Question de M. BOYER Jean-Marc (Puy-de-Dôme - Les Républicains) publiée le 03/04/2025
Question posée en séance publique le 02/04/2025
M. le président. La parole est à M. Jean-Marc Boyer, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
M. Jean-Marc Boyer. Ma question s'adresse à M. le ministre auprès du ministre de l'aménagement du territoire et de la décentralisation, chargé des transports.
« Clermont-Ferrand, c'est le tiers-monde en matière de transport ferroviaire » (Exclamations.) : ce propos est non pas le mien, mais celui de Florent Menegaux, président du groupe Michelin, devant la commission des affaires économiques du Sénat. Alors que cette entreprise emploie 132 000 personnes en Auvergne, en France et dans le monde entier, son président déclarait qu'une aussi mauvaise desserte aérienne et ferroviaire était « un frein au développement et à l'attractivité de Michelin ».
Je vous sais, monsieur le ministre, à l'écoute des parlementaires, des usagers et des acteurs économiques. Vous vous êtes engagé à faire des annonces concrètes lors de votre déplacement en Auvergne le 11 avril prochain. Toutefois, je sais aussi que le budget des transports vient de subir une coupe claire de plusieurs millions d'euros.
Les 4 millions d'habitants des onze départements du Massif central sont isolés. Sur une carte de France isochrone, Clermont-Ferrand, seule métropole française non desservie par le TGV, est relégué au même rang que la Côte d'Azur, à trois heures quinze de Paris !
Alors que, pour la quatrième année consécutive, la SNCF présente d'excellents résultats financiers, nous serons très vigilants concernant les décisions de la conférence de financement des infrastructures, qui réunira en mai prochain l'État, la région et l'entreprise. En effet, nous n'avons aucune perspective pour l'après-2028, après les investissements engagés depuis huit ans maintenant. Aucune étude n'est prévue pour un éventuel TGV. Nous ne disposons d'aucune vision sur le maillage des petites lignes d'aménagement du territoire aériennes, alors qu'Air France se désengage totalement.
M. Albéric de Montgolfier. La faute à la taxe sur le transport aérien !
M. Jean-Marc Boyer. Face à ce constat désastreux en matière de mobilité, les gueux des volcans d'Auvergne attendent une forte volonté politique de désenclavement et d'aménagement du territoire.
Monsieur le ministre, comment comptez-vous faire fonctionner normalement la ligne Paris-Clermont-Ferrand, malgré la baisse du budget de l'Agence de financement des infrastructures de transport de France (Afit France) de 750 millions d'euros en 2025, afin que l'Auvergne ne reste pas le tiers-monde en matière de transport ? (Bravo ! et applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et sur des travées du groupe UC. M. Rachid Temal applaudit également.)
Réponse du Ministère auprès du ministre de l'aménagement du territoire et de la décentralisation, chargé des transports publiée le 03/04/2025
Réponse apportée en séance publique le 02/04/2025
M. le président. La parole est à M. le ministre chargé des transports.
M. Philippe Tabarot, ministre auprès du ministre de l'aménagement du territoire et de la décentralisation, chargé des transports. Cher sénateur Boyer, malgré les efforts d'investissement et opérationnels, la ligne de desserte Paris-Clermont-Ferrand, qui fait partie du réseau des trains d'équilibre du territoire (TET), connaît encore des difficultés. Celles-ci résultent, comme vous le savez, de sous-investissements chroniques ces dernières décennies dans le réseau ferroviaire et d'un important retard de livraison des nouvelles rames par le constructeur.
Pour y remédier, l'État a engagé des moyens importants : plus de 365 millions d'euros ont été investis dans les nouvelles rames et près de 900 millions d'euros dans la régénération et la modernisation du réseau.
Monsieur le sénateur, ce chantier ferroviaire est pour l'année 2025, avec celui de la ligne Paris-Orléans-Limoges-Toulouse (Polt), le plus gros de France. (Ah ! sur les travées du groupe Les Républicains.)
Sans attendre la fin des travaux et la livraison des rames Oxygène en 2027, un plan de mesures d'urgence a été décidé en janvier 2024. Malgré tout, la qualité de service n'est pas encore satisfaisante. D'importants retards se produisent, dont celui du 2 janvier dernier.
Le Premier ministre et moi avons fait de la qualité de service le fil rouge de notre action. C'est pourquoi cela ne vous aura pas échappé, monsieur le sénateur, car vous l'avez rappelé j'ai fait de ce dossier l'une de mes priorités. J'ai eu l'occasion de vous rencontrer deux fois sur ce sujet dans le cadre d'un groupe de travail transpartisan réunissant l'ensemble des élus concernés par le tracé et animé par la députée Christine Pirès Beaune, dont je salue le travail et les propositions.
Jean-Pierre Farandou et moi nous rendrons à Clermont-Ferrand dès la semaine prochaine j'emprunterai évidemment cette ligne ! afin d'y tenir un comité de suivi des dessertes ferroviaires et d'évoquer à l'intention des différentes parties prenantes, notamment des usagers, des propositions et des mesures concrètes de court, de moyen et de long terme. Surtout, monsieur le sénateur Boyer, j'espère vous redonner enfin l'envie de prendre le train ! (Exclamations amusées et applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
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