Question de M. PACCAUD Olivier (Oise - Les Républicains-A) publiée le 20/03/2025

Question posée en séance publique le 19/03/2025

M. le président. La parole est à M. Olivier Paccaud, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Olivier Paccaud. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'intérieur. (Ah ! sur les travées du groupe SER.)

M. Yannick Jadot. On n'est pas au congrès des Républicains !

M. Olivier Paccaud. Pour nous tous, ici, la liberté d'expression est sacrée, et même consacrée par l'article 11 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen. Mais, au nom de ce droit, on ne peut ni tout dire ni tout écrire. La République a ses garde-fous, ses anges gardiens législatifs.

Or, voilà quelques jours, un parti ayant pignon sur rue, pupitre à l'Assemblée nationale, micro ouvert dans tous les médias, a publié une affiche odieuse, directement inspirée de la propagande antisémite nazie, reprenant tous ses codes.

Monsieur le ministre, cette affiche émanant non pas d'un loup solitaire ou d'un déséquilibré, mais d'un parti organisé, braconnant aux confins du champ républicain et accumulant les provocations - vous venez d'ailleurs d'en être la victime, au détour d'une autre affiche -, allez-vous saisir la justice de ces faits inadmissibles qui tombent sous le coup de la loi ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains, ainsi que sur des travées des groupes UC et INDEP.)

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Réponse du Ministère de l'intérieur publiée le 20/03/2025

Réponse apportée en séance publique le 19/03/2025

M. le président. La parole est à M. le ministre d'État, ministre de l'intérieur.

M. Bruno Retailleau, ministre d'État, ministre de l'intérieur. Monsieur le sénateur Olivier Paccaud, j'ai vu cette affiche, comme beaucoup d'autres. Elle représentait deux animateurs - M. Cyril Hanouna et M. Pascal Praud.

Cette affiche avait clairement des relents antisémites. Elle a été très vite retirée, certes ; mais qui s'est excusé ? J'ai bien entendu quelques voix ; mais dans ce parti qui, comme vous l'avez souligné, est représenté à l'Assemblée nationale, qui s'est excusé ?

L'antisémitisme a muté et il revient en force. Hier, il était le fait de l'extrême droite. C'est encore le cas aujourd'hui, sans doute, mais de manière résiduelle. (Vives protestations sur les travées des groupes CRCE-K, SER et GEST.)

Mme Émilienne Poumirol. Il ne faut pas exagérer !

M. Bruno Retailleau, ministre d'État. Désormais, il présente un double visage : celui de l'islamisme politique et celui d'une extrême gauche sectaire, qui utilise l'antisionisme pour attiser la haine raciste,...

M. Roger Karoutchi. Oui !

M. Max Brisson. Très bien !

M. Bruno Retailleau, ministre d'État. ... la haine antisémite, en instrumentalisant souvent la cause palestinienne à des fins électoralistes.

Je me souviens d'une très belle phrase prononcée par Jankélévitch, il y a quelques décennies de cela. Ce propos avait une portée prémonitoire. Jankélévitch déclarait : l'antisémitisme - pardon, l'antisionisme -...

Mme Silvana Silvani. Ce n'est pas la même chose !

M. Bruno Retailleau, ministre d'État. ... est « une incroyable aubaine, car il nous donne la permission d'être antisémite au nom de la démocratie ».

M. Bruno Sido. C'est ça !

M. Bruno Retailleau, ministre d'État. Aujourd'hui, nous y sommes.

Jamais je ne céderai face à l'antisémitisme.

M. Jacques Grosperrin. Très bien !

M. Bruno Retailleau, ministre d'État. Le même parti a déposé à l'Assemblée nationale une proposition de loi visant à abroger - rendez-vous bien compte - le délit d'apologie du terrorisme du code pénal.

Non, je ne céderai jamais. Chaque fois que cette ligne est dépassée, je le signale à l'autorité judiciaire. Une telle vigilance me paraît indispensable. Cette violence, ces outrances, qui cachent un véritable antisémitisme...

M. le président. Il faut conclure.

M. Bruno Retailleau, ministre d'État. ... ne sont pas qu'un poison. Ils représentent une trahison ; la trahison de l'idéal républicain et de ce qu'est, pour moi, la fraternité française - une fraternité civique...

M. le président. Monsieur le ministre d'État, il faut conclure !

M. Bruno Retailleau, ministre d'État. ... et certainement pas religieuse. (Bravo ! et applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains, ainsi que sur des travées des groupes UC et INDEP.)

M. le président. La parole est à M. Olivier Paccaud, pour la réplique.

M. Olivier Paccaud. Merci, monsieur le ministre d'État.

L'antisémitisme, qui est encore plus ancien que la Bible, a toutes les couleurs de l'arc-en-ciel de la haine, le vert de l'islamisme, le brun du fascisme et le rouge sang de LFI - la France indigne, ignoble, immonde, inculte ; de ce parti qui se dit antifasciste, mais qui incarne aujourd'hui le fascisme en France...

M. Akli Mellouli. Qui sont les fachos ?

M. Olivier Paccaud. ... en nourrissant la bête immonde de sa pitance méphitique. (Protestations sur les travées des groupes CRCE-K, SER et GEST.)

Chers collègues de gauche, je vous ai entendus : réveillez-vous, vous qui êtes républicains ! Brisez les chaînes de la soumission électorale qui vous lient à LFI. (Exclamations sur les mêmes travées.) Amis républicains, faisons fi de LFI ! (Vifs applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains, ainsi que sur des travées des groupes UC et INDEP.)

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