Question de M. HUGONET Jean-Raymond (Essonne - Les Républicains-A) publiée le 27/02/2025
M. Jean-Raymond Hugonet attire l'attention de M. le ministre auprès de la ministre du travail, de la santé, de la solidarité et des familles, chargé de la santé et de l'accès aux soins concernant la reconnaissance officielle de la musicothérapie comme discipline médicale à part entière. La musicothérapie est une pratique médicale dispensée grâce à la pratique ou l'écoute de la musique. Ce type de soin s'adresse, dans un cadre approprié et bien défini, à des patients présentant des troubles psychiques ou des difficultés sensorielles et neurologiques. Différentes techniques de musicothérapie existent et se basent sur « l'action » ou la « réception ». Elle s'appuie sur les effets psychoaffectifs et psychophysiologiques de la musique, qu'ont mis en évidence des travaux scientifiques en neuropsychologie et neurobiologie. À ce jour, l'Europe compte onze pays où la profession est reconnue et règlementée. La France n'a pas encore passé le cap. Alors que la musicothérapie est aujourd'hui intégrée dans de nombreuses structures médicales et médico-sociales (hôpitaux, EHPAD, instituts médico-éducatifs) et bénéficie de partenariats avec France Alzheimer, France Parkinson et d'autres acteurs de la santé, l'absence d'une réglementation et d'une organisation claire empêche la rationalisation de la profession.
Pourtant, les maladies psychiques augmentent de plus en plus en France; repenser notre façon de soigner d'une façon efficiente et pragmatique semble relever du bon sens. Si les bienfaits de la musique ne sont plus à démontrer, la reconnaissance officielle de cette pratique médicale enverrait un signal fort sur son caractère très sérieux.
Aujourd'hui, les professionnels qui siègent au sein de la Fédération française des musicothérapeutes oeuvrent à la structuration en publiant notamment un référentiel de formation et un code de déontologie. En reconnaissant cette pratique médicale, l'État permettrait une meilleure formation des professionnels ainsi qu'un accès plus équitable des patients à ce type de soin.
Aussi, il demande au Gouvernement de bien vouloir envisager la reconnaissance de la musicothérapie comme discipline médicale et de l'encadrer pour structurer une profession qui ne demande qu'à l'être.
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Réponse du Ministère délégué auprès de la ministre du travail, de la santé, de la solidarité et des familles, chargé de l'autonomie et du handicap publiée le 19/03/2025
Réponse apportée en séance publique le 18/03/2025
M. le président. La parole est à M. Jean-Raymond Hugonet, auteur de la question n° 348, adressée à M. le ministre auprès de la ministre du travail, de la santé, de la solidarité et des familles, chargé de la santé et de l'accès aux soins.
M. Jean-Raymond Hugonet. La musique adoucit les moeurs, dit-on, mais on pourrait aisément convenir qu'elle apaise également les corps et les âmes.
Au travers de la musicothérapie, de nombreux patients présentant des troubles psychiques ou neurologiques sont régulièrement soignés, grâce à la pratique ou à l'écoute de la musique. Dans un cadre approprié, cette thérapie, qui s'appuie sur les effets psychoaffectifs et psychophysiologiques de la musique, permet d'atténuer les conséquences de certaines pathologies, telles que la maladie d'Alzheimer ou la maladie de Parkinson.
À ce jour, l'Europe compte onze pays où la musicothérapie est reconnue et réglementée, dont le Royaume-Uni et l'Allemagne. La France n'a malheureusement pas encore passé ce cap, alors même que cette pratique est déjà intégrée à de nombreuses structures médicales ou médico-sociales de notre pays.
L'absence d'une réglementation et d'une organisation claire empêche la rationalisation de la profession. En reconnaissant cette pratique médicale, l'État favoriserait une meilleure formation des professionnels ainsi qu'un accès plus équitable des patients à ce type de soin.
Alors que le nombre des maladies psychiques croît en France, qu'entendez-vous mettre en oeuvre, madame la ministre, pour que la musicothérapie soit reconnue comme discipline médicale, permettant ainsi de structurer une profession qui ne demande qu'à l'être ?
M. le président. La parole est à Mme la ministre déléguée.
Mme Charlotte Parmentier-Lecocq, ministre déléguée auprès de la ministre du travail, de la santé, de la solidarité et des familles, chargée de l'autonomie et du handicap. Monsieur le sénateur, les bénéfices de la musique sur le bien-être du patient et du résident sont certains, notamment en cas de maladie neurodégénérative.
Le recours à la musique est une pratique déjà utilisée dans de nombreux hôpitaux et Ehpad. La réglementation actuelle n'empêche en rien son utilisation pour apporter un meilleur confort au patient. Il n'y a pas non plus de réel obstacle financier à l'écoute de musique.
Vous souhaitez savoir s'il est possible de reconnaître cette pratique comme discipline médicale. À ce jour, cela n'est pas envisagé. D'abord, il n'est pas démontré que cela nécessiterait des compétences uniquement médicales ; des professions paramédicales ont ainsi déjà recours à l'emploi de musique et se forment en conséquence pour accompagner la prise en charge de patients. Ensuite, la France est confrontée à une situation de faible démographie médicale. La fin du numerus clausus, que le ministre de la santé appelle de ses voeux, le renforcement des capacités de formation des médecins, le retour des étudiants français en médecine partis vers d'autres pays de l'Union européenne et la simplification des voies d'accès pour les praticiens à diplôme hors Union européenne (Padhue) nous permettront de retrouver une plus forte densité médicale au cours des prochaines années.
En attendant, il est nécessaire de consacrer le temps médical disponible aux expertises dans lesquelles la plus-value médicale est incontournable, afin de garantir la continuité de l'accès aux soins des patients et des résidents, en priorité pour ceux qui résident dans un désert médical.
M. le président. La parole est à M. Jean-Raymond Hugonet, pour la réplique.
M. Jean-Raymond Hugonet. Je vous remercie de votre réponse, madame la ministre, mais elle me désole quelque peu. Dès que l'on parle de thérapies un peu spéciales - j'avais également abordé la question du sport à ce sujet -, on nous répète les mêmes arguments, qui ne sont absolument pas convaincants. D'ailleurs, nous sommes à la remorque de l'Europe ; même si nous sommes un pays ancien, aux traditions fortes, il conviendrait d'ouvrir nos yeux et nos oreilles à ce qui se fait ailleurs en Europe, notamment au Royaume-Uni et en Allemagne.
Pour ma part, je préconiserais la musicothérapie aux membres du Gouvernement, voire aux sénateurs ; cela ferait beaucoup de bien... (Sourires.)
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