Question de Mme de CIDRAC Marta (Yvelines - Les Républicains) publiée le 03/04/2025
Question posée en séance publique le 02/04/2025
M. le président. La parole est à Mme Marta de Cidrac, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. M. Franck Menonville applaudit également.)
Mme Marta de Cidrac. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, ma question porte sur la situation dans les Balkans. Dire qu'elle est préoccupante serait un doux euphémisme...
La Bosnie-Herzégovine fait face aux velléités de sécession de Milorad Dodik à la tête de la Republika Srpska. La Serbie connaît d'importantes manifestations et une crise politique qui perdure. Le Kosovo est toujours sous tension ethnique. La Macédoine du Nord, elle, est confrontée à la colère de sa jeunesse. Telle est la triste situation des Balkans occidentaux aujourd'hui, monsieur le ministre vous ne la connaissez que trop bien.
Alors que la guerre russo-ukrainienne persiste, les pays balkaniques traversent une grave crise dont personne ne semble pouvoir pronostiquer l'issue. C'est toute la frontière orientale de l'Union européenne qui doit retenir notre vigilance. L'Histoire, en effet, nous a montré combien des embrasements incontrôlables peuvent naître dans cette région située à moins de 2 000 kilomètres de Paris : celle-ci, par son instabilité politique, devient une proie facile pour des ingérences anti-européennes.
La France et l'Union européenne y ont des attaches fortes et anciennes, un rôle diplomatique à jouer et des intérêts à défendre. Pourtant, monsieur le ministre, on n'entend à ce propos ni la parole de l'une ni celle de l'autre.
Nous savons ce que l'Histoire peut engendrer dans les Balkans ; nous ne devons donc pas la laisser se répéter.
Voilà qui m'amène à ma question.
Monsieur le ministre, je sais que vous suivez l'évolution de la situation dans les Balkans : pouvez-vous nous dire quelle est à ce sujet la position exacte de la France ? Quelles actions diplomatiques envisagez-vous, en lien avec l'Union européenne, pour ne pas laisser cette région de l'Europe sombrer dans la crise ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et sur des travées des groupes UC et INDEP.)
Réponse du Ministère de l'Europe et des affaires étrangères publiée le 03/04/2025
Réponse apportée en séance publique le 02/04/2025
M. le président. La parole est à M. le ministre de l'Europe et des affaires étrangères.
M. Jean-Noël Barrot, ministre de l'Europe et des affaires étrangères. Madame la sénatrice Marta de Cidrac, je vous remercie de rappeler que les Balkans occidentaux se situent à 2 000 kilomètres du territoire national et qu'il y a trente ans jour pour jour la guerre faisait rage dans cette région, au coeur de l'Europe.
Vous l'avez dit, en Serbie, les autorités font face à une contestation populaire sans équivalent dans l'histoire récente. Après des mois de négociation entre les autorités, d'une part, et les manifestants et leurs représentants, d'autre part, le président de la République de Serbie, M. Aleksandar Vucic, a annoncé qu'un nouveau gouvernement serait formé dans quelques semaines, ce qui est un premier jalon vers l'apaisement. Le Président de la République s'est entretenu samedi dernier avec M. Vucic, l'encourageant à avancer sur cette voie.
En Bosnie-Herzégovine, à la suite du verdict prononcé à son encontre, le président de la Republika Srpska, Milorad Dodik, multiplie les initiatives et les mesures sécessionnistes, que nous avons toutes fortement dénoncées. Nous avons donné notre accord pour un renforcement de l'opération Eufor Althea, mission conduite par la force de l'Union européenne (Eufor), soutenue par l'Otan et placée sous commandement français c'est le général Cottereau qui la commande.
Une force de réserve intermédiaire sera prête à intervenir en cas de dégradation de la situation sécuritaire. Elle a été déployée le 16 mars dernier, 400 personnels supplémentaires étant mobilisés dans ce cadre. Le ministre délégué Benjamin Haddad se rendra demain à Sarajevo afin de poursuivre les échanges avec les autorités centrales et de rencontrer les représentants des partis d'opposition de Republika Srpska.
Si l'on élargit la focale, on observe qu'au Monténégro et en Albanie des progrès substantiels sont réalisés en vue de l'adhésion à l'Union européenne. Ces progrès, nous voulons les encourager via le plan de croissance pour les Balkans occidentaux, dont ces deux pays seront les premiers bénéficiaires.
J'ajoute que le 16 mai prochain se tiendra à Tirana, en Albanie, le sommet de la Communauté politique européenne. Ce sera l'occasion pour le Président de la République d'échanger avec l'ensemble des chefs d'État et de gouvernement des pays concernés.
Pour conclure, madame la sénatrice, je salue votre rôle de présidente du groupe interparlementaire d'amitié France-Balkans occidentaux. Pour retrouver le chemin de l'apaisement dans cette région, la diplomatie parlementaire a tout son rôle à jouer. (Mme Laure Darcos applaudit.)
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