyen et long termes
Malgré les incertitudes actuelles qui s'ajoutent au
fraîchissement économique constaté avant les attentats,
plusieurs éléments indiquent qu'il existe encore un
réservoir de croissance pour le transport aérien.
En effet, la demande de transport aérien est tirée par des
tendances socio-économiques orientées à la hausse à
moyen terme.
Ainsi, la demande de mobilité
ne cesse de
croître en Europe et dans le monde. Comme le note le dossier
11(
*
)
préparé par la Direction
générale de l'aviation civile pour le débat sur la
troisième plate-forme aéroportuaire en région parisienne,
dans l'ensemble des 15 pays membres de l'Union Européenne, la
mobilité a quasiment doublé entre 1970 et 1997
: un
européen parcourt 13.900 km par an
12(
*
)
contre 7.300 km en 1970. On note cependant,
depuis 1990, un ralentissement de la progression (+11 %) par rapport aux
deux décennies précédentes (+30 %).
L'avion
est le moyen de transport qui s'est le plus développé sur la
période (+580 %) : sa contribution aux déplacements est
passée de 2 % à 6 % entre 1970 et 1997, celle de la
voiture passant, elle, de 63 % à 73 %. Tous les autres modes
de transport (train, bateau, autocars, marche...) ont vu leur contribution
simultanément baisser au cours de cette période. Mobilité
et richesse économique par habitant sont étroitement
corrélées : c'est ainsi que les populations du Sud de
l'Europe se déplacent moins que celles du Nord. L'essor de cette
mobilité contribue largement au développement du transport
aérien.
La mobilité des Français augmente elle aussi, de 68 % entre
1982 et 1994, d'après l'INSEE, avec un nombre de voyages annuels par
habitant passant de 3,7 à 5,7 au cours de cette période. La
distance moyenne parcourue augmente, elle est aujourd'hui de 860 km par
voyage.
EVOLUTION DU NOMBRE DE VOYAGES DES FRANÇAIS ENTRE 1982 ET 1994
|
Nombre de voyages (millions) |
Nombre de voyages par personne et par an |
|||
Motif |
1982 |
1994 |
1994/1982 |
1982 |
1994 |
Personnel |
153 |
256 |
+67 % |
3,1 |
4,8 |
Professionnel |
26 |
45 |
+72 % |
0,5 |
0,8 |
Ensemble |
179 |
301 |
+68 % |
3,7 |
5,7 |
La
plupart (85 %) de ces déplacements se font pour
motifs
personnels
(loisirs, vacances, visites à parents et amis),
proportion qui reste stable. La durée moyenne de ces voyages
13(
*
)
est de 5,5 nuits lorsqu'il s'agit de motifs
personnels et de 2,2 nuits pour les voyages professionnels. La voiture
reste de loin le moyen de transport privilégié (78 % des
voyages). L'avion est utilisé dans 5 % des voyages (4 % pour
les voyages personnels et 11 % pour les voyages professionnels). La part
du mode aérien devient véritablement significative pour des
distances supérieures à 1.500 km, où il est
utilisé dans 25 % des cas pour les déplacements à
motif personnel.
L'importance de cette mobilité se retrouve dans le taux de départ
en vacances des Français : de 58 % en 1982, il passe à
74 % en 1999
14(
*
)
.
Si l'on se réfère aux données les plus
récentes
15(
*
)
, les Français et les
résidents français ont réalisé quelque
24,5 millions de
départs à l'étranger
, tous
motifs confondus, au cours de l'année 2000. Un chiffre inférieur
aux voyages des Allemands (79,5 millions de voyages internationaux) et
à ceux de la Grande-Bretagne (54,4 millions de voyages
internationaux) qui explique en partie les différences observées
entre ces pays, pour ce qui concerne les flux de trafic aérien. Plus de
50 % de ces voyages sont à destination de l'Europe. Le mode de
transport le plus fréquemment utilisé est l'avion (55 % des
départs internationaux) suivi de la voiture (27 % des
départs). Le trafic international au départ de la
métropole représente les 2/3 du total. Réciproquement,
rappelons que la France est parmi les toutes premières destinations
touristiques mondiales.
Malgré les graves incertitudes actuelles, de nombreux
déterminants de la mobilité pourraient rester orientés
à la hausse et être favorables à une croissance du
transport aérien pour les prochaines années :
- la mobilité est liée non seulement à la croissance
économique mais également au
niveau de richesse
. Les
experts estiment que le besoin de mobilité des populations, surtout chez
les « urbains », est tel qu'à l'avenir il deviendra
de moins en moins sensible aux aléas économiques ; seul le
type de voyage, plus ou moins lointain par exemple, sera sensible aux
évolutions conjoncturelles ;
- les évolutions quant à la
durée du travail
sont, en France, tout à fait favorables à la
mobilité ;
- les
évolutions démographiques
ont une forte
influence sur la mobilité. Là encore, les faits sont favorables
à la mobilité. Les personnes inactives -dont le nombre augmente
rapidement dans la population française à cause du vieillissement
démographique- et les ménages jeunes sont susceptibles de voyager
plus que la moyenne : ils ont soit des revenus conséquents, soit du
temps disponible ou une absence de charge familiale. Ainsi, le nombre de
voyageurs âgés progresse en Europe. L'âge moyen est de
43 ans en Allemagne et de 41 ans en France. Chaque année il
progresse de 6 mois.
Ainsi, en
France,
des projections ont été
réalisées par le Gouvernement (pour l'élaboration des
schémas multimodaux de services collectifs de transport de voyageurs et
de fret) de la demande de transport à l'horizon 2020. Ces études
ont intégré des hypothèses de croissance de
l'économie nationale, d'évolution des besoins de mobilité
et de politique tarifaire. Elles ont abouti à la définition de
quatre scénarios :
- le scénario «
Réseau
Maillé
», avec un développement du transport
aérien de «
point à point
» et non
plus en «
hubs
»
16(
*
)
;
- le scénario «
Compagnies globales
»,
avec la stratégie actuelle des «
hubs
» et
une croissance du trafic international (poursuite des tendances
observées récemment) ;
- le scénario de l'«
Europe des
infrastructures
», avec une priorité au
développement d'un réseau TGV Européen ;
- enfin, le scénario «
Vie à
distance
», avec une rupture par rapport aux modes de vie actuels
et une faible croissance de la demande de transport aérien.
Ces diverses projections donnent les résultats suivants en
matière de taux de croissance en France :
TRAFIC AÉRIEN ESTIMÉ EN FRANCE EN 2020
Source : DGAC
D'après les différents scénarios, le taux de croissance
annuel moyen du transport aérien varierait entre 1,2 et 3,5 %. A
noter que le scénario «
Compagnies
globales
», qui prévoit la plus forte croissance, est le
plus proche des tendances récemment observées (avant le
11 septembre dernier).
Au plan mondial
, avant les attentats du 11 septembre dernier, les
compagnies membres de l'association IATA
17(
*
)
prévoyaient une
croissance de 3,8 % par an
du trafic d'ici
à 2003, en fonction des facteurs suivants (auxquels on a ajouté
le facteur « effet des attentats ») :
FACTEURS DÉTERMINANTS POUR L'ÉVOLUTION DU
TRAFIC
MONDIAL (HORIZON 2003)
Europe
Effet des attentats Développement des compagnies bas-coûts
Asie
Récession au Japon
Croissance chinoise soutenue
Reprise économique dans les pays émergents
Effets des attentats
Atlantique Nord
Baisse
attendue de la croissance aux Etats-Unis
Effets des attentats
Amérique du Sud
Dévaluation du réal brésilien
Contagion de la récession brésilienne aux pays voisins
Afrique
Renouveau
touristique en Egypte
Retour possible des transporteurs en Algérie
Croissance sud-africaine
Source : IATA « Passenger Forecast
1999-2003 », novembre 1999, Commission des Affaires
économiques.
Selon des prévisions d'Airbus et Boeing, réalisées elles
aussi avant les attentats, à long terme, le trafic, avec un
rythme de
croissance de 4,8 % l'an moyenne
, devrait
doubler dans les
15 prochaines années,
comme l'illustre le graphique
suivant :
TRAFIC
MONDIAL DE PASSAGERS-KILOMÈTRES TRANSPORTÉS, PRÉVISIONS
AIRBUS ET BOEING
Source: Airbus ,« Global Market Forecast 2000-2019 », juil. 2000 ; Boeing ,« Current Market Outlook, 2000 », août 2000
Enfin, les prévisions de l'OACI 18( * ) , réalisées toutefois elles aussi avant les attentats du 11 septembre dernier, estiment que le trafic régulier de passagers devrait connaître une croissance moyenne annuelle de +4,5 % jusqu'en 2010 . Cette croissance moyenne couvrirait des évolutions spécifiques diverses selon les grandes zones géographiques. La région Asie/Pacifique devrait de nouveau être la région la plus dynamique en termes de croissance de trafic (+7,5 % prévus par an en moyenne). En Europe, en Afrique et au Moyen-Orient, la croissance du trafic devrait être proche de la moyenne mondiale. En Amérique du Nord, la croissance du trafic devrait être plus modérée (+3,0 %). Ce sont les routes internationales entre Amérique du Nord et Amérique du Sud, Europe et Asie/Pacifique et sur l'Atlantique Nord qui connaîtraient, dans ce scénario, la plus forte croissance.
3. Un net ralentissement conjoncturel
Les attentats du 11 septembre dernier marquent, sans doute, un tournant dans l'histoire de l'aviation civile. En outre, leurs répercussions sur le trafic aérien n'ont pas fini de faire sentir leurs effets. Aussi, il est trop tôt pour dresser un bilan sectoriel complet, d'autant que ces évènements dramatiques ont sans doute déclenché et accéléré des évolutions prévisibles.
a) Des effets directs inégalement ressentis
L'effet direct
des attentas du 11 septembre
dernier sur
le secteur aérien s'est immédiatement fait sentir. D'abord pour
les compagnies américaines, les plus durement touchées.
Après quatre jours de « gel » du ciel
américain, le jour de la reprise des cotations à Wall Street, le
17 septembre, elles voyaient leur cours de bourse s'effondrer de
moitié, symbolisant ainsi un brutal
« décroché » dans leurs perspectives de
croissance, alors que les annulations de réservations se multipliaient.
A tel point que l'administration Bush a mis au point un plan d'aide au secteur
d'un montant total de
18 milliards de dollars
(10 milliards de
garanties de crédit ; 3 milliards de mesures de
sûreté et 5 milliards de couverture des pertes
d'exploitations).
Rappelons que
l'activité aérienne est très
concentrée géographiquement
: le plus important
marché du monde est le marché intérieur des Etats-Unis,
qui représente à lui seul 1/3 des passagers aériens
mondiaux, comme le montre la carte ci-dessous :
PART DES FLUX DE TRAFIC DANS LE TOTAL MONDIAL DE PASSAGERS
Source : IATA, « World Air
Transport Statistics », 1999, dossier DGAC pour le débat
« DUCSAI »
Mais les compagnies européennes n'ont pas manqué de subir à leur tour les conséquences des attentats, bien que les destinations américaines les plus durement touchées ne représentent qu'une partie souvent minoritaire de leur activité. Ainsi, l'Amérique au sens large, ne compte-t-elle que pour 23,5 % dans le chiffre d'affaires « passage » d'Air France, et pour seulement 18 % si l'on ne compte que les Etats-Unis, comme le montre le graphique ci-dessous :
AIR
FRANCE : UN CHIFFRE D'AFFAIRE GÉOGRAPHIQUEMENT RÉPARTI
Source : Air France
Outre le fléchissement de la demande, les compagnies ont eu à
subir le
renchérissement du coût des primes d'assurance
contre le terrorisme et celui des
mesures de sûreté
, pour
des montants respectivement estimés à 180 et 145 millions
d'€ par la Commission européenne.
D'ores et déjà, la presse a fait état de très
nombreuses
suppressions d'emplois
chez les compagnies (20.000 chez
American Airlines et United Arlines, 12.000 chez US Airways, 11.000 chez
Continental Airlines, 75.000 chez British Airways, 1.200 chez Virgin Atlantic,
13.000 chez Delta Airlines, 9.000 chez Air Canada, 2.000 chez Ibéria,
2.500 chez KLM, sans parler de Swissair -9000 emplois de moins- et
Alitalia -2.500 postes supprimés-) ou les constructeurs
aéronautiques (20.000 emplois chez Boeing). Les compagnies
américaines s'attendent à des pertes de 18 à
33 milliards de dollars en 2002. En l'espace de 15 jours, le secteur
a perdu aux Etats-Unis plus de 100.000 emplois. En Europe,
30.000 à 40.000 emplois seraient menacés. Aux
Etats-Unis, la baisse du trafic observée à la suite des attentats
a concerné jusqu'à 75 % du total. En Europe, la Commission
estime cette baisse de 15 à 30 %. Sur l'année, la baisse de
la demande pourrait s'établir à -7 %. La Compagnie Air
France a, quant à elle, indiqué dès le 18 septembre
prendre les mesures suivantes :
- arrêt des affrètements ponctuels effectués par la
compagnie ;
- adaptation de la flotte pour réduire ses capacités (sortie
anticipée d'appareils pour accélérer la modernisation et
la rationalisation de la flotte) ;
- à «
titre conservatoire
», suspension
des embauches prévues ;
- revue «
générale et
détaillée
» des investissements de
l'entreprise ;
- réduction des dépenses pour tout ce qui n'est pas
lié à la sûreté et à la qualité du
produit fourni aux clients ;
- s'agissant du fret, adaptation de la flotte, en vue d'une
réduction de capacité de l'ordre de 5 % par rapport à
l'année précédente.
D'après l'association IATA, les pertes des compagnies aériennes
dans le monde pourraient atteindre 12 milliards de dollars cette
année (contre 2,5 prévus avant les attentats), dont 3 à 5
milliards pour les seules compagnies américaines.
b) Des effets indirects de grande ampleur
Les
effets indirects
des attentas, se cumulant avec et amplifiant un
ralentissement économique déjà prévisible, ne
manqueront pas d'affecter plus globalement les perspectives du secteur.
L'activité aérienne est en effet très directement
liée à la croissance économique, dont elle dépend
avec un effet multiplicateur à la hausse comme à la baisse
.
La décennie passée a montré l'étroitesse de cette
corrélation entre le niveau d'activité du transport aérien
et à la conjoncture économique : les
crises du Golfe
(1991) et
asiatique
(1998) apparaissent ainsi très nettement sur
la courbe d'évolution du trafic reproduite ci-dessous. Inversement, lors
des phases d'expansion économique, on estime que
1 point de
croissance du PIB donne environ 2 points de croissance du trafic
aérien
. Cette constatation empirique est valable à tarifs
constants, en se limitant au trafic mondial agrégé. Le transport
aérien est donc une activité à cycles, extrêmement
sensible aux évolutions de la conjoncture économique. Ceci est
particulièrement vrai pour le transport de fret qui représentait,
en 1999, 15% du revenu opérationnel des compagnies européennes
membres de l'AEA. Une très grande partie du fret (environ les deux
tiers) voyage par vol régulier, dans les soutes des appareils
transportant des passagers. Le reste est pris en charge dans des avions
« tout-cargo ».
L'activité de transport de fret
est davantage sensible à la conjoncture internationale et
enregistrait
, jusqu'à récemment, un taux de croissance
supérieur à celui des passagers qui en faisait le moteur de la
croissance du trafic aérien. Les développements les plus
spectaculaires sont actuellement dans le secteur des
« intégrateurs » : ces compagnies sont
présentes du début à la fin de la chaîne de
transport, depuis la collecte chez l'expéditeur jusqu'à la
distribution au destinataire. Elles assurent un service rapide,
déterminé par un délai de livraison très court.
Leur activité pourrait également être affectée par
les conséquences des attentats.
TAUX
DE CROISSANCE ANNUELS DU PIB MONDIAL
ET DU TRAFIC MONDIAL,
EN
TKT
19(
*
)
DE 1982 À 1999 :
Guerre du Golfe
Crise asiatique
Source : OACI, FMI.
Le ministère de l'économie et des finances
-particulièrement optimiste en matière de prévision de
croissance pour 2002, comme n'a pas manqué de le relever la Commission
des finances-, a prévu un impact de
0,5 point de croissance
en France des attentats terroristes et de leurs suites.
c) Les mesures de soutien aux compagnies aériennes
En
Europe, le Conseil européen du 21 septembre et les Conseils
« transports » des 14 septembre et 16 octobre ont
tout d'abord
renforcé les mesures de sûreté
aérienne
. En France, ces mesures de sûreté
complémentaire représentent l'essentiel des deux milliards de
francs
20(
*
)
de mesures de soutien
envisagées par le gouvernement (500 millions de francs pour le
filtrage des personnes, 800 millions de francs pour le contrôle des
bagages de soute).
En outre, l'augmentation considérable des primes d'assurance pour la
couverture des actes de terrorisme et de guerre ont incité les Etats
membres à octroyer des aides à leurs compagnies : les Etats
ont ainsi, en premier lieu, pris en charge la
couverture de ces risques ou
l'augmentation des primes d'assurance
. Lors du Conseil économique et
financier (Ecofin) du 22 septembre, des «
lignes
directrices
» ont été établies pour encadrer
ces aides (temporaires, elles doivent avoir pour contrepartie le versement d'un
«
prix raisonnable
»).
C'est ainsi que le ministère de l'économie et des finances en
France, a mis en place, pour une période d'un mois, renouvelée
depuis, une prise en charge, via la Caisse centrale de réassurance, des
conséquences qu'un attentat ou acte de guerre auraient sur des tiers,
pour des sinistres supérieurs à 50 millions de dollars. Est
à l'étude, à l'échelon communautaire, la
constitution d'un fonds mutualisé, ou encore de
«
pools
» d'assureurs spécialisés dans
la couverture de ces risques.
De plus, eu égard au caractère exceptionnel de ces
évènements, et à la suite du Conseil
« transport » du 15 octobre dernier, la Commission a
d'ores et déjà précisé qu'elle examinerait
«
avec bienveillance
» les mesures de
compensation par les Etats des pertes d'exploitation
liées
à la fermeture de l'espace aérien américain pour
4 jours, du 11 au 14 septembre, et, dans la mesure où le
trafic ne s'est normalement rétabli que vers le 19 ou 20 septembre,
«
au cas par cas
», les aides couvrant une
période plus large. En France, 300 millions de francs devraient
être versés aux compagnies pour les 4 premiers jours et
60 millions de francs -sous réserve de l'accord de la Commission-
pour les jours suivants.
Les mesures complémentaires de soutien autorisées pour les
compagnies sont les suivantes :
- autorisation, vu les circonstances, des accords de coordination des
horaires et des capacités des compagnies ;
- modification des règles de détention du capital des
compagnies pour permettre la consolidation de l'industrie aérienne ;
- révision des montants et conditions d'assurances requises pour la
délivrance de l'autorisation d'exploiter dans la communauté.
Votre commission s'inquiète de la disproportion entre les moyens
dégagés outre-atlantique et les aides autorisées par la
Commission européenne. Cette situation fait craindre des distorsions
concurrentielles, en particulier sur les liaisons transatlantiques, au
détriment des compagnies européennes. Certains parlent de baisse
de 40 ou 50 % des prix pratiqués par les compagnies
américaines sur certaines destinations.
B. LES ALLIANCES ENTRE CONSOLIDATION ET ÉCLATEMENT
1. Un phénomène jusqu'alors structurant du transport aérien
La
constitution d'alliances stratégiques mondiales est
indéniablement le fait marquant du transport aérien ces
dernières années. En effet, depuis dix ans, contrairement
à de nombreux autres secteurs (télécommunications,
finance, énergie...), le transport aérien se caractérise
par la constitution d'
un grand nombre d'alliances commerciales et
l'existence, en proportion, d'un plus faible nombre de concentrations par
fusions-acquisitions.
Cette particularité découle de deux
causes aux conséquences convergentes : la
réglementation,
tant européenne qu'américaine, qui
entrave les rapprochements capitalistiques, et
la politique d'organisation
du trafic
en
«
hubs
»
21(
*
)
,qui nécessite l'alimentation en passagers de
la plate-forme de correspondance.
Au-delà de simples accords de coopération liant une compagnie
à une autre,
les alliances dites
« stratégiques »
se sont peu à peu
imposées, ramifiées autour de grands pôles, chacun
dominé par une compagnie « majeure »
américaine. Leur contenu est plus ou moins étendu, mais les
compagnies partenaires et leurs passagers peuvent y trouver les avantages
suivants :
- enregistrement unique ;
- suivi automatique des bagages ;
- programmes de fidélisation commun ;
- partage des réseaux d'agences ;
- gestion commune des réclamations de passagers ;
- accroissement du nombre de destinations ;
- alimentation en passagers des « hubs » respectifs,
permettant une meilleure exploitation ;
- achats communs (avions, équipements carburant, restauration
à bord, maintenance, assistance en escale...).
Les compagnies cherchent à mettre en place par ce biais un réseau
mondial, tout en rationalisant leurs moyens. Les alliances, censées
à la fois accroître les taux de remplissage -et donc les recettes-
et diminuer les coûts, ont peu à peu structuré le trafic
aérien mondial.
Ainsi, on estime qu'en 2000, cinq grandes alliances
se sont partagé 70 % du trafic aérien régulier
mondial, en s'appuyant sur les grandes plates-formes de correspondance
européennes, américaines et asiatiques des pays membres.
Au mois de septembre 2001, la composition des alliances est la
suivante :
-
Star Alliance
22(
*
)
regroupe quinze
compagnies dont Lufthansa, SAS, United Airlines, Air Canada et Singapour
Airlines : elle représente
24 % du trafic mondial
;
-
Oneworld
regroupe huit compagnies, dont British Airways,
Ibéria, Qantas et American Airlines : les compagnies membres
totalisent
18 % du trafic mondial
;
-
Wings
regroupe KLM, Northwest, Continental et Malaysia Airlines,
qui représentent,
12 % du trafic mondial.
-
Qualiflyer Group
regroupe toujours, formellement, autour de
Swissair, onze compagnies européennes et représente
4
%
du trafic mondial,
même si
ces compagnies
rencontrent des difficultés qui pourraient affecter significativement
leur stratégie ;
-
SkyTeam
regroupe, autour d'Air France et Delta Airlines, six
compagnies et réalise
13 % du trafic mondial.
L'encadré suivant résume les poids relatifs de ces cinq alliances
pour l'année 2000 :
POIDS DES ALLIANCES STRATÉGIQUES EN 2000
|
Trafic total (millions de -passagers-kiomètres transportés) |
Part
du trafic mondial
|
STAR
ALLIANCE
|
657 |
24 % |
ONEWORLD
|
486 |
18 % |
SKYTEAM
|
364 |
13 % |
WINGS
|
322 |
12 % |
QUALIFLYER
|
110 % |
4 % |
TOTAL |
1 939 |
71 % |
Source : Direction générale de l'aviation
civile - septembre 2001 -
En ce qui concerne l'intégration d'Alitalia à l'alliance
«
Skyteam
», et les relations entre cette compagnie
et Air France, l'objectif recherché est l'intégration effective
à l'hiver 2001/2002 de la compagnie italienne à l'alliance
Skyteam, ainsi qu'à l'alliance Skyteam Cargo. Les quatre compagnies Air
France, Alitalia, CSA et Delta ont par ailleurs demandé l'accord des
autorités concurrentielles américaines, espérant l'obtenir
d'ici au 1
er
janvier 2002.
Les principaux objectifs de l'alliance entre Air France et Alitalia sont :
- la création d'un
système
« multi-hub » européen
, composé de Paris
(Charles-de-Gaulle), Milan (Malpensa) et Rome (Fiumicino), offrant des
correspondances avec les plateformes des autres partenaires ;
-
la coordination des services offerts aux passagers
, incluant les
réseaux, les programmes de fidélisation, la vente et le
marketing. Un partenariat commercial fort sur les vols entre la France et
l'Italie sera également mis en oeuvre, avec une phase transitoire de
trois ans au cours de laquelle un partage à égalité des
capacités et des résultats d'exploitation des lignes sera
progressivement mis en place ;
- la coopération entre les deux compagnies
dans les domaines
du transport de fret, de la maintenance, de l'assistance en escale, des achats
et des systèmes d'information.
Parmi les noms des compagnies évoquées pour rejoindre l'alliance
Skyteam
, citons le russe Aeroflot ou encore Thaï Airways dont la
cohabitation avec Singapore Airlines dans
Star Alliance
s'avère
délicate.
2. Une stratégie sans alternative ?
Alors qu'en 2000, les projets de fusion entre compagnies se multipliaient, tant sur le continent européen qu'aux Etats-Unis, l'échec de bon nombre de ces projets 23( * ) a mis long feu à la perspective d'une concentration du secteur à court terme. Toutefois, le ralentissement prévisible de la croissance du secteur et, surtout, les difficultés actuelles des compagnies, sont de nature à lancer un mouvement de restructuration, même si le contrôle des concentrations et les restrictions réglementaires apportées aux modalités de détention des participations au capital de compagnies étrangères, des deux côtés de l'Atlantique, restent deux facteurs contraires à une éventuelle concentration. A cet égard, des évolutions réglementaires sont envisagées au plan européen.
II. A L'ÉCHELLE FRANÇAISE, UN BILAN CONTRASTÉ
A. UNE ÉVOLUTION DIVERGENTE DES AILES FRANÇAISES
1. Les bons résultats d'Air France en 2000-2001
a) Des chiffres satisfaisants malgré la hausse du pétrole et le ralentissement économique
Au cours de l'exercice 2000-2001
(clos le
31 mars
2001), la compagnie Air France a transporté 42,4 millions de
passagers (+6,5 %). Le coefficient d'occupation, en hausse pour la
sixième année consécutive, s'est établi à
78,1 % (+ 2 points), soit mieux que la moyenne européenne
(73,1 %). Au total,
le trafic passagers a augmenté de 9,1 %
en termes de passagers-kilomètres transportés, pour une offre
en hausse de 6,3 % en sièges kilomètres transportés.
L'activité fret a, elle aussi, augmenté, mais de
2,9 %
seulement en tonnes-kilomètres transportées
. Le coefficient
de remplissage du fret (66,5 %) est demeuré stable. Au total, Air
France a amélioré sa part de marché de 0,4 point au
sein de l'association des compagnies européennes, qui est passée
à 14,9 %.
Le chiffre d'affaires
consolidé du groupe s'est
élevé pour l'exercice à
12.280 millions d'euros,
en hausse de 18,9 %
par rapport à 1999/2000, et de 15,6 %
à périmètre constant. Il se décompose de la
façon suivante :
- passagers réguliers.................. |
9.086 millions d'euros |
(+20,5 %) |
- fret.......................................... |
1.315 millions d'euros |
(+17,9 %) |
- autres activités aériennes (1) ..... |
610 millions d'euros |
(+32,6 %) |
- maintenance............................ |
537 millions d'euros |
(+8 %) |
- catering (2) ................................ |
138 millions d'euros |
(+7 %) |
- autres (3) ................................... |
594 millions d'euros |
(+1,5 %) |
TOTAL chiffre d'affaires |
12.280 millions d'euros |
(+ 18,9 %) |
(1)
Partage de code avec Delta, Aéropostale, etc...
(2) Restauration à bord
(3) Prestations de services (assistance en escale, transport par car...)
Le résultat d'exploitation
s'est établit à
443 millions d'euros pour l'exercice, en hausse de 23,4 %. Il
représente 3,6 % du chiffre d'affaires.
Parmi les charges d'exploitation, qui augmentent de 19,1 % à
11.933 millions d'euros, soit une croissance plus vive que celle du
chiffre d'affaires,
le carburant
a représenté
1,6 milliard d'euros, c'est-à-dire une
augmentation de
59,9 %
, malgré une hausse en volume de seulement
4,2 % : l'alourdissement est en effet lié à la hausse
des prix et à l'appréciation du dollar.
Les frais de
personnel
s'élèvent à 3.436 millions d'euros
(+ 11,1 %), soit 28 % du chiffre d'affaires, pour un effectif
moyen en hausse de 9,3 % (64.717 salariés). A
périmètre constant, la hausse de l'effectif est de 6,2 %
seulement, soit une croissance comparable à celle des
sièges-kilomètres offerts.
Le résultat net consolidé
, positif pour le
quatrième exercice consécutif, s'établit à
421 millions d'euros
, contre 354 milliers en 1999/2000.
La structure financière
du groupe, qui s'était assainie
lors du précédent exercice grâce au résultat
dégagé et à une augmentation de capital (exercice des bons
de souscription d'actions), se dégrade puisque l'endettement net du
groupe, qui s'établit à 2,86 milliards d'euros au
31 mars 2002, est en hausse de 45,9 %, principalement à cause
de l'intégration de la dette liée au financement de la flotte des
filiales régionales -le ratio endettement/fonds propres se
dégrade, passant de 0,56 fin mars 2000 à 0,74 fin
mars 2001-.
Pour le premier trimestre 2001/2002 (avril-juin 2001)
,
les résultats de la compagnie, dévoilés en septembre, font
état d'une bonne performance commerciale, dans un contexte de
ralentissement économique.
Le chiffre d'affaires
est ainsi
en
hausse de 12,5 %
par rapport au 1
er
trimestre de
l'exercice précédent, pour une augmentation de l'offre de
9,7 % et une hausse du trafic de 9,1 %.
Le coefficient
d'occupation recule toutefois légèrement
(79 %, soit
- 0,4 point). L'augmentation de la recette unitaire par passager et
la maîtrise des coûts unitaires permettent un maintien des marges
opérationnelles dans un contexte de prix du pétrole
élevé.
Le chiffre d'affaires consolidé du «
passage
régulier
» est en progression de 16,3 %, à
2,57 milliards d'euros. A périmètre constant, il
s'élève à 2,38 milliards d'euros, en hausse de
10 %. Au cours du premier trimestre de l'exercice, l'activité fret
a en revanche été pénalisée en Asie et en
Amérique du Nord. Le chiffre d'affaires «
transport de
fret
» est resté stable, à 317 millions
d'euros (+ 0,2 %), pour une offre en hausse de 0,4 % et un
trafic en baisse de 1,2 %. La recette unitaire exprimée en
tonnes/kilomètres/transportées a augmenté de 1,4 %
(-0,2 % hors effet de change).
Le
résultat net consolidé
s'établit à
195 millions d'euros, malgré une contribution négative
(15 millions d'euros) des filiales régionales. Hors cessions
financières, le résultat net au 30 juin 2001 progresse
de 9,5 %.
b) Les effets de l'intégration du pôle régional
Pour le
trafic domestique, outre les liaisons exploitées en propre, Air France
s'appuyait traditionnellement sur des transporteurs régionaux
indépendants, à qui la compagnie sous-traitait l'exploitation de
certaines liaisons. Ont ainsi été multipliés, au cours de
ces dernières années,
les accords de franchise
, avec des
compagnies telles que Brit'Air, Proteus Airlines Flandres Air, British
European, Gill Airways, City Jet et la Compagnie Corse
Méditerranée.
La franchise était un système qui permettait de commercialiser,
sous la marque Air France, une ou plusieurs lignes en réalité
exploitées par la compagnie « franchisée ». A
ce titre, Air France apportait à cette compagnie son image de marque,
son savoir-faire commercial, son réseau de distribution et percevait, en
contrepartie, une commission sur le chiffre d'affaires réalisé.
La compagnie « franchisée » était, quant
à elle, entièrement responsable de la gestion technique des
lignes qu'elle mettait en oeuvre pour le compte d'Air France et conservait le
risque économique lié à leur exploitation.
A l'instar des autres compagnies européennes, qui disposent de filiales
spécialisées dans le transport régional (par exemple
Lufthansa-Cityline pour Lufthansa), Air France a, fin 1999 et courant 2000,
pris des participations au capital de certains transporteurs régionaux,
puis,
fusionné, courant 2001, ces compagnies afin de se constituer un
pôle régional intégré
.
Air France Finance, filiale à 100 % d'Air France, a ainsi pris, le
5 octobre 2000, le contrôle de la compagnie aérienne
régionale Brit Air. Elle a également pris le contrôle de
100 % du capital de Proteus Airlines. A travers cette opération, Air
France Finance a également acquis l'intégralité de Flandre
Air et Flandre Air Service, ces deux sociétés ayant
été acquises en 1999 par le groupe Proteus. Dans le cadre du plan
de redressement de l'ensemble constitué des sociétés
Regional Airlines, Proteus Airlines et Flandre Air, il a été
procédé en fin d'exercice à la fusion de ces trois
sociétés, afin de constituer Regional CAE, dont le siège
est à Nantes. Au cours de l'exercice 2000/2001, Air France Finance a
également acheté 100 % du capital de la société
irlandaise City Jet.
Cette intégration a affecté la rentabilité du groupe,
compte tenu notamment des difficultés opérationnelles de ces
compagnies. Ainsi par exemple les dépenses d'affrètement du
groupe sont en sensible augmentation, notamment sous l'effet de la
consolidation de ces filiales. Un plan de redressement a été
engagé et prévoyant le retour à l'équilibre de
« Régional CAE » à l'horizon 2002/2003.
2. AOM - Air Liberté et Air Littoral : du rapprochement à l'éclatement
a) Trois compagnies au destin un temps commun
En 2000,
après la cession d'AOM par le consortium de réalisation du
Crédit Lyonnais et le rachat d'Air Liberté par les mêmes
actionnaires,
les compagnies AOM, Air Liberté et Air Littoral
se
sont retrouvées
avoir les mêmes actionnaires
, à
savoir Taitbout Antibes BV (groupe Marine Wendel) et SAirlines (groupe
Swissair). Dans ce cadre, le Groupe annonçait d'une part la fusion d'AOM
et d'Air Liberté et d'autre part un rapprochement des compagnies
fusionnées avec Air Littoral.
Dans le projet initial, le rapprochement de ces compagnies devait s'accompagner
d'une
harmonisation de leurs réseaux et d'un redéploiement de
leurs moyens
. En effet, prises individuellement, elles perdaient de
l'argent depuis plusieurs années et peinaient à se faire une
place sur les marchés français et européen. L'objectif
poursuivi par les nouveaux actionnaires était de retrouver une
rentabilité d'exploitation en constituant un groupe d'une taille qui
permette de s'affirmer par rapport à la concurrence et d'avoir des parts
de marché significatives sur les principales liaisons intérieures
et à destination des départements d'outre mer -notamment en
augmentant les fréquences sur certaines liaisons concurrentiellement
stratégiques-. Malheureusement, les déboires financiers du groupe
Swissair ont sérieusement assombri les perspectives de constitution d'un
pôle aérien français unifié concurrent d'Air France.
b) Quel envol pour AirLib ?
Le lancement de la nouvelle compagnie « Air Lib », concomitant avec le brutal ralentissement du trafic aérien, risque de souffrir de la conjoncture actuelle.
B. L'AMÉNAGEMENT AÉRIEN DU TERRITOIRE, UNE PRIORITÉ À RÉAFFIRMER
Nombre
d'élus le constatent : alors que la libéralisation du
transport aérien avait fait naître une multitude de
« petites » dessertes aériennes de villes moyennes,
ces derniers mois ont connu une dégradation sans précédent
de la qualité de ces liaisons : fermetures pures et simples de
lignes, accumulation de retards et d'annulations de vols, problèmes
techniques...
A tel point que la Commission des affaires économiques a
constitué un groupe de travail
24(
*
)
sur
les dessertes aériennes d'aménagement du territoire, pour mesurer
l'ampleur et proposer des solutions. Les conclusions de ces travaux sont
édifiantes, car elles montrent tout à la fois l'importance de ces
liaisons aériennes, et mesurent leur dégradation
récente.
1. La desserte aérienne, un atout économique indispensable pour certains territoires
La
Commission des Affaires économiques a, en effet, mené une
enquête systématique auprès des départements et
gestionnaires d'aéroports, d'où il ressort un bilan
unanime : le transport aérien régional est
considéré par les élus et les responsables
économiques comme un
outil fondamental au service du
développement économique des territoires
. Il
représente pour les régions qui se sentent
« éloignées », à bien des
égards, des centres de décision -celles, par exemple, de la
façade atlantique- un
facteur d'attractivité
particulièrement important. La proximité d'une plate forme
aéroportuaire régionale est perçue comme un
«
équipement structurant
» pour les
activités industrielles du territoire. A Rennes, par exemple -le trafic
de la plate forme aéroportuaire rennaise a doublé en dix ans- la
clientèle d'affaires et des entreprises représente les trois
quarts des usagers du transport aérien régional. Comme le
soulignent avec force les chambres consulaires dans cette enquête, la
desserte aérienne des villes de province est une
nécessité première
pour maintenir un tissu
économique vivant.
Et le rapport d'en conclure : «
Il existe donc dans ce pays
un véritable
besoin de desserte aérienne
régionale.
Au moment où l'on se prépare activement à franchir une
nouvelle étape de la décentralisation, les élus et les
« forces vives » des territoires plébiscitent la
desserte aérienne régionale comme conditionnant, notamment pour
les régions les plus « à l'écart »,
toute perspective de développement économique et
social
».
Depuis deux ou trois ans,
le service aérien régional s'est
fortement dégradé
surtout au détriment des
villes
moyennes
. En outre, depuis environ dix-huit-mois, la prise de
contrôle des petits transporteurs par le groupe Air France ou par des
groupes étrangers a eu incontestablement pour effet :
- des modifications de programme et surtout des suppressions de lignes
(Régional Airlines, Protéus, Flandre Air) (au moins
17 lignes au total) ;
-une dégradation du service à bord ;
- la multiplication des grèves des personnes navigants ;
- l'augmentation des problèmes techniques sur les appareils.
2. L'assouplissement nécessaire des instruments incitatifs
La
Commission des Affaires économiques ne pouvait rester insensible
à cette détérioration. Aussi a-t-elle formulé
de
nombreuses propositions
pour contribuer à redynamiser un segment de
marché vital pour l'aménagement du territoire. Sans reprendre la
totalité de celles-ci rappelons les plus importantes :
- assouplir les critères d'éligibilité des lignes
au soutien du fonds d'intervention pour les aéroports et le transport
aérien (FIATA) ;
- ajuster les ressources du fonds à ces nouveaux
critères ;
-
mettre en place une
approche en termes de « liaisons
de service public »
. Cette démarche pourrait se traduire
par la signature de conventions pluri-partites Etat-collectivités
territoriales -chambres de commerce- transporteurs, ces derniers se voyant
imposer en contrepartie de l'aide publique nationale et locale un cahier des
charges spécifique pour chacune des liaisons concernées.
Votre Commission des Affaires économiques s'étonne de ce que
le comité interministériel d'aménagement et de
développement du territoire de Limoges le 9 juillet dernier ne
se soit pas attaché à l'examen de cette question, pourtant
ressentie comme vitale par l'ensemble des élus consultés par la
Commission des Affaires économiques.
C. DE NOUVELLES PROBLÉMATIQUES À TRAITER
1. Diminuer les retards
Avec l'accroissement du trafic, le problème des retards aériens est devenu endémique. L'année 1999, marquée par de très fortes désorganisations (liées à la guerre au Kosovo) a été particulièrement mauvaise à cet égard. Si les retards sont, depuis, contenus dans des proportions moindres, ils n'en restent pas moins une des premières préoccupations des passagers.
a) Un bilan affiné des causes et de l'ampleur des retards
En 2000,
le nombre de vols contrôlés par le système de
contrôle aérien civil français a atteint 2,5 millions,
soit 5,2 % de plus qu'en 1999, ou encore 6.876 vols contrôlés
en moyenne chaque jour. C'est un million de vols de plus qu'il y a dix
ans ! Au quotidien, 97 journées ont un trafic supérieur
à 7.500 vols, dont 19 journées à plus de
8.000 vols. Rappelons qu'en 1998, le seuil de 7.500 vols/jours
n'avait été franchi qu'une seule fois.
La France est le pays qui a le plus contrôlé de vols en Europe en
2000, compte tenu de son étendue et de sa position géographique
centrale en Europe, devant l'Allemagne et le Royaume-Uni. Ce sont chaque jour
environ 1.800 vols intérieurs, 2.500 vols internationaux
à l'arrivée ou au départ et 2.700 survols qui sont
pris en charge par la navigation aérienne française.
Il existe plusieurs façons de mesurer les retards et de les imputer
à leurs causes. Les services de la navigation aérienne utilisent
l'indicateur de retard « ATC » par vol
réalisé
, qui donne le retard moyen dû au contrôle
du trafic aérien. Cet indicateur est calculé en divisant la somme
totale des minutes de retard générées par les
aérodromes (pour un quart) et les centres de contrôle en route
(pour les trois quarts) par le nombre total de vos contrôlés. Cet
indicateur moyen montre une augmentation globale de la performance :
INDICATEUR DE MESURE DE PERFORMANCE UTILISÉ PAR LA
NAVIGATION AÉRIENNE
RETARD « ATC » PAR VOL CONTRÔLÉ
|
1998
|
1999
|
2000
|
(1 er semestre 2001) |
En minutes et centièmes de minutes |
2,97
|
4,04
|
2,5
|
|
D'autre
part, l'organisme Eurocontrol calcule des statistiques de retard dû au
contrôle aérien. Il apparaît qu'en 2000, la France
était responsable de 6 millions de minutes de retard, contre trois
millions pour l'Allemagne et le Royaume-Uni, (qui contrôlent presque
autant de vols, soit respectivement 2,2 et 2 millions environ). Mais ces
chiffres globaux recouvrent de grandes disparités de situation. Ainsi
par exemple, la saturation le matin du point d'entrée situé au
Nord-Ouest de Roissy entraîne des retards quasi systématiques de
quarante minutes au moins.
Des études plus fouillées des retards «
toutes
causes confondues
» ont été entreprises au niveau
national par l'Observatoire de la navigation aérienne. Cet observatoire
s'est attaché, pour la première fois en France, à
répartir des causes de retard de tous les vols retardés de plus
de 15 minutes au départ des 14 principaux aérodromes
français pour l'ensemble de l'année 2000.
Les principaux résultats de cette étude sont
résumés ci-dessous :
*
La
cause « enchaînements des rotations » (appelée
communément « arrivée tardive de
l'appareil ») n'est pas analysée dans le détail.
Source : Comuta, observatoire de la navigation aérienne .
Cette étude montre la grande diversité des causes de retard , mais également le rôle de plusieurs acteurs de la chaîne du transport aérien : si un quart des retards sont dûs à la navigation aérienne, 30 % sont dûs aux compagnies (dont 10 % au traitement des passagers et de leurs bagages). La part du facteur « enchaînement des rotations » (cause peu explicite !) reste prédominante (1/3 des retards). Pour l'analyser, une étude spécifique a été menée sur certaines lignes ciblées, telle par exemple la liaison Paris Charles-de-Gaulle-Nantes. Il en ressort qu'une partie importante de ce poste « fourre-tout » s'impute en réalité au contrôle aérien, ainsi qu'au temps de traitement des bagages et des passagers (ce dernier poste explique ainsi au total 25 % du total des retards dans le sens Paris-Nantes et 9 % dans le sens Nantes-Paris).
b) La poursuite d'une politique globale pour agir sur les causes des retards
Toute
une panoplie de mesures a été programmée pour
accroître la capacité d'écoulement du trafic afin notamment
de limiter les retards liés au contrôle aérien.
Parmi celles-ci, citons de
nouveaux investissements matériels et
humains
(nouveau centre de contrôle en route à
Aix-en-Provence, extension du centre de Bordeaux, équipement des
stations radars en matériel plus performant, recrutements
d'ingénieurs et techniciens de la navigation aérienne ont
été renforcés).
En outre, plusieurs mesures organisationnelles ont été prises ou
sont en voie de l'être pour optimiser l'utilisation de l'espace
aérien. Il s'agit, en particulier :
- du transfert des secteurs de contrôle entre centres, pour mieux
répartir le trafic en fonction du potentiel humain ; cela a
été le cas fin janvier 2000, entre le centre de
contrôle d'Aix en Provence et celui de Bordeaux ;
- de la réorganisation de l'espace aérien. Au cours de
l'année 2000, de nouveaux secteurs de contrôle ont
été ouverts dans le Nord-Est de la région parisienne, pour
obtenir une division plus fine de l'espace et améliorer ainsi la
desserte des aéroports parisiens. Des réorganisations ont
été mises en oeuvre autour des aéroports de
Bâle-Mulhouse et de Strasbourg. Au cours du premier semestre 2001,
des réorganisations et reclassements d'espace ont été
effectués dans les espaces aériens autour des aéroports de
Lille, Montpellier et Lyon, avec notamment sur ce dernier terrain des
améliorations de gestion des flux d'approche. Un accord a
été trouvé avec le ministère de la défense
pour modifier les zones d'entraînement aérien des forces
armées, de manière à permettre une meilleure organisation
des flux en approche lointaine (dans la région de Tours) sans
réduire les capacités d'entraînement.
De nouveaux secteurs de contrôle seront progressivement ouverts
après la mise en oeuvre début 2002 de la
« réduction des espacements verticaux en espace
supérieur » permettant de créer de nouveaux niveaux de
vol en Europe et d'augmenter la capacité des centres de contrôle
européens, par une réduction du minimum de séparation
verticale entre les aéronefs, au-dessus de la totalité de
l'espace aérien supérieur européen.
Rappelons que c'est dans la perspective d'une augmentation de la
capacité de traitement à l'approche de l'aéroport de
Paris-Charles-de-Gaulle qu'une refonte des couloirs aériens est
actuellement en cours. Le dispositif actuel de circulation aérienne en
région parisienne a peu évolué depuis les années
1970. Il est désormais saturé avec, en particulier, comme cela a
déjà été dit, un goulet d'étranglement
particulièrement important dans le nord-ouest de la région
parisienne qui provoque, aux heures de pointe, des retards importants de 40
à 60 minutes. La direction générale de l'aviation civile
estime donc qu'une réorganisation du dispositif de circulation
aérienne est nécessaire pour améliorer la
sécurité, résorber les retards et améliorer la
gestion de la capacité.
Aujourd'hui, les avions à destination de Paris-Charles de Gaulle, en
provenance du sud-ouest, de l'Afrique de l'ouest, des Amériques et des
îles britanniques doivent rejoindre l'unique point d'entrée ouest,
situé au nord de Chaumont-en-Vexin (point d'entrée qui concentre
40% des arrivées) ; ces vols subissent régulièrement,
du fait de cet engorgement, des retards de l'ordre de 45 à
60 minutes aux heures de pointe. La réponse à cette
dégradation sensible de la ponctualité passe, au sens de la DGAC,
par la création d'un quatrième point d'entrée situé
au sud-ouest de la région parisienne (en sus des points d'entrée
nord-ouest, nord-est et sud-est), afin d'assurer une meilleure
répartition du trafic et par conséquent une meilleure
fluidité.
A ce jour, 35 à 40 % des mouvements à CDG se font sur la
piste nord et 60 à 65 % sur le doublet sud (bien que 70 % des
avions viennent du nord). La quatrième piste qui parachève le
doublet nord permettra de mieux équilibrer les trafics entre les deux
doublets nord et sud. Pour limiter les nuisances sonores, il est proposé
par la DGAC de maintenir les arrivées d'avions sur les trajectoires les
plus hautes possibles, le plus longtemps possible et de favoriser, après
décollage, la montée libre des avions afin d'éviter les
paliers, sources de nuisances sonores. Enfin, le but est de privilégier
le recours, la nuit, aux procédures survolant les zones les moins
urbanisées. Les trajectoires finales et les trajectoires de
départ aux abords immédiats des aéroports ne subissent pas
de modifications. Le rééquilibrage de l'utilisation des deux
doublets de pistes de Roissy cherche à diminuer les nuisances sonores
sur la zone, la plus urbanisée, située au sud de
l'aéroport et au nord de Paris, et à réduire le survol des
populations situées entre les axes des deux doublets de piste.
2. Faire face à la question des passagers indisciplinés
Avec
l'accroissement des flux de trafic est apparu le problème des passagers
indisciplinés. Devant l'augmentation du nombre et de la fréquence
des incidents, le Conseil supérieur de l'aviation marchande (CSAM), que
votre rapporteur pour avis a l'honneur de présider, a mis en place un
groupe de travail sur cette question, qui a remis ses conclusions au mois de
mars 2000. Il a élaboré un grand nombre de propositions en
matière de prévention des comportements indisciplinés, de
mesures de renforcement des effectifs de police, et, pour les aéroports
et les compagnies aériennes, d'élaboration de compte-rendus
d'incident systématiques.
Etait également préconisée la création d'un
observatoire chargé de recueillir des informations sur les incidents
constatés, l'intensification de la sensibilisation des passagers tout au
long de la chaîne du transport sur les actes répréhensibles
et sur les sanctions encourues. Le CSAM avait insisté sur
la
formation des personnels des compagnies aériennes
à la
gestion de ce type de situations et à la nécessité,
sur
le plan juridique
, renforcer le dispositif répressif. Le CSAM avait
ainsi élaboré un projet de décret permettant de
sanctionner, par des contraventions de la cinquième classe, les
comportements des passagers présentant un danger pour la
sécurité ou le bon ordre à bord des aéronefs,
tandis qu'il préconisait de prévoir des peines aggravées
pour les auteurs d'agressions perpétrées à bord des
aéronefs, par la création d'une circonstance aggravante
spécifique à ce type d'agissements.
Ces propositions ont été suivies d'effets puisque la DGAC a
récemment adressé une
lettre-circulaire relative aux
procédures de prévention et de traitement des incidents
liés aux comportements indisciplinés de certains passagers
aériens
aux entreprises de transport aérien et gestionnaires
d'aéroports, fixant les mesures préventives à mettre en
oeuvre telles que la modération de la distribution d'alcool, sur avis
médical, la distribution de produits de substitution au tabac, ou encore
la diffusion aux passagers d'une information aussi précise que possible
sur les retards et annulations de vols ou sur tout autre incident
d'exploitation.
Il est en outre recommandé aux compagnies aériennes et aux
gestionnaires d'aéroports de mettre en oeuvre, chacun pour ce qui le
concerne, des actions de communication afin de sensibiliser le grand public sur
la réglementation applicable, sur la sécurité des vols et
sur les risques encourus au plan juridique, sur les devoirs des passagers et
sur les pouvoirs du commandant de bord, ou encore sur les effets de la
combinaison alcool/tabac/stress en altitude. La lettre-circulaire recommande
d'informer les passagers tout au long de la chaîne de transport, avant le
voyage, pendant le voyage dans les aéroports et à bord des
aéronefs. Il s'agit de diffuser des messages clairs et
pédagogiques sur la sécurité des vols, sur les actes
répréhensibles et les sanctions encourues, la DGAC fournissant un
modèle de document d'information du passager.
En outre, le but recherché est d'améliorer le traitement de
l'indiscipline, par l'élaboration
de procédures
spécifiques tant au sol qu'à bord
, en trois phases :
-
niveau 1
: le personnel constate un manquement à une
règle de sécurité ou de tout autre nature ; il
rappelle au passager, verbalement ou à l'aide d'une fiche de rappel
écrite, les consignes applicables ;
-
niveau 2
: le personnel constate que le passager refuse
d'appliquer sciemment les règles qui lui ont été
rappelées ; le personnel lui remet une fiche écrite
d'avertissement final nominatif avec les sanctions possibles encourues ;
un compte-rendu d'incident est systématiquement établi ;
-
niveau 3
: le personnel constate que le passager refuse
délibérément d'obtempérer après les rappels
précédents ou que ces actes mettent en danger la
sécurité du vol ; le personnel est mandaté pour
« intervenir : sans délai selon des moyens proportionnels
au danger ».
Par ailleurs, afin de favoriser une bonne application et une harmonisation des
recommandations formulées, la Direction générale de
l'aviation civile met en place un « observatoire »
chargé d'exploiter et d'analyser tous les incidents et d'en faire la
synthèse annuelle.
A la lumière des évènements récents, votre
commission considère, au-delà, que la formation des
équipages à la gestion de ce type de situations (terrorisme,
détournements...) doit être renforcée.
CHAPITRE III -
LA POLITIQUE AÉROPORTUAIRE : L'HEURE DES
CHOIX
I. QUEL ACCROISSEMENT DES CAPACITÉS ?
A. LE CONTEXTE : VERS UNE SITUATION DE PÉNURIE AÉROPORTUAIRE ?
Le
Président d'Air France s'inquiétait, lors de son audition devant
votre commission, au printemps dernier, de l'émergence d'une
«
situation de pénurie aéroportuaire en
Europe
».
Certes, la crise actuelle, brusque et aiguë, que traverse le transport
aérien, ne manque pas d'affecter à court terme la croissance du
trafic et de rendre moins immédiate la question de l'accroissement des
capacités aéroportuaires. Toutefois, l'histoire montre que, bien
qu'étant cyclique, et particulièrement sensible aux aléas
économiques de la conjoncture politique internationale, le trafic
aérien augmente tendanciellement sur le moyen terme.
Les principales plates-formes européennes se trouvent aujourd'hui dans
une situation contrastée en termes de réserves de
capacité. Certaines grandes plates-formes européennes disposent
de quelques réserves qui leur permettront de faire face, à plus
ou moins longue échéance en fonction des contraintes
environnementales, à l'évolution de trafic prévue pour les
quinze prochaines années. Les pays concernés sont en situation de
préserver et de conforter les intérêts de compagnies qui y
sont basées et ne seront pas enclins à rechercher de nouvelles
plates-formes susceptibles d'introduire de la concurrence. A l'inverse, la
situation prévisible de pénurie dans d'autres Etats, ou les
contraintes d'exploitation (Londres, Francfort,...) rendent difficile une
évolution à court et moyen terme des compagnies
concernées. Plusieurs observateurs attribuent ainsi une partie des
difficultés actuelles de British Airways aux contraintes
s'exerçant sur le système aéroportuaire londonien, alors
que le redressement d'Air France est concomitant avec l'accroissement des
capacités de l'aéroport de Paris-Charles de Gaulle et la mise en
place de son «
hub
» sur cet aéroport.
Les prévisions
25(
*
)
font état de
contraintes fortes sur les systèmes aéroportuaires
européens dans les 20 ans à venir :
A Londres :
Le système aéroportuaire londonien a traité
107 millions de passagers et 910 000 mouvements en 1999, répartis
ainsi qu'il suit :
- Heathrow : 62 millions de passagers et 458.000 mouvements.
- Gatwick : 31 millions de passagers et 256.000 mouvements.
- Stansted : 9 millions de passagers et 155.000 mouvements.
- Luton : 5 millions de passagers et 79.000 mouvements.
Londres-Heathrow
possède deux pistes principales et une piste
sécante utilisée occasionnellement. Il est le premier
aéroport européen avec un emport moyen très important de
138 passagers par mouvements.
Une nouvelle piste est envisagée
à l'horizon 2008
. Sa réalisation demeure très
hypothétique, en particulier pour des raisons environnementales. En
effet, en échange d'un engagement de non-construction d'une piste
supplémentaire, un premier accord pour la construction d'une nouvelle
aérogare T5, d'une capacité de 15 millions de passagers par
an, a été obtenu. Ceci permettra une augmentation du nombre des
passagers mais sans augmentation du nombre de mouvements.
Gatwick
traite actuellement 31 millions de passagers avec une piste
unique et deux aérogares. Cette capacité annuelle très
importante s'explique en partie par la structure du trafic : sa
répartition est très uniforme dans la journée sans
réelle pointe, avec de nombreux vols touristiques. Aucun
développement majeur n'est envisagé même si une
réorganisation devrait permettre d'atteindre 40 millions de passagers
par an avec 280.000 mouvements.
Stansted
, qui a atteint un trafic de 9,5 millions de passagers en
1999, devrait augmenter la capacité de son terminal pour accueillir
15 millions de passagers en 2007. Cet aéroport espère
profiter de la saturation des deux grands aéroports londoniens, Heathrow
et Gatwick, pour se développer.
Luton
compte lui aussi sur la
saturation des deux grands pour accroître son trafic. Son projet est de
doubler sa capacité pour atteindre les 10 millions de passagers en
2008. Ces deux aéroports alternatifs se sont largement appuyés
sur les opérateurs à bas prix pour assurer leur propre
développement.
Compte tenu des prévisions de croissance du trafic à Londres, la
construction du nouveau terminal T5 d'Heathrow et les projets d'extension des
autres aéroports londoniens devraient permettre de satisfaire la demande
des passagers
jusqu'à l'horizon 2012
, après quoi d'autres
solutions devront être envisagées.
A Francfort :
L'aéroport de
Francfort
a accueilli 46 millions de passagers
en 1999, pour 440 000 mouvements. Il fonctionne aujourd'hui avec deux pistes
principales et une piste sécante, utilisée uniquement pour les
décollages.
Face à la saturation de son hub,
Lufthansa souhaite la construction
d'une piste supplémentaire d'ici à 2006
. Cependant, la
réalisation de ce projet nécessite la destruction d'une partie de
la forêt domaniale de Francfort. En ce qui concerne la capacité en
aérogare, Francfort dispose d'une réserve importante d'espace sur
l'ancienne base militaire, correspondant à un traitement de
5 millions de passagers par an.
Lufthansa et Francfort fondent également leur axe de
développement sur les possibilités de l'intermodalité avec
l'ICE (train à grande vitesse) pour les trafics de rabattement et pour
substituer une partie du trafic court-courrier, ce qui pourrait concerner 9
à 10 millions de passagers par an. La capacité additionnelle
devrait, selon les calculs de l'aéroport, permettre au trafic de monter
jusqu'à 60 millions de passagers en 2005/2010. Compte tenu du manque
d'espace aux alentours de Francfort, il n'y a, pour l'instant, aucun projet de
nouvel aéroport. Par contre, l'aéroport de
Hahn
, à
proximité, est considéré comme une alternative
intéressante. Cet aéroport pourrait décharger Francfort,
surtout pour le trafic tout cargo et charter.
Le deuxième aéroport allemand,
Munich
, doit augmenter sa
capacité de façon à pouvoir accueillir 30 millions de
passagers dans les dix prochaines années. Cet aéroport est
considéré aujourd'hui comme
pouvant devenir un hub majeur en
Europe
. Lufthansa l'utilise déjà comme plate-forme de
connexion pour les trafics intra-européens et pour quelques destinations
long-courrier. Munich est également envisagé comme solution de
rechange par Lufthansa dans le cas où les projets d'extension de
Francfort ne se réaliseraient pas.
A Amsterdam :
Le trafic en 1999 y a été de 37 millions de passagers pour
410.000 mouvements. Devant l'accroissement rapide des trafics, le gouvernement
néerlandais a dû arbitrer entre la construction d'un nouvel
aéroport sur la mer du Nord et l'accroissement des capacités de
Schiphol
en diminuant son impact sonore. Après de longs mois de
discussions, les autorités et l'aéroport sont parvenus à
mettre en place un plan de réduction du bruit sur la plate-forme,
éliminant ainsi l'utilité immédiate de construction d'un
deuxième aéroport.
A Madrid :
Madrid Barajas a accueilli 28 millions de passagers en 1999 pour 375.000
mouvements. L'aéroport de Madrid-Barajas possède 3 pistes. Le
plan de développement de l'aéroport prévoit
deux pistes
supplémentaires
pour atteindre une capacité de 60-70 millions
de passagers (utilisation de 4 pistes). Au-delà de 2020, le gouvernement
espagnol envisagerait de fermer Barajas, situé à 13 km du
centre ville, et de transférer toutes les activités à
Campo Real, site d'implantation d'une nouvelle plate-forme aéroportuaire
localisée à 15 km de Madrid.
Le système aéroportuaire parisien
se situe dans la
zone d'activité économique européenne dite de
«
la banane bleue
» qui s'étend de Londres
à Rome. La concentration des aéroports sur une des zones
d'activité économique européennes majeures
révèle la forte relation existant entre activités
aéroportuaires et localisation des activités économiques
des régions desservies par ces aéroports. La carte ci-dessous
illustre ce phénomène :
Source
: DGAC, Services des Bases
Aériennes, pour le dossier « DUCSAI ».
Paris se place à la septième place mondiale en terme de millions
de passagers accueillis annuellement, comme le montre le graphique
ci-dessous :
Source : DGAC - Avril 2001
Dans le
cadre du débat actuel sur la construction d'une troisième
plate-forme aéroportuaire, les projections de trafic font état
d'une capacité de traitement des aéroports parisiens actuels de
90 millions de passagers, compte tenu des restrictions du trafic
imposées,
pour une demande estimée à
140 millions de passagers en 2020
. Dans les conditions actuelles,
la question se pose : comment « absorber » à
cet horizon les
50 millions de passagers
qui ne pourront être
traités par le système aéroportuaire parisien dans sa
définition actuelle. Toutefois, si les plafonnements actuels
étaient levés, certains estiment que les aéroports
parisiens pourraient accueillir cette demande supplémentaire.
Relevons que la «
contre-expertise
» sur
l'opportunité de la construction d'une troisième plate-forme
aéroportuaire, demandée à un cabinet
d'études
26(
*
)
dans le cadre de la
Commission nationale du débat public, pourtant réalisée
entre mi-septembre et mi-octobre, ne remet pas en cause la perspective d'un
doublement du trafic dans les 20 prochaines années.
B. EN FRANCE : QUELLES SOLUTIONS AÉROPORTUAIRES ?
1. Les conclusions de la mission DOUFFIAGUES
La
question des capacités aéroportuaires en région
Ile-de-France est posée depuis de longues années. Après la
mise en service de l'aéroport de Paris-Charles de Gaulle, en 1974,
d'après un avant-projet de plan de masse approuvé en 1970, la
croissance du trafic a conduit à poser, dès 1991, la
question
de l'extension de ses capacités
et à entamer, en 1993, la
révision de l'avant-projet de plan de masse. Sans trop détailler
les nombreuses études et consultations conduites depuis 10 ans, qui
ont notamment débouché sur la construction des troisième
et quatrième pistes, rappelons que les ministres en charge du dossier
entre 1994 et 1997, Bernard Bosson, puis Bernard Pons et Anne-Marie Idrac,
ont engagé une étude globale sur «
toutes les
possibilités de desserte aéroportuaire du grand bassin
parisien
»
27(
*
)
à l'horizon
2030.
Confié à Jacques DOUFFIAGUES, assisté de Michel GODET,
Didier SIMOND et votre rapporteur, le rapport de la «
mission
DOUFFIAGUES
», en deux étapes (un rapport d'étape
et un rapport final) a ainsi étudié toutes les solutions de court
et moyen termes pour répondre à la demande de transport
aérien en Ile-de-France. Dans ses conclusions finales remises en mars
1996, la mission d'étude de la desserte aéroportuaire du grand
bassin parisien considérait qu'aux conditions actuelles de trafic et
selon les prévisions les plus réalistes d'évolution de
celui-ci, à court et moyen termes, une desserte satisfaisante du grand
bassin parisien pouvait être assurée par :
le développement concerté et modéré de
l'aéroport de Paris Charles de Gaulle
-réalisé
à partir de 1997- selon la «
solution du moindre impact
sonore
», avec, notamment, le doublement et le décalage
vers l'est des pistes actuelles, accompagné de la conclusion
simultanée d'un contrat de réduction et de contrôle des
nuisances et de meilleure intégration économique et urbaine de
l'aéroport dans son environnement ;
le desserrement d'une partie du trafic (notamment court courrier et
d'affaire) sur
d'autres plates-formes de la région Ile-de-France ou
des régions limitrophes
, telles celles de Beauvais,
Melun-Villaroche, Pontoise ou Reims, par exemple ;
le redéploiement, dans une
perspective intermodale, sur les
grandes plates-formes de province
et notamment Lyon-Satolas, Lille-Lesquin
et, le cas échéant, Nantes-Notre-Dame des Landes, d'une partie
significative du trafic moyen et long courriers non contraint par un passage
obligé à Paris ;
si la mission ne préconisait pas la réalisation
immédiate d'une troisième plate-forme internationale, elle
considérait que
la réservation aussi rapide que possible d'un
site constituait, en revanche, une «
mesure de sauvegarde pour un
avenir ouvert
»
. Ayant analysé l'ensemble des dossiers
présentés par les régions concernées (la lettre de
mission faisait référence à une plate-forme internationale
située hors de l'Ile-de-France mais destinée à sa
desserte), selon une « analyse multicritères »,
considérant notamment, outre les données foncières,
environnementales et de circulation aérienne, les dessertes terrestres
et, surtout, la demande, la mission avait recommandé que soit, aux
seules fins de réservation, validée
«
l'hypothèse d'un site localisé au sud-ouest de
Paris et aussi proche que possible de la région Ile-de-France. La
région de Beauvilliers, en Eure-et-Loir, semble à la Mission la
plus appropriée
», concluait la lettre remise aux
ministres en mars 1996.
2. La « décision » du 26 octobre 2000 et la mission « DUCSAI »
A
l'occasion de la présentation des projets de schémas de services
collectifs de transports
28(
*
)
, le
jeudi 26 octobre 2000, le Gouvernement, d'après les
termes du communiqué de presse diffusé à cette date,
«
a confirmé
[sa]
nouvelle politique
aéroportuaire
». Cette politique se traduit par la
volonté de «
développer les principaux
aéroports régionaux
». Etait ainsi annoncé
que : «
Les capacités du futur aéroport de
Nantes-Notre-Dame des Landes en particulier, seront adaptées à sa
vocation de plate-forme d'échanges entre l'Ouest et les autres
pôles notamment européens
.
Le développement de
l'aéroport de Lyon-Saint-Exupéry sera favorisé afin de
conforter son rôle de plate-forme internationale pour le grand
Sud
».
D'autre part, le Gouvernement a affirmé avoir «
tirer le
meilleur parti des TGV pour les liaisons à courte et moyenne
distance
», et précisé toutefois
qu'«
en complément des mesures ci-dessus, une nouvelle
plate-forme à vocation internationale apparaît nécessaire,
pour répondre à la croissance du trafic aérien induit par
les populations et les activités de l'Ile-de-France et des
régions voisines. Cet aéroport devra fonctionner en réseau
avec les autres plates-formes nationales et en complémentarité
avec les plates-formes européennes
».
La
décision de création de la nouvelle plate-forme
était ainsi annoncée, même si le communiqué
précisait que «
la localisation définitive sera
arrêtée à l'issue d'un débat public organisé
sous l'égide de la Commission Nationale du Débat
public
». L'animation de ce débat fut confiée au
Président de la Commission nationale du débat public, qui a mis
en place une «
démarche d'utilité concernée
pour un site aéroportuaire international
», dite
« DUCSAI ».
Sa mission et la vocation du débat public étaient
précisées par une lettre des ministres de l'environnement et de
l'équipement :
«
La bonne conduite d'un débat public implique que
soient rappelés les éléments ayant permis de retenir
l'opportunité
d'une nouvelle plate-forme, notamment les motifs, les
hypothèses et l'ensemble des données utilisées dans les
réflexions précédentes et les études en
cours
».
«
Le débat permettra de porter à la connaissance du
public et de soumettre progressivement à la discussion tant les
objectifs et la nature que les fonctions et caractéristiques de la
plate-forme aéroportuaire
» (...)
«
Ainsi, dans les meilleures conditions de transparence possibles,
le choix du Gouvernement pourra être éclairé, d'une part,
sur la configuration du projet
susceptible de répondre à
la double demande de déplacement et au souci de respect de
l'environnement des populations concernées, et d'autre part,
sur la
localisation
dans une gamme de sites telle que présentée au
débat
».
Les termes de cette lettre de mission sont clairs : outre une transparence
accrue, sont attendus de ce débat des propositions sur :
- la
configuration
de la plate-forme ;
- et sur sa
localisation
.
Sur son site Internet
29(
*
)
, la commission
« DUCSAI » décrit ainsi la démarche retenue
pour conduire ce débat :
Par un
communiqué de presse de septembre 2001, la commission DUCSAI a fait
savoir que 8 candidatures avaient été déposées
pour l'accueil de cette nouvelle plate-forme aéroportuaire :
- Beauvilliers (Eure et Loir) ;
- Vatry (Marne) ;
- Bertaucry (Marne) ;
- Grandes Loges (Marne);
- Mondidier Sud (Somme) ;
- Juvincourt (Aisne) ;
- Hangest en Santerre (Somme) ;
- Chaulnes (Somme).
Pourtant, sans grande cohérence, semble-t-il, avec la mission qui lui a
été confiée, un communiqué de presse de la
Commission « DUCSAI » en date du 11 septembre
indiquait qu'un accord était «
facilement
intervenu
» entre le Président de la Commission nationale
du débat public et trois associations
30(
*
)
pour mener une
«
contre-expertise
» sur
«
l'opportunité
» de la construction d'une
nouvelle plate-forme et une «
analyse critique
» des
besoins en infrastructures aéroportuaires.
On ne peut que se demander
si cette démarche entre vraiment dans le champ de la mission
définie par la lettre précitée des ministres
concernés.
On aboutit ainsi à la situation ubuesque dans
laquelle des fonds publics rémunèrent un cabinet de consultants
extérieur pour «
auditer
», pour le compte
d'une commission censée en déterminer les conditions
d'application, le bien fondé d'une décision gouvernementale.
3. Les alternatives
Comme le soulignait déjà le rapport de la mission « DOUFFIAGUES », il existe des alternatives à la construction d'une troisième plate-forme.
a) L'évolution d'Orly et de Roissy
L'extension d'Orly et Roissy au-delà des limites
fixées par les Gouvernements successifs est une première option
pour les court et moyen termes. Faut-il rappeler qu'hors passagers en
correspondance, plus de 90% des passagers sur l'aéroport de Paris
Charles de Gaulle viennent de la région Ile de France ou y vont ?
Votre commission a déjà pris parti, lors de débats
antérieurs, pour que la limite de l'activité de ces plate-formes
soit fixée en termes de gêne sonore globale, et non, comme
actuellement , en termes de nombre de passagers ou de mouvements
aériens. Ces limites ne correspondent en effet pas à la
réalité de la gêne ressentie (ce ne sont, notamment, pas
les passagers qui créent les nuisances), ou ont eu des
conséquences parfois négatives pour les plate-formes
concernées (ainsi la désindustrialisation partielle de la zone
d'Orly).
b) Le desserrement sur les aéroports régionaux
Comme
cela a déjà été dit, le Gouvernement a
apprécié, dans le cadre de l'élaboration des schéma
de services collectifs de transport, les besoins en infrastructures
aéroportuaires à l'horizon 2020. La méthode a
consisté à confronter la demande pressentie sur les principaux
pôles urbains considérés avec l'offre aéroportuaire
envisagée à cet horizon, en tenant compte des exigences
environnementales et des extensions capacitaires possibles.
S'agissant de la demande, le scénario retenu, qui correspond à la
tendance observée avant les attentats, prévoit un taux moyen
d'évolution du trafic de 3,3 % par an pendant 20 ans (soit
moins que la croissance observée ces 20 dernières
années) avec une répartition du trafic entre Paris et la province
telle qu'observée ces dernières années.
La
confrontation entre la demande et l'offre
est illustrée par la
carte ci-dessous, élaborée par la direction
générale de l'aviation civile, et représentant, pour la
situation d'offre aéroportuaire envisageable à
l'horizon 2020, la réserve ou le déficit de capacité
sur chaque plate-forme, affichée sous forme de part de disque. Une
réserve de capacité apparaît sous la forme d'une part
blanche, un déficit de capacité apparaît en noir :
La
mise en évidence de capacités disponibles sur les
aéroports régionaux
conduit à s'interroger sur leur
rôle éventuel pour accueillir la demande de transport qui ne
pourrait l'être sur les aéroports parisiens. En d'autres termes,
il s'agirait de reporter le trafic excédentaire vers les
aéroports régionaux.
Un tel transfert, facteur
d'aménagement équilibré du territoire, était
déjà préconisé par la mission
« DOUFFIAGUES »
. L'aéroport de Lyon-Saint
Exupéry, en particulier, présente des réserves
capacitaires particulièrement intéressantes.
Toutefois, selon la direction générale de l'aviation civile, dans
le dossier qu'elle a constitué sur la nouvelle plate-forme
aéroportuaire, l'examen de la typologie du trafic sur les
aéroports parisiens fait apparaître que :
- une grand partie des passagers (66 %) de Paris-Charles de Gaulle,
pour prendre cet exemple, est constituée de
clientèle
locale
, c'est-à-dire, d'une part, de passagers qui débutent
leur déplacement aérien au départ des aéroports
parisiens, et, d'autre part, de passagers soit nationaux, soit internationaux y
arrivant ; ces passagers demeurent ou se rendent pour la plupart à
Paris, en Ile-de-France, voire dans le grand bassin parisien ;
- l'autre partie des passagers (34 %), est constituée de
passagers en correspondance
. Parmi eux, 39 % viennent de province
pour prendre une correspondance essentiellement internationale et 61 %
sont des passagers internationaux qui transitent par Paris.
Partant de ces constats, la DGAC estime que les
reports de trafic
des
aéroports parisiens vers les aéroports régionaux peuvent
s'effectuer de différentes manières :
- en « limitant » le trafic des passagers de province
qui utilisent Paris comme plate-forme de correspondance, par le
développement de
liaisons internationales directes au départ
de ces aéroports régionaux
;
- en « attirant » le trafic international en
correspondance sur les aéroports parisiens
vers les aéroports
régionaux
, en renforçant la position concurrentielle des
aéroports régionaux par rapport à Paris et aux grandes
plates-formes européennes ;
- en « attirant » le trafic d'Ile-de-France vers les
aéroports régionaux afin que
ces passagers y débutent
leur déplacement
.
La DGAC estime que chacune de ces possibilités comporte des limites,
plus ou moins fortes :
Pour ce qui concerne les liaisons internationales directes à
partir des aéroports régionaux, elles se sont diversifiées
ces dernières années. Ces aéroports traitent maintenant
29 % du trafic international français. Cela étant, les
liaisons au départ de ces aéroports sont principalement avec
l'Europe et le Maghreb. Seules quelques liaisons internationales long courrier
(à l'exception des DOM) sont exploitées au départ de Nice
et Lyon, en service régulier (ex : New-York). Mais leur
rentabilité demeure à ce jour fragile, notamment dans le cas de
Lyon (Delta Airlines a d'ailleurs fermé sa liaison Lyon-New-York).
La
raison principale en est la taille du marché
,
la zone de
chalandise desservie par la plate-forme, jugée
« insuffisante » par la DGAC pour générer un
marché consistant.
La « contre expertise »
précitée aboutit aux mêmes conclusions ;
Ainsi, pour les passagers « régionaux » qui prennent
(pour 15 %) une correspondance à Paris-Charles de Gaulle dans le
cadre de déplacements internationaux (autres qu'à destination de
l'Europe), la DGAC estime que les conditions du marché ne permettent pas
à ce jour d'imaginer une solution locale, à savoir l'ouverture de
liaisons directes.
La possibilité de « déplacer » le
trafic de correspondances de Paris-Charles de Gaulle, par exemple, sur les
aéroports régionaux offrant des capacités disponibles, se
heurte aux mécanismes actuels du marché et en particulier
à la stratégie des compagnies aériennes. En effet, deux
conditions, entre autres, sont nécessaires à la mise en place
d'un réseau de correspondances au départ d'un
aéroport : la détermination d'une compagnie aérienne
et un marché local important à partir duquel le réseau de
correspondance sera organisé.
La DGAC estime que les aéroports régionaux ne présentent
pas à l'heure actuelle les conditions requises à la mise en place
d'un hub international long-courrier, en mesure de
« concurrencer » non seulement celui d'Air France à
Roissy, mais également ceux des compagnies aériennes
européennes sur leur marché respectif (exemple : Lufthansa
à Francfort et à Münich). L'aéroport de Lyon-St
Exupéry par contre, avec Air France, est en mesure de devenir un hub,
mais principalement pour des vols européens, ce qui ne répond que
partiellement à la problématique.
S'agissant des passagers d'Ile-de-France susceptibles de débuter
leur voyage aérien, il convient de considérer cette solution
comme limitée d'une part, à de la clientèle effectuant des
vols long-courrier (compte tenu du temps de pré-acheminement), d'autre
part à de la clientèle dont la valeur du temps est faible
(déplacement pour motif personnel-tourisme).
En résumé indique la DGAC, «
il apparaît, sur
la base d'une analyse des mécanismes du marché, que l'existence
de capacités techniques disponibles sur les aéroports
régionaux, est certes susceptible d'apporter des éléments
de solution, mais moins significatifs qu'on ne pourrait le penser a
priori
»
31(
*
)
.
c) Les reports sur le mode de transport ferroviaire
La
substitution du train à grande vitesse à l'avion, pour les
liaisons à courte distance (moins de trois heures de trajet en train)
peut contribuer à décongestionner les aéroports
français.
A cet égard, deux types de possibilités existent :
- le « report modal », qui consiste à ce que
des trajets auparavant effectués en avion, soient désormais
effectués par le train ( Paris- Marseille, Paris- Londres ou Paris-
Bruxelles par exemple) ;
- l'intermodalité, qui fait référence à
l'utilisation combinée de plusieurs modes de transport au cours d'un
même voyage, entre son point de départ et son point final
d'arrivée. Lorsque le passager utilise le train sans avoir d'autre
choix, en l'absence de liaison aérienne, pour rejoindre
l'aéroport de Roissy par exemple, et y prendre une correspondance
aérienne, il s'agit d'intermodalité de
complémentarité. Lorsqu'il utilise le train, également
pour rejoindre Roissy, alors qu'il aurait pu prendre l'avion pour effectuer le
même trajet, il s'agit d'intermodalité de substitution.
Les perspectives de trafic intermodal et de report modal aux horizons 2010 et
2020 ont été examinées par le ministère de
l'équipement et des transports au regard des évolutions futures
du réseau ferroviaire à grande vitesse, à savoir :
A l'horizon 2004 :
- TGV Méditerranée : gains de temps sur Marseille,
Montpellier et Nice (dès 2001) ;
- Desserte de Roissy par Eurostar et gain de temps sur Londres ;
- Desserte d'Amsterdam.
A l'horizon 2010 :
- TGV Est : desserte de Strasbourg ;
- Nouveau gain de temps sur Londres ;
- Gain de temps sur Amsterdam ;
- Desserte de Francfort ;
- Gains de temps sur Bordeaux, Toulouse, Nantes, Rennes, Montpellier,
Mulhouse, Genève.
S'agissant tout d'abord du report modal sur le mode ferroviaire
, il faut
observer que les reports les plus important ont déjà eu lieu ces
dernières années, sur les liaisons les plus susceptibles
d'être substituables à l'avion, le volume de trafic reporté
étant estimé à l'horizon 2020 à
5 à
8 millions de passagers annuels
.
S'agissant de l'intermodalité
, sur la base d'une enquête
réalisée en 1999 à l'initiative de la DGAC, on estimait
à environ 900.000 le nombre de passagers pré-acheminés par
le train à l'aéroport de Roissy, soit seulement 2,1 % du
trafic aérien total de cet aéroport. Ces passagers intermodaux
sont principalement des résidents français, la compagnie Air
France étant la compagnie la plus utilisée, à l'instar du
pré-acheminement de Bruxelles via le Thalys. La partie
« avion » du trajet concerne essentiellement des
destinations étrangères, avec une répartition relativement
équilibrée entre trajets court/moyen courrier et long courrier.
Il ressort de cette enquête que
le rôle joué par
l'intermodalité pourrait être accru
par des politiques
commerciales plus volontaristes de la part des entreprises concernées.
En effet, ce type de voyages n'est pas encore entré dans les habitudes
des voyageurs, qui les organisent majoritairement eux-mêmes en utilisant
deux billets séparés train/avion. Cela étant, la DGAC
indique qu'en prenant pour hypothèse un scénario volontariste
dans lequel la totalité du trafic aérien se reporterait sur le
rail pour toute destination desservie par le train en moins de deux heures, le
trafic total de passagers intermodaux serait de l'ordre de
4 millions
de passagers, à l'horizon 2020, au lieu de 3 dans un
scénario « au fil de l'eau », sans action
volontariste.
Au total, les reports possibles du mode aérien sur le mode ferroviaire
devraient représenter
de l'ordre de 10 millions de passagers
en 2020, soit un cinquième des besoins capacitaires estimés
à cette échéance pour le système
aéroportuaire parisien.
II. POURSUIVRE LA LUTTE CONTRE LES NUISANCES AÉROPORTUAIRES
A. METTRE EN oeUVRE LES RECOMMANDATIONS DE L'ACNUSA POUR LA RÉGULATION DU BRUIT AÉROPORTUAIRE
1. La mise en place de l'ACNUSA, une étape essentielle
Même si les progrès considérables des
constructeurs permettent de mettre en service des avions de moins en moins
bruyants (un avion équipé de réacteurs conçus au
début des années 1960 faisait autant de bruit que 125 Airbus
A320), l'augmentation du trafic aérien, la densification urbaine au
voisinage des aéroports et l'évolution de la gêne ressentie
par les riverains rendent indispensable de lutter contre les nuisances sonores
aéroportuaires.
Votre rapporteur est convaincu que le développement du transport
aérien passe par une régulation des nuisances -et en particulier
par une
meilleure maîtrise de l'urbanisation au voisinage des
aéroports
-. La création de l'Autorité de
contrôle des nuisances sonores aéroportuaires (ACNUSA), par la loi
du 12 juillet 1999, qui a également renforcé, à
l'initiative du Sénat, les prescriptions urbanistiques
32(
*
)
, répondait à cette
préoccupation.
a) De larges missions
La
concertation menée à l'occasion de l'extension de
l'aéroport de Paris-Charles de Gaulle a montré
que le
développement des infrastructures, nécessaire à la
croissance du transport aérien
, ne pouvait être mis en oeuvre
que dans le cadre d'une politique de
transparence et de concertation
avec les riverains en ce qui concerne les
nuisances sonores.
A cet
effet, le Ministre de l'équipement, des transports et du logement
s'était engagé -lors de l'annonce de la construction de pistes
supplémentaires à Roissy, reprenant en cela une proposition
ancienne, formulée notamment par la mission précitée
« DOUFFIAGUES »- à ce qu'
une autorité
indépendante
soit mise en place pour intervenir dans la mesure et le
contrôle de ces nuisances. De cet engagement a résulté
l'adoption de la loi précitée.
Lors de son adoption, la Commission des Affaires économiques avait
largement soutenu la mise en place de cette institution, et avait élargi
les
compétences et les missions de cet organisme
.
Le dispositif finalement adopté vise à satisfaire trois
objectifs :
- le premier est de mettre en place une
véritable haute
autorité en matière de nuisances sonores
aéroportuaires,
dont l'indépendance et l'impartialité
soient incontestables.
Outre sa qualification législative d'autorité administrative
indépendante, la nouvelle Autorité de contrôle des
nuisances sonores aéroportuaires est composée d'un
président nommé par décret pris en conseil des ministres,
de deux membres respectivement désignés par le président
du Sénat et par le président de l'Assemblée nationale et
de 5 experts en matière d'acoustique, de gêne sonore, de
santé humaine, d'aéronautique et de navigation aérienne,
nommés par décret pris en conseil des ministres.
L'indépendance
des membres de cette institution est garantie par
une durée de mandat relativement longue, de 6 ans, et par la mise
à disposition d'un budget propre. Elle est renforcée par des
clauses de non-renouvellement, d'absence de possibilité de
révocation et d'incompatibilité du mandat avec la
détention de certaines fonctions et intérêts ;
- le deuxième objectif est de donner à cette autorité
un champ d'action étendu, en la dotant d'une
compétence
élargie pour la mesure et le contrôle du bruit
en ce qui
concerne les principaux aérodromes ;
- le troisième objectif est de doter cette autorité d'un
devoir d'information des riverains
et parallèlement, d'un pouvoir
d'élaboration de prescriptions techniques
concernant en
particulier les dispositifs de mesure du bruit et de suivi des trajectoires
implantés aux abords des aérodromes.
La loi précitée du 12 juillet 1999 prévoit en
outre que l'ACNUSA prononce, sur proposition de la Commission nationale de
prévention des nuisances,
des amendes administratives
à
l'encontre des contrevenants aux règles instituées par
arrêté du ministre chargé de l'aviation civile pour la
protection de l'environnement sonore des aérodromes. L'ACNUSA est donc
conçue par le législateur comme la pierre d'angle de la politique
de régulation des nuisances sonores aéroportuaires.
b) Un début matériellement précaire
Après le bel unanimisme de la discussion
législative,
et une fois la loi promulguée, la naissance de l'autorité n'a
pourtant pas été sans difficultés. Le premier rapport
annuel de l'ACNUSA, paru en mai 2001, fait en effet état de
difficultés pratiques rencontrées pour la mise en place de cette
institution.
Tout d'abord, pour amorcer la mise en place des services, l'Autorité a
eu recours à une solution intermédiaire et a recruté un
collaborateur par voie de convention avec d'autres services de
l'administration, pour une mission temporaire d'assistance, dans l'attente de
recrutements définitifs. Or, des blocages administratifs et financiers
ont conduit à ce que les frais de mission et l'indemnité de
sujétion spéciale décidée par le président
de l'ACNUSA n'ont pu être réglés à
l'intéressé qu'avec retard, le rapport annuel faisant état
d'une «
situation administrative ubuesque
»
liée des «
difficultés avec le directeur des
dépenses de la trésorerie générale de
Paris
».
Dans un deuxième temps, pour le recrutement des collaborateurs
définitifs, l'ACNUSA s'est heurtée à l'absence de postes
budgétaires prévus à son bénéfice, alors
même que la loi de finances pour 2001 lui avait accordé, -votre
commission y avait tout particulièrement veillé-, cinq millions
de francs de budget annuel. Ce n'est que grâce à la
coopération du Directeur général de l'aviation civile et
du Vice-président du Conseil général des ponts et
chaussées, indique le rapport annuel précité, que ces
difficultés ont pu se résoudre, les postes finalement
attribués à l'ACNUSA étant
« gagés » sur les effectifs budgétaires du
ministère de l'équipement.
On ne peut que regretter qu'après avoir porté l'ACNUSA sur les
fonds baptismaux, le Gouvernement ne lui ait pas mieux donné les moyens
des missions que lui avait dévolues le législateur.
2. La nécessaire poursuite de la régulation des nuisances
Outre la mise en oeuvre des engagements pris en 1997 lors de l'extension de l'aéroport de Roissy, la lutte contre les nuisances sonores passe désormais par la mise en oeuvre des préconisations de l'ACNUSA.
a) L'interdiction des avions les plus bruyants la nuit à Paris-Charles de Gaulle
L'aéroport de Paris-Charles de Gaulle est aujourd'hui
déjà soumis à des restrictions d'usage pour les avions les
plus bruyants, et en particulier les appareils
« hushkités » du « chapitre 3 »
(les chapitres sont fonction de l'énergie sonore dégagée),
c'est à dire les avions bruyants (appartenant au chapitre 2), mais munis
d'atténuateurs de bruit les faisant entrer dans la catégorie
moins bruyante du « chapitre 3 ». Un arrêté du
17 décembre 1997 modifié leur impose, entre 23 h 15 et 6
heures, d'être signalés comme tels au service de contrôle de
la navigation aérienne et de respecter des procédures de
décollage et de montée initiales élaborées en vue
de réduire les nuisances sonores.
Etait à l'étude, depuis 1997, la possibilité juridique
d'interdire totalement la nuit, sur cette plate-forme, de 23 h 30 à 6
heures, les avions équipés d'atténuateurs de bruit. Un
contentieux, non encore réglé, entre l'Europe et les Etats-Unis
concernant cette catégorie d'avions n'a pas permis de concevoir une
mesure visant explicitement les dispositifs d'atténuation de bruit. Un
arrêté ministériel paru le 19 août 2001 a
imposé une restriction nocturne visant, de façon
générale,
tous les avions les plus bruyants du
« chapitre 3 »
.
Cette mesure s'appuie sur la notion de «
marge cumulée des
niveaux de bruit certifiés par rapport aux limites admissibles du
chapitre 3
». Dans son principe, elle consiste à :
- interdire totalement au
1
er
janvier 2005
les avions
les plus bruyants du chapitre 3
33(
*
)
. Cette
interdiction est précédée d'une période de
réduction progressive de l'utilisation des flottes concernées
reposant, pour chaque compagnie, sur des quotas d'énergie sonore ;
- interdire les avions bruyants du chapitre 3
34(
*
)
qui n'auraient p
as été
exploités
sur l'aéroport de Paris-Charles-De-Gaulle depuis le
1
er
octobre 1996.
Les avions visés par cette mesure sont les Boeing 727, 737 et 747 les
plus anciens, les Airbus A300 de première génération, les
DC8 et DC9 ainsi que certains DC10. Sur les 36.350 mouvements
observés la nuit entre 23 h 30 et 6 h en 2000 à
Roissy, la première de ces deux interdictions viserait 5.300 vols.
Une centaine de compagnies aériennes fréquentant
régulièrement la plate-forme sont concernées par les
dispositions de cet arrêté qui, par ailleurs, relève du
champ d'application de l'article L. 227-4 du code de l'aviation
civile : un manquement à ces restrictions d'usage peut occasionner
des sanctions administratives prononcées par l'Autorité de
contrôle des nuisances sonores aéroportuaires (ACNUSA) sur
proposition de la Commission nationale de prévention des nuisances
(CNPN).
A cet égard, votre commission se félicite de l'adoption d'une
nouvelle norme, dite « chapitre IV », par l'OACI, le
10 octobre dernier, qui s'appliquera aux nouveaux avions à compter
de 2006 et contribuera à réduire de 10 décibels le
niveau sonore autorisé à l'atterrissage et au décollage
pour chaque type d'appareil.
b) Les propositions de l'ACNUSA
La loi a
voulu l'ACNUSA dotée d'un large panel de compétences, puisque ses
membres sont choisis en fonction de «
leur compétence dans
les domaines économique, juridique ou technique ou de leur connaissance
en matière d'environnement, de santé humaine ou de transport
aérien
». Ils sont en outre
nommés par les
présidents des assemblées et par plusieurs ministres en charge de
l'environnement, de la santé et de l'aviation civile. Forte de cette
diversité, l'autorité a établi, conformément
à la mission que lui assigne la loi,
plus de quinze recommandations
précises
dans ses secteurs de compétence.
-
Pour la mesure du bruit :
La loi a confié à l'ACNUSA, pour les aérodromes
visés à l'article 266 septies du code des
douanes
35(
*
)
, la mission de définir :
- les indicateurs de mesure du bruit et de la gêne sonore ;
- les prescriptions techniques applicables, en conformité avec les
normes internationales, aux dispositifs de mesure du bruit et des
trajectoires ;
- les prescriptions concernant le nombre et l'emplacement des stations de
mesure de bruit pour chacun de ces aérodromes ;
- les prescriptions d'exploitation du réseau des stations.
En la matière, l'ACNUSA suggère :
D'utiliser l'indice « Lden » pour la mesure de la
gêne sonore à la place de l'indice
« psophique » actuellement en vigueur
La gêne sonore est calculée au moyen d'un modèle
mathématique prenant en compte le bruit émis par chaque passage
d'avion et tel qu'il est perçu au sol, le nombre de passages d'avions en
24 heures et la perception différente du bruit entre le jour et la
nuit : un vol nocturne génère une gêne 10 fois
supérieure à celle d'un vol de jour.
Pour l'instant en France, l'indice de gêne utilisé est l'indice
«
psophique
». L'ACNUSA recommande de lui substituer
l'indice «
Lden
», car, dans le calcul de l'indice
Lden, la journée est divisée en douze heures de jour, en
quatre heures de période intermédiaire ou soirée et en
huit heures de nuit, les heures de soirée étant
pondérées d'un facteur 5 et celles de nuit d'un facteur 10,
ce qui permet une
prise en compte plus fine des effets de la gêne
sonore
, et plus conforme à la gêne ressentie par les
riverains. En outre, le projet de directive du Parlement européen et du
Conseil de l'Union européenne relative à l'évaluation et
à la gestion du bruit ambiant recommande l'utilisation de cet indice
pour établir la cartographie du bruit et les plans d'actions
prévues pour gérer les problèmes du bruit et de ses
effets, raison de plus pour l'ACNUSA de le préconiser.
Le choix de l'indice est déterminant car il intervient à deux
niveaux
. D'abord, afin d'éviter d'exposer immédiatement ou
à terme de nouvelles populations aux nuisances sonores, la
maîtrise de l'urbanisme, indispensable, passe par la
délimitation de zones de bruit où des interdictions et
restrictions de construire seront édictées
. Ces zones forment
le plan d'exposition au bruit (PEB), actuellement basé sur des courbes
de gêne sonore exprimée en indice psophique. Pour les populations
déjà en place, l'attribution et le montant d'une
aide à
l'insonorisation des logements
riverains des aéroports s'appuient
également sur la délimitation de zones de bruit par le plan de
gêne sonore (PGS).
De définir un indice de bruit
« événementiel », lié à chaque
survol
L'ACNUSA, au vu des revendications des riverains, a considéré
qu'un indice intégré de la gêne sonore ne permettait pas de
représenter la nuisance engendrée par chaque survol, et partout,
de rendre compte, vol par vol, du non-respect des procédures de
départ, d'approche et d'atterrissage. Aussi l'Autorité a
préconisé la mise en place d'un
indicateur
36(
*
)
caractéristique de chacun des survols
.
-
Pour la régulation des nuisances sonores d'origine
aérienne
L'ACNUSA a formulé des recommandations ambitieuses et
détaillées pour une meilleure maîtrise des nuisances
sonores aéroportuaires, notamment la nuit, période
particulièrement sensible pour les riverains.
Considérant à juste titre que la gêne la plus forte est
celle qui trouble le sommeil, l'ACNUSA n'a pour autant pas
préconisé l'arrêt total des vols de nuit
réclamés par certains. Cette préconisation ne lui est en
effet pas apparue «
plausible
» à l'heure
actuelle, «
de façon unique au sein de la communauté
européenne, et uniforme sur tout le territoire national
»,
selon son rapport annuel. Elle a toutefois répondu à la forte
préoccupation des riverains dans ce domaine, en proposant, dans un
premier temps, la mise en place d'un
indice de valeur maximale de bruit la
nuit
.
L'ACNUSA recommande qu'entre 22 heures et 6 heures, tout survol
engendrant un niveau sonore exprimé en LAeq(1s) dépassant 85
dB(A), en dehors des zones A et B des actuels plans d'exposition au
bruit
37(
*
)
, zones de forte gêne sonore,
soit sanctionné. Cet indice conduirait ainsi à sanctionner au cas
par cas l'utilisation de certains avions, sans se préoccuper de leur
classification acoustique en divers « chapitres », alors
que les restrictions actuelles concernent les types d'appareils utilisés
et non le bruit engendré par chaque survol. Il s'agirait, notons-le,
d'une mesure dont la mise en oeuvre s'avérerait particulièrement
contraignante pour certaines activités, (la messagerie, le fret, la
poste) et relativement inédite en Europe, voire dans le reste du monde.
Sur notre continent, si certains aéroports possèdent des
restrictions d'usage particulières, comme Genève et Orly, qui
jouissent d'un « couvre-feu » total, ou encore Berlin,
Münich et Zürich, où le trafic nocturne est interdit, avec
cependant des exceptions de taille pour le fret postal, il n'existe pas,
ailleurs, de couvre-feu mais des restrictions d'usage qui varient selon les
plate-formes. La limitation des mouvements d'avions entre 23h et 6h a
été instaurée sur les trois aéroports londoniens,
mais ce sont les interdictions des avions les plus bruyants, classifiés
en « chapitre 2 », durant des créneaux horaires
bien définis, que l'on retrouve le plus souvent. Amsterdam,
Düsseldorf, Francfort, Madrid, Roissy et Vienne ont ainsi souscrit
à cette mesure. Les essais moteurs, quant à eux, ne sont
interdits que sur les plates-formes de Madrid, Oslo, Roissy et Zürich, et
encore selon des plages horaires bien définies
(généralement 23h -6h).
L'ACNUSA a émis cette proposition sans qu'à la connaissance de
votre rapporteur aient été effectuées d'études
d'impact d'une telle mesure sur les compagnies, les services et les industries
concernées.
-
Pour le contrôle des trajectoires et des
procédures d'approche et de départ
L'ACNUSA préconise que pour les neufs principaux aéroports, des
procédures particulières
soient élaborées en
vue de limiter les nuisances, et fassent l'objet d'arrêtés
ministériels, permettant le relevé des infractions et leur
sanction éventuelle. Elle souhaite que soit défini, par cet
arrêté, le volume dans lequel l'écart entre la trajectoire
réelle d'un avion et la procédure publiée est une
déviation tolérable. En dehors de ce volume, il serait
considéré que la procédure n'est plus respectée et
une sanction serait encourue.
Les propositions de l'ACNUSA sont nombreuses et concrètes. Dans ce
contexte, on peut se demander quelle est la cohérence avec cet ensemble
de recommandations d'une proposition de loi récemment adoptée par
nos collègues députés -les mêmes qui approuvaient,
en 1999, la création de l'ACNUSA- sur «
l'interdiction de
décollage et d'atterrissage la nuit dans les
aéroports
».
c) La proposition de loi « Cochet » : quelle cohérence ?
La
démarche conjointe, soulignons-le, des deux chambres du Parlement et du
Gouvernement, par l'adoption de la loi précitée du
12 juillet 1999, était claire. Elle partait d'un
diagnostic : l'absence de communication et le besoin de régulation
des nuisances sonores aéroportuaires, et aboutissait à un plan
d'action : une haute autorité, indépendante, serait
l'interlocuteur impartial de toutes les parties et la force de proposition
-voire de prescription- en matière de lutte contre le bruit
aéroportuaire.
Le processus étant défini, ne lui manquait que le temps de se
mettre en marche et d'aboutir à de premières réalisations.
Or, interférant dans une logique pourtant établie avec son aval,
l'Assemblée nationale a adopté, le 24 avril dernier, une
proposition de loi de M. Yves Cochet et plusieurs de ses collègues
tendant à interdire aux aéronefs de décoller et d'atterrir
la nuit dans tous les aéroports français. Non sans que la
Commission de la production et des échanges, saisie de l'examen de ce
texte, ait repoussé sa réunion d'examen pour laisser à
l'ACNUSA, qui se mettait, à l'époque, à peine en place, le
temps (si l'on peut dire !) de formuler ses premières propositions.
Le texte finalement adopté par l'Assemblée nationale, prenant
tardivement en compte l'existence de l'ACNUSA, reprend d'ailleurs non pas le
dispositif initialement envisagé par les auteurs de la proposition de
loi, mais, peu ou prou, les premières recommandations de cette
autorité, qui relèvent d'ailleurs totalement du domaine
réglementaire.
Votre rapporteur considère une telle initiative comme inopportune et
incohérente avec la démarche engagée il y a à peine
deux ans, avec la création de l'ACNUSA. Il lui semble
préférable de donner suite, avec continuité et
détermination, et après une large consultation de l'ensemble des
parties intéressées, et des études d'impact
aéroport par aéroport, aux propositions de cette autorité,
en les adaptant si besoin est, plutôt que d'interférer
intempestivement dans le champ de compétence de l'ACNUSA.
B. MAÎTRISER L'URBANISME : PRÉVENIR ET GUÉRIR
1. L'indispensable et difficile maîtrise de l'urbanisation aux abords des aéroports
Votre rapporteur en est convaincu depuis longtemps : le moyen le plus efficace pour lutter contre les nuisances sonores aéroportuaires est d'empêcher l'exposition de population au bruit, en limitant l'urbanisation aux abords des aéroports.
a) Le contre-exemple de Paris-Charles de Gaulle
L'« exemple » de l'aéroport de
Paris-Charles de Gaulle illustre à quel point il est nécessaire
de mettre en place des outils de maîtrise urbanistique autour des
plates-formes aéroportuaires. En effet, autour de cet aéroport,
qu'on décrit parfois un peu caricaturalement comme ayant
été planté «
dans les champs de
betteraves
», le peuplement a considérablement
augmenté depuis les années 1960, atteignant désormais
environ 500.000 personnes.
Les difficultés rencontrées au moment où la croissance du
trafic aérien a rendu impérative l'extension des capacités
aéroportuaires, conformément au plan de développement
initial de la plate-forme, étaient, dans ce contexte,
prévisibles. Certains ont pu s'émouvoir de la farouche opposition
des riverains à ce projet d'extension, qui n'a pas été
sans retarder sa mise en oeuvre, et sans en conditionner les modalités
(avec notamment un « plafonnement » par le Gouvernement
à 55 millions du nombre de passagers), considérant que les
habitants des zones concernées étaient nécessairement
informés des risques qu'ils encouraient d'être soumis à
certaines nuisances sonores. Or, s'il est vrai qu'un certain nombre d'entre eux
ont consciemment choisi de vivre dans ces zones et ont le plus souvent
acheté ou loué leur logement à des prix avantageux, en
raison de sujétions présentes ou futures, force est de constater
que d'autres ont choisi leur lieu de résidence sans être
nécessairement informés des perspectives de développement
de l'aéroport ou du plan d'exposition au bruit. Ou encore, parfois
anciens employés de compagnies ou de l'aéroport, acceptent de
moins en moins la gêne sonore qui en découle.
C'est pourquoi l'idée de construire à Roissy une cinquième
piste a été abandonnée, et la construction d'une
troisième et d'une quatrième pistes a été assortie,
comme cela a déjà été dit, de garanties quant au
plafonnement du nombre de passagers et du niveau de bruit global et quant
à l'interdiction de certains types de vols nocturnes (essais et avions
les plus bruyants), notamment.
On peut ainsi considérer à juste titre que le
développement de cette plate-forme est
«
artificiellement
» bridé, celle-ci
n'étant pas utilisée au maximum de ses capacités (qui
pourraient aller, d'après certaines estimations, jusqu'à
80 millions de passagers voire au-delà). Le plafonnement du nombre
de mouvements d'avions à Orly relève de la même logique.
Dans cette optique, une troisième plate-forme aéroportuaire dans
le grand bassin parisien est, évidemment, moins immédiatement
nécessaire. A l'inverse, les associations de riverains et certains
élus
38(
*
)
concernés par
l'aéroport de Roissy se prononcent pour la construction immédiate
d'une troisième plate-forme, escomptant un report de trafic le plus
rapide possible.
b) Un problème complexe, qui fait appel à la responsabilité des élus
Le
problème de la maîtrise de l'urbanisation est d'autant plus
complexe que la présence d'une plate-forme d'importance à
vocation internationale (comme celle de Paris-Charles de Gaulle par exemple)
génère des activités et de l'emploi
,
et donc une
demande de logements et de bureaux à proximité
.
Il est inutile de rappeler trop longuement l'impact socio-économique
d'un nouvel aéroport. Souvent considéré comme un atout
décisif, la présence du grand voisin aéroportuaire peut se
révéler très bénéfique pour une
collectivité désireuse d'attirer des entreprises. Mais,
l'arrivée de nouveaux habitants, comme de nouveaux entrepreneurs, peut
modifier un équilibre socio-économique ancien, à
caractère fortement rural puisque la création d'une plate-forme
aéroportuaire ne peut se concevoir que sur un territoire à faible
densité. C'est pourquoi, l'optimisation de l'impact
socio-économique d'un aéroport pose en fait plusieurs
questions : la
solidarité des collectivités locales
pour une bonne répartition des revenus provenant des entreprises, et des
charges résultant de l'implantation de nouveaux habitants et de leurs
familles, l'accompagnement de la transformation
d'activités
traditionnelles
, notamment agricoles, et le bon équilibre entre les
implantations d'activités sur la plate-forme et dans les
zones
urbanisées
de son voisinage.
Il est ainsi considéré
que l'appui sur une armature urbaine de proximité existante est un gage
important de l'équilibre habitat-emploi
: la présence
d'un maillage urbain permettant «
d'absorber
» la
demande de logements et de bureaux. La qualité des dessertes locales
est, également, décisive pour les employés de la
plate-forme souhaitant habiter à proximité de leur lieu de
travail.
Une étude de l'IAURIF
39(
*
)
de 1995,
«
l'impact économique des aéroports
»,
a examiné les conséquences d'un aéroport international sur
la création d'emplois et d'activités économiques dans son
environnement, en observant la situation de Roissy-Charles de Gaulle et de
quelques autres grands aéroports d'Europe de l'Ouest : Orly,
Lyon-Satolas (devenu Saint-Exupéry), les aéroports londoniens
(Heathrow, Gatwick, Stansted), Manchester, Francfort, Munich,
Amsterdam-Schiphol, Stockholm et Madrid Barajas. Cette étude,
cofinancée par la Région d'Ile-de-France et la DGAC (Direction
générale de l'aviation civile) du ministère de
l'Équipement, a montré l'importance des effets économiques
sur une large zone autour de l'aéroport, au point que l'on peut
considérer un aéroport international comme un outil majeur pour
le développement du territoire régional.
L'impact en termes d'emplois, considérable dans le cas d'un
aéroport à vocation internationale, est de plusieurs natures,
plus ou moins directement liées à l'activité de transport
aérien.
Les emplois « directs » comprennent l'ensemble des
activités rendues nécessaires :
- par l'activité des compagnies aériennes :
exploitation de l'aéroport, compagnies aériennes, services de
contrôle de la navigation aérienne, services de l'aviation civile,
police/immigration, douanes et assistance aux avions ;
- ainsi que par les services aux usagers (passagers, clients et personnels
des compagnies) : agences de voyage, hôtels, établissements
de formation, modes de transport (taxis, transports publics), attractions
touristiques, banques, commerces liés aux dépenses
d'équipages...
Les emplois « indirects » ne résultent pas des
besoins des acteurs du transport aérien, mais que la présence ou
la proximité de l'aéroport attire. Ils comprennent les
activités qui ont une réelle nécessité à se
trouver à proximité de l'aéroport, parce qu'elles en sont
fortement utilisatrices ou qu'elles ont des impératifs de délais
d'intervention : services après-vente, fourniture de médicaments,
de journaux, centres de conférences, activité de coordination
internationale... Mais bien d'autres activités peuvent trouver opportun
de s'implanter à proximité de l'aéroport, et même
sur la plate-forme elle-même, à cause de l'intérêt
non pas de l'activité aérienne, mais de tout ce que
l'aéroport a rassemblé autour de lui : un noeud de
transports intermodal, une certaine concentration d'entreprises, des services
diversifiés, et dans certains cas un simple facteur d'image.
En moyenne, le ratio reconnu pour les aéroports internationaux est de
1.000 emplois directs créés par million de passagers
,
auxquels s'ajoute
une part variable d'emplois indirects
, qui
dépend de beaucoup de facteurs : moyens d'accès à
l'aéroport, proximité de villes ou d'agglomérations... Les
emplois indirects sont beaucoup plus difficiles à mesurer car ils se
répartissent largement autour de l'aéroport, et leur lien avec sa
présence est parfois difficile à estimer. Le nombre d'emplois
augmente avec la part de trafic international : à Roissy le ratio
est devenu nettement supérieur à celui d'Orly, notamment à
partir de la création du «
hub
» d'Air
France. Au total, l'activité aéroportuaire, et celles qui
viennent s'y adjoindre, constituent progressivement
un très vaste
bassin d'emploi
, qui s'étend en particulier sur les axes de
transport terrestre les plus puissants. Ainsi l'aéroport de Roissy a des
employés nombreux sur l'axe du RER B vers Paris, ou vers
l'extérieur sur l'autoroute A1 ou la RN 2. Mais de nombreux
employés s'efforcent de rapprocher leur domicile de leur lieu de
travail. Cette aspiration légitime crée une forte demande. Il
incombe aux élus locaux d'y répondre dans de bonnes conditions,
c'est-à-dire, en n'exposant pas de nouvelles populations aux nuisances
sonores et, ce faisant, en préservant les capacités futures de la
plate-forme.
Les règles applicables en matière d'urbanisme et leur mise en
oeuvre par les élus locaux revêtent alors toute leur importance
pour maîtriser le développement urbain spontané autour de
la plate-forme.
Pour les principaux aéroports, la réglementation en vigueur (qui
est détaillée dans l'annexe jointe à la fin du rapport)
s'articule autour des plans d'exposition au bruit (PEB) qui établissent,
suivant des zones de gêne sonore, des restrictions à la
constructibilité, et des plans de gêne sonore (PGS) qui
délimitent des zones où des aides peuvent être
octroyées pour l'insonorisation des logements.
c) Les dispositions introduites par le Sénat à la loi du 12 juillet 1999
A
l'occasion de la discussion de la loi précitée du
12 juillet 1999 créant l'ACNUSA, la Commission des Affaires
économiques, à l'initiative de votre rapporteur, avait fait
valoir la nécessité de
renforcer les règles permettant
de maîtriser l'urbanisation
aux abords des plate-formes
aéroportuaires.
Plusieurs amendements avaient été apportés au Sénat
au projet de loi présenté par le Gouvernement. Ils tendaient tout
d'abord à une
information systématique
des riverains
potentiels des plates-forme aéroportuaires sur les nuisances sonores
encourues. Le fait de se soumettre à ces risques en toute connaissance
de cause rend, en effet, beaucoup moins compréhensible l'opposition
éventuelle de riverains à une situation ou à un projet
connu d'eux. C'est pourquoi votre rapporteur avait déposé,
reprenant une proposition de loi
40(
*
)
inspirée d'exemples étrangers, des amendements qui, s'inspirant
de règles existantes en droit de la consommation, avaient pour double
objet :
- d'obliger contractuellement le vendeur ou le bailleur d'un bien
immobilier situé dans le périmètre d'un plan d'exposition
au bruit, à stipuler explicitement dans le contrat de vente ou de
location que le bien se trouve
exposé à des nuisances sonores
d'origine aérienne
et à préciser la nature de cette
exposition en indiquant le type de zone -tel que défini par le PEB-
où il se trouve localisé.
Cette disposition figure
dorénavant au code de l'urbanisme
(article L. 147-5)
;
- d'obliger contractuellement le vendeur ou le bailleur d'un bien
immobilier situé dans un rayon élargi par rapport au plan
d'exposition au bruit, pour les principaux aérodromes, à
stipuler explicitement dans le contrat de vente ou de location
que le
bien se trouve localisé dans un tel périmètre. Cette
disposition n'avait finalement pas été retenue.
Le deuxième objectif des amendements adoptés à
l'initiative du Sénat était un
durcissement de la
législation
en vigueur en matière d'urbanisation aux abords
des aéroports. Ont été introduits dans le droit :
- la création d'une
nouvelle zone
, dite D, des PEB,
dans laquelle les logements doivent obligatoirement faire l'objet d'une
isolation acoustique ;
- la possibilité d'une extension ou d'une création
provisoire, par anticipation, par l'autorité administrative, d'un PEB en
cas de révision en cours du périmètre du PEB existant, ou
de création de plate-forme. Il s'agit en quelque sorte de
sujétions d'urbanisme provisoires, à titre préventif,
imposées temporairement par le préfet
.
Cette
dernière disposition est particulièrement importante dans
l'hypothèse où la construction d'une troisième plate-forme
aéroportuaire dans le grand bassin parisien serait
décidée.
Par ailleurs, la loi précitée du 12 juillet 1999
prévoyait que l'ACNUSA propose de nouveaux indices de mesure de la
gêne sonore, conduisant ainsi à une modification des plans
d'exposition au bruit en vigueur. L'objectif de la Commission des Affaires
économiques, qui a soutenu cette disposition, était d'ouvrir la
voie à une actualisation et à un renforcement des PEB.
d) Les propositions de l'ACNUSA en matière urbanistique
Les
propositions de l'ACNUSA vont tout à fait dans le sens souhaité
par votre rapporteur pour avis. L'autorité remarque en effet que depuis
1974, 190 PEB ont été approuvés, la plupart dans les
années 1980, seuls 16 PEB ayant fait l'objet d'une
révision depuis leur élaboration. Alors qu'ils devraient
refléter la situation sonore réelle actuelle, ces documents
étant élaborés sur la base des projections de trafic
à 15 ans, l'ACNUSA constate que tel n'est pas le cas. Cette
distorsion peut s'expliquer d'une part par les progrès spectaculaires de
la technologie aéronautique, d'autre part par l'augmentation importante
du trafic sur certaines plates-formes. Elle considère que l'empreinte
acoustique de certains PEB est soit minimisée, soit élargie par
rapport à ce qu'elle devrait être au regard du trafic réel
et de la topographie des pistes.
En outre, l'ACNUSA relève qu'alors que le choix était
laissé, pour la limite extérieure de la zone C du PEB, entre
les indices psophiques 84 (délimitant une emprise minimale de la
zone C) et 72 (conduisant à une emprise plus large), le choix quasi
général d'une limite extérieure de la zone C à
84 a favorisé le développement urbain et l'accroissement des
populations. L'ACNUSA constate : «
des lotissements, des
immeubles ont été construits alors que les nuisances sonores
existaient déjà ou sont arrivées très
vite
».
En conséquence, l'Autorité préconise un fort
élargissement de la zone B (zone de bruit considéré
comme fort) pour empêcher l'urbanisation et un moindre
élargissement de la zone C (zone de bruit modéré),
pour limiter toute augmentation significative des populations soumises aux
nuisances sonores
.
En outre, elle propose que la limite extérieure de la zone C ne soit
plus modulable, afin que les mesures de protection soient les mêmes, quel
que soit l'aéroport concerné.
Elles sont, en outre, assorties d'un mode opératoire
particulièrement précis proposé par l'ACNUSA :
L'ACNUSA propose une
nouvelle cartographie
pour les PEB :
- zone A, indice supérieur ou égal à
70 Lden ;
- zone B, indice inférieur à 70 et supérieur ou
égal à 62 Lden ;
- zone C, indice inférieur à 62 et supérieur ou
égal à 55 Lden ;
- zone D, indice inférieur à 55 et supérieur ou
égal à 50 Lden.
Cependant pour
Paris-Charles-de-Gaulle
, la spécificité
d'un trafic continu conduit à proposer de fixer la zone B à
l'indice inférieur à 70 et supérieur ou égal
à 58 (
zone B élargie
).
A titre de mesure transitoire et pour les neuf principaux aéroports
sans attendre la mise en place des nouveaux PEB, exprimés en Lden,
l'ACNUSA recommande que les préfets
délimitent par
anticipation
, conformément à la disposition
précitée de la loi du 12 juillet 1999, et pour une
durée maximale de deux ans, les dispositions suivantes :
- zone C, limite extérieure à l'indice psophique
supérieur ou égal à 78, sauf pour Paris-Charles-de-Gaulle
et Lyon-Saint-Exupéry (à l'indice psophique 73) ;
- zone D comprise entre la courbe isopsophique 78 (ou
IP 73 pour Paris-Charles-de-Gaulle et Lyon-Saint-Exupéry) et
l'indice psophique supérieur ou égal à 69.
Par ailleurs, l'ACNUSA propose que, lors de l'élaboration du PEB, les
communes dont une partie du territoire est dans une zone d'interdiction ou de
restriction soient inclues en totalité dans la zone la plus protectrice.
Votre Commission des Affaires économiques s'étonne que le
Gouvernement n'ait pas encore publié le décret nécessaire
à l'entrée en vigueur de ces dispositions. Compte tenu de la
précision des propositions de l'ACNUSA, sa rédaction ne pose
pourtant aucun problème technique particulier
.
En outre, l'ACNUSA a formulé des
recommandations urbanistiques en cas
d'établissement d'une nouvelle plate-forme aéroportuaire
,
auxquelles votre commission souscrit pleinement.
Afin d'éviter que ne se renouvellent les «
erreurs du
passé
», elle juge nécessaire :
Une meilleure maîtrise foncière
: l'ACNUSA
recommande que la puissance publique s'assure la maîtrise foncière
d'une zone d'environ 60 kilomètres de long sur 10 kilomètres
de large. A son sens, cette maîtrise foncière doit commencer
dès la prise de décision, se maintenir sans relâche et
s'adapter au fur et à mesure des décisions notamment celles
concernant l'orientation des pistes.
Populations concernées
: l'ACNUSA recommande, pour la
nouvelle plate-forme, que les possibilités de logement offertes aux
habitants actuels de la zone sélectionnée soient variées
selon l'emplacement au regard des nuisances sonores, de bon niveau en terme
d'indemnisation et assorties d'engagements fermes de réalisation.
N'autoriser essentiellement que l'installation
d'activités
: en corollaire des deux conditions
précédentes, l'ACNUSA propose que la nouvelle plate-forme ne
puisse conserver ou accueillir que des activités agricoles et
industrielles et notamment celles liées à l'activité
aéronautique, commerciales ou de services.
Elle poursuit : «
ces activités ne doivent
conduire, en aucun cas, à l'installation d'habitations permanentes dans
le périmètre protégé. Le respect de cette exigence
passe par la réalisation d'un système de transport
adapté
».
Procédures d'approche et de départ
: L'ACNUSA
recommande qu'un volume dans lequel les avions doivent circuler soit
défini et calculé en prenant largement en compte les exigences de
sécurité et les souhaits de capacité. En contrepartie, les
procédures devraient être définies de façon à
garantir que les trajectoires effectives, tant en plan qu'en altitude,
s'inscrivent à l'intérieur de ce volume. Au moyen
d'arrêtés ministériels pris dès la mise en service
de la plate-forme, l'ACNUSA recommande que tout manquement constaté soit
sanctionnable.
e) Un laxisme peu compréhensible : l'article 36 de la loi « SRU »
Le
développement aéroportuaire passe par la maîtrise de
l'urbanisme aux abords des aéroports. Cette conviction forte de votre
rapporteur n'est pas unanimement partagée : ainsi, un amendement de
l'Assemblée nationale à la loi «
Solidarité
et renouvellement urbains
» du 13 décembre 2000
a paradoxalement accru les possibilités de construction aux abords des
aéroports.
Or, cet amendement fut déposé par un de nos collègues
députés, qui, en tant que rapporteur de la loi créant
l'ACNUSA, avait souscrit, moins d'un an auparavant, à l'analyse du
Sénat, et accepté les amendements de votre commission
renforçant la sévérité du droit en vigueur !
Déplorant cette inconstance, votre rapporteur reste fermement hostile
aux aménagements du droit par la loi « SRU » en
matière aéroportuaire, et qui figurent en grisé dans le
tableau ci-dessous, où sont reprises les différentes dispositions
concernées du code de l'urbanisme :
PRESCRIPTIONS D'URBANISME APPLICABLES
DANS LES ZONES DE
BRUIT
AUTOUR DES AÉRODROMES
CONSTRUCTIONS NOUVELLES |
ZONE A |
ZONE B |
ZONE C |
ZONE D |
|
Logements nécessaires à l'activité de l'aérodrome, hôtels de voyageurs en transit |
autorisés |
autorisés |
autorisés |
|
|
Logements de fonction nécessaires aux activités industrielles ou commerciales |
autorisés dans les secteurs déjà urbanisés |
autorisés |
autorisés |
autorisés sous réserve d'isolations acoustiques |
|
Immeubles d'habitation directement liés ou nécessaires à l'activité agricole |
autorisés dans les secteurs déjà urbanisés |
autorisés |
autorisés |
|
|
Equipements de superstructures nécessaires à l'activité aéronautique |
autorisés s'ils ne peuvent être localisés ailleurs |
autorisés |
|
||
Constructions à usage industriel, commercial et agricole |
autorisées si elles ne risquent pas d'entraîner l'implantation de population permanente |
|
|||
Equipements publics |
autorisés s'ils sont indispensables aux populations existantes et s'ils ne peuvent être localisés ailleurs |
|
|||
Maisons d'habitation individuelles non groupées |
|
autorisées si secteur d'accueil déjà urbanisé et desservi par équipements publics sous réserve d'un faible accroissement de la capacité d'accueil |
|
||
Immeubles collectifs, habitats groupés (lotissements ...) parcs résidentiels de loisirs |
|
||||
|
|
|
|
|
|
OPERATIONS DE RENOVATION DES QUARTIERS OU DE REHABILITATION DE L'HABITAT EXISTANT |
autorisées sous réserve de ne pas accroître la capacité d'accueil |
autorisées sous réserve de ne pas accroître significativement la capacité d'accueil (auparavant : seul un faible accroissement était autorisé) |
autorisées sous réserve d'isolation acoustique |
||
|
|
|
|
|
|
AMÉLIORATION ET EXTENSION MESURÉE, RECONSTRUCTION DE CONSTRUCTIONS EXISTANTES |
non autorisées |
Autorisées si n'entraînent pas d'augmentation significative de la population soumise aux nuisances sonores (avant interdiction) |
autorisées sous réserve d'isolation acoustique |
||
|
|
|
|
|
|
RENOUVELLEMENT URBAIN DES QUARTIERS OU VILLAGES EXISTANTS, OPÉRATION DE RÉHABILITATION OU DE RÉAMÉNAGEMENT URBAIN |
non autorisés |
autorisées si n'entraînent pas d'augmentation significative de la population soumise aux nuisances (nouvelle possibilité) |
autorisées sous réserve d'isolation acoustique |
Certes,
ces dispositions nouvelles ne peuvent trouver d'application qu'à
l'occasion de l'établissement ou de la révision d'un plan
d'exposition au bruit. Mais, pour les dix principales plates-formes
françaises, on note que :
- le plan d'exposition au bruit de l'aéroport de
Lyon-Saint-Exupéry est en cours de révision ;
- le plan d'exposition au bruit de l'aéroport de
Bâle-Mulhouse est en cours d'établissement ;
- les plans d'exposition au bruit des aéroports de
Paris-Charles-de-Gaulle et de Toulouse-Blagnac devraient être mis
prochainement en révision.
Plus généralement, la mise en oeuvre des recommandations de
l'Autorité de contrôle des nuisances aéroportuaires
(ACNUSA) concernant l'utilisation d'un nouvel indice de planification conduira
à mettre en révision progressivement
l'ensemble des PEB en
vigueur
. Le champ d'application de cette disposition est donc
potentiellement étendu.
Votre commission a donc proposé, dans la discussion du projet de
loi
41(
*
)
relatif à la
sécurité des infrastructures de transport, à l'initiative
de votre rapporteur, de revenir au texte prévalant avant l'adoption de
la loi « SRU ». Il s'agit de proposer un compromis
acceptable au Gouvernement et aux députés, tout en soulignant
qu'il serait souhaitable d'aller plus loin, par la mise en place des
préconisations de l'ACNUSA.
2. Guérir : l'insonorisation des logements riverains
Dix
aérodromes
42(
*
)
(les principaux) sont
désormais concernés par le dispositif d'aide publique à
l'insonorisation des logements riverains mis en place par la loi relative
à la lutte contre le bruit du 31 décembre 1992.
Rappelons que cette aide est financée par un prélèvement
(l'ancienne « taxe bruit » désormais incluse dans la
taxe générale sur les activités polluantes affectée
à l'ADEME), à chaque décollage d'un avion de plus de
2 tonnes sur un aéroport comportant plus de 20.000 mouvements
d'avions de plus de 20 tonnes. Son montant est calculé, en fonction de
la masse de l'aéronef au décollage, à partir d'un taux
fixé par catégorie d'aérodrome et d'un coefficient de
modulation prenant en compte l'heure du décollage (nocturne ou diurne)
et les caractéristiques acoustiques de l'avion.
Pour l'année 2001, la dotation budgétaire affectée
à l'insonorisation était de 159,5 millions de francs
(24,3 millions d'euros).
A la demande de votre rapporteur, l'administration a fourni le bilan
chiffré suivant de la mise en oeuvre de ces dispositions :
BILAN DE L'AIDE À L'INSONORISATION DES LOGEMENTS
|
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
Nombre de logements insonorisés (1) |
2 150 |
1 428 |
1 196 |
719 |
4 192 |
1 161 |
2 500 (2) |
Coût moyen de l'insonorisation |
28,2 KF |
32,4 KF |
35,5 KF |
47,9 KF |
48 KF |
57,7 KF |
55 KF (2) |
Dotation budgétaire totale |
42 MF |
43 MF |
45 MF |
60 MF |
99,5 MF (3) |
159,5 MF (2) |
159,5 MF (2) |
(1)
Correspondant aux décisions d'affectation des dépenses
(2) Prévision
(3) Dont 60 millions de francs de TGAP (ex taxe bruit)
Source
: ADEME
Ce
tableau fait ressortir un nombre de travaux d'insonorisation
réalisés en 2000 (1.161) deux fois inférieur aux
prévisions (3.320) communiquées l'an dernier à la
même époque à votre rapporteur.
Comme l'indique l'ACNUSA, diverses estimations chiffrent à 68.500 le
nombre de logements potentiellement concernés par cette aide. Sur
l'hypothèse d'un coût moyen de 37.100 francs par dossier
(5.656 €), le total nécessaire à leur isolation
acoustique s'élèverait à 2,54 milliards de francs
(0,39 milliards €).
Le stock de logements potentiellement
bénéficiaires de cette aide reste donc élevé, et le
flux des attributions d'aides comparativement modeste
. Sans compter que le
nombre de logements éligibles pourrait s'accroître si les indices
proposés par l'ACNUSA pour la définition des zones de plans de
gêne sonore étaient retenus.
3. Bilan des sanctions infligées par l'ACNUSA
Les
infractions aux restrictions d'usage imposées par arrêtés
ministériels sur les plate-formes aéroportuaires sont
sanctionnables par l'ACNUSA, sur proposition de la Commission nationale de
prévention des nuisances (CNPN). Pour 1999 et 2000, les sanctions
prononcées se répartissent comme suit :
DOSSIERS D'INFRACTION DU 01/02/1999 AU 31/12/2000
|
Sanctions |
Relaxes 43( * ) |
En instance à la CNPN |
Total |
Charles de Gaulle |
14 |
2 |
253 |
269 |
Le Bourget |
6 |
9 |
53 |
68 |
Orly |
8 |
1 |
41 |
50 |
Lyon-St Exupéry |
9 |
1 |
15 |
25 |
Toulouse-Blagnac |
6 |
0 |
4 |
10 |
Nice-Côte d'Azur |
0 |
0 |
14 |
14 |
Total |
43 |
13 |
380 |
436 |
L'ACNUSA
publie par ailleurs des statistiques sur la part des infractions dans le total
des mouvements commerciaux, qui montrent la prééminence des
infractions constatées et sanctionnées à Roissy, en raison
peut être des moyens (humains notamment) de constatation des infractions,
qui y sont supérieurs.
TAUX D'INFRACTION PAR RAPPORT AUX MOUVEMENTS COMMERCIAUX
Charles de Gaulle |
0,06 % |
Orly |
0,02 % |
Lyon-Saint-Exupéry |
0,02 % |
Toulouse-Blagnac |
0,01 % |
Nice Côte d'Azur |
0,01 % |
TOTAL |
0,04 % |
Notons que ces taux restent faibles.
*
* *
Lors de sa réunion du mardi 30 octobre, et sur proposition de son rapporteur, la commission s'en est remise à la sagesse du Sénat pour l'adoption des crédits du transport aérien et de l'aviation civile dans le projet de loi de finances pour 2002.
ANNEXE -
LA RÉGLEMENTATION FRANÇAISE EN
MATIÈRE
DE BRUIT AÉRONAUTIQUE
En
France, la lutte contre le bruit au voisinage des aéroports repose
essentiellement sur trois lois :
- la loi n°85-696 du 11 juillet 1985 qui, à titre
préventif, institue les plans d'exposition au bruit (PEB) et limite
l'urbanisation au voisinage des aérodromes ; ses dispositions ont
été intégrées dans le Code de l'Urbanisme aux
articles L.147-1 à L.147-6 ;
- la loi n° 92-1444 du 31 décembre 1992 qui,
à titre curatif, organise un dispositif d'aide aux riverains pour
l'insonorisation des logements et institue les plans de gêne sonore
(PGS) ;
- la loi n°99-588 du 12 juillet 1999 qui a créé une
autorité indépendante de contrôle des nuisances sonores
aéroportuaires (ACNUSA) dotée de pouvoirs de proposition, de
prescription et de sanction.
Les règlements d'application de ces lois précisent leurs
conditions d'application dans différents domaines :
Urbanisme
:
-
le décret en Conseil d'Etat du 21 mai 1987
modifié par les articles 4 et 5 du décret n°
97-607 du 31 mai 1997
détermine les valeurs d'indice psophique
(IP) à prendre en compte pour la délimitation des zones de bruit
et définit la procédure d'établissement des PEB ;
- le décret du 21 mai 1987
définit les
modalités de l'enquête publique relative au PEB ;
- le décret du 21 mai 1987
, modifié par
le
décret n° 2000-127 du 16 février 2000
précise l'organisation et le rôle des commissions
consultatives de l'environnement
;
-
l'arrêté du 28 mars 1988, complété par un
arrêté du 17 janvier 1994
, fixe la liste des aérodromes
non classés en catégories A, B, ou C devant être
dotés d'un PEB.
Aide aux riverains des aérodromes
:
-
l'article 103 de la loi de finances de 1998
a étendu le
dispositif d'aide aux riverains aux aérodromes accueillant annuellement
plus de 20.000 mouvements commerciaux d'avions de plus de 20 tonnes ;
Neuf aérodromes sont ainsi concernés par le dispositif d'aide aux
riverains : Paris-Orly, Paris-Charles-de-Gaulle, Toulouse-Blagnac,
Nice-Côte d'Azur, Lyon-Saint-Exupéry, Marseille-Provence,
Bordeaux, Strasbourg-Entzheim et Mulhouse-Bâle. Compte tenu de
l'évolution de son trafic, l'aéroport de Nantes-Atlantique doit
prochainement être intégré à cette liste.
-
l'article 45 de la loi de finances pour 1999
a institué la
Taxe Générale sur les Activités Polluantes (TGAP) dont une
partie du dispositif reprend celui de la « taxe bruit »
instituée par la loi du 31 décembre 1992 ;
-
le décret en Conseil d'Etat n° 99-508 du 17 juin
1999
précise les modes de calcul (taux applicables) et de
recouvrement de la taxe ;
-
deux arrêtés techniques du 2 septembre 1993
définissent la classification acoustique et la masse des aéronefs
à prendre en compte pour le calcul de la taxe ; ces deux
arrêtés sont en cours de révision conformément aux
dispositions introduites par les textes d'application de l'article 45 de la loi
de finances pour 1999 ;
-
un décret du 18 mars 1994, modifié par un
décret du 31 mai 1997 puis par un décret du 30 avril 1998
,
décrit les modalités d'établissement des plans de
gêne sonore ;
-
un décret en Conseil d'Etat
du 20 juin 1994,
modifié par un décret du 31 mai 1997
puis par un
décret du 27 novembre 1998
, définit la nature de l'aide et le
montant des dépenses allouées ;
-
l'article 3 du décret n° 97-607 du 31 mai 1997 et
l'article 1
er
du décret du 27 novembre 1998
ont assoupli
le critère d'antériorité à prendre en compte pour
déterminer l'éligibilité à l'aide ;
-
le décret du 27 novembre 1998
a par ailleurs
clarifié les cas de prise en charge à 100% des travaux
d'insonorisation, et porté le taux de la prise en charge de 80% à
90% pour les ménages à faibles revenus et a confirmé le
rôle de la commission consultative d'aide aux riverains ;
-
le décret n° 99-457 du 1
er
juin 1999
relatif aux modalités de contribution de l'ADEME aux dépenses
engagées par les riverains des aérodromes en vue de
l'atténuation des nuisances sonores a repris, sur le fond, l'ensemble de
ces dispositions en les rendant conformes avec le dispositif institué
par l'article 45 de la loi de finances pour 1999 (création de la taxe
générale sur les activités polluantes) ; ce
décret se substitue désormais au décret du 20 juin 1994
précité ;
-
un arrêté interministériel, signé le 14
décembre 1994 et modifié par un arrêté du
15 mai 1997
définit le montant forfaitaire des travaux
d'insonorisation des logements admis au bénéfice de l'aide aux
riverains ;
-
l'arrêté interministériel du 21 septembre
1994
définit la composition et les règles de fonctionnement
des commissions consultatives d'aide aux riverains qui constituent les
instances consultées sur le contenu du plan de gêne sonore et sur
l'utilisation du produit de la taxe ;
-
le décret n° 2000-128 du
16 février 2000
prévoit, conformément
à l'article 2 de la loi du 12 juillet 1999, que la commission
consultative d'aide aux riverains comprend les membres du comité
permanent de la commission consultative de l'environnement.
1
Redevance pour services terminaux de la
circulation aérienne.
2
Loi n° 98-1171 du 18 décembre 1998
relative à l'organisation de certains services au transport
aérien, voir le rapport de votre rapporteur pour avis au nom de la
Commission des Affaires économiques (1998-1999).
3
Sous l'égide de son président, M. Jean
François-Poncet, de votre rapporteur pour avis,
M. Jean-François Le Grand, « Les dessertes
aériennes régionales sont-elles
menacées ? », Sénat n° 327, 2000-2001.
4
Voir les résultats de l'enquête menée par la
Commission des Affaires économiques auprès des conseils
généraux et chambres de commerce et d'industrie, chapitre II du
présent rapport.
5
Société américaine de location-vente d'avions
(leasing).
6
OACI (Organisation de l'Aviation Civile Internationale) :
l'OACI est une institution spécialisée des Nations Unies,
créée en 1944. Elle fixe des normes et promulgue des
recommandations pour assurer le développement du transport aérien
mondial. 187 Etats en sont membres.
7
Source : Comptes des Transports de la Nation
8
TKT : Tonnes Kilomètres Transportées.
9
Sont membres de l'AEA Adria Airways, Aer Lingus, Air France, Air
Malta, Alitalia, Austrian Airlines, British Airways, BMI, British Midland,
Cargolux, Croatia Airlines, Czech Airlines, Cyprus Airways, Finnair,
Ibéria, Icelandair, JAT, KLM, Lufthansa, Luxair, Malev, Olympic Airways,
Sabena, SAS, Spanair, Swissair, TAP, Tarom, Turkish Airlines.
10
Source : AEA.
11
Consultable sur le site www.ducsai.org.
12
Source : Eurostat - DG Energie et Transports.
13
Nombre de nuits d'absence du domicile.
14
Source : Observatoire National du Tourisme.
15
Source : IPK International
16
Plate-formes de correspondance.
17
Association internationale des compagnies aériennes.
18
Organisation de l'aviation civile internationale.
19
Tonnes kilomètres transportées.
20
Dont 1 milliard seulement financé par l'Etat.
21
Plate-forme de correspondance
22
Source : IATA, trafic exprimé en passagers
/kilomètres transportés.
23
Par exemple entre KLM et British Airways.
24
Président : Jean François-Poncet,
rapporteur : votre rapporteur.
25
Source : DGAC.
26
MVA, basé à Londres.
27
Extrait de la lettre de mission de M. Bernard Bosson,
ministre de l'équipement, des transports et du tourisme, le
23 décembre 1994.
28
Etablis en application de la loi d'orientation
d'aménagement et de développement durable du territoire du 25
juin 1999.
29
www.ducsai.org
30
Amis de la Terre, FNAUT et FNE.
31
Dossier du maître d'ouvrage par la commission DUCSAI.
32
Loi portant création de l'Autorité de
contrôle des nuisances sonores aéroportuaires, voir les rapports
n°s 230 et 430 de votre rapporteur au nom de la Commission des
Affaires économiques , Sénat 1998-1999.
33
C'est à dire ceux dont la marge précitée est
comprise entre 0 et 5 EPNdB.
34
C'est à dire ceux dont la marge est comprise entre 5 et 8
EPNdB.
35
Il s'agit de la dizaine d'aéroports qui ont plus de
20.000 mouvements annuels d'avions de plus de 20 tonnes.
36
Elle préconise l'utilisation du « LAeq
(ls) ».
37
Voir plus loin.
38
Voir le compte-rendu de la visite de l'ACNUSA à Roissy,
pages 20 et suivantes de son rapport annuel.
39
Institut d'aménagement et d'urbanisme de la Région
Ile-de-France, organisme d'études du Conseil Régional
d'Ile-de-France. Dossier du débat DUCSAI - version au 8 août
2001.
40
Proposition de loi n°198 de M. Jean-François Le
Grand, Sénat 1998-1999 ?
41
N° 15, Sénat, 2001-2002.
42
Paris-Orly, Paris-Charles de Gaulle, Toulouse-Blagnac,
Nice-Côte-d'Azur, Lyon-Saint Exupéry, Marseille-Provence,
Bordeaux, strasbourg-Entzheim, Mulhouse-Bâle et Nantes-Atlantique.
43
Pour les raisons suivantes :
- production d'un certificat de conformité Ch. III : 5
- causes météorologiques : 2
- trop faible dépassement de l'heure limite : 1
- erreur de saisie horaire : 5