Question de M. MARGUERITTE David (Manche - Les Républicains) publiée le 03/04/2025
Question posée en séance publique le 02/04/2025
M. le président. La parole est à M. David Margueritte, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
M. David Margueritte. Ma question s'adresse à Mme la ministre d'État, ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche.
Madame la ministre d'État, le 19 mars dernier, la Cour des comptes a publié son rapport public annuel ; y sont notamment pointés du doigt des dysfonctionnements importants dans les politiques menées en matière d'orientation scolaire.
Malgré les moyens importants qui y sont alloués 400 millions d'euros pour le collège et pour le lycée , les politiques d'orientation ne permettent pas de lutter contre les déterminismes sociaux, territoriaux et de genre.
Il s'ensuit deux conséquences majeures.
La première touche la jeunesse de notre pays : jamais la reproduction sociale n'a été aussi forte en France, 10 % seulement des enfants d'ouvriers accédant au niveau bac+5, contre 55 % des enfants de cadres.
La deuxième touche les entreprises de notre pays, qui peinent à recruter le personnel qualifié dont elles ont besoin pour assurer le renouvellement des générations et accroître leurs capacités de production.
Pourtant, la loi du 5 septembre 2018 pour la liberté de choisir son avenir professionnel a permis des avancées concrètes, notamment le transfert partiel aux régions de la compétence en matière d'information sur les métiers.
Cette loi, j'y insiste, a permis de nombreuses réussites ; elles sont d'ailleurs soulignées par la Cour des comptes. Ainsi, en Normandie, ma région, l'agence de l'orientation et des métiers met en place des actions très concrètes, comme des immersions professionnelles, des stages de découverte des métiers, etc. Les jeunes peuvent ainsi mieux appréhender leur avenir et choisir leur voie dans la vie active.
Ces avancées se heurtent néanmoins vous le savez, madame la ministre à la multiplicité des acteurs et, en conséquence, à une difficulté de pilotage.
Ma question est donc simple : comptez-vous vous appuyer sur la concertation lancée le 28 novembre dernier par Alexandre Portier, alors ministre délégué chargé de la réussite scolaire et de l'enseignement professionnel, pour aller plus loin que les ajustements simplement techniques dont nous nous contentons depuis bientôt trente ans et qui nous ont conduits à l'échec en matière d'orientation ? Allez-vous enfin proposer une réforme d'envergure en transférant notamment aux régions la compétence pleine et entière en ce domaine ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. Mme Sonia de La Provôté applaudit également.)
Réponse du Ministère de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche publiée le 03/04/2025
Réponse apportée en séance publique le 02/04/2025
M. le président. La parole est à Mme la ministre d'État, ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche.
Mme Élisabeth Borne, ministre d'État, ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche. Monsieur le sénateur David Margueritte, vous avez raison de le souligner, l'orientation est un enjeu majeur : il s'agit à la fois de permettre à chaque jeune de bâtir sa voie de réussite et de nous doter des compétences dont notre pays aura besoin demain.
Vous l'avez rappelé, depuis 2018, cette compétence est partagée entre l'État et les régions, l'État étant chargé de l'éducation et de l'orientation et les régions de l'information sur les métiers.
Dans le même temps, de nombreux dispositifs ont été mis en place pour permettre aux élèves d'élargir leurs horizons et de faire des choix éclairés. Je pense notamment à la découverte des métiers dès le collège, au stage de seconde, au développement de dispositifs tels que les cordées de la réussite, ou encore à la création d'un bureau des entreprises au sein de chaque lycée professionnel.
Néanmoins, je partage tout à fait votre constat : il reste du chemin à parcourir.
D'une manière générale, l'orientation est souvent, pour beaucoup de familles et d'élèves, un moment anxiogène.
Par ailleurs, les élèves de milieux défavorisés continuent de s'engager en moyenne dans des parcours moins ambitieux que ceux qui sont issus de milieux favorisés, et il en est de même pour les filles par rapport aux garçons, alors que l'on manque de près de 25 000 ingénieurs par an. En d'autres termes, notre pays reste très marqué par des biais sociaux, territoriaux et de genre.
Quant à l'orientation subie, elle débouche souvent sur du décrochage. Et l'on ne saurait ignorer que le monde économique a besoin de compétences, pour ce qui est notamment des métiers d'avenir.
J'ai naturellement poursuivi les concertations qui avaient été engagées notamment par ma prédécesseure et par le ministre Portier. De nombreuses contributions ont été présentées, par les organisations patronales, par les régions, par les collectivités en général. La synthèse est en cours et je suis évidemment à l'écoute, mesdames, messieurs les sénateurs, de vos propositions.
Ce travail a vocation à déboucher dans les prochaines semaines sur la formulation de propositions visant à construire un système d'orientation plus efficace, tant pour nos jeunes qu'eu égard aux besoins de notre économie.
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