Question de M. STANZIONE Lucien (Vaucluse - SER) publiée le 06/03/2025

Question posée en séance publique le 05/03/2025

M. le président. La parole est à M. Lucien Stanzione, pour le groupe Socialiste, Écologiste et Républicain. (Applaudissements sur les travées du groupe SER.)

M. Lucien Stanzione. Avignon mitraillée ! Avignon meurtrie ! Avignon terrorisée !

Ce dimanche, à dix-sept heures, dans la Cité des papes, une nouvelle fusillade a éclaté. Deux semaines plus tôt, dans le quartier Saint-Chamand, il y avait eu un homme abattu et cinq blessés graves. C'est une mécanique implacable qui broie des vies !

Comment ne pas penser au capitaine de police Éric Masson, assassiné en pleine ville sur un point de deal ?

Trois ans après, la situation a empiré. La violence et les deuils se multiplient. Les habitants vivent sous tension. La peur paralyse. Aujourd'hui, les transports en commun sont bloqués dans tous ces quartiers. La délinquance est là, s'affirme et s'étale.

Je pourrais évoquer Grenoble, Dijon, etc. On brûle des bibliothèques en représailles contre l'action des pouvoirs publics. À Avignon, ce sont des tirs pour intimider, des règlements de comptes pour contrôler. En 2024, il y a eu six « narchomicides », soit deux fois plus qu'en 2023. Les guerres de territoires s'intensifient.

Monsieur le ministre, vous avez intégré Avignon au dispositif Villes de sécurité renforcée, comme Grenoble, Rennes et d'autres. Je veux ici saluer cette décision.

Il faut tirer les leçons des échecs passés. Votre prédécesseur, Gérald Darmanin, enchaînait des opérations spectaculaires pour faire « place nette ». Mais une place nette sans projet, c'est une place vide, qui devient perdue pour notre République !

Saint-Chamand, Monclar, La Rocade... Dix ans de violence ! Combien de services publics, de centres sociaux et d'associations laissés à l'abandon ? Quand on abandonne un quartier, il se remplit d'autres lois que celles de notre République.

Il faut un État qui protège, une police formée et dotée de moyens réels, une justice efficace et juste.

Je veux ici saluer le travail du préfet Thierry Suquet et celui des forces de l'ordre et des acteurs de terrain emmenés par la maire Cécile Helle, qui, avec des moyens contraints, tentent de ralentir une telle spirale.

Quels moyens durables et pérennes comptez-vous mettre en place pour Avignon ? Les criminels, eux, n'attendent pas !

Monsieur le ministre d'État, nous espérons votre venue sur place dans les prochains jours. (Applaudissements sur les travées du groupe SER.)

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Réponse du Ministère de l'intérieur publiée le 06/03/2025

Réponse apportée en séance publique le 05/03/2025

M. le président. La parole est à M. le ministre d'État, ministre de l'intérieur.

M. Bruno Retailleau, ministre d'État, ministre de l'intérieur. Monsieur le sénateur, je voudrais d'abord vous remercier d'avoir rendu hommage au capitaine Éric Masson, dont la compagne était enceinte lorsqu'il a été tué.

Vous m'interrogez sur les moyens de rétablir l'ordre. À Avignon, comme dans d'autres grandes villes, nous menons précisément une lutte acharnée contre les trafiquants de drogue. Vous sollicitez une réponse durable de la part de l'État. C'est ce que je voudrais vous apporter.

La réponse durable, ce sera le vote - je salue MM. Jérôme Durain et Étienne Blanc, présents dans cet hémicycle - de la proposition de loi visant à sortir la France du piège du narcotrafic dans quelques jours, je l'espère, à l'Assemblée nationale.

Sans attendre, nous avons décidé une nouvelle stratégie, que nous expérimentons à Grenoble, ainsi, bien entendu, qu'à Avignon. Elle comporte trois réponses : une réponse judiciaire, une réponse sécuritaire et une réponse administrative. Il s'agit donc d'une stratégie globale.

Réponse judiciaire d'abord. Les coups de filet pour attraper les têtes de réseau sont préparés par l'autorité judiciaire, notamment avec du renseignement.

Réponse sécuritaire ensuite. La CRS 84, qui est une CRS de nouvelle génération, a été dépêchée sur place. Nous occupons l'espace public et les transports. Nous effectuons des fouilles de caves et d'immeubles. Nous exerçons des contrôles de police et de gendarmerie sur la voie publique.

Réponse administrative enfin. Nous tapons les narcotrafiquants au portefeuille, afin de détruire l'écosystème ; je pense notamment au système des blanchisseuses. Nous menons aussi des enquêtes patrimoniales ; c'est fondamental !

Mme Nathalie Goulet. Bien !

M. Bruno Retailleau, ministre d'État. Nous en voyons les premiers résultats : 200 interpellations pour stupéfiants ; 30 kilos de cannabis, 5 kilos de cocaïne et 5 kilos de kétamine saisis ; 230 amendes forfaitaires délictuelles (AFD) infligées. Et nous avons arrêté des trafiquants. Je ne peux pas en dire plus, car l'enquête, sous la direction de l'autorité judiciaire, est en cours.

Croyez-moi, nous allons combattre ces narcoracailles pied à pied ! J'espère pouvoir vous dire un jour : « Avignon libérée ! » (Applaudissements sur les travées des groupes Les Républicains et UC. - M. Jean-Baptiste Lemoyne applaudit également.)

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