Question de Mme BOYER Valérie (Bouches-du-Rhône - Les Républicains) publiée le 13/03/2025

Question posée en séance publique le 12/03/2025

M. le président. La parole est à Mme Valérie Boyer, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

Mme Valérie Boyer. Monsieur le ministre, dès 2011, au moment du Printemps arabe, un slogan aux relents génocidaires était poussé par les Frères musulmans en Syrie : « L'Alaouite au tombeau, le Chrétien à Beyrouth. »

Malheureusement, l'Histoire bégaie encore une fois, que ce soit pour les Chrétiens et Yézidis massacrés en Irak et en Syrie par Daesh, les Kurdes par la Turquie, les Juifs par le Hamas, les Arméniens d'Artsakh par l'Azerbaïdjan, les Européens par le totalitarisme islamique et les vagues d'attentats, et désormais, encore, les minorités en Syrie.

En effet, le massacre, ces derniers jours, de milliers de civils, d'hommes, de femmes, chrétiens et alaouites, par des islamistes de toutes origines, nous le démontre de nouveau.

Pourtant, lorsque ces derniers prirent le pouvoir en décembre dernier, leur chef Jolani prétendait que tous les Syriens étaient frères. Dès lors, la communauté internationale réunie sous l'égide du président Macron se précipitait pour soutenir la transition politique en Syrie.

En effet, Jolani, pour reprendre la formule de Gilles Kepel, « djihadiste relooké par les mediatrainers turco-qatari » (M. Yannick Jadot s'exclame.), n'était plus considéré comme un sanguinaire, mais comme un combattant de la liberté, puisqu'il portait une cravate et une barbe bien taillée.

Pourtant, ce loup islamiste déguisé en agneau démocrate a refusé de serrer la main d'une femme, la ministre allemande en visite en Syrie avec notre ministre M. Barrot.

Mme Cécile Cukierman. C'est vrai !

Mme Valérie Boyer. Dès 2014, j'avais déjà alerté, aux côtés de François Fillon (Protestations sur des travées des groupes SER et GEST.), sur la disparition de ces populations autochtones devenues minoritaires, victimes de ces crimes contre l'humanité et de génocide, notamment depuis 1915.

M. Yannick Jadot. Avec Bachar, c'était mieux ?

Mme Valérie Boyer. Comme en Irak ou en Artsakh, la France assiste encore impuissante à une épuration ethnique, revendiquée par les Frères musulmans. Ne laissons pas la France faillir à son devoir historique et moral de protection des minorités !

Aussi, monsieur le ministre, alors que l'Union européenne s'est précipitée pour rencontrer Jolani, que compte faire la France pour que les pays européens parlent d'une même voix et agissent enfin pour protéger ces minorités persécutées en voie d'extinction ? (Bravo ! et applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)


Réponse du Ministère délégué auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères, chargé de la francophonie et des partenariats internationaux publiée le 13/03/2025

Réponse apportée en séance publique le 12/03/2025

M. le président. La parole est à M. le ministre délégué chargé de la francophonie et des partenariats internationaux.

M. Thani Mohamed Soilihi, ministre délégué auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères, chargé de la francophonie et des partenariats internationaux. Mesdames, messieurs les sénateurs, je vous prie d'excuser l'absence de M. le ministre de l'Europe et des affaires étrangères, qui se rend à la réunion du G7 au Canada.

Nous avons toutes et tous été choqués par les images insoutenables des exactions perpétrées ces derniers jours en Syrie. Il s'agit de crimes inacceptables que nous condamnons avec la plus grande fermeté.

Tous leurs auteurs devront être jugés et punis. Il n'y aura pas de justice sans que toute la lumière soit faite sur les événements tragiques qui ont eu lieu.

Nous n'avons jamais eu ni naïveté ni complaisance à l'égard du nouveau pouvoir syrien. Nous avons exprimé auprès du ministre des affaires étrangères des autorités intérimaires syriennes, M. Chibani, notre indignation collective et l'exigence de protéger toutes les populations, à quelque communauté qu'elles appartiennent. (Mme Cécile Cukierman proteste.)

Nous condamnons également les tentatives de déstabilisation de la Syrie par des groupes proches du régime d'Assad, peut-être appuyés par des ingérences étrangères qui ont lancé ce bain de sang.

Nous prenons note de l'annonce par les autorités intérimaires syriennes de la mise en place d'une commission d'enquête et d'un comité de la préservation de la paix civile. (Mme Cécile Cukierman s'exclame.)

Alaouites, Chrétiens, Kurdes, Druzes, Sunnites, toutes les composantes du pluralisme syrien doivent trouver leur place et être traitées à égalité dans la nouvelle Syrie. L'accord politique conclu lundi entre les nouvelles autorités syriennes et nos partenaires kurdes des Forces démocratiques syriennes est un signe positif. La lutte contre le terrorisme islamiste et l'extrémisme doit aussi se poursuivre.

À Paris, le 13 février dernier, la communauté internationale a exprimé conjointement ces principes et ces attentes, qui ont été entendues et endossées par les autorités syriennes. Il s'agit maintenant, si l'on veut éviter que la Syrie ne retombe dans l'horreur et la guerre civile de les mettre en oeuvre sans délai.

M. le président. Il faut conclure !

M. Thani Mohamed Soilihi, ministre délégué. La France ne ménagera aucun effort dans cette perspective. (M. François Patriat applaudit.)

M. Michel Savin. Eh ben !

M. le président. La parole est à Mme Valérie Boyer, pour la réplique.

Mme Valérie Boyer. Monsieur le ministre, comment faire confiance à Jolani ? Comment éviter la solution finale, l'extermination totale de ces minorités aujourd'hui en danger de mort ? Ne soyons pas de nouveau les témoins silencieux de ce massacre annoncé.

Mme Cécile Cukierman. Elle a raison !

Mme Valérie Boyer. Permettez-moi de citer l'Évangile selon Saint-Luc : « S'ils se taisent, les pierres crieront. » (Vives protestations sur les travées des groupes SER, CRCE-K et GEST.) Mais il sera peut-être trop tard demain pour que la langue du Christ soit encore parlée par les Araméens, qui sont en voie d'extermination. (Mêmes mouvements.)

M. le président. Il faut conclure !

Mme Valérie Boyer. Monsieur le ministre, il ne faut pas les abandonner. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.  Protestations sur des travées des groupes SER et GEST.)

M. Yannick Jadot. Et la laïcité ?

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