II. LES INNOVATIONS PÉDAGOGIQUES DE LA VOIE TECHNOLOGIQUE ET PROFESSIONNELLE : VERS LE LYCÉE DES MÉTIERS
Alors
que se poursuit la rénovation pédagogique engagée pour les
lycées professionnels, la filière technologique, trop complexe et
devenue illisible, devrait être prochainement refondue et
simplifiée.
L'aménagement des deux filières s'inscrit dans des perspectives
plus ambitieuses dont la création du futur lycée des
métiers.
A. LA POURSUITE DE LA RÉNOVATION PÉDAGOGIQUE POUR LA VOIE PROFESSIONNELLE
Depuis
la rentrée 2000, le lycée professionnel bénéficie
d'une nouvelle organisation pédagogique qui s'est traduite notamment par
un allègement des horaires moyens des élèves et la mise en
place du « projet pluridisciplinaire » à
caractère professionnel dans toutes les formations conduisant aux BEP et
aux baccalauréats professionnels.
Cette nouvelle organisation pédagogique s'est accompagnée d'une
profonde rénovation des diplômes professionnels.
1. Une réduction attendue des volumes horaires et une augmentation des dédoublements de certaines disciplines générales
La
modification des volumes horaires de formation des BEP et des
baccalauréats professionnels engagée depuis mars 2000
répondait à une demande exprimée par les lycéens et
les parents d'élèves.
L'horaire hebdomadaire d'un élève a été
réduit de telle façon qu'il ne dépasse jamais
35 heures. La globalisation sur un cycle de deux ans du volume horaire de
formation attribué à chaque discipline (qui remplace un horaire
précédemment défini de façon hebdomadaire) s'est
effectuée en tenant compte du statut des PLP qui écarte toute
annualisation du temps de travail des enseignants.
A la suite d'une table ronde, de nouvelles dispositions ont été
prises à la rentrée 2001 pour les secondes professionnelles et
les premières de baccalauréat professionnel ; celles-ci
seront appliquées à compter de la rentrée 2002 en
terminales de BEP et de baccalauréat professionnel. Les ajustements ont
consisté à présenter de manière plus claire les
volumes horaires de formation.
Par ailleurs, les modalités des horaires et les dédoublements de
certaines disciplines ont été améliorés par des
arrêtés de juin 2001. L'objectif était de renforcer la
qualité de la formation dans les disciplines générales,
qui posent souvent problème aux élèves des lycées
professionnels : la priorité a été donnée
à l'augmentation des dédoublements dans les disciplines
générales de tous les baccalauréats professionnels et des
BEP des secteurs tertiaires et services, notamment pour les langues vivantes.
Des dédoublements dans les disciplines professionnelles des
« bac pro » du secteur des services et de l'alimentation
ont également été augmentés.
Lors de son audition devant la commission, le ministre
délégué a indiqué que le taux d'encadrement des
lycées professionnels était très supérieur à
celui observé dans la filière générale et
permettait d'augmenter les dédoublements de classe dans les disciplines
générales, les ateliers ne connaissant pour leur part aucune
situation de sureffectifs : les 300 emplois de PLP résultant
de créations nettes en 2001, et les 370 emplois nouveaux
créés en 2002 devraient contribuer encore à renforcer
l'encadrement pédagogique des établissements.
2. La généralisation des projets pluridisciplinaires à caractère professionnel : un ajustement nécessaire
Introduit progressivement à la rentrée 2000, le
dispositif des PPCP (projets pluridisciplinaires à caractère
professionnel), qui a été généralisé en
janvier 2001, constitue l'équivalent des travaux personnels
encadrés (TPE), aujourd'hui généralisés dans la
voie générale et technologique.
Un volume horaire global a été affecté au PPCP :
entre 100 et 125 heures en terminale de BEP et entre 150 et 180 heures en
baccalauréat professionnel, réparties entre les divers
enseignements à parité entre les disciplines
générales et les disciplines techniques et professionnelles.
Les trois quarts du volume horaire PPCP sont préaffectés afin de
n'exclure aucune des disciplines ayant contribué à la
constitution de l'horaire global dont 10 % est réservé
à la phase de concertation de l'équipe pédagogique
(12 heures en BEP et 10 heures en baccalauréat professionnel).
Les enseignants ont la possibilité d'intervenir devant des groupes
restreints d'élèves afin de dispenser une partie du programme de
leur discipline dans un projet commun visant à renforcer le lien entre
les différents enseignements. Ils regrettent toutefois le manque de
moyens accordés par le projet de loi de finances pour mener à
bien ces PPCP, et le manque d'enthousiasme de la part de l'administration
académique.
Dans un récent rapport, l'inspection générale a
établi un bilan mitigé de l'expérimentation des PPCP, qui
a été lancée dans quelques établissements
après la publication tardive de la circulaire fixant les objectifs et
les modalités de cette innovation pédagogique ; ce lancement
précipité n'a pas permis d'organiser une concertation
satisfaisante au sein des équipes pédagogiques et les
thèmes des PPCP ont été davantage choisis en fonction du
matériel disponible, ou de la demande d'entreprises clientes, que pour
leur intérêt pédagogique.
Au cours de la dernière année scolaire, les disciplines
professionnelles, comme le note l'IGEN, étaient nettement plus
représentées que les disciplines générales.
L'inspection générale a constaté aussi un certain
désintérêt des élèves à l'égard
de ces travaux pluridisciplinaires et même une contestation de
l'utilité de ces projets ; elle préconise en
conséquence d'associer en amont les élèves à la
préparation du projet et de mieux préciser ses aspects
pédagogiques.
Sur un plan général, l'IGEN souhaite un ajustement des PPCP par
niveaux d'étude : si les projets peuvent privilégier une
ouverture culturelle et de communication en deuxième année de
BEP, il lui apparaît préférable de lier les projets en
deuxième année de bac pro aux compétences professionnelles
de niveau IV que les élèves doivent acquérir
(communication et travail en groupes, gestion d'équipes et de
matériels, planification...).
Le rapport de l'inspection générale souhaite enfin que le
problème de l'évaluation des PPCP soit rapidement mis à
l'étude par le ministère, notamment au baccalauréat
professionnel.
3. Les autres mesures pédagogiques
Diverses
mesures viennent s'ajouter aux deux principales innovations pédagogiques
sus-rappelées :
-
un horaire d'éducation civique, juridique et sociale
de
30 minutes est introduit dans toutes les années de formation des
cycles BEP et baccalauréats professionnels. Cet horaire indicatif ne
constitue pas un modèle d'emploi du temps pour les élèves
et des plages horaires seront préservées dans l'emploi du temps
afin de faciliter une approche interdisciplinaire de cette matière. A
cette fin, un guide méthodologique réalisé à partir
des travaux de la mission Revol sur la mise en place de l'ECJS dans
l'enseignement professionnel a été réalisé à
destination des enseignants de la voie des métiers ;
-
l'aide individualisée en français et en
mathématiques
sera généralisée en seconde
professionnelle et visera plus particulièrement à
développer les savoir-faire et la remotivation des
élèves ;
- les élèves de lycée professionnel pourront faire
valider le
brevet
informatique et internet
au cours de leur
scolarité dans la perspective d'une mise à niveau informatique
visant l'acquisition des connaissances de base et l'autonomie nécessaire
pour la recherche documentaire et la réalisation de documents ;
-
l'enseignement de langues vivantes
facultatives, en plus de la
langue vivante obligatoire sera encouragé, notamment pour les
diplômes professionnels du secteur des services, des carrières
sanitaires et sociales, de l'hôtellerie-restauration et de
l'alimentation ;
-
les sections européennes
des élèves seront
développées. Des partenariats avec les établissements et
les entreprises dans d'autres pays seront recherchés et mis en place
pendant l'année scolaire 2001-2002. D'ores et déjà, les
modalités d'obtention de la mention « section
européenne » sur les diplômes de baccalauréat
professionnel ont fait l'objet d'un texte réglementaire. L'année
scolaire 2001-2002 verra la création d'une attestation
« Europro » qui sera jointe au diplôme professionnel
lorsque son titulaire aura effectué une partie de sa formation dans un
pays étranger ;
-
les ateliers d'éducation physique et sportive
mis en place
au cours de la précédente année scolaire seront
reconduits ;
-
la création de classes à projet artistique et
culturel
: la priorité accordée à la voie
professionnelle s'est traduite à la rentrée 2001 par la mise en
place de 3 000 classes à PAC dans les lycées
professionnels et les CFA gérés par l'éducation nationale.
On rappellera que 60 millions de francs de crédits nouveaux seront
consacrés en 2002 au plan de développement des arts et de la
culture dans l'enseignement scolaire.
Outre les moyens affectés au Centre national de documentation
pédagogique, 1,52 million d'euros, soit 9,97 millions de
francs, sont destinés au financement des actions des lycées et
collèges, et notamment à la création de classes à
projet artistique et culturel en lycée professionnel.
Ce nouveau dispositif permet aux enseignants volontaires de proposer dans le
cadre des horaires et des programmes, une expérience artistique et
culturelle pour l'ensemble des élèves de la classe
concernée, et pas seulement aux élèves volontaires.
L'objectif est d'élargir les champs de connaissance des lycéens
professionnels aux arts et à la culture, celle-ci incluant la culture
scientifique, technique et professionnelle, et de leur proposer des
activités donnant lieu à réalisation. Chaque classe
à PAC bénéficiera d'une dotation de l'éducation
nationale susceptible d'être complétée par les
contributions de partenaires extérieurs, notamment de la DRAC ou des
collectivités territoriales concernées.
4. La découverte par les collégiens de la voie professionnelle et des métiers : les classes de troisième à projet professionnel
Afin de
permettre aux élèves de collège qui le souhaitent de
découvrir la voie professionnelle et les métiers auxquels elle
conduit, les lycées professionnels sont invités à
accueillir des classes de troisième. Il peut s'agir soit de
troisièmes technologiques, soit de classes de troisième à
projet professionnel, dont la finalité est une initiation aux
métiers par l'expérimentation d'activités pratiques dans
un champ professionnel donné, afin de favoriser une orientation choisie.
L'objectif à court terme est d'unifier progressivement l'appellation de
cette offre de formation sous l'intitulé de classes de troisième
à projet professionnel.
Ces classes doivent permettre aux élèves d'élaborer leur
projet personnel et, à l'issue de l'année, de choisir
l'orientation la mieux adaptée à ce projet. Elles se
caractérisent par une pédagogie qui permet d'acquérir les
connaissances et les savoir-faire selon des méthodes de type inductif,
favorables à la réussite des élèves.
Elles préfigurent également l'une des nouvelles orientations de
la réforme du collège qui prévoit, pour les
élèves de troisième qui le souhaitent, la
possibilité de suivre en lycée professionnel des enseignements de
découverte professionnelle ou la totalité des enseignements.
5. La rénovation des diplômes professionnels
On
rappellera que le BEP a pour finalité prioritaire la poursuite
d'études vers les baccalauréats professionnels et le
baccalauréat technologique. Des spécialisations sous forme de
mentions complémentaires ou de CAP seront recherchées. Le CAP
pourra être obtenu selon de nouvelles modalités prévoyant
que les titulaires du BEP n'auront à présenter qu'une partie des
épreuves du domaine professionnel du CAP.
Le programme de travail des commissions professionnelles consultatives
prévoit sur les années 2000-2001 et 2002, de revoir les BEP selon
ces objectifs, ce qui implique nécessairement la construction du BEP sur
un champ professionnel et la dissociation des CAP.
On notera ainsi que le BEP « mise en oeuvre des matériaux
à 4 options », les deux BEP du secteur de l'automobile,
les deux BEP du secteur des industries graphiques, les sept BEP du secteur du
bâtiment et des travaux publics et le BEP du secteur de l'alimentation
sont en cours de rénovation.
S'agissant du CAP, un projet de décret, examiné par le
comité interprofessionnel consultatif le 29 juin 2001 devrait
être présenté à un conseil supérieur de
l'éducation avant la fin de l'année. Le CAP, qui correspond au
premier niveau de qualification professionnelle, est le diplôme
professionnel auquel se présente le plus grand nombre de candidats,
qu'il s'agisse de jeunes scolarisés en lycée professionnel,
d'apprentis ou d'adultes. L'axe principal de la rénovation des CAP est
à la fois fondé sur l'acquisition des compétences de
métier et sur des connaissances générales :
- l'enseignement général doit compléter la formation
reçue au collège pour les élèves et apprentis qui
en sont directement issus, ou constitue une remise à niveau pour les
autres candidats. Il doit donner accès à une culture commune dans
les disciplines suivantes : français, histoire-géographie,
économie, éducation civique juridique et sociale,
mathématiques, sciences, éducation physique et sportive ,
enseignement artistique, langue vivante, vie sociale et professionnelle ;
- l'enseignement général doit aussi contribuer, comme
l'enseignement professionnel et technologique, à l'acquisition de
compétences professionnelles et permettre de s'adapter au
développement économique et à l'évolution des
professions ;
- l'enseignement général doit également permettre la
poursuite de la formation soit à l'issue du CAP, soit après une
expérience professionnelle, ce qui implique de développer une
liaison avec les autres diplômes, jusqu'au baccalauréat
professionnel.
Les nouveaux programmes des enseignements généraux de CAP
définiront les savoir-faire et les savoirs attendus des candidats et
proposeront des activités supports de formation et d'évaluation.
Ils pourront, soit être communs à tous les CAP, soit comporter en
outre des modules spécifiques à certaines
spécialités afin de prendre en compte les exigences propres
à chaque activité professionnelle.
Le positionnement du baccalauréat professionnel est par ailleurs
confirmé comme diplôme à vocation d'insertion
professionnelle permettant également une poursuite d'études
notamment vers le BTS.
Un décret du 28 mars 2001 portant réglementation
générale des mentions complémentaires (diplôme
préparé après un CAP, un BEP ou un baccalauréat
professionnel), permet d'inscrire les mentions complémentaires dans le
dispositif national des diplômes professionnels et d'accroître leur
lisibilité. Une mise en conformité des mentions
complémentaires est inscrite dans le programme de travail 2001-2002 des
CPC.
Parallèlement, le travail de rénovation des différents
diplômes professionnels, dans le cadre des CPC, se poursuivra au cours de
l'année scolaire 2001-2002, pour l'ensemble des CAP et BEP. Lors des
créations ou rénovations de diplômes professionnels de
l'enseignement secondaire ou supérieur, une attention
particulière sera portée à la liaison entre les
diplômes professionnels et les métiers. De nouvelles
modalités permettant de préparer les diplômes sur des
durées réduites (avec éventuellement dispenses
d'épreuves) seront mises en oeuvre afin de faciliter les passerelles
d'une voie d'enseignement à une autre : les diplômes de
niveau V de la vente et de la distribution ont déjà
été revus en ce sens.
6. Des actions en faveur de l'apprentissage, de la validation des acquis et de la formation continue
a) L'amélioration des conditions d'accueil des apprentis dans les CFA publics
La
généralisation de la fonction de coordonnateur pédagogique
de CFA, destinée à améliorer les conditions de formation
en CFA publics s'inscrit dans la perspective annoncée par le ministre
délégué de permettre à un plus grand nombre de
lycées professionnels de bénéficier du label de
lycée des métiers.
Ces coordonnateurs pédagogiques sont chargés de superviser le
développement du CFA et de veiller à une intégration
satisfaisante des formations en apprentissage au sein du lycée, et
notamment de permettre aux apprentis concernés d'accéder aux
services offerts aux lycéens professionnels.
Des crédits supplémentaires de plus de 21 000 euros,
soit 137 751 francs, sont prévus en 2002 pour créer
20 emplois nouveaux de PLP qui seront affectés à ces
fonctions de coordination dans les CFA.
On rappellera que 56 CFA publics, sur 81, bénéficiaient en
2001 de coordonnateurs pédagogiques.
b) Les développements de la validation des acquis de l'expérience
L'éducation nationale joue depuis dix ans un rôle
important dans la validation des acquis professionnels puisqu'elle accueille et
conseille près de 20 000 candidats par an et accompagne chaque
année plus de 8 500 d'entre eux à la validation.
Le dispositif résultant de la loi du 20 juillet 1992 et le
décret du 27 mars 1993 ouvraient aux candidats à l'obtention
d'un diplôme des possibilités de dispense d'une partie des
épreuves conduisant à la délivrance de ce diplôme,
par validation d'activités professionnelles exercées pendant cinq
ans au moins.
Pour mémoire, on rappellera que 6 487 personnes ont
bénéficié en 2000 d'une validation des acquis
professionnels, contre 5 842 en 1999. La même année,
4 032 personnes ont obtenu des dispenses d'épreuves contre
3 363 en 1999.
Nombre de candidats à la validation ayant obtenu des dispenses d'épreuves |
||||||||||
1995 |
1996/1995 |
1996 |
1997/1996 |
1997 |
1998/1997 |
1998 |
1999/1998 |
1999 |
2000/1999 |
2000 |
816 |
+ 87 % |
1 526 |
+ 48 % |
2 255 |
+ 33 % |
2 988 |
+ 13 % |
3 363 |
+ 20 % |
4 032 |
En 1999,
le nombre de candidats à la validation ayant un emploi était de
78,6 %, 86,2 % des dossiers déposés ont obtenu tout ou
partie des validations demandées, 72 % des dossiers concernaient le
secteur professionnel du tertiaire et des services, 24 % celui de
l'industrie et les 4 % restants celui du BTP. Le BTS reste le
diplôme donnant lieu au plus grand nombre de dispenses d'épreuves
(44,9 %), suivi par le CAP dont la part s'accroît
régulièrement depuis 1996.
Le projet de loi de modernisation sociale devrait élargir les conditions
d'accès et simplifier les procédures de validation afin de donner
à chaque actif le droit à la certification de sa qualification
par un diplôme national. Il comporte plusieurs dispositions visant
à favoriser un développement de la validation des acquis
professionnels, notamment :
- la possibilité de faire reconnaître des compétences
acquises dans des activités bénévoles ;
- la réduction de la durée d'expérience préalable
exigée, de cinq à trois ans ;
- la possibilité d'obtenir la totalité d'un diplôme par la
validation des acquis ;
- la faculté pour un jury de dispenser un candidat désirant
acquérir un diplôme des titres requis pour le préparer, par
la prise en compte des acquis.
Une autre disposition du projet de loi de modernisation sociale vise à
permettre aux employeurs occupant au moins dix salariés de financer les
actions de validation des acquis par imputation sur leur participation
obligatoire au financement de la formation continue.
Compte tenu de l'évolution observée sur les cinq dernières
années et du nombre de personnes s'informant sur la validation des
acquis professionnels (près de 29 000 en 2000), l'éducation
nationale envisage, à travers ses dispositifs académiques de
validation, une croissance de l'ordre de 30 à 40 % de son
activité dès la première année d'application des
nouvelles dispositions, soit un flux annuel de près de
10 000 personnes qui entreront dans la procédure et
s'ajouteront à celles qui, entrées l'année
précédente, achèveront leur parcours.
Afin de renforcer ses capacités d'accueil et de conseil en
matière de validation des acquis, le projet de budget pour 2002
prévoit un abondement des moyens spécifiques accordés
à ce titre aux académies, de plus de 760 000 euros,
soit plus de 5 millions de francs, ce qui représente une
augmentation de plus de 35 % de la dotation affectée à la
validation des acquis dans le budget de l'éducation nationale.
Ces moyens devraient notamment permettre de développer et de renforcer
les centres de validation implantés dans les lycées des
métiers.
Lors de son audition devant la commission, le ministre
délégué a estimé que le réseau de validation
existant était plus ou moins performant selon les académies,
excellent dans celles de Marseille ou de Nice qui disposent de personnels en
nombre suffisant dans les centres de validation, mais plus embryonnaire dans
d'autres académies où la reconnaissance des acquis de
l'expérience relève parfois d'un parcours du combattant et
suppose des présupposés culturels sans doute excessifs pour
nombre de candidats.
Votre commission tient à rappeler les réserves qu'elle avait
émises lors de l'examen du projet de loi de modernisation sociale, les
principales portant sur la prise en compte des activités
bénévoles dans la validation de l'expérience ; elle
s'inquiétait en outre des conséquences d'un système de
validation plus ouvert permettant notamment à de jeunes lycéens
professionnels d'abandonner leurs études avant l'obtention de leur
diplôme pour entrer dans la vie active, sachant que leur
expérience professionnelle en entreprise pourra être
validée par exemple par un CAP au bout de trois ans.
Elle exprime donc la crainte que le nouveau dispositif de la VAE contribue
à augmenter le phénomène
d'« évaporation » des lycéens professionnels
en cours d'étude, étant rappelé que 15 000 d'entre
eux quittent d'ores et déjà chaque année, après
16 ans, l'enseignement professionnel pour entrer dans la vie active.
c) L'amélioration des actions de formation continue
Alors
que le nombre de jeunes diplômés arrivant dans le monde du travail
dans les dix ans à venir risque d'être nettement inférieur
aux besoins des entreprises du fait des seuls départs en retraite,
l'éducation nationale doit aussi contribuer à la requalification
des actifs actuellement à la recherche d'un emploi par un renforcement
des moyens des GRETA.
Le projet de budget pour 2002 s'engage dans cette voie en créant
30 emplois de conseillers en formation continue, professeurs
certifiés ou PLP, qui permettront aux GRETA d'adapter leur offre de
formation à ces nouveaux besoins. Cette mesure représente une
dépenses nouvelle de près de 317 000 euros, soit
2,079 millions de francs.
B. UNE RÉNOVATION ATTENDUE DE LA VOIE TECHNOLOGIQUE
Qualifiée de « forêt
tropicale »
par le ministre de l'éducation nationale, lors de son audition devant la
commission, la voie technologique n'a pourtant fait l'objet que
d'aménagements ponctuels à la rentrée 2001, pour
l'essentiel adaptés des mesures prises en faveur de la voie
générale.
Le rapport Decomps remis récemment au ministre préconise des
aménagements autrement ambitieux susceptibles d'inspirer une
réforme radicale de la série technologique dans la perspective de
la mise en place du lycée des métiers.
1. Les mesures ponctuelles adoptées à la dernière rentrée scolaire
Les aménagements pédagogiques de la voie technologique s'inscrivent dans la réforme mise en place à la rentrée 1999 en classe de seconde générale et technologique et, à la rentrée 2000, en classe de première des séries générales. Cette réforme se poursuit à la rentrée 2001 avec la mise en place de nouvelles structures en classes terminales de ces mêmes séries.
a) L'expérimentation des travaux personnels encadrés (TPE)
A compter de la rentrée 2001, les TPE sont expérimentés sur la base du volontariat des établissements et des équipes pédagogiques dans les différentes séries de la voie technologique. Il s'agit pour les élèves de première des séries STI, STTL, STT et SMS de réaliser, par groupe ou individuellement, une production sur un projet interdisciplinaire associant au moins une discipline technologique et une discipline d'enseignement général. Les TPE seront principalement mis en place dans le cadre de l'horaire global des élèves, à raison de 2 heures hebdomadaires prélevées sur l'horaire de chacune des disciplines technolo giques et générales impliquées.
b) La rénovation des programmes
Cette rénovation vise l'enseignement du français et de l'éducation physique et sportive qui s'applique à la rentrée 2001 en classe de première dans l'ensemble des séries de la voie technologique (SMS, STI, STL, STT, hôtellerie et techniques de la musique et de la danse). En classe de seconde générale et technologique, trois enseignements de détermination scientifique et technologique font l'objet d'un nouveau programme et changent d'appellation.
c) L'aide individualisée en classe de seconde générale et technologique
Les enquêtes réalisées dans plusieurs établissements au cours de l'année scolaire 1999-2000 font apparaître que le dispositif d'aide individualisée reste encore insuffisamment centré sur les élèves les plus en difficulté. Des dispositions sont prises pour que l'aide individualisée apportée aux élèves réponde aux objectifs qui lui ont été assignés. Le complément d'heures (en plus des deux heures hebdomadaires attribuées à tous les établissements), qui est reconduit pour l'année scolaire 2001-2002, sera attribué de façon à privilégier les établissements dont le pourcentage d'élèves en retard ou en difficulté est le plus important.
d) La création d'un enseignement complémentaire d'éducation physique et sportive
A partir
de la rentrée 2001, un nouveau dispositif s'applique pour les
élèves ayant suivi l'enseignement de détermination d'EPS
en classe de seconde et souhaitant le prolonger au cours du cycle terminal.
Ces élèves bénéficieront d'un enseignement
complémentaire de 4 heures, dont une heure en classe
dédoublée, qui s'ajoute à l'enseignement obligatoire de
2 heures en classes de première et terminale. Dans ce cas, le cumul
de cet enseignement de complément avec l'option facultative d'EPS de
3 heures n'est pas autorisé. Par ailleurs, ces élèves
ne pourront suivre qu'une seule autre option facultative. Cette disposition
s'applique aux séries : économique et social,
littéraire, scientifique, SMS, STI, STL et STT.
L'objectif est d'offrir cet enseignement d'ici trois ans dans
200 établissements, celui-ci devant être évalué
au baccalauréat de la session 2002 et affecté d'un
coefficient 2 qui s'ajoute au même coefficient prévu pour
l'enseignement obligatoire.
e) L'expérimentation de nouvelles modalités d'organisation de l'enseignement en langues vivantes
La maîtrise par tous les élèves de lycée d'au moins deux langues vivantes constitue un des objectifs des années à venir. Dès la rentrée 2001, une expérimentation a été mise en place dans des établissements volontaires afin d'apporter plus de souplesse dans la gestion des moyens horaires attribués aux établissements pour les langues vivantes. Elle prévoit la possibilité, pour les équipes pédagogiques, de moduler l'utilisation de l'enveloppe horaire globale de ces disciplines en fonction du projet pédagogique de l'établissement, des besoins spécifiques des élèves et du niveau d'avancement atteint par les élèves dans chaque langue.
f) Les autres innovations pédagogiques
-
l'éducation civique, juridique et sociale est introduite en classes de
première technologique, à titre expérimental dans les
établissements volontaires, à raison d'une demi-heure
hebdomadaire en classe dédoublée ;
-
les ateliers artistiques sont introduits dans les séries
technologiques dans les mêmes conditions et modalités que dans
l'enseignement général ;
- les heures de vie de classe font l'objet de dix heures annuelles inscrites
dans l'emploi du temps des élèves de toutes les classes de
première technologique ;
- la nouvelle réglementation des baccalauréats technologiques
prend en compte les modifications apportées à la structure, aux
horaires et aux programmes des enseignements du cycle terminal : application de
la nouvelle définition des épreuves anticipées de
français, évaluation obligatoire de la LV2 en terminale
scientifique, évaluation de l'enseignement d'éducation physique
et sportive de complément, et prise en compte pour les
élèves qui le souhaitent des TPE dans le cadre d'une
épreuve supplémentaire.
2. Vers une simplification de la voie technologique : le rapport Decomps
Chargé de préparer une rénovation des
filières de sciences et technologies, le professeur Bernard Decomps
a remis son rapport
1(
*
)
au
ministre le 14 juin 2001.
Ses propositions peuvent être ainsi résumées :
- accroître la lisibilité des séries industrielles et de
laboratoire du cycle pré-baccalauréat en clarifiant les champs
technologiques couverts par chacune de ces séries ;
- fluidifier la voie technologique en construisant des parcours de
réussite au-delà du baccalauréat (création de
nouveaux BTS et de classes préparatoires, implantation de CPGE et de
classes de série S en lycée technologique et
professionnel...) ;
- adapter les contenus de formation des séries STT et STI aux nouvelles
exigences des champs technologiques et des emplois ;
- faciliter les choix d'orientation et les possibilités de
réorientation des élèves en classe de seconde de
détermination ;
- installer les innovations pédagogiques (ECJS et TPE) dans les
lycées technologiques en prenant en compte leurs
spécificités ;
- installer le lycée des métiers et son offre de formation
globale.
3. Les orientations susceptibles d'être retenues dans le cadre du futur lycée des métiers
Estimant que la réforme de la voie technologique était susceptible d'aboutir avant la fin de l'année, après consultation des recteurs, le ministre délégué a indiqué que celles-ci ne reprendraient pas toutes les propositions de ce rapport.
a) Les objectifs de la réforme
La
réforme de la voie technologique s'inscrit dans la perspective de la
mise en place du lycée des métiers dont l'objectif,
annoncé par le ministre délégué, est de regrouper
dans un même établissement, autour d'un même secteur
professionnel ou d'un ensemble de métiers, les voies technologiques et
professionnelles, celles-ci conservant leur spécificité et ne
devant pas être confondues dans une formule de type lycée
polyvalent.
Cet objectif suppose d'abord un « peignage » de certains
diplômes qui présentent de fortes analogies, comme certains
baccalauréats technologiques qui sont très proches de
diplômes de l'enseignement professionnel. Selon les propositions du
rapport Decomps, le lycée des métiers devrait ainsi réunir
la voie technologique, la voie professionnelle, le CFA public, le centre de
formation continue, le centre de validation des acquis, les sections de
techniciens supérieurs, voire les licences professionnelles
éventuellement proposées dans une université voisine. A
titre d'exemple, on peut indiquer qu'un lycée des métiers du
bâtiment est susceptible de réunir des formations sur l'habitat ou
sur le gardiennage d'immeuble.
Lors de son audition devant la commission, le ministre
délégué a estimé que la mise en place du
lycée des métiers devrait contribuer à revaloriser l'image
de l'enseignement professionnel, tant sur le plan pédagogique que sur
celui de la qualité de l'accueil des élèves, à
stimuler une culture de l'ambition sociale et à améliorer la
lisibilité des diverses filières qui passe d'abord par un
intitulé plus explicite des diplômes professionnels ; il a
cependant ajouté que les voies professionnelles et technologiques ne
devaient pas être confondues : si la première doit permettre
à ses élèves d'obtenir une qualification professionnelle
reconnue, la seconde aura toujours pour vocation de préparer ses
bacheliers à l'enseignement supérieur.
b) La procédure de labellisation
Les
recteurs ont d'ores et déjà repéré
210 établissements susceptibles d'obtenir le label
« lycée des métiers ».
La procédure de labellisation a été engagée
après élaboration d'une charte-qualité qui prend en compte
des éléments comme la dynamique pédagogique des
établissements, les partenaires extérieurs et notamment la
région, la place de l'établissement dans la carte des formations,
la vie scolaire et en particulier la capacité d'accueil en internat.
Ce label, qui serait attribué pour cinq ans, serait garanti par
l'éducation nationale en partenariat avec les régions et les
branches professionnelles.
Les recteurs ont d'ores et déjà fait remonter à
l'administration centrale plus de 210 dossiers de lycées
susceptibles de répondre aux critères posés. Une
première liste d'établissements ayant obtenu le label devrait
être publiée à la mi-décembre et une deuxième
au terme de l'année scolaire, tandis que les lycées qui ne sont
pas labellisés devraient bénéficier d'un accompagnement
pour compléter leur offre de formation ou d'une aide pour se
restructurer.
c) Les observations de la commission
Alors
que certaines organisations auditionnées par le rapporteur de votre
commission ont manifesté leur scepticisme, ou leurs réserves au
principe même du lycée des métiers, qui risque selon eux de
conduire au lycée polyvalent en gommant la spécificité des
trois voies d'enseignement, générale, technologique et
professionnelle définies par la loi d'orientation de 1989 sur
l'éducation, de faire disparaître le caractère original de
l'enseignement professionnel et de restreindre l'offre de formation, votre
commission considère que la formule du lycée des métiers
est de nature à renforcer l'attractivité de la filière
professionnelle, à la revaloriser, à permettre des
réorientations et des poursuites d'études pour les meilleurs de
ses élèves et à favoriser l'ouverture d'une sorte de
ghetto culturel dans lequel trop de lycéens professionnels se sentaient
enfermés.
Il reste que la réussite du projet suppose que le nouveau lycée
des métiers ne se limite pas à un regroupement formel des
filières spécifiques d'enseignement, mais permette aussi une
simplification du dispositif qui passe nécessairement par une
réforme de la voie technologique dont la situation est à certains
égards plus incertaine que celle de la voie professionnelle, comme en
témoigne l'évolution de ses effectifs et par un transfert de
certains baccalauréats technologiques vers les baccalauréats
professionnels.
Un tel objectif suppose ainsi, outre des moyens nouveaux, une véritable
synergie entre les deux filières, un travail en commun de
l'équipe de direction et de l'équipe enseignante
-agrégés, certifiés, PLP- et des perspectives
d'orientation réalistes des meilleurs diplômés de la voie
professionnelle, mais aussi technologique, vers l'enseignement
supérieur, ce qui implique sans doute une réflexion sur
l'organisation actuelle des STS, des IUT et surtout des premiers cycles
universitaires, afin de permettre à ces diplômés
d'accéder aux licences professionnelles.
Votre commission souhaiterait cependant obtenir des explications
complémentaires du ministre délégué sur les
critères de labellisation qui seront retenus afin de vérifier que
ceux-ci ne portent pas atteinte à la notion même et à
l'unité du service public de l'éducation nationale et ne
créent pas pour les établissements non labellisés une
image négative.