Question de Mme JACQUEMET Annick (Doubs - UC) publiée le 13/03/2025
Question posée en séance publique le 12/03/2025
M. le président. La parole est à Mme Annick Jacquemet, pour le groupe Union Centriste. (Applaudissements sur les travées du groupe UC.)
Mme Annick Jacquemet. Ma question s'adresse à M. le ministre chargé de la santé et de l'accès aux soins.
Monsieur le ministre, pour la première fois en France, une étude a porté sur l'incidence des cancers chez les adolescents et les jeunes adultes de 15 à 39 ans, dans dix-neuf départements. Les résultats de ces travaux, connus depuis le 3 mars dernier, ont révélé une hausse constante de l'incidence de plusieurs types de cancers entre 2000 et 2020. Sur cette période, les glioblastomes ont augmenté de 122 %, les carcinomes du rein de près de 90 % et les liposarcomes de 74 %. Bien que n'évoluant pas à la même vitesse, la tendance observée pour les carcinomes colorectaux, les cancers du sein et les lymphomes de Hodgkin n'en demeure pas moins préoccupante.
J'ajoute, comme le démontrent plusieurs études récentes, que la progression de certains cancers précoces n'est pas propre à notre pays. Selon un article paru dans le British Medical Journal Oncology en 2023, le nombre de nouveaux cas chez les moins de 50 ans est passé de 1,82 million en 1990 à 3,26 millions en 2019.
Face à cette situation alarmante, il semble indispensable de mieux comprendre les facteurs de risque et les dangers liés à certaines expositions, et d'y sensibiliser les jeunes adultes. Monsieur le ministre, quel rôle le Gouvernement entend-il jouer concrètement dans le soutien à la recherche médicale ? À l'aune des résultats de cette étude, prévoyez-vous d'affiner les stratégies de prévention et de faciliter l'accès précoce au dépistage, afin d'enrayer la dynamique à l'oeuvre dans cette tranche d'âge ? (Applaudissements sur les travées du groupe UC. Mme Émilienne Poumirol applaudit également.)
Réponse du Ministère auprès de la ministre du travail, de la santé, de la solidarité et des familles, chargé de la santé et de l'accès aux soins publiée le 13/03/2025
Réponse apportée en séance publique le 12/03/2025
M. le président. La parole est à M. le ministre chargé de la santé et de l'accès aux soins.
M. Yannick Neuder, ministre auprès de la ministre du travail, de la santé, de la solidarité et des familles, chargé de la santé et de l'accès aux soins. Madame la sénatrice Jacquemet, le nombre de cancers connaît en effet une augmentation, particulièrement chez les plus jeunes et nous avons du mal à bien en cerner les facteurs.
M. Yannick Jadot. Les pesticides !
M. Yannick Neuder, ministre. Le phénomène est probablement multifactoriel : substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées (PFAS), microparticules, etc. (Mme Mathilde Ollivier proteste.)
M. Yannick Jadot. Et les pesticides ! On peut dire le mot !
M. Yannick Neuder, ministre. Nous avons donc diligenté un projet national de recherche, qui sera financé à hauteur de 50 millions d'euros, en lien avec l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), afin de mieux comprendre les déterminismes de ces cancers. Nous sommes tout de même dans un pays scientifique, dans la patrie de Pasteur, et nous devons donc lutter tous ensemble, sur toutes les travées, contre l'obscurantisme afin d'expliquer ces phénomènes ; Mme Vautrin et moi-même sommes particulièrement mobilisés sur ces sujets.
En ce qui concerne les mesures concrètes, au-delà des protocoles de recherche, il convient également d'engager des mesures de prévention et la première d'entre elles, c'est la vaccination ! La France dispose d'outils qui permettent d'éradiquer le cancer, notamment celui qui est lié au papillomavirus et nous nous demandons s'il faut rendre cette vaccination obligatoire, notamment pour les 11-14 ans, car, on le sait, certains cancers touchant le jeune homme et la jeune femme, notamment le cancer du col de l'utérus, pourraient être éradiqués. En outre, il conviendrait de procéder à un rattrapage vaccinal sur d'autres sujets, notamment la méningite.
Ce phénomène pose également la question des autres facteurs, comme le tabagisme, l'alcool et la mauvaise nutrition, la « malbouffe ». Nous travaillons sur ce sujet avec Annie Genevard et l'industrie agroalimentaire (M. Bernard Jomier s'exclame.) ; nous avons ainsi obtenu que les boulangers diminuent la teneur en sel de leur pain.
En outre, j'ai saisi la Haute Autorité de santé pour savoir s'il était pertinent d'abaisser l'âge de dépistage, notamment du cancer du sein, comme certains pays européens l'ont fait, afin de dépister plus et mieux, sans pour autant risquer de trop dépister et d'enclencher des traitements qui ne seraient pas acceptables.
Enfin, le dernier aspect de notre stratégie réside dans le sport santé, que nous allons développer pour limiter tous ces cancers. (Applaudissements sur les travées des groupes RDPI et UC, et sur des travées du groupe Les Républicains.)
M. le président. La parole est à Mme Annick Jacquemet, pour la réplique.
Mme Annick Jacquemet. Les témoignages poignants des adolescents et des jeunes adultes concernés en attestent, ces maladies ont des répercussions d'autant plus importantes sur leur vie sociale, professionnelle et familiale qu'elles apparaissent à un stade précoce. N'attendons pas que la tendance s'accélère pour avoir une réaction d'ampleur, à la hauteur de la situation. J'ai cru comprendre que vous preniez la problématique à bras-le-corps, monsieur le ministre, et je vous en remercie. (Applaudissements sur les travées des groupes UC et INDEP. M. Mickaël Vallet applaudit également.)
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