Question de M. SAVOLDELLI Pascal (Val-de-Marne - CRCE-K) publiée le 17/04/2025

M. Pascal Savoldelli attire l'attention de M. le ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique sur le mouvement social inédit en cours au sein du groupe Thales et sur les mesures que l'État, en tant qu'actionnaire principal, entend prendre pour y répondre.

Depuis plus de onze semaines, les salariés de Thales sont mobilisés dans le cadre des négociations annuelles obligatoires pour 2025. Ils dénoncent l'absence de revalorisation salariale malgré les excellents résultats financiers du groupe : + 9 % de prises de commandes, +7 % de chiffre d'affaires, +39 % de résultat net consolidé, et un milliard d'euros redistribués aux actionnaires. Face à ces revendications, la direction a mis un terme aux négociations, sans proposer d'améliorations substantielles.

Cette situation suscite d'autant plus d'inquiétude que l'État est le premier actionnaire de Thales, avec 25,7 % du capital. Lors de son audition au Sénat le 19 mars 2025, M. le ministre avait déclaré être « très attentif à la situation des personnes » et avoir à coeur d'accompagner « une réorganisation industrielle dans le respect des personnes et des compétences, sans départ contraint ».

Pourtant, il a constaté que le malaise social ne cesse de s'aggraver lors de sa visite sur place le 20 mars 2025, à l'invitation des salariés et dans le cadre d'un débat organisé par l'intersyndicale.

Par ailleurs, cette crise pose la question plus large de l'orientation industrielle du groupe. Alors que Thales joue un rôle central dans l'industrie de défense, que le Gouvernement appelle au renforcement de la souveraineté nationale et que des fonds publics considérables sont investis dans ce secteur, les choix stratégiques de l'entreprise semblent s'éloigner de ces priorités. La financiarisation croissante du groupe, illustrée par l'allocation de plusieurs milliards d'euros au rachat et à la destruction d'actions, interroge sur la répartition des richesses produites et sur les moyens réellement consacrés à l'innovation et au maintien des compétences.

Dans ces conditions, il l'interroge sur les dispositions que le Gouvernement entend prendre pour garantir que l'engagement de l'État actionnaire se traduise concrètement par une prise en compte des revendications des salariés et par une politique industrielle cohérente avec les objectifs affichés de souveraineté nationale et de préservation de l'outil productif.

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En attente de réponse du Ministère de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique.

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