Question de Mme DURANTON Nicole (Eure - RDPI) publiée le 27/03/2025

Question posée en séance publique le 26/03/2025

M. le président. La parole est à Mme Nicole Duranton, pour le groupe Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

Mme Nicole Duranton. Monsieur le président, monsieur le Premier ministre, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, « celui qui gagne Istanbul gagne la Turquie » : ces mots prononcés par le président Erdogan voilà quelques années résonnent particulièrement aujourd'hui devant la dernière dérive autoritaire de celui qui a été maire d'Istanbul, avant que son parti, l'AKP (Parti de la justice et du développement), ne perde la ville en 2019. Quand on perd Istanbul, perd-on la Turquie ?

L'arrestation mercredi dernier puis l'incarcération arbitraire de son principal rival, le très populaire maire d'Istanbul depuis 2019, investi par son parti, le CHP (Parti républicain du peuple), comme candidat à la prochaine élection présidentielle, est un point de bascule dans l'affaiblissement de la démocratie en Turquie, un pays qui - je le rappelle - est membre de l'Otan, du Conseil de l'Europe et candidat officiel à l'adhésion à l'Union européenne.

Fort du poids croissant acquis par son pays dans l'équilibre sécuritaire régional, le président Erdogan est pourtant confronté à une double pression interne : une usure du pouvoir et une montée en puissance de son opposition, qui détient les principales villes de Turquie.

Les dérives totalitaires du pouvoir en place conduisent à la révolte des Turcs, qui descendent par dizaines de milliers dans les rues, témoignant d'une mobilisation citoyenne en faveur de la démocratie et de l'État de droit.

Ce soulèvement fait écho à la situation d'autres pays d'Europe centrale et orientale, comme la Hongrie, la Serbie, la Géorgie et la Slovaquie. La résistance des peuples témoigne du réveil profond des démocrates, qui crient haut et fort que l'autoritarisme et le nationalisme conduisent non pas à la prospérité, mais à la remise en cause des droits et des libertés de tous.

Monsieur le ministre, quelles actions concrètes envisagent de prendre la France et l'Union européenne pour soutenir le peuple turc dans la défense de ses droits ? Envisagez-vous d'engager un dialogue constructif tant sur les questions internes que sur les relations bilatérales, souvent complexes entre nos deux pays ? (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI. - MM. Grégory Blanc, Jean-Marc Vayssouze-Faure et Ian Brossat applaudissent également.)

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Réponse du Ministère délégué auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères, chargé de l'Europe publiée le 27/03/2025

Réponse apportée en séance publique le 26/03/2025

M. le président. La parole est à M. le ministre délégué chargé de l'Europe.

M. Benjamin Haddad, ministre délégué auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères, chargé de l'Europe. Madame la sénatrice Nicole Duranton, dès le 19 mars, vous le savez, la France a exprimé sa vive préoccupation après l'arrestation, puis l'incarcération du maire de la métropole d'Istanbul, M. Imamoglu, et d'une centaine d'autres personnalités, dont deux maires de district de cette ville.

Les manifestations qui ont suivi dans toute la Turquie démontrent bien la gravité de la situation. Disons-le clairement, le respect des droits de l'opposition, de la liberté de manifester et de la liberté d'expression est une des pierres angulaires de l'État de droit. Comme nous l'avons rappelé, en tant que membre du Conseil de l'Europe, la Turquie a souscrit de façon libre à ces engagements en matière de protection de l'État de droit et le respect de ces engagements aura naturellement une incidence sur la suite de notre relation bilatérale, mais également sur ses relations avec l'Union européenne.

J'ajoute que nous avons fait passer des consignes de prudence à nos ressortissants sur place et que nous continuons à suivre la situation avec attention.

Bien évidemment, dans le contexte du sommet de la coalition des volontaires, qui aura lieu demain à Paris, nous travaillons avec tous les soutiens de l'Ukraine, y compris la Turquie, à trouver les conditions d'une paix durable et juste et des garanties de sécurité pérennes pour l'Ukraine. (M. François Patriat applaudit.)

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