DEUXIEME PARTIE
L'ENSEIGNEMENT AGRICOLE EN PANNE
I. L'ENSEIGNEMENT TECHNIQUE : UN RECUL CONFIRMÉ
A. UNE DIMINUTION DES EFFECTIFS
1. L'évolution générale des effectifs
A la
rentrée 2001, pour la seconde année consécutive, les
effectifs accusent un recul.
Selon les informations disponibles au 30 octobre, l'enseignement agricole
enregistre une diminution de 1,35 % de ses élèves.
Toutefois, l'amplitude de cette diminution est légèrement
inférieure à celle constatée à la rentrée
2000 où la baisse avait été de 1,84 % par rapport
à 1999.
EVOLUTION DES EFFECTIFS
|
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
Taux de progression des effectifs scolarisés dans l'enseignement agricole |
6 |
6,9 |
4,66 |
5,5 |
3,03 |
1,7 |
1,07 |
- 1,8 |
- 1,35 |
(1)
chiffres provisoires au 30 octobre 2001.
Les évolutions qui avaient expliqué l'importante progression des
effectifs au tournant des années 1990, qu'il s'agisse de
l'arrivée de classes d'âge plus nombreuses ou de l'effet
mécanique de l'augmentation des poursuites d'étude, arrivent
désormais à leur terme, l'enseignement agricole enregistrant plus
fidèlement que par le passé les conséquences des
fluctuations démographiques.
2. La répartition par niveau de formation
Les
évolutions générales trouvent leur traduction dans
l'évolution des différents niveaux de formation.
La décélération de la progression des effectifs puis leur
recul ont d'abord concerné les formations courtes avant d'affecter les
formations de niveaux IV et III faute d'une reprise significative des flux
d'entrants issus de l'éducation nationale.
A la rentrée 2001, la diminution des effectifs scolarisés du
niveau V (CAPA, BEPA, 4è et 3è technologiques) engagée
dès 1998 marque un pallier. Après avoir reculé à la
rentrée 2000 de 1,5 % ces formations accueillent
972 élèves de moins, soit une diminution de 1,03 %.
Le recul des effectifs scolarisés dans les formations de niveau IV
à la rentrée se confirme. Après avoir baissé pour
la première fois en 2000 (-2,7 %), ces formations perdent à
nouveau des élèves (-2,13 %) subissant mécaniquement
le contrecoup de la baisse du nombre d'entrants en niveau V.
Par ailleurs, l'ampleur de la diminution des effectifs consécutivement
aux évolutions constatées les années
précédentes pour les autres niveaux s'accroît pour les
formations de niveau III qui reculent de 1,35 % à la rentrée
2001, contre 0,8 % en 2000.
3. La répartition entre enseignement public et enseignement privé
Comme
l'an passé, le recul des effectifs frappe aussi bien l'enseignement
agricole privé que l'enseignement public, et cela dans des proportions
comparables, même si des différences subsistent entre les
différentes familles du privé.
Les effectifs de l'enseignement public diminuent de 1,43 % tandis que ceux
du privé diminuent de 1,29 %.
Le tableau ci-après indique l'évolution des effectifs
scolarisés dans l'enseignement technique agricole entre 1998 et 2001.
EVOLUTION DES EFFECTIFS SCOLARISES
DANS L'ENSEIGNEMENT
TECHNIQUE AGRICOLE
|
Rentrée 1998-1999 |
Rentrée 1999-2000 |
Rentrée 2000-2001 |
Rentrée 2001-2002 |
Enseignement public |
+ 2,0 % |
- |
- 2,27 % |
- 1,43 % |
Enseignement privé du temps plein |
+ 1,3 % |
- 0,2 % |
- 3,07 % |
- 2,15 % |
Enseignement privé du rythme approprié |
+ 1,7 % |
+ 3,0 % |
+ 0,3 % |
- 0,33 % |
Ces
chiffres consacrent la tendance observée depuis deux ans à une
similitude des évolutions des effectifs du public et du privé,
qui jusque-là présentaient des différences significatives.
Entre 1993 et 1997, le privé avait progressé à un rythme
plus soutenu que le public, notamment en raison du regain de faveur des
formations de niveau V auquel le public ne pouvait faire face, pour l'essentiel
faute de moyens, dans un contexte d'allongement des études le
contraignant à se redéployer vers les filières longues.
Cette situation s'était traduite par une augmentation de la part du
secteur privé ramenant les proportions d'effectifs scolarisés
dans le privé et le public à leur niveau d'avant la loi de 1984.
L'effort accompli dès 1997 par les établissements privés
pour respecter les objectifs de croissance des effectifs, la tendance
générale à la stabilisation des effectifs mais
également la moindre progression, comme le recul dès 2000 des
formations de niveau V, qui sont numériquement les plus importantes dans
le privé, ont contribué à stabiliser cette situation.
Selon les données établies au 15 septembre 2001, 40,1 % des
élèves (69 914) étaient scolarisés dans les
établissements publics, contre 59,9 % (104250) dans les
établissements privés sous contrat. Cette répartition est
comparable à celle constatée au cours des deux années
précédentes.
RÉPARTITION ET ÉVOLUTION DES EFFECTIFS
DE
L'ENSEIGNEMENT TECHNIQUE PAR NIVEAU DE FORMATION
ET PAR CATÉGORIE
D'ÉTABLISSEMENTS
|
Niveau V |
Niveau IV |
Niveau III |
TOTAL |
Enseignement public |
23
489
|
32
225
|
15217
|
70931
|
Enseignement privé temps plein |
32 067
|
16
858
|
5 716
|
54
641
|
Enseignement privé
|
38
840
|
9
046
|
1
723
|
49 609
|
TOTAL |
93 846
|
57 662
|
22
656
|
174 164
|
Le tableau ci-dessous indique la répartition des effectifs par niveau entre les établissements publics et les enseignements privés sous contrat depuis 1993 :
EVOLUTION DE LA REPARTITION DES EFFECTIFS PAR SECTEUR PUBLIC/PRIVE (en %)
|
|
93-94 |
94-95 |
95-96 |
96-97 |
97-98 |
98-99 |
99-2000 |
2000-2001 |
2001-2002 |
Niveau V |
Public |
27,6 |
26,9 |
26,2 |
25,6 |
25,3 |
25,4 |
25 |
24,7 |
24,4 |
|
Privé |
72,4 |
73,1 |
73,8 |
74,4 |
74,7 |
74,6 |
75 |
75,3 |
75,6 |
Niveau IV |
Public |
60 |
58,7 |
57,6 |
56,6 |
56 |
55,1 |
54,4 |
54,7 |
55,07 |
|
Privé |
40 |
41,3 |
42,4 |
43,4 |
44 |
44,9 |
45,6 |
45,3 |
44,93 |
Niveau III |
Public |
67,1 |
67,7 |
68,1 |
67,7 |
67,4 |
67,2 |
67 |
66,7 |
67,1 |
|
Privé |
32,9 |
32,3 |
31,9 |
32,3 |
32,6 |
32,8 |
33 |
33,3 |
32,9 |
Total |
Public |
43,6 |
42,4 |
41,5 |
40,7 |
40,4 |
40,5 |
40,2 |
39,9 |
40,1 |
|
Privé |
56,4 |
57,6 |
58,5 |
59,3 |
59,6 |
59,5 |
59,8 |
60,1 |
59,9 |
Au-delà de cette tendance générale, le
public
comme le privé connaissent des évolutions comparables
marquées par la confirmation du recul des formations de niveaux V et IV
ainsi que par une accentuation du tassement des effectifs scolarisés en
niveau III.
Toutefois, des différences subsistent encore au sein de l'enseignement
privé entre les établissements du temps plein et les
établissements à rythme approprié.
Ainsi, ces derniers connaissent pour la première fois, une diminution de
leurs effectifs, mais qui demeure moins importante, soit -0,33 % contre
-2,15 % pour les premiers. Par ailleurs, il continuent à
bénéficier d'une progression, quoique modeste (0,02 %) de
leurs élèves en niveau V, évolution qui s'explique sans
doute par le succès des méthodes pédagogiques
spécifiques mises en oeuvre par ces établissements.
B. DES RÉSULTATS POURTANT TOUJOURS ENCOURAGEANTS
La diminution de l'attractivité de l'enseignement agricole auprès des jeunes ne peut s'expliquer par sa moindre capacité à offrir de réelles perspectives de réussite scolaire et d'insertion professionnelle.
1. Les taux de réussite et le nombre de diplômés
On
rappellera que le troisième schéma prévisionnel des
formations fixait pour 2002 un objectif global de réussite aux examens
de 80 % tous niveaux confondus. Les résultats de la session
d'examen de 2001 permettent de dépasser cet objectif, avec un taux de
réussite de
81,1 %.
*
Pour les formations de niveau V
Lors de la session de juin 2001, la tendance à l'amélioration des
taux de réussite engagée au cours des exercices
précédents, se confirme après le léger
fléchissement enregistré en 2000.
Les résultats de la cinquième session d'examen du CAPA
rénové font apparaître un taux de 82 % d'admis, contre
77,7 % en 2000. Le BEPA avec 84,7 % d'admis frôle l'objectif
fixé par le troisième schéma prévisionnel qui
était de 85 %.
Alors que le CAPA demeure un diplôme d'insertion professionnelle dont les
enquêtes attestent le succès en termes d'insertion
professionnelle, le BEPA qui constitue environ 80 % des effectifs du
niveau V constitue une étape vers le baccalauréat professionnel.
*
Pour les formations de niveau IV
-Les résultats du baccalauréat scientifique, série propre
à l'enseignement agricole mais organisé au sein de la
série scientifique, continuent à s'améliorer : le
taux de réussite s'élève à 80% contre 79 %
à la session 2000.
- Les baccalauréats professionnels connaissent une évolution
comparable avec une progression du taux de réussite qui passe de
82,3 % d'admis en 2000 à 83,6 % en 2001.
On rappellera que ces formations, au nombre de quatre (conduite et gestion de
l'exploitation agricole, productions horticoles, travaux paysagers,
agro-équipement) se sont substituées en 1996 aux BTA existants
dans ces domaines.
- La sixième session du baccalauréat technologique, avec ses
deux séries : STAE (services et technologies de l'agronomie et de
l'environnement) et STPA (sciences et technologies du produit agroalimentaire),
confirme également la tendance à l'amélioration
constatée en 2000, avec 76,9 % d'admis, contre 76,2 % en 2000.
- En ce qui concerne les BTA, les taux de réussite demeurent
inférieurs, quoiqu'en constante amélioration : 74 % en
2001, contre 72,8 % en 2000.
On notera que les diplômés du baccalauréat technologique
ont une tendance très forte à poursuivre des études, ce
qui est conforme aux objectifs de ce diplôme. Parallèlement, le
BTA voit conforter sa fonction d'insertion professionnelle comme formation
permettant d'accéder à la capacité professionnelle requise
pour bénéficier des aides à l'installation, les taux de
poursuite d'études diminuant régulièrement. Un
phénomène comparable est observé pour les titulaires du
baccalauréat professionnel qui sont de moins en moins nombreux à
poursuivre des études.
*
Les formations de niveau III
, les résultats enregistrés
en 2001 confirment la nette amélioration constatée lors de la
session 2000, avec 77 % d'admis en 2001.
2. L'insertion professionnelle
Depuis
1993, la direction générale de l'enseignement et de la recherche
du ministère de l'agriculture mène des enquêtes exhaustives
afin d'analyser le devenir scolaire et professionnel des jeunes
diplômés de l'enseignement agricole durant les trois ans et demi
qui suivent leur sortie du niveau de formation étudié.
Les enquêtes réalisées en 2000 ont concerné les
élèves et les apprentis scolarisés en 1995-1996 en
année terminale des cycles conduisant au BEPA et au BTSA.
Les résultats montrent que l'augmentation des taux de réussite
aux examens ne nuit pas à l'insertion professionnelle des
diplômés.
*
Pour les titulaires du BEPA
, les résultats de l'enquête
qui a porté sur 24 019 élèves et moins de 2000
apprentis font apparaître les résultats suivants :
- on constate une augmentation sensible des poursuites d'études, dont le
taux atteint 82,3 % pour les diplômés par la voie scolaire et
59 % pour les diplômés par la voie de l'apprentissage, de
même qu'une amélioration du taux de réussite à un
diplôme de niveau IV. Ces poursuites d'études s'effectuent
principalement au profit des baccalauréats professionnels,
véritable voie promotionnelle pour les titulaires du BEPA notamment dans
l'enseignement public.
- est confirmée la tendance à l'amélioration de
l'insertion professionnelle des diplômés, qui progresse de
3,5 points par rapport à la dernière enquête
réalisée en 1998, atteignant ainsi près de 75 %
tandis que parallèlement le taux de chômage diminue (soit
13 %). Une évolution comparable est observée pour les
diplômés issus de la voie de l'apprentissage dont l'insertion sur
le marché du travail progresse (85 %) et le taux de chômage
diminue (7,7 %).
Ces résultats encourageants, dans leur ensemble, font toutefois
apparaître des différences selon les secteurs, le taux de
chômage demeurant plus élevé dans le secteur tertiaire.
*
Pour les titulaires du BTSA
, l'enquête a porté sur
9 059 étudiants et près de 1 000 apprentis.
La comparaison avec les deux dernières promotions montre une
stabilité des effectifs globaux, stabilité qui recouvre toutefois
des variations entre les différents secteurs de formation. Ainsi les
secteurs de la transformation, de la production et de la vente enregistrent une
diminution de leurs effectifs tandis que le secteur de l'aménagement
connaît une forte progression.
On relèvera qu'est confirmée la tendance à la
diversification de l'origine sociale des élèves : les
enfants d'agriculteurs ne représentent que 37,7 % des
diplômés. Par ailleurs, les titulaires d'un baccalauréat de
l'éducation nationale représentent 35,2 % des effectifs
contre 29,9 % en 1998.
Une diminution des poursuites d'études est relevée : elles
concernent seulement 36 % des diplômés contre 46 % en
1992. Au sein de ces diplômés qui décident de poursuivre un
cursus, plus de la moitié choisissent des études courtes ;
dans la grande majorité des cas, il s'agit de la préparation d'un
certificat de spécialisation ou d'un autre BTSA.
En dépit de cette tendance, les résultats en termes d'insertion
s'améliorent. Pour les diplômés par la voie scolaire, le
taux d'insertion est de 94,6 % pour les garçons et 89,1 % chez
les filles. Le taux de chômage passe à de 5,4 % lors de la
précédente enquête à 3,9 %. Pour les apprentis,
le taux d'insertion est de 94,6 % et le taux de chômage, de
4,2 %. On notera toutefois pour tempérer ces bons résultats
que la part des emplois aidés (emplois jeunes en particulier) progresse.
On observe une diminution de la part du secteur de la production dans les
débouchés des titulaires du BTSA, qui s'accompagne d'une hausse
sensible des services, en particulier ceux liés à
l'aménagement et à l'environnement.
C. UNE ABSENCE DE PROSPECTIVE
1. Des formations moins attractives
La
confirmation du recul des effectifs de l'enseignement agricole nous
amène à nous interroger sur les raisons d'une évolution
engagée depuis la rentrée 1998 après une période de
forte progression.
S'agit-il d'une diminution de l'attractivité des formations de
l'enseignement agricole ?
L'accroissement des taux de réussite aux examens et plus encore les
bonnes performances en termes d'insertion professionnelle ont constitué
longtemps les meilleurs atouts de l'enseignement agricole qui a réussi
là où l'enseignement technologique et professionnel a
échoué en jouant un rôle de remédiation et en
répondant à la demande de formation d'un secteur
économique qui, au cours des dernières, a connu de profondes
mutations.
Ainsi, la rénovation des formations a favorisé les poursuites
d'études qui, comme cela était prévisible, connaissent
désormais un certain tassement et la création de passerelles
entre les formations agricoles mais également entre ces dernières
et celles dispensées au sein de l'éducation nationale.
Cette évolution a préservé la spécificité
propre des diplômes préparés au sein de l'enseignement
agricole.
Toutefois, en dépit de ses succès incontestables, force est de
constater que l'enseignement agricole attire moins que par le passé.
Plusieurs facteurs expliquent ce constat.
Comme l'avait souligné votre commission lors de la mise en place d'une
politique de maîtrise des effectifs, la forte progression du nombre
d'inscrits qu'ont connu les établissements depuis la fin des
années 80 résultait de la poussée démographique que
l'enseignement agricole connaissait avec retard par rapport à
l'éducation nationale mais également d'une tendance de plus en
plus marquée à la poursuite d'études. A ce titre, elle
constituait un phénomène temporaire qui ne justifiait en aucune
façon d'imposer à l'enseignement agricole des
« quotas » qui ont eu pour premier effet d'anticiper une
décélération qui aurait eu lieu de toute manière et
pour effet secondaire d'imposer une démarche malthusienne, en limitant
les efforts accomplis par les établissements pour attirer de nouveaux
élèves.
Aujourd'hui, l'enseignement agricole subit à son tour les
conséquences de la diminution des effectifs scolarisables dont l'effet
est amplifié par les efforts faits par les établissements de
l'éducation nationale pour conserver leurs effectifs, mettant à
mal l'efficacité des mécanismes d'orientation qui jouaient
jusque-là en faveur de l'enseignement agricole.
Se fait également sentir le contrecoup des évolutions
économiques qui ont affecté l'agriculture au cours des
dernières années.
L'embellie économique a sans doute joué en défaveur des
poursuites d'études, en encourageant les départs en cours de
cycle vers la vie active mais également en renforçant
l'intérêt des jeunes pour les formations de l'éducation
nationale jusque-là délaissées.
Enfin, les crises qui ont affecté le monde agricole qu'il s'agisse de
l'ESB ou de la fièvre aphteuse n'ont guère incité les
jeunes à se tourner vers les métiers agricoles, ce qui souligne
d'ailleurs les risques d'un recentrage de l'enseignement agricole sur les
métiers de la production.
Toutefois, cette diminution des effectifs ne se justifie pas au regard de
l'évolution de la demande de formation, qui continue à progresser
dans les secteurs professionnels couverts par l'enseignement agricole. Votre
rapporteur ne peut que souligner à cet égard les risques d'un
découplage entre les formations agricoles et les besoins de ces
secteurs.
2. Les risques d'une absence de réflexion prospective
Jusqu'à présent, l'enseignement agricole a
parfaitement su répondre à la demande de formation et aux
mutations du monde rural et des métiers de l'agriculture. En effet, son
succès tient dans sa capacité à apparaître comme un
enseignement professionnel qui marche, c'est-à-dire qui dispense une
formation conduisant à l'emploi.
Votre commission avait souligné l'an dernier les risques d'une absence
de réflexion prospective sur l'adaptation de l'appareil de formation aux
besoins du secteur.
Alors que l'agriculture doit faire face aux conséquences de crises sans
précédent qui font apparaître à l'évidence de
nouveaux besoins de formation notamment dans le domaine de la
sécurité alimentaire, la politique conduite en matière
d'enseignement par le ministère de l'agriculture manque
singulièrement d'ambition.
La réflexion lancée par le ministre de l'agriculture afin
d'élaborer un « projet pour le service public de
l'enseignement agricole », qui correspond à une
préoccupation louable, ne constitue pas l'ébauche d'une
véritable démarche prospective en vue de l'adaptation des
formations.
Les résultats des différents chantiers ouverts dans ce cadre,
dont les thèmes correspondent pourtant incontestablement aux
véritables enjeux auxquels est confronté l'enseignement agricole,
ne permettent pas d'y voir un instrument de pilotage efficace et
fédérateur. Ce constat est d'autant plus préoccupant que
devraient s'engager en 2002 les travaux de préparation du
quatrième schéma prévisionnel des formations, qui aura
vocation à définir les orientations de la politique publique de
l'enseignement agricole pour la période 2003-2008.
Il y a pourtant urgence à agir si l'on souhaite maintenir les acquis des
lois de 1984 qui ont su rénover l'enseignement agricole tout en
conservant sa spécificité. Dans un contexte de diminution des
effectifs, cette absence de perspective apparaît comme
particulièrement préoccupante.