Question de M. CIGOLOTTI Olivier (Haute-Loire - UC) publiée le 03/04/2025

Question posée en séance publique le 02/04/2025

M. le président. La parole est à M. Olivier Cigolotti, pour le groupe Union Centriste. (Applaudissements sur les travées du groupe UC.)

M. Olivier Cigolotti. Monsieur le président, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, ma question s'adresse à M. le ministre de l'Europe et des affaires étrangères.

Monsieur le ministre, allons-nous laisser le Danemark perdre le Groenland sans rien faire ? Allons-nous le laisser seul face aux pressions américaines ?

Alors que le roi du Danemark est encore en visite officielle en France, les menaces pesant sur ce vaste territoire autonome sous souveraineté danoise sont plus fortes que jamais : le week-end dernier, Donald Trump n'a pas exclu de recourir à la force pour l'annexer !

Certes, le quarante-septième président américain nous a habitués à faire des déclarations à l'emporte-pièce puis à les oublier, mais il nous a aussi appris que, sous « Trump 2.0 », tout devenait possible ou, à tout le moins, envisageable. La géopolitique est devenue un sous-genre de science-fiction...

Que ferait l'Europe si les États-Unis s'emparaient du Groenland ? Rien, évidemment ! Heureusement, ce scénario demeure hautement improbable.

En revanche, il est clair que le Groenland est à la croisée des chemins. Dans le monde du dérèglement climatique, le Groenland  un espace grand comme quatre fois la France  devient stratégique, en raison à la fois de sa situation géographique, mais également de ses ressources. Cela n'a pas échappé à la logique de prédation à l'oeuvre à la Maison-Blanche.

Or ce territoire stratégique est un territoire européen ; cela fait deux cents ans qu'il est placé sous souveraineté danoise. C'est aussi un territoire autonome, dont le destin ne dépend que de ses habitants. D'ailleurs, ces habitants affirment massivement et courageusement, par la voix de leurs gouvernants, ne pas vouloir devenir américains. Toutefois, nous devons aussi leur donner envie de rester européens.

Monsieur le ministre, la France compte-t-elle jouer un rôle actif pour que l'Europe soutienne le Danemark et le Groenland dans cette crise éminemment symptomatique du XXIe siècle ? Dans l'affirmative, quelle forme prendrait ce soutien ? (Applaudissements sur les travées des groupes UC, SER, CRCE-K, RDPI et sur des travées du groupe Les Républicains.)


Réponse du Ministère de l'Europe et des affaires étrangères publiée le 03/04/2025

Réponse apportée en séance publique le 02/04/2025

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'Europe et des affaires étrangères.

M. Jean-Noël Barrot, ministre de l'Europe et des affaires étrangères. Monsieur le sénateur Olivier Cigolotti, vous m'interrogez sur le Groenland, alors que nous recevons dans notre pays, en ce moment même, Sa Majesté Frederik X de Danemark. Nous l'avons accueilli avec tous les honneurs qui lui sont dus, d'abord à la table du président du Sénat (Ah ! sur les travées des groupes UC et Les Républicains.), puis lors d'un dîner d'État donné  je le précise à votre attention, monsieur le sénateur de Haute-Loire, qui êtes élu du canton des Boutières , par le chef étoilé Régis Marcon, Bocuse d'or, et par son fils Paul Marcon, lui aussi Bocuse d'or.

M. Jean-Baptiste Lemoyne. Excellent !

M. Jean-Noël Barrot, ministre. Cette visite a été pour nous l'occasion de témoigner de notre attachement à ce pays allié, membre de l'Union européenne et de l'Otan.

Je le dis, les frontières de l'Europe ne sont pas négociables, non plus que l'intégrité territoriale des pays de l'Otan, et rien ne justifie les pressions exercées par les États-Unis sur le Danemark : elles sont injustifiables et injustifiées.

C'est d'autant plus vrai pour ce qui a trait à la sécurité que les États-Unis, on l'oublie souvent, ont eu jusqu'à dix-sept bases militaires au Groenland ; ils n'en ont plus qu'une seule à ce jour, mais rien ne les empêche, dans le cadre d'un dialogue avec les autorités danoises, de relever leur niveau d'engagement au Groenland.

Par ailleurs, contrairement à tout ce que l'on peut lire ou entendre, il n'y a pas d'investissement chinois particulier au Danemark aujourd'hui. Enfin, le Danemark a été exemplaire en annonçant le rehaussement de ses efforts militaires dans la région.

En tout état de cause, mon homologue danois et moi avons signé hier un partenariat stratégique, par lequel nous réaffirmons notre attachement à l'intégrité territoriale et à la souveraineté du Danemark. Grâce à cet accord, nous allons pouvoir renforcer notre relation, notamment dans le domaine de la défense. (Applaudissements sur des travées des groupes RDPI, INDEP et UC.)

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