Question de M. SZPINER Francis (Paris - Les Républicains) publiée le 13/02/2025

M. Francis Szpiner attire l'attention de M. le ministre auprès de la ministre du travail, de la santé, de la solidarité et des familles, chargé de la santé et de l'accès aux soins sur l'avenir du service de psychiatrie et d'addictologie actuellement situé au pavillon Tarnier de l'hôpital Cochin, à Paris.
Ce service, essentiel pour les consultations, les hôpitaux de jour, la psychiatrie de liaison et l'accueil des urgences, doit libérer ses locaux d'ici moins d'un an pour permettre la création d'un institut universitaire dédié à la santé des femmes. Une solution réaliste et fonctionnelle existe pourtant: le transfert dans l'ancienne crèche de Port Royal, un bâtiment disponible, mitoyen des locaux d'addictologie, et parfaitement adapté après des travaux estimés à moins d'un million d'euros. Ce regroupement permettrait de maintenir l'unité à proximité immédiate des autres services hospitaliers, garantissant ainsi une meilleure coordination médicale et une prise en charge optimale des patients.
Cependant, l'administration locale envisage un transfert vers un site éloigné, rue du Fer à Moulin, dans un hôpital gériatrique désaffecté promis à la vente. Cette option suscite une vive opposition de la communauté médicale et des familles des patients, qui dénoncent une décision contraire à toute logique médicale et organisationnelle. Ce déménagement imposé poserait de graves difficultés logistiques et risquerait d'affaiblir durablement cette unité en compromettant son attractivité et son dynamisme.
Alors que la santé mentale a été érigée en Grande Cause nationale pour 2025, il lui demande quelles mesures le Gouvernement entend prendre pour garantir le maintien du service de psychiatrie et d'addictologie sur le site de Cochin dans des conditions adaptées, afin d'assurer un soutien exemplaire à cette discipline encore trop souvent stigmatisée.

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Réponse du Ministère délégué auprès de la ministre du travail, de la santé, de la solidarité et des familles, chargé de l'autonomie et du handicap publiée le 19/03/2025

Réponse apportée en séance publique le 18/03/2025

M. le président. La parole est à M. Francis Szpiner, auteur de la question n° 317, adressée à M. le ministre auprès de la ministre du travail, de la santé, de la solidarité et des familles, chargé de la santé et de l'accès aux soins.

M. Francis Szpiner. Madame la ministre, alors que la santé mentale a été érigée en grande cause nationale pour garantir une prise en charge renforcée des troubles psychiques, comment pouvez-vous justifier le démantèlement du service de psychiatrie de l'hôpital Cochin-Tarnier ? Cette décision est contraire à l'engagement affiché par le Gouvernement en faveur de la santé mentale, dans un contexte où les besoins en soins psychiatriques ne cessent de croître.

Je le rappelle, cette unité hospitalo-universitaire réputée dispense des soins qui, pour certains, n'existent pas ailleurs, accueille en consultation et en hôpital de jour plus de 2 000 patients et assure plus de 8 000 consultations par an. Une solution, validée par une large majorité des acteurs médicaux, consistait à déménager et à regrouper cette unité au sein de l'ancien bâtiment de la crèche de l'hôpital Cochin.

Pourtant, sous couvert de rationalisation économique, il a été décidé de déménager ce service dans un hôpital gériatrique désaffecté, à distance de Cochin, en attendant une hypothétique intégration à l'Hôtel-Dieu, en dépit de l'intérêt des malades. Cette décision va nécessairement entraîner une diminution de l'offre de soins, contrairement aux engagements du Gouvernement.

Il n'est pas trop tard pour reconsidérer cette décision et ramener cette unité au coeur de ce groupement ; un service hospitalo-universitaire doit rester au sein de l'hôpital !

M. le président. La parole est à Mme la ministre déléguée.

Mme Charlotte Parmentier-Lecocq, ministre déléguée auprès de la ministre du travail, de la santé, de la solidarité et des familles, chargée de l'autonomie et du handicap. Monsieur le sénateur, permettez-moi de vous répondre au nom de Yannick Neuder, ministre chargé de la santé.

L'université Paris Cité et la Ville de Paris portent un projet ambitieux d'institut pour la santé des femmes, qui sera implanté à Tarnier. Pour engager la transformation de ce site, il a été demandé à l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) de libérer avant l'été prochain les espaces dont elle était occupante.

Des solutions d'implantation ont été identifiées pour l'ensemble des activités qui s'y tiennent encore. Parmi ces activités figure une unité de psychiatrie assurant une activité ambulatoire, qui a vocation à rejoindre définitivement le site du nouvel Hôtel-Dieu après réhabilitation.

Entre la libération de Tarnier et l'ouverture de l'Hôtel-Dieu, il est donc nécessaire de trouver une implantation provisoire de cette unité, pour environ trois ans.

Plusieurs solutions transitoires d'implantation ont été étudiées. La solution retenue est celle d'une implantation temporaire dans les locaux vacants de l'hôpital de la Collégiale, situés à environ un kilomètre de Cochin. La solution d'une implantation dans la crèche de Cochin a été écartée pour deux raisons : un coût de réhabilitation disproportionné par rapport à la durée de l'opération et une durée de travaux incompatible avec le calendrier de la libération de Tarnier, attendue pour l'été prochain.

Pour faire en sorte que les meilleures conditions soient réunies, une mission a été confiée à Édouard Couty, président du conseil hospitalier de territoire du groupe hospitalo-universitaire de Paris Centre. Cette mission a permis de confirmer que les conditions d'implantation du service concerné dans le futur Hôtel-Dieu étaient conformes aux intérêts tant des professionnels que des patients. Elle a également confirmé que les locaux de la Collégiale étaient adaptés pour accueillir l'unité de Tarnier pendant la durée nécessaire à la finalisation des travaux de l'Hôtel-Dieu.

Par ailleurs, un plan d'action est en cours de mise en oeuvre pour renforcer à court terme la psychiatrie de liaison assurée à Cochin.

Affaiblir l'offre en psychiatrie au moment où les besoins n'ont jamais été aussi importants serait bien sûr inconcevable. Le renforcement de l'offre de prise en charge en psychiatrie est au coeur de nombreux projets d'envergure de l'AP-HP.

M. le président. La parole est à M. Francis Szpiner, pour la réplique.

M. Francis Szpiner. Comme vous venez de l'indiquer, madame la ministre, c'est inconcevable et pourtant, vous allez le faire...

La poursuite de ce déménagement va entraîner la diminution de 75 % des consultations de neuropsychiatrie ; elle porte atteinte aux activités de l'hôpital de jour ; le personnel n'en veut pas, vous le constaterez si vous le consultez ; une partie du suivi ne sera pas assurée ; et des départs sont déjà annoncés.

Par ailleurs, en raison de cet éloignement, les malades des autres services de Cochin, l'un des plus grands hôpitaux de Paris, n'auront pas les soins psychiatriques dont ils ont besoin.

Je prends donc acte de votre réponse : avec ces périodes transitoires, vous allez en réalité affaiblir l'offre psychiatrique. Ce n'est pas acceptable.

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