Question de M. BENARROCHE Guy (Bouches-du-Rhône - GEST) publiée le 27/03/2025

M. Guy Benarroche appelle l'attention de Mme la ministre d'État, ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche sur le projet de construction d'un centre national de primatologie sur le site actuel de la station de primatologie du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), situé sur la commune de Rousset (non loin de Marseille).

Selon l'appel d'offre de marché public publié en juin 2024, la durée du projet est estimée à 58 mois pour un coût supérieur à 30 millions d'euros hors taxes. L'objectif annoncé par les porteurs du projet est d'atteindre « à terme » un effectif de 1 740 primates non humains, afin de satisfaire 40 % de la demande de la recherche académique.

Par ailleurs, il apparaît que ce projet a été sélectionné dans le cadre de France 2030. Il est difficile de comprendre en quoi un tel projet préparerait « la France de demain », à moins de considérer que les primates non humains, animaux dotés de grandes capacités émotionnelles et intellectuelles, ne seraient que des « ressources stratégiques ». Le fait que le prix d'achat des macaques ait considérablement augmenté après l'arrêt des exportations de la Chine en 2020 ne saurait constituer une justification suffisante, sauf à adopter une vision court-termiste qui ne tiendrait pas compte de l'évolution des méthodes de recherche.

L'octroi d'un tel montant - sur fonds publics - pour la construction d'un gigantesque centre d'élevage de primates, en période de forte restriction budgétaire tant pour la recherche que pour l'enseignement supérieur, nous semble totalement non pertinent. S'il reconnaît la nécessité d'investir pour la recherche de demain, n'aurait-il pas été plus judicieux de soutenir davantage des méthodes innovantes, non-animales (organes sur puce, organoïdes, jumeaux numériques, etc.) qui représentent de réelles voies d'avenir ?

Selon la revue « Business Research Company » (avril 2024), le marché mondial des tests sur les animaux était évalué à 10,7 milliards de dollars en 2019, et le taux de croissance annuel composé devrait être de 1,03 % entre 2023 et 2028. Quant au marché mondial des méthodes alternatives sans animaux, il était évalué à 1,1 milliard de dollars en 2019, avec une prévision de taux de croissance annuel composé de 6,34 % pour la période 2023-2028, et une forte hausse attendue après 2026, notamment grâce à l'application de plus en plus rigoureuse du principe des 3R (Remplacement, Réduction, Raffinement).

Les effectifs attendus dans le centre national de primatologie de Rousset dans 8 ou 10 ans - 1 740 individus - sont également sujets à interrogation. En 2022, la France a utilisé 563 primates à des fins de recherche fondamentale et appliquée. L'objectif de 40 % (fixé par le CNRS) serait donc largement atteint avec une « production » de 225 primates par an. D'autant plus qu'en vertu de la réglementation et au regard des possibilités offertes par les méthodes non-animales, une réduction notable devrait se produire dans les prochaines années.
Il lui demande donc en quoi ce projet répond aux critères de sélection dans le cadre du plan d'investissement France 2030 et pourquoi il serait nécessaire que le centre accueille « à terme » 1 740 primates. Il lui demande également si le ministère envisage un accroissement du nombre de primates utilisés pour la recherche académique dans les années à venir, alors que la France est déjà le plus grand « consommateur » de l'Union européenne (quatre fois plus que l'Allemagne), ce qui irait à l'encontre des dispositions de la directive européenne 2010/63/UE.

- page 1335

Transmise au Ministère auprès de la ministre d'État, ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche, chargé de l'enseignement supérieur et de la recherche


En attente de réponse du Ministère auprès de la ministre d'État, ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche, chargé de l'enseignement supérieur et de la recherche .

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