Question de M. ROJOUAN Bruno (Allier - Les Républicains-R) publiée le 06/02/2025

M. Bruno Rojouan attire l'attention de M. le ministre auprès du ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, chargé de l'industrie et de l'énergie sur le renforcement de la filière aluminium en France. L'industrie est un des socles de notre souveraineté nationale et de notre prospérité économique. Elle représente non seulement un moteur d'innovation mais également une source essentielle d'emplois dans nos territoires.
Cependant, de nombreuses filières industrielles, comme celle de l'aluminium, font face à des difficultés structurelles qui mettent en péril leur pérennité. À titre d'exemple, l'entreprise Sadillek, située à Montmarault dans le département de l'Allier, incarne ces défis. Spécialisée dans l'affinage de l'aluminium, elle constitue un pilier de l'économie locale. Pourtant, cette entreprise doit surmonter des obstacles majeurs. Tout d'abord, le recyclage : bien que Sadillek contribue activement à la transformation des déchets d'aluminium, la France manque d'une politique ambitieuse et d'infrastructures adaptées pour retenir ces déchets sur le territoire. Chaque année, nous exportons près de 500 000 tonnes de déchets d'aluminium non traités, privant nos affineurs de matières premières pour leur activité. Cette fuite des ressources limite directement la capacité de nos industriels à augmenter leur production et contribue à notre dépendance aux importations de métal. Ensuite, la compétitivité énergétique : l'affinage de l'aluminium est une activité particulièrement énergivore dont les coûts d'énergie font partie des plus élevés en Europe. Ces charges pèsent lourdement sur les marges des entreprises et réduisent leur compétitivité, notamment face à des concurrents étrangers soutenus par des politiques énergétiques avantageuses, comme en Chine. Ces difficultés, conjugués à une concurrence internationale intense et aux tensions géopolitiques, mettent à mal l'ensemble de la filière aluminium française, pourtant stratégique pour notre économie. Avec plus de 10 000 emplois directs et un rôle clé dans des secteurs comme l'aéronautique ou l'automobile, cette filière est indispensable. Il souhaite savoir quelles initiatives concrètes le Gouvernement entend mettre en oeuvre pour garantir la compétitivité de notre industrie et renforcer notre souveraineté dans une filière aussi stratégique que l'aluminium.

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Réponse du Ministère délégué auprès du ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, chargé de l'intelligence artificielle et du numérique publiée le 19/02/2025

Réponse apportée en séance publique le 18/02/2025

Mme la présidente. La parole est à M. Bruno Rojouan, auteur de la question n° 286, adressée à M. le ministre auprès du ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, chargé de l'industrie et de l'énergie.

M. Bruno Rojouan. De nombreuses industries font face à des difficultés structurelles qui les mettent en péril. À titre d'exemple, l'entreprise de la filière aluminium Sadillek, située à Montmarault, dans le département de l'Allier, illustre ces défis. Spécialisé dans l'affinage de l'aluminium, cet acteur de l'économie locale doit pourtant surmonter des obstacles majeurs.

Tout d'abord, il y a le recyclage. Bien que Sadillek contribue activement à la transformation des déchets d'aluminium, la France manque d'une politique ambitieuse avec des infrastructures adaptées pour soutenir et retenir ces déchets sur le territoire. Chaque année, nous exportons plus de 500 000 tonnes de déchets d'aluminium non traités, privant nos affineurs de matières premières pour leur activité. Cette fuite des ressources limite directement la capacité de nos industriels à augmenter leur production et contribue à notre dépendance aux importations de métal.

Ensuite, il y a la compétitivité énergétique. L'affinage de l'aluminium est une activité très énergivore, avec des coûts d'énergie parmi les plus élevés en Europe. Ces charges pèsent lourdement sur les marges des entreprises et réduisent leur compétitivité, particulièrement face à des concurrents étrangers soutenus par des politiques énergétiques avantageuses, comme en Chine.

Ces difficultés conjuguées à une concurrence internationale intense et aux tensions géopolitiques mettent à mal l'ensemble de la filière aluminium française, pourtant stratégique. Avec plus de 10 000 emplois directs et un rôle clé dans des secteurs comme l'aéronautique ou l'automobile, cette filière est indispensable.

Madame la ministre, quelles initiatives concrètes le Gouvernement entend-il prendre pour garantir la compétitivité de notre industrie aluminium et renforcer notre souveraineté ?

Mme la présidente. La parole est à Mme la ministre déléguée.

Mme Clara Chappaz, ministre déléguée auprès du ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, chargée de l'intelligence artificielle et du numérique. Monsieur le sénateur Bruno Rojouan, vous attirez notre attention sur les défis que traverse la filière aluminium en France, et notamment l'entreprise Sadillek, présente dans votre circonscription.

La position de la France depuis plusieurs années est constante : l'aluminium est considéré comme un métal stratégique. En effet, il joue un rôle clé dans la transition énergétique, étant notamment indispensable pour la mobilité électrique. C'est pourquoi la France a défendu au niveau européen la définition de dix-sept métaux stratégiques en y incluant l'aluminium.

Nous pouvons d'ailleurs être fiers et de la filière française, qui représente 10 % de la production européenne, et de compter sur notre territoire le premier site européen d'aluminium primaire : Aluminium Dunkerque.

La politique française de soutien à la filière a permis de développer ses capacités de production sur le territoire national, ce qui devrait permettre de couvrir 70 % de nos besoins actuels dès 2025.

En conséquence, nous avons divisé par deux les importations de billettes d'aluminium depuis 2020 et avons pu ouvrir de nouvelles usines, par exemple l'usine de recyclage de Constellium à Neuf-Brisach, construite avec le soutien de France Relance et inaugurée en 2024, pour une capacité supplémentaire de 130 000 tonnes par an.

Sur ce point précis du recyclage, nous devons, autant que possible, recycler les déchets à proximité de l'endroit où ils sont produits tant pour réindustrialiser la France que pour décarboner son industrie. L'Union européenne a d'ailleurs adopté en 2024 un règlement fixant des règles plus strictes pour le transfert de déchets, en particulier vers des pays hors OCDE.

Ensuite, concernant la concurrence internationale accrue qui pèse sur cette filière, les droits de douane de 25 % annoncés par Donald Trump sonnent comme une alarme. La France plaide, comment elle l'avait fait lorsque des mesures similaires avaient été prises en 2018, pour un message de fermeté en matière de politique commerciale. L'Union européenne doit se départir de toute naïveté pour protéger son industrie.

Enfin, comme vous le soulignez, le prix de l'électricité est un élément absolument fondamental de notre compétitivité. C'est pourquoi les ministres de l'économie, Éric Lombard, et de l'industrie, Marc Ferracci, travaillent avec EDF pour que le parc nucléaire permette à notre industrie de bénéficier de contrats compétitifs sur le long terme.

Monsieur le sénateur, soyez assuré que le Gouvernement fait de la souveraineté industrielle une priorité.

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