Question de Mme JOURDA Muriel (Morbihan - Les Républicains) publiée le 06/03/2025

Question posée en séance publique le 05/03/2025

M. le président. La parole est à Mme Muriel Jourda, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

Mme Muriel Jourda. Ma question s'adresse à M. le ministre d'État, ministre de l'intérieur.

Monsieur le ministre, il y a une semaine environ, un homme mourrait à Mulhouse, poignardé. Un autre homme était interpellé. C'est un étranger en situation irrégulière, qui faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF). Vous nous avez dit vous-même que vos services avaient essayé à plusieurs reprises de procéder à son expulsion, mais que l'Algérie, son pays d'origine, avait refusé de le reprendre sur son sol.

C'est un fait divers, peut-être, mais c'est un fait divers qui se reproduit si souvent que cela devient un phénomène qui attente à la sécurité des Français - notamment, je veux le dire, dans le cadre de nos relations avec l'Algérie. (Murmures sur les travées des groupes SER, GEST et CRCE-K.) Dans ces conditions, monsieur le ministre, qu'entendez-vous faire pour assurer la sécurité des Français ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

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Réponse du Ministère de l'intérieur publiée le 06/03/2025

Réponse apportée en séance publique le 05/03/2025

M. le président. La parole est à M. le ministre d'État, ministre de l'intérieur.

M. Bruno Retailleau, ministre d'État, ministre de l'intérieur. Madame la sénatrice Muriel Jourda, une évidence, d'abord : à Mulhouse, si l'Algérie avait respecté le droit, nos accords, ses obligations, il n'y aurait pas eu d'attentat islamiste ni de victimes.

Une certitude, ensuite : on peut avoir des approches différentes, il peut exister des nuances dans la vision de la relation spéciale entre nos deux pays, mais s'il y a bien un point, un élément sur lequel nous pouvons nous retrouver et sur lequel nous devons être intransigeants, c'est la sécurité de nos compatriotes. Je suis ministre de l'intérieur et la sécurité est ma priorité.

Les centres de rétention administrative (CRA) regroupent les individus que nous souhaitons éloigner et dont les profils sont les plus dangereux. Eh bien, 43 % de ceux qui sont retenus dans les CRA sont de nationalité algérienne. Ils sont libérés au bout de 90 jours. Que faire si nous n'obtenons pas de laissez-passer consulaires de l'Algérie ?

Le Premier ministre a présidé il y a quelques jours un comité interministériel de contrôle de l'immigration. Ce fut l'occasion de prévoir une réponse graduée vis-à-vis des autorités algériennes. Il ne faut rien écarter. Je crois, pour ma part, que nous devons discuter de l'accord de 1968. En effet, celui-ci procure des avantages qui ne sont plus justifiés aujourd'hui, notamment lorsque l'Algérie ne respecte pas elle-même, de son propre fait, l'accord de 1994.

Il faut protéger les Français, tous les Français, y compris Boualem Sansal. Il lui est reproché d'avoir choisi un avocat français juif ! C'est ce que lui ont dit ses geôliers. Que lui reproche-t-on ? D'être amoureux de la langue française ? De trop aimer la France ? On veut le faire taire ? Eh bien, je vous le dis, nous, nous ne nous tairons pas ! (Bravo ! et applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. - Applaudissements sur des travées des groupes UC et INDEP.)

M. le président. La parole est à Mme Muriel Jourda, pour la réplique.

Mme Muriel Jourda. Merci, monsieur le ministre. La sécurité, c'est ce que l'État nous doit, c'est ce qu'il doit à chaque citoyen français. Je crois que chacun en est convaincu ici.

Vous démontrez aussi que vous en êtes convaincu et que vous savez comment renforcer la sécurité des Français. Puissiez-vous en convaincre le Président de la République comme vous en avez convaincu le Gouvernement ! (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

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