Question de Mme GRÉAUME Michelle (Nord - CRCE-K) publiée le 13/03/2025
Question posée en séance publique le 12/03/2025
M. le président. La parole est à Mme Michelle Gréaume, pour le groupe Communiste Républicain Citoyen et Écologiste Kanaky.
Mme Michelle Gréaume. Monsieur le ministre, mon groupe a toujours condamné, sans hésitation, l'agression odieuse de Vladimir Poutine contre l'Ukraine, la violation du droit international perpétrée par la Russie et les crimes de guerre commis par son armée. Nous appelons à une paix juste, garantissant la sécurité du pays agressé et écartant toute capitulation.
Depuis lundi, sous la pression d'un Trump pressé de mettre fin à ce conflit pour faire des affaires librement, des négociations ont commencé. Nous regrettons, comme beaucoup, que l'Europe subisse le tempo du président américain et n'ait pas été à l'initiative.
Nous sommes à un tournant, face à cet axe qui se met en place entre Trump et Poutine. Comment y répondre ? En accumulant les armes toujours plus, encore et encore ? En suivant Mme von der Leyen, qui affirme que « le temps est venu d'assurer la paix par la force » ? Qui peut croire que les peuples ont à gagner dans cette course folle aux armements ?
Pouvez-vous nous indiquer, monsieur le ministre, en quoi le plan d'économie de guerre de 800 milliards d'euros présenté par Mme von der Leyen représente un gage de paix pour l'avenir ?
Le Président de la République indiquait, surjouant les menaces et les peurs : « Il faudra des réformes, des choix, du courage. »
Quels sacrifices entendez-vous vous demander aux Français ? Quelles coupes budgétaires envisagez-vous ? Confirmez-vous, par exemple, que la remise en cause de la retraite à 64 ans, dans ce contexte, ne serait plus à l'ordre du jour ? (Applaudissements sur les travées du groupe CRCE-K.)
Réponse du Ministère de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique publiée le 13/03/2025
Réponse apportée en séance publique le 12/03/2025
M. le président. La parole est à M. le ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique.
M. Éric Lombard, ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique. Madame la sénatrice Gréaume, l'Europe n'est pas aussi absente du débat que vous l'indiquez.
L'Histoire dira peut-être que l'origine du cessez-le-feu, lequel est en ce moment en discussion, était le déplacement effectué par le Président de la République, avec quelques ministres, à la Maison-Blanche il y a un peu plus de quinze jours. En effet, il avait alors proposé au président Trump un accord de cessez-le-feu soutenu par le président Zelensky et les différents dirigeants européens.
Ce projet, soutenu ensuite par les Britanniques et par l'ensemble de l'Union européenne, nous permettra, peut-être, d'aboutir au cessez-le-feu attendu.
L'effort de guerre, madame la sénatrice, est surtout un effort pour la paix. Dans un monde devenu plus dangereux, nous sommes convaincus que l'Europe doit se protéger. Cette protection doit être autonome, indépendante des États-Unis, et nécessitera de mobiliser des moyens nouveaux.
Compte tenu de notre situation budgétaire, ces moyens nouveaux ne peuvent être mis en oeuvre que dans le cadre de la trajectoire de réduction de nos déficits que le Premier ministre et moi-même avons présentée.
Avec le ministre des armées, le Président de la République et le Premier ministre, je travaille pour définir précisément le quantum des investissements et des besoins nouveaux qui nous permettra de garantir la paix. Lorsque cette définition sera établie, nous vous les présenterons dans le cadre des prochaines lois de finances. Mais il est bien clair qu'ils ne devront se traduire ni par une dette supplémentaire ni, comme l'a dit le Premier ministre, par une dégradation de notre modèle social. C'est entre ces deux bornes que notre travail va se poursuivre. (M. Xavier Iacovelli applaudit.)
M. le président. La parole est à Mme Michelle Gréaume, pour la réplique.
Mme Michelle Gréaume. Monsieur le ministre, votre démarche comporte deux contradictions fondamentales.
Tout d'abord, vous voulez exploser les compteurs des déficits publics pour un effort de guerre sans précédent représentant 3,5 % à 5 % de notre PIB, soit 30 milliards à 40 milliards d'euros de plus par an, alors que la question que nous devons nous poser est la suivante : de quelle sécurité collective devons-nous disposer en Europe pour éviter la guerre et pour consacrer les richesses au développement de l'humanité, et non pas à sa destruction ?
Ensuite, vous dénoncez la trahison de Trump. Mais, demain comme aujourd'hui, c'est l'Otan sous commandement américain que vous financerez et surarmerez toujours plus.
S'émanciper de Trump et des USA, c'est sortir, dans un premier temps, du commandement intégré de l'Otan ! (Applaudissements sur les travées du groupe CRCE-K. M. Jean-Jacques Panunzi applaudit également.)
Page mise à jour le