Question de M. SIDO Bruno (Haute-Marne - Les Républicains) publiée le 06/02/2025

M. Bruno Sido appelle l'attention de Mme la ministre de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire sur la recrudescence des attaques de loups notamment en Haute-Marne.

Dans le département, le loup est dans la bergerie. Le constat des dommages fait apparaître une situation chaque jour plus dramatique. La presse s'en fait écho désormais quasi quotidiennement. On ne compte pas moins de 63 bêtes tuées depuis le 26 novembre 2024, dont plus de 40 en 2025. Le nombre d'attaques est en croissance exponentielle. Aujourd'hui, les loups prolifèrent sans aucune limite, en l'absence de prédateurs naturels, et la pression va continuer de s'accroitre sur les troupeaux.

Or, les répercussions de ces attaques sont dévastatrices pour le bien-être des animaux : les brebis sont stressées et l'agnelage est gravement compromis. Les conséquences pour la filière ovine sont graves.
Pour les éleveurs, la situation est intenable. Ils sont excédés et désespérés face à ces tueries à répétition et surtout une administration qui reste sourde face à leur colère. La fréquence et la violence de ces incidents mettent en péril la survie des exploitations. Certains décident même de vendre leurs troupeaux.
C'est l'avenir de l'élevage ovin dans le département de la Haute-Marne qui est en péril.

Les tirs de défense simple et les filets n'empêchent pas les loups d'attaquer les troupeaux. Ces mesures sont bien insuffisantes.
L'urgence d'une action plus globale est nécessaire pour les agriculteurs, qui souhaitent avant tout pouvoir vivre de leur travail et exercer leur métier dans des conditions plus sereines.

Ainsi, il lui demande de bien vouloir lui préciser les moyens budgétaires déployés par l'État et les mesures qu'elle entend prendre pour protéger durablement la filière ovine dans le département.
Les éleveurs attendent des décisions fortes de la part du Gouvernement.

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Réponse du Ministère de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire publiée le 19/02/2025

Réponse apportée en séance publique le 18/02/2025

Mme la présidente. La parole est à M. Bruno Sido, auteur de la question n° 287, adressée à Mme la ministre de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire.

M. Bruno Sido. Madame la ministre, j'appelle votre attention sur la recrudescence des attaques de loups dans le département de la Haute-Marne. Le loup est dans la bergerie, si je puis dire. Il y a urgence, chaque jour la situation devient de plus en plus dramatique : depuis novembre 2024, soixante-dix-sept bêtes ont été tuées, dont cinquante-quatre en 2025, et vingt-sept blessées.

Les attaques se multiplient à un rythme alarmant. Les loups prolifèrent sans contrôle. Sans prédateur naturel, la pression sur les troupeaux ne cesse d'augmenter. Les conséquences sont catastrophiques : les ovins sont stressés, l'agnelage est menacé et la filière est en grand danger.

Les éleveurs n'en peuvent plus. Excédés, désespérés, ils assistent impuissants à ces attaques répétées et font face à une administration qui reste sourde à leur détresse. Certains, à bout de forces, vont jusqu'à vendre leurs troupeaux.

Les moyens de protection engagés par l'État se révèlent largement insuffisants : les filets de protection, censés dissuader les loups, sont contournés ; les chiens de protection et les tirs de défense, très encadrés, ne suffisent pas. Les loups attaquent toujours. Ce n'est plus tenable.

L'avenir de l'élevage ovin dans le département est en péril. Les agriculteurs veulent simplement pouvoir vivre de leur travail et exercer leur métier dans des conditions sereines.

Aussi, madame la ministre, quels moyens concrets l'État compte-t-il mettre en place ? Quels engagements budgétaires et quelles actions durables le Gouvernement envisage-t-il pour protéger la filière ovine en Haute-Marne ?

Mme la présidente. La parole est à Mme la ministre.

Mme Annie Genevard, ministre de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire. Monsieur le sénateur Bruno Sido, la prédation du loup est un sujet très difficile et je connais le désarroi de nos éleveurs. Élue moi-même d'un territoire très touché, je suis résolue à agir de manière déterminée en la matière.

Tout d'abord, je rappelle l'adoption du nouveau plan national d'action loup, qui, pour la première fois, traduit une réelle ambition de protection des activités d'élevage aujourd'hui menacées.

Les chiffres sont terribles : la prédation lupine, c'est plus de 4 000 constats d'attaque par an et plus de 12 000 animaux tués. Il nous faut donc réagir.

En 2024, mon ministère a engagé 41 millions d'euros pour soutenir les éleveurs. Nous poursuivrons cet effort en 2025, malgré les difficultés budgétaires.

En ce qui concerne les réparations, la prise en compte des dommages indirects est notre objectif. Nous avons donc anticipé une augmentation d'environ 50 % des indemnisations dans le budget 2025, pour un total de 9 millions d'euros.

Pour les troupeaux non protégeables, le travail se poursuit pour faciliter in fine la délivrance des autorisations de tirs de défense et permettre les indemnisations. J'ai pris, la semaine dernière, un arrêté allant en ce sens. L'article 16 du projet de loi d'orientation pour la souveraineté alimentaire et agricole et le renouvellement des générations en agriculture (PJLOA), en cours de discussion, viendra renforcer la sécurité juridique de ces dispositions.

Par ailleurs, vous savez que je me suis engagée de toutes mes forces, sans tergiverser, dans le combat européen du déclassement du loup pour permettre enfin de passer d'une logique de défense à une logique de régulation de la population. Soyons clairs, monsieur le sénateur, l'indemnisation ne résout pas tout : nous souhaitons qu'il y ait moins de prédation.

Enfin, en ce qui concerne plus particulièrement votre département de la Haute-Marne, les attaques sont le fait d'un loup solitaire bien identifié. Mon cabinet a pris l'attache du préfet coordonnateur du plan national d'actions sur le loup, qui connaît bien votre département. À ma demande, une brigade de l'Office français de la biodiversité (OFB) sera dépêchée sur place dès la semaine prochaine pour tenter de prélever ce loup, qui n'a causé que trop de dégâts.

Mme la présidente. La parole est à M. Bruno Sido, pour la réplique.

M. Bruno Sido. Je vous remercie de votre réponse, madame la ministre. Je regrette tout de même que l'administration ait tendance à minimiser le nombre d'attaques. Par ailleurs, pour poser des filets de protection, les éleveurs demandent des moyens financiers d'urgence - ils comptent sur vous !

Enfin, sachez que deux jeunes éleveurs, qui travaillent dans le secteur où attaque le loup, sont aujourd'hui suivis par la cellule psychologique de la Mutualité sociale agricole (MSA).

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