Question de M. LEVI Pierre-Antoine (Tarn-et-Garonne - UC) publiée le 27/03/2025

Question posée en séance publique le 26/03/2025

M. le président. La parole est à M. Pierre-Antoine Levi, pour le groupe Union Centriste. (Applaudissements sur les travées du groupe UC.)

M. Pierre-Antoine Levi. Monsieur le président, monsieur le Premier ministre, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, ma question s'adressait à M. le ministre d'État, ministre de l'intérieur, qui est chargé des cultes.

Le 22 mars dernier, le grand rabbin d'Orléans, Arié Engelberg, a été agressé en pleine rue devant son fils de 9 ans. Son seul tort : être de confession juive.

Cette agression survient à l'approche des fêtes de Pessah, plongeant la communauté juive dans une inquiétude légitime quant à sa sécurité. Ces actes s'inscrivent dans le cadre d'une montée alarmante de l'antisémitisme en France, avec 1 570 actes recensés en 2024, représentant 62 % des crimes de haine religieuse dans notre pays.

Plus préoccupant encore, comme nous l'avions déjà noté avec Bernard Fialaire dans notre rapport d'information sur l'antisémitisme dans l'enseignement supérieur, on constate la banalisation d'un antisémitisme d'atmosphère, nourri par certains discours politiques irresponsables.

Je pense notamment aux déclarations de membres de La France insoumise depuis les attentats du 7 octobre 2023. Malgré leurs nombreux dérapages, ils poursuivent leur travail de sape et de distillation de cet antisémitisme d'atmosphère purement insupportable. En témoigne l'organisation de cette prétendue marche contre le racisme de samedi dernier, transformée en marche pour l'antisémitisme. Quelle honte !

Attaquer quelqu'un en raison de sa religion, réelle ou supposée, est déjà odieux, mais s'en prendre à un homme de foi, c'est attaquer un symbole. Ce sont les valeurs mêmes de la République qui sont atteintes. Ce qui est en jeu, c'est la liberté fondamentale de pratiquer sa religion en toute sécurité sur le sol français.

Face à cette situation profondément alarmante, nous ne pouvons rester silencieux. La sécurité de nos concitoyens de confession juive doit être une priorité absolue, particulièrement à l'approche des fêtes religieuses.

Madame la ministre, je connais votre engagement dans la lutte contre ce fléau qu'est l'antisémitisme. Pourriez-vous nous indiquer les mesures spécifiques que vous entendez mettre en oeuvre pour garantir la sécurité des lieux de culte à l'approche des fêtes religieuses ? Quels moyens supplémentaires prévoyez-vous pour combattre cet antisémitisme qui gangrène notre société ? (Applaudissements sur les travées du groupe UC et sur des travées des groupes Les Républicains et SER.)

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Réponse du Ministère délégué auprès du Premier ministre, chargé de l'égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations publiée le 27/03/2025

Réponse apportée en séance publique le 26/03/2025

M. le président. La parole est à Mme la ministre déléguée chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations.

Mme Aurore Bergé, ministre déléguée auprès du Premier ministre, chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations. Monsieur le sénateur Pierre-Antoine Levi, l'événement qui a eu lieu à Orléans a choqué tous les Français, et heureusement, dirai-je. C'est un homme de foi qui a été attaqué ; c'est aussi un père qui a été agressé lâchement devant son propre fils de 9 ans.

L'auteur des faits est très jeune, et c'est peut-être ce qui devrait nous frapper le plus : aujourd'hui, les victimes sont de plus en plus jeunes, mais les auteurs d'actes antisémites le sont aussi.

Nous devons apporter une réponse collective pour lutter contre ce que vous appelez l'antisémitisme d'atmosphère. Comme s'il y avait un antisémitisme qui pouvait être acceptable, convenable pour la société ; comme si l'on pouvait reprendre l'iconographie des années 1930 pour en faire des affiches appelant à la mobilisation ; comme si l'on pouvait manifester pour des causes qui devraient nous rassembler, à savoir la lutte contre le racisme, mais en véhiculant d'autres formes de haine, en marchant main dans la main avec une personne fichée S pour des faits extrêmement graves ou avec quelqu'un qui a été condamné pour avoir attenté à la vie d'un rabbin, par exemple. C'est cela l'antisémitisme d'atmosphère qui prolifère dans notre pays.

Face à ce risque, nous ne devons pas tomber dans le piège de l'indifférence. Le Sénat a agi avec cette mission d'information que vous avez menée avec Bernard Fialaire, que je salue, laquelle a abouti au vote d'une proposition de loi relative à la lutte contre l'antisémitisme dans l'enseignement supérieur, qui sera également examinée par l'Assemblée nationale.

À cette occasion, le Gouvernement souhaite d'ailleurs y intégrer les recommandations des Assises de lutte contre l'antisémitisme, que j'ai relancées, de manière à agir sur deux plans : l'éducation, avec la formation des enseignants sur la transmission de la mémoire en luttant dès le plus jeune âge contre la désinformation et le complotisme, terreau de l'antisémitisme ; la sanction, avec la bonne caractérisation de l'antisémitisme.

Je sais qu'ici, au Sénat, vous êtes toutes et tous rassemblés dans ce combat universel, et je vous en remercie. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI, ainsi que sur des travées des groupes RDSE, UC et Les Républicains.)

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