Question de M. HUGONET Jean-Raymond (Essonne - Les Républicains-A) publiée le 27/03/2025
Question posée en séance publique le 26/03/2025
M. le président. La parole est à M. Jean-Raymond Hugonet, pour le groupe Les Républicains. (Vifs applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
M. Jean-Raymond Hugonet. Ma question s'adresse à Monsieur le Premier ministre.
Voilà quarante-huit heures, à Yerres, en Essonne, département que j'ai l'honneur de représenter dans cet hémicycle avec quatre autres de mes collègues, une fois encore, une fois de trop, un adolescent de 17 ans a perdu la vie après avoir été poignardé dans un contexte de rixe entre quartiers.
Ce gigantesque gâchis nous plonge tous dans l'effroi et nos pensées vont bien évidemment aux familles et aux proches bouleversés par ce drame. Aujourd'hui, 90 % des rixes ont lieu en région parisienne et, comme le précisait Mme la préfète de l'Essonne, Frédérique Camilleri, un quart des rixes recensées en France ont lieu dans ce département.
Pourtant, sur le terrain, l'ensemble des acteurs travaillent d'arrache-pied pour tenter d'éradiquer ce qui est devenu un véritable fléau. Élus, services de l'État, polices nationale et municipale, gendarmerie, éducateurs, chercheurs, associations : tout le monde travaille dans la même direction.
Cependant, l'ultraviolence juvénile n'est pas le fruit du hasard. Partout, l'autorité est régulièrement bafouée. L'anomie s'est installée et le profil des jeunes impliqués dans les rixes est principalement marqué par l'échec scolaire dès l'école primaire.
En raison de l'instabilité politique, nous voyons se succéder au banc du Gouvernement un nombre impressionnant de ministres, dont je ne remets bien évidemment pas en cause la volonté. Pour autant, rien ne change vraiment.
Monsieur le Premier ministre, pouvez-vous nous livrer votre analyse de cet échec collectif ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
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Réponse du Ministère auprès du ministre d'État, ministre de l'intérieur publiée le 27/03/2025
Réponse apportée en séance publique le 26/03/2025
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. François-Noël Buffet, ministre auprès du ministre d'État, ministre de l'intérieur. Monsieur le sénateur Hugonet, je tiens d'abord à faire part à la Haute Assemblée de ma profonde tristesse à la suite des événements qui se sont déroulés à Yerres voilà quelques jours, plus exactement il y a 48 heures.
En effet, les violences en bande ont augmenté dans notre pays et le département de l'Essonne compte à lui seul 25 % des événements de cette nature.
Je ne reviendrai pas sur les circonstances du drame en détail, mais je veux vous indiquer que les policiers ont interpellé six individus issus des deux quartiers impliqués, dont bien évidemment l'auteur présumé. Tous étaient défavorablement connus de nos services.
En 2024, quelque 338 rixes ont été recensées. À ce phénomène s'ajoute celui des armes blanches, dont on parle malheureusement trop aujourd'hui, et qui sont présentes dans trois quarts des situations. Celles-ci circulent aux abords des établissements scolaires, et même à l'intérieur, ce qui présente des risques très graves que chacun imagine bien. Cinq personnes sont décédées en 2024, contre deux l'année précédente.
Je veux vous indiquer que, dès hier, la préfète de votre département a réuni les élus locaux et les maires, en présence du procureur de la République, afin de renforcer la prévention. La CRS 8 a également été déployée à Yerres dès hier soir.
Au-delà de ce constat sur les faits, l'enjeu est de mieux prévenir. Aussi, des actions vont être conduites, conjointement avec l'éducation nationale, dans et aux abords des établissements scolaires. J'étais la semaine dernière à Cernay, près de Mulhouse, où le maire a engagé une démarche de cette nature qui est tout à fait remarquable.
Nous devons ensuite plus fortement sanctionner. Votre Haute Assemblée débat actuellement de la proposition de loi visant à restaurer l'autorité de la justice à l'égard des mineurs délinquants et de leurs parents de M. Gabriel Attal, qui vise à apporter des réponses plus fortes face à la délinquance des mineurs.
Enfin, nous avons engagé voilà quelques jours, à peine une semaine, la révision de la stratégie nationale de prévention de la délinquance, qui sera l'occasion de reprendre un certain nombre d'orientations, en particulier sur la responsabilité parentale. Telle est, monsieur le sénateur, la réponse que le Gouvernement peut vous apporter.
M. le président. La parole est à M. Jean-Raymond Hugonet, pour la réplique.
M. Jean-Raymond Hugonet. Je vous remercie, monsieur le ministre, de vous être fait le porte-voix de M. le Premier ministre. (Sourires.)
Bien sûr, nous allons légiférer, encore faut-il que le Conseil constitutionnel ne détricote pas ce que nous allons voter collectivement ici... (Bravo ! et applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. - M. Joshua Hochart applaudit également. - Vives protestations sur les travées des groupes SER, CRCE-K et GEST.)
Plusieurs sénateurs du groupe SER. C'est une honte !
M. Jean-Raymond Hugonet. Parallèlement, et de façon très claire et pragmatique, puisque le mot est à la mode, n'est-il pas possible de prendre des circulaires et d'adresser des instructions aux parquets sur le port de couteaux ? Cela nous semble absolument nécessaire. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
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