Question de Mme CONCONNE Catherine (Martinique - SER) publiée le 27/03/2025
Question posée en séance publique le 26/03/2025
M. le président. La parole est à Mme Catherine Conconne, pour le groupe Socialiste, Écologiste et Républicain. (Applaudissements sur les travées du groupe SER.)
Mme Catherine Conconne. Nous faisons face à une submersion massive : voilà l'une des conclusions de l'excellent rapport de la commission d'enquête sur l'impact du narcotrafic en France et les mesures à prendre pour y remédier, conduite par nos collègues Jérôme Durain et Étienne Blanc.
Certes, des mesures massives sont annoncées pour traquer plus efficacement ceux qui profitent outrageusement de ce commerce lucratif.
Mardi 18 mars dernier, dans le cadre de son voyage en Martinique, le ministre des outre-mer Manuel Valls a rappelé la position extrêmement préoccupante de nos territoires face au narcotrafic, parlant de « risque existentiel et d'effondrement de la Martinique face à la [...] violence que porte le narcotrafic ». Il a assuré que « l'État ne laissera pas tomber la Martinique ».
Aujourd'hui, monsieur le ministre, la consommation de drogues cause des dégâts croissants dans notre société, avec son lot de souffrances pour des familles en détresse.
J'habite un territoire concerné par des saisies records de produits, qui voit aussi monter les effets d'une consommation préoccupante.
Les professionnels de la santé mentale, qui écopent à la main les effets dramatiques de cette submersion, sont dépassés. Même la Cour des comptes s'est récemment saisie du sujet et a formellement regretté que « la réponse sanitaire et médico-sociale se révèle insuffisante par manque de volontarisme et par défaut de ciblage des jeunes ». Près de la moitié des jeunes de 18 à 24 ans reconnaissent pourtant avoir consommé du cannabis.
Dès lors, que va faire le Gouvernement dans les délais les plus brefs pour être, enfin, réellement à la hauteur de la situation ? (Applaudissements sur les travées du groupe SER.)
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Réponse du Ministère auprès de la ministre du travail, de la santé, de la solidarité et des familles, chargé de la santé et de l'accès aux soins publiée le 27/03/2025
Réponse apportée en séance publique le 26/03/2025
M. le président. La parole est à M. le ministre chargé de la santé et de l'accès aux soins.
M. Yannick Neuder, ministre auprès de la ministre du travail, de la santé, de la solidarité et des familles, chargé de la santé et de l'accès aux soins. Madame la sénatrice Conconne, je vous remercie de poser cette question sur la situation dramatique liée à la consommation de drogue en France, plus particulièrement outre-mer.
En effet, les chiffres sont effroyables : 100 000 décès par an dus à la drogue, 60 000 étant liés à des cancers, notamment chez les jeunes. Et il ne faut pas oublier les conséquences de la consommation de drogue sur les fonctions supérieures.
On peut aussi ajouter, en métropole, mais aussi dans vos territoires, l'impact important de l'alcool et du tabac, car tout est lié. Je recevais d'ailleurs ce matin la Société française d'alcoologie.
Dans le cadre du plan Santé mentale, grande cause nationale 2025 pour le Premier ministre et son gouvernement, des mesures de tous types ont été prises.
Le ministre de l'intérieur a ainsi annoncé des mesures visant une tolérance zéro à l'égard du narcotrafic - vous l'avez soutenu et avez largement débattu ici même du sujet, mesdames, messieurs les sénateurs.
S'ajoutent à cela des mesures relatives à la prise en charge non seulement médicale, mais également psychologique. Surtout, des campagnes importantes seront menées, notamment en lien avec la Fédération française d'addictologie, dont le président est Amine Benyamina, que vous connaissez certainement, un éminent spécialiste de la question. Nous travaillons à lancer dans les meilleurs délais des campagnes de prévention à destination en particulier des jeunes, mais aussi des femmes enceintes.
Si la répression envers les narcotrafiquants est importante et nécessaire et passe par des dispositifs pénaux, car il faut une tolérance zéro, n'oublions pas que de nombreux consommateurs sont des patients qui ont besoin d'une prise en charge tant médicale que psychologique. Les deux axes doivent être combinés pour que l'action du Gouvernement soit complète. (Mme Marie-Claire Carrère-Gée applaudit.)
M. le président. La parole est à Mme Catherine Conconne, pour la réplique.
Mme Catherine Conconne. Monsieur le ministre, j'entends votre propos sur les mesures nécessaires, mais quand seront-elles prises ?
En effet, on en parle depuis très longtemps, mais, aujourd'hui, la prévention face aux addictions se limite à une petite journée par-ci, une affiche 4x3 par-là, un spot radio... Or nous sommes face à une humanité qui est en train de s'effondrer à cause de la drogue !
Il faut aujourd'hui des mesures extrêmement déterminées. (Applaudissements sur les travées du groupe SER, ainsi que sur des travées des groupes RDSE et UC.)
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