Question de Mme EVREN Agnès (Paris - Les Républicains) publiée le 13/02/2025

Mme Agnès Evren interroge M. le ministre auprès du ministre d'État, ministre de l'intérieur sur l'augmentation des attaques au couteau, notamment à Paris : quelle feuille de route pour mieux protéger nos concitoyens ?

- page 524


Réponse du Ministère délégué auprès du ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, chargé de l'intelligence artificielle et du numérique publiée le 19/02/2025

Réponse apportée en séance publique le 18/02/2025

Mme la présidente. La parole est à Mme Agnès Evren, auteure de la question n° 316, adressée à M. le ministre d'État, ministre de l'intérieur.

Mme Agnès Evren. Madame la ministre, depuis plusieurs mois, la France enchaîne les tragédies : Thomas à Crépol, Matisse à Châteauroux, et maintenant Philippine, Élias et Louise à Paris, tous ces jeunes ont eu leur vie arrachée à coups de couteau par des barbares.

Les coupables doivent être sévèrement punis et les élus doivent tourner la page d'un déni inadmissible.

Le dernier rapport disponible de l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP) dénombrait, en 2020, 120 attaques au couteau par jour en France. Je répète : 120 attaques au couteau par jour ! À ce niveau, ce sont non plus des faits divers, mais bel et bien des faits de société qui touchent nos enfants.

Élue à Paris, dans le XVe arrondissement, je constate que notre ville fait face à une explosion de la violence. Coup sur coup, nous avons vécu trois meurtres sanglants en quelques semaines. En 2024, le nombre de meurtres a augmenté de 36 % à Paris ; celui des tentatives de meurtre, de 33 %.

Pourtant, Mme Hidalgo vit toujours dans sa bulle, déconnectée du réel. Les attaques au couteau se multiplient, mais quelle est sa réponse, à part le déni ? Arme-t-elle sa police municipale ? Non ! Massifie-t-elle le recours aux caméras et aux systèmes de vidéoprotection ? Non ! La réponse d'Anne Hidalgo et de la gauche parisienne est de distribuer des dépliants intitulés : « Porter un couteau, c'est se mettre en danger, pas se protéger » !

Comment peut-on vivre dans un tel déni ? Le déni entraîne l'inaction, et l'inaction engendre l'impunité. Cette dernière est si insupportable que 10 000 familles quittent chaque année Paris, notamment parce que certains quartiers sont devenus des coupe-gorge.

Ma question est donc très simple, madame la ministre : quelle est la feuille de route du Gouvernement pour lutter contre les attaques au couteau ?

Mme la présidente. La parole est à Mme la ministre déléguée.

Mme Clara Chappaz, ministre déléguée auprès du ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, chargée de l'intelligence artificielle et du numérique. En préambule, je tiens à exprimer ma compassion profonde pour Thomas, Matisse, Philippe, Élias et Louise, ainsi que pour leurs familles.

Les attaques commises au moyen d'une arme blanche ou de toute autre arme témoignent d'une violence qui atteint un niveau alarmant, d'un ensauvagement qui questionne profondément notre modèle de société et sa cohésion. Nous avons besoin d'un continuum de sécurité.

Au-delà des attaques dues au terrorisme ou liées à des pathologies psychiatriques, la prégnance du phénomène sur le territoire national commande d'y consacrer tous les moyens nécessaires pour y faire face. Mais l'aisance à se procurer un couteau et à le dissimuler rend très difficile la détection de ces armes par les forces de sécurité intérieure.

Parmi les réponses à la violence par arme blanche, on trouve d'abord, bien sûr, l'action des forces de sécurité intérieure, qui prennent toute leur part à ce combat. Le ministère de l'intérieur est particulièrement engagé pour une présence visible, rassurante et dissuasive de leurs agents sur la voie publique et dans les transports en commun, pour rassurer nos concitoyens.

La réponse est aussi interministérielle. Comme vous le savez, dans sa circulaire du 19 novembre dernier, le ministre de l'intérieur Bruno Retailleau a demandé aux préfets d'élaborer des plans départementaux de restauration de la sécurité du quotidien. Plus de liberté d'action pour plus de résultats, voilà quel doit être le leitmotiv de ces plans mobilisant l'ensemble des acteurs du continuum de sécurité.

Lutter contre les violences à l'arme blanche passe aussi, naturellement, par une réponse pénale à la fois efficace et sévère ; le garde des sceaux s'y emploie. Dès le premier écart grave, dès qu'il y a une menace, dès qu'il y a une gravité dans l'infraction, alors il doit y avoir une sanction.

Ma collègue ministre de l'éducation nationale a par ailleurs annoncé la systématisation du passage en conseil de discipline des élèves en possession d'une arme blanche. Un signalement au parquet sera aussi effectué. Tout cela confirme notre volonté d'agir.

En ce qui concerne la question des statistiques, le phénomène n'est pas simple à quantifier. Je peux cependant vous indiquer qu'au sein de l'agglomération parisienne, les vols commis avec arme blanche ont reculé de 22 % entre 2023 et 2024.

Mme Valérie Boyer. Tout va bien !

Mme Clara Chappaz, ministre déléguée. Je tiens enfin à souligner le rôle que peuvent jouer les systèmes de vidéoprotection pour une intervention rapide et une prompte interpellation des auteurs de ces actes. Ce fut notamment le cas pour l'assassin de la jeune Louise.

Madame la sénatrice, je peux vous assurer que nos policiers et nos gendarmes continueront d'agir sans relâche sur le terrain pour garantir la sécurité de tous les Français. Mes collègues Bruno Retailleau et François-Noël Buffet sont pleinement mobilisés à cette fin.

Mme la présidente. La parole est à Mme Agnès Evren, pour la réplique.

Mme Agnès Evren. Madame la ministre, j'insistais dans ma question sur le fait que le déni n'est plus acceptable. Je le redis, il ne s'agit pas de simples faits divers : ce sont des faits de société ! On aimerait entendre, au moins dans la tonalité de vos propos, une véritable détermination à ce que plus jamais un enfant ne meure sous les coups de couteau de barbares et de voyous ! (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

- page 2964

Page mise à jour le